C'était un samedi, l'horloge pointait les quatorze heures. Ce jour-là, Wade ne courait pas après les criminels. Il ne recherchait pas non plus un porté disparu. Il affrontait encore moins une menace informatique. Ce jour-là, il était simplement assis dans son canapé. Rien de plus. Juste un homme dans son canapé, dans son petit duplex de deux chambres, dans un immeuble typiquement brooklynien.

La clope au bec, il s'affairait à trier les factures du jour. Cela devait bien être sa huitième cigarette de la journée ... Avoir sa fille chez lui le rendait particulièrement nerveux, et la nervosité faisait croître sa consommation de tabac. La présence de l'adolescente l'empêchait de boire, il devait bien se rabattre sur quelque chose !

Perdu dans ses comptes, les nerfs apaisés par l'afflux de nicotine, l'agent du FBI ne fit même pas attention aux bruits qui émanaient de la chambre d'Harley. La jeune fille s'y était enfermée et s'était réfugiée dans son paradis vidéo-ludique. Elle avait enchaîné les jeux, passant du plus mignon et innocent au plus terrifiant et glauque en quelques secondes. Indécise, elle avait finit par se lancer dans une version remasterisée de Résident Evil, un célèbre jeu d'horreur sur lequel elle s'était fait la main. Elle en était devenue une experte et avait décidé de se lancer dans le mode de difficulté le plus élevé, augmentant le son à chaque nouvelle minute afin d'accroître l'immersion.

Le calme ne semblait plus exister dans l'appartement qu'on aurait cru rempli de morts-vivants. Les râles des créatures et les coups de feux saturés couplés aux vapeurs toxiques des huits cigarettes emplissaient le domicile et finissaient par se répandre dans les conduits d'aérations. Le père et la fille parvenaient tout de même à cohabiter: Elle ignorait la fumée qui aurait pu passer sous sa porte, lui ne réagissait pas au bruit omniprésent. Ça ne le dérangeait pas. Et quand bien même cela l'aurait déranger, il aurait été incapable d'en tenir rigueur à la prunelle de ses yeux. En réalité, Wade était incapable d'élever la voix sur sa fille, incapable de lui donner un ordre, incapable de lui dire non. Et ça ne datait pas de l'accident, leur relation était basée sur cette incompétence. C'était le statut squo pour eux.

Cela fut dur, mais Wade réussi malgré tout à percevoir les coups prendre d'assaut sa porte. Grommelant, l'agent s'extirpa de son canapé. Il glissa sa main sous son t-shirt, un brin trop large, pour atteindre le revolver coincé dans la ceinture de son jeans. Cette arme était son arme de fonction. Lorsqu'il n'était pas en service, elle était censé demeurée ranger dans une boîte, elle-même cacher au fin fond d'un placard. Mais les risques du métier et l'agression de l'adolescente avait finit par rendre l'agent paranoïaque, alors il ne quittait plus jamais son arme. De toute façon, il n'y avait aucun risque. Elle était sur lui.

Wade finit par rejoindre le couloir d'entrée où il fut contraint de se frayer un chemin entre les chaussures en vrac et le sac d'école de sa fille. L'appartement n'était pas mal rangé, au contraire, Harley avait hérité de la maniaquerie de sa mère et lorsqu'elle était là, tout devait être impeccable. Il n'y a que l'entrée qui était en désordre. L'excitation et le soulagement d'être enfin tout les deux là les avaient poussés à être négligeant, jetant leurs chaussures, manteaux et cartable dans le couloir et les abandonnant jusqu'au dimanche soir.

D'un geste vif, Wade, la cigarette toujours coincé entre ses lèvres, ouvrit la porte et tenta tant bien que mal de l'empêcher de cogner contre le mur.

- Qu'es-ce que vous voulez ?

Sayuri était rarement dans son appartement de Brooklyn, presque toujours en sortie pour des shootings photos ou des enregistrements. Mais c'était un peu son havre de paix, le lieu où elle pouvait être elle-même et se balader en culotte si elle le souhaitait. Mais il y avait un bémol. Elle avait des voisins, oui, les gens l'agaçaient, déjà, ça sentait souvent la cigarette et elle ne supportait pas cette odeur. Elle qui aimait l'air pur du grand air, elle devait déjà supporter la pollution de New York et elle n'avait même pas de pauses en rentrant chez elle. Et aujourd'hui semblait pire que les autres jours, elle devait bosser de chez elle et l'odeur continuait de venir de l'aération. Elle avait ouvert sa fenêtre pour faire disparaître la mauvaise odeur, mais on était en plein mois de février il faisait -2 en plein jour. Frustrée, elle s'était juste plus habillée. Elle avait des photos à faire pour son Instagram, elle commençait à manquer des publications et elle avait une vidéo sponso à faire.

