La mi-temps

Since : 07/04/2020

La tête dans l'guidon, vive la vitesse ! x Paz & AaronDepuis qu'il était revenu dans la Grande Pomme, Aaron voyait les jours défiler à toute allure, sans qu'ils se ressemblent pour autant. Sa vie était devenue une suite de péripéties en tout genre, faisant de son quotidien un éternel renouveau.

Cela faisait désormais trois jours qu'il se faisait chambrer au travail, par les autres pompiers, sous prétexte que quelques jours plus tôt, il avait fait la rencontre, -si l'on pouvait appeler ça rencontre d'ailleurs- d'une fille, à cause d'un accident dont il avait été plus que simple témoin. Lui-même en souriait lorsqu'il se repassait la scène dans sa tête. Cela avait été bref, mais complètement fou.

~ Trois jours plus tôt.
Aaron et son unité venaient de terminer une mission dans Manhattan. Il était presque l'heure de manger et le lieutenant avait proposé à ses collègues de leur payer le déjeuner. Ils s'étaient donc arrêtés à proximité d'une pizzeria et, après que chacun ai choisi, le jeune homme était descendu passer commande, accompagné de Mike, son "bras droit".
Mais encore une fois, rien n'allait se passer comme prévu. Il venait de voir arriver une cycliste, semblant être une livreuse "Uber Eats", bien trop vite tandis qu'un homme dans sa voiture s'apprêtait à en sortir et donc, à ouvrir sa portière.
-Regarde dans ton rétro' ! avait-il failli crier en le voyant pousser de la main la porte de sa voiture. Mais évidemment, il ne le fit pas. Les rétroviseurs étaient conçus pour les chiens, c'était connu. Par chance, ou grâce à un excellent réflexe de la cycliste, elle parvint à éviter l'homme et sa voiture, mais elle ne freina pas pour autant. Le trottoir. La roue qui venait de se planter dedans. La surface en béton qui allait devenir sa piste d'atterrissage, vu sa vitesse. Et là, même avec le meilleur temps de réaction au monde, elle n'aurait pas été en mesure d'y échapper.
Aaron l'avait anticipé et s'était placé en plein dans sa trajectoire de chute. Alors, lorsque son corps passa par dessus son vélo, la jeune femme ne frappa pas le sol mais le corps du lieutenant. Lui, se laissa entraîner par la cynétique et s'écroula par terre en prenant garde à la maintenir contre lui.
Lorsqu'il reprit ses esprits, il vit qu'elle était toujours contre lui, comme si ils avaient voulu se donner une étreinte, là, en pleine rue. Constatant qu'elle semblait aller bien, Aaron tenta de l'aider à se relever. Là, tandis qu'il lui souriait et commençait à la redresser, une réplique sortit de sa bouche, provoquant au passage le rire de Mike.
- Bah pourquoi ? On est bien comme ça tous les deux. déclara-t-elle. Il y avait, à ce qu'il lui semblait, de la malice dans son regard. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle dise quelque chose comme ça et il ne sût quoi répondre, perplexe devant elle.
Ils se relevèrent. Aaron voulait appeler une ambulance ou la conduire à l'hôpital, pour s'assurer qu'elle allait bien. Mais elle refusa. Il croisa une dernière fois son regard, avant qu'elle ne se remette sur son vélo et poursuive son chemin.
- Aaron, cette femme t'as clairement dragué. T'as la côte avec les cyclistes apparemment. plaisanta Mike en riant de plus belle. Le jeune homme n'arrivait pas à croire ce qu'il venait de se passer. Ainsi, il ne pouvait même plus aller chercher à manger tranquillement sans qu'il se passe à nouveau quelque chose. ~

Cela s'était passé trois jours avant mais, depuis, aucune nouvelle de cette femme. Il n'en attendait pas de toute manière, tout comme il ne s'attendait pas à la croiser à nouveau. New-York était immense, cela avait simplement été un moment éphémère entre cette petite brune et lui. Un moment que ses collègues avaient immortalisé, scotchant une affiche de femme avec un vélo sur la porte de son casier.
Au final, il s'en amusait lui aussi. Une bonne ambiance régnait dans la maison du feu et c'était tout ce qui lui importait.

