“ So, play on

- Pourquoi je ne peux pas être inséminée ?!

Il y’avait deux jours encore, Domi était assise dans un cabinet d’hôpital, face à un médecin presque grimaçant d’embarras, et une infirmière comme pétrifiée après avoir eu une information cruciale. Domi se sentait paniquée. Elle qui attendait ça avec impatience, avoir un bébé, elle avait le sentiment qu’on tentait encore de lui arracher. Il était vrai que quelques heures avant, sa longue discussion avec Misha Lukasz, lui avaient faites voir les choses autrement. Si, et seulement si… S’ils devaient devenir un couple sain et regarder ensemble l’avenir… Etais-ce vraiment une bonne chose de faire un bébé toute seule dans son coin grâce aux bienfaits de la science ? Elle n’avait pas prit le temps d’y réfléchir encore, ce rendez-vous avait eu lieu bien trop vite. Et l’incompréhension avait prit le contrôle d’elle. Pourquoi ne pouvait-elle pas être inséminée ? La mine des deux blouses blanches en face d’elle n’arrangeait son inquiétude en rien. Ils semblaient alertés et pourtant, aucun ne disait un mot. Sur le coup, Domi se demanda s’ils lui cachaient un problème de santé. Quelque chose du genre, quelque chose de grave. Mais quand le médecin ouvrit la bouche, elle cru presque exploser de colère. « On ne peut pas vous faire inséminé… Parce que vous êtes déjà enceinte… » Alors voilà. Tout ce chemin, tout ce stress, pour être victime d’une erreur stupide. L’adrénaline de la brune grimpa d’un seul cran.

- Je ne suis pas enceinte, vous et vos erreurs médicales à la con. C’est pour ça que vous m’avez fait venir ? Vous avez dut confondre ma prise de sang avec celle d’une autre femme.

«  Mme Mitchell, vous êtes vraiment enceinte, il n’y a pas d’erreur » insista le médecin. « Il s’agit bien de votre sang qui a été examiné. Nous vous avons appelé en urgence parce que vous êtes en plein déni de grossesse. Mme Mitchell… Navré de vous l’apprendre, mais vous êtes enceinte depuis bientôt six mois. » Domi eut plusieurs secondes de silence, nageant toujours un peu dans l’incompréhension, mais surtout… Dans le flou. Le sérieux du médecin et l’inquiétude de l’infirmière eurent presque raison de ses sérieux doutes. Le premier geste qu’elle fit, fut baisser la tête pour regarder son ventre… Plat. Sans la moindre rondeur. Elle releva les yeux sur le docteur, lui répondant avec une voix un peu plus hésitante.

- Six mois…. ?? … Mais mon ventre est tout ce qu’il y’a de plus normal. Je n’ai aucun changement physique, ma santé est parfaite, et j’ai encore mes périodes tous les mois. Je n’ai pas eu de relation sexuelle depuis une décennie, qu’est-ce que vous me racontez ?

« Il y’a certainement eu quelqu’un Mme Mitchell. Vous n’avez aucun changement, justement parce que vous faites un déni, votre corps ne reconnait pas votre grossesse et n’a aucune réaction par rapport à elle. Mais le bébé est déjà certainement bien formé dans votre ventre à l’heure qu’il est, même si vous ne vous en rendez pas compte. Avez-vous fréquenté quelqu’un ces derniers mois ? »
A cet instant précis, on aurait largement put penser que Domi était une statue de sel. Immobile, le regard fixe, la bouche légèrement entrouverte, comme dans un autre monde, plongée dans une réflexion intense. Ses pensées étaient désertes, il n’y avait rien qui y trainait. Pas un mot, pas une image, pas un son, strictement rien. Le médecin finit par donner un regard compris à son infirmière, puis reprit la parole. « Mme Mitchell… Nous devons faire des examens approfondis dès maintenant, tout de suite sans plus tarder. Nous devons aussi effectuer une échographie, la salle est prête. Je comprends que vous soyez en plein choc… Mais nous devons identifier dès maintenant l’état du bébé, sa santé physique, son bon développement… Et… Savoir ce que vous souhaitez faire à l’issue de la journée. » Il attendait une réponse. Mais elle ne vint jamais. Domi était comme paralysée par une information bien plus grosse qu’elle ne puisse le supporter. L’infirmière finit par prendre la parole. « Ne vous inquiétez pas, c’est un phénomène assez rare mais vous êtes loin d’être la seule. Vous devez vous détendre, vous poser et réfléchir. Et… Eventuellement, en discuter paisiblement avec le Papa… ? »

Aujourd’hui, deux jours et deux nuits après l’incident, Domi se sentait comme une ombre. C’était une bien trop longue après-midi qui avait eu lieu à l’hôpital, remplie de surprises et de questionnements. « En parler au Papa ». Voilà ce qu’elle entendait dans sa tête depuis. Oui. Sauf que le Papa… Le Papa, était horriblement loin de se douter… Qu’il était Papa. Bien plus loin que Domi pouvait imaginer une seule seconde… Que quelque chose grandissait en elle depuis presque six mois et qu’elle n’e s’en était jamais rendu compte. Non jamais. Rien n’avait montré une seule seconde qu’elle était enceinte. Et voir ce bébé, déjà tout formé, ses petits bras, ses petites jambes en train de bouger… Lui avait fait un tel choc pendant l’échographie, qu’elle en avait presque défaillis. Tout ce qu’elle avait toujours désiré depuis tant d’années était dans son ventre. Mais… Non. Pas comme ça. Cela ne pouvait pas arriver juste comme ça, sans prévenir, ce n’était pas possible. Elle n’était même pas heureuse.

Marchant doucement dans les couloirs de NY Studio, elle passait à côté de la grande salle de concerts, devant laquelle elle s’arrêta. Car le concerné s’y trouvait. La tournée de Misha était en préparation et s’apprêtait à être lancée, le premier show serait dans quelques jours et tout le monde était à fond dans les préparations. Domi tenait cette grande enveloppe marron entre ses mains et sentit soudainement un immense tremblement de tout son corps. Aujourd’hui, c’était le dernier jour de la semaine, elle voulait tout lui dire comme promis. Ëtre honnête avec lui et avec elle-même. Elle l’aimait, elle voulait être près de lui et commencer une nouvelle histoire, en toute évidence. Mais ce qu’il y’avait dans son ventre, caché elle ne savait où d’ailleurs… Domi avait le sentiment que ce serait un poids, qu’ils n’assumeraient pas. Misha était si jeune, même si elle commençait à voir en lui un homme. Ils voulaient rebâtir quelque chose sur une meilleure base… Comment pouvaient-ils le faire avec un enfant d’ici trois mois ??? Rien qu’à cette idée, Domi secoua la tête. Il fallait commencer dès le début. Lui dire ce qu’elle ressentait. Point. Pour le reste… Elle verrait. Peut-être un autre jour ou une autre fois ?

La patronne entra dans la salle de concert, passant par les gradins où elle saluait quelques ingénieurs en plein tests techniques. Tout le monde la regardait curieusement. Elle qui d’habitude avait toujours un regard menaçant et une démarche assurée, elle était complètement crispée et avançait à petits pas. Quand elle repéra Misha, son cœur bondit dans sa poitrine. Pourquoi fallait-il qu’il soit aussi beau chaque jour qui passe ? C’était désolant. Une désolation qui fit sourire Domi d’une façon bien curieuse. Sourire qu’elle perdu en prenant une grande inspiration, fermant les yeux, pour se donner du courage. Lui dire ce qu’elle ressent avant tout. Le reste, pour plus tard. Goal. Doucement, comme avec crainte de déranger, elle s’approcha de l’artiste et lança un timide :

- Misha ? … Salut.

Le cœur battant, elle plaçait ses mains dans son dos, l’enveloppe au bout, et concentra toute son attention sur lui.

- Tu as l’air de bosser dur. J’espère que tout se passe comme tu veux.

