Je suis tellement contente d’avoir eu ce message de Quentin, que je n’attends pas le début d’après-midi pour aller à l’asso. Normalement je devais m’y présenter à 13h pour les promenades de l’après-midi. Mais je veux tellement être prête pour présenter les chats à Quentin que je débarque à 11h30 débordante d’énergie. Je me propose du coup pour nettoyer les box des chats et leur changer leurs gamelles d’eau. A treize j’ai tout fini et repéré quelques chats qui sont prêt à l’adoption. Il y a plein de questions auxquelles devra répondre Quentin pour lui proposer un choix. Mais je préfère laisser fonctionner le feeling. Les gens observent et voient les animaux, on répond à leurs questions, on voit ce qui se passe. Un animal qui choisit son maitre c’est le meilleur gage d’une adoption réussie.

J’avertie les autres bénévoles que je vais à l’accueil. Je prends un café et m’installe au comptoir d’accueil. Quentin ne devrait pas tarder. J’angoisse un peu. Une adoption ce n’est jamais anodin et je veux que tout se passe bien. Mais aussi parce qu’il serait malhonnête de continuer à faire comme si je n’avais pas reconnu la notoriété de Quentin. Et j’ai peur de sa réaction. D’autant que les autres bénévoles vont surement le reconnaitre. Je me sens mal, mais je ne voulais tellement pas briser ce sentiment de bien-être lors de notre rencontre que je me suis tue. Et après le dire par téléphone, je ne trouve pas ça très sympa.

Alors j’essaye de rester zen, en dégustant mon café. Bon OK ! c’est impossible. La pile électrique est toujours sur batterie nucléaire. J’arpente l’accueil dans tous les sens, reclassant les magazines par type, remettant les chaises bien alignées, tapotant les tas de prospectus pour qu’ils soient parfait. Limite si j’avais un produit sous la main, je ferais les carreaux !!

« ding ding »

Tel le suricate, je me redresse droite comme un i. Et j’affiche un immense sourire quand je découvre celui que j’attends.

- Quentiiiiiiinnnnn !

Je contourne le comptoir en deux bonds et saute dans ses bras.
Ok ! C’est un peu trop pour une personne que je vois pour la seconde fois ? Oui bon ! Le feux aux joues, je me recule d’un pas.

- Pardon ! Je suis un peu survoltée.

Un tout petit peu…

Je lui fais une bise bien bruyante sur la joue et lui montre la porte d’accès pour visiter les boxs.

- Tu veux commencer par voir les animaux ? Ou tu veux un café avant ?

Je conclue avec un grand sourire au souvenir de ce qui a provoqué notre rencontre.

Moi de la retenue ? Aucune ! Ce n’est pas nouveau. Et en même temps, je commence à me sentir mieux dans cette immense ville alors pourquoi serais-je différente ? Bien au contraire, je me retrouve chaque jour un peu plus. Notamment grâce à des personnes simples et attentives comme Ode ou Quentin.
Donc quand celui-ci entre je lui saute dans les bras. Je vois bien que les quelques personnes présentes dans la rue nous regardent bizarrement à travers la vitrine, mais je n’en ai que faire. Ils ne vont pas me faire un sketch encore sur mon âge, non ? Et puis Quentin, moi je l’admire et le respecte, mais je ne suis pas amoureuse. Rien à voir avec Jahed. Enfin bon, c’est juste un exemple, par expérience…

Et je souris comme une bienheureuse quand Quentin répond à mon câlin de bienvenue en me taquinant. Je me dis que j’ai vraiment un super feeling avec lui et que je ne me suis pas trompée sur la réciprocité.

« Un peu survoltée ? »

Je lui tire la langue tout en lui offrant un grand sourire. J’aime bien cet échange taquin. J’aime surtout que ça soit aussi naturel. Je propose alors à Quentin de boire un café à moins qu’il veuille visiter les chats à adopter tout de suite. Je pourrais bien comprendre qu’il choisisse les chats au café, mais je dois bien avouer que ça me plairait bien qu’il prenne du temps pour discuter avec moi. Et mon cœur s’envole quand il fait le choix de discuter avec moi avant de d’aller les minous.
J’attrape sa main et l’entraine dans l’arrière salle où se trouve la cafetière et une table où nous prenons nos petites pauses repas ou gouter.

