La mi-temps

Since : 25/10/2019

there's a crack in your gaze like those broken days

La porte du centre de fitness qui s’ouvre à la volée et ne surprend… absolument personne à part Sasha qui s’étonne de la trouver ouverte, mais c’est surtout le soulagement qui la noie à ce moment-là. La porte se referme lentement derrière elle et c’est le silence qui l’entoure, entrecoupé par son souffle court et haletant. De ses yeux hagards, elle cherche une horloge autour d’elle qui pourrait lui indiquer l’heure, ne pensant même pas une seule seconde à sortir son téléphone de sa pochette pour la vérifier. Le centre a l’air désert et c’est l’heure extrêmement précoce du jour qui l’explique. Même pas sept heures. Elle ne se dit pas, à cet instant, que le bruit qu’a fait la porte en s’ouvrant avec une telle force aura attiré celui ou celle ayant ouvert le local. Tout ce qu’elle voit pour le moment, c’est une salle entièrement vide. Enfin, dernier geste désespéré, elle se tourne pour observer la rue à travers la vitre de la porte. Personne en vue. En tout cas pas les personnes qui la poursuivaient jusque là. Si son coeur est toujours en train de battre la chamade contre sa cage thoracique, ce sont ses mains tremblantes qui témoignent le plus de son état d’affolement total.

Il lui faut encore quelques secondes pour reprendre ses esprits et ne plus rester plantée devant la porte. Quelques secondes de trop car des pas se font entendre, provenant de ce qui lui semble être l’arrière-boutique. Elle sursaute et se retourne vers la source de ce bruit. Un homme qui sort de sa cachette, tout en muscle et en barbe. Elle le fixe pendant quelques instants, ne sachant trop quoi faire à présent qu’elle ne peut plus juste prendre ses jambes à son cou et se contente de rester agrippée à sa pochette noire. En tout cas, il lui inspire plus confiance que de retourner dans la rue. Elle est épuisée de n’avoir pas dormi, d’avoir trop bu et trop fait la fête, bien que tout ça ait été complètement gâché par la fin de la soirée. De même qu’elle a l’impression d’avoir décuvé très vite. Euh… bonjour. Vu la tenue du mec qui se tient derrière le comptoir, il doit être le gérant ou au moins travailler dans ce centre. Lorsqu’il lui demande s’il peut l’aider, elle hésite un instant avant de s’approcher un peu plus.

Euh oui… Je… Dernier coup d’oeil jeté à la rue. Personne. Toujours personne, pour son plus grand soulagement. Elle laisse échapper un soupire et se retourne vers l’employé. D’ordinaire, elle se dirait qu’il est parfaitement à son goût. Pas bien plus grand qu’elle mais tout de muscles, le teint hâlé, une petite barbe et un regard joueur. Pas aujourd’hui. Aujourd’hui, elle sent encore les mains l’attraper alors qu’elle s’apprêtait à partir du coin VIP du club et tout ce dont elle se souvient après ça, c’est que personne ne les a arrêtés, personne n’a cherché à l’aider alors elle a juste fui. Geste probablement un peu désespéré, mais, une fois réfugiée dans ce centre de sport, elle s’est sentie mieux. Je voulais prendre des renseignements et peut-être m’inscrire. Les mots sont sortis d’un coup, quasiment contre sa volonté, mais finalement, ce n’est peut-être pas une si mauvaise idée. Sans doute se sentirait-elle moins désarmée face au reste du monde, avec ça.

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Since : 20/11/2019

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@sasha de lorenzi & terrence

La voix de Gaga résonne dans la salle. Un petit plaisir que Terrence se permet le matin, lorsque les clients n'affluent pas des masse. Techniquement, aujourd'hui, l'une de ses clientes devait se présenter à l'aube pour une séance de cardio privée. Il est venu sans trop d'espoir de la voir débouler ici, fraîche comme la rosée du matin... Alors, plutôt que de perdre du temps, il tri et range les dossiers d'adhésion en silence, profitant d'un rare moment de calme.

Et c'est au tour de Judas, cette chanson, son pêcher mignon. Il pourrait presque danser s'il n'avait pas entendu la porte de la salle s'ouvrir. Elle est finalement venu ? Terrence ne se fait pas prier. Il dépose le dossier sur le côté puis fait volte face pour aller vers l'accueil. Bonjour ! Impossible pour lui d'être de mauvaise humeur avec un son pareil à l'arrière. Je peux t'aider ? Pas besoin de formalités. Par habitude, l'italien a pris le pli de ne pas poser de questions trop intrusive. Il ne cherche pas vraiment à comprendre la raison de cette visite matinale. Non. Un client reste un client et puis, tant qu'il est là, peut-être peut-il le renseigner ? Après tout, ce n'est pas maintenant que madame Smith va pointer le bout de son nez.

Coude sur le comptoir, Terrence écoute le jeune homme, luttant pour ne pas danser bêtement sur le refrain. Pas devant un potentiel client, surtout qu'il vient de demander des renseignements. Cette simple question fait apparaître un sourire vendeur qui ne présage rien de bon. Si le client est roi, le Coach Esposito n'en est pas moins leurs Bourreau... Et pour cause : ici, on en a littéralement pour son argent. No pain, no gain comme on dit. Ouais, bien sûr... Tu... Attends- Alexa ? Il lève les yeux au ciel, comme invoquant un être suprême. Baisse la musique. Il patiente, patiemment, puis finalement, il hausse les épaules avant de reporter son attention à cet inconnu. T'as déjà une idée de ce que tu veux ? Des objectifs ? Sans plus ? Tu viens ici comme ça, pour les cours ou pour un suivi personnalisé ? Pas de pitié, même pour quelqu'un qui semble avoir fait la fête toute la nuit. Terrence est sans répit pour ces braves qui osent franchir les portes de l'enfer, c'est pourquoi il enchaîne les questions.