Les regards curieux ne se firent pas attendre. Qui n’était pas au courant de leur relation spéciale et de son divorce à NY Studio. Tout le monde se posait des questions, de la même façon qu’on pouvait le faire en regardant une série stupide. Et Domi eut le don d’en être rapidement agacée. Elle baissa la tête et joua avec son talon contre le sol.

- On devrait peut-être aller dans un endroit plus discret pour discuter.

Du temps. Elle lui avait juste demandé du temps. Alors il ne l’avait pas cherché, pas vu, pas appelé. Pas de la semaine. Il voulait la laisser tranquille, qu’elle prenne sa décision sans qu’il ne l’influence vraiment. Il l’avait quelque peu mise aux pieds du mur, mais il savait pertinemment que pour avancer, pour faire leur vie, même si cela devait être chacun de leur côté, il le fallait. Ou ils essayaient ensemble, ou il partait, changeait de maison de disque, et signait chez Sony, le plus grand rival de Domi il faut le reconnaître. Ces derniers courraient après Misha depuis déjà quelques semaines. Étrangement, dès lors qu’Owen avait eu des ennuis, suite à son agression sur le Polonais. Tous savent pertinemment que Misha est une poule aux œufs d’or, non pas par sa musique, mais par les multiples buzz qu’il provoque à tout bout de champs. Là où certains se sont calmés, comme Jahed qui avait trouvé le moyen de ne plus faire parler de lui, Misha lui, il aime faire le pitre. Et faire des doigts à ceux qui cherchent à fouiner dans son intimité.  

Ce temps qu’elle lui avait demandé, il l’avait donc passé à s’enfermer dans sa musique, pour éviter de trop y penser. De toute façon, il avait toute sa tournée à répéter. Il part bientôt sur les routes américaines, puis Européenne. Si tout va bien, il passera même par l’Asie. Il en était sacrément impatient. Sa première grosse tournée, depuis son départ des BAG. Et cette fois, il sera tout seul sur scène. Quoi que, pour son concert en Asie, il avait déjà quelques petites idées d’invités surprise. Quelques petits messages aux anciens membres des BAG, et les choses se finalisaient petit à petit.  

Accroupit sur la scène, casquette sur la tête, il tient son menton mal rasé entre deux doigts, et de son autre main, une feuille, avec quelques plans de déroulement des concerts. Il est tellement concentré, qu’il n’a pas remarqué ces messes basses autour de lui. Dès que Domi est entrée dans la grande salle, tout le monde ne s’est intéressé qu’à elle. Ils savent tous qu’elle et Misha ont été amants. Et qu’il est allé la voir en début de semaine. Alors tout le monde retient son souffle. Y aura t-il une suite à cette affaire, ou tout est bel et bien terminé ? Misha, il n’a dit à personne son envie de changer de maison de disque. De toute façon, il fera sa tournée, sous les studios de Domi. C'est toute la suite qui s’écrirait chez Sony, dans le cas ou effectivement, elle déciderait de couper tous les ponts avec lui. « Misha ? … Salut. » Surpris, mais calme, il lève doucement les yeux vers cette voix qu’il connait très bien. C’était Domi, sans nul doute. Avant même que ses yeux ne croisent les siens, il y avait sur son visage, un petit sourire qui prenait place.  

« Hey! Je ne m’attendais pas à te voir aujourd’hui! »

Il se relevait sur ses jambes, laissant sa feuille au sol, avec sa casquette qu'il ôtait. D'un geste de la main, il recoiffé tant bien que mal ses cheveux rebelles. Fourrant ses mains dans ses poches, il laissait ses yeux se balader sur la silhouette de Domi. Juste parce qu’il aime la regarder. Un peu trop. C’est sûrement pour ça qu’il préfère partir, si elle venait à mettre un point final à toute leur histoire. « Tu as l’air de bosser dur. J’espère que tout se passe comme tu veux. »

« Ça va. On verra sur le terrain si tout roule aussi. »

Il n’était pas spécialement stressé, plutôt impatient. Lui, le stress, il lui vient au dernier moment, deux minutes avant d’entrer sur scène. Là, il se met à trembler comme une feuille morte, à douter de ses capacités, il a même peur d’oublier les paroles de ses chansons. Non, ce qui l’inquiète plutôt, c’est cette petite mine de Domi. Il en perd le sourire. Elle est sûrement venu lui annoncer sa décision, et elle n’est certainement pas celle qu’il attendait. Et sachant qu’elle déteste Sony, il va falloir négocier pour qu’elle le laisse partir ? « On devrait peut-être aller dans un endroit plus discret pour discuter. » Haussant les épaules, il jette un regard autour d’eux. C’est vrai, tout le monde les regarde, bien que croisant les yeux du chanteur, chaque employé s’empresse de vaquer à ses occupations, l’air de rien.  

« Si tu veux. »

Le pas peu assuré, il prend la direction d’une petite loge, mise à disposition des artistes s’entraînant ici. Il laisse Domi entrer, puis la suit, fermant la porte derrière eux. Ici, c’est plus calme, même terriblement silencieux. La tête baissée, il vient appuyer ses fesses et ses mains sur le rebord de la coiffeuse, en face de Domi. Ses yeux croisent alors cette enveloppe, qu’elle tient entre ses mains. Ça ne le regarde peut-être pas, c’est sûrement un dossier, un contrat, de la paperasse quoi.  

« Ne tourne pas autour du pot d’accord ? Même si c’est dur à entendre, je préfère que tu sois franche... »

Murmurait-il, sans oser la regarder. Elle est bien trop angoissée pour que ce ne soit une bonne nouvelle. De toute façon, il s’y attendait. Il est trop jeune, trop fougueux, trop irréfléchi, tout son inverse. Il tente de garder un petit sourire aux lèvres, fixant ses pieds. Mais dans le fond, il a l’impression de sentir des fissures se dessiner sur son cœur. Fissures qui se briseront dès qu’elle reprendra la parole.

“ So, play on

« Hey! Je ne m’attendais pas à te voir aujourd’hui! » Domi remarquait le regard baladeur de Misha se promener sur sa silhouette. Pas de façon très discrète, il fallait le dire, mais pas non plus comme un gros gourmand en manque de viande. Sa carrière de mannequin lui avait permis de faire la différence entre le regard d’un homme affamé et irrespectueux, ainsi que celui d’un homme désireux et tout simplement amoureux. Et comme Misha faisait partie de la seconde catégorie, son regard sur elle lui faisait du bien et lui donnait, comme un certain réconfort à l’intérieur. Cela la touchait toujours autant qu’il la trouve jolie, les compliments des autres n’étaient pas si importants, le regard de Misha seul la contentait. « Ça va. On verra sur le terrain si tout roule aussi. » Domi eut un petit sourire. Bien sûr que tout roulerait. Il semblait vraiment heureux de se lancer dans cette tournée bien méritée. Tout ce qu’il avait accomplit depuis son arrivée à NY Studio avait toujours été un succès. Une fois cette tournée terminée, il se sentirait certainement un autre homme.


Domi lui proposait d’aller dans un coin plus discret pour discuter de tout ça. Toute la Ny Studio INC était en complète alerte sur leur relation à tous les deux, certains trouvaient la situation excitante, d’autres bien trop dangereuse. Dans le fond, il y’avait un peu des deux. Domi ne voulait plus de rumeurs stupides pour le moment, et surtout, elle voulait que Misha soit le plus à l’aise possible pour effectuer sa tournée, plutôt que d’être entouré de scandales et de paparazzis à sa porte au beau milieu pour telle ou telle rumeur. Voyager tous les deux jours et monter sur scène chaque soir face à un public en folie pouvait être très éprouvant, inutile d’ajouter plus de choses à supporter. Elle le suivit dans une petite loge consacrée aux artistes en entrainement, et regardait autour d’elle, dans cette pièce qu’elle connaissait pourtant très bien. Misha avait la tête basse, il semblait comme intimidé par quelque chose, ou défaitiste tout simplement. « Ne tourne pas autour du pot d’accord ? Même si c’est dur à entendre, je préfère que tu sois franche... » Ah. Il tentait de se protéger au cas où elle lui donnerait une réponse négative. Il était tellement mignon et adorable, la patronne lui aurait bien fait un énorme câlin accompagné de bisous dans le cou tout de suite, là. Mais c’était peut-être un peu trop tôt. L’honnêteté primait en ce moment précis, rien d’autre. Les mains jointes devant elle, elle se balançait bêtement de gauche à droite, les yeux au plafond.