- Assis-toi où tu veux. Je suis désolée, mais je n’ai pas de caramel pour mettre dans ton café.

Je souris au souvenir de notre premier café ensemble. Je suis tellement heureuse que ce ne soit l’unique pris ensemble. Je nous sers deux tasses avant d’en déposer une devant lui et de compléter la mienne de lait et sucre. Laissant la boite à sucre et les cuillères sur le plateau qui est toujours présent sur la table, je m’assois à côté de mon « invité de marque ». Pour le moment, j’ai complètement zappé sa notoriété et le fait qu’il va bien falloir que je lui avoue l’avoir reconnu. Je profite juste de sa présence. Et puis avec toutes les questions qu’il me pose j’ai l’esprit déjà bien occupé.

- Je vais bien. Il y a eu des moments un peu dur début du mois. Mais là je vais mieux. Et puis mon stage m’occupe l’esprit. Ça se passe super bien au zoo. J’ai un maitre de stage un peu particulier côté caractère, mais je crois qu’on s’entend bien. Et il me montre plein de choses. Il est fauconnier. Je ne connaissais pas grands choses sur les rapaces et autres bêtes à plumes. C’est super enrichissant ! Et toi, comment ça va ? Tu continues à bousculer les jeunes filles et leur café dans la rue ?

Je ris en douceur et sirote mon café.

- Alors tu t’es finalement décidé à adopter ? Toujours pour un chat ?

Je suis vraiment heureuse de revoir Quentin. J’ai bien du mal à retenir mon excitation de voir mon ami. Ok, je ne l’a retiens pas quand il franchit la porte, mais j’essaye de paraitre plus calme une fois dans la salle de pause. Partager un café avec Quentin Walsh c’est comme un rituel obligatoire. Et j’ai bien conscience que beaucoup m’envierait ce privilège. Mais c’est bien étrange. Je ne vois vraiment en lui que le mec chouette qui s’est excusé après avoir renversé mon café et qui m’en a offert un autre avec une super conversation me réconciliant un peu avec New York. Depuis j’apprend à aimer cette ville, et je pense toujours à notre discussion quand je vois les éléments positifs dont me parlaient Quentin.
Bien sûr l’acteur en lui je l’adore. Fidèle de ses films et séries, je ne peux nier le contraire. Pourtant je ne suis pas du style à vouloir suivre une star à tout prix. Je commence seulement à suivre les comptes Instagram de ceux que j’aime bien. Et leur vie privée ne m’intéresse vraiment pas. Je préfère m’attarder sur leurs prestations et leurs personnalités.

Le problème c’est que mes collègues dans les chenils savent qui est Quentin et qu’il faut que j’avoue à mon ami que je le sais, et pas de maintenant.

Mais les paroles s’enchainent et les taquineries avec. C’est si facile avec ce garçon, comme si on s’était toujours connu. C’est fun, parce que ce genre de lien ne m’a jamais été facile, et avec lui c’est évident. Comme avec Clayton ou Odeline. Et c’est ce qui positive en moi ma venue imposée aux USA.

Alors que j’offre à Quentin un café, sans caramel, il me charrie en promettant une mauvaise note sur le site internet de l’association. J’en ris et lui sers son café en lui tirant la langue comme toute réponse. Je sais pertinemment qu’il ne le ferait pas, surtout pour une simple absence de caramel dans son café.

Quentin prend de mes nouvelles et j’en suis ravie. On dit souvent que les stars prennent la grosse tête et deviennent égocentriques. Quentin est tellement tout sauf ça. Peut-être que je ne le connais pas assez pour ça, mais c’est le sentiment inné que j’ai avec lui. Et depuis quelques semaines j’ai appris à me fier à mon instinct, pour de bien meilleurs résultats que les années précédentes. Il est content pour moi et ça fait plaisir. Mais il enchaine de suite avec cette foutue rumeur de Radio New York. Je suis gênée. Pour la rumeur, mais aussi pour son statut de star agressive propagée par ce journalisme de pacotille. J’ai essayé de détourner l’attention du sujet vers celui de l’adoption que s’apprête à faire Quentin. Je retrouve le sourire quand je comprends que mon ami a manqué prononcer le prénom de la personne qui partage sa vie. Mais finalement ça me ramène à ce que je dois lui avouer. J’ai honte de m’être tue autant de temps.

