“TADAIMA!
Voilà déjà plusieurs années qu’il ne l’avait pas revu. Essentiellement par manque de temps, l’envie était forte mais l’industrie japonaise étant ce qu’elle est, il avait à peine eu quelques jours de congé dans l’année. C’était ça le métier d’idole : accepter que l’on vous lève à trois heures du matin pour commencer un tournage à cinq heures et finir à vingt-trois heures. Tout ça pour quoi ? Des excursions stupides dans des parcs d’attractions aux quatre coins du pays. Bien qu’il soit originaire du Japon, Ryota ne pouvait que constater l’immense ampleur du travail demandé aux idoles. Lui-même avait parfois pensé à arrêter. D’une parce qu’il s’en rendait malade, de deux parce qu’il avait très peu de vie sociale malgré les apparences. Alors voyager à l’autre bout du monde pour seulement quelques heures sans avoir la certitude de voir l’un de ses meilleurs amis au cours de la visite, ça ne donnait pas trop envie.
Puis il était là à présent. Dans la grande pomme. Ville qui avait visiblement attirée Misha et Rin et qui à fortiori, lui avait plu aussi. Pas sûr qu’il soit aisé de s’y habituer tout de suite mais l’important était là : sa carrière, dont il se préoccupait beaucoup, et ses amis, qu’il n’avait pas revu depuis belle lurette. Il les contactait régulièrement par messages mais l’amertume qu’il ressentait à chaque fois qu’il appuyait sur le bouton “envoyer” le frustrait. Rin semblait pas mal occupé avec son rôle de père qui, avouons-le, lui allait comme un gant. Pour cette raison, il l’avait rencontré il y a quelques jours de cela, dès que les deux hommes s’étaient trouvés un créneau en commun. L’acteur n’avait lui-même que très peu de temps pour lui, même aux USA, depuis son arrivée. Mais il mettait ça sur le compte de la sortie de ses nouveaux films et de la nouvelle surprenante de son déménagement. Depuis fin novembre, il était sans cesse questionné sur les plateaux télé concernant sa démission. Idole, titre rêvé par tant d’amoureux de la musique, une ascension fulgurante, rarissime dans le domaine et lui quittait tout sans la moindre hésitation, il y avait de quoi se poser des questions. Or les célébrités japonaises le comprennent tous, la pression du staff, du boss de l’agence était difficile à gérer et s’il en avait pris l’habitude, son entourage non. Et même si son parcours en avait fait rêver plus d’un, Ryota lui n’en pouvait plus de ce rythme acharné.
C’est donc heureux comme un pape qu’il s’était réveillé ce matin-là. Ryota en avait enfin fini avec ses conférences et il avait sa journée de libre. Le jeune homme l’avait passée en toute simplicité : sur son canapé devant Netflix. Cela pouvait paraître basique pour tout un chacun mais pour lui, le simple fait de se poser sans penser que ne rien faire était un gâchis relevait du miracle. Car oui, le brun était du genre hyperactif, à ne jamais se prélasser comme il le faudrait. Mais là il le sentait : il en avait grandement besoin. Pieds sur la table, pop-corn à ses côtés, en pyjama à 15 heures...le mode de vie à l’opposé de ses habitudes et pourtant le jeune homme s’était surprit à l’apprécier.
Cependant cela ne pouvait pas durer bien longtemps et l’heure de partir était venue plus vite qu’il ne l’avait pensé. Apprêté simplement, le japonais avait fait un arrêt dans un magasin pour y prendre une bouteille de champagne. Sur le chemin il avait également acheté une pizza cuite au feu de bois, histoire de ne pas faire les choses à moitié. Rin lui avait donné l’adresse de Misha et après une brève vérification, Ryota se plantait là, face à la porte d’entrée de l’un de ses meilleurs amis. Étrangement son cœur battait à cent à l’heure, l’idée de revoir le polonais le rendait en joie -
et le terme est maigre. Large sourire au visage, le brun coinça la bouteille de champagne sous son bras pour sonner puis, dans la hâte, s’était empressé de porter le carton de la pizza et l’alcool de ses deux mains afin d’accentuer l’effet de surprise.
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Bonsoir, c’est ici la pizza quatre fromages ? S'était-il contenté de dire avec un large sourire non dissimulé.