- Hm… Tu connais les gloriosas ?


Les gloriosas sont une variété de fleurs rouges aux pétales relevées, d’origine d’afrique du sud. Elles sont connues pour l’originalité de leurs pétales rouges, et il faut dire qu’elles ne sont pas facilement trouvables chez un fleuriste. Domi en était folle parce que contrairement aux roses qui représentaient l’amour, la passion, mais aussi le laisser aller dans une relation, les gloriosas représentaient la gloire et la réussite, tout ce dont elle était folle. Avec un sourire timide, elle observa le jeune homme et continua.


- J’adore les gloriosas. Je veux un gros bouquet de gloriosas tous les mercredis. Le matin... Dans mon bureau. Tu crois que tu pourrais faire ça pour moi ?


Sa dernière phrase était toute hésitante, elle l’avait dite avec une si petite voix à peine perceptible, perdant toute sa confiance en elle. Quoi ??? S’ils devaient être ensemble, autant qu’elle annonce de suite la couleur avec un caprice ! Elle continua dans un murmure :


- Je veux être avec toi Misha. Je t’aime. Rien ne me rendrait plus heureuse.


Elle se sentait comme libérée de quelque chose à présent. Comme si elle venait de pousser un portail peut-être un peu trop lourd pour ses petits bras, et qu’elle pouvait enfin entrer dans un lieu qu’elle désirait depuis un long moment. Croisant les bras, elle reprit la parole sur un ton plus aigu :


- Mais je veux mes gloriosas ! Promis ???


Il se débrouillerait ! Qu’il les emmène lui-même, ou par un livreur, un assistant, son manageur, Domi n’en avait rien à fiche. Tous les mercredis matins elle voulait son gros bouquet, sinon… Eh bien sinon… Elle lui enverrait un petit sms pour le lui rappeler, voilà.

« Hm… Tu connais les gloriosas ? » La question, tout à fait hors sujet, lui faisait relever la tête, et les yeux. Perplexe, il hochait la tête tout doucement, presque immobile. Non, il ne connait pas les Gloriosas, ni même ce que c’est exactement. Une plante, un animal ? Il optait pour la première option, les noms comme ça, ce sont souvent des fleurs. Mais il se sentait un peu bête, totalement ignorant sur le sujet. Pire encore, complètement paumé, ne sachant pas pourquoi elle venait lui demander ça. Ou était le rapport avec leur relation ? « J’adore les gloriosas. Je veux un gros bouquet de gloriosas tous les mercredis. Le matin... Dans mon bureau. Tu crois que tu pourrais faire ça pour moi ? » Donc, ce sont des fleurs. Il lui fallait un peu de temps pour comprendre, au petit polonais. Mais après quelques secondes de réflexion, un sourire venait se glisser au coin de ses lèvres, alors que ses yeux restaient rivés sur le visage de cette femme, ayant gagné toute son admiration. Il avait l’impression de comprendre ou elle voulait en venir, mais il n’osait pas ajouter un seul mot, par peur de se tromper.

« Tous les mercredi, matin. »

Murmurait-il, lui aussi d’un son à peine audible, chuchoté, sans la quitter des yeux. La phrase se répétant tel un écho, dans sa tête. « Je veux être avec toi Misha. Je t’aime. Rien ne me rendrait plus heureuse. » Et elle le disait. Enfin elle le disait. Se redressant, il laissait son sourire gagner tout son visage, comme si tout à coup, l’entièreté de son corps ressentait un énorme soulagement. « Mais je veux mes gloriosas ! Promis ??? » Il allait vraiment falloir qu’il recherche sur google, qu’est-ce que c’est que cette plante! Pour en demander des livraisons directes tous les mercredi! S’il s’engage à aller les chercher lui-même, il finirait par oublier, ou ne pas se lever à l’heure. Valait mieux qu’il enregistre sa commande pour les vingt ou trente prochaines années, et que les fleurs arrivent directement sur le bureau de sa bien aimée.

« D'accord, promis! »

Murmurait-il, un peu abasourdi. Dans le fond, après ce qui s’était passé au gala, il s’était attendu à se faire rembarrer, encore une fois. Alors là, réalisant qu’elle voulait toujours de lui, et qu’ils allaient pouvoir s’engager dans quelque chose de sérieux, c’était carrément... Dingue! C’est en y songeant qu’il relevait le bleu de ses yeux, pour les braquer sur elle, tandis que son sourire devenait presque intimidé.

« Je t'aime Domi. Et je ferais tout pour te rendre heureuse. Qu’importe ce qu’ils disent dehors. J’m’en fous. Tous les deux, on pourra tout surmonter, ça je le sais. »

N’avaient-ils pas déjà surmonté tellement, surtout avec la crise d’Owen ? Là, tout de suite, il ne savait même plus comment il se sentait. Heureux, soulagé, aimé, et pourtant, stressé. Angoissé, intimidé. Parce qu’il finit toujours par tout gâcher, par faire la connerie de trop. Et il se terrifiait à l’avance, de perdre Domi bêtement, comme il avait pu perdre sa japonaise.

« On ne se cache plus. D’accord ? »

Ajoutait-il, s’avançant vers elle de quelques pas. Il mourrait d’envie de l’embrasser, et bien plus encore. Pourtant, il le savait : Il fallait qu’ils y aillent doucement tous les deux. Donc, il se contentait de refaire un pas en avant, ne gardant qu’une très fine distance entre eux. Les yeux encrés dans les siens, un fin sourire aux lèvres, il se penchait un peu plus pour attraper l’enveloppe qu’elle tenait entre ses mains. Non pas pour jouer les curieux, mais pour la poser sur un petit meuble à côté.

« J'ai envie de t’embrasser. »

Chuchotait-il, se pinçant la lèvre inférieure avec envie. Les yeux tombant bien souvent sur la si jolie bouche de la jeune femme. Se rapprochant encore un peu d’elle, juste assez pour que son torse frôle sa poitrine. Ses bras tombaient le long de son corps, et discrètement, l’une de ses mains se rapprochait de celle de Domi. Deux de ses doigts venaient enlacer les siens, alors que l’azure de ses yeux remontait jusqu’aux perles noisette de la directrice.

« Ou bien, je dois te donner rendez-vous à China Town ? »

“ So, play on

« Tous les mercredi, matin. » Oui. Tous les mercredis matin. Domi était une femme exigeante, professionnellement parlant. Mais alors dans le privé, on la savait quelque peu capricieuse. Habituée aux gâteries que lui permettent son statut et sa fortune, elle voulait qu’on prenne soin d’elle comme un trésor et adorait les petites attentions. Elle savait quand elle dépassait les bornes, ne voulant surtout pas embêter ses proches… Mais là, juste ça, ce bouquet qui lui montrerait qu’il pense toujours à elle, lui donnerait un superbe baume au cœur chaque semaine. C’était con, mais elle y tenait. « D'accord, promis! » Le sourire que Misha affichait était comme un soleil. En fait, le voir épanouis et souriant était un soleil. Domi ne pouvait pas exprimer ce qu’elle ressentait, chaque fois qu’elle le voyait faire. En même temps, il n’y avait rien de plus beau que voir la personne qui compte le plus pour nous, heureuse. Et qu’il lui fasse cette promesse… C’était comme un feu d’artifice dans le cœur de la patronne. Elle imaginait déjà un gros bouquet chaque mercredi dans son bureau, et elle sautillant -secrètement- autour.