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sasha & @terrence esposito

Il en a de la chance d’être aussi dynamique et enjoué de si bon matin, se dit la grande dame, un peu surprise par autant de bonne humeur alors qu’elle vient de vivre un évènement traumatisant, comme un vétéran de la guerre du Vietnam revivant un souvenir post-traumatique. Elle se dit qu’il pourrait quand même compatir mais ce n’est qu’un élan d’incohérence. Comment peut-il ne serait-ce que se douter de ce qui la tourmente et qui justifie sa présence ici ? La réponse est simple, il ne peut pas. Cependant, son attitude décontractée détend un peu Sasha et l’enjoint à s’approcher du comptoir. D’après sa musculature — elle se surprend même à le détailler un peu trop longuement —, il doit être coach dans l’établissement et pas un simple secrétaire, quoique ça l’étonnerait quand même très peu. Ses doigts se détendent autour de sa pochette qu’elle dépose devant elle sur le bois. L’entendre interpeler l’intelligence artificielle la fait même sourire. Et bien sûr, le volume de la musique augmente. Sasha doit se pincer l’intérieur des joues pour ne pas rire. Qui a dit que ces intelligences artificielles étaient particulièrement intelligentes ? Elle a monté le son, là, non ? Loin de s’en plaindre, elle apprécie la musique qui passe actuellement. Lady Gaga, une de ses idoles, icône queer de la musique et de la liberté d’expression. Je sais pas qui choisit la musique ici mais cette personne a de bons goûts…

C’est alors qu’elle réalise enfin qu’elle n’a pas la moindre envie de s’inscrire dans une salle de gym. Pas la moindre envie de faire plus de sport qu’elle n’en fait déjà, à danser, que ce soit au sol ou dans les airs. Elle est juste entrée ici pour fuir ses agresseurs mais, face à lui, elle se sent incapable de l’avouer et d’en parler. De toute façon, que ferait-il ? Appeler la police ? Elle ne se rappelle même pas du visage des types qui ont tenté de l’agresser et n’a pas pris la peine de leur demander leurs noms. Si tout du moins, il s’en préoccupe. Après un silence un peu trop long à fixer le prospectus du centre sans même réellement le voir, Sasha relève enfin les yeux. En fait, je voyage pas mal donc je suis rarement à New York… je ne sais pas ce qui conviendrait le mieux. Elle espère un peu se sortir de ce pétrin avec cette excuse. Il lui dira qu’il ne peut pas faire de travail correct sur quelqu’un qui n’est pas capable d’être régulier, lui conseillera un coach privé, elle acquiescera, partira et n’appellera jamais personne. En plus à cause de mon métier, je peux pas trop me muscler les épaules et les jambes… Si vous me dites de faire de la Zumba, par contre, je m’en vais.

La Zumba, même pas en rêve, ou alors uniquement pour baver sur l’instructeur, surtout si c’est ce type. Elle rit doucement, ce rire provoquant plusieurs choses en elle. Elle finit par se détendre, non pas parce qu’elle se sent entièrement en sécurité mais surtout car il permet de relâcher les tensions — et parce qu’elle est encore bien faite de la soirée —, et il fait également pointer une petite larme au coin de son oeil, qu’elle a tôt fait d’essuyer, prétextant avoir les yeux lourds. Qu’elle ait dormi ou pas, vue l’heure qu’il est, c’est parfaitement crédible. Si possible, je voudrais simplement ne plus ressembler à une crevette séchée. Sa voix est un peu trainante, résultat d’un mélange de fatigue, d’alcool et de poudre blanche. Vous donnez des cours, c’est ça ?

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@sasha de lorenzi & terrence

Satané machine... Alexa a toujours eu le don de lui faire perdre en crédibilité devant les clients... Cela dit, elle restait particulièrement serviable lorsqu'il était en cours : sa meilleure assistante so far, lui évitant les allées et venues incessantes. D'habitude, il ne râle pas lorsque la machine n'en fait qu'a sa tête lorsqu'ils ne sont "que tous les deux"... Cependant, impossible de lui pardonner lorsque le garçon lui fait bien remarqué qu'elle venait de mettre le son plus fort. Bien qu'il n'en soit qu'à un petit niveau d'agacement, il passe tout de même une main sur son visage avant de sortir la carte des tarifs. HhHhh. Alexa, ma quanto sei coglione... - Non è una cosa carina da dire a chi fa del suo meglio per aiutarti. Ne pouvant empêcher sa grimace en entendant la petite IA se rebeller, le coach reste un tant soit peut professionnel et ne proteste pas d'avantage.

Tandis que Sasha se justifie, il en profite pour analyser le garçon. Il est grand, mais sec. Un vrai coton tige à côté de lui. Il a quel âge ? 20 ? 25 ans ? Vu sa tête, il a probablement passé une sale nuit. Fête ? Nuit blanche ? Insomnie ? Malade ? Sa nouvelle remarque fait néanmoins réagir le tas de muscle. Rarement à New York ? Pourquoi s'inscrire en salle alors ? Il ne bronche pas pour autant, le laissant continuer. Et il fait quoi le monsieur comme boulot pour pas devoir se muscler tant que ça ? De la... Zumba ? Terrence éclate de rire à cette remarque. Bon alors déjà, j'te rassure, on est une salle de sport, pas un studio de danse. T'arrives à m'imaginer faire de la zumba ? Moi pas. Une fois calmé, l'italien passe une main sur sa moustache avant de contourner le comptoir pour se rapprocher du visiteur. Les yeux légèrement plissé, sourcils froncés il fixe cette fois Sasha d'un drôle d'air, mordant sa lèvre inférieur sous la réflexion. Ca va comme crevette, y'a pire. Je peux ? De la tête aux pieds, il le regarde. Il se permet même de s'approcher d'avantage pour lui attraper le bras, n'ayant pas de visuel réel de son ossature à cause de son cuir. Lorsqu'il relève la tête, il hausse les sourcils. Des cours, ouais. Parfois plus, mais ça, ça reste entre nous. Il gratifie Sasha d'un clin d’œil pour l'inciter à rester dans la confidence, puis, il repasse derrière le comptoir sur lequel il repose son coude, décontracté à souhait. Okay. Donc t'es mannequin si j'comprend bien. Dans tous les cas, ce que tu recherches c'est pas impossible à réaliser, c'est même plutôt facile. Il marque une pause. Toujours commencer par la partie facile, parce qu'il sait pertinemment que les clients les moins courageux prennent les jambes à leurs cou lorsqu'il commence à énumérer la liste. J'imagine que c'est pas nouveau pour toi. Si tu veux des résultats, faut aussi faire attention à ce que tu manges et ce que tu bois. T'as déjà fait du sport avant ? Il marque une pause, réfléchi un instant puis reprend. Par ça j'entends faire du sport et pas "faire" du sport. La clarté dans les paroles de ce Coach. Toujours... M'enfin, en voyant les expressions qu'affichent le visage de Terrence, Sasha peut très facilement comprendre ce dont il parle.

