"Fais un effort chéri !" C'est doux, mais exaspéré, tandis ce que Finn lève les yeux au ciel. Faire un effort, c'est beaucoup dire pour elle. Elle va voir son amie, passer la soirée avec quelqu'un qu'elle apprécie. Et lui ? Lui se retrouve avec ce mec qu'il connait à peine. Cet homme qu'il n'apprécie pas plus que ça. Simplement pour leur laisser le champs libre. Les deux collègues espéraient sans doute que leur tendre conjoints s'entendent l'un et l'autre. Pourtant les deux dernières rencontres n'ont pas été dans ce sens, et Heartley sait par avance que al soirée sera gênante. Remplie de silence, de rire forcés. parce qu'ils n'ont rien à se dire, rien en commun, qu'il ne comprend pas bien l'intérêt de cette soirée. "Ca ne te fera pas de mal de te faire des amis, Finneas." Il se prépare à contester, mais la blonde le coupe, pointant son index pour qu'il ne prononce pas un mot. "Je sais que tu as beaucoup d'amis mais... Fais le pour moi. Essaye d'apprendre à le connaître. Je suis certaine que vous avez plus de points en commun que tu ne le crois." Une fois de plus, les yeux rivés sur la route, il soupire. Ses mains sont crispées sur le volant, mais à contre coeur il lui promet de faire des efforts. Parce que c'est elle, parce qu'il ne peut rien lui refuser.

Il conduit prudemment jusque chez les Delauney, gare sa voiture le long de l'allée et aide Aubrey à en descendre, glissant sa main dans la sienne. Il sonne à l'entrée, sourit chaleureusement à Amandine qu'il apprécie particulièrement. Femme aussi douce que ne l'est sa future femme, aussi brillante et aussi charmante qu'elle. Il comprend pourquoi les deux femmes s'entendent si bien. Elle seraient presque des copies conforment. Et puis derrière elle, il aperçoit Raphaël, son sourire toujours présent, bien faux, tandis ce qu'il lui serre la main. Tendrement il embrasse fiancée, lui souhaitant une bonne soirée avant que les deux femmes ne s'engouffrent à l'intérieur et que Finn ne se dirige vers sa luxueuse voiture, incitant Raphaël à y entrer. La portière claque, alors qu'il se tourne légèrement pour mettre sa ceinture, coupant le silence qui s'installe déjà en se raclant la gorge. "Je connais un bar très sympathique sur Brooklyn." Il pose son regard sur le brun, les lèvres pincées dans un fin sourire avant de reprendre. "...Si cela te tente ?" A ces mots, il allumait le contact et rejoignait le dit bar. Un établissement charmant, mais peu fréquenté. Il aimait justement cet endroit pour ça, pour son calme. Il pouvait être tranquille, ne pas se soucier des regards qui trainent. C'était bien loin de ces fêtes bondées de snobs auxquelles on l'avait habitués et qu'il fuyait. La voiture garée sur le parking, il réajustait sa veste avant de pénétrer dans les lieux, trouvant refuge à une table un peu reculée. Prenant place face à Delauney, il fixait le serveur qui passait déjà à leur table. "Juste un verre d'eau, merci." Puis reportait son attention sur le brun, calant son dos contre le dossier de son siège. "Qu'est-ce que tu prendra ?" Tout deux prenaient commande avant que Finn, hésitant, ne finisse par briser la glace. "C'est... C'est une bonne chose que nos femmes s'entendent si bien... Pas vrai ?" Oui, il fallait bien meubler la conversation.

Faire un effort, c'est ce qu'il avait promis. parce qu'il ne peut pas refuser quoique ce soit à Aubrey, cette petite blonde qui rythme sa vie. petite douceur, réel amour de femme qui semble un peu trop sociale pour Finn. Parce qu'elle se fait des amis, partout, tout le temps. Parce qu'elle aime les voir, souvent, et qu'elle entraîne le brun partout où elle va. Et depuis peu, il y'a cette femme, cette Amandine, une femme formidable, toute aussi adorable que sa merveilleuse future épouse, avec qui Aubrey est devenue amie. Heartley se retrouve obligé de s'y accommodé également, obligé de sourire au moindre visage, de faire connaissance avec les personne qui entourent la vie de sa future femme. Faire un effort, c'est tout ce qu'elle lui demande, quand bien même il déteste se faire traîner partout. boire un verre, sortir, oui, mais avec des gens qu'il connait. Il a l'impression d'être un enfant que l'on colle à une fête d'anniversaire. Un gamin perdu incapable de se faire des amis seuls. Les deux blondes espèrent que leurs conjoints s'entendront bien, qu'ils puissent sortir à quatre, et ça exaspère déjà le brun. Mais encore une fois, il ne peut rien refuser à Aubrey.