Et enfin, elle lui disait ce qu’elle avait au fond du cœur. Non, pas de longues, pas de longs discours. Pourquoi donc ? Juste de la simplicité et des petits mots, pour lui faire comprendre à quel point il comptait pour elle. Elle qui s’attendait à être plus intimidée que ça, au final, c’était sorti tout seul. C’était si naturel., si simple, comme si elle n’avait pas eu besoin d’y réfléchir, contrairement à tout ce qu’elle faisait dans cette vie. « Je t'aime Domi. Et je ferais tout pour te rendre heureuse. Qu’importe ce qu’ils disent dehors. J’m’en fous. Tous les deux, on pourra tout surmonter, ça je le sais. » Le regard dans celui du jeune homme, Domi cru presque défaillir face à une telle déclaration. Elle qui pensait avoir déjà ressenti toute sorte d’émotions fortes, au final elle avait eu tort. Misha semblait vraiment savoir ce qu’il voulait, il avait l’air plus que décidé. Convaincu. Et Domi savait qu’en cas de faiblesse, elle pourrait s’appuyer sur lui. Tout de suite, elle voulait juste tendre ses bras et le serrer fort, si fort, qu’il en aurait même mal. Lui montrer à quel point il était à elle et qu’elle ne le perdrait plus jamais.


« On ne se cache plus. D’accord ? » Il s’avançait toujours plus près. Une petite douleur se lança dans l’estomac de la brune, ne quittant pas les magnifiques yeux bleus de celui qui était désormais son homme. Allait-il l’embrasser ? La toucher ? La prendre dans ses bras ? peu importait, les trois seraient stressants, mais vous savez, ce stress positif, comme quand vous démarrez quelque chose de nouveau dans votre vie, que vous le touchez pour la première fois, l’observez de haut en bas et craignez de le casser. Pourtant, quand l’artiste saisit l’enveloppe qu’elle tenait entre ses mains, elle sortit immédiatement de ses pensées, la bouche entrouverte, de peur qu’il l’ouvre par simple curiosité. Il la posait juste sur l’étagère à côté, et ce petit geste eu le don de ramener la divorcée sur terre. Oui sur terre. Car elle n’avait pas fini de lui annoncer les nouvelles. Cela transforma cette douleur dans l’estomac, en gêne peut-être bien plus douloureuse. Le stress négatif venait de s’installer. La réalité lui rentrait dedans, évanouissant presque sa fontaine de bonheur. « J'ai envie de t’embrasser. » Disait-il, si près. Si près. Et elle qui perdait une fois de plus ses moyens. Comment ne le ferait-elle pas ? Il était capable de lui donner ce ressenti invraisemblable, rien qu’en étant si près, sa main dans la sienne. Cela réveillait presque le désir chez la brune, qui posait également son regard sur ses lèvres. Elle aussi avait envie de l’embrasser, follement. Elle voulait récupérer le temps perdu. « Ou bien, je dois te donner rendez-vous à China Town ? » Elle lui fit son plus beau sourire, relevant son regard pour se plonger dans le sien. Caressant sa main de son pouce, elle baissa la tête un petit instant, avant de répondre.


- On ne se cachera plus. On va boire un verre à China Town dès que tu le souhaites. C’est moi qui régale.


Oui, ils iraient, se tiendraient la main, se prendraient dans les bras, s’embrasseraient. Ils s’assiéraient à la même table, siroteraient un verre à deux, se donneraient des regards langoureux. Il n’y aurait plus de cachotteries. Domi vivrait cette relation en plein jour. Et elle savait que depuis le temps que le chanteur le souhaitait, cela le rendrait aussi parfaitement heureux.


- Eum…


Son regard restait figé au sol. Elle n’osait plus relever la tête. Le stress et l’angoisse devenaient presque grandissants. Soudainement, c’était comme si elle était prise de panique. Elle craignait sa réaction. Trop d’à prioris s’étaient tracés un chemin dans sa tête. Le déni de grossesse était un phénomène assez effrayant. Et bon sang, elle n’avait tellement pas prévu que les choses se passeraient ainsi. Elle saisit son autre main, toujours silencieuse, avec la crainte d’ouvrir la bouche. Discrètement, son regard se posa sur son ventre, qui était encore plat à l’heure actuelle. Les médecins lui avaient dit qu’il pouvait grossir à n’importe quel moment, en général de façon assez rapide… Mais jusqu’ici, il était encore si plat. Même si à présent, Domi commençait à ressentir quelques signes de son corps. Des signaux qui lui montraient que désormais, elle n’était plus seule en elle-même.


- Tu sais… Tu dis que toi et moi, on peut tout affronter…


Est-ce juste une jolie phrase ? Un élan amoureux ? Etait-elle censée donner assez de courage à Domi pour lui annoncer que dans son ventre, il y’avait un bébé de 5/6 mois et qu’il en était le géniteur… ? Comment pouvait-il réagir après une telle nouvelle ? Serait-il choqué ? Outré ? Est-ce qu’il la croirait au moins, que cet enfant était le sien ? Et s’il se mettait à s’enfuir à toutes jambes, s’il ravalait tous ses mots, toutes ses promesses ? Domi leva enfin la tête pour l’affronter, continuant d’une voix hésitante serrant ses mains dans les siennes.


- Avant tout, je veux que tu saches que… Tu sais… Je serais toujours de ton côté, quoiqu’il arrive, et je ne t’obligerai jamais à prendre une responsabilité que tu n’es pas prêt à gérer. Alors… Il faut que je te dise quelque chose. Enfin… Quoique… Non, en même temps je serais là aussi et…


En fait, elle ne savait même pas par où commencer et se mettait à bafouiller. Elle s’efforçait, mais rien ne sortait. Et au final, après quelques secondes de silence bien creux, elle passa ses bras autour du cou du jeune homme et le serra fort, tout simplement, comme pour se donner le plus de courage possible. Enfin, toujours contre lui, elle se lança :


- Misha… J’attends un bébé.


Son cœur battait si fort, que l’artiste pouvait le sentir contre lui, pour sûr. Domi ne s’était encore jamais sentie aussi angoissée.

Comment faisait-il, pour ne pas la toucher, ni l’embrasser, encore ? Il ne savait même pas lui-même. Peut-être n’était-ce que pour faire durer ce merveilleux moment. Un peu comme si le baiser dont ils avaient tant envie, serait leur premier. Il en était loin, il y en avait eu bien d’autres. Mais ce serait... Le premier, d’une véritable histoire. Il n’était plus question d’un simple amant et d’une relation officieuse. Tout serait plus vrai. Et ça, c’était tout ce dont il attendait. « On ne se cachera plus. On va boire un verre à China Town dès que tu le souhaites. C’est moi qui régale. » Il en souriait de plus belle, plus franchement, et plus radieux aussi. Comme si toute la fatigue dessinée sur son visage depuis bien des mois, c’était soudainement estompée. Il baissait les yeux vers leurs deux mains, liées, et elle, qui caressait de son pouce, celle de Misha. Mais tout à coup, elle semblait se raidir. Les sourcils se fronçant légèrement, Misha relevait la tête et les yeux vers le visage de la brune. Elle avait encore quelque chose à dire, il le savait bien. Peut-être était-ce dû à leurs sentiments, fort l’un envers l’autre, mais il parvenait parfois, à lire en elle, là ou d’autres s’y perdent. Alors bien que l’envie de l’embrasser semblait plus forte que tout, il reculait très légèrement son visage. Elle, elle empoignait sa seconde main, comme cherchant à se rassurer. Dans l’incompréhension, il refermait ses doigts sur les siens, n’ajoutant rien. Il préférait qu’elle parle, seulement quand elle le pourrait. Inutile de questionner, elle allait parler, il le savait. « Tu sais… Tu dis que toi et moi, on peut tout affronter… »

« Oui. »

Murmurait-il, l’encourageant en se rapprochant légèrement, le bleu de ses yeux se perdant dans les siens. « Avant tout, je veux que tu saches que… Tu sais… Je serais toujours de ton côté, quoiqu’il arrive, et je ne t’obligerai jamais à prendre une responsabilité que tu n’es pas prêt à gérer. Alors… Il faut que je te dise quelque chose. Enfin… Quoique… Non, en même temps je serais là aussi et…» Elle tournait autour du pot, et elle s’y égarait. Curieux, mais inquiet, il relâchait l’une des mains de Domi, pour venir de ses doigts, repousser l’une de ses mèches de cheveux, qui tombaient près de sa joue.

