Il y avait peu de choses que tu n’avais jamais « osé » faire dans ta vie mais la plus importante était sûrement le fait que tu n’avais toujours pas affiché publiquement ton orientation sexuelle. Pourtant tu avais eu plusieurs occasions, ce sujet étant l’un des favoris de la presse lorsque leurs articles te concernaient. Mais tu avais préféré en jouer plutôt que d’être honnête, peut-être pour te protéger d’une certaine manière. Les critiques sur ta « subite » popularité faisaient déjà assez de dégâts dans ton mental pour que tu veuilles en rajouter une couche. Mais on t’avait proposé ce contrat, ton dernier avant ton départ pour Londres. Et tu l’avais accepté en voyant la cause que ce shooting défendait, acceptant par la même occasion que ce serait sûrement le moment parfait pour toi. Tu n’avais pas vraiment le cœur à ça, ta rupture récente t’ayant laissé briser. Mais c’était une étape nécessaire vers l’acceptation de soi selon ta psychologue donc c’était une raison de plus d’accepter. Tu n’y perdrais rien, gagnant peut-être quelques remarques en plus mais tu savais y faire face à tout ça. Tu n’étais plus aussi faible que tu l’étais quelques années plus tôt donc tu pourrais te relever. Tu espérais juste que l’on ne viendrait pas à te poser des questions sur ta situation actuelle.

Le jour du shooting arriva enfin, t’obligeant à te lever tôt alors que tu avais pris l’habitude de trainer au lit lorsque tu ne préparais pas ton départ pour Londres. Tu avais hâte d’y être même si tu redoutais tout de même d’être si loin de chez toi pendant plusieurs semaines. Mais c’était nécessaire si tu voulais pouvoir un jour devenir chanteur. Tu avais enfilé une tenue simple, sachant très bien que ça ne servait à rien de faire des efforts vu que tu allais les enlever dès ton arrivée pour en mettre d’autre. Tu avais hâte de faire ce shooting, te trouvant auprès de celui que tu considères comme ton mentor et qui veillait souvent sur toi. Une fois habillé, te rendis directement à l’agence après t’être assuré que tu avais bien fermé ton appartement. Le piano récemment acheté valait beaucoup trop d’argent pour que tu risques de le perdre en te comportement de façon idiote à chaque fois que tu quittes ton appartement. Le trajet jusqu’à l’agence fut rapide et tu te retrouvas rapidement dans ta loge. Elena était déjà là, préparant tout ce qui était nécessaire pour ton maquillage, alors que tu observais les vêtements préparés pour toi. Des habits de cuirs, très loin de ce que tu portes habituellement mais tu étais maintenant habitué à porter tout type de vêtements. Ton torse était recouvert d’une fine chemise blanche presque transparente alors que tu avais enfilé un pantalon en cuir étonnement ample. Peut-être parce qu’on connaissait ton goût pour les vêtements larges. On t’expliqua brièvement ce que tu devrais faire avant que tu ne quittes ta loge, te dirigeant vers celle de ton ami. Mais un cri te fis sursauter alors que tu te dépêchas de la rejoindre, trouvant Darrius seul. « Tout va bien ? Il s’est passé quelque chose ? » Tu étais soudainement stressé, remarquant qu’il abordait presque la même tenue que toi. Et tu te demandais ce que l’agence avait bien pu prévoir comme genre de shooting pour que l’on vous fasse porter ce genre de tenues. Le stress descendant petit à petit, tu te rapprochas de lui avant de faire un petit sourire. « Sinon…. Je suis heureux de faire ça avec toi, je pense pas que j’aurais eu le courage avec quelqu’un d’autre. »

