« Au quartier chinois, comme d’habitude ? Oué, parfait, à ce soir! Bye! »

La voix du Polonais résonnait dans son grand appartement vide, alors qu’il raccrochait son téléphone. L’un de ses amis lui proposait une soirée entre homme, dans un bar. Et le Polonais ne pouvait refuser une telle opportunité de s’amuser. Pourquoi imposait-il le quartier chinois ? Tout simplement parce que c’était un rituel depuis quelques temps. Il y avait une fille dans ce bar, qu’il cherchait à voir, tous les soirs. Ou presque tous les soirs. Ce qui restait stupide, c’est que cette fille en question, il pouvait la voir quand il voulait. Il lui suffirait de monter quelques étages de plus, quand il est aux studios. Et de venir frapper à la porte de la PDG. Mais il n’avait jamais osé... Elle semblait tellement différente une fois sortie du travail. Au building du label, elle paraît froide, elle ne sourit jamais, elle ne parle que pour imposer ses idées et ses ordres. C’est comme si il y avait deux Domi différentes. La première fois qu’ils s’étaient croisés dans ce bar, il avait enfin pu découvrir son sourire, et quel sourire. A tomber par terre. C’était peut-être un peu frustrant d’ailleurs. Parce que dans leurs yeux, il s’était passé quelque chose. Il le savait, il le lisait, il le devinait. Ils s’attiraient, comme des aimants. Elle pourtant déjà mariée, et plus âgée. Stable, fière et responsable. Lui, instable, immature, ne pensant qu’à s’amuser. Il savait qu’il jouait avec le feu en la fréquentant, mais c’était incontrôlable. Il n’y avait rien de mal de toute façon, ils ne faisaient rien d’autres que de discuter, rire, et boire quelques verres ensemble. Ou était le mal ? Les textos échangés ? Tous les amis s’envoient des textos...  

Il était tard, quand enfin il pénétrait dans le dit bar. Mains dans les poches d’un jeans serré, de petites baskets de grande marque aux pieds. Un tee-shirt blanc avec un col en V sur le dos, laissant dévoiler tous ses tatouages. Il était accompagné de ses amis, mais il ne calculait déjà plus leur présence. Le bleu de ses yeux parcourait le bar, cherchant celle qui occupe toutes ses pensées. La jolie brune. Il la remarquait bien rapidement, assise à une table, avec ses amies habituelles. Il lui lançait un petit sourire, laissant ses yeux la fixer un bon moment, comme s’ils se nourrissaient de la vue. Puis il laissait ses propres amis prendre une table. Lui, il se dirigeait vers le bar, faisant mine de vouloir commander quelque chose. Mais il n’interpellait pas le serveur. Il attendait simplement, un petit sourire nerveux aux lèvres. Nerveux, mais impatient. Parce qu’il savait qu’elle viendrait. « Donnez-lui un verre de scotch s’il vous plait, c’est pour moi. » La voilà. Doucement, il relevait ses yeux clairs vers elle, plongeant dans son regard. C’était assez bizarre cette sensation, qu’il pouvait ressentir en sa présence. Une pointe d’admiration, mais aussi de bien-être. Elle en impose, alors elle l’impressionne. Mais d’un autre côté, elle l’attire tellement, qu’il oublierait facilement cette barrière entre eux, de l’employé et du patron. « Pas trop fatigué de la journée ? » Elle se permettait au passage, de replacer une mèche de cheveux, trop près des yeux du jeune homme. Il n’essayait même pas de l’en empêcher, bien trop content d’un contact physique avec elle. Un léger frisson lui parcourait même les bras à ce simple contact. La dévorant toujours autant des yeux, il penchait légèrement le visage vers elle, se permettant plus d’intimité avec elle. Depuis le temps, il savait que leur petit flirt le lui permettait.

« La fatigue, elle disparaît toujours quand j’arrive ici. »

Assura-t-il, alors que le serveur déposait le verre commandé par Domi, devant lui. Il le remerciait d’un simple regard, et passait ses doigts autour, l’attirant vers lui.

