Depuis que j’ai créé ce compte Instagram, j’ai aussi exploré un peu plus Youtube. J’ai découvert des artistes en devenir qui postent leur composition. Entre autre, il y a Noah Dawson. J’aime énormément ce qu’il fait. Et ce que j’apprécie le plus c’est qu’il échange vraiment avec ceux qui le suivent. Je ne suis pas du genre à dire que j’aime si je trouve ça nul. De même, si j’apprécie un morceau mais qu’un élément me perturbe ou que je trouve que ça pourrait être améliorer, je le dis. Certains n’acceptent pas les critiques, même constructives. Noah, dès le départ, a toujours apprécié mes remarques. Je ne suis pas du genre à m’étaler sur les réseaux sociaux. La facette que j’ai connu de Facebook pendant ces 2 mois de harcèlement scolaire m’a vacciné. Alors c’est vrai que je ne montre pas ma tête. C’est une tasse de chocolat qui me sert de photos de profil sur Youtube comme Instagram.
Même mon prénom, la majorité croit que c’est Lou. J’avoue que ça fait des lustres que je veux qu’on m’appelle ainsi. C’était en France. Je dois admettre que mon arrivée à New York me réconcilie peu à peu avec mon prénom. Cannelle. Les américains le prononcent avec un accent adorable. Et surtout comme l’épice se nomme Cinnamon en anglais, ils ne font que très rarement le rapprochement. Donc je subis très peu de moquerie sur ce prénom, j’ai même beaucoup de compliment.
Alors quand Noah a vu que je vis à New York depuis à peu près autant que lui, il m’a proposé de nous rencontrer. J’ai hésité un moment. Il y a tellement d’histoire de rencontres par internet qui tournent mal que c’est flippant.

Et puis Noah a été patient, on a continué à parler. Pas trop de nos vies intimes, juste ce qu’il faut. Il sait que je viens de France, moi qu’il est Londonien. Et j’ai comprendre que la famille est un sujet difficile aussi pour lui. Mais principalement on parle musique, de ce qu’on aime, de ce qu’on a du mal à écouter, de ce qu’il compose, de ses envies, de sa notoriété qui peu à peu grandit.
Jahed qui me parlait en mal de ce monde médiatique ne m’en montre jamais les facettes. Bien sûr je ne suis pas idiote et en vois certains aspects par moi-même. Mais avec Noah je peux me rendre compte de la difficulté à percer et qu’une fois que tu commences à intéresser il ne faut pas lâcher prise.
A notre rencontre Julian m’a dit que je pourrais jouer la comédie. Je n’y ai pas vraiment cru. Mais même si c’est le cas, je suis certaine que ce n’est pas un milieu où je veux évoluer pour moi-même. Et quand je vois comment Quentin protège sa vie privée, ça me conforte dans cette idée.

Un jour j’ai fini par avouer mon prénom à Noah, avec le pourquoi du comment je ne l’appréciais pas vraiment jusque maintenant. Peu à peu, j’ai lâcher prise. Et j’ai accepter qu’on se voit. En fait c’est toujours et encore le fait de parler de sa musique qui m’a convaincu. Ce mec est super mignon, ça c’est clair que ça ne gâche pas le plaisir. Mais je l’aime vraiment bien pour la personne qu’il me montre à travers sa musique et nos différents échanges. Alors j’ai accepté qu’on se voit aujourd’hui. En centre-ville bien sûr. Un lieu public où je ne crains rien. Des fois que je me sois complètement trompé sur le musicien. En fait j’en ai parlé à Ode qui m’a donné plein de conseils de prudence. Elle voulait même être présente, au moins la première heure. Mais j’ai réussi à la persuadé de me faire confiance. Et en réalité, on n’est pas loin de son appartement si j’ai un souci.
Surtout, pour la première fois depuis… Jahed ?  Non, même toujours je crois : j’ai eu envie de me faire belle, comme on dit. Oh rien d’extraordinaire ! Juste au moins ne pas m’habiller comme un garçon manqué. Faire un petit effort. Bon ce n’est pas grand-chose. J’ai mis un petit haut qui dénude mes épaules (il faut dire qu’il fait un temps caniculaire aussi) acheté sur les conseils de Valya et une jupe crayon qui m’arrive à mi-cuisse associé à des nu-pieds à petits talons. Pas de maquillage, juste un léger rouge à lèvres rose pale.
C’est étrange cette sensation. Je ne suis pas amoureuse, et j’avoue qu’oublier Jahed est compliqué. On ne raye pas quelqu’un de son cœur du jour au lendemain. Pourtant tous les messages échangés avec Noah me font l’apprécier énormément et j’ai envie qu’il ne soit pas déçu de me voir.

