Roxanne Mills & Emy Jameson

Retrouvailles entre cousines

- Les voyageurs sont contents les gars, s’exclamait le commandant de bord, bravo à vous tous ! Ils vont pas apprécier, chez American !

L’équipage se mit à applaudir. Je ne fis pas exception. C’est vrai, on a géré. Comme d’habitude, j’ai envie de dire – mais c’était des conditions particulières, bien sûr. Le premier vol d’United Airlines à l’Aéroport de JFK. On attaquait notre plus grand concurrent, American Airlines, sur leur propre terrain. Enfin … c’est du business, tout ça, c’est pas mon domaine. Moi, je me contente de faire mon boulot. Accueillir les voyageurs, les servir, faire en sorte qu’ils ne manquent de rien. Peu m’importe la bannière sous laquelle je le fais. Bref … tous les clients débarqués, le commandant de bord avait convoqué cette petite réunion exceptionnelle pour faire le bilan du voyage. J’ai écouté sans trop faire attention, ne pensant juste qu’à rentrer chez moi pour un repos bien mérité avant de repartir cette nuit pour un autre voyage. Un New-York-Hong Kong cette fois-ci, à l’aéroport habituel de la compagnie. Je suis plutôt contente ! HK est une superbe ville. Mais en attendant, je compte bien profiter de mes quelques heures à New York pour me reposer.

- Bon, vous pouvez partir, conclut enfin le commandant de bord. Je crois qu’on mérite tous une bonne pause. Et encore une fois, bon boulot à tout le monde !

Je me joins au « merci » général, puis je sors enfin de l’avion après avoir récupéré ma valise. D’un pas pressé, malgré mes pieds qui me font un peu mal – foutus talons, je rejoins la zone d’embarquement. Ah, j’adore voyager, j’adore les avions, mais ça me fait tellement plaisir de remettre sur le pied sur la terre ferme ! même pour quelques heures. J’ai besoin d’une bonne douche et de DORMIR.

Je sors de la passerelle et je vois à quelques mètres de moi une silhouette qui me fait de grands signes de la main. Je souris … je crois savoir qui c’est. Je sais qui c’est. La silhouette porte un bébé dans les bras et la seule personne de mon entourage qui a un bébé c’est ma cousine Emy. Ça ne peut être qu’elle. Je souris d’avantage lorsque je fais quelques pas et que ce je pense se confirme.

- Bonjour Tata ! s’écrie le bébé en me voyant arriver – ou plutôt sa mère, mais jouons le jeu.
- Salut toi ! Qu’est-ce que tu as grandi depuis la dernière fois ! je réponds radieuse à la bambine en me penchant vers elle. Elle sourit, je pense qu’elle a dû me reconnaître.

Ça fait combien temps que je ne les ai pas vues, Emy et Nyah ? Quelques jours, quelques semaines ? C’était peu après le décès de ma tante, la mère d’Emy. Je ne sais plus trop quand c’était, le temps s’écoule différemment pour moi, partagée entre tous ces fuseaux horaires. Ça fait trop longtemps en tout cas. J’adore Emy. Elle ne remplacera jamais Esther à mes yeux évidemment, mais c’est comme une petite sœur. Bref. Ça me fait tellement plaisir de la voir ! Après un petit bisou sur le front de Nyah (oups, j’avais oublié que je portais du rouge à lèvres) et un câlin à ma cousine, je lui demande avec un sourire :

- Comment tu vas ? Tu t’en sors, avec la petite et … tout ça ?

Elle sait de quoi je parle. Emy a … quelques problèmes. Pour résumer, elle s’est faite avoir par un beau parleur il y a deux ans qui l’a mise enceinte et depuis elle galère pour s’occuper du bébé. Sa famille n’est pas très fortunée … et en plus de ça, sa mère avait des problèmes de santé, ce qui ne simplifiait pas les choses. Moi, j’essaie de l’aider quand je peux, mais je ne suis pas toujours là quand elle a besoin de moi, à cause de mon travail. Mais on se parle aussi souvent qu’on le peut. Parfois, je lui montre des photos que je prends des destinations où je me rend, histoire de la faire rêver un peu … en attendant que je puisse l’emmener en voyage un jour, quand Nyah sera plus grande. J’ai le droit à des billets gratuits, ou beaucoup moins chers, alors ce serait normal d’en faire profiter. Même si je ne suis pas très cadeaux d’habitude …

Mais bon, il faut encore que je choisisse où l’emmener et mes prochaines vacances sont encore loin. Alors n’y pensons plus pour l’instant ! et profitons du reste de cette journée. Entre filles !

- J’aimerais bien qu’on aille déjeuner quelque part, ça te dit ? Je meurs de faim. La bouffe d’avion … t’as bien de la chance de ne pas connaître ça, je lui dis en riant.