Ce jour-là, il faisait beau. Un grand ciel bleu, peu de vent et une température agréable. De quoi en profiter pour être dehors. Aaron avait, comme à son habitude, mis de la musique dans la remise des engins tandis qu'il vérifiait les mousquetons de son harnais, laissant ses équipiers profiter du soleil et de leur temps libre pour se prélasser dans l'arrière court de la caserne.
- Lieutenant, il y a quelqu'un qui est là pour vous. déclara Mike, le sortant de sa concentration. Il était étonné, il n'attendait aucune visite.
- Bienvenue dans la première unité de Rescue, mademoiselle. entendit-il. C'était encore une fois la voix de son ami qui interpellait, à l'évidence, une jeune femme. En voyant le pompier passer devant lui en lui faisant un clin d'oeil, il comprit qui était la personne venue le voir. Elle était effectivement là, cette jolie brune qui lui était tombée dessus quelques jours plus tôt.
Aaron ne put réprimer un sourire amusé. Il ne s'était clairement pas attendu à la voir débarquer à la caserne.
- Bonjour, je vous réitère la bienvenue ici. Comment allez-vous ? Enfin, depuis cette fameuse chute, je veux dire. lui demanda-t-il d'un ton chaleureux. Il était content d'avoir l'occasion de la revoir.

@paz flores

CRIMSON DAY

Since : 02/05/2020

“ La tête dans l'guidon, vive la vitesse !

AARON MONROE

Manhattan. Ce serait son secteur pour la journée. Paz n’y avait pas mis les pieds – ou plutôt les roues – depuis quelques jours. Trois, pour être exacte. La veille, elle s’était limitée au seul secteur du Queens, son lieu de résidence, car il pleuvait des cordes. L’avant-veille, c’était sur Brooklyn que son choix s’était porté parce qu’elle devait livrer de faux papiers à un groupe de jeunes. Aujourd’hui, comme le soleil était de la partie, Paz avait opté pour l’arrondissement le plus touristique de New York. Elle comptait bien en profiter pour faire un peu de tourisme elle aussi et trouver de nouveaux raccourcis qui lui permettraient peut-être de rafler la mise lors de la prochaine course-poursuite illégale organisée entre coursiers. Installée à New York depuis deux ans, la Grosse Pomme ne lui avait pas encore livrée tous ses secrets…

Airpods dans les oreilles, Paz slalomait parmi les voitures en suivant le rythme effréné d’une playlist qui lui donnait envie d’aller toujours plus vite. Pourtant, elle était totalement crevée par le nombre assez conséquent de livraisons déjà effectuées en un laps de temps relativement serré. Avec son activité secondaire, l’hispanique était loin d’être en manque d’argent pourtant, mais elle adorait la compétition, la vitesse et surtout l’adrénaline qui résultait de ce mélange. Ça frôlait même l’inconscience, parfois…

Difficile de ne pas repenser à ce qui s’était passé trois jours plus tôt dans ce même quartier ; elle avait bien failli faire les frais de son manque de prudence. Paz s’en était sortie grâce à ses réflexes ainsi qu’à l’intervention d’un pompier lui évitant un séjour à l’hôpital et probablement un billet retour pour le Honduras. Elle lui avait fait du rentre dedans. Au sens propre comme au sens figuré. Toujours sous le coup de l’adrénaline (et le trouvant à son goût), Paz n’avait trouvé que ce moyen de briser la glace et la réaction de l’autre pompier l’avait particulièrement amusée. L’hispanique leur avait sûrement laissé un bon souvenir ce jour-là. Nul doute que son sauveur se faisait charrier depuis. Ah, les hommes !

Paz pédalait justement en direction de la caserne non loin de l’endroit où l’accident avait été évité de justesse. Elle ignorait si le pompier qui l’avait empêché de finir à l’hôpital s’y trouverait aujourd’hui. Une fois arrivée sur les lieux, elle descendit de son vélo qu’elle cadenassa dans un coin et ôta son casque, mais ne rentra pas tout de suite à l’intérieur de la caserne. Au lieu de ça, Paz traversa la voirie pour acheter une boîte de donuts de différentes saveurs.

Lorsqu’elle pénétra enfin dans la caserne, elle reconnut aussitôt le deuxième homme présent au moment des faits – aka celui qui c’était bien amusé de la situation – et qui interpella aussitôt son lieutenant qu’elle devinait être son bon samaritain. Un sourire aux lèvres, Paz s’approcha alors du groupe, faisant fi du regard curieux des autres pompiers.