Alors le voilà, le sourire forcé, serrant la main de Raphaël, saluant la blonde qui l'accompagne et rejoignant sa voiture aux côté de ce parfait inconnu qu'il n'apprécie pas vraiment. Il admet qu'ils n'ont pas vraiment eu l'occasion de se connaître plus que ça, mais leurs dernières rencontres ont été suffisantes aux yeux du jeune homme qui voit déjà cette soirée sous un mauvais oeil. Il se force, sourit, propose un bar dans Brooklyn qu'il sait peu fréquenté. Conduit jusque l'établissement et descend aux côtés de Delauney, prenant place sur une table. Lui commande un verre d'eau, tout simplement, sous le regard étonné de son compagnon de soirée. "Je ne bois pas. Ou très peu en tout cas. Et je pense que les filles préféraient se retrouvées seules ce soir." Ou plutôt les forcer à se parler, là où dans le salon elles auraient fait la conversation elles mêmes, en laissant les deux hommes dans le silence. Ils auraient été absents, perdus dans leurs pensées en attendant sagement que ça se termine, elles l'avaient bien comprit. Un léger sourire aux coin des lèvres, Finn hoche doucement la tête en retirant la veste de son costume, et la déposait soigneusement à ses côtés. "Et réciproquement. Je pense qu'elles ont beaucoup en commun toutes les deux." Un léger silence s'abat entre eux avant que le médecin ne reprenne la parole, tandis ce que Heartley reposait son attention sur lui, arquant un sourcil. Un léger rire amusé s'échappait malgré lui de ses lippes alors que le serveur déposait leurs verres devant eux. "Ca a le mérite d'être honnête." Le sourire aux lèvres, Finn croisait les bras, calant son dos contre le dossier de son siège sans quitter l'homme des yeux. "Mais c'est exact. Aubrey aimerait passer plus de temps avec Amandine, et il paraîtrait qu'on a...Beaucoup en commun nous aussi." Le ton est cynique, tant il peu sûr de ce que lui dit la blonde. Il a l'impression qu'ils ne viennent pas du même monde tous les deux, qu'ils ne trouveront jamais réels terrain d'entente. "Je suppose qu'on peut faire un effort." Il lève les yeux au ciel, se redressant doucement avant de boire une gorgée de son verre. "Alors...." Se pinçant les lèvres, Finneas cherchait dans son esprit une manière de faire perdurer cette conversation, reposant ses iris sur le brun. "Aubrey m'a dit que tu avais ton propre cabinet, c'est ça ? En pédiatrie ?" Se raclant doucement la gorge il ajoutait. "Ca doit être... Intéressant." Et finalement, il se haïssait presque de ne pas boire d'alcool. Parce que sans ça, la soirée risquait d'être longue. En plein débat intérieur, il attirait finalement l'attention d'un serveur qui passait près d'eux. "Un whisky, s'il vous plaît." Puis il regardait de nouveau Raphaël avant de se justifier en haussant les épaules. "Tu me reproche le verre d'eau. Je m'accommode." Longue..Très longue soirée en perspective. Et puis un verre, ça ne peut pas être si destructeur.

Les deux hommes s'étaient engouffrés dans le bar, trouvant une place reculées des autres clients, à l’abri des yeux et oreilles indiscrètes. Finneas prie pour que la soirée ne dure pas, qu'ils puissent rentrer chez eux plut tôt que prévu pour X ou Y raisons. Heartley est déjà convaincu que cette soirée est veine, qu'ils n'arriveront jamais réellement à s'entendre. Faire des efforts, oui, mais si le courant ne passait pas entre eux, peu importe la dose d'alcool ingurgitée, peu importe le temps passé ensemble, ça ne passerait pas, c'est tout. Ils se posent, commandent, sous le regard surprit du plus âgé. Finn hausse les épaules, posant son regard sur ce dernier. "Pour l'ambiance ? Je n'ai pas besoin de boire pour apprécier un endroit." Il aimait bien ce bar, il aimait bien sortir avec ses amis, mais il n'avait pas besoin de se retourner le cerveau pour profiter ni des lieux, ni de leur présence. Et un bar, c'était toujours conviviale.