Elle commença par les photos, elle choisit différente tenue et commença son shooting. Elle présentait différents outfit, certains en robe, d'autres avec des baskets ou encore avec des talons. Elle essayait de garder un air sérieux sur ses photos, mais elle fronçait souvent du nez à cause de l'odeur. Elle installa sa caméra pour filmer sa vidéo sponsorisée, mais impossible de s'entendre parler, des bruits de grognement zombies et de tirs se faisaient entendre dans tout son appartement. Encore un autre problème de voisins, les murs étaient aussi fin que du papier et elle entendait tout, que ce soit du voisin de droite, de gauche ou celui du bas. Elle n'arrivait à rien et elle sentait que sa journée allait être inutile si ça continuait. Elle pensait écrire un mot de plainte, comme elle l'avait parfois fait et laissé dans les boites aux lettres. Elle avait l'habitude d'écrire des petites phrases passives agressives anonymes, même si ça n'aidait pas, elle se sentait toujours mieux après les avoir déposés. Mais aujourd'hui, elle avait vraiment du travail et dans ces conditions, elle n'arrivait à rien. Un nouveau hurlement de zombie se fit entendre et ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Elle sortie en fermant son appartement à clef et alla voir son voisin bruyant et puant. Elle pensait également qu'il était alcoolique vu les bruits qu'elle entendait parfois, ce qui ne l'aidait pas à l'apprécier. Elle ne savait même pas quelle tête il avait, mais elle se l'imaginait un peu clochard sur les bords.

Devant la porte du voisin, elle fut sûre qu'elle était au bon endroit, elle pouvait entendre les bruits et sentir l'odeur de cigarettes. Elle était toujours habillée de ses vêtements d'Instagrameuse, un blouson en cuir, une petite robe et des talons, ce qui était bien trop habillée pour une personne qui passe sa journée enfermée dans son appartement. Elle frappa une première fois, mais personne ne répondit, les coups avaient certainement été couvert par les bruits de hurlement. Elle tambourina donc à la porte pour être sûre qu'on l'entende cette fois-ci. Elle attendit un peu les bras croisés sous sa poitrine, elle allait tambouriner une nouvelle fois quand la porte s'ouvrir sur un homme avec une cigarette au bec. Elle se mit à tousser en sentant l'odeur forte de cigarette se dégager de l'appartement, elle secoua sa main devant son visage de façon dédaigneuse pour faire disparaître l'odeur.

- Qu'es-ce que vous voulez ?

Que voulait elle ? En plus d'être un clochard, il n'était pas très futé. Elle répondit agacée :

- Vous puez. Vous faites trop de bruit. Arrêtez.

Elle put entrevoir une entrée en désordre, le contraire de son appartement à elle qui ressemblait à une exposition IKEA. Elle n'était pas spécialement maniaque, c'est juste qu'elle garde toujours son appartement en ordre, au cas où, elle aurait un post à faire pour Instagram ou des invités.

- Si vous ne faites rien j'hésiterais pas à appeler la police.

Wade haussa les sourcils, rendu quelque peu perplexe par l'individu qui se tenait sur le seuil de sa porte. Une jeune femme asiatique et élégante, un peu trop même. On aurait aisément pu croire qu'elle se rendait à un rendez-vous vêtue comme elle était. L'air sévère, les bras croisés sur la poitrine, elle semblait juger l'agent du FBI qui se mit à l'observer d'un air las. Il observa la jeune femme tousser lorsque les vapeurs de nicotine vinrent caresser ses narines. C'est lorsqu'elle tenta de la repousser dédaigneusement que Wade comprit. Il allait avoir affaire à ce qu'on appelle dans le milieu: «une chieuse».

D'abord agacé par le dédain et les remarques qui semblèrent plus proches de l'insulte qu'autre chose, Wade ne put s'empêcher de rire lorsqu'elle le menaça d'appeler la police.