« Merci... T’essaie de m’assommer pour mieux me kidnapper ? »

Lançait-il malicieusement, levant le verre jusqu’à ses lèvres pour en boire une petite gorgée. L’alcool lui brûlait légèrement la gorge. Qu'est-ce qu'il aimerait que sa plaisanterie soit vraie. Il reposait le verre entre eux, et il se tournait totalement vers Domi, jouant de ses doigts toujours collés à sa consommation.  

« Et toi ? J’espère que tous tes poulains ne t’ont pas donné trop de fils à retordre... Quoi que je ne serais pas contre être convoqué chez la directrice. »

Il chuchotait presque, étant assez proche d’elle pour se le permettre. C’était comme ça qu’ils passaient leurs soirées à flirter, sans que jamais, ça n’aille plus loin. Il supposait que c’était à cause de son mariage. Mais parfois, il aimerait bien qu’elle oublie ce type, ou plutôt ce fantôme, et qu’elle le laisse briser cette barrière entre eux.  

« J’espérais que tu sois là. »

Murmurait-il après un léger petit silence, ses yeux se perdant dans les siens. Ouai, il ne cachait absolument pas l’attirance qu’il avait pour elle, et ce, depuis longtemps maintenant. De toute façon, ça ne changeait jamais rien, alors autant être franc. Il n’avait droit qu’à un petit flirt et des yeux gourmands, alors il s’en contentait... Pour l’instant. Il se demandait combien de temps il pourrait tenir encore, avant de la pousser contre un mur et lui voler le baiser tant mérité, depuis des mois. 

« Crois-moi, si je voulais te kidnapper Misha je l’aurais fait depuis biennn longtemps. » Il étirait un peu plus de malice, en coin de ses lèvres. Qu’est-ce qu’il aurait aimé qu’elle le fasse. Ou qu’elle l’enferme dans son bureau. Son sourire en disait long, et trahissait ses pensées, mais il s’en contre fichait pas mal. Leur jeu avait trop duré, et il espérait le lui faire comprendre. Qu’elle passe à l’acte, qu’elle attaque, qu’elle entame le niveau supérieur. Sans quoi ça finirait en Game Over pour les deux joueurs.  

« Honnêtement moi aussi. Je m’ennuis à la maison. » Le ton plus las, qu’elle adoptait tout à coup, ternissait le sourire du jeune homme. Les yeux rivés sur elle, il l’observait un bon moment. Pourquoi est-ce qu’elle restait avec ce sale type, s’il la rendait aussi triste ? Discrètement, il glissait sa main libre le long du comptoir, et de son index, il venait frôler la main de Domi. Juste une petite caresse du bout du doigt, innocente, mais compatissante. Un contact minime, et pourtant, un grand pas pour lui. Il sentait que son cœur tambourinait un peu plus dans sa poitrine, comme s’il essayait de le pousser à en faire plus.

« Tu devrais venir me voir... »

Oui, c’était aussi une invitation à aller plus loin. Et il l’assumait. Il ne la regrettait absolument pas. « Tes amis se fichent que tu les abandonnes comme ça chaque fois ? Pour rester avec moi ? » Il suivait le regard de sa belle, observant de loin ses amis, qui rigolaient bruyamment entre eux. Ils ne semblaient pas se soucier de Misha. Et à dire vrai, tous avaient compris le bazar qui se passait entre lui et sa boss, alors personne ne s’en mêlaient. Et surtout, personne n’allait lui mettre des bâtons dans les roues. Ça faisait trop longtemps que Misha voguait seul, aux yeux de tous.  

« Non, ils ont compris je crois. »

Il restait vague, mais il savait qu’elle-même, comprendrait de quoi il parlait. Il reposait toute son attention sur elle, cherchant à croiser son regard. Elle semblait pensive ce soir. Bon dieu, il n’arrivait pas à décoller ses yeux d’elle. Comment un homme pouvait délaisser une aussi jolie femme ?  