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sasha & @terrence esposito

Entendre l’échange plus que cocasse entre le coach fitness et l’intelligence artificielle fait sourire Sasha, un peu plus décontractée que quelques secondes auparavant. D’autant plus qu’il se fait en italien, langue que la grande dame affectionne tout particulièrement. Vu l’aisance qu’il a à le parler, il doit l’être lui-même. Qu’est-ce qu’elle aime l’Italie. Elle pourrait facilement refaire sa vie à Rome, ou mieux, à Milan, la capitale italienne de la mode. Alors, en l’entendant, elle ne peut s’empêcher d’y mettre à nouveau son grain de sel, révélant brièvement un tempérament un peu plus débridé que ce qu’elle a montré jusque là. Davvero non è gentile. Non è colpa di Alexa se lei non è molto intelligente. Sur ces mots, elle adresse à l’inconnu un sourire qui pourrait sembler à la fois charmeur et joueur. Si certains pourraient trouver cet échange totalement inutile et non professionnel, Sasha trouve qu’au contraire, ça donne un côté plus drôle à cet homme qui a l’air de pouvoir envoyer n’importe qui sur Mars avec juste une petite claque de la main.

Le voir éclater de rire à la mention de la Zumba renforce cette impression, mais la comparaison avec de la danse la fait froncer les sourcils. C’est pas de la danse, la Zumba, enfin… marmonne-t-elle, presque boudeuse comme un enfant. Son air ne disparait pas quand il fait le tour du comptoir pour venir se poster devant elle, la détaillant comme si elle était un cheval au enchères qui devait passer devant un jury. Elle hoche la tête, ne sachant pas trop à quoi elle l’autorise mais quand il attrape son bras, elle a un bref mouvement de recul. Elle doit se répéter en boucle dans sa tête qu’il n’est pas là pour lui faire du mal mais sa remarque n’aide pas. Son visage vire au rouge coquelicot sans qu’elle puisse l’en empêcher. C’est sûr, venant de lui, elle ne dirait pas non pour le « plus » qu’il mentionne avec un clin d’oeil. Euh oui, ça reste euh… entre nous… qu’est-ce qui reste entre nous, au juste ? Cependant, à cette question, elle n’obtiendra jamais de réponse car il embraye immédiatement sur le reste, restant professionnel, ou le redevenant, selon le point de vue.

Je… Oui, je suis mannequin, mais pas que. Elle ne donne pas plus de détails, souhaitant rester dans l’anonymat, bien qu’elle n’utilise pas son vrai nom. Le soulagement est lisible sur ses traits lorsqu’il souligne la facilité de ce qu’elle demande. Parfait. Elle a clairement mieux à faire que de passer des heures sur des questions de logistiques. Elle ne se dit pas un seul instant qu’elle gaspille de l’argent pour une inscription à des cours qu’elle ne suivra même pas, tout ça pour se donner du temps et du courage pour ressortir dans la rue. Je fais de l’aérien depuis dix ans. Tissus et cerceaux. C’est tout. Après, l’échauffement est un échauffement de danse, donc travail au sol, abdos, pompes, étirements, etc. Mais bon, il parait que si je veux me muscler un peu plus, le fitness est plus conseillé… Soupire épuisé et haussement d’épaules défaitiste.

Du coup, vous disiez que ça peut être facile à organiser ? Vous pensez plutôt à des cours collectifs ou privés ? Je préfèrerais privé, si possible. Elle lui adresse un clin d’oeil tout aussi déroutant que lui, un peu plus tôt. Elle pourrait vouloir dire n’importe quoi. Libre à lui de l’interpréter, vu qu’apparemment, il aime ce genre de petits jeux.

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Since : 20/11/2019

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@sasha de lorenzi & terrence

Une nouvelle tête qui sait plaisanter et critiquer Alexa, c'est un bon point. Si en plus on ajoute le fait qu'il parle italien, c'est encore mieux. Terrence est joueur, mais parfois incroyablement con et aveugle. Il ne remarque pas la tête de ce nouveau *potentiel* client avec ses sous entendus. Il pourrait être gêné, mais dans ce monde et de par l'éducation qu'il a reçu, ces remarques lui paraissent évidente. Se munissant d'un stylo, il prends alors quelques notes sur le verso de la feuille des tarifs. L'italien prend minutieusement les notes sur ce que lui dit Sasha concernant son activité. Par habitude, aussi drôle qu'elle soit, sa mémoire fonctionne principalement via l'écrit. Acquiesçant à chaque activité que Sasha peut énumérer, il passe une nouvelle fois sa main sur sa barbe, pensif. De l'aérien ? Il est dans un cirque ou quoi ? Enfin, après tout, cela ne le regarde pas, et s'il n'en dit pas plus, il ne le questionnera pas d'avantage.