- On fait du bruit, oui. Mais il est trop tôt pour vous plaindre de tapage nocturne et la télévision n'émet pas assez de décibel pour être considéré comme du tapage diurne. Croyez-moi, je sais de quoi je parle.  Mais vous pouvez toujours appeler la police. P't'être bien que c'est moi qui devrait me plaindre, vous n'êtes pas une voisine exemplaire.

Wade disparu un instant derrière la porte pour attraper sa blouson négligemment accroché au portemanteau. Il farfouilla dans ses poches dont il extirpa sa plaque qu'il exhiba devant son insolente voisine.

- Je pourrais vous coffrer pour outrage à agent. Fit il avec une sourire narquois qui laissa vite place au choc. Oh mais vous êtes la voisine du dessus ! Celle qui court partout avec ses talons ?

Son dimanche était complètement ruiné ! Et à cause de ce mauvais voisin, ses vêtements sentaient continuellement la cigarette, pourtant, elle ne fumait pas et elle n'aimait pas que les gens qu'elle pouvait rencontrer s'imagine qu'elle était fumeuse. Son après midi pour filmer une vidéo pour un sponsor était également perdu, il y avait des bruits de zombie entrain de mourir, des bruits de pistolet et d'autres sons tout aussi sympathique qui l'empêchaient d'avoir un son correcte sur son portable.Elle ne pouvait donc pas travailler et elle se les gelait dans son appartement qu'elle aérait continuellement pour faire disparaître l'odeur de cigarette. Tout ces inconvénients l'avaient mené devant la porte de son voisin où elle attendait qu'il vienne lui ouvrir. Elle dut frapper deux fois avant qu'il ne l'entende à cause du bruit de jeux vidéo.

Sans surprise, quand il ouvrit la porte, elle se trouvait devant un homme pas très frais. C'est vrai qu'on était dimanche mais tout de même, il y avait un peu plus qu'un visage de weekend qui se trouvait devant elle. Apparemment, la cigarette n'avait réellement aucune vertu et les bruits de bouteilles qu'elle entendait parfois non plus. Après les remarque sur les choses qui la dérangeait, elle menaça l'homme d'appeler les autorités s'il continuait.

- On fait du bruit, oui. Mais il est trop tôt pour vous plaindre de tapage nocturne et la télévision n'émet pas assez de décibel pour être considéré comme du tapage diurne. Croyez-moi, je sais de quoi je parle.  Mais vous pouvez toujours appeler la police. P't'être bien que c'est moi qui devrait me plaindre, vous n'êtes pas une voisine exemplaire.

Sayuri leva les yeux au ciel, il était bien renseigné l'ivrogne... c'est vrai qu'elle se baladait souvent avec ses talons dans son appartement, surtout comme aujourd'hui où elle a des photos à prendre. Mais au moins, elle, elle ne puait pas. Quand ses yeux se reposèrent sur lui, elle le vit disparaître derrière sa porte et lui sortir une plaque de... Elle plissa les yeux pour mieux lire. FBI ? Cet homme faisait parti du FBI ? Et bien, maintenant, on donnait réellement des emplois d'État à n'importe qui, pas étonnant vu le président qu'ils avaient, mais tout le même.  

- Je pourrais vous coffrer pour outrage à agent.  Oh mais vous êtes la voisine du dessus ! Celle qui court partout avec ses talons ?

Outrage à agent ? Il osait la menacer ? Et en plus, sortir une ânerie pareil ? Le gars étaient même pas en uniforme ou quoi que ce soit et il était chez lui tranquille. Elle lui aurait bien balancé ses talons à la figure pour lui montrer à quel point elle pouvait être bruyante. Elle lui dit d'un air tout aussi narquois que lui :

- Vous êtes sur que c'est bien une vraie plaque ? Je me permet d'en douter quand je vous vois, j'en suis désolé d'être sur mes gardes.

Évidemment, elle n'était absolument pas désolé et elle se moquait plutôt de l'homme qui lui faisait face. Et d'après les bruits qu'elle continuait à entendre, il n'était pas seul chez lui, car le jeux vidéo se faisait toujours entendre. Elle continua ensuite en prenant un air faussement innocent :

- C'est vrai, je suis celle qui marche à talon, je ferais attention la prochaine fois et j'ai de l'asthme, c'est pour ça que je ne supporte pas l'odeur de fumé.

Faux et faux, elle ne comptait pas faire plus attention et elle n'avait absolument aucun problème respiratoire, elle détestait juste les mauvaises odeurs.