« Je suis là, tu es là, tout roule non ? »

Ajoutait-il, d’un ton encore très bas, et d’un léger petit rire. Elle était mignonne, perdue dans ses mots.

« Je ne pars plus chez Sony, si c’est ça mes responsabilités, ou je ne sais quoi. »

Son sourire s’effaçait très légèrement, alors qu’elle le lâchait des mains, pour venir l’enlacer autour de son cou. Elle le serrait si fort contre lui, le visage contre son épaule, que pris au dépourvu, il lui fallait quelques secondes avant d’oser passer ses bras autour d’elle, à son tour. Qu’avait-elle donc à dire, pour s’inquiéter autant ? « Misha… J’attends un bébé. » C’est probablement ça, l’effet d’une bombe. Figé, crispé, immobile, la voix de Domi résonnait dans sa tête tel un écho. Elle attend un bébé. Il lui fallait quelques secondes, ou minutes, il ne savait même pas combien de temps s’était réellement écoulé, le temps qu’il réalise... Elle est enceinte, le ventre plat, et ils ne sont plus touché depuis bien cinq mois. Alors, il y avait eu quelqu’un d’autre ? Ho, il ne pouvait pas lui en vouloir, lui aussi, il avait eu Nina. Mais Nina, il ne lui a pas fait un bébé. Est-ce que... Était-elle en train de lui demander, d’élever un enfant qui n’était pas le sien ? La panique l’envahissant, il en avait presque la nausée.

« Je... Un bébé ? »

Murmurait-il, complètement paumée, le visage livide. La respiration s’accélérant, il se reculait de son étreinte, gardant les bras de Domi autour de son cou. Ses mains atteignaient les hanches de la jeune femme, pour y faire légèrement pression afin de garder un petit fossé entre eux, juste pour descendre son regard vers ce ventre, si plat. C’était bête, parce que lui-même avait batifolé ailleurs ces derniers mois, mais il s’en sentait si jaloux et si touché, que ses yeux s’embuaient.

« ... Qui ? »

Il inspirait, pour ravaler ses larmes, difficilement. Lâchant les hanches de Domi, et se dégageant de son étreinte, il venait lui tourner le dos, afin d’aller plaquer ses mains contre la table de maquillage. Penché vers celle-ci, il ne relevait que légèrement les yeux vers le miroir qui lui faisait face, surveillant d’un œil si déçu, le reflet de Domi derrière le sien.

« Ce n'est pas Owen, dis moi que ce n’est pas lui... »

Finissait-il par demander, le souffle si coupé, qu’il avait l’impression que son sang manquait d’oxygène, et que ses jambes allaient le lâcher. Un bébé, il avait retrouvé la femme de sa vie, et fallait qu’un bébé les sépare ? Qui que soit le père de ce bébé, quoi qu’il fasse, il serait toujours dans leur vie celui-là. Et ça, Misha avait du mal à accepter.

“ So, play on

« Je suis là, tu es là, tout roule non ? » Haha. C’était fou et en même temps, si attendrissant, de voir à quel point les choses semblaient si simples dans la tête de Misha. C’était aussi ce côté complètement adorable et presque loufoque, qui avait fait tomber la belle pour lui. « Je ne pars plus chez Sony, si c’est ça mes responsabilités, ou je ne sais quoi. » Evidemment qu’il n’allait plus chez Sony. Non mais quelle histoire. Cela remémorait à la brune ce que ce connard de Winston avait osé faire. Avec ce qui s’était passé ces derniers jours, Misha, son déni de grossesse, elle n’avait pas vraiment eu le temps de se pencher sur l’affaire Sony, mais elle la gardait dans un coin de sa tête. Oh que non, ils ne s’en sortiraient pas comme ça.


Et enfin, Domi avait avoué. C’était sorti. Ses bras autour de son cou, elle le serrait fort pour ne pas trembler, le cœur battant. Le silence était pesant, et à un moment donné, elle avait cru que tout était en train de s’évanouir. Leur seconde chance, leur bonheur, leur nouvelle aventure, tout. Elle tentait par tout moyen de déterminer ce qui se passait dans la tête de son homme. Que pouvait-il se dire à présent ? Était-il en train de rembobiner la cassette ? Se dire non, qu’est-ce que j’ai fais, j’ai peut-être parlé trop tôt ? Ne voulait-il plus d’elle à présent ? Domi avait une peur bleue qu’il ôte ses mains sur elle, là tout de suite. Elle ne voulait pas que cette annonce gâche tout. « Je... Un bébé ? » Domi préféra ne rien répondre. De toutes façons, vu sa réaction, pour sûr, il avait bien entendu. Misha se reculait doucement, gardant ses mains sur les hanches de Domi, les yeux posés sur son ventre. La patronne avait le regard figé sur son visage, cherchant la moindre émotion de sa part, et il semblait comme choqué et effrayé, complètement paumé, ayant du mal à réaliser la nouvelle. Au final, elle remarquait l’humidité qui naissait dans ses yeux brillants. « ... Qui ? » Il inspirait et la lâchait, lui tournant le dos, les mains posés sur la table de maquillage. « Ce n'est pas Owen, dis-moi que ce n’est pas lui... » Immédiatement, la brune posa une main hésitante sur son dos comme pour le consoler.


- Quoi… ? Non… ! Non, ce n’est pas Owen, il n’y a eu personne !


Le mot « Owen » était apparu comme une grosse mouche dans la soupe. Non mais qu’est-ce qu’il faisait là ?? Comment pouvait-il penser un seul instant qu’elle serait retournée auprès de son ex-mari, même juste pour du sexe ? Impossible… Doucement elle frotta le dos du jeune homme, posant sa main libre sur son épaule. Le voir ainsi lui déchirait presque le cœur, ce qui la poussa à dire toute la vérité de suite, qu’il comprenne la réalité des choses, hors de question qu’il pense qu’elle se soit donnée à un autre homme. D’une voix faible, elle se lança :


- Misha, c’est ton bébé… C’est toi le papa. J’ai fait un déni de grossesse. J’attends l’enfant depuis 5 à 6 mois… Je l’ai découvert seulement avant-hier et j’ai tous les documents pour le prouver, y compris les échographies. Je suis désolée de t’annoncer ça comme ça…


Elle l’observait dans le miroir, passant ses mains sous les yeux du jeune homme pour essuyer toute l’humidité autour. Elle posa ensuite ses lèvres longuement sur sa nuque, avant de reprendre.


- Ne soit pas triste, c’est ton bébé, il n’est à personne d’autre. Tu te souviens qu’on l’a fait sans protection n’est-ce pas… ?


Elle en tout cas, elle s’en souvenait. Et elle n’était pas prête d’oublier ce moment si tôt. Et maintenant que c’était dit… Il n’y avait plus qu’à attendre. Attendre sa réaction et ce qu’il en penserait. Même s’il fallait l’avouer, Domi ne s’attendait sincèrement pas à grand-chose. Premièrement, Misha n’était pas prêt à être père. Il ne le lui avait pas dit, non… Mais elle le voyait. Il avait encore besoin de grandir sur tellement de points. Pour sûr, il n’était pas prêt. Deuxièmement… La parentalité ne s’apprenait guère en seulement trois mois. Domi dont le rêve était d’avoir une progéniture, avait du mal à réaliser que dans ce si petit laps de temps, elle aurait un bébé dans les bras, du moins, si elle ne faisait rien. Alors Misha… Non, c’était cause perdue. En y réfléchissant, peut-être n’aurait-elle pas dut lui en parler. Peut-être… Qu’elle aurait dut faire les choses de son côté, bouche close, afin de protéger leur relation… ? Elle joignit ses mains, stressée et baissa les yeux.


