Lana & Marcus

Il n’y a pas vraiment besoin d’imaginer le degré de panique d’un père qui va réveiller sa petite fille de trois ans un matin, et de la découvrir avec des boutons absolument partout sans savoir d’où ça vient. Se trouvant loin de ses parents, Marcus n’avait aucun moyen de contacter sa mère pour lui demander ce que c’était, et malgré le fait que sa fille semblait aller bien, les boutons la grattaient, et elle avait de la fièvre. Beaucoup de fièvre au point où la décision du blond fut rapidement prise : il la ramène aux urgences. Parce que bien sûr, il faut que ça tombe un dimanche en plus, quand aucun médecin ne travail, sinon ce serait pas drôle. Sérieux, quelle poisse. Enfin, il restait plus ou moins calme pour l’instant, surtout parce qu’il ne voulait pas que Mia se mette à avoir peur. Et que ce n’était peut-être rien, aussi. Souvent, il s’était mis à paniquer juste parce que sa fille toussait, alors qu’au final ce n’était pas grand-chose. Et pourtant il ne s’habituait toujours pas à rester calme avant de paniquer quand cela la concernait.

Il s’était alors retrouvé aux urgences un dimanche matin, sa petite princesse dans les bras avec sa sucette et son doudou, à faire la queue parce que bien sûr il y avait plein de monde. Il n’était pas le seul à ne pas avoir de chance, visiblement, et à voir son enfant tomber malade un dimanche. Il ne sait pas si ça doit le rassurer, ou au contraire, le faire encore plus paniquer. Une fois sa fille enregistrée auprès du secrétariat, on lui demanda de patienter encore, le temps qu’on les appelle. Et se retenant de soupire d’exaspération, Marcus sourit simplement à l’infirmière avant de la remercier, et d’aller s’asseoir avec sa fille. Qui finit par lui dire qu’elle avait mal au ventre, au bout de quelques minutes.

« Mal comment mon cœur ? »

Ce n’était clairement pas pour le rassurer, bien au contraire. Surtout quand sa fille lui répondit qu’elle avait très mal, en se mettant à pleurer. Ça le rendait dingue de la voir comme ça. Et il se sentait surtout impuissant, parce qu’il se savait incapable de soulager ses douleurs sans l’aide d’un médecin. C’était le genre de moment où il avait l’impression d’être un papa carrément nul aussi. Mais par chance, une infirmière passait dans le coin, et c’était bien une chance que le blond ne comptait pas laisser passer.

« Excusez-moi… Est-ce que vous auriez quelque chose contre la douleur pour ma fille, s’il vous plait ? »

Il ne pouvait décemment pas rester sans rien faire, et laisser Mia souffrir comme ça. Même s’il se doutait que le médecin devait donner son accord, peut-être qu’en parlant à une infirmière qui verrait l’état de la petite pourrait lui permettre de voir un médecin plus vite. Surtout qu’elle lui paraissait plutôt sympathique, donc dans le pire des cas, elle arriverait assez à distraire Mia pour lui faire oublier sa douleur quelques secondes.

Lana & Marcus

Marcus ne faisait pas tellement attention à ce qu’il faisait à cet instant, il doit bien l’avouer. Quand il avait interpelé cette jeune femme, il avait juste vu qu’elle portait une tenue de l’hôpital, et donc qu’elle faisait partie du personnel sans forcément se soucier dans un premier temps de quel rôle elle tenait. Mais c’était bien la première fois qu’il se retrouvait dans une situation de ce genre. Sa fille n’avait jamais été réellement malade, mis à part un petit rhume de temps en temps, c’était bien la première fois qu’elle avait quelque chose qui au premier abord pouvait paraître aussi grave. Et le blond se retrouvait surtout seul ici, à devoir gérer cette situation, vu que toute sa famille se trouvait en Angleterre. Appeler sa mère maintenant ne l’aiderait pas, et il ne voulait pas le faire de toute façon. S’il était venu vivre ici, à la base, c’était pour montrer qu’il était capable de s’occuper de sa fille sans l’aide de personne. Et il comptait bien le faire.

En tout cas, l’interne qu’il avait interpellé en pensant qu’elle était infirmière ne lui en tenait pas rigueur. Bien au contraire, elle s’était même baissée pour faire face à Mia, et lui parler. Chose que la petite fille appréciait. Elle avait toujours aimé avoir un certain contact féminin dans des moments un peu angoissant, et actuellement, ç’en était un pour elle. Elle hocha alors la tête aux paroles de la rousse, levant les yeux vers son père qui lui sourit alors, avant qu’elle ne lui tende les bras, et qu’il la prenne dans les siens. Elle avait aussi besoin de son papa, en cet instant.

« Oui, je peux faire ça, mais elle m’a aussi dit qu’elle avait mal au ventre. C’est pour ça que je suis venu vous demander quelque chose contre la douleur. »

Tout en parlant à cette femme plutôt mignonne, il caressait les cheveux de sa fille qu’il avait gardé dans ses bras pour la rassurer un peu. Marcus était un bon père, mais parfois, la situation le dépassait un peu, comme maintenant. Il pouvait le dire, ce n’était pas facile d’élever un enfant seul, encore moins après ce qui leur était arrivé, et surtout ce qui était arrivé à sa femme. Les choses auraient dû être différentes, mais malheureusement il n’y pouvait pas grand-chose.

« Je suis désolé, je vous dérange dans votre travaille… Vous avez certainement raison, il vaut mieux attendre le médecin. »

Et qu’il se calme un peu aussi, ce serait pas mal, on va pas se mentir. Ce n’était pas en stressant de cette façon qu’il allait pouvoir aider Mia, il le savait, alors il fallait qu’il se détende. Et qu’il laisse cette gentille jeune femme faire son travail au lieu de passer pour le papa un peu relou qui râle pour un rien.