La porte s'entrouvre, le Coach lève la tête automatiquement pour regarder la nouvelle venue. Une cliente habituelle qu'il gratifie d'un sourire différent de celui qu'il présentait jusqu'à maintenant à Sasha. Il regrette toujours de ne pas la voir d'avantage... Une simple abonnée aux machines. Quel dommage. Ses yeux l'accompagnent jusqu'à ce qu'elle disparaisse enfin de son champ de vision. ...Vous pensez plutôt à des cours collectifs ou privés ? Je préférerais privé, si possible. Il ne manquerait plus que la bave au coin de la bouche pour trahir ses pensées, mais dieu merci, le garçon était loin d'être un animal sauvage. Lorsqu'il reporte son attention à Sasha, il croit le voir lui rendre son petit clin d’œil. Un fragment de seconde, ses sourcils se froncent sous l'incompréhension. Ah. Après tout, il l'a vu lorgner sur le derrière de la jeune femme.. Mi piaci gia ! Ahaha. È facile quando vuoi. Reprenant ses esprits, il prend une grande inspiration et passe une main dans ses cheveux. Sei un modello italiano ? Da dove vieni ? Da Milano ?

Terrence se rapproche, derrière son comptoir, et pousse enfin le recto des tarifs en pointant avec la mine de son stylo une ligne. Andiamo per lezioni private. Per lezioni di gruppo... Questo è il prezzo della palestra. Le prix n'est pas trop cher, mais ne permettra pas à Sasha d'avoir un suivi personnalisé compte tenu de son profil. Sa conscience professionnelle lui oblige de présenter la totalité des prix avant de vendre son offre... Et de se vendre lui, car c'est bel et bien lui qui donnera ces leçons privées. Ti offro le mie lezioni private... Ma è il 15% più costoso. Se fai la tua prima lezione oggi, non verrà conteggiata nella tariffa. Stai vincendo ! sourire vendeur, il marque enfin sa pause pour laisser le temps à Sasha de réfléchir. Généralement, les gens ne rechignent pas avec une leçon offerte, surtout lorsque c'est du sur mesure. Un dernier détail le frappe : le détail qui risque de faire partir le garçon,... Sans plus tarder, Terrence reprend, en Anglais cette fois. Oh et si t'as pas tes fringues de sport, j'en ai en stock pour te dépanner si tu veux. Battre le fer tant qu'il est chaud, c'est sa devise.

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sasha & @terrence esposito

Ils ont le même réflexe lorsque la porte s’ouvre en un tintement, celui de lever la tête pour dévisager la nouvelle venue. Si le coach a l’air absolument ravi de la voir arriver, vu son sourire, Sasha la dévisage de la tête aux pieds. Des seins refaits, une taille mince et des fesses dignes de celles de la grande Kim K. Haussant un sourcil, la grande dame ne fait aucun commentaire sur l’attitude des deux inconnus. Étrange. Si le coach fixe la femme qui vient d’entrer, son attitude dit tout le contraire. Elle sourit toute seule. Il y a anguille sous roche. Peut-être quelque chose sur quoi enquêter. Ce type a l’air d’être un dragueur de manière générale mais ça vaut toujours le coup de tenter de creuser un peu. Au moins, c’est quelque chose qui lui fait oublier les évènements malheureux de la fin de soirée. Rien qu’en y repensant, ses yeux se voilent brièvement. Elle est passée très proche de la catastrophe. Et si elle n’avait pas réussi à s’extraire de ces mains baladeuses ? Le rire bruyant du coach la ramène à la réalité. Elle cligne des yeux et le fixe. Il lui faut quelques secondes pour se rappeler qu’il parle italien.

Io no. Sono francese. Da Parigi ma vado in Italia molto spesso quindi ho imparato l'italiano. Sei da Milano, tu ? Le tutoiement lui vient si facilement, en français et en italien, qu’elle se sent tout de suite beaucoup plus à l’aise avec l’homme. Se penchant légèrement vers lui, faisant mine de regarder la liste des prix avec lui. A vrai dire, les tarifs ne lui font pas peur. C’est pour ça qu’elle n’y fait pas attention. De toute façon, elle est bien plus intéressée par les cours privés et regagne de l’intérêt lorsqu’il les mentionne à nouveau. Va bene. Il prezzo non è un problema. Ma oggi non so… Sa tête se tourne à nouveau à la porte fenêtre du centre. Toujours personne dans la rue. Son coeur se serre d’angoisse. Elle ne les voit pas, mais ça ne veut pas dire qu’ils sont partis. Peut-être attendent-ils au coin de la rue pour lui tomber dessus. Après quelques secondes d’hésitation, son regard perdu, elle se retourne enfin vers lui. Oggi va bene. Non avevo pensato di iniziare, allora effetivamente ho bisogno di un vestito. Depuis qu’elle est entrée, Sasha ne s’est jamais réellement détournée de la porte, son corps étant toujours en partie tourné vers celle-ci. Cette fois, elle s’en détourne complètement. Calant sa pochette sous son bras, elle tend la main en direction du coach. Piacere ! Io sono Sasha. On commence par quoi ? Une inscription directe ou on essaye d’abord, voir comment ça se passe ? demande-t-elle, son enthousiasme habituel revenu même si, quand elle sera au pied du mur, en train d’étouffer sous des poids, elle fera moins la fière.

Mais à ce moment même, la porte s’ouvre derrière eux. Par automatisme, Sasha se tourne et se fige en reconnaissant un des hommes qui la poursuivaient. Elle ne lui fait pas face suffisamment longtemps pour que son esprit embué par l’alcool la reconnaisse. Se tournant vers le coach, elle l’observe avec de grands yeux. Troverò lo spogliatoio da sola. Grazie, murmure-t-elle avant de se hâter vers le fond de la salle sans la moindre explication. De loin, elle entend l’intrus demander d’une voix engourdie par l’alcool s’il n’a pas vu un grand gringalet passer par ici. Qu’il se débrouille, le coach, avec sa montagne de muscles. L’écriteau indiquant les vestiaires lui apparait enfin et elle s’y engouffre avec pertes et fracas. Serrant fort sa petite pochette contre elle, elle s’assoit sur un banc et y reste assise sans bouger, telle une statue, tentant de contrôler son souffle. Manquerait plus qu’une crise de panique dans les vestiaires, avec personne autour d’elle en qui elle a confiance.