« Tes amies ne m’en veulent pas non plus ? »

Il jetait un rapide coup d’œil vers elles. Contrairement aux amis du Polonais, elles, les observaient de temps en temps, en chuchotant. Mais quand le regard de Misha croisait les leurs, elles détournaient rapidement leur attention, en riant entre elles. Il en sourit, amusé d’être ainsi épié par ces femmes, et il en revenait à Domi.

« Viens. »

Sa main toujours près de la sienne, se faufilait entre ses doigts qu’il entrelaçait aux siens. Ils quittaient ainsi le comptoir, main dans la main, et Misha l’entraînait plus au fond du bar, loin des yeux de ses amies trop indiscrètes. Près d’un Jukebox, il posait son verre sur l’appareil, et s’y accoudait, reposant le bleu de ses yeux sur sa jolie partenaire du soir. Il ne laissait pas beaucoup de distance entre eux, peut-être même, qu’ils n’avaient jamais été aussi près l’un de l’autre.

« Je pourrais peut-être... Te faire oublier ton ennui ? »

Murmurait-il, les yeux la dévorant toujours autant, s’arrêtant même souvent sur ses lèvres. Sa main, il ne la lâchait pas, jouant de ses doigts entre les siens, qu’il caressait. Il penchait légèrement son visage vers le sien, cherchant à capter toute son attention. Il semblait craquer le premier, il voulait passer au niveau suivant. Mais il n’était pas certain qu’elle soit du même avis. Après tout, lui, il était libre comme l’air, mais elle... Elle avait ce fichu anneau au doigt, qui l’empêchait de tout envoyer en l’air, et de lui sauter dans les bras. Sans ça, il y aurait bien longtemps qu’il l’aurait embrassé, serré dans ses bras, et entraîné dans les méandres de sa vie compliquée. Malheureusement, il y a toujours cette barrière, son mari. Aussi incapable soit-il, il est bien là.  

Il savait bien, que pour le coup, il était un peu trop entreprenant, et direct, mais quelque chose en lui le laissait penser que s’il ne le faisait pas, ils ne passeraient jamais au niveau supérieur. Et leur succession de flirts sans lendemain était certes, jouissive, elle n’en n’était pas moins frustrante à force. Alors le visage proche du sien, il abaissait ses yeux vers leurs deux mains liées. Elle lui rendait ses caresses, c’était déjà un joli pas en avant. Cela ne faisait qu’étirer un peu plus ce sourire presque niais qui ne quittait plus les lèvres du chanteur.

Elle ne lui répondait pas aussitôt. Elle s’enfilait le fond de son verre, et le reposait non délicatement sur le jukebox. Le bruit qui résonnait du métal de la machine, fit légèrement sursauter le polonais. Intrigué, presque inquiet qu’elle le sermonne aussi, son sourire s’effaçait doucement. « Mouais. C’est sûr qu’à 28 ans, les choses sont faciles hein ? » Est-ce qu’elle haussait le ton, ou bien jouait-elle encore ? Pris au dépourvu, il hésitait un moment, jusqu’à ce qu’il aperçoive ce petit sourire sur les lèvres de la brune. Il était contagieux, les lèvres de Misha s’étirèrent légèrement, alors qu’il relevait son propre verre pour le terminer lui aussi. Trop rapidement, mais il tenait assez l’alcool pour savoir qu’il lui en fallait bien plus pour perdre les pédales.