Oui. On mange la même chose que les voyageurs, la plupart du temps. Et on a beau y être habitué, ça reste relativement insipide. Bon, parfois c’est un peu mieux quand il reste quelques plateaux de la première classe, mais honnêtement, rien ne vaut un vrai repas dans un restaurant, ou au buffet d’un hôtel.

Je me baissai pour retirer mes chaussures qui commençaient à vraiment me faire mal et reprit :

- On y va ? Je t’avoue ne pas trop connaître JFK, mais il doit y avoir des coins sympas dans le coin.

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- Nous allons bien toutes les deux. D’ailleurs, encore merci pour ton aide de l’autre jour, ça m’a aidé à débloquer pas mal de situations. Je te rembourserai jusqu’au dernier penny !
- Non, ne t’inquiète pas pour ça, tu n’as pas besoin de me rembourser, je lui réponds avec un signe de tête.

Je ne suis pas riche certes, mais Emy l’est encore moins et je m’en voudrais qu’elle se mette en difficulté juste pour rembourser sa dette. Surtout qu’il n’y a pas de dette qui tienne, selon moi. Elle fait partie de ma famille. On s’entraide, c’est normal. Bon, elle m’aurait demandé des sous pour s’acheter un sac à main ou une paire de chaussures de marque, évidemment j’attendrais à ce qu’elle me rembourse parce qu’il ne s’agit pas vraiment d’achats indispensables mais lorsqu’il s’agit de son bien-être et de celui de Nyah … je ne veux pas la mettre d’avantage dans la merde. Elle ne me doit rien, franchement. Ça me fait plaisir d’aider. Bon, je sais qu’elle se sentira quand même redevable, et je ne refuserai pas son argent pour autant. Mais n’y pensons plus … pour le moment, j’ai juste envie de m’asseoir quelque part, de manger un morceau et de discuter un peu avec ma cousine.

Nous marchons quelques minutes en quête d’un coin sympa pour se poser. L’avantage d’un aéroport international comme JFK ou Newark, c’est qu’on peut trouver des spécialités culinaires du monde entier, ou presque – une manière de voyager avant même de monter dans l’avion, ou de retrouver un peu de familiarité pour ceux qui viennent de loin.

- Choisit celui que tu veux, dis-je à Emy, je ne suis pas difficile.

Je mange de tout, et ça ne me gênerait pas de découvrir quelque chose de nouveau, bien au contraire. Je suis très curieuse … mais aujourd’hui, on va rester en terrain connu. Emy a repéré un petit restaurant italien, à quelques pas de là. L’endroit est assez petit, a l’air plutôt calme malgré l’heure. Je souris. Ouais, ça m’a l’air très bien ici ! On s’installe, je regarde le menu, y a plein de choses qui me font envie. Je partirais bien sur une pizza, ou une assiette de pâtes avec plein de bonnes choses dedans. Hum …

- Et toi, dis-moi, comment vas-tu ? me demande Emy avec de la curiosité qui transparaît dans sa voix. Et jusqu’où as-tu voyagé ?

Je relève la tête et répond avec un sourire :

- Fatiguée, mais ça va !

Je pousse un soupir de soulagement, contente d’être enfin assise et détache mes cheveux tout en reprenant :

- J’étais à Tokyo. Très sympa comme ville ! J’y vais assez régulièrement, mais je suis loin de tout connaître, y a tellement de choses à voir ! L’hôtel n’était pas terrible mais crois-moi qu’après quatorze heures de vol sans escale tu fais pas la fine bouche ! Nous sommes arrivés vers six heures du matin, je ne me suis pas réveillée avant dix-sept heures, je rajoute en riant un peu.

J’ai eu le temps de profiter, malgré tout. J’ai pris plein de photos, j’ai rencontré plein de gens et même si je sais que je ne les reverrai probablement jamais, j’ai pris le temps de discuter avec eux même si honte à moi je ne parle que quelques mots de japonais. Je suis comme ça. Très amicale, j’aime tout le monde.

Je secouai mes cheveux afin de les faire respirer un peu , ce qui fit rire Nyah, puis demandai à Emy si elle avait choisi ce qu’elle voulait commander, avant de l’interroger d’un ton plus sérieux :

- Tout se passe bien au foyer ? Tu as tout ce qu’il te faut ? Besoin de quelque chose ? Tu sais que tu peux me demander n’importe quoi.

Oh oui, elle le sait. On a pas mal d’années d’écart, alors elle me demande des conseils de temps à autre, forcément. Je ne sais pas tout, loin de là, mais je lui prodigue mon expérience sur ce que je connais. Je sais qu’elle en ferait de même pour moi … elle connaît des choses que j’ignore complètement, et inversement. Lorsque j’attendrai un heureux évènement, le plus tôt possible j’espère (il faut encore que je trouve avec qui le faire …), c’est à elle et à personne d’autre que je m’adresserais pour savoir tout ce qu’il faut faire, pour tout connaître de la maternité et de l’éducation d’un enfant. Elle m’a déjà appris quelques petits trucs, d’ailleurs. C’est un juste retour des choses ! on apprend l’une de l’autre. C’est comme ça depuis des années.