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@sasha de lorenzi & terrence

Le point essentiel avec les clients, c'est d'avoir un bon contact et un bon feeling. Peut-être que le simple fait que ce type ait un lien quelconque avec l'Italie, même indirectement, fausse le jugement... Mais soit. C'est un retour aux racines non négligeable pour Terrence, qui sourit doucement à sa question. Sa famille est originaire de Milan, oui, même si Terrence, lui, n'y a jamais mis les pieds. Il s'étonne même à envier Sasha lorsqu'elle lui explique qu'elle viens de Paris. Ah... Paris. La ville de l'amour. Encore un stéréotype typique des touristes qui visitent la capitale Française, mais stéréotype qui fait naître un léger sentiment d'excitation au fond du cœur du Coach, bien qu'il soit loin d'être sentimental. Enfin, Terrence n'est plus trop surpris quant à la carrure du garçon. Fin, frêle. Typiquement Français selon lui... Mais ça, il se garde bien de le lui dire, préférant garder ses petites vannes pour plus tard. Le contact est important, et s'il braque ce potentiel client maintenant, c'est la fin du deal. Il n'y a pas de retour en arrière.

Une première victoire. Sasha se tourne enfin vers lui, renonçant à s'enfuir, et se présentant enfin. Amusé par ce retournement de situation, le Coach tend à son tour sa main pour saluer officiellement cet élève avec une poignée de main plus douce que d'habitude - mieux vaudrait éviter de lui casser les doigts maintenant. Enchanté Sasha. Moi c'est Terrence. Après avoir à nouveau laissé son rire s'échapper à sa réflexion et surtout face à son enthousiasme, il reprend enfin. Non.. Non, d'abord l'essai, je m'en voudrais de te voir prisonnier d'un de mes programme. l'inscription viendra après si t'es toujours par-... La porte s'ouvre, bien plus brutalement que précédemment, coupant la parole au Coach qui fronce les sourcils par défaut. Un client aurait au moins la décence de ne pas entrer comme un buffle. Bien moins chaleureux en l'espace d'un instant, son sourire s'efface et il se redresse derrière son comptoir, devenant bien plus imposant qu'auparavant. Son regard croise celui de Sasha, qui semble tout à coup tétanisé et qui semble s'enfuir vers les vestiaires. Hai un problema con questo ragazzo ? S’écrit-il tandis qu'elle s'éloigne vers le fond de la salle.

Bien que long à la détente, Terrence semble enfin comprendre le scénario. Avec un petit gabarit comme ça, c'est certain qu'elle va s'attirer des problèmes dans le quartier à cette heure. Ce grand gaillard imbibé d'alcool l'a probablement poussé à se réfugier ici. Sasha n'est pas encore une élève et ne le sera peut-être jamais, mais cette idée ne lui plait pas vraiment. Même lorsqu'il était étudiant, il ne s'amusait pas à terroriser ses camarades. Ce type cherche clairement Sasha à la description qu'il donne. Terrence repasse devant le comptoir sans un mot et serrant la mâchoire, le barbu fait face au fauteur de trouble, annonçant la couleur. Non, le Coach est loin d'être quelqu'un de calme et réfléchi en temps normal. Généralement, il se contrôle sur son lieu de travail par respect pour les clients, mais ce matin, hormis Mme Botox et la victime dans cette histoire, pas un chat ne s'est encore présenté. Sa jugulaire vibre sous les battements de son cœur. Au moindre faux pas, il n'hésitera pas à lui rentrer dedans. Parce que tu vois un gringalet s'aventurer ici ? Il marque une pause, lève le bras pour lui indiquer poliment la sortie. Dégage d'ici avant que j'appelle la Police.

Sous ces douces paroles et après quelques échanges de mots appropriés, Terrence avait finalement pris la décision de le jeter lui-même dehors sur le bitume en le menaçant de lui casser la gueule si jamais il se pointait à nouveau dans sa salle, ivre comme sobre. C'est en se frottant les mains qu'il rejoint les vestiaires, comme s'il venait de faire la poussière - en réalité, l'italien a toujours aimé réglé les conflits avec ses gros bras. Sous les bras, une tenue de sport de la marque partenaire de la salle, neuve. Un bien nécessaire pour commencer l’entraînement. Sasha, t'es prêt ? Bien sûr, ce n'est qu'un moyen d'aborder le garçon sans trop lui faire peur compte tenu de la situation. Bien que soucieux de l'état mental du Parisien tétanisé sur son banc, Terrence chois de ne pas y prêter attention ni lui demander une explication. Le cuir c'pas trop une tenue approprié pour s'entraîner ici. Désolé. Dit-il en référence à sa veste, souriant, fier de sa blague vaseuse. Tiens, enfile ça et rejoint moi quand c'est bon. On mettra tes affaires dans mon casier. Cette fois, il garde ses distances, lui tendant l'ensemble en respectant son espace vital, attendant qu'il le saisisse pour le laisser souffler. Il ne peut s'empêcher de culpabiliser un instant en se rappelant que quelques minutes plus tôt il palpait ses biceps sans gêne.