- Je sais. Mon ventre est plat, c’est bizarre. Mais c’est comme ça. Je crois que je ne m’y attendais tellement pas, et puis avec tout ce qui s’est passé ces derniers mois… Peut-être que je n’étais pas prête d’avoir un bébé, au point que mon corps réagisse comme ça. Je ne sais pas trop.


Défaitiste, Domi tira sur une chaise pour s’assoir dessus et poussa un soupire. C’était dingue de voir à quel point elle était toujours confiante dans son boulot, et tout le contraire dans sa vie personnelle, surtout avec lui. Elle se reconnaissait à peine. Elle posa une main sur son ventre, pensive, avant de relever un regard hésitant sur l’artiste.


- Tu me crois, n’est-ce pas ?

« Quoi… ? Non… ! Non, ce n’est pas Owen, il n’y a eu personne ! » Il y avait obligatoirement eu quelqu’un, sinon, il n’y aurait pas de bébé. Misha n’était pas le plus intelligent des hommes, il vous l’accordera, mais il n’était pas si stupide non plus. Il sait au moins comment se font les bébés. L’une de ses copines à l’école, le lui avait expliqué quand il avait quoi... 6 ou 7 ans ? Par une démonstration avec des poupées Barbie. Sauf qu’elle, elle pensait qu’il suffisait d’un baiser, alors à chaque fois que ses parents s’embrassaient, Misha s’embrasait en hurlant qu’il ne voulait ni petit frère, ni petite sœur. Plus tard, il avait eu des explications plus logiques. Et il en était venu à se dire, que jamais il ne toucherait une fille. Evidemment, là encore, les choses ont vite changé. C’était même surprenant, que jusqu’ici, aucune des filles qu’il ait fréquentées, ne lui ait sorti un petit du tiroir. Souvent trop impulsif, il n’est pas très doué pour la protection.

Domi se rapprochait de lui, posant une main sur son épaule, et l’autre dans son dos. Elle se voulait rassurante, mais Misha perdait pied. Il avait l’impression d’être dans de vraies montages russes, jusqu’à la nausée grimpante. Elle est là, elle revient vers lui, et deux secondes après, elle est enceinte, d’un autre homme ? « Misha, c’est ton bébé… C’est toi le papa. J’ai fait un déni de grossesse. J’attends l’enfant depuis 5 à 6 mois… Je l’ai découvert seulement avant-hier et j’ai tous les documents pour le prouver, y compris les échographies. Je suis désolée de t’annoncer ça comme ça… » Un arrêt sur image. “Ton bébé”. Ça résonnait dans ses oreilles, et sa tête, longtemps, comme un écho profond. Comment est-ce que ça pouvait être son bébé, alors qu’il n’y avait qu’une seule fois, et que c’était il y a si longtemps ? Son cœur s’emballait si fort dans sa poitrine, qu’il restait scotché à la tablette sous ses doigts. Sans elle, il se serait sûrement écroulé. Les lèvres de Domi venaient doucement se poser sur sa nuque, acte qui aurait aisément réveiller une petite chair de poule en temps normal, puis des idées, beaucoup d’idées coquines. Mais là, il était comme abasourdi, hors de son corps. « Ne soit pas triste, c’est ton bébé, il n’est à personne d’autre. Tu te souviens qu’on l’a fait sans protection n’est-ce pas… ? » Mais c’était-il a presque six mois! « Je sais. Mon ventre est plat, c’est bizarre. Mais c’est comme ça. Je crois que je ne m’y attendais tellement pas, et puis avec tout ce qui s’est passé ces derniers mois… Peut-être que je n’étais pas prête d’avoir un bébé, au point que mon corps réagisse comme ça. Je ne sais pas trop. » Un déni de grossesse... Il en avait déjà entendu parler, mais jamais il n’en n’avait vu. Et il doutait même de la réalité de cette théorie. Domi, pendant qu’il déglutissait, s’était assise sur une chaise, derrière lui. D’un bref regard, sur le miroir, il tentait de scruter sa silhouette. Elle n’avait pas l’air très bien, inquiète. Mais l’était-elle autant que lui ? Il ne savait plus quoi croire, disait-elle la vérité, ou s’inventait-elle une histoire pour qu’il ne l’abandonne pas ? Il en devenait presque parano. Alors après un long moment de silence – des minutes entières ? - il avait fini par se redresser, le souffle légèrement saccadé par toute cette angoisse qui l’entourait. D’un pas lent, il se retournait et s’avançait vers elle, s’accroupissant à ses pieds, et posant ses mains sur les cuisses de Domi. Le bleu de ses yeux relevé, il espérait capter et croiser son regard, pour y chercher la vérité.

« On ne l'a fait qu’une fois... »

Murmurait-il, la voix raillée. Un murmure qui ressemblait plus à une question. Qu’il n’osait guère poser, par peur de paraître vraiment stupide, mais ça lui semblait si improbable. Une fois, et... Comment était-ce possible ?

« Je peux... ? »

Il détournait son regard vers l’enveloppe. Il comprenait tout à coup. C’était un peu gros pour être un contrat, en même temps. Et laissant ses yeux glisser sur les adresses y figurant, il y voyait nettement, le nom d’un cabinet médical. La gorge nouée, comme si le contenu de cette enveloppe allait changer sa vie à tout jamais, il posait sa main dessus et la tirait vers lui, sans se relever. Il n’était pas bien certain de savoir, s’il avait vraiment envie de l’ouvrir... Pourtant, ses doigts repoussaient l’ouverture, et d’une main quelque peu tremblante, il en sortait les feuillets à l’intérieur. La première n’était qu’un résumé du médecin, dont il ne comprenait pas grand-chose, si ce n’est... 5 mois et demi. Grossesse de 5 mois et demi. La date concordait, eux, ça datait de fin juillet. L’angoisse se faisait plus pesante, comme si au fond, il avait presque espéré qu’à l’intérieur de cette enveloppe, il y trouve quelque chose qui ne concorde pas. Il avait peur, tout simplement peur. Il n’est qu’un gamin, il n’est certainement pas prêt. Et puis derrière, il y avait l’échographie. Sur ce genre de truc, il n’y percevait jamais rien. Preuve qu’il ne serait jamais un bon père : Pas même capable de trouver son fils ou sa fille, sur une photo. Pris de panique, il se redressait, posant brusquement le tas de paperasse sur la commode. Puis se retournant, il commençait à faire les cents pas dans la pièce, tout en tirant sur ses cheveux qu’il ébouriffait complètement.

« Je peux pas, je suis pas prêt. J’sais pas tenir un bébé dans les bras, je suis même pas capable de me lever pisser la nuit, comment j’vais me lever pour un gosse ?! »

Non il ne fait pas au lit, si c’est ce que vous croyez. C’est plutôt qu’il est capable de dormir 10h d’affilées même avec une grosse envie, par flemme de se lever.

« J’sais même pas choisir une poussette, un siège auto... Ho non putain, il faut que je sache conduire, comment je l’emmène à l’école, ou chez le médecin ?! »

Plus il parlait, et plus il pâlissait. Quant à ses cheveux, ils en devenaient si électriques, qu’il ressemblait presque à Doc dans les retours vers le futur.

« J'sais même pas cuisiner... Et s’il vomi, j’vais vomir aussi! »

S’il avait pu, il serait sorti de cette pièce en courant, pour aller se réfugier loin, très loin. Mais ce serait tellement stupide... Parce que Domi le retrouverait, parce qu’il ne pouvait pas l’abandonner de toute façon. Et que si c’était vraiment son bébé... Il ne pourrait pas vivre tout en sachant que son fils ou sa fille, grandit loin de lui, quelque part.