La jeune femme lui tenit tête d'un air narquois, elle se moquait de l'agent, agissant avec lui comme on aurait agi avec un enfant qui brandissait un jouet. Elle riait de lui. Elle avait fini par agacer le père de famille, il n'était clairement plus enclin à répondre à ses caprices.

Cette voisine l'agaçait depuis plusieurs mois déjà, elle était la source d'horripilant bruit de talon qui résonnait sur le plafond de l'appartement. Quand à Wade, il n'était pas si bruyant à l'accoutumée, il ne l'était que lorsqu'il recevait sa chère fille. À ses yeux, la jeune femme n'avait pas vraiment de quoi se plaindre. Elle ne supportait pas l'odeur de sa cigarette ? Elle devrait s'y faire. Il n'allait pas arrêter de fumer pour ses jolis yeux !

L'homme la détailla de haut en bas, il observa sa poitrine qui se soulevait à un rythme régulier malgré son léger agacement. Elle ne semblait souffrir d'aucune gêne respiratoire. L'asthme, c'est une chose que l'agent du FBI avait souvent observé, il n'était pas rare que des suspects tentent d'en simuler des crises. Il lui était même déjà arrivé d'avoir dû prendre en charge des victimes et témoins en pleines crises d'asthme et de panique. En tant qu'agent du FBI et ancien agent de police, il avait pu voir les faiblesses de l'humanité. Il avait pu voir des hommes et des femmes s'effondrer en larme, peiner à respirer, faire des malaises, voir même s'évanouir. Alors ce n'était pas ce petit brin de femme, perché sur ses talons et emmitouflé dans ses son blouson de cuir, qui allait lui faire à l'envers.

- Vous n'avez pas l'air asthmatique. Je dirais même que vous respirez très bien, répliqua t'il.

Wade ne dégageait pas la moindre once de pitié, il se moquait presque de la plainte de sa voisine, il ne croyait pas à son mensonge. Elle pouvait sûrement mieux faire. Il en était persuadé.

Elle vit de suite qu'il ne croyait pas en son histoire d'asthme. Il fallait l'avouer qu'elle n'avait pas non plus fait plus d'effort pour lui faire croire. Une petite toue n'était pas suffisant, mais de toute façon, elle s'en moquait, elle trouvait cet homme vraiment agaçant et il comprenait pas que si lui voulait se détruire la santé, elle n'en avait aucune envie. Elle avait envi de vivre le plus longtemps possible pour continuer à agacer le plus de personnes dans le monde.  

- Vous n'avez pas l'air asthmatique. Je dirais même que vous respirez très bien.

Elle roula des yeux, oui, elle n'était pas asthmatique, il n'était finalement, pas si débile que ça. Elle sentait que leur discussion ne mènerait à rien.

- Ouais, je suis pas asthmatique, mais j'ai pas non plus envie d'attraper un cancer des poumons. Vous faites ce que vous voulez avec votre santé, mais laissé celle des autres tranquilles. Puis, ça fait plusieurs heures que j'essaie de filmer une vidéo, mais des bruits de zombies m'en empêche. Donc si vous ne voulez plus entendre mes talons, arrêtez de faire du bruit et de puer.

En plus, de ça, elle lui avait laissé une lettre de plainte, il y avait quelques jours, où elle lui demandait également de faire moins de bruits et d'arrêté de fumer. Évidemment, elle l'avait posté anonymement et ça l'énervait encore plus qu'il n'avait rien fait après l'avoir reçu pour améliorer son comportement.

Elle se demandait qui était justement toujours entrain de faire du bruit en ce moment, il n'était pas seul dans son appartement. Elle essaya de voir par dessus son épaule mais ne vit personne. Elle avait du mal à imaginer cet homme avec une petite amie ou même une famille.

- C'est parce que votre ami est sourd qu'il est obligé de mettre le son de son jeu vidéo aussi fort ?

Le plus petit s'appuya de plus en plus contre la porte de son appartement, plus la jeune parlait et plus il la trouvait ennuyante et agaçante. Vociférant à qui voulait l'entendre que la fumée de l'agent allait lui donner un cancer des poumons. Wade trouvait cela très exagérer. Il avait certes conscience des risques qui se cachait derrière le tabac et savait que le tabagisme passif existait est était tout aussi dangereux que le tabagisme actif, mais il ne pensais pas que sa voisine puisse contracter une telle maladie en n'ayant respirer que le peu de fumée qui pouvait s'infiltrer dans l'aération de l'immeuble.