- Quentin, je suis désolée pour la rumeur. Mon beau-père était furieux. J’ai réussi à lui faire comprendre que tu n’as rien fait de mal. Mais il a porté plainte contre la Radio. Je ne suis pas sûre de l’utilité de cette action, mais bon il ne m’a pas laissé le choix. Et… Je dois t’avouer quelque chose.

Je fixe du regard ma tasse de café, le feu aux joues.

- Je n’ai pas découvert ton nom et ta notoriété par cette publication. Je le savais… J’ai… enfin je n’ai pas tilté quand tu m’as bousculé. Mais j’avoue que ton visage m’était familier, et c’est peut-être ce qui m’a décidé à accepter ton café sur le moment. Mais…

Je grimace parce que j’ai vraiment peur de sa réaction. Je n’ose pas lever les yeux sur lui pour savoir. Je prends une grande inspiration pour essayer de ne pas paniquer et surtout tout avouer à mon ami. Au moins il m’écoute. Il n’a pas rugi de colère, pour l’instant…

- Quand je suis partie aux toilettes, il y a des filles surexcitées qui ont débarqué en citant ton nom. Apparemment t’as fait un selfie avec elles pendant que je m’étais absentée. C’est là que j’ai raccroché les wagons. Je suis une grande fan des livres Lola Green. Et j’ai beaucoup aimé ton jeu dans les adaptations au cinéma. Et surtout je suis depuis le début ta nouvelle série. Je te jure que je ne suis pas du genre groupie, qui suit partout ses stars favorites et veut tout savoir sur eux. Tu vois, moi à la place de ses filles je n’aurais pas demandé un selfie, mais un mot de ta part sur le tome 1 de Lola Green que j’avais sur moi.

L’émotion est trop forte, j’ai trop peur qu’il me rejette. Alors mes larmes coulent et je les essuie bien que ça ne les arrête pas. Relevant la tête, j’ose regarder mon ami, parce que ce que je veux lui dire sort vraiment de mes tripes et mon cœur.

- J’ai adoré prendre ce café avec toi au Starbucks. Tu m’as montré New York autrement. Tu m’as appris à regarder les choses différemment, avec un regard plus positif. Et chaque jour j’ai pensé à toi pour ça, pas pour ta célébrité. Tu m’as aidé ce jour-là. Tu m’as montré que même si je ne suis pas du tout heureuse d’avoir dû venir ici, je peux réussir à en voir du positif. Et ça m’aide chaque jour. J’ai même quelques amis, bien plus que je n’en ai eu de sincères de toute ma vie. Et c’est la confiance que m’a accordé et ta vision de la vie que tu as partagée avec moi, qui m’ont aidé à être moi et le faire accepter à certaines personnes. Je suis tellement désolée de t’avoir menti, enfin menti par omission. J’espère que tu me pardonneras