Et puis la remarque fuse. L'honnêteté à l'état pure. Une remarque qui prend Finn de court, mais dont il apprécie la franchise. Au moins Raphaël n'a pas la langue dans sa poche, il ne peut pas nier apprécier ça, prendre ça comme une qualité. Ça le fait rire, un peu, alors que le serveur dépose les verres sur leur table. Il admet la vérité, admet qu'Aubrey et Amandine ont organisé tout ça de toute pièce. Qu'il n'y a aucune envie de la part de l'un ou de l'autre d'apprendre à se connaître. Heartley hoche doucement la tête, se pinçant les lèvres. Que ne ferait-il pas pour la petite blonde ? Une part de lui aimerait avouer qu'il ne l'épouserait pas, que ce serait bien une des seules choses qu'il pourrait ne pas faire. Mais il faut garder la face, préserver son image, préserver son couple, les apparences. Alors il sourit doucement, prenant une gorgée de son verre. "C'est sûr... Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour elles... ?" C'est murmuré, presque soupiré alors qu'il reporte son attention sur l'homme. une discussion pleine de banalités, morose. Il essaye, Heartley, comme promis. mais au fond, il n'en a que faire de ce que lui raconte le Français. Il le regarde sans réellement écouter, alors que passe près de leur table un homme qui rejoint le bar. Instinctivement, son regard se braque sur lui, sans y faire réellement attention, puis il repose ses iris sur Delauney, se pinçant les lèvres. "Oh, oui. Ce doit être... Vraiment intéressant comme travail." Il stop l'un des serveur, commandant un whisky avant de reporter son attention sur son compagnon de soirée, haussant les épaules. "Tu n'imagine pas à quel point...." Il s'accommode, partout, tout le temps, à tout le monde. Fais ce que l'on attend de lui. La remarque était presque sèche, dirigée vers ses parents, et pas vers le médecin, alors que son regard suit le serveur, lui aussi allant vers le bar. Il recroise la silhouette de l'inconnu, laisse ses iris se balader presque malgré lui sur l'homme avant que la voix de Raphaël ne le fasse revenir sur terre. "Hum ?" Il reporte ses prunelles sur le pédiatre, perturbé quelques secondes avant de reprendre ses esprits. "Non, je ne sais pas. Qu'est-ce qu'on en dit ?" Le serveur revient avec son verre, dont il prend quelques gorgées après l'avoir remercié, tandis ce que ses prunelles rencontre de nouveau la silhouette au bar. C'est innocent, c'est malgré lui. L'homme à quelque chose d'attrayant par son physique, et Finn réprime une nouvelle fois son regard, le baissant jusqu'à son verre qu'il boit finalement cul sec. Puis il reprend, reprenant une contenance. "Et tu apprendra que j'ai toujours d'excellents goûts." Un léger rire s'échappe de ses lippes alors que la silhouette repasse de nouveau devant lui, devant leur table, et que son regard ne le suive quelque secondes. Si son regard traînait souvent sur ce genre d'homme, ça n'allait jamais plus loin. Il n'avait jamais été plus loin qu'un simple jeu de regard avec un autre homme depuis plus de dix ans, réprimant cette part de lui puisque sa famille ne l'accepterait jamais. Il essaye d'être discret, mais au fond, il sait bien qu'il ne l'était pas.

Seuls dans ce bar, il peut profiter de l'ambiance. Lui n'a pas besoin de faire couler l'alcool pour profiter de sa soirée, il n'a pas besoin d'être dans un état second pour se faire de bons souvenirs. Mais il attire l'attention de son nouvel "ami" en commandant un verre d'eau, admettant qu'une telle commande dans ce genre d'établissement est plutôt atypique. Il est sage, Finn. Il ne boit pas, ne fume pas, ne se drogue pas, ne couche pas à droite à gauche. Il est de ceux qui prennent soins d'eux, de ceux qui sont fidèle, quand bien même il n'est pas amoureux de sa femme. De ceux qui mentent, aussi. Aussi bien aux autres qu'à lui même. Il tente de faire bonne figure devant l'homme face à lui, de s'intéresser, de faire semblant tout du moins. Mais la discussion l'ennuie au plus haut point. Si bien que les deux hommes finissent par s'avouer que cette soirée n'est qu'une machination. Que leurs femmes tirent les ficelles, les forçant à faire connaissance. Parce qu'elle s'entendent bien, qu'elles espèrent une longue amitié entre ces deux couples qui - au fond - n'a pas lieu d'être. Ils finissent pas avouer qu'aucun deux ne voulaient être là, et quelque part ça détend l'atmosphère.