Je lui ai dit que j’aurai un haut gris chiné et les cheveux long cendrés. J’espère qu’il me trouvera. Je suis tellement angoissée que je suis capable de ne pas le reconnaitre alors que je regarde ses vidéos presque tous les jours.

On me tapote sur l’épaule. Je tourne instinctivement la tête vers cette main. Découvrir le visage de Noah en réel devant moi m’envoie une bouffée d’excitation incroyable. Je souris jusqu’aux oreilles.

- Salut, tu es bien Canelle ?

- Oui Noah ! Je suis très contente de te rencontrer.

OK ! Il est vraiment ultra-méga-super mignon. Ce sourire est à tomber !
Un peu gênée, je ne sais pas trop bien si je dois lui faire la bise ou pas. J’hésite. Mais le regard pétillant qu’il porte sur moi, me fait céder. Je lui fais deux bises rapides et le feu aux joues. C’est comme ça qu’on est en France. Peu m’importe les convenances américaines, ou même peut etre anglaise pour lui, j’assume qui je suis. J’avais envie, je suis mon instinct.

Je lui montre l’entrée du café ou on s’est donné rendez-vous.

- Je t’offre un verre ? Intérieur ou terrasse ?

L’intérieur est climatisé, mais je préfère milles fois les terrasses pour observer le monde et sa petite vie. Même si c’est plus calme à l’intérieur la plupart du temps, j’avoue que je fais ma petite espionne quand je viens ici. J’adore m’imaginer les dialogues ou raisons des gens qui passent dans la rue. Un délire de solitaire. Mais ça fait travailler ma créativité.
J’attend tranquillement que Noah décide. Je ne veux pas lui imposer tous mes choix.

C’est la première fois que je me retrouve dans ce genre de situation. J’ai mis du temps avant d’accepter. J’en ai même parlé à Odeline pour m’assurer que je ne prenais pas un risque. Et puis j’ai réfléchi. Un lieu public m’assurerait de ne pas être en danger. J’ai quand même rencontré Julian dans une situation, certes pas lié à internet, mais tout aussi à risques. Sauf que ce jour-là, je n’étais que spontanéité et j’ai suivi mon instinct.

Depuis des semaines qu’on discute avec Noah, j’ai un bon feeling. Sa musique est vraiment géniale et je lui souhaite de percer dans ce monde compliqué. Mais j’avoue qu’il est très craquant physiquement et que ça me perturbe de discuter avec un garçon aussi mignon et sympa. Que va-t-il penser de moi en voyant ? toujours cet air de gamine sur la face ! Je n’ai vraiment pas envie que lui aussi me case dans les gamines mineures qu’il faut surprotéger et isoler. Je ne suis pas si immature que ça ! Et j’en ai surtout ras le bol qu’on décide pour moi.

Me retrouver en vrai face à Noah, c’est comme une vague d’émotions qui m’emporte. Je suis surexcitée, impatiente et spontanée autant que gênée, timide, prudente et inquiète. Ma confiance se gagne vraiment avec le temps et Noah a été patient. Il n’a pas coupé les ponts quand j’ai refusé de le voir. Au contraire, il a patienté, discuté, livré un peu de lui, retenté la demande, mais jamais il ne m’a fermé la porte de son univers, ni forcé les choses.