« Alors compliques les pour moi... »

Chuchotait-il, d’un ton joueur, alors que le bleu de ses yeux se reposait sur ses lèvres, qui lui faisaient tant envie. « Et… Qu’est-ce que tu ferais pour tromper cet ennui, Monsieur J’aiconfianceenmoi ? » Plus elle souriait, et plus il l’imitait. Il échappait même un léger petit rire, jetant un rapide petit coup d’œil sur son épaule, vérifiant que personne ne les épiait. Il avait assez de rumeurs stupides sur le dos, sans venir en rajouter. Il devenait peut-être un peu parano avec ça, mais il soupçonnait toujours la Radio N.Y de le pourchasser maintenant. Rassuré, il reposait toute son attention sur la belle brune. Elle jouait encore de ses doigts, alors il les refermait sur les siens, tout en se penchant complètement vers elle, pour venir lui chuchoter à l’oreille. Le tout en laissant volontairement son souffle chaud, terminer sa course dans son cou, près de sa nuque, espérant éveiller chez elle, une petite chair de poule.

« Ça ne s’explique pas, ça se démontre... Et il faudrait seuls pour ça. »

Son sourire ne pouvait pas être plus grand, ni plus amusé, encore moins taquin. Il la cherchait, il espérait qu’elle réponde à ses attaques, que ce soir, les choses changent. Que ce soir, rien ne soit plus comme avant. Se pinçant la lèvre, il relâchait la main de Domi, et venait du bout de ses doigts, caresser son avant-bras dénudé. Il passait ses yeux sur ces fines caresses qu’il lui offrait, puis sur son regard, dans lequel il aimait se perdre.

« Je pourrais t'offrir un avant-gout, mais j’ai peur de finir convoquer dans le bureau de la directrice... »

Continuait-il, toujours aussi bas, de ses yeux si gourmands qu’il en avait l’air charmeur, et charmé par la même occasion. Il avait tellement envie d’elle, de pouvoir la toucher, oubliant leurs rangs différents, leurs âges, et leurs statuts. Comme s’il avait de nouveau 15 ans et qu’il débutait ses premiers émois et flirts. Ses doigts glissèrent lentement le long du bras de Domi, jusqu’à retrouver sa main, qu’il entrelaçait à nouveau. Et délicatement, il brisait le peu de distance qui restait entre leurs deux visages. Il déposait un bien chaste baiser tout en coin de ses lèvres, presque sur sa joue. Il ne faisait que jouer un peu plus, et titiller l’envie qu’elle éprouvait. Il ne voulait pas l’embrasser réellement, pas toute de suite, il voulait la voir défaillir avant. C’était tellement mieux de faire languir un peu l’instant, tout en sachant que ça, il ne la laisserait pas partir ce soir sans l’avoir fait. Ses lèvres effleuraient donc simplement l’encolure de ses lèvres, sa peau douce, et il gardait son visage près du sien, assez pour sentir son souffle chaud contre lui.

Qu’est-ce qui se passait ? Il n’était plus très sur... Il s’était contenté d’un chaste baiser, songeant que cela suffirait à envenimer le jeu. Il était loin de s’imaginer que Domi y répondrait aussi vite. A peine avait il détaché ses lèvres de sa douce peau, que la main de la jeune femme se rabattait sur sa nuque. Ses lèvres venaient plus franchement chercher les siennes, et elle l’embrassait, pour de bon, enfin. Un baiser qu’il avait tellement attendu. Il y répondait, sans se soucier de quoi que ce soit, se laisser aller à un désir qu’il supportait depuis bien trop longtemps. Le temps qu’elle s’arrête, il se pinçait la lèvre, savourant son doux parfum encore présent. Ils eurent à peine le temps de reprendre leur souffre, et d’échanger un regard, qu’elle reprenait procession de ses lèvres, dans un baiser plus fougueux cette fois. Elle se laissait aller elle aussi, s’abandonnant à ce désir enfouis depuis trop longtemps. Épris, et emporté dans cette tornade de sentiments que lui provoquait ce baiser, il laissait leurs lèvres valser ensemble, tout en laissant ses doigts glisser vers les hanches de Domi. D’une légère pression, il la poussait doucement contre le mur, se collant à elle, et envoyant valser complètement les barrières qu’il pouvait y avoir encore entre eux. L’une de ses mains s’envolait alors pour s’appuyer contre le mur, juste au-dessus de l’épaule de la brunette. Tandis que de l’autres, ses doigts se refermaient légèrement sur les hanches féminines. A cet instant, il se rendait compte qu’il avait terriblement envie d’elle. Son sang ne faisait qu’un tour dans ses veines, et son cœur battait à un tel rythme, qu’il aurait pu s’arrêter subitement. La chaleur était montée d’un cran, mais il n’allait pas s’en plaindre. Une étape était franchie, et pas des moindres. Enfin, ils avançaient. Leurs lèvres se séparèrent alors légèrement, mais il gardait son front collé au sien. Sa main sur sa hanche, remontait le long de ses courbes majestueuses et si bien dessinées. Il donnerait n’importe quoi pour pouvoir les toucher, mais chaque chose en son temps. Se pinçant encore la lèvre, il suivait de ses yeux bleus, le trajet de son doigt, qui arrivait au cou de Domi. Il remontait un peu plus, laissant sa main se poser sur la joue de sa belle, et de son pouce, pouvoir caresser doucement sa joue. Il ne la voyait pas plus âgée que lui, ni même plus puissante. Il la voyait simplement comme l’une des plus belles femmes qu’il avait pu admirer. Et pour tout dire, c’est qu’il désirait le plus à cet instant précis.