La soirée sera longue, et ça pousse Heartley à commander un verre de whisky, attirant une nouvelle fois l'attention de Raphaël. Sa remarque lui arrache un sourire, les yeux rivés sur les prunelles azurées du médecins. Il n'a pas tort, et il le sait. Il ne devrait pas se plier aux ordres des autres, il ne devrait pas se courber devant les autres simplement de peur de décevoir. Mais on l'a élevé comme ça. Il craint sa famille, il craint son père surtout. Il craint de décevoir sa mère, aussi, s'il n'est pas le fils qu'elle espère qu'il soit. La perfection. Reportant son regard sur son verre, il hausse les épaules avant d'y tremper ses lèvres. "Je pense que c'est plus compliqué que cela." Parce qu'il n'a pas toutes les information, Delauney, pour déterminé quel choix Finn devrait faire. Il n'est pas à sa place, ne connait pas sa vie, sa famille, toutes les conditions à prendre pour déterminé le chemin qu'il devrait prendre. Lui ne voit que cette solution, foncer droit dans le mur si on le lui demande, sans se poser de question. Être celui qu'on veut qu'il soit. Être celui dont on est fier. Puis il reporte ses iris sur le médecin, un fin sourire au coin des lèvres, soudainement un peu plus intéressé par ses dires. Un léger rire, presque un soupire, s'échappe de ses lèvres alors qu'il se redresse. "On en apprend tous les jours." Il aimerait être comme ça, être cet homme qui sait parfaitement ce qu'il fait et où il va. Prendre sa vie en main, déterminé son propre chemin. Les prunelles d'Heartley sont bien trop souvent attirée par le bar, par cette silhouette, cet homme qui l'attire irrémédiablement. Il tente de le cacher, mais sa discrétion est faible. Il réprime ses envies, réprimes son regard aussi, tentant tant bien que mal de le plonger dans ce verre qu'il boit certainement un peu trop vite. Il se fige, Finn, sous la remarque de Raphaël, avale la dernière gorgée de son whisky, puis se racle la gorge. "P-Pardon ?" Il n'est pas dupe le médecin, il a bien vite comprit, et Finneas s'en veut d'avoir été si bête, si inconscient. Mais il a cette chance de savoir mentir, d'être doué pour ça. Pour l'illusoire. Il porte son regard derrière lui, sur l'homme qui les a dépassé, sur la silhouette qui l'a interpelé, avant de revenir vers le brun, riant légèrement. "Il y'a méprise. J'ai simplement cru reconnaître quelqu'un." Le serveur toujours présent à leurs côtés, il commande un verre à son tour, un deuxième whisky, comme si l'alcool lui donnerait le courage de supporter cette soirée. Pourtant il sait bien qu'il ne boit jamais. Il sait bien que son organisme n'en a pas l'habitude. Il sait bien que l'alcool montera bien trop vite, qu'il se répandra rapidement dans ses veines. Prenant d'un geste vif le verre qu'on lui ramène, Finn remercie le serveur qui s'éclipse avant de prendre une longue gorgée de sa boisson. "Je te rappelle que je vais me marier. Et avec une femme, au cas où ça t'aurais échappé." Une femme qu'il ne désire pas. Une femme qu'il n'aime pas. Une femme pour laquelle il ne se retournerait pas comme il l'a fait pour ce garçon. Et comme pour se justifier, pour désamorcer. Comme si rajouter une couche aiderait à cacher son mensonge, il rajoute, le sourire aux lèvres, secouant doucement la tête. "Je ne suis pas... De ce bord là." Puis, un brin moqueur, portant son verre à ses lèvres il reprenait. "Mais merci. J'apprécie l'attention. Je crois."