Journée difficile. Ces derniers jours l’ont été. La mort de son ancienne belle-mère dont il était proche et aujourd’hui ses fichus funérailles. Même s’ils ne se voyaient pas aussi souvent qu’auparavant, Adriel a gardé certains contacts avec son ancienne belle-mère. Il aurait pu couper tout contact avec elle lorsque Lennon est sortie de sa vie mais non. Ils se sont soutenus quelques fois face à l’incompréhension de ce départ, de ce divorce alors que les sentiments étaient encore présents. La vie était dure, mais Adriel n’avait jamais douté de l’amour qu’il ressentait pour celle qui était autrefois sa femme. Les années sont passés et même s’il n’oublie pas, il va de l’avant. Et lorsqu’il allait voir son ancienne belle-mère ils n’évoquaient que rarement le sujet, et quand c’était le cas, Adriel changeait délibérément de sujet. Il est difficile de vivre avec le passé, d’autant plus quand le passé est compliqué. Le présent l’est également, durant cette journée sombre. Etant l’un de ses derniers semblant de famille qui lui restait en ville, on lui avait demandé de participer à l’organisation, à faire un discours et même si les choses étaient compliquées dans le fond, il avait accepté de le faire. Il lui devait bien ça, après tous les repas du dimanche midi passés à deux suite au départ de Lennon. En parlant de cette dernière, ce n’est pas lui qui a eu la tâche de lui annoncer la nouvelle, ça aurait été sans doute trop dur et mal amené. Alors, Adriel ne sait pas si elle sera là. Il ne sait pas non plus si au final ils ont réussi à la joindre. Tant de questions qui finiront peut-être par avoir des réponses. En tant qu’ex gendre, il aurait pensé assister aux funérailles, tout en restant en retrait, mais les choses ont fait que c’est l’inverse. Triste journée, malgré tout accompagné d’un grand soleil. Parlant avec quelques invités, Adriel fini par apercevoir quelqu’un au fond, quelqu’un qui attira directement son attention. Elle était venue. Rien d’anormale alors qu’elle devait venir dire un dernier adieu à sa mère, mais le cœur d’Adriel eu comme l’impression qu’on le compressait. Des années sans nouvelle. Des années à se poser mille et une questions. Et malheureusement, ce n’est dans ce genre d’évènement qu’il aurait pu espérer des retrouvailles avec celle qui portait son nom de famille autrefois. Malgré tout, Adriel ne se serait pas vu l’ignorer, dans ces circonstances comme dans d’autres d’ailleurs. S’approchant de la femme qui partageait sa vie, il n’ose pas la regarder plus de quelques secondes avant de détourner le regard, tout en lui glissant un « Salut… » Les choses sont compliquées, elles auraient été moindres s’ils s’étaient séparés parce qu’ils ne s’aimaient plus. Mais les choses étaient plus compliquées que ça. « Je suis désolée pour ta mère ! » Leur relation n’était peut-être pas toujours au beau fixe, perdre un parent doit être tellement douloureux. Adriel n’ose pas imaginer ce qu’on doit ressentir dans ces cas-là. Il ne sait pas trop comment se comporter avec elle, ni si c’est une bonne idée de lui imposer sa présence. « Comment tu le vis ? » Ose-t-il demander alors que son regard se plonge dans le sien avec une extrême tendresse. Il est tellement désolé pour elle.

Le retour dans cette ville avait malmené ton pauvre cœur, il souffrait de ses souvenirs qui venaient éclabousser le nouvel équilibre que tu avais conçu. La mort de ta mère avait rongé ton être, rongeant aussi le bonheur que tu essayais de concevoir en faisant mine que tout allait bien. Que la mort de ta fille fût passée, que tu n’y pensais pas, alors qu’en réalité cela ne cessait de mordre ton cœur, de tuer petit à petit ton âme qui survivait avec bien du mal. A reculons que tu étais arrivée à l’hommage à ta mère, cet hommage suivi d’une cérémonie au cimetière, le cœur qui se serre rien qu’à l’idée de retrouver la tombe de ta puce. Le mal être est tien à cet instant, tu laisses un sourire cacher ces maux, mais tu le sais que tout ça n’est pas possible, tu n’es pas insensible rien qu’à l’idée de revoir cet endroit, que tu évites des plus soigneusement. Tu ne vas pas déposer des fleurs sur la tombe de ta belle, car tu penses à elle dés que tes opales file le parfait amour avec le ciel étoilé peu importe l’endroit, tu le sais qu’elle est là. Toi présente à t’excuser, à revivre les scènes suivant sa mort, suivant toute cette peine découlant de cet événement. Tu arrives à l’hommage, le cœur en lambeaux, mais ton sourire de façade presque automatique est là. Quelques mains qui veulent serrer la tienne, te soutenir, tout ce que tu