Et plus l'agent l'écoutait, plus il se lassait de ce discours pré-macher qui lui donnait une désagréable impression de déjà vu. Il se permit même de soupirer d'agacement au milieu de celui-ci. Le monde n'allait pas mourir d'un cancer fulgurant uniquement parce qu'il se grillait quelques clopes sagement cloisonner chez lui ! Et alors qu'il se pensait condamner à mourir d'ennui, il eût un regain d'attention lorsque sa voisine évoqua la production d'une vidéo. Le policier se mit alors à froncer les sourcils et à détailler de nouveau la jeune femme, se questionnant sur le genre de contenu qu'elle pouvait bien tourner. Mais sa réflexion prit vite fin lorsqu'il surprit le regard intrusif de la jeune qui tentait de voir par dessus son épaule. Celui-là, Wade ne manqua pas de le capter et de le commenter.

- On vous a pas appris que c'était mal poli de regarder par dessus les épaules ? Vous voulez pas entrez tant que vous y êtes ! lâcha alors le petit brun mettant en ses mots tout l'agacement que son impétueuse voisine lui faisait ressentir.

Agacement qui ne cessa de croitre avec la remarque hautement déplacer qu'elle venait de proliférer. Wade n'aurait su dire si il s'agissait d'un sarcasme ou d'une véritable question, mais il ne l'avait pas aimé.

- Et, si les bruits vous dérange, plaignez-vous en à ma fille. Je suis sûr que les adolescentes obéissent aisément aux caprices de leurs insupportables voisines ! Et vous tournez quoi au juste pour oser venir se plaindre d'un peu de bruit ? Aux dernières nouvelles, il n'y a que les camgirls qui s'emportent pour un léger bruit de fond.

- On vous a pas appris que c'était mal poli de regarder par dessus les épaules ? Vous voulez pas entrez tant que vous y êtes !

Elle avait presque envie de le prendre au pied de la lettre et entrer pour trouver qui faisait autant de bruit. Mais elle avait un peu peur de ce qu'elle pouvait y trouver, peut-être qu'il cachait des cadavres dans des placards ? Il avait un peu le look du serial killer psychopathe. Et même s'il n'était pas un psychopathe, elle n'avait pas envie de se risquer à attraper le choléra ou autre maladie tout aussi sympathique dans ce taudis.

Les bruits de zombies avaient continués pendant toute leur discussion. Elle se permit donc de demander si la personne qui faisait autant de bruit était sourd pour mettre le son aussi fort. C'était évidemment du sarcasme.

- Et, si les bruits vous dérange, plaignez-vous en à ma fille. Je suis sûr que les adolescentes obéissent aisément aux caprices de leurs insupportables voisines ! Et vous tournez quoi au juste pour oser venir se plaindre d'un peu de bruit ? Aux dernières nouvelles, il n'y a que les camgirls qui s'emportent pour un léger bruit de fond.

Oh, il avait une fille ? Une femme avait donc eu envie de lui un jour ? Ou peut être qu'elle n'avait pas eu le choix, c'était peut-être bien un serial killer. Mais un serial killer qui avait l'air d'avoir du mal à se faire obéir de sa fille apparemment. En l'entendant l'appeler camgirl, elle se mit à rire, ça la dérangeait pas plus que ça qu'on l'appelle ainsi, en plus, elles étaient plutôt jolies les filles qui en faisaient donc bon, elle prendrait ça pour un compliment :

- Oui, oui, camgirl c'est ça, mon pseudo c'est XxPinkbunnyxX si vous voulez voir ce que je fais et ouais, depuis ce matin, mes clients font que se plaindre des bruits de zombies, donc si vous pouvez demander à votre fille d'être moins chiante, ce serait cool.

Elle avait bien compris qu'elle n'obtiendrait rien de ce gars, faudra juste qu'elle trouve un autre endroit où filmer et surement un nouvel appartement. Ou sinon, elle pourrait essayée de le faire expulser. Comment ? Elle ne savait pas encore, mais elle trouverait bien un moyen.