La venue de Quentin à l’association était déjà une fête en soi pour moi. De un, parce qu’il va permettre à minou abandonné de trouver un foyer chaleureux. De deux, parce que j’allais revoir mon ami. Oui ça parait dingue de se dire que je ressens de l’affection sincère et amicale pour cet homme que j’ai rencontré qu’une fois et totalement par hasard. Mais depuis ma rencontre avec Odeline j’ai essayé de me laisser porter par mon instinct. Et Quentin a eu le même discours. J’ai vraiment apprécié son écoute et ses propos. Il a raison New York est une ville étonnante. Bourrée de contradictions mais surprenante. Et suivre mon feeling est ce qui me donne le plus de bénéfice. Ça j’en suis convaincu aujourd’hui. Depuis que Quentin m’a parlé de vivre l’instant présent en restant moi-même à chaque seconde, j’apprends à le faire. Et j’aime le faire parce que ça me rend toujours heureuse. J’ai même réussi à discuter avec plein de personnes de tout âge sans me les mettre à dos, sans qu’ils me prennent pour une tête qui se la joue, sans qu’ils en viennent à me détester. Bien au contraire, je crois que les jeunes du Skatepark m’apprécient sincèrement. Il n’y a pas de questions ou de jugements, j’arrive, ils me saluent, ils m’entrainent à leur montrer mon savoir-faire sur leur planche à roulettes et ça se finit toujours par des fous-rires. C’est comme ça que j’ai toujours considéré l’amitié, et je crois que ça le devient chaque jour un peu plus. Et ça c’est Quentin et Ode qui ont initié ça. Ce sont les premiers newyorkais qui m’ont montré les bons cotés de cette ville et de ma nouvelle vie.
Mais l’arrivée de Quentin a beau me déborder de joie, j’angoisse. Car il y a un mensonge entre nous. Et je déteste ça. Bien sûr ce n’est pas un mensonge volontaire, au moins au départ. Ni qui lui portera préjudice. C’est plus une omission par peur de modifier son comportement avec moi. Mais je me sens en faute de ne pas avoir révélé plus tôt ce non-dit. Alors je finis par lui dire. Ça sort avec difficulté, mais j’arrive à lui exprimer tout ce qui se passe dans ma tête.
Quentin a évoqué la nouvelle rumeur de Radio New York, c’est ce qui déclenche mon aveu. Je ne peux pas lui laisser croire que c’est ce torchon qui m’a révélé son identité. Et alors que j’ai peur chaque seconde qu’il se lève et s’en aille, qu’il me crie dessus comme une enfant, Quentin me taquine puis il se lève et me fait un câlin. Je suis un peu stupéfaite. Je ne suis pas sûre de bien comprendre. Et pourtant peu à peu j’atteindre chacun des mots de mon ami. Je souris quand il me propose même de parapher mon livre et même faire une photo avec lui. C’est clair que je ne dirais pas non. Mais je ne suis pas de ce genre de groupie qui publie sur tous les réseaux sociaux les selfies qu’elles font d’elle ou avec des stars. Par contre je me plais à imaginer équiper mon bureau d’un pêlemêle où j’accrocherai des photos de mes nouveaux amis, de mes amis tout court. La seule amie que j’ai réellement de mon passé c’est Théa, la fille au pair qui m’a élevée pendant plus de 3 ans. C’est la seule de mon passé en France avec qui je garde un vrai contact amical.
Regardant Quentin dans les yeux, je lui souris. Il essuie mes larmes, me câline, l’embrasse sur le front. Je finis par sourire, car ses paroles me réconfortent. Mon cœur en peine se réchauffe et spontanément il s’exprime

- J’ai toujours été moi pendant cette conversation. J’ai adoré chaque seconde avec toi. Tu m’as parlé, écouté, rassuré comme personne n’arrivait à le faire avec moi. Tu m’as traité comme une adulte et pas une petite fille perdue, même si c’est ce que j’étais. Ça n’a pas de prix pour moi, Quentin. Et grâce à toi j’ai appris à regarder la ville autrement, MA VIE autrement. Peu à peu, j’arrive à lui donner des orientations positives, un sens qui est mon reflet.  

A mon tour, je l’enlace en passant mes bras autour de sa taille et le serre fort contre moi.  

- Merci Quentin. J’avais si peur que tu sois en colère, que tu décides de repartir, de ne plus me voir.

Je l’embrasse sur la joue.

- Fais gaffe on va croire que les jeunes filles t’agressent maintenant !

Je ris parce que ces rumeurs c’est vraiment du grand n’importe quoi, mais ça a le mérite de m’avoir fait comprendre une chose sur Quentin. Il protège sa vie privée et il a bien raison. Mais j’en ai fini avec les non-dits. Qu’il me réponde ou non, je vais lui dire ce que je crois avoir compris il y a quelques minutes.

