Bien que je puisse commencer à avoir l'habitude de ce genre de chose, je devais bien avouer avoir toujours autant le traque à l'annonce de l'une de mes séances d'autographe. J'ai toujours à cœur que tout puisse se dérouler correctement. Qu'il puisse ne pas y avoir d'accrochage, et surtout que je sois en capacité de pouvoir satisfaire tout le monde, en signant le plus d'autographe possible. Ce n'était pas pour compter le nombre que je devais faire, mais avant tout, pour faire plaisir à mes fans, dont je savais que certains se déplaçaient de très loin pour me voir. C'était vraiment un honneur et une joie pour moi que de leur rendre leur amour.

Je venais tout juste de changer d'éditeur, ayant déménagé dans le quartier de Manhattan avec ma fille, et au fil des entretiens que j'avais pu avoir, il avait été clairement visible, que tout était organisé d'une main de maître. La nourrice était à la maison, pour s'occuper de ma fille Stella, et mon téléphone restait quand même allumé, dans le cas où il viendrait à y avoir un souci. Je n'aimais pas trop la laissais seule, mais il n'était pas possible pour moi de la ramener avec moi, car il y avait trop de monde. Après tout, elle était mieux à la maison, et elle avait ses jouets pour passer le temps jusqu'à ce que je rentre à la maison.

Pour cette occasion, et au vu de la chaleur actuelle, je m'étais habillée tout simplement avec un jean pantacourt, une paire de ballerine, avec un chemisier à manche courte blanche, avec des petites fleurs dessus. Je devais bien avouer que c'était ma fille qui avait choisi ma chemise, car elle aimait beaucoup les fleurs, et rare étaient les fois où je ne mettais pas ce qu'elle voulait, tout simplement pour lui faire plaisir.

Ça devait être ma troisième... Ou peut-être quatrième fois, que j'avais l'occasion d'avoir ce genre d'événement dans une bibliothèque. Il est vrai que la majorité du temps, ça avait eu lieu essentiellement durant les temps de forum ou bien encore de salon. C'était présentement une bonne occasion de pouvoir rencontrer mes fans, et passer un agréable moment. Je n'avais que le nom de la bibliothèque, ainsi que l'adresse, afin de ne pas me perdre, bien que de toute façon j'avais un chauffeur spécialement affecté pour l'occasion. Rare étaient les fois où je faisais appel à des chauffeurs privés, mais comme je ne voulais ni me perdre, ni être en retard, cette solution avait été comme une évidence.

Une fois sur place, je devais passer par la porte arrière, bien que j'avais quand même demandé au chauffeur de passer devant. J'avais pu constater qu'il y avait déjà nombre de personnes qui semblaient attendre ma venue. Un mélange de fierté et de joie semblait émaner de moi. Se dire qu'ils venaient pour moi me donnait à chaque fois des frissons dans tout le corps. J'avais finalement réussi, et j'étais devenu quelqu'un.

Je regardais autour de moi, jusqu'à ce que je sois soudainement apostrophé par une jeune femme. Tournant alors mon visage vers elle, avec mon sourire bienveillant habituel, je vins alors à avoir un choc. Premièrement, parce que cette voix je la connaissais. Elle était intimement ancrée dans mon esprit, et deuxièmement, parce qu'il m'aurait été impossible d'oublier ce visage.

Je connaissais la jeune femme qui se tenait devant, et devoir la revoir après tant d'années me fit monter les larmes aux yeux. Allez savoir... Peut-être que le fait de devenir mère avait totalement chamboulé mes hormones, mais le fait était que j'étais heureuse de la revoir. Après tout, notre amour avait tenu deux longues années, dans le feutré. Notre séparation n'aurait peut-être pas dû se faire... Je ne saurais exactement le dire, car je ne pensais pas de la même façon étant plus jeune. Mais je sais également que ma fille ne serait pas là, et après tout, je l'aimais plus que tout au monde. Ma Stella était ma vie, mon sang et mon objectif.