Evidemment moi je connais son visage, mais c’est lui qui me trouve. Et ça c’est un signe non ? L’émotion qui m’enserre le cœur est nouvelle pour moi. Un moment d’excitation mélangé à une sensation de bien-être. Et ma spontanéité prend le dessus. Je lui fais la bise sans me poser de questions. Pourtant je sais très bien que ce n’est pas la pratique en Angleterre ou aux USA. C’est très franco-français. Et j’assume. Je suis française. Et bien que j’ai la double nationalité, je ne me sentirais jamais autre que française. Je vois bien que je le surprends mais il ne proteste pas. Au contraire ses mots me touchent et me font rougir de plus belle.
Noah me trouve très belle ! Noah me trouve très belle ! Noah me trouve très belle !
Ça tourbillonne dans mon cœur et ma tête. Je bafouille un « merci » avant de l’entrainer rapidement sur la terrasse du café qu’il a choisi, pour mon plus grand plaisir.

Prenant la carte, Noah me questionne sur mon choix avant de m’avertir que c’est lui qui m’invite sans négociation possible. Venant d’un adulte, ça ne m’interpelle pas. Mais venant de Noah, je rougis de plus belle et acquiesce en mordillant ma lèvre. C’est la première fois que je me sens ainsi. La première fois qu’un garçon m’invite. La première fois qu’un garçon me dise de belle chose dès les premiers mots échangés. La première fois que j’ai la sensation qu’il y a plus qu’une rencontre entre connaissances du net.

Je ne veux pas m’emballer. Mon cerveau et mon cœur m’envoie des dizaines de signaux d’alarme. Et je sais que je vais les écouter. Prendre mon temps pour apprécier le jeune homme et m’assurer qu’il est à l’image de ce qu’il m’a montré sur le net.

- D’accord, mais t’es pas obligé tu sais. Je peux payer sans problème. Je vais prendre un smoothie fruits rouges et un fondant chocolat avec une boule de glace pistache ! Et toi ?

Il n’y a pas de rejet dans mes propos, juste la conscience que Noah se débrouille seul pour vivre et que moi j’ai des parents pleins aux as qui me donnent plus d’argent que de besoin.

Noah ne me quitte pas du regard, et j’avoue que je me noierais bien indéfiniment dans cet océan. Mais il aborde le sujet qui fache. Je contiens mon amertume qui vient de manière réactionnelle désormais. Cette fois, hors de question que je fasse fuir un potentiel ami parce que je suis mineure de quelques mois.
Je ris à l’anecdote qu’il me raconte.

- Sincèrement tu fais plus jeune que 25 ans ! Et c’est un compliment de ma part.

Sûrement qu’il n’est pas encore complètement dans ce trip d’adulte responsable. Ou simplement qu’il a cet air jeune et jovial de manière naturel. Et ça me décide à ne pas mettre de barrière de l’âge entre nous. Je ne peux pas dire que j’ai 21 ans car ça ne serait pas du tout crédible, j’en ai conscience. Mais il n’ira pas me demander ma carte d’identité !

- J’ai 18 ans depuis 3 mois. Et tes bouclettes sont sublimes ! La fille qui t’a dit ça, n’a aucun goût !

Je n’ai jamais fait de babysitting, mais avec lui je veux bien commencer dès aujourd’hui.

- Je voulais te remercier pour ta patience avec moi. Je… Il me fallait… du temps pour être en confiance. Ça me touche beaucoup que tu n’ais pas renoncé à me rencontrer. Et j’adore vraiment tes chansons. Tu as déjà rencontré d’autres personnes qui te suivent sur Youtube ?