« Alors... Tenté ? »

Murmurait-il tout bas, les lèvres encore proches des siennes, et un bien malicieux sourire les décorant. Il était subjugué, charmé, et enivré. Elle le possédait, entièrement. Elle en aurait fait ce qu’elle voulait à ce moment-là.

« J'avais envie de ça depuis bien trop longtemps... »

Ajoutait-il, toujours en chuchotant, et laissant à présent ses yeux divaguer sur son visage. Son si beau visage. Il aurait tellement aimé le crier sur tous les toits. Comme pour tenter de calmer ses ardeurs, il venait lui voler un autre baiser, pinçant ses lèvres entre les siennes, et ne les relâchant que dans un charmant sourire joueur.

« Tu es magnifique... J’ai le droit de le dire ? »

Continuait-il, alors que sa main descendait à nouveau le long de son bras, rejoignant sa hanche sur laquelle il laissait balader la paume de sa main, pour de légères caresses. Il savait que son mari ne la couvrait plus de mots doux depuis longtemps, alors il voulait qu’elle comprenne qu’elle reste une magnifique femme, et que ce gars-là, est juste un profond crétin. Elle a tout pour elle, il fallait qu’il le lui dise.

« La vie n’est pas plus compliquée qu’à 28 ans tu sais... »

Ricanait-il légèrement. Puis pour l’empêcher de lui trouver des arguments, il l’embrassait encore, ramenant ses hanches contre les siennes, cherchant toujours un peu plus de contact avec elle. Oubliant presque qu’ils étaient dans un bar, et entouré de monde.

« Eh bien, je le sais déjà, mais oui… » Se pinçant la lèvre, et la dévorant toujours autant des yeux, il souriait de plus belle. Il se sentait tellement bien ici, dans ses bras, avec celle qu’il désire depuis bien des jours maintenant. Plus rien autour d’eux ne comptait, et il savait que c’était pareil pour elle. Il avait juste envie de la chérir, de prendre soin d’elle, et qu’importe ce qu’en dirait les gens autour d’eux. Et puis c’était le mot de trop. Sans s’en rendre compte, alors qu’il tentait de l’embrasser de nouveau, il avait froissé Domi. Elle refusait ses lèvres, tournait la tête et fuyait son regard. Presque frustré, et surtout, ne comprenant guère ce qui se passait, le Polonais la fixait avec étonnement. Que se passait-il tout à coup ? « Merci Misha, pour la proposition, mais je crois que je vais encore avoir besoin d’y penser un peu. Tu es jeune, célèbre, les gens t’adorent, tu vis dans un monde où je ne suis pas sûre que tu saches… Vraiment faire la différence entre une femme… Et une poupée. »