Elle m'avait vouvoyer, sûrement pour ne pas que notre passé puisse être connu des gens qui se trouvaient autour de nous. Je me devais donc de faire la même chose. Toutefois, il était fortement à prévoir qu'elle comprendrait que je l'avais en réalité reconnue.

"Je vous remercie de votre accueil, et j'espère ne pas être en retard, la nourrice de ma fille a eu un petit empêchement de dernière minute qui m'a quelque peu retardée. Je suis prête pour aller m'installer, à moins qu'il faille configurer certains détails peut-être."

Il est vrai que je ne connaissais pas vraiment le déroulement de cette séance, car on ne m'avait rien dit encore. Sans doute qu'il fallait peut-être un entretien ou alors ne serait-ce que pour s'organiser pour connaître le rythme de passage devant moi. Toujours est-il que j'étais disposé à faciliter les choses le plus possible.

Voyant une table avec mon nom et mes livres dessus, j'en avais conclu que je devais m'y installer. Je remerciais encore le chauffeur, pour m'avoir accompagné, et lui expliquait alors que je le contacterais une fois la séance terminée, et qu'il était donc libre jusqu'alors. Ayant pris place sur une chaise, je me tournais alors vers la bibliothécaire, attendant les directives.

Ça me donnait une impression étrange de la revoir après tout ce temps, mais en même temps je pouvais au moins avouer que ça me faisait plaisir. Elle n’avait pas changé, et pourtant je savais pertinemment qu’elle n’était plus la même qu’auparavant. Relativement paradoxal, et pourtant c’était ce qu’il y avait de mieux. C’était même ce que je lui souhaitais, d’avoir pu avancer. Je me souvenais qu’elle avait toujours aimé les bibliothèques, et qu’elle avait tellement essayé de m’y faire entrer, que le fait d’être écrivain aujourd’hui devait très certainement être un hommage pour elle. Je ne saurais le dire. Finalement, elle avait su me faire connaître ce monde imaginaire des livres, et depuis je ne l’avais jamais quitté.

Il est vrai que juste après notre rupture, j’avais lu des livres les uns après les autres, sans m’arrêter. Peut-être parce que c’était une manière comme une autre de pouvoir avoir une petite partie d’elle, même si à cette époque nous nous parlions encore. On prenait de nos nouvelles, quasiment tous les deux jours. Je me demande encore aujourd’hui pour quelles raisons est-ce que nos échanges ont subitement arrêtés du jour au lendemain. Bien étrange et pourtant, il faut sans doute se dire que ce sont nos vies qui continuaient leur chemin chacune de leur côté. Quoi qu’il en soit, le fait de la revoir me faisait sourire grandement, sans que je puisse m’en empêcher.

"C’est parfait dans ce cas, je pense que je n’ai aucune question de mon côté. Par contre, il se peut qu’il y ait une de mes fans qu’il faille aider à entrer, car elle est en fauteuil roulant. Comme je savais qu’elle devait passer dans le coin, j’ai discuté avec elle par téléphone, et elle m’a confirmé qu’elle devait venir. Je ne veux pas qu’il puisse lui arriver quelque chose."

J’étais vraiment très proche de mes fans, et sans doute un peu plus de certains, mais je voulais toujours faire en sorte de pouvoir répondre à la moindre question ou encore être accessible pour eux. C’était une forme de reconnaissance pour moi, car je savais que je n’en serais très certainement pas là sans eux. Après tout, ce sont eux qui ont pu faire en sorte que je sois connue, en achetant mes livres, et en me prouvant tant d’amour. Ça me touchait, et m’étonnait toujours autant.

Le fait de savoir que la jeune femme allait rester à mes côtés du début à la fin me fit encore plus plaisir. Je ne devais pas mentir, car ça me ferais peut-être une occasion de pouvoir lui adresser la parole, autrement qu’en la vouvoyant. Pour le moment je devais respecter ce qu’elle faisait, afin notamment que les autres employés puissent ne pas poser la moindre question qui pourrait être gênante.

