Ezra exécrait les galas de bienfaisance. Pourtant, aucun dans cette salle n’en avait l’impression. Un sourire par-là, un contact physique par-ci, un regard charmeur vers cette petite dame : et le tour était joué. Tout autour de l’héritier, se trouvait des célébrités qui étaient probablement là par obligation plutôt que par pure bonté. Tout aurait pu se passer à merveille s’il n’avait pas Noémie Jones (Parsons depuis récemment) à ses côtés.

Il ne l’aimait pas, et c’était réciproque. Ezra avait fait appel à un service d’escortes pour être accompagné et le destin avait fait qu’on lui avait refourgué l’amie d’enfance de son ex-femme. La main de la jeune escorte se trouvait sur son bras, et c’est avec un peu de force qu’il la guidait à travers l’endroit. L’héritier s’arrêtait de temps en temps pour discuter avec des hommes d’affaires avec qui il avait eu affaire et son regard s’assombrissait pendant quelques millisecondes sur ses rivaux. Il tentait bien que mal de ne pas discuter avec Noémie, mais certains jetaient quelques coups d’œil curieux vers eux, le poussant à tourner son visage vers la jeune femme. Il attrapa une coupe de champagne, qu’il lui tendit.

– Je ne savais pas qu’Amélia fréquentait des escortes, s’exclama finalement Ezra, avant de lancer des sourires hypocrites vers le groupe d’hommes d’affaires à côté d’eux. Je te pensais bibliothécaire. Et mariée.

L’américain en profitait pour la tutoyer, c’était un peu son stratagème pour montrer qu’il voulait dominer la conversation. Il était poli, mais le ton de sa voix montrait clairement qu’il n’appréciait pas la présence de Noémie. S’il le pouvait, il lui aurait dit de partir d’ici. Mais il était obligé de rester dans ce gala jusqu’à la fin, et accompagné. Dans une telle société d’élites, c’était mal vu de venir seul à ce genre de fête.



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Ezra manqua de soupirer lorsqu’il discuta avec un vieux client qu’il avait. Cet ennui qu’il ressentait le donnait envie de rentrer et de faire autre chose. Les galas de bienfaisances n’étaient jamais très passionnants, de toute façon. Il n’y avait que les vrais altruistes qui trouvaient une certaine joie d’être ici. C’était aussi le cas de Noémie, qui souriait et jouait son rôle à merveille. Ezra se retourna vers elle à l’entente de ses paroles. Effectivement, tout le monde avait des secrets. Surtout l’héritier. Mais ils étaient bien trop sombres et lourds, alors il espérait que personne n’en vienne à savoir qu’il gérait des affaires illégales.

– Je vois ça, dit-il simplement en remarquant le doigt vide d’alliance de la jeune femme.

Il savait que cette petite remarque lui était particulièrement destinée. Et il n’aimait pas ça, cette Noémie avait l’air intelligente (un peu trop à son goût). Le genre de personne tout à fait capable de percer ses secrets à jour.

La suite le fit tiquer. Il haussa un sourcil.

– Ce n’étaient pas TES services que je désirais. J’ai demandé une escorte, n’importe laquelle. Le destin a fait que c’est tombé sur toi, malheureusement.

Il sirota sa coupe de champagne, déjà agacé.

– Comment va Amélia ?

Sa question le surprenait lui-même. Il n’en avait que faire de son ex-femme, mais d’un côté il était curieux. Et cette curiosité l’énervait. Ezra était content de s’être débarrassé d’elle, mais… il y avait quelque chose, qui le poussait à vouloir en savoir plus.

– Je lui ai parlé récemment et ça ne s’est pas bien passé, ajouta-t-il. J’imagine que tu es au courant.



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Ezra haussa un sourcil. Sa question n’était pas très claire, donc. Toujours agacé par la présence de la jeune femme à côté de lui, il lui répondit avec dédain, une manière de parler qu’il avait depuis son adolescence. Sa petite remarque piquante à la fin fit tourner la tête de l’héritier vers l’américaine, qui se forçait à sourire. Reste calme, songeait-il en buvant avant de lui répondre.

– Il faudrait déjà que les autres soient dignes de moi. Et je me fiche de ton avis impertinent.

Il but une autre gorgée, de plus en plus irrité à cause de cette fille. Elle se permettait de faire de tels commentaires alors que c’était lui qui payait ses services. La haine qu’il y a entre les deux était clair, mais encore fallait-il que quelqu’un les écoute. Il leva les yeux au ciel face à ce qu’elle disait. Qu’est-ce qu’elles avaient toutes à lui parler ainsi…

– Je ne pense pas qu’Amélia désire me revoir. C’est sûrement mieux comme ça.

Il déposa son verre sur un plateau et son regard se déposa sur une personne qu’il n’avait jamais vu. A force de fréquenter la haute société et de tels bals, Ezra avait l’œil pour reconnaître les autres. Il suivit l’homme, qui lui paraissait de plus en plus louche, qui entra dans une pièce, jetant des coups d’œil un peu partout dans ses environs. Il était décidément bizarre.