J’écoute les paroles de Noah comme si je buvais du petit lait. Je suis fascinée de me retrouver face à ce garçon que j’admire beaucoup. Mais surtout je suis émue et toute guillerette de parler à un garçon qui me plait sur bien des plans et qui agit avec moi comme si je pouvais vraiment l’intéresser. Etre une personne qu’on écoute et qu’on considère à égal c’est tellement rare que je profite de chaque instant.
Evidemment je me fais surement des films, mais après des semaines à pleurer un amour impossible, à essayer de me détacher de Jahed et ce que je ressens sans pour autant le perdre comme ami, à essayer de me réconcilier avec moi-même, avec ce corps que je ne sais pas apprivoiser, j’ai bien le droit de me faire des films. C’est nouveau tout ça pour moi. Et je reste consciente qu’il doit avoir des tas de conquêtes et ne plus être puceau depuis des lustres. Mais pour une fois j’ai envie de vivre l’instant à fond, en mettant mes doutes sur le côté. Après tout ça m’a bien réussi avec Julian ou Quentin, même si le lien n’est pas le même.

Alors que le serveur dépose nos commandes, je lève mon verre pour trinquer. Aucune idée s’il va me suivre, car je ne connais pas les pratiques londoniennes ou newyorkaise à ce sujet.

- A notre rencontre alors ?

Après une bonne gorgée rafraichissante, je quitte son regard, un peu anxieuse de la question qui me brule les lèvres. Je joue avec la cuillère de ma main droite, la gauche triturant le set de table.

- Tu pensais vraiment ce que tu as dit sur moi. Tu me trouves belle ? ou c’était un compliment pour le principe ?

Pas de filtre. Parce que ces mots venant de Noah revêtent bien plus d’importance que ceux venant de mes nouveaux amis, de mes grandes sœurs de cœur, de mon premier amour qui ne me considère pas de la même manière que moi.

C’est le feu aux joues que j’accepte de bonne grâce que Noah m’invite. J’ai tellement l’habitude de me démerder moi-même pour tout, de payer ce que je veux, de le faire seule aussi. Je n’ai jamais envisagé les propos de Noah. Je crois que c’est la première fois qu’un garçon me paye un verre dans ce genre de circonstance. Si je met de côté le verre chez Jahed… J’espère surtout que ça ne va pas se terminer de la même manière.
Pas que je sois amoureuse de Noah, mon cœur reste auprès de Jahed malgré tout. Mais Noah est non seulement très mignon et à mon goût, mais j’ai adoré chacune de nos conversations écrites à parler de sa musique. Il est passionnant. Et j’aime vraiment ses chansons.

Et je crois que c’est ce qui m’amène à mentir quand il me demande mon âge. Vous savez le gros bouton au milieu du visage qu’on ne peut pas louper ? Bah la question sur mon âge c’est un peu ça dans ce pays. C’est limite une maladie chronique. Si tu n’es pas majeure, tu fais bande à part des adultes. Papa ne m’a jamais traitée ainsi, et j’ai vraiment du mal avec cette mentalité américaine, encore plus avec leur manie des procès pour tout ou rien. Et vivre chez deux avocats de renom ne m’aide pas à apprécier cet aspect de la vie américaine.
La réaction de Noah est immédiate et me tire un sourire. J’aurais dû parier ! Et il me parle ‘soucis avec les parents’. Sérieux ? On ne fait que boire un verre et partager un goûter ! Même si je ne dirais pas non à un flirt avec lui, sa réaction est à l’image de ce que je perçois des américains.

Je hausse les épaules un peu par dépit et surtout pour ne pas débattre du sujet. Je ne suis pas fière de mon mensonge, mais si ça peut m’éviter qu’il fuît après 5 minutes de conversation ou qu’il me considère comme une gamine toute notre rencontre, je prends. Je préfère rebondir sur l’histoire de ses bouclettes. C’est ce qui fait son charme, et je ne doute pas qu’il le sache et en abuse.

Alors que je le remercie pour sa patience et sa confiance, il a des mots qui me touche encore plus. S’entendre dire que m’attendre était un beau pari de patience, c’est quand même super agréable. Et après avoir trinqué à notre rencontre, mes doutes bien ancrés en moi refont surface et m’amène à le questionner sur la véracité de ses compliments. Noah reprend de plus belle pour un discours qui me va droit au cœur.