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Roxanne Mills & Emy Jameson

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- J’ai hâte de voir les photos de ton voyage, déclara Emy, c’est le moment de la floraison des fleurs de cerisier. La tradition hanami, je crois…

- Oui, c'est ça. Mais si tu veux mon avis, Tokyo n’est pas le meilleur endroit pour en profiter. C’est très touristique.

Ce qui ne m’a pas empêché d’en profiter quelques fois, bien sûr. Mais honnêtement, c’est toujours un peu la même chose et comme je ne reste toujours que quelques heures sur place, une journée dans le meilleur des cas, j’essaie de diversifier mes activités – même si dormir et manger reste mes occupations principales, forcément. Bref … cette fois-ci, j’ai profité du froid qu’il faisait à Tokyo pour visiter un maximum d’onsen, les bains chauds japonais. C’est un peu difficile à comprendre lorsqu’on ne l’a pas essayé soi-même, mais c’est un super endroit pour sociabiliser ; on se rapproche vraiment des gens lorsqu’on est tous à poil dans le même bain. Hum, elle sonne bizarre cette phrase.

En attendant, je meurs de faim ! Le serveur revient vers nous et je me décide pour une assiette de pasta primavera avec un verre de vin rouge. Puis Emy et moi recommençons à discuter, le temps que notre commande arrive et qu’elle nourrisse la petite. Assez parlé de moi, de mon voyage … est-ce tout va bien pour elle ? C’est plus important. Elle ne vit pas … la meilleure des situations, disons. Une grossesse surprise à peine entrée dans l’âge adulte, tout le monde qui la laisse tomber ou presque. Sa mère qui est morte il y a peu de temps. Elle en a vécu des choses, mais elle n’abandonne pas. Ça force l’admiration, franchement, d’autant plus quand on sait qu’elle aurait très bien pu ne pas garder cet enfant – elle m’a raconté qu’elle y avait songé d’ailleurs, mais qu’au final elle n’avait pas pu s’y résoudre. Je pense qu’elle a bien fait. J’ai le sentiment que si elle avait franchi le pas, elle l’aurait regretté toute sa vie. Nyah est devenue son monde, ce qu’elle chérit le plus dans la vie.

Si j’avais été dans sa situation, je crois que j’aurais choisi de ne pas garder l’enfant – et pourtant, je veux en avoir, des enfants, je veux devenir mère ! mais je n’aurais pas voulu que mon fils ou ma fille grandisse sans connaître son père. Et même si ce n’avait pas été un accident. Je sais que moi qui tient temps à devenir mère, je pourrais simplement trouver un homme aux bons gènes, « oublier » de me protéger et tomber enceinte, mais ce n’est pas comme ça que je vois les choses. Je ne veux pas faire un bébé toute seule. Je veux que ce soit mûrement réfléchi, décidé, avec un homme parfait qui resterait avec moi toute ma vie … Je sais que la perfection n’existe pas, que je rêve sans doute trop, mais … je n’y peux rien. Et puis je parle de ça, mais j’imagine que c’était aussi comme ça qu’Emy voyait les choses. La vie en aura décidé autrement … ou plutôt, un bon à rien qui voulait une minute de plaisir sans réfléchir aux possibles conséquences, en aura décidé autrement.

- Je ne vis plus au foyer, en fait, commence ma cousine.

Oh. D’accord. Je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle, pour l’instant.

- Mon dossier est passé en commission et comme ma recherche d'emploi n'a rien donné, j'ai dû trouver une solution en urgence.

Je grimace. Quels connards. Ils savent qu’en la privant de logement, ils la privent d’autant plus de chances de trouver un emploi, ces génies ? Bah oui, parce ne pas avoir de logement, ça fait flipper les recruteurs. Et inversement, ne pas avoir de boulot ça ne rassure pas les proprios … c’est un cercle vicieux. Dans certains coins, tu peux même rajouter le permis à l’équation : tu veux travailler mais on te demande le permis, donc tu dois travailler pour pouvoir te le payer, mais tu trouves pas parce qu’ils veulent que tu aies le permis, et ainsi de suite … heureusement, c’est moins un problème à New York et dans les autres grandes villes du pays, parce qu’il y a les transports en commun et qu’on peut toujours trouver du travail pas très loin de chez soi. Enfin, j’imagine que c’est différent pour Emy. Les jeunes mères célibataires, sans ressources et maintenant sans logement, ça ne plaît pas beaucoup aux patrons. Même en Amérique, pays où tous les rêves peuvent se réaliser, certains auront toujours plus de mal que d’autres …

- Je suis temporairement hébergée chez... son père, continue Emy.

- Oh. D'accord. C’est … une bonne nouvelle, j’imagine ?