– Alors… j’ai entendu dire de Noémie, peu de temps après le divorce, que tu t’étais mariée. Qu’en pense ton mari de ton métier ?

Tandis qu’il « discutait » avec l’escorte, quelque chose se tramait dans une autre pièce…




[HRP : finalement, je compte faire que ça arrive un peu plus lentement pour tu sais quoi héhé]



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Est-ce que… il venait vraiment de se tromper de personne ? Merde. Il fronça les sourcils et déposa son verre de champagne, c’était l’alcool qui lui faisait jouer des tours. La remarque de Noémie le fit soupirer, puis serrer la mâchoire. Sale petite…

– Je me suis trompé. Et ça t’arrive de parler respectueusement ou c’est un truc de jeune d’être aussi condescendant ?

Et vieux… il n’avait que 35 ans et il était plus âgé qu’elle que de quelques années. Cette peste avait 28 ans, elle croyait être une adolescente. Bientôt, les gens ne prendront plus ses services tant elle aura vieilli dans peu de temps. Il arracha une autre coupe d’un plateau, qu’un serveur lui tendait. Il le but rapidement, agacé et irrité. Il la haïssait vraiment.

– Bien sûr que ça ne me regarde pas. Je fais seulement la conversation parce qu’on nous écoute, sinon on se serait déjà entre tués.

Le sourire qu’il avait perdu revint vite quand un politicien important de New-York lui fit la conversation. C’était l’un de ses clients, celui qui achetait des diamants. Ils n’étaient pas tous bons, ici. Une fois le bavardage terminé, Ezra guida Noémie un peu plus loin et la lâcha avec joie.

– Je suis resté bien trop longtemps ici, tu peux dégager si tu v-

Cependant, Ezra ne put terminer sa phrase, car une autre, plus forte et qui ne venait pas de lui, le coupa. Une des grandes portes s’ouvrit brutalement pour laisser apercevoir quatre hommes cagoulés, tenant une arme.  L’héritier fit les gros yeux et, sans le vouloir ainsi que malgré lui, il attrapa le bras de Noémie pour se cacher avec elle derrière une table.

Ils étaient attaqués.

Merde.



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Ezra haussait un sourcil. Lui, il ne connaissait pas le respect ? C’était une blague ? L’héritier ne faisait que se défendre face aux répliques cinglantes que lui faisait cette petite idiote. Si elle apprenait qu’il tuait des hommes qui osaient le défier, peut-être qu’elle ne lui parlerait pas sur un tel ton. La plupart des gens prenaient peur, alors tout était qu’une question de temps avant qu’elle ne se rende compte de sa vraie nature.

L’américain ouvrit la bouche pour lui rétorquer quelque chose, avant d’être coupé par un des hommes d’affaires. Encore une conversation inutile, ce n’était qu’un nouveau riche qui aspirait à une entreprise solide comme Rosenbach & Sons. Ezra soupira, puis guida la jeune femme à ses côtés un peu plus loin. Il lui prévint qu’elle était libre, mais un bruit fit sursauter la salle entière, avant que des cris n’emplissent l’endroit. Des gens les attaquaient. Sans réfléchir, Ezra attrapa le bras de Noémie pour se cacher avec elle derrière une table nappée.

– D’abord toi, puis eux, maugréa Ezra.

Il releva très doucement la tête, afin de voir ce qui se passait. C’était un petit groupe qui tenait un Williams, un des hommes d’affaires en joue. De là, il était impossible d’entendre ce qui était dit. C’étaient sûrement des extrémistes. Pas effrayé pour autant, Ezra avait tout de même les sens en alerte. Il observait chaque porte et trouva une qui était proche d’eux. Facile d’accès, mais il fallait être rapides et discrets. Il se cacha à nouveau et se retourna vers Noémie.

– Tu as ton téléphone dans ton sac ? Appelle la police. S’ils sont intelligents, ils enverront une unité spéciale et il devrait pas y avoir trop de soucis.



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L’héritier tentait bien que mal de parler doucement, jetant quelques coups d’œil rapides vers ce qui se passait. Pour l’instant, rien de dramatique (toujours selon lui, bien sûr). Les riches étaient pris en otage tandis que les serveurs étaient tenus en joue. Les extrémistes, du moins les ravisseurs, portaient des masques farfelus et effrayaient les pauvres petites dames qui tendaient leurs bijoux. Ezra maugréa lorsque la petite américaine annonça ne pas avoir de réseau. La malchance avait décidé de leur jouer des tours jusqu’au bout. Pourquoi avait-il décidé de laisser son téléphone à l’un de ses bras droits ? Ce dernier était dans un coin de la pièce et essayait de se faire discret.

Ezra se retourna une nouvelle fois vers Noémie, l’observant. Celle-ci avait peur, cela se voyait. Pour la énième fois depuis le début de cette attaque puérile, il vérifia la porte qui était près d’eux. Dans un murmure, il déclara :

– Nous n’avons pas le choix.