- Je suis tellement d’accord avec toi. C’est mieux d’exprimer ce qu’on pense et ressent. Merci beaucoup pour le compliment.

Bon ! Il n’est pas la peine de préciser que je m’exprime le visage rouge pivoine. Mais je suis vraiment sur un petit nuage. C’est la première fois que je fais un effort sur mon apparence de mon propre chef. Et ça fait toujours plaisir de recevoir de si belles paroles. J’aime bien cette expression « belle à croquer ». C’est empli de promesses d’avenir et de pétillance.

- Toi aussi t’es très mignon. Encore plus que sur tes vidéos. Ça me fait tout drôle d’interagir « en vrai » avec toi. D’ailleurs j’ai vu ta dernière vidéo. Les modifications que tu as apporté sur ta chanson sont vraiment harmonieuses. Le pont au piano est magnifique. J’aime beaucoup ce genre de petite pause dans les paroles.

Et je ne mens pas, car j’ai bien du l’écouter milles fois depuis hier.
Je déguste un peu de ma gourmandise, toujours le sourire aux lèvres, avant de continuer à le questionner.

- Tu vas sortir un album bientôt ? Ou peut-être un EP ? J’aimerai vraiment assister à un de tes concerts. Tu dégages tellement d’énergie que ça doit être envoutant et dynamisant !

C’est étrange comment en quelques mots et un sujet qui me plait, je me sens à l’aise de nouveau. C’est presqu’aussi facile que de mon ordi ou téléphone quand je commente ses vidéos.

Mon haussement d’épaules pour toute réponse à cette histoire d’âge et de majorité n’est qu’un mince reflet de mon agacement à ce sujet. Et Noah semble comprendre que sa question me prend la tête. Je ne suis pas fière de mentir de quelques mois, mais au moins il ne me rejette pas et ne me traite pas comme une chose précieuse à ne pas casser. Au moins, il reconnait que ce n’est pas un truc important !
Et j’apprécie qu’il change de sujet.
Enfin presque… Parce que recevoir autant de compliment sur ma beauté, c’est vraiment nouveau pour moi. Et mon visage rouge pivoine a du mal à descendre en température. Et le compliment sur mes joues roses ne va pas m’aider. Alors je cible le sujet avec lequel j’ai plus d’aisance à parler : sa musique ! Notamment sa dernière vidéo. Et l’entendre douter du résultat me fait sourire.

- Franchement, moi j’adore ! Ne change rien ! Et vu le nombre de ‘j’aime’ que tu as depuis sa publication, ton public est d’accord avec moi, je pense !

C’est tout de suite plus facile comme conversation et j’enchaine le questionnant sur un futur album. Mais je ne m’attendais pas à sa réaction. Son EP d’il y a 3 mois ?
J’éclate de rire devant le quiproquo.

- Bien sûr que je l’ai écouté. Il est super. Mais c’est si peu de titres. J’en veux plus. Désolée ! Je ne suis pas un exemple de patience. Quand j’aime un truc, j’aime tout avoir ou savoir sur lui. Et en musique, ça ne fait pas depuis longtemps que je parcours YouTube. Je reste une adepte du support physique avec le carnet de paroles et photos. J’adore feuilleter ce carnet en découvrant ou réécoutant les chansons. J’ai trop hâte que tu nous sortes ton album en vérité. Et pour la magie d’être dans la même maison de disque de Jahed, oui je comprends complètement !

Je pourrais lui dire que je peux même lui faire rencontrer Jahed. Mais prudence reste mon maitre mot. Surtout quand il s’agit de Jahed. Parce que j’ai bien compris que la célébrité n’est pas une façon de vivre de tout repos. Et puis c’est mon petit jardin secret. J’ai envie de me le préserver pour le moment.

