Depuis leur sortie à l’opéra, Allen n’arrêtait pas de penser à Lilia. Ils ne s’étaient pas revus. Il se rappelait encore du baiser sur la joue qu’elle lui avait fait avant de rentrer dans l’immeuble. Le jeune homme n’avait pas eu le temps de réagir. En même temps il était surpris. Il ne s’attendait pas à avoir ce type de geste de sa part alors que quelques jours avant elle le considérait comme un voleur à qui elle ne faisait pas confiance. Même si au fond il était très content, il se disait qu’il avait peut-être une chance avec cette jolie femme de ménage.

Le jeune brun n’avait pas vu la matinée passer. Dans l’après-midi il partit avec Meeko chez le traiteur où il travaillait en tant que livreur. En arrivant le chef leur donna les directives du reste de la journée. Al s’occuperait d’une livraison dans les beaux quartiers de Manhattan – et plus précisément chez l’ambassadeur du Mexique – avec un collègue. C’était ça de travailler chez un traiteur renommé, il était souvent dans les beaux quartiers de NYC alors qu’il gagnait une misère. Une fois que la commande fut prête, il chargea la camionnette avec son collègue. Ensuite ce dernier conduit jusqu’à l’adresse de livraison en question. Arrivé en bas de l’immeuble le voleur se dit qu’il ressemblait à l’immeuble où travaillait Lilia en tant que femme de ménage. Sortant du véhicule pour commencer à décharger les plats, le téléphone de son collègue sonna.

- Désolé, je dois répondre. Je te laisse t’occuper de la livraison.

- Hey lâcheur !

Trop tard, son collègue s’était déjà éloigné. Allen posa une main sur son bonnet désespéré. C’était toujours la même chose. Sonnant à l’interphone du nom de De Rivera, il indiqua que c’était la livraison du traiteur. Une personne lui indiqua l’étage. Prenant une partie de la commande, il prit l’ascenseur pour arriver devant le logement en question. Bien sûr, le raton-laveur s’était caché dans le sac du jeune homme. Après avoir sonné, un employé lui ouvrit la porte et l’amena jusqu’à la cuisine où il posa les plateaux. Le jeune homme indiqua qu’il allait vite chercher la deuxième partie de la commande. Redescendant à la voiture il récupéra la deuxième partie. Inutile de préciser que son collègue était toujours au téléphone. Deux secondes plus tard il était à nouveau devant l’appartement de l’ambassadeur du Mexique. Peut-être allait-il croiser sa jolie brune en train de faire le ménage. Alors qu’il marchait avec l’homme jusqu’à la cuisine, il entendit une voix.

- Mademoiselle De Rivera !

Il vit une jeune femme s’avancer – sans doute une autre employée – vers la fameuse Mademoiselle de Rivera.

- Appelez-moi Lilia.

Surpris, Al tourna légèrement le visage dans la direction de la voix qu’il avait reconnu. Effectivement c’était bien la Lilia qu’il connaissait, celle à qui il avait volé le collier, celle avec qui il était allé à l’opéra. Il détourna de nouveau la tête pour ne pas être vu. Il ne comprenait pas. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Pourquoi les gens l’appelaient Mademoiselle de Rivera alors qu’elle était femme de ménage ? Et pourquoi était-elle si bien habillée ? Posant les derniers plateaux dans la cuisine, il indiqua à l’employé qu’un autre livreur viendrait demain récupérer les plats et plateaux. Ensuite il quitta rapidement l’appartement. Une fois dans l’ascenseur, il sortit son téléphone et chercha la famille De Rivera sur google. « Ambassadeur du Mexique », « sa fille, Lilia De Rivera » Il y avait même des photos de la jolie brune avec son père. Non ! Ce n’était pas possible ! Le voleur appela Autumn, son meilleur ami. Heureusement ce dernier répondit rapidement.

- Je peux venir ? Il faut qu’on parle. Je crois que… j’ai merdé…

Autumn lui donna le feu vert un peu inquiet. En sortant du bâtiment, le brun donna le papier de la livraison à son collègue et lui dit de rentrer seul. Puis il se mit à courir en direction de la maison de son meilleur ami. Quelle connerie il avait pas faite ! Il a fallu qu’il tombe amoureux de la fille de l’ambassadeur du Mexique.

Son père avait encore une fois décidé d'organiser une de ses soirées mondaines qu'il adorait. Spécialement conçu pour qu'il garde contact avec ses "amis" riches alors que Lilia devait faire la plante, être là et ne pas le gêner. Elle était très forte pour ça, elle savait rire quand il fallait et sourire quand on la complimentait elle ou son père. Elle avait horreur de ces façades, elle aurait préféré passer sa soirée avec des gens vrais, comme Rose ou Allen. Justement, depuis l'Opera, elle ne l'avait plus revu et se demandait si elle avait exagéré en l'embrassant. Ce n'était pas un véritable baisé, vu qu'elle lui avait fait sur la joue, mais elle espérait ne pas l'avoir fait fuir. Ils ne se connaissaient pas depuis longtemps et elle avait peur d'avoir été trop entreprenante. Mais là tout de suite, elle n'avait pas le temps pour réfléchir à tout ça.

Elle avait une soirée à organiser, vu que son père ne levait jamais son petit doigt pour ce genre de choses, c'était elle qui devait gérer les employer, la nourriture et parfois même la sécurité des lieux. Elle avait donc contacté une entreprise extérieure pour avoir assez de serveurs et serveuses pour la soirée, quelques cuisiniers pour préparer et réchauffer les repas d'un traiteur connu de New York. Les invités n'allaient pas tarder à arriver et tout devait être mis en place. Elle était elle-même habillée sur son 31, elle alla frapper à la porte du bureau de son père.

- Padre ?
- Oui ?

Elle entra et vit que son père était à son bureau en train d'écrire sur son ordinateur. Il était déjà en costard et habillé. Elle voulait seulement vérifier qu'il allait bien, il ne leva même pas les yeux pour la regarder quand elle entra. Elle dit:

- Tout est presque prêt, les invités ne vont pas tarder.
- Très bien

Et il ne dit rien de plus, Lilia resta quelques secondes à attendre plus d'information de son père, mais il était concentré sur son écran. Elle soupira et referma la porte derrière elle. Elle s'approcha de la cuisine quand une employée vint à sa rencontre.

- Mademoiselle De Rivera !

Lilia sourit gentiment, elle trouvait cela inutile qu'on l'appelle de façon aussi formelle. Surtout quand il n'y avait personne d'autres. Elle dit :

- Appelez-moi Lilia.

Puis, elle ajouta en lui chuchotant et avec un clin d'oeil :

- Tant que mon père n'est pas là vous avez pas besoin de m'appeler mademoiselle

Puis, elle demanda à haute voix quel était le problème. La femme lui expliqua que les plats du traiteur étaient arrivés. Lilia alla vérifié que tout était bien là, le livreur était déjà reparti. Tout semblait prêt, elle s'assura avec les employer que tout était en place, puis elle s'habilla de son plus beau faux sourires pour accueillir les invités de son père qui venait de sortir de son bureau.