Je suis partagée, parce que d’un côté elle a un toit sur la tête et un semblant de stabilité, de l’autre elle se retrouve à côtoyer l’homme qui lui a gâché une partie de sa jeunesse, qu’elle connaît à peine et qu’elle a même dû détester pendant un temps. Bon, je juge sans doute un peu trop vite, je ne le connais pas ce type, mais je peux sans difficulté imaginer qu’il n’a très bien prit la nouvelle de cette paternité soudaine, et cette fille qui n’était qu’une de plus dans son tableau de chasse, débarquer chez lui et bouleverser sa petite vie. Oups, me voilà encore en train de juger … c’est que j’imagine très bien quel genre de personne est le père de Nyah. Le genre que je déteste … même s’il m’est arrivé de tomber dans les filets de l’un d’eux, de temps à autre. Parce que j’avais vraiment envie de … vous comprenez. Et je l’obligeais toujours à prendre ses précautions, sinon il n’obtiendrait rien de moi – croyez-le ou non, mais ça marchait ! La plupart des hommes sont prêts à tout accepter d’une femme pour une petite partie de jambes en l’air.

- J’imagine que ça a dû lui faire drôle de vous voir débarquer, toutes les deux ! dis-je en grignotant un morceau de pain. Tu n’as pas eu de mal à le retrouver ?

J’imagine qu’elle connaît son nom. Probablement même que c’est le seul type avec lequel elle ait couché d’ailleurs … parce que non content de la mettre enceinte il lui a pris sa virginité en plus. La pauvre … j’imagine qu’elle aurait voulu que ça passe autrement, avec quelqu’un d’autre, un garçon qu’elle aimait. C’est censé être un événement important, un souvenir inoubliable dans la vie d’un homme ou d’une femme … quoique, pour le coup il lui a vraiment laissé un souvenir. Un souvenir sous les traits d’une bambine adorable d’un an et demi maintenant.

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Emy a donc repris contact avec le … géniteur de sa fille – je ne pense pas être capable de le décrire comme étant son « père », parce que pour moi un père il est là pour élever sa progéniture et soutenir la mère de celle-ci, au moins financièrement, et ce type n’a rien fait du tout … bon, je le juge sans doute trop vite, il n’était pas au courant de sa paternité. Quoique même s’il avait été au courant, je ne crois pas que cet homme aurait été du genre à assumer et à abandonner son train de vie actuel pour prendre le rôle d’un père de famille … et mince, me voilà encore en train de juger ! Il faut me comprendre, j’ai une idée très arrêtée du type de personne que c’est – un collectionneur (et je ne parle pas de papillons ou de capsules de bière) pour qui les femmes ne sont que des amusements d’un soir, des trophées dont il oubliera le nom, et même le visage le lendemain quand il aura dessoûlé. Bon, les gens font ce qu’ils veulent bien sûr mais qu’ils prennent leurs précautions ou fassent semblant de de soucier de l’autre personne, au moins. Ne te barre pas en plein milieu de la nuit ou tôt le matin avant qu’elle ne se réveille, essaie de te rappeler de son nom, dis-lui, pour le principe, que tu la rappelleras … ça coûte rien. Enfin … c’est comme ça que moi je vois les choses. Bref, le père de Nyah … ça a dû lui faire bizarre quand Emy est venue un beau jour lui annoncer sa paternité, et bouleverser son train-train quotidien …

- C’est rien de le dire ! J’ai débarqué en fin de journée sur son lieu de travail avec mes gros sabots pour lui annoncer qu’il avait une fille. Lui ne se souvenait même pas de moi donc je te laisse imaginer ce qu’il a dû en penser …

« Qu’est-ce que c’est que ce bordel », c’est qu’il a dû penser ! C’est ce que je me serais dit à sa place. Mais je ne suis pas à sa place et bien heureusement d’ailleurs.

- Tu n’as pas eu de mal à le retrouver ? je demande à ma cousine.
- Son côté fêtard m’a beaucoup aidé, je dois dire, répond-elle après avoir fait un signe de tête, je me suis d’abord aidé d’Instagram et ensuite je n’ai eu qu’à taper son nom dans le moteur de recherche pour trouver le site internet de son cabinet à Manhattan.
- Et puis j’imagine que tu n’as pas pu l’oublier de toute façon …

C’est certain qu’il lui aura laissée un souvenir impérissable ! Nyah. D’ailleurs, maintenant que je sais tout ça … Je regarde une seconde la petite, puis à nouveau Emy et lui demande :

- Ses yeux, ils lui viennent de lui ?

La petite Nyah a de beaux yeux bleus qui contrastent joliment avec ceux plus sombres de sa mère. J’imagine qu’il n’est pas difficile d’arriver à cette conclusion … même si bon, ça peut être un truc de famille aussi, non ? Des yeux bleus, y en a plein dans la famille, surtout de mon côté. Moi-même j’ai les yeux bleus … Mais, non. Nyah a pris les yeux de son père, c’est tout, tout comme elle a pris la couleur des cheveux de sa mère.