Lana & Marcus

Ça n’avait pas été toujours facile pour Marcus de vivre seul avec sa fille. Bien sûr, quand il se trouvait encore à Londres, il savait qu’il pouvait compter sur sa sœur, ses parents, ou même encore ses frères, et ça l’avait d’ailleurs bien aidé, au cours des premières années de vie de Mia. Sans eux, il n’y serait probablement pas arrivé, et il leur en serait éternellement reconnaissant. Mais s’il était venu vivre ici, c’était justement pour se prouver qu’il était capable de se débrouiller par lui-même, et qu’il pouvait s’en sortir, avec sa petite princesse. Sauf que ça lui arrivait encore de paniquer, comme maintenant, quand il se retrouvait face à quelque chose qu’il ne connaissait pas. Vu qu’il n’avait jamais eu la varicelle, ce n’était pas forcément le premier truc qui lui était venu à l’esprit.

« Elle est juste intolérante au lactose. »

Chose sur laquelle il avait toujours fait attention d’ailleurs, et qui l’avait bien fait galéré, au début. C’était compliqué de trouver des choses sans lactose pour les plus petits, vu que cela constituait une bonne partie de leur alimentation. Et il avait d’ailleurs eu de la chance qu’elle mange de tout à côté, pour compenser un peu tout ça. Il sourit à la jeune femme qui tendait une sucette à Mia, qui la prit d’ailleurs avec plaisir avant de la tendre à son père pour qu’il lui ouvre. Ce qu’il fit bien entendu, avant de la lui rendre, et de la mettre assise sur l’une des chaises de la salle d’attente.

« Oui, merci beaucoup. »

Un café ne lui ferait pas de mal, surtout qu’il n’avait pas eu tellement le temps d’en prendre un avant de partir. Il aimait boire son café avec sa fille, quand elle prenait son petit-déjeuner, et là, il faut bien dire que leur rituel matinal était passé un peu à la ramasse, pour le coup. Mais bon, au moins Mia ne pleurait plus, et semblait un peu plus sereine. Lui aussi de son côté était un peu plus détendu, même si un sourire sans joie passa sur son visage quand la jeune interne lui parla de sa femme. Ça lui faisait toujours un peu mal, bien sûr, mais à force il en avait l’habitude.

« Non, euh… Elle est malheureusement décédée. »

C’était toujours étrange pour lui de dire ça. Et surtout de se retrouver souvent face au même genre de situation. Les gens étaient toujours mal à l’aise après ce genre de paroles, et se sentaient mal alors… Qu’il n’y avait clairement pas de quoi. Personne ne pouvait deviner qu’il était père célibataire, après tout, et que sa femme était morte en couche. Ce n’était pas vraiment un truc qu’on pouvait montrer avec un panneau ou une connerie dans le genre. Et c’était pourtant toujours présent dans son quotidien.

Lana & Marcus

Sa fille était littéralement tout ce qu’il avait, tout ce qui lui restait. Alors oui, il avait paniqué en la voyant dans cet état et son premier réflexe avait été de se rendre à l’hôpital alors que ce n’était possiblement pas nécessaire. Mais un dimanche dans un pays qui n’est pas le sien et loin de sa famille, ça lui avait paru être la meilleure solution pour Mia. Et il était bien content d’être tombé sur cette jeune femme qui arrivait à trouver les bons mots pour le rassurer.

« Je n’en doute pas. »

Il espérait que cet hôpital était le meilleur, histoire qu’il n’ait pas besoin d’en chercher un autre la prochaine fois qu’il arriverait un truc à sa fille. Ce qui risquait d’arriver, vu qu’elle était encore jeune, et si elle devenait un bras cassé comme lui, elle aurait certainement même droit à quelques fractures. Mais il espérait quand même qu’elle ait prit un peu plus de sa mère de ce côté et qu’elle devienne une enfant plutôt calme qui restait plus facilement en place, au lieu de courir partout et de tomber toutes les cinq minutes. La jeune interne venait d’ailleurs d’évoquer la mère de Mia, sans savoir ce qui lui était arrivé.

« Ne le soyez pas, vous ne pouviez pas savoir. »

Ce n’était pas comme si c’était écrit sur son front ou quelque chose dans le même genre. Très peu étaient les gens qui savaient que sa femme était morte en couche et que sa fille n’avait jamais connue sa mère. Et puis ça semblait même normal à Mia qui avait toujours grandi en sachant cela. Marcus ne lui avait jamais rien caché, et il ne comptait pas le faire, certainement parce qu’il savait que si elle ne découvrait par elle-même, ça finirait par lui retomber dessus, et il n’avait pas envie de la perdre dans quelques années sur une connerie pareille.

« On me le dit souvent, merci. »

C’était certainement à cause des yeux. Mia avait les mêmes que lui, ce qui faisait que personne ne pouvait vraiment douter de sa paternité. Et puis, la façon qu’il avait de prendre soin d’elle montrait bien tout l’amour qu’il pouvait bien lui porter. Elle n’avait jamais manqué de rien, et il s’arrangerait pour que ce soit toujours le cas.

« Au fait, moi c’est Marcus. »

Cela faisait déjà quelques minutes qu’ils discutaient, et le blond ne s’était toujours pas présenté à la jeune femme. Il se serait déjà fait rappelé à l’ordre par sa mère si elle avait été là, mais bon. Ils n’étaient pas en Angleterre, et il avait déjà remarqué que les choses étaient bien différentes ici qu’elles ne pouvaient l’être dans son pays.