ne supportes pas dans les enterrements. Ce mélange d’hypocrisie et d’apitoiement. Tu as bien du mal à faire semblant, mais tu le sais, t’es là pour ta mère, toujours accroché à ton téléphone pour lui parler, oubliant parfois que la présence physique était bien plus importante. Ton cœur qui déraille un peu plus, tu vas finir au sol, les prunelles qui se déposent sur Adriel, le cœur qui ne cesse de battre plus fort. Son visage t’a manqué, sa présence aussi ,si tu écoutais tout ton être tu te plongerais sans aucun doute dans ses bras, mais c’est toi qui étais parti, qui avait tout mis en œuvre pour détruire ta vie, créant un déclin que seul toi pouvait arrêter. Mais t’as pas voulu le faire. Le regard qui peine à soutenir le sien, tu entends les mots franchissant le seuil de ses lèvres, des lèvres que tu imagines s’imposer sur ton front, comme quand il te disait que tu avais tort et qu’il voulait te consoler en embrassant ton front avant que vos corps ne déraillent entre eux. « Hey … » Que faisait il ici ? Tu te doutes qu’il était encore proche de ta mère, elle le considérait comme son fils. Alors forcément. « Tu n’as pas à l’être … » Que tu lâches péniblement, le cœur qui flanche, alors que ton corps ne sait pas comment se comporter, écouter ton cœur, ta tête ? Et pourquoi ne pas fuir, moins usant de fuir que d’affronter, comme toujours. « Je ne sais pas et toi, tu étais proche d’elle . » Tu le sais et il le sait, elle aimait presque plus Adriel que toi, pas de jalousie, mais elle avait toujours rêvé d’avoir un fils avec une fille et tu avais exaucé son vœu en te mariant à celui que tu aimais depuis des années.

Aussi bizarre que ça puisse être, Adriel a toujours bien aimé les enterrements pour le coté cérémonial, dernier hommage. Il a tendance à essayer de voir la vie en rose en général, sauf quand ça le touche de trop prêt. Sa belle-mère l’avait toujours beaucoup apprécié et il lui rendait la pareille. Outre la disparition d’une femme qu’il aimait beaucoup, il est inévitable pour lui de repenser à Lennon et de leur petite fille partie trop tôt. Comme à chaque fois, il garde la face, si bien qu’on ne perçoit pas le mal qui le ronge de l’intérieur quand on le regarde sans trop se poser de question. Bien qu’il soit l’ex gendre, il ne se fait pas petit pour autant, il sait que sa belle-mère aurait voulu qui lui fasse un dernier hommage public. Il lui devait bien ça. Certains des invités semblent déconcertés de le voir ici, d’autres comprennent le pourquoi du comment. Adriel s’en fiche en réalité ; ce n’est pas pour eux qu’il est là, c’est pour elle, cette femme l’ayant considéré comme un fils quand il avait passé la bague au doigt à sa propre fille. Le plus dire ce n’est pas le regard des gens, c’est celui de Lennon qu’il vient de croiser. Il ne l’avait pas vu jusqu’à maintenant, si bien qu’il se demande si elle vient d’arriver ou si elle a juste été discrète jusqu’à maintenant. « Si, c’est normal… J’aurais voulu t’appeler moi-même pour te le dire mais… » il laisse sa phrase en suspens, sans la finir. Il y a pleins de raisons qui l’ont poussé à passer son tour sur cette lourde tâche. Mais ce n’était pas une bonne idée ; Mais c’était trop difficile pour elle comme pour lui. Mais il ne voulait pas lui imposer d’entendre sa voix lors d’une annonce aussi tristement importante. C’est d’ailleurs pour cela qu’il garde ses distances, qu’il évite parfois son regard. S’il s’était laissé aller avec ses pulsions irréfléchies il l’aurait pris dans ses bras, lui aurait dit que tout irait mais ce n’est plus son rôle de la réconforter de la sorte. Si ça se trouve, un autre homme a pris ce rôle, son ancien rôle. « Je suis là si tu veux en parler… » dit-il avec honnêteté en la regardant droit dans les yeux. Parce que même s’il avait souffert de son départ, qu’il avait été en colère qu’elle l’abandonne de cette façon, elle restait la femme à qui il avait passé la bague au doigt, la femme avec qui il avait construit un foyer et surtout, la femme avec qui il se voyait passer sa vie. Cela n’efface pas son départ et les papiers du divorce mais ça attenue les choses dans des moments comme celui-ci. « Oui on est restés proches » Avoue-t-il ; donc ce n’est pas de gaieté de cœur qu’il est là. « Ce n’est pas facile ! » Dit-il finalement par dire, mais ce n’est pas que pour cette disparition, c’est parce que forcément, il repense à des tas de choses, des choses qu’il essayait tant bien que mal d’oublier ces derniers temps même s’il était évident que c’était chose impossible. On ne peut pas oublier, pas comme ça, ni même jamais.