- J’espère qu’il vous traite bien, toutes les deux, sinon il aura affaire à moi ! dis-je en riant.

Je ne plaisante qu’à moitié. Personne ne touche à ma famille ! Enfin, je dis ça mais il n’y aurait pas grand-chose que je pourrais faire, c’est fini le temps du collège et du lycée ou je pouvais corriger ceux qui s’en prenaient à mon frère ou à ma sœur. C’est pour le principe.

- Au moins, maintenant qu’il vous loge, toutes les deux, ça te fait une chose de moins pour laquelle t’inquiéter j’imagine. Tu en profites pour chercher du travail ? Tu t’en sors ? Si je peux t’aider un peu ...

Ça doit être tellement plus facile à vivre pour elle, de ne plus avoir à s’inquiéter de trouver un toit pour elle et sa fille. Elle peut penser à autre chose ou se concentrer sur d’autres objectifs … je pense qu’elle tiendra à trouver un travail, pour ne pas dépendre totalement du père de Nyah, au cas où il l’abandonnerait à nouveau … par fierté aussi, Emy se sentirait mal de vivre aux crochets du géniteur, de lui devoir quelque chose ; et elle a tout à fait raison.

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Roxanne Mills & Emy Jameson

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Il y a une chose que je n’avouerai jamais à quiconque c’est, que, secrètement, j’ai un peu été jalouse de ma cousine Emy à un moment. Ça ne sonne pas bien vu comme ça, mais laissez-moi m’expliquer : depuis longtemps je rêve de devenir maman, je cherche l’homme idéal pour ça, l’homme parfait même si je sais qu’il n’existe pas, et je ne le trouve pas – Emy elle qui n’a rien demandé se fait avoir une seule fois par un idiot et elle tombe enceinte alors que ce n’était pas dans ses projets d’alors, dans ses priorités. Je … je ne dis pas que j’aurais voulu être à sa place, ce n’est pas comme ça que j’aurais voulu connaître la maternité et dans de telles conditions je n’aurais probablement pas gardé l’enfant, mais la vie et le destin sont pervers. Emy ne voulait pas d’enfant, elle a eu un. Moi j’en voulais un, je le veux encore, et il n’est toujours pas là. Je sais que c’est stupide comme manière de penser, c’est pour ça que ça n’a pas duré longtemps d’ailleurs, cette petite jalousie de ma part surtout que sa situation n’avait rien d’enviable par ailleurs. Et puis … de toute façon si je tenais tant à donner la vie je n’avais qu’à me faire féconder par un inconnu en espérant que cela porte ses fruits, n’est-ce pas ? Bien sûr, bien sûr, mais ce n’est pas ce que je voulais. Je sais que je suis trop fleur bleue, trop romantique … mais je ne pense pas y pouvoir grand-chose.

- Oui, répond Emy lorsque je lui demande si les yeux de Nyah lui viennent de son père, leur couleur et leur forme. C’est flagrant lorsqu’elle sourit, d’ailleurs.
- Et il est beau son sourire, je réplique d’une voix tendre.

La petite semble physiquement être l’amalgame parfait de son père et de sa mère. Et non, ce n’est pas si évident ! parfois, on ressemble plus à un parent qu’à un autre, ou pas du tout à l’un ou à l’autre. Moi par exemple je suis le portrait craché de ma mère, je n’ai pas beaucoup prit de mon père à part le fait qu’il soit grand et moi aussi. Esther, ma petite sœur, par contre, c’est tout l’inverse, même si on a toutes les deux les yeux bleus de maman (il y a beaucoup de yeux clairs dans notre famille, il paraît qu’on est d’ascendance nordique ou germanique, je ne sais plus trop). Et mon frère Arthur ressemble autant à maman qu’à papa, comme quoi … C’est compliqué la génétique. Enfin … qu’il lui ressemble ou pas, le père de Nyah a pas intérêt à lui faire du mal, ni à Emy d’ailleurs. Je veille au grain …

- Je n’en doute pas ! Mais je te rassure, malgré des débuts maladroits, il s’en tire plutôt bien et c’est même assez … étonnant.

Oh, je vois. Un moyen pour lui de se faire pardonner de ses années d’absence, ou une envie réelle de bien faire et de s’investir ? Je penche pour la première option … je n’ai pas encore envie de ne pas le détester, ce type. Arf … je devrais sans doute lui laisser une chance, pas vrai ? D’après les dires de ma cousine, il essaie de bien faire et si elle est restée chez lui c’est qu’il ne doit pas être si mauvais (bon, et parce qu’elle n’avait pas tellement le choix aussi …). Mais il faudrait que le rencontre moi-même cet homme, pour me faire ma propre idée. Elle a dit qu’il avait un cabinet à Manhattan, non ? Avec un peu de chance c’est un avocat ou un médecin, il ne manque sûrement pas de ressources, financièrement parlant – mais ça n’en fait pas un saint pour autant n’est-ce pas.