Wade observa son odieuse voisine qui se mit à rire, il resta interdit. Il ne s'était pas vraiment attendu à ce genre de réaction, sa voisine qui s'était montrée si agaçante démontrait qu'elle possédait un certain sens de l'auto dérision. Elle n'était peut-être pas si désagréable que cela finalement. Le visage du petit brun de décrispa. Son petit jeu était assez plaisant ... Jusqu'à ce qu'elle se mette à traiter Harley de chieuse. Wade ressera ses doigts sur la porte, il n'aimait pas que l'on insulte sa progéniture. Il n'aimait pas que l'on puisse penser du mal de sa fille.

- Vous savez quoi ? Vous allez lui dire lui même.

Comme pour accompagner ses mots, Wade lâcha la porte, débarrassa le couloir en agglutinant les chaussures dans un coin. Une fois le passage dégagé, il se mit à crier le nom de sa fille lui demandant de venir, ponctuant sa phrase d'une petite s'il-te-plaît.

Quelques secondes plus tard, les râles et les bruits de balles se stoppèrent laissant place aux frottements des roues sur le parquet qui recouvrait le sol du petit appartement. L'adolescente ne tarda pas à apparaître à l'autre bout du couloir, elle semblait désorientée fixant l'inconnue que se tenait sur le pas de leur porte.

- Il y a un problème papa ? demanda t-elle d'une petite voix.

Le père ne répondit pas, posant également son regard sur la voisine. Il attendait, il voulait voir si elle oserait se répéter mot pour mot. Il voulait voir si son comportement allait changer, comme le comportement de tout ceux qui appercevaient le fauteuil de la lycéenne pouvait changer.

- Vous savez quoi ? Vous allez lui dire lui même.

Ah ben, parfait, maintenant, elle allait devoir parler à une adolescente, comme si elle avait que ça à faire. Le père n'était pas capable de prendre ses responsabilités, c'était donc à elle de lui dire ? Bravo l'éducation ! Elle reserra ses bras déjà croisés sur sa poitrine, elle soupira d'agacement. Tout ce cinéma commençait vraiment à être long. Elle l'observa ranger les chaussures dans l'entrée, puis, elle vit arrive une jeune adolescente en fauteuil roulant.

- Il y a un problème papa ?

C'était bien sa veine, une fille en fauteuil roulant, fallait toujours se larmoyer sur les handicapés et elle ne supportait pas ça. Fallait dire, elle larmoyait sur rien, sauf peut être la mort d'un animal dans un film. Après, la gamine n'avait pas l'air méchante, Sayuri avait pensé qu'elle aurait eu affaire à une ado rebelle avec des vêtements de gothique ou de metaleuse, mais elle s'était apparemment trompée. Sayuri sentit le regard de son voisin sur elle, elle pesa rapidement le pour et le contre d'être sincère ou pas :

- Oui petite, il y a un problème, apparemment, ton père n'est pas capable de te demander de baisser le son de ton jeu, je l'entend de mon appartement et ça m'empêche de bosser correctement. Donc s'il te plait, peux tu mettre un casque ou baisser le son que je n'ai pas de grognement de zombies sur toutes mes vidéos. Ce serait sympa.

Elle avait dit tout ça sans sourire, sauf à la fin ou elle lui en fit un faux. Elle avait également appuyé sur les mots "ton père" en jetant un regard en coin vers lui.

L'asiatique semblait réfléchir et durant un court instant, Wade crû qu'elle allait se démonter. Il fut donc agréablement surpris lorsqu'il vit que ce n'était pas le cas. Elle avait été sèche, concluant ses propos dans un sourire hypocrite. L'agent n'aimait toujours pas sa voisine, mais il devait lui reconnaître une certaine franchise qui lui plût assez. Quand à Harley, elle resta perplexe, ne comprenant pas pourquoi son père faisait une telle scène. L'adolescente cligna plusieurs fois des yeux avant d'hocher simplement la tête et de s'exécuter, se dirigeant vers sa chambre pour baisser le son.

La mère de la jeune fille l'avait trop bien élevée, elle était loin d'être aussi capricieuse et étroite d'esprit que son géniteur. Géniteur qui se contenta de lever au ciel avant de les reposer sur sa voisine. Dédaigneux, il lâcha un léger «De rien.» avant de claquer la porte au nez de sa voisine. Pour lui, le débat était clos. Sa fille avait obtempéré mais il ne comptait arrêter de fumer et il ne s'estimait pas responsable de la fumée qui s'infiltrait dans l'aération du bâtiment.