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Alors qu'elle sent son battement de cœur s'accélérer, Sasha ferme les yeux. Elle entend des voix provenir de la salle mais, au début, impossible de distinguer ce qu'il se dit. Un frisson la secoue de la tête aux pieds et elle choisit de se recroqueviller sur le banc le temps d'être capable de se calmer. Il y a fort longtemps, on lui a appris une technique au nom à coucher dehors, pour se calmer. Elle n'y a jamais cru et, malgré de nombreuses crises, n'a jamais pensé à l'essayer. Ce jour-là, elle ne sait pas vraiment pourquoi elle y pense mais le moment lui parait opportun pour la tester. Fermer les yeux, se concentrer sur les réactions physiques du corps et pas sur les conséquences ou ce qui viendra après, sans se demander comment se calmer. Son cœur bat un peu plus rapidement que d'habitude et elle a comme l'impression qu'un étau lui enserre la poitrine. Sa respiration est hachée et irrégulière. Ses mains tremblent. Elle répète ce processus en boucle, à tel point qu'elle ne pense plus qu'à ça. Il n'y a plus que son corps et rien d'autre autour d'elle. Lentement mais sûrement, sa respiration se calme, les battements de son cœur s'adoucissent. Inconsciemment, elle a déplié les jambes et s'est assise normalement sur le banc. Ses yeux sont toujours fermés mais elle retrouve la conscience du monde autour d'elle. Elle ne sait pas si ce sont des minutes ou des heures qui se sont écoulées, avant d'entendre la voix du coach menacer quelqu'un de lui casser la gueule s'il revenait dans son centre. Le tintement de la porte qui se ferme retentit. A ce moment-là, c'est comme si un poids s'envolait de la poitrine de Sasha.

Elle est encore pâle quand la porte s'ouvre mais elle sait déjà qu'elle dévoilera Terrence et personne d'autre. Non, je... Tu m'as pas donné de tenue. Rassurée de ne pas l'entendre lui poser de questions, elle lui adresse même un sourire vague. Malgré tout, elle est quand même sous le choc. Il l'a défendue. Il l'a défendue alors qu'il la connait depuis moins de dix minutes, et ne lui pose pas la moindre question. Elle ne peut empêcher son cœur de rater un battement, mais cette fois, ce n'est pas la peur qui l'envahie. Elle n'arrive pas à rire à sa blague mais l'intention dans son regard en dit long. Okay, ça marche. Je te rejoins tout de suite. Merci, hurlent ses yeux. C'est encore fébrile qu'elle se change. L'ensemble est sympa mais beaucoup trop grand pour elle. Heureusement, elle arrive à resserrer le short. Ses yeux se baissent enfin sur ses bottes et un soupire lui échappe. Tant pis, elle fera son cours en chaussettes. Une fois qu'elle est prête et sûre de ne pas exploser en sanglots, elle sort du vestiaire. Il ne lui a pas fallu plus de cinq minutes pour se changer.

Comme promis, Terrence t'attend dans la salle même. Si Ivy est la grande dame, toujours belle, sûre d'elle et débordant de confiance, Sasha est beaucoup plus timide et maladroite. Terrence ? Quand l'homme se tourne, elle ajoute : Je... euh... J'étais pas prête à prendre un cours comme ça et je suis un peu bourrée. Un peu, c'est un euphémisme. Alors si tu me vois courir aux toilettes, ne t'étonne pas. Elle hausse les épaules avec un petit sourire amusé tout en s'avançant vers lui, slalomant entre les machines. Elle ne sait pas à quoi servent les trois quarts d'entre elle mais, vu la détermination de Terrence à faire d'elle une cliente, elle ne doute pas un seul instant qu'elle passera par tous ces instruments de torture. Avec un élastique noir qu'elle portait au poignet, elle attache ses cheveux bouclés en queue de cheval. Aller, je suis prête ! On commence par quoi ? Des échauffements ?

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@sasha de lorenzi & terrence

alors qu'il attendait le garçon, Terrence parcourait la salle en réfléchissant aux exercices qu'il pouvait proposer à ce dernier. Ce n'était pas le moment de se polluer l'esprit avec ces questions sans réponses - et loin de lui l'idée d'être indiscret. Compte tenu de son état, un cocktail explosif de fatigue et d'alcool, le coach se pose la question sur l'intérêt de repousser ses limites pour l'instant. Si on ajoute à ça l'état psychologique de l'élève... Terrence s'arrête alors devant l'un des steppers de la pièce, non loin de Tina, l'habituée qui s'installe sur un tapis de course. Un échange de regard donne alors l’idée du siècle au diabolique Coach.

Quelques minutes plus tard, alors que l’Italien avait repris place non loin de l’entrée des vestiaires, il accueil à nouveau Sasha les bras croisés. Non loin de lui, une bouteille d’eau qu’il a pris le temps d’aller chercher. L’enfant semble un peu plus détendu que plus tôt, et Terrence ne peut s’empêcher de se sentir soulagé, laissant même un petit rire s’échapper à sa réflexion. Crois moi, c’est monnaie courante au début, avec ou sans alcool dans le sang. Il s’étire, craque con cou de gauche à droite le temps que Sasha se prépare psychologiquement. Une fois les cheveux du jeune homme attaché, il l’entraîne vers un coin de la pièce sans machines, embarquant la bouteille d’eau, mais avec des équipements tout autre. Le coach s’avance vers le banc, sur lequel il dépose la bouteille. Il se rapproche d’un tableau et commence à griffonner quelques informations dessus sans que Sasha puisse réellement voir ni comprendre.

Pas de machines ce matin. On va tester ta résistance. Ça nous servira de base pour les prochaines fois. Sourire au bout des lèvres ne présageant rien de bon, il pointe avec le stylo le tableau une fois qu’il fait de nouveau face à Sasha. On va s’échauffer, tranquille. Après, tu devras faire le max de ces mouvements en 8 sessions d’une minute. Donne-toi à fond. D’accord ? Tu as une bouteille d’eau ici. Pense à boire entre chaque pause, c’est important. Il marque une pause, laissant le temps à Sasha de s’imprégner de ce qui l’attend. Switch kicks, power jacks, jumps, jack, plank… 8 exercices signifiant une descente aux enfer progressive.

La voix de Terrence retenti enfin à nouveau dans la salle. Alexa, envoie la playlist avec Cloud Nine 2017 L’ambiance change alors radicalement. Tina, au loin, s’arrête même de courir pour se tourner vers les deux garçons. Vraiment, Terrence ? Tu vas lui faire faire ça ? Elle n’ouvre pas la bouche, mais ses yeux trahissent clairement le fond de sa pensée. LE coach, lui, sautille sur place, trépignant d’impatience de torturer ce nouveau venu. . Quand t'es prêt, on commence par trotinner sur place.