- Au moins, maintenant qu’il vous loge, toutes les deux, ça te fait une chose en moins pour laquelle t’inquiéter j’imagine. Tu en profites pour chercher du travail ? Tu t’en sors ? Si je peux t’aider un peu …

C’est ça le plus important, au final. Profiter du répit qu’offre ce nouveau foyer pour rebondir et s’offrir une nouvelle chance, en quelque sorte. Même si ça ne sera jamais comme avant pour elle, c’est certain. Emy voulait devenir infirmière … sa grossesse surprise a mis fin à ce rêve, parce qu’elle n’aurait jamais pu tout gérer ; ses études, sa mère malade, l’éducation de sa fille privée d’un père. Il lui faudra trouver de nouveaux rêves. Même si, quand on devient parent, on rêve surtout de voir sa progéniture accomplir les siens, de rêve, non ? Mes parents étaient tellement heureux lorsque je leur ai annoncé qu’United m’avait embauchée ! Et à présent, j’imagine que le rêve d’Emy c’est de voir sa fille grandir heureuse et en bonne santé, au sein de ce qui ressemble plus ou moins à une famille.

- Tu as raison, répondit ma cousine, je me sens moins … prise par le temps bien que ce soit tout de même temporaire. Ça me permet  de me poser, de mettre toute mon énergie à trouver une situation stable.

Un bel homme passe à côté de moi, je lui souris tout en écoutant Emy.

- Et pour ce qui est de la recherche d’emploi, étant donné que je n’ai pas mon diplôme d’infirmière, j’ai cherché dans le secteur de la restauration. J’ai passé quelques entretiens et pour l’instant ça n’a rien donné. Je pense de toute façon que les horaires n’auraient pas été compatibles avec ma vie de jeune maman.

Je pousse un soupir et lève les yeux au ciel en repensant à mon propre temps à travailler comme serveuse à l’université. Quelle galère … non seulement ça paye mal, mais en plus on ne sait jamais à l’avance quand on va travailler et quand on ne va pas travailler. Parfois c’était le midi, parfois le soir, presque toute la journée le week-end dans tous les cas. Bon, la journée j’avais cours alors moi la semaine je ne travaillais que le soir, mais bon … je crois que je ne suis resté que trois semaines car ça m’épuisait trop même si je n’ai jamais été du genre à renoncer. Je n’ai pas eu de mal à trouver du travail ailleurs, même dans une petite ville comme New Paltz.

- T’as bien fait de ne pas t’engager là-dedans, dis-je à ma cousine, c’est fatiguant, assez ingrat et oui au niveau des horaires c’est assez contraignant. Euh, enfin j’imagine que quand on n’a pas le choix …

On ne fait pas la fine bouche j’imagine. Mais quand même, elle mérite mieux, c’est pas le travail idéal pour une jeune mère de famille.

- A vrai dire je ne serais pas contre l’idée de recevoir tes précieux conseils, toi qui est toujours aussi classe même après plusieurs heures de vol !
- Oh merci, c’est gentil, je réponds avec un sourire, mais tu sais, on triche un peu ! Pas mal de maquillage, et tout le monde est plus beau en uniforme !

Je recule un peu sur ma chaise pour laisser le serveur poser une carafe d’eau pleine et le verre de vin que j’ai commandé sur la table, puis reprends :

- Je pense que ce qui compte, c’est l’attitude. La personnalité, aussi. Les diplômes, l’expérience, c’est limite secondaire. Ce qu’un patron veut, c’est quelqu’un avec qui il sera agréable de travailler, qui présente bien, qui est motivé même si ce quelqu’un n’a pas beaucoup d’expérience ou un CV bien rempli. Il préfère ça à une nana ou à un bonhomme très compétent, mais qui est une patate socialement parlant ou prend les autres de haut ou que sais-je. A CV égal, un employeur prendra souvent la personne avec qui il se sent le plus … « connecté », humainement parlant. Ou bien celle qui lui coûterait le moins, je rajoute en ricanant.