Le petit chuchotement qu’elle venait alors de faire étira un sourire idiot sur mon visage. Bien entendu que nous nous étions reconnu, et je me disais aussitôt que j’allais très certainement rester encore un peu à la fin de la séance, ne serait-ce que pour prendre ses coordonnées. On devait se revoir, c’était une certitude. Je la laissais ensuite aller ouvrir les portes, laissant les gens entrer et venir jusqu’à ma table. À ce moment-là, je devais donner toute mon attention à mes fans. Je pense que je ne devais très certainement pas respecter le délai qui devait normalement être donné pour chaque personne, mais du moment qu’on ne me disait rien, tout allait bien. Et puis, ça ne durait guère plus longtemps. Sans doute un petit rab de deux minutes en plus. Ce n’était rien de bien dramatique, et mes fans le méritaient vraiment.

J’étais étonnée de rencontrer certaines personnes que j’avais déjà vues dans d’autres villes. Et puis ça voulait dire qu’ils avaient fait le voyage exprès jusqu’ici, pour venir me voir. La séance avançait, et je fis même la bise à plusieurs fans qui me suivait depuis le début, et avec qui on discutait sur les réseaux sociaux. Je me faisais un devoir de répondre en personne à chaque commentaire ou bien encore à chaque fois qu’on me taguait dans un post. Je trouvais que c’était plus personnel, et ça prouvait que j’étais quelqu’un proche de ses fans, et donc accessible.

"C’est très gentil, et je vous en remercie pour cette attention. Elle sera logiquement avec son accompagnateur ou quelqu’un de sa famille, elle ne savais pas encore qui serait disponible, pour venir avec elle."

-Ça me faisait tellement de bien de pouvoir partager ces petits moments de pur bonheur avec mes fans. Je ne cessais, chaque matin de me dire que je n’existerais pas en tant qu’auteur, s’ils n’existaient pas tous ceux qui m’entoure et me complimente chaque jour. Ils sont ma force. Ils sont la raison pour laquelle je continue chaque jour de donner le meilleur de moi, car ils le méritent amplement.

Pour le moment, je devais bien avouer que cette séance d’autographe avait eu son lot de surprise avec les retrouvailles avec Noémie. La revoir me faisait plaisir, et j’avais pu remarquer qu’elle aimait toujours autant les livres. En même temps, c’est un monde dans lequel elle voyageait tellement bien. Déjà plus jeune, elle connaissait quasiment tous les auteurs qui peuvent exister ou bien encore qui ont pu exister. Elle avait une très grande connaissance du monde des livres, bien qu’à ce moment-là, je n’y comprenne pas grand-chose. Son murmure qui me disait qu’elle était contente de me revoir me fit toujours, et encore plus sourire.

Il est vrai que le temps est loin durant lequel je pensais que les livres pouvaient très bien servir, soit pour cogner les gens, soit encore pour arracher les pages et rouler des joints avec. Lorsque j’y pense aujourd’hui, je peux finalement m’apercevoir à quel point j’ai pu être stupide, et totalement irréfléchi à cette période. On va dire que ce ne fut pas les meilleurs moments de ma vie, et pourtant Noémie y était entrée tel un soleil irradiant tout au passage. Elle avait été ma bouée de secours, pour que je ne sombre pas plus bas, et rétrospectivement, je me dis que je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui sans elle. Sans sa rencontre. Sans notre relation, qui fut douce et aimante.

Concernant mes fans, j’avais à cœur qu’il ne puisse rien leur arriver, et je voulais toujours tout préparer à l’avance. Aussi, dès que j’avais su que ma fan allait venir avec son fauteuil roulant, ça avait été comme une évidence de faire attention à elle.