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sasha & @terrence esposito

Ce qui la frappe plus que le reste en sortant des vestiaires, c’est la manière qu’a Terrence de se tenir tout près de la porte, les bras croisés, tel un garde du corps. Elle n’a pas la moindre idée de ce qui s’est passé en son absence, de la manière dont il a accueilli l’intrus ou l’a mis dehors. Elle sait simplement que lorsqu’elle sort pour rejoindre la salle de fitness, il a disparu et c’est bien tout ce qui lui importe. Avec une patience qui ne la caractérise pas d’ordinaire, elle le suit jusqu’au tableau blanc et l’observe griffonner sans vraiment chercher à comprendre. Son esprit embrumé ne veut plus coopérer. Il est trop tôt pour ça. Mais la première bonne nouvelle tombe. Pas de machines. Parfait. Sasha déteste les machines. Elle a l’impression d’être une idiote à ne pas savoir faire les bons mouvements. Il y a plusieurs années de cela, elle a déjà essayé la salle mais personne n’était là pour l’aider ou lui apprendre. Elle s’est donc retrouvée bien vite découragée et a abandonné en moins de trois séances. Il faut dire qu’elle n’a jamais éprouvé un grand amour pour la musculation pure.

La grande dame grimace en voyant le tableau. Tu vas le faire avec moi, hein ? Je comprends rien... Il ne faut pas être devin pour le remarquer, l’incompréhension se lit dans la grimace sur son visage. Une petite pointe d’angoisse tord ses entrailles brièvement. Tout d’un coup, elle n’est plus sûre de son coup et commence à regretter d’avoir choisi cet endroit pour se cacher. Cependant, elle balaye bien vite cette pensée de son esprit. Si Terrence n’avait pas été là, qui sait sur qui elle serait tombée. Tout le monde n’est pas digne de confiance. Cet homme a l’air de l’être. Elle hoche lentement la tête, buvant avidement chacune de ses paroles, et ne rate pas l’échange de regard entre lui et Lolo Ferrari. Cet échange l’inquiète encore un peu plus mais elle souffle, expirant l’air d’un coup d’un seul. Ça va le faire, se répète-elle comme un mantra. Okay, c’est bon. On peut y aller. Sasha tente de paraître confiante. Elle ne veut pas passer pour une lâche aux yeux de ce type. Pourtant, il ne représente rien pour elle. Ou du moins pas encore. Aussi forte soit son envie d’aller se recroqueviller dans son lit et de dormir pendant cent sept ans, elle ne veut pas décevoir. Trottiner sur place, ce n’est pas sorcier. Son esprit a volontairement omis la mention des huit sessions d’une minute. Trop traumatisant pour s’en préoccuper pour le moment.

Au début, tout va étonnamment bien. Elle arrive sans problème à la quatrième session. Certes, son cœur bat un peu vite et elle a le souffle court mais les pauses entre chaque session, aussi brèves soient-elles, lui font du bien. Ça et l’eau qu’elle boit — lentement car un vieux souvenir de nausées insupportables lui hurle de ne pas boire trop vite. Sasha est plutôt fière d’elle et se permet de jeter un coup d’œil à Terrence, en espérant sans la moindre raison décerner de la fierté dans son regard. Une petite partie d’elle aimerait qu’il lui dise qu’elle fait mieux que la majorité, pour l’instant, mais non seulement elle n’y croit pas trop et ça ne semble pas être du genre de l’animal. Ce n’est donc qu’après la quatrième session que la situation se corse. À la cinquième, place elle s’aperçoit que tous les muscles de son corps sont en feu et la brûlent de l’intérieur. À la sixième, elle perd par inadvertance le rythme de son souffle qu’elle avait réussi à synchroniser parfaitement à ses mouvements. On pourrait croire qu’une danseuse serait capable de ce genre de prouesses physiques, cependant les muscles et les efforts sollicités sont complètement différents. A la septième session, elle se dit qu’elle va mourir. Ou vomir. Ou les deux. Et à la fin de la huitième session, elle est effondrée par terre, incapable de respirer ou même de se relever. Son estomac se tord douloureusement. Elle n’a même pas eu la force d’attraper sa bouteille pour boire. T’as plutôt intérêt de me dire que j’ai géré, sinon je me casse. Facile à dire quand on est allongée par terre sans moyen de se relever, se dit-elle en espérant qu’il ne prendra pas mal cette remarque et comprendra qu’elle n’en pense pas le moindre mot. Alors avec un semblant de sourire, respirant toujours difficilement, elle lui tend une main un peu tremblante. Aide-moi à me relever, s’il te plaît. Puis d’ajouter avec un ton plus taquin. Je veux pas mourir ici.

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Bien sûr qu'il le fait. C'est son boulot de motiver les troupes, en se fatiguant avec elles. L'habitude et l'expérience lui permettent de tenir le rythme en marquant des brèves pauses, le temps de parler ou de corriger la position des clients durant les exercices. Il ne souffle pas autant que Sasha, mais pourtant la fatigue se manifeste petit à petit. Si aucun signe ne semble trahir le fait qu'il soit essoufflé, son visage à lui et pourtant bien humide. À plusieurs reprises, l'italien profite de plusieurs pauses pour essuyer son visage avec le bas de son t-shirt, révélant ainsi ses abdominaux, parfaitement dessinés, à en faire fantasmer plus d'un(e). Terrence n'a pas de pitié. Il le pousse et le motive, l'encourage à repousser ses limites. Dans un sens, Terrence est persuadé que cela lui permettra de décuver beaucoup plus rapidement, ... Mais également de se changer les idées après l'épisode de stress vécu en début de matinée. Il n'est pas très soucieux de savoir qui était ce type, mais quelque chose au fond le dérange dans l'idée que même un petit gringalet comme ça puisse se faire harceler de la sorte.