Je m’arrête une seconde histoire de goûter à mon verre de vin, en me demandant aussi quand est-ce que nous serons servies parce que je commence à avoir vraiment faim, et reprend :

- En fait, un entretien d’embauche ce n’est pas très différent d’un rencart amoureux, dans le fond. Dans les deux cas, il faut séduire la personne en face, lui donner envie d’aller plus loin avec toi. Bien sûr, c’est pas tout à fait pareil – quoi que coucher pour être embauché c’est un truc très courant -, mais ce n’est pas si différent ! Euh …

Je cherche mes mots un instant, puis continue :

- Je dirais que ce qu’il faut, c’est montrer que tu es passionnée. Que … hum, quelque chose te motive. Par exemple, lorsque que quelqu’un te parle de quelque chose qu’il aime beaucoup faire, tu le sens, non ? C’est … contagieux, en un sens. Ben, je pense que c’est ça qu’il faut faire. Parler de ce qui te plaît, de ce qui te motive – c’est bien pour ça qu’un employeur demande souvent quels sont tes centres d’intérêt et qu’on les met sur son CV, non ? Parce que ça te permet de te juger en tant que personne, en tant qu’individu, parce que tout le monde peut avoir les mêmes diplômes et la même expérience mais tout le monde n’a pas les mêmes passions. Tu peux parler de presque n’importe quoi, tant que ça te passionne ton interlocuteur y sera sensible.

Je souris à nouveau, dégage une mèche de cheveux tombée devant mes yeux et reprends :

- Enfin, ne prends pas trop ça pour argent comptant, hein, je raconte peut-être n’importe quoi ! Et j’imagine que tu voulais surtout des conseils pratiques, comment éviter le stress, tout ça ?

Je rapproche ma tête de celle d’Emy pour être sûre que personne d’autre ne puisse nous entendre et lui chuchote d’un air taquin :

- Si tu veux aussi des conseils pour séduire les hommes, je pense que je peux t’aider ! A moins que ton amant d’une nuit d’il y a deux ans te convienne ?

Bon j’avoue, c’était gratuit, ça.

- A propos de lui, je reprends en me redressant, faudra que tu me le présentes ! Tu as dit qu’il avait un cabinet à Manhattan, c’est bien ça ? C’est qui, un avocat, un médecin ?

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Roxanne Mills & Emy Jameson

Retrouvailles entre cousines

Ah, l’université … c’était il y a plus de quinze ans mine de rien. Bon sang ce que le temps passe vite, en particulier lorsque tu aimerais qu’il ne passe jamais, que tu as besoin de temps – pour élaborer des projets, fonder une famille, réussir ta vie c’est-à-dire la vivre comme tu le voudrais. Je suis heureuse, mais je n’ai pas accompli ce dernier point et il ne le sera pas tant que celui d’avant ne le sera pas non plus … et après ça, il y aura tellement de choses que je voudrai accomplir aussi, ça s’arrête jamais. Et même si je suis encore « jeune » jamais je n’aurais le temps de tous les mener à bien, ces projets – alors il va falloir que sache ce qui le plus important, la priorité pour moi, et que j’agisse. Peut-être faudrait-il que j’arrête de chercher l’homme « parfait » et me contenter d’un « presque parfait » ? Je … je sais même pas pourquoi je pense à tout cela en fait. Evoquer le passé, j’aime pas ça. Allez … il faut que je me ressaisisse et que je n’y pense plus. Je vais plutôt me concentrer sur mon estomac qui crie famine. Ouais … L’attente comme à être longue et j’ai tellement faim que je comprends pourquoi les bébés pleurent quand ça leur arrive (en-dehors du fait qu’ils ne peuvent pas le dire autrement, bien sûr). Bref …

Emy m’a demandé quelques conseils sur la recherche d’emploi, les entretiens d’embauche, et même si je ne sais pas tout je l’ai aidée comme je l’ai pu en espérant ne pas avoir trop dit n’importe quoi. De mon propre point de vue ça ressemblait plus à de la philosophie ou à de la psychologie de comptoir qu’à de vrais conseils, mais je pense que ma cousine pourra en tirer quelques enseignements plus ou moins utiles. Et je serai peut-être plus pertinente avec le ventre plein et l’esprit clair, je suis encore un peu dans le rush de l’atterrissage et le léger agacement du discours du commandant de bord qui avait insisté pour nous retenir cinq minutes de plus alors que tout le monde rêvait de rentrer chez soi se reposer.

- Non c’est parfaitement sensé ce que tu dis, déclara Emy. Logique, même. Je ne pense pas que la communication soit le fond du problème me concernant, mais mon manque de confiance en général. Enfin, ça se travaille. Je vais y arriver.
- Oui, je suis certaine. Et je pense que c’est lié, de toute façon. Euh … probablement ? réponds-je en souriant.

En tout cas, notre commande est enfin là ! Génial, j’allais commencer à bouffer la nappe si ça s’éternisait trop (non, quand même je sais me tenir). Je remercie chaleureusement le serveur et dévore une première bouchée de pâtes en disant un « bon appétit » précipité à ma cousine. Bon sang, j’aimerais qu’un homme m’aime autant que j’aime ces délicieuses tagliatelles à cet instant précis (oui, j’exagère un peu). Bref … le déjeuner commence et la conversation avec ma cousine continue. Je lui demande si elle n’aimerait pas aussi bénéficier de conseils pour séduire les hommes – histoire qu’elle trouve mieux que le géniteur, si c’est ce qu’elle veut bien sûr. Apparemment, et même si elle me dit le contraire, il semblerait qu’ils s’entendent bien tous les deux …

- Nous en sommes loin tous deux.
- Ben voyons, je lui réponds avec un sourire tendre.