« Quoi ? »

Avait-il répliqué machinalement, perplexe, d’une petite voix serrée. Son petit cœur emballé c’était soudainement aussi serré que sa gorge. Comme si la situation s’était retournée contre lui, alors que jusqu’ici, il gagnait la partie. Il était à deux doigts... « Je crois que tu as compris que mon mariage était compliqué. Si je me lance dans ce genre de… relation, je ne veux pas que ce soit compliqué aussi. Voilà comment ça se passe dans la tête d’une femme de 38 ans, mon cher. » Pourquoi se compliquait-elle autant la vie ? C’était tellement plus simple dans la tête du chanteur. Il l’emmenait chez lui, ils vivaient leur histoire, et puis elle divorçait, ils se mariaient, et faisaient plein d’enfants. Ok c’était utopique, mais il avait du mal à croire que ce mari qui la délaisse tant, soit un réel problème. S’il tenait à elle, il aurait montré quelque chose dernièrement. Et puis il ne lui faisait pas peur. S’il fallait l’affronter, il le ferait. Elle l’embrassait subitement, et lui ébouriffait les cheveux avant de s’éloigner. « Tu embrasses comme un chef. » Peut-être, mais il était frustré! Soupirant longuement, il se retournait, admirant son joli fessier alors qu’elle regagnait le bar. Un sourire niais aux lèvres, il attendait qu’elle s’y accoude pour l’y rejoindre. Un coude sur le comptoir lui aussi, tourné vers elle, assez proche de sa silhouette, il retrouvait son petit sourire d’enfant, alors qu’il cherchait à croiser ses yeux.

« Ça peut être simple et sans complication tu sais... On se voit ici, ou chez moi. Il n’en saura rien, pas d’histoire, pas d’engagement. Je dirais qu’officiellement je suis libre comme l’air... »

Il se penchait légèrement vers elle pour chuchoter plus bas, tout en laissant son bras libre chercher sa main. Ses doigts frôlant les siens, il y opérait de petites caresses discrètes.

« Alors qu’officieusement, je ne serais qu’à toi... »

Non il ne lâcherait pas l’affaire aussi facilement. Pas maintenant, pas après tout ça. Il avait une solution à chaque problème, et il le lui ferait comprendre. Il reculait son visage, puis faisait signe au serveur de lui apporter un autre verre.

« Je suis prêt à prendre tout le temps dont tu as besoin. »

Ajoutait-il alors qu’il déposait un billet devant le barman, pour payer sa nouvelle consommation. Il le remerciait d’un signe de tête, et attirait son nouveau verre vers lui. Il reniflait son contenue, simple habitude, puis en avalait une gorgée avant de reprendre, les yeux dérivant vers Domi.

« Je m’en fous de ce qu’il y a autour Domi... Tu pourras nier aussi longtemps ce que tu ressens, ce sera encore plus compliqué. Si tu veux te contenter d’un verre tous les soirs avec moi, d’un sourire niais, ou d’un texto avec un smiley en forme de cœur, tant mieux. Mais moi j’ai envie de plus. Et je veux plus. Avec toi. »

Son verre dans une main, il se penchait vers Domi pour l’embrasser sur la joue, tout simplement. Puis il se reculait, tirant son verre avec lui.

« Tu devrais peut-être leur demander conseil... »

Il pointait de son index, ses copines qui les espionnaient et sans discrétion. Au moment même ou il les regardait, elles tournaient les yeux innocemment, le faisant sourire de plus belle. Puis un pas en arrière, il reculait pour prendre la direction de la table de ses amis à lui. Elle avait besoin de réfléchir ? Ok qu’elle réfléchisse. Mais les choses n'avaient jamais été aussi simples que ce soir. Il lui suffisait de le suivre, chez lui, son mari n’en saurait jamais rien. Etre l’amant avait quelque chose de très excitant pour le jeune homme, il était près à jouer le jeu.