Lorsque Sasha s'effondre au sol une fois la session terminée, Terrence lui reste debout. Il n'a pas le choix s'il souhaite rester crédible auprès des clients. Ses yeux balayent doucement les resultats, laissant le temps de souffler à son futur client. S'il ne le dit pas encore, l'italien est particulièrement satisfait de cette séance et ne peut cacher ce petit sourire qui en dit long. Voilà une âme prometteuse, se dit-il en inscrivant le dernier chiffre dans la dernière case du tableau. Il rebouche le marqueur, pensif. Les paroles de Sasha le font sourire de plus belle. Il hoche la tête, dos au jeune homme, comme pour manifester une sorte de bénédiction. Franchement ? C'est pas mal pour un type qui sort de soirée... Terrence pivote pour faire face à Sasha. Il ricane doucement. On testera ce même exercice avec tes douze heures de sommeil sans gueule de bois. Gratifiant sa petite raillerie d'un clin d’œil, le grand gaillard tend alors sa main pour l'inciter à se relever. Lorsque la grande dame se retrouve sur ses deux jambes, Terrence en profite pour attraper la bouteille d'eau. Bois. Mais te repose pas trop tout de suite, on doit encore s'étirer si tu veux pas être plié en deux demain. Lui ordonne-t-il gentiment en lui tendant le contenant. C’est sûr que Sasha n’a pas passé un bon moment ; c’était probablement l’enfer, mais pourtant, il sait que ce dernier le remerciera ultérieurement. Outre le fait qu’il aura décuvé plus vite, Terrence est persuadé qu’il se couchera plus tranquille.

Une fois les étirements faits sur une chanson beaucoup plus relax, proposée par Alexa, l'italien profite d’un moment de répit. Il pose son fessier sur le sol après avoir essuyé une dernière fois son front avec le bas de son débardeur. Une fois en tailleur, ses yeux se perdent quelques secondes vers l’horloge murale. Cela fait un peu plus d’une heure trente qu’il a rencontré Sasha et ne l'a pas pour autant ménagé. Cette pensée le fait rire à nouveau. Bon ça va ? Pas trop de regrets ? Quand tu te sentira prêt à bouger, on ira se doucher. Je te passerai une serviette et de quoi te laver. Si t'habite trop loin, je dois avoir des vêtements de sport pour que tu sois un peu plus à l'aise le temps de faire la route jusqu'à chez toi. Dit-il sans la moindre arrière pensée, d'une innocence pure. Paume au sol, Terrence étire son dos avant de sauter à nouveau sur ses deux jambes. Pas de repos pour les braves.

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Lorsqu’il la complimente enfin – si tant est que lui dire que c’est « pas mal pour un type qui sort de soirée » est un compliment en soi – un large sourire de satisfaction apparait sur le visage de la grande dame qui est plus pâle qu’un linge et a l’air d’avoir passé sa nuit à vomir et pas à faire la fête. Etonnamment, bien qu’épuisée et à bout de souffle, elle n’a pas la nausée et se sent plutôt apaisée. Elle ne relève pas son « un type ». Pas le courage de lui expliquer pourquoi elle déteste être nommée ainsi. Il y aurait trop de questions et elle n’est pas d’humeur à donner des réponses. Heureusement, sa bouteille d’eau n’est pas posée à même le sol car elle n’aurait pas eu la force de se relevée. Elle la récupère du banc sur lequel elle l’avait posée et en boit une gorgée avant d’écarter le goulot de ses lèvres. Oui, ça va, je sais. Le ton de Terrence est si gentil qu’elle s’en veut de l’avoir remballé, aussi doucement l’ait-elle fait.

Allongée à terre, dos contre le sol, bras écartés et sa jambe gauche basculée par-dessus la droite pour étirer tout son dos et son bassin, Sasha ne peut empêcher son regard d’être attirée par le ventre à la fois massif et musclé du coach. A vrai dire, elle s’en cache à peine. Cet homme est beau et Sasha a très peu de scrupule à dévisager les hommes qu’elle trouve à son goût. C’est pourquoi elle écoute à peine ce qu’il lui dit avant d’être sortir de sa rêverie par le débardeur qui retombe sur son torse et la mentionner de se doucher ensemble. Euh… ouais. Mais ça ira pour rentrer, j’appellerais un Uber. Par contre je veux bien de quoi me… laver. Elle sent ses joues se mettre à brûler mais son visage ne peut pas devenir plus rouge qu’il ne l’est déjà de l’effort demandé par la séance. Se doucher avec lui. Si elle n’était pas si perdue, elle lui aurait tout de suite dit oui, quitte à perdre la figure. Ce n’est qu’en y réfléchissant qu’elle se rend compte qu’elle n’est pas tout près de chez elle et qu’elle est partie incroyablement loin pour une pauvre soirée qui s’est mal finie. Mais après tout, peut-elle réellement dire, à présent, qu’elle s’est mal finie, se demande-t-elle en le dévisageant toujours avec curiosité. Terrence lui a sauvé la mise. Elle ne sait toujours pas comment il s’est débarrassé du type qui la suivait mais il a réussi et c’est à peu près tout ce qui compte. Lentement, la grande dame se redresse et détache ses longs cheveux frisés tel un caniche avant de suivre Terrence jusqu’à l’espace de douches.

Elle qui pensait prendre une douche avec lui, dans un espace commun – un peu comme en prison se dit-elle, se doutant bien que d’ici à ce qu’ils commencent vraiment l’entraînement, c’est exactement ce que ce centre de fitness sera devenu pour elle – se retrouve dans une cabine individuelle. Au moins, elle peut prendre son temps. Elle ne retient pas son soupire. Dix minutes plus tard, elle est sortie, toute de cuir vêtue, téléphone en main à réserver un Uber. Un quart d’heure d’attente, une inscription et quasiment cinq cent dollars de dépensés, la voilà en sécurité dans la voiture du chauffeur, l’esprit apaisé et à des kilomètres de se douter que sa relation avec son nouveau coach prendra une tournure à laquelle même elle ne s’attendait pas.

____________ FIN ____________

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