Emy … j’avais quatorze ans quand tu es née, je t’ai vue grandir, tu sais que tu ne peux rien me cacher ! Et puis si tu rougis, ce n’est pas pour rien. Apparemment, ce type te fait toujours autant d’effet que lorsqu’il t’a eue il y a deux ans, pas vrai ? C’est un peu … surprenant, mais s’il te convient, je n’ai rien à redire (comme si ça me regardait de toute façon).

Mouais … Il faudra quand même qu’elle me le présente, ne serait-ce que pour le principe, et parce que je suis curieuse aussi, et parce que si c’est un minimum sérieux entre eux c’est une étape obligée. Et puis ça me permettra d’avoir une autre image de lui, qui n’est pour l’instant pas très glorieuse même si je fais des efforts pour oublier pour mes aprioris.

- Bien sûr, je lui en parlerai et on organisera ça pour une de tes prochaines escales. Et oui, c’est un chirurgien esthétique qui a son propre cabinet à Manhattan.

Un chirurgien esthétique ? Wow, elle a pas mis le grappin sur n’importe qui (même s’il s’agit plutôt de lui qui avait jeté son dévolu sur elle à l’époque, et elle incapable de lui résister, bon), ils ont de l’argent eux. Euh … je ne suis pas matérialiste, hein ! Enfin, pas trop. Ce que je veux dire par là c’est qu’Emy et Nyah n’ont pas trop à s’inquiéter pour leurs finances, même si ce n’est pas autant que ma cousine ne doit se reposer que sur lui (et contente de voir que ce n’est pas ce qu’elle souhaite) ; des vieilles femmes voulant retrouver leur jeunesse à coup d’injections, des stars qui veulent être parfaites physiquement (ou ce qu’elles considèrent comme étant la perfection), il y en aura toujours. Je dois bien avouer que moi-même j’y ai pensé à un moment, à la chirurgie esthétique. Il y a quelques années, je me disais que je voulais des seins plus gros, mais je n’ai jamais franchi le pas parce que j’ai fini par me rendre compte que je n’en avais pas réellement besoin, que de toute façon je n’avais pas les moyens pour ça et puis mon copain de l’époque me disait que ma poitrine était suffisamment belle comme ça et « qu’on la voyait déjà pas mal ». Tss. C’était pas pour lui que je voulais faire ça de toute façon. Enfin pas que. Mais passons.

- J’ai eu une relation avec un chirurgien esthétique il y a quelques mois, dis-je en souriant, me rappelant de ce bon souvenir. Enfin, une « relation » … tu vois ce que je veux dire.

Richards, qu’il s’appelait. Oliver Richards. Un anglais, d’après son nom de famille et son accent. Plutôt bel homme, et un sacré baratineur. Dès que je l’avais vu j’avais remarqué quel genre d’homme il était mais je l’avais laissé m’aborder parce que j’avais bien envie de … vous voyez. Je me souviens très bien de cette nuit-là, c’était relativement récent et il était plutôt doué pour être honnête. Il m’avait même laissé sa carte, si je voulais le revoir pour une raison ou pour une autre. Tu parles … il n’avait pas l’intention de me revoir une seule seconde, à peine avait-il terminé ce qu’il avait à faire qu’il avait tenté de se barrer en douce, mais je l’avais persuadé de rester. Bon, le lendemain lorsque l’alcool ne faisait plus son effet j’avais culpabilisé et en voyant ce parfait inconnu allongé dans mon lit à côté de moi c’est moi qui avait voulu prendre mes jambes à mon cou, mais à peine s’était-il réveillé qu’il s’était déjà barré. En me rhabillant un peu plus tard, j’ai retrouvé sa carte qu’il m’avait laissée ; je ne sais pas trop pourquoi mais je l’ai gardée.

En parlant d’hommes, Emy semble avoir vu le sourire que j’ai adressé plus tôt à un autre client du restaurant. Sa remarque me donne l’impression qu’elle me donne le défi d’aller l’aborder …

- Ah oui ? Ben il est vraiment mignon, tu ne trouves pas ? je demande à ma cousine d’une voix suffisamment basse pour que personne d’autre ne m’entende.

C’est un grand brun aux yeux bleus, mon point faible. Je tourne lentement la tête vers lui pour le regarder à nouveau en espérant qu’il n’ait pas la même idée. Mouais, mouais il est vraiment pas mal.

- Mais il est peut-être un peu jeune, je déclare à Emy en la regardant à nouveau. Et puis souvent, les hommes sont mal à l’aise quand les femmes font le premier pas. Ça leur fait peur, dis-je en souriant avant de reprendre de mon assiette.

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