Il ajouta, déterminé :

– Je pense qu’on peut se cacher derrière ces piliers jusqu’à la porte, mais je ne sais pas où elle mène. De plus, il faudra être rapide…

Il tendit sa main vers l’américaine. Bien qu’agacé, il se sentait obligé de la sortir de là. Si ce n’était qu’une escorte qu’il ne connaissait pas, il aurait sûrement laissé la jeune femme ici. Ce n’était pas par pure bonté, c’était simplement son instinct qui lui disait de faire ça. Et puis, s’il la sauvait, elle aurait une dette envers lui… il avait une petite idée de comment elle pouvait lui repayer. S’ils sortaient d’ici vivants, bien sûr.

– Viens. Et pas un mot.


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Devant l’hésitation que ressentait visiblement Noémie, Ezra manqua de lui dire de se dépêcher. Tout était qu’une question de temps et de discrétion, à présent. De plus, l’héritier n’avait rien pour se défendre, son arme à feu qu’il gardait constamment sur lui était comme par hasard avec son bras droit qui était bien caché – et heureusement. La question que posa l’américaine le fit s’approcher d’elle, déterminé.

– On a pas le choix, répondit-il d’une voix basse. Si tu n’as pas de réseau, c’est qu’ils sont derrière tout ça.

Il pointa le groupe de la tête. Ces derniers avaient probablement quelqu’un derrière un ordinateur qui contrôlait tout ça, c’était même évident maintenant. Noémie n’attendit pas et attrapa la main d’Ezra, qui se dépêcha de la guider. Ils se faufilèrent, usant des piliers et des tables nappées pour se cacher. De toute façon, les extrémistes semblaient bien plus préoccupés d’effrayer les riches et de voler leurs bijoux. Voilà, il ne restait qu’à atteindre la porte. Si tout se passait bien, ces imbéciles n’allaient pas les voir l’ouvrir. Tenant la main de l’escorte avec un peu trop de force, concentré par sa tâche, Ezra ouvrit la porte et invita la jeune femme à entrer. Une fois fait, il se releva et la guida à travers les escaliers.

Le symbole « exit » était placardé, ils étaient sur la bonne voie. Alors, ils se dirigèrent vers l’extérieur et pour s’assurer qu’ils n’étaient pas suivis, Ezra les fit avancer dans une autre rue. Il s’arrêta, vérifiant une dernière fois les alentours avant de se tourner vers Noémie. Il était en colère, mais c’était plus sur les extrémistes. Oser s’en prendre à lui… enfin, c’étaient les riches qui étaient visés, mais il était tout de même dans le tas. Il allait trouver qui était derrière ça et se venger, c’était certain.

– Réessaye d’appeler la police. Tu leur dis bien qu’il y a des otages et que s’ils entendent les sirènes, ils n’hésiteront pas à tirer sur eux.


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Ce n’était pas dans les habitudes de l’héritier de sauver les gens, puisqu’il venait à tuer ceux qui osaient se mettre en travers sa route. C’était une situation différente, et il n’avait pas eu le temps, ni l’occasion de réfléchir correctement. Ses pas s’étaient faits rapides, discrets, tandis que de sa main, il tenait celle de Noémie. Cette dernière était effrayée, mais parvenait tout de même à le suivre sans trop de bruits. Ezra se demandait même comment ces soi-disant agresseurs n’avaient pas remarqué la porte s’ouvrir. L’air frais de dehors leur permettait de souffler un peu et la quiétude des rues les apaisait, ce sont quelques minutes plus tard, dans un coin où ils étaient en sécurité qu’ils s’arrêtèrent. L’héritier demanda donc à la jeune femme d’appeler la police pendant qu’il surveillait les recoins, au cas où si l’un de ces idiots avaient compris que des invités avaient pu s’enfuir.

Silencieux, l’héritier écouta l’américaine formuler ses phrases aux autorités, avant de raccrocher. Le brun se retourna vers elle. Il hocha la tête au remerciement, à vrai dire il ne s’y attendait pas vu « l’amour » que lui transmettait la bibliothécaire. Peut-être qu’elle allait réfléchir à deux fois avant de lui rétorquer des phrases cinglantes, maintenant. Satisfait, Ezra attendit, s’adossant contre un mur.

– Il ne nous reste plus qu’à attendre, désormais.

Il avait hésité à lui dire une remarque sarcastique, mais il ne l’avait pas fait. C’était puérile et inutile. Ezra jeta un coup d’œil vers Noémie, se demandant si elle avait repris ses esprits. Pour quelqu’un qui n’était pas habitué aux attaques et aux armes, cet évènement devait être bouleversant. Mais l’héritier n’en avait que faire, il n’était pas inquiet. Il ne voulait juste pas une personne pleurante sur ses épaules. Les flash bleues et rouges se firent vite voir au loin, mais bien entendu, il n’y avait pas de sirènes pour ne pas alerter les malfrats.

– On devrait peut-être les rejoindre, dit-il en montrant les policiers sortant des voitures. Il serait aussi sage de mettre ton mari au courant de ce qu’il s’est passé, tu auras sûrement besoin de soutien moral. Et je ne suis pas doué pour ça.



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