Tu étais heureux de le voir malgré l’inquiétude qui coulait dans tes veines, alimentée par ce cri que tu avais entendu avant de franchir les portes de sa loge. Mais il ne te donna pas d’informations, te déclarant juste qu’il allait bien sous ton regard peu croyant. Pourtant tu ne fis aucune remarque, souriant un peu plus alors que tu venais trouver ses bras. Il te rassurait toujours lorsque tu étais dans ses bras, t’éloignant de tes craintes de toujours foirer quelque part lorsque tu travailles. Car, même si tu affichais une confiance en toi bien différente de celle que tu affiches dans ta vie de tous les jours, tu n’en étais pas moins inquiet sur le fait de te louper et de ridiculiser les gens pour qui tu travailles. Tu te rappelais encore de ce défilé où l’une de tes collègues avait dû te reprendre devant tout le monde car tu avais manqué de respect, involontairement, à l’un des directeurs artistiques de Gucci. Heureusement, cela n’avait pas vraiment eu d’impact sur ta carrière et ça te soulageais grandement car tu aurais été honteux de perdre des contrats à cause de cela. Mais, aujourd’hui, tu ne pouvais ridiculiser personne puisque tu devais juste te montrer comme celui que tu es vraiment. Comme celui qui va faire son coming-out public à travers des clichés pris pour une bonne cause, pris pour cette cause que tu défends depuis bien des années maintenant.

Libéré de cette étreinte qui n’avait pourtant duré que quelques secondes, tu le suivis vers le lieu du shooting. Et tes yeux s’écarquillèrent en voyant ce qu’il s’y trouvait, observant chaque objet et ce lit qui te faisais peur. « Darrius…. C’est quoi tout ça ? » Tu n’étais pas rassuré, étant loin d’être habitué à l’univers auquel semblait appartenir le décor de ce shooting. Mais tu gardas tout de même ton calme, le suivant en cherchant à rester derrière lui. Ta confiance en toi était remise en doute alors que votre directeur prenait le temps de vous expliquer ce qu’il devait se passer. Une petite grimace sur ton visage, tu hoches tout de même la tête avant de te figer face à la suite de ses paroles. « Mais…. Vous ne l’aviez pas dit la dernière fois ? Vous n’avez jamais parlé de tout cela, j’en suis certain ! » Sauf que tu te tais de nouveau, observant les accessoires avant de froncer les sourcils. « Puis…. Ça ne devrait pas être le contraire ? Ce ne serait pas plutôt Darrius à me libérer de mes chaines ? »

Tu détestais découvrir la nature des shootings que le jour-même, préférant grandement quand tu pouvais te préparer à l'avancer et essayer d'imaginer ce que tu pourrais aborder comme poses ou expressions faciales lorsque tu serais devant l'objectif du photographe. Mais on ne t'avais pas prévenu cette fois-ci et tu te sentais déjà agacé par cela, encore plus en découvrant que ce shooting serait loin de ta zone de confort et que tu allais devoir prendre sur toi pour accepter de faire cela. Mais tu fronças les sourcils face à la réponse du directeur, le fusillant du regard quelques secondes avant de lever les yeux au ciel. Vous vous moquez de moi ? Si je ne me trompe pas, bien que je ne sois pas du tout habitué à ce milieu, c'est souvent la personne qui semble être la plus fragile et la plus timide qui se retrouve attaché ! Puis c'est quoi cette histoire de chouchou ?!" Tu levas les yeux au ciel, faisant une légère pause avant de reprendre la parole. "Vous avez vraiment une logique bizarre, sans vouloir vous vexer monsieur."

Mais tu n'insistas pas plus, sachant très bien que tu n'arriverais pas à le faire changer d'avis même si sa façon d'agir et de se comporter te dégoûtais au plus haut point. Tu portas ton attention sur ton ami et mentor, t'inquiétant de sa réaction avant de venir attraper sa main pour attirer son attention. "Si tu ne veux pas le faire, on peut demander pour annuler hein ! Ils ont pas le droit de te forcer à faire quelque chose que tu ne veux pas !" Tu étais plus inquiet pour lui que pour toi, étant persuadé qu'ils n'oseraient rien te faire vu qu'il t'avait décrit un côté "angélique" que tu ne connaissais même pas vu qu'on ne t'avais jamais décrit comme ça. Mais tu ne pouvais pas accepter que l'on force ton ami à faire quelque chose qui ne lui convenait pas même si c'était ce que voulait l'équipe qui travaillait avec vous.