Ça faisait déjà un moment que la séance avait commencée, et je devais bien avouer que je devais très certainement montrer quelques signes de fatigues, mais je ne voulais pas pour autant arrêter ou bien encore laisser les fans attendre. Finalement au moment où Noémie m’adressa à nouveau la parole, pour me demander ce à quoi je pensais depuis quelques minutes, je ne pus faire autrement qu’accepter. Sans doute que ça devait se voir sur mon visage. C’était vraiment agréable et attentionné de sa part.-

"Je veux bien boire quelque chose de frais, si possible. De l’eau ou du thé glacé serait absolument parfait, sinon ce n’est pas très grave. Et je pense qu’une petite pause me ferait un peu de bien, pour souffler quelques instants."

-Entre temps, la fan en fauteuil roulant était arrivée, et j’étais partie la voir, du coup avant de prendre une pause. Je passais alors une dizaine de minutes avec elle, en lui signant des autographes, et surtout en posant pour des photos, avec elle. Je l’écoutais, et lui demandais de ses nouvelles, ainsi que de sa famille. Après tout, je la connaissais depuis le début, et nous avions déjà beaucoup parlé toutes les deux. Je lui montrais également des photos de ma fille, qu’elle connaissait et qui lui passait le bonjour, enfin à sa manière je suppose. Une fois qu’elle fut repartie, je prenais enfin ma petite pause bien méritée, en compagnie de Noémie.-

D’un certain côté, ça me donnait une sensation étrange de me trouver en un tel lieu, et je ne pouvais être que reconnaissante envers toutes ces personnes qui venaient me demander un autographe. Après tout, je ne pouvais pas oublier que c’était grâce à eux que j’étais devenue ce que je suis aujourd’hui. Ils ne pourront jamais prendre conscience de l’importance qu’ils peuvent avoir à mes yeux, mais je ferais toujours tout mon possible, pour prendre soin d’eux. Que ce soit au travers de mes interview ou bien tout simplement à prendre une photo avec eux.

En effet, je n’étais pas du genre à refuser une photo, même si je me trouvais en pleine rue. J’aimais cette proximité avec eux. C’était touchant qu’on puisse me donner autant de douceur, et qu’ils soient aussi bienveillants avec moi. Je dois bien avouer qu’au début, j’étais quelque peu perdue, mais je m’y étais finalement rapidement faite à cette situation. J’écrivais pour mon plaisir, mais également pour le leur.

Concernant la séance d’autographe, plus j’en signais, et plus j’avais l’impression que davantage de monde arrivait. Il fallait bien se dire que la communication de ma venue au sein de cette grande bibliothèque avait très bien circulée, aussi bien dans les journaux que sur les réseaux sociaux.

Même si j’aimais beaucoup ça, il fallait bien avouer que la pause que m’avait proposée la jeune femme tombait parfaitement au bon moment. Pouvoir souffler et récupérer un peu de force, pour continuer par la suite au meilleur de ma force. Je la laissais informer les gens, alors que je me levais, en faisant une dernière bise à l’une de mes fans, en lui promettant que je reviendrais d’ici quelques minutes. J’avais énormément de chance qu’ils soient si compréhensifs.

"Merci beaucoup, c’est  très gentil à toi, et je dois bien dire qu’il arrive pile poil au bon moment. "

Alors que je déguste le verre d’eau, comme si c’était une boisson des dieux, je regardais la jeune femme qui se trouvait en face de moi. Ça faisait tellement longtemps, et pourtant simplement à la voir en face de moi, me faisais remonter tellement de souvenirs. Je pourrais dire qu’elle avait changée, mais sans trop changer non plus. Je ne sais pas vraiment comment expliquer le fond de ma pensée, mais même si physiquement parlant, elle semble la même, je n’en doute pas une seule seconde que moralement, elle avait su grandir et évoluer.

"Après tout je leur dois beaucoup, alors je tente de faire du mieux que je peux pour les satisfaire, que ce soit simplement avec un autographe ou bien encore une photo. Je ne dois pas oublier que c’est grâce à eux que j’en suis là aujourd’hui. Ils ont fait en sorte que mes livres puissent être vendus et que je deviennent quelqu’un. "