“ So, play on

Quel long moment de calme. Un calme qui annonçait certainement un moment compliqué, du moins, c’est ce que Domi ressentait en ce moment présent. Elle avait déjà la réaction de Misha dans sa tête, elle savait que les choses ne pouvaient se passer qu’ainsi. « On ne l'a fait qu’une fois... La tête baissée et les mains jointes, Domi releva son regard vers le jeune homme, qui l’observait comme dans une attente particulière. Comme s’il s’attendait à ce que ce soit où une erreur, ou à ce que… Ce bébé ne soit pas à lui, mais plutôt à quelqu’un d’autre ? « On ne l'a fait qu’une fois... » La brune ferma les yeux et secoua doucement la tête. Oui, une fois, parfois, même en faisant attention, cela pouvait suffire. Elle entendait cette voix de ce fichu professeur de SVT, quand elle était encore au collège, qui n’arrêtaient pas de dire à ses élèves « Une fois, même en faisant attention, et peu importe la position, peut suffire pour être enceinte ! Une seule fois suffit ! » Et entendre cette voix était comme une remontrance de plus. « Je peux... ? » Demandait-il avec tant d’hésitation. Domi posa le regard sur l’enveloppe, Misha avait sa main dessus. Cette main qu’elle aurait voulu saisir de suite et embrasser fort pour se rassurer.


Elle le regardait ouvrir l’enveloppe, les yeux posés sur son visage, comme à la recherche de ses émotions actuelles. Elle semblait y lire comme de l’incompréhension. C’était toute une feuille de langage de médecin, qui confirmait noir sur blanc que le déni était positif et qu’il y’avait bien un bébé déjà bien formé dans son ventre. Il posait ensuite les yeux sur l’écographie et là, il posa tout d’un seul coup sur la table. Domi sursautait et l’observait s’éloigner, faire les cents pas, fouiller dans ses cheveux comme pour réaliser ce qui était en train de se passer. Le voir ainsi ne fut qu’augmenter l’angoisse de la brune. « Je peux pas, je suis pas prêt. J’sais pas tenir un bébé dans les bras, je suis même pas capable de me lever pisser la nuit, comment j’vais me lever pour un gosse ?! » La patronne rebaissa à nouveau la tête, se tripotant les doigts comme intimidée. « J’sais même pas choisir une poussette, un siège auto... Ho non putain, il faut que je sache conduire, comment je l’emmène à l’école, ou chez le médecin ?! » Était-il en pleine crise de panique ? Car à le voir et à entendre sa voix, c’est comme s’il ne pouvait plus se contrôler. Domi se leva doucement, l’écoutant malgré tout, bien que ses mots en ce moment précis eurent le don de faire naitre une douleur presque physique en elle. Elle savait que les choses se passeraient comme ça, c’était une évidence, pour elle, mais aussi pour lui. C’était trop brusque, trop inattendu, dans cette relation qui était la leur, encore si récente, si fragile, en reconstruction. « J'sais même pas cuisiner... Et s’il vomi, j’vais vomir aussi! » Elle n’allait pas se voiler la face, faire l’aveugle. Misha n’était pas prêt à être père.


Domi s’approcha de lui et posa ses mains sur les joues de l’artiste, avant de poser ses lèvres sur les siennes, comme pour le calmer. Elle prolongea le baiser un long moment avant de le serrer dans ses bras, plutôt pour cacher ses larmes naissantes. Larmes qu’elle refusait de lui montrer.


- Okay… Murmurait elle. Je vais me faire avorter.


La brune ne savait même pas si c’était possible de se faire avorter à six mois de grossesse. Aux Etats-Unis, ce n’était pas faisable. Peut-être, quelque part, ailleurs. Et elle-même, ne savait même pas si elle avait vraiment envie d’en arriver là. Elle qui avait souhaité un enfant toute sa vie, sans que son ex mari aie la capacité physique de lui donner… Ca lui tombait dessus sans prévenir et maintenant, elle ne pouvait pas imposer ça à Misha. Que faire. Elle finit par lâcher son homme et posa instinctivement une main sur son ventre encore si plat.


- J’ai voulu un bébé toute ma vie. Pas comme ça, mais… En fait… Je ne sais pas si je vais vraiment être capable de faire ça, mais je ne veux pas non plus t’imposer un bébé si tu ne te sens pas prêt.


Elle saisit la main de Misha et la posa sur son ventre, tête baissée, un sourire triste sur ses lèvres.


- Demain ou après-demain, mon ventre sera plus gros et tu sais quoi, je sentirai même le bébé bouger. Le docteur a dit que c’était une fille…


Son sourire disparaissait alors qu’elle se mordait la lèvre, continuant d’une voix cassée :


- J’aurai vraiment voulu savoir à quoi elle aurait ressemblé.

Il allait manquer d’air. Il faisait les cent pas, complètement affolé, entouré par un tourbillon de mauvaises émotions. Il n’était pas prêt à être père, ça il le savait. Pourtant, dans le fond, il l’était déjà. Si ce papier disait vrai, et qu’elle était enceinte de lui, de presque six mois, ce n’était plus juste un embryon, dans le ventre de Domi. C’est déjà un bébé, son bébé. Et plus il y pensait, plus il paniquait, et l’air lui manquait. Jusqu’à ce que Domi ne se rapproche, et ne capture ses lèvres, ainsi que son visage, qu’elle entourait de ses mains. Comme un soulagement, le corps du chanteur se décrispait, doucement, le calme reprenant sa place dans sa tête. Ou presque. Il était à présent immobile, dans les bras de Domi, qui le serrait contre elle, son visage contre son épaule. « Okay… Murmurait elle. Je vais me faire avorter. » Cette phrase résonnait dans sa tête, provoquant chez lui, un malaise qu’il ne parvenait même pas à décrire. Une envie de pleurer, une perte peut-être. Un déchirement dans son petit cœur encore si enfantin, malgré son âge déjà bien avancé. Tant de questions lui trottaient en tête, tellement trop, qu’il n’arrivait plus à sortir un seul son. Parce qu’être père peut être terrifiant, mais leur situation d’autant plus. Est-ce que ça allait fonctionner entre eux ? Et... N’était-elle pas revenu vers lui, juste parce que justement, il y a ce bébé ? Il avait tellement peur que l’enfant ait poussé sa décision, et qu’un jour, elle se rende compte qu’elle ne l’aime pas, pas autant qu’ils auraient voulu. « J’ai voulu un bébé toute ma vie. Pas comme ça, mais… En fait… Je ne sais pas si je vais vraiment être capable de faire ça, mais je ne veux pas non plus t’imposer un bébé si tu ne te sens pas prêt. » Le serait-il un jour ? Elle le relâchait, alors il tentait de respirer calmement, mais chacune de ses inspirations étaient forte, et secouée. Le regard dans le vide, il ne fixait pas grand-chose, complètement perdu dans des réflexions veines. « Demain ou après-demain, mon ventre sera plus gros et tu sais quoi, je sentirai même le bébé bouger. Le docteur a dit que c’était une fille… » Une fille... Une petite fille. Sa respiration s’accélérait de nouveau, alors qu’il sentait dans ses yeux, que l’humidité prenait place. « J’aurai vraiment voulu savoir à quoi elle aurait ressemblé. » Plaquant brutalement ses mains sur ses yeux, il inspirait profondément, lâchant un léger gémissement de complainte. Rien n’allait dans sa tête, il se battait avec sa conscience, qui elle-même semblait se battre avec une autre conscience. Il allait devenir fou.

« Mais dis pas des conneries pareilles, sérieusement! »

Crachait-il finalement, après un long silence. Le corps de nouveau crispé, agacé, il balançait ses bras le long de son corps, et se retournait vers Domi, les sourcils plus froncés.