Tout en parlant, je m’agite. Je suis du genre à ne pas tenir en place quand je discute. La seule chose qui me maintient à peu près immobile c’est d’être plongée dans un bon livre ou en train d’observer les animaux. Le reste du temps, je suis du genre pile électrique. Ajoutez l’excitation de la rencontre et de parler d’une musique que j’aime, et me voilà branchée sur 100 000 mille volts.

J’attrape mon verre et prend quelques gorgées pour me calmer.

- Pardon, Noah. Tu vas me prendre pour une hystérique. Ma mère dit qu’un pot de super glue ne me tiendrait pas en place ! Je suis tellement excitée à l’idée de tenir ton album en main ! Tu sais quand il sera prêt ? Tu as tous tes titres ? Celui que tu viens de publier en le modifiant, il y sera ?

Trop contente d’éviter d’approfondir le sujet sur ma majorité, je m’engouffre dans la brèche parlant musique. Finalement c’est ce qui nous a réuni ici aujourd’hui, alors c’est un sujet de discussion tout ce qu’il y a de plus logique. Et puis j’ai plein de compliments à faire à Noah. J’aime énormément son style. Ses musiques me donnent toujours la peche. Et en plus c’est un artiste sans prise de tête. Il écoute ses fans et essaye toujours de faire mieux. C’est génial de pouvoir converser avec lui via les réseaux, mais ça l’est encore plus de le voir. Je regrette d’avoir tant tarder par peur.

Je m’emballe tellement sur le sujet que j’en viens à créer un quiproquo. Comme si je n’avais pas écouté toutes les musiques que Noah a sorti ! Mais ça a le mérite de détendre complètement l’atmosphère une fois le doute levé. Noah en vient même à me confier un scoop. Il va passer à la télé en direct. J’accueille l’information avec un grand sourire. Je ne suis pas une grande spectatrice du petit écran, mais pour lui je serais aux aguets devant cette émission.

- Oh mais c’est génial, Noah ! Je suis sûre que tu seras parfait. Il te suffit d’être toi-même et de parler de ce que tu aimes : ta musique ! Promis je te regarderais dans cette émission.

Ce genre d’annonce n’est pas fait pour me calmer. Je ne tiens pas en place sur ma chaise, comme à mon habitude. Je m’en excuse auprès de Noah, mais ce n’est que pour mieux l’assommer de questions sur son prochain album. Mais alors que souvent mon attitude agace la majorité des gens, en majorité les adultes responsables et tout le tralala, Noah en rit. Il me dit même que ça lui fait plaisir. Je ne peux que lui offrir un immense sourire en retour, d’autant qu’il continue à me révéler plein de nouvelles informations.

- Evidemment que je garde cela pour moi. J’espère qu’il y aura aussi des inédits que tu n’as pas publié sur youtube. J’adore découvrir les chansons d’un album. C’est comme entrer dans un nouvel univers plein de magie !

Noah ayant proposé qu’on se promène, je me lève avec entrain.

- Oui allons marcher, ça m’évitera de casser quelque chose !

Mais en vérité je ne suis pas plus calme debout sur mes jambes. Je sautillerais presque comme un ver de terre.
Comme promis, je laisse Noah réglé nos consommations, même si ça me gêne un peu. Tout en allant je l’observe beaucoup et j’avoue que le voir en chair et en os me donne la chair de poule. Il est encore plus craquant que sur ses vidéos. Ce n’est pas très poli de dévore des yeux une personne, mais je n’arrive pas à m’en empêcher.
Noah me rejoint et j’ai toujours le sourire accroché au visage.

- Tu veux qu’on marche dans les rues ou aller vers le parc ?
Tout en parlant j’ai levé la main comme pour l’accrocher à la sienne. Me rendant compte de mon geste instinctif, je rougis et planque rapidement mes mains dans mon dos. Je n’ai pas la moindre idée de ce qui est correct et non correct quand tu te balades avec un garçon que tu connais à peine. Et puis j’ai tellement l’impression de le connaitre avec ces semaines à se parler par message, que pour moi ce n’est pas un inconnu. J’ai confiance en lui.