- Quentin. Je ne te demande pas de confirmation. Et cette conversation reste entre toi et moi. Mais j’ai compris un truc. Je crois. Alors plus de non-dit, je te le dis comme je le ressens. Quand on a parlé de l’adoption à ton arrivée, tu t’es retenu juste à temps avant de prononcé un prénom. « Et… » Tu sais que rien ne m’échappe !

Je sors mon téléphone et me connecte sur l’Instagram de la fameuse Radio à scandales mensongés. Je lui montre alors le commentaire qu’un certain « Thanou » a publié.

- Thanou – Ethan, non ? C’est ton ami, ton chéri… Enfin je ne sais pas comment on dit… Mais ça ne me pose pas de souci. Je vois bien que tu es heureux, c’est chouette. C’est avec lui que tu vas adopter le minou ?

Oui je suis une insatiable curieuse. C’est une curieuse irrépressible. Souvent elle m’amène à bombarder les gens de questions, sans filtres. Et c’est loin de plaire la majorité du temps. Mais ma curiosité n’a jamais rien de malsain. Et tout ce qu’on me dit, je l’emmagasine dans ma mémoire, mais ça y reste. S’il y a bien une chose que je ne fais jamais, c’est révéler des choses sur une personne qui ne le souhaite pas.

Accueillir Quentin Walsh comme un ami était une évidence. Et je suis heureuse de le retrouver, autant que de sentir que pour lui aussi cette aisance particulière entre nous est toujours là. C’est vrai Quentin est une star, un comédien reconnu, et j’adore ce qu’il fait. Par contre je n’ai jamais cherché à en savoir plus sur l’acteur en lui-même, sur sa vie privée entre autres. D’accord j’ai suivi sa carrière, parce que sa prestation dans Lola Green m’a convaincu et que j’adore la série policière qui le met au-devant de la scène médiatique en ce moment. Et la preuve en est qu’il m’a fallu un sacré temps pour le reconnaitre à notre première rencontre. Et ça je n’ai pas osé lui avouer. Ni ce jour-là. Ni par message ou téléphone. En même temps, je le respecte trop pour ne pas le faire de vive voix en face à face. Et ça m’angoisse. J’ai peur qu’il m’en veuille. J’ai peur qu’il se referme face à moi. Pas que je veuille tout savoir de sa vie, c’est à lui de voir ce qu’il me confie. Mais il m’a ouvert l’esprit et le cœur à un tas de possibilités dans ma nouvelle vie à New York. J’étais mal. Il l’a compris sans juger, il m’a montré d’autres visions de la ville et de ma vie d’américaine. Chaque jour depuis ses propos m’ont aidé à avancer et accepter un peu mieux cette vie. Alors je ne veux pas le voir quitter ma vie.

C’est difficile à avouer. Mais je dois le faire. Et Quentin est un ange encore une fois. Il s’enquiert de mon état, de mon stage, ma nouvelle vie. Il n’a rien oublié de notre conversation et ça me ravie. Alors je lui parle de mon mensonge, par omission certes, mais je le considère comme un mensonge. Et la réaction de Quentin est tout ce que je connais de lui : tendre, affective, rassurante, sans jugement, compréhensive. Que Radio New York vienne voir à quel point Quentin est agressif avec moi ! Il me console de ma culpabilité alors qu’il devrait m’en vouloir. Mais non, Quentin reconnait ma sincérité et mon amitié pour lui. Il me dit même être heureux que ses conseils aient porté leurs fruits sur ma vie quotidienne. Et quand il me dit de vive voix n’avoir aucune intention de partir, je ne peux m’empêcher de lui sourire de tout cœur. Le câlin qu’il me donne se prolonge sans aucun malaise. Je suis heureuse d’avoir soulager ce poids de ma conscience.
On en finit même par se taquiner affectueusement et je le mets en garde contre une nouvelle rumeur potentielle.

« Exactement … Je vais devoir m'enfermer dans une bulle. »

- Tant que j’ai le droit de la partager un peu avec toi ! J’aime bien les bulles aussi.