« Je suis... Juste... ça me dépasse, d’accord ? J’ai peur, j’ai peur de ne pas être à la hauteur, et j’ai peur de ce que toi tu fais! »

Et il était en droit, dans une telle situation, de se poser autant la question. Gardant un peu de distance avec elle, il gardait néanmoins ses yeux braqués sur sa silhouette, s’arrêtant sur son regard. Il doutait, de beaucoup de choses. Trop de choses.

« Réponds moi sincèrement, Domi... Quand tu as décidé que nous deux, ça aurait une suite, tu savais pour le bébé ? »

Murmurait-il, cette fois avec tant d’angoisse, que sa voix en était raillée. La réponse lui faisait peur. Tant de couples se décident à faire un bébé pour se “sauver” alors que ça ne changera jamais rien. Si ça ne va plus, si ça ne marche plus, si l’un des deux n’aime plus l’autre, alors c’est foncer droit dans un mur, qui compliquera encore plus les choses.

« J'veux pas, que tu reviennes vers moi pour le bébé. Ça ne marche jamais ça... »

Hésitant, il laissait ses yeux tomber sur le ventre de Domi, puis doucement, il brisait la distance entre eux, juste assez pour pouvoir poser ses deux mains, à plat, sur le ventre encore étrangement si plat, de la productrice.

« N’abandonne pas le bébé... »

Chuchotait-il encore, les yeux plus humides de larmes, qu’il retenait difficilement.

« J’serais probablement le pire père de la planète... Mais toi, tu seras la meilleure mère au monde. »

Son cœur battait si fort dans sa poitrine, qu’il avait la sensation que tout le monde pourrait l’entendre. Il donnait à sa respiration, plus d’intensité, faisant légèrement remonter son torse à chaque inspiration. Quittant des yeux, le ventre de la brune, il remontait son regard jusqu’au sien. Inquiet, il ravalait sa salive difficilement.

« Ne fait rien pour moi, ou pour le bébé. Fais ce que toi tu as envie. Et même si tu veux l’avoir toute seule, je serais toujours là pour elle. Avec toi, ou loin de toi. J’vais être nulle, ça s’est sûr. Mais j’ferais de mon mieux. »

Même s’ils devaient élever cette enfant, chacun de leur côté. Ou peut-être, qu’elle n’aurait pas envie qu’il se mêle du tout, de leur vie... Quoi qu’elle décide, il respecterait sa décision.

“ So, play on

Tuer un enfant à naitre. Oui, on pouvait déjà parler d’un enfant, et non pas d’un fœtus ou autres termes stupides. Il avait déjà bientôt six mois. Ce petit cœur qui avait grandit en secret dans le ventre de la brunette. Domi avait toujours eu un immense sens des responsabilités, et elle qui avait toujours voulu être maman, elle avait complètement connaissance de ce que signifiait devenir parent. Et c’était pour cette raison qu’elle se refusait de forcer la main à celui qu’elle aimait sincèrement. Même si cela demandait le pire. Le pire, qu’elle ne se sentait même pas la force d’accomplir. Mais elle se forcerait. Elle ne voulait pas faire partie de ces femmes égoïstes qui ne voulaient pas écouter l’opinion de leur homme et s’entêtaient. Domi se sentait terriblement blessée de l’intérieur, mais dans le fond, elle s’y était attendue, elle s’était préparée à ce moment depuis que le médecin lui avait annoncé sa grossesse. Alors elle devrait passer par là… Et construire quelque chose de neuf avec Misha, ils repartiraient de zéro, et auraient le temps un jour, de faire des enfants cette fois ci désirés.


« Mais dis pas des conneries pareilles, sérieusement! » Il avait les mains sur ses yeux. Domi avait du mal à discerner si c’était le choc, la tristesse, la colère, ou autre chose, qui le faisait réagir ainsi. C’est comme s’il était si perturbé qu’aucune émotion ne pouvait décrire son état. Qu’est-ce qu’il avait au final ? Il ne voulait pas en finir ainsi ? Mais que voulait-il au juste ?? « Je suis... Juste... ça me dépasse, d’accord ? J’ai peur, j’ai peur de ne pas être à la hauteur, et j’ai peur de ce que toi tu fais! »


- Ce que moi je fais… ? demandait la patronne sans comprendre.


« Réponds moi sincèrement, Domi... Quand tu as décidé que nous deux, ça aurait une suite, tu savais pour le bébé ? J'veux pas, que tu reviennes vers moi pour le bébé. Ça ne marche jamais ça... » Domi fut prise d’un élan d’adrénaline quand il prononça ses mots et s’écria :


- Non, je ne savais pas ! Je ne savais pas pour le bébé, je voulais être avec toi bien avant que le médecin dise tout ça, ce n’est pas pour ça que je suis revenue !


Ses deux mains sur son ventre eurent comme un effet de chaleur. Domi pouvait y sentir de la douceur, de la bienveillance, de la protection, non pas seulement envers elle, mais aussi envers le bébé. Et à cet instant, elle sentit quelque chose de nouveau naitre. Entre eux deux. Comme si tous les trois, ils ne faisaient plus qu’une seule personne et qu’il était hors de question de faire du mal à cet enfant. « N’abandonne pas le bébé... » Ce fut un doux sourire de soulagement qui se dessina sur les lèvres de Domi, les yeux posés sur Misha, attendrie par cette tête qu’il était en train de faire en regardant son ventre. Soudainement, elle n’y voyait non pas les yeux d’un enfant ou d’un jeunot qui voyait toujours la vie de travers... Non, elle y voyait le regard d’un père aimant, qui avait juste un peu peur de mal faire. Et il n’y avait rien de plus adorable que ça. « J’serais probablement le pire père de la planète... Mais toi, tu seras la meilleure mère au monde. » Complètement attendrie, elle secoua doucement la tête comme pour montrer son refus d’accepter ses mots. « Ne fait rien pour moi, ou pour le bébé. Fais ce que toi tu as envie. Et même si tu veux l’avoir toute seule, je serais toujours là pour elle. Avec toi, ou loin de toi. J’vais être nulle, ça s’est sûr. Mais j’ferais de mon mieux. »


- Tu n’es pas nul… Et ne crois pas que je sois parfaite car c’est loin d’être le cas…


Elle posa ses mains sur les joues du chanteur pour les glisser jusqu’à son cou, posant les yeux sur ses lèvres.


- Je suis… Têtue, violente, trop autoritaire, et quand ça ne va pas dans mon sens je me mets à crier, je ne sais même pas cuisiner. Et je n’aime pas faire le ménage… Je ne fais jamais mon lit le matin. La semaine dernière j’ai mordu mon assistante parce que le café était trop sucré.


C’était un peu la honte de le dire, mais c’était la vérité, et puis tout le monde savait que Domi pouvait être terrifiante quand elle le voulait vraiment. Elle avait encore quelques facettes qu’elle se refusait de montrer à Misha, de peur qu’il ne tourne le dos pour taper un sprint. Puis, pour la vaisselle et le ménage… C’était un peu stupide dans le fond. Avec tout l’argent qu’elle avait… Ou plutôt, qu’ils avaient, ils auraient largement la possibilité de payer du personnel pour s’occuper de tous ses détails, même si cela signifierait partager leur intimité avec des inconnus… ? Ils auraient tout le temps de voir ça bien plus tard.


- Si tu es là pour elle, quoiqu’il arrive, tu seras un bon père, ne dis pas le contraire. C’est stupide d’attendre d’être parfait pour avoir un bébé… Personne ne l’est. Je sais que tu l’aimeras plus que tout au monde. Et je suis sûre qu’elle adorera écouter son Papa chanter. Si je la garde, c’est avec toi… On pourra y’aller à notre rythme. A ton rythme… Je ne t’imposerai jamais rien.


Elle posa ses mains sur les yeux de Misha afin d’y retirer l’humidité restante, avant de baisser la tête, ne pouvant s’empêcher de culpabiliser dans le fond.


- Je suis tellement désolée pour tout ça.