Même si c’est une image, elle est vraie et sincère. Et ce qui me fait enchainer par un élément que j’ai relevé en parcourant les commentaires de cette fameuse rumeur. Dès la lecture du commentaire, j’ai pensé que ce Thanou est un proche de Quentin. Bien sûr j’ai plus pensé à un frère, un cousin, un ami. Mais Quentin a failli prononcer un prénom dans son discours sur le choix de cette adoption, que ça a fait « tilt » dans ma tête. Thanou serait-il plutôt son amoureux ? J’avoue que ce n’est pas mon premier reflexe de penser à un couple gay, d’autant que Quentin est souvent à l’affiche avec des canons de beauté féminine. Mais depuis ma rencontre avec Clayton, j’avoue que c’est une possibilité qui me vient plus facilement à l’esprit. Je ne suis pas bourrée de grands principes, j’ai juste besoin qu’on m’ouvre l’esprit sur certaines choses. Mon cerveau de petit génie a tendance à fonctionner comme une mémoire vive. On lui donne ou montre une information de manière plus concrète, il l’emmagasine et l’ajoute aux possibilités.
L’existence de l’homosexualité ne m’était pas inconnue. Mais je n’avais jamais rencontré de personne qui le soit. Il faut dire que mon petit monde en France était assez fermé. Et j’avoue que depuis que je suis arrivée à New York, mon cerveau emmagasine beaucoup plus d’informations concrètes et positives sur les relations humaines qu’avant. Ou bien c’est que ça m’intéresse plus et que je muris cherchant à me construire une nouvelle bulle sociale plus fun que ce que j’ai connu jusqu’à aujourd’hui.
Oui peut-être bien que je sois plus mature aujourd’hui. Et cet ami devant moi en est un moteur essentiel. Alors oui, j’aimerai en savoir plus sur lui, mais en toute amitié, pour mieux le connaitre. Et je ne le forcerais pas à se confier. Je lui dis d’ailleurs. Il peut me mentir sur l’identité de ce Thanou ou botter en touche, je comprendrais le message. Evidemment ma timidité est de la partie. C’est toujours aussi compliqué pour moi de parler d’amour, et j’ai un peu honte aussi de mettre les pieds dans le plat sur la vie personnelle de Quentin. Mais ma curiosité est terrible. Insatiable, elle gouverne souvent mes actes et questionnements.

Quentin me taquine sur mon sens de la déduction. Je souris en haussant les épaules.

- Tu peux m’appeler Sherlock, Watson !

Je ris avec lui, alors qu’il me confirme que j’ai bien vu. Et c’est avec un grand sourire que j’accueille son aveu. Je lui fais même une bise, dans ma spontanéité habituelle. A la fois, par affection de le savoir heureux en amour, mais aussi pour sa confiance.

- Merci ! Il est mignon d’avoir mis ce commentaire. Tu le remercieras pour moi. Tu ne m’as pas dit si cette rumeur a eu de mauvais impact sur toi, ta vie ou ta carrière. J’espère que non ?

Sincèrement je sais les dégâts que peuvent faire de telles rumeurs alors j’espère de tout cœur qu’il n’y en a pas eu sur Quentin.
Finissant notre café, il est temps d’aller voir ces petites boules de poils. Quentin m’a expliqué s’être décidé pour un chat.

- C’est vrai qu’un chat va se promener seul en général, pour une star discrète comme toi, c’est sûrement le mieux. Et si on allait voir ces minous ! Tu préfères un mâle ou une femelle ?

Je me laisse toujours aussi agitée. Le café n’est pas la bonne boisson pour me calmer, mais je crois que même de la camomille en intraveineuse n’aurait pas d’effet sur moi. Participer à une adoption c’est quelque chose de fabuleux. C’est un moment qui demande beaucoup d’attention aux adoptants. Une écoute de leur besoin pour leur proposer les animaux les plus adapter. Car l’important c’est que l’animal soit bien là où il arrive et si les adoptants ne sont pas satisfaits, ça commence mal. Mais aussi une pour nous assurer que ces adoptants seront de bons maitres. Sur cette dernière partie, je n’ai aucun doute. Alors je vais me concentrer sur la correspondance entre les besoins de l’animal et ce que recherche mon ami.
Je l’invite alors à me suivre pour nous rendre vers les chenils.