« Bienvenue dans la première unité de Rescue, mademoiselle. »

« Merci Messieurs ! » dit-elle en effectuant un salut militaire aussi maladroit que désinvolte, mais doublé d’un sourire malicieux.
Le lieutenant en question s’approcha d’elle, visiblement content de la revoir malgré qu’elle ait pris la fuite dès lors qu’il fut question de l’emmener à l’hôpital.

« Bonjour, je vous réitère la bienvenue ici. Comment allez-vous ? Enfin, depuis cette fameuse chute, je veux dire. » s’enquit-il aussitôt.

« Bonjour et merci pour l’accueil, Lieutenant ! Je vais bien. Grâce à un bon amorti, d’ailleurs. » répondit-elle, glissant un regard de connivence à son collègue qui semblait difficilement contrôler son envie de rire, ce qui amusa Paz qui esquissa un sourire en coin.

« Je vous amène votre commande et comme je suis partie en vitesse sans prendre le temps de vous remercier l’autre jour, je vous ai apporté le dessert. Il devrait y en avoir assez pour tout le monde. » dit-elle en lui tendant la boîte de donuts avant d’ouvrir son sac pour en tirer la fameuse livraison.

Since : 07/04/2020

La tête dans l'guidon, vive la vitesse ! x Paz & AaronAaron était surpris; content mais tout de même surpris. Il ne s'était pas attendu à voir débarquer la jeune femme au sein même de la caserne, que ce soit pour une commande ou dans le cas présent, pour le remercier. Cela n'arrivait que dans les séries télévisées ce genre de choses.
Il ne savait même pas vraiment comment réagir, sachant ce qu'elle lui avait dit lorsqu'elle s'était retrouvée allongée sur lui. Cette phrase n'avait pas quitté son esprit, tant il était inhabituel qu'on lui rentre dedans comme ça; surtout en pleine rue.

Mike ne ratait pas une seconde de leurs "retrouvailles", contenant malgré lui une envie de rire que le lieutenant lisait tout de même sur ces lèvres. Son bras droit semblait avoir compris que la petite brune ne le laissait malgré tout pas indifférent, mais qu'il luttait pour réussir à le cacher.
Elle les salua en retour, tentant un salut digne ou presque de l'armée; chose qui acheva Mike, évidemment. Aaron savait qu'il ne se passerait désormais plus une journée sans que le pompier lui parle de cette femme. Il n'était pas prêt d'en finir.
- Bonjour et merci pour l’accueil, Lieutenant ! Je vais bien. Grâce à un bon amorti, d’ailleurs. lui répondit-elle. Elle glissa un coup d'oeil à son collègue, resté à côté; semblant partager son amusement de la situation. Son sourire, autant que son air rempli de malice, lui donnait un côté charmeur qu'il appréciait.
- Pas de lieutenant avec moi, mademoiselle. Je m'appelle Aaron; ravi de savoir que vous me trouvez confortable. lui dit-il en retour. A peine avait-il parlé qu'il se surprit intérieurement de part sa réponse. Venait-il à son tour de la draguer ? Cela en avait tout l'air. A croire qu'elle arrivait à le décontenancer.

- Je vous amène votre commande et comme je suis partie en vitesse sans prendre le temps de vous remercier l’autre jour, je vous ai apporté le dessert. Il devrait y en avoir assez pour tout le monde. déclara-t-elle, lui tendant une boîte tandis qu'elle sortait la livraison. Alors finalement, elle voulait même se rattraper d'être partie comme ça, sans un mot. C'était plus que gentil, d'autant qu'il n'en attendait pas tant de sa part. Concernant la livraison, le pompier fut surpris. Il n'avait rien commandé. Ou plutôt, il n'était pas au courant. Cela signifiait qu'encore une fois, certains de ses équipiers avaient commandé à manger, alors qu'il avait lui-même fait les courses pour le repas.
- Merci beaucoup, c'est très gentil. Par contre, qui a encore acheté à manger ? Sérieux les gars, vous mangez tout le temps ! s'exclama-t-il en se tournant vers le reste des hommes qui étaient restés dans le fond de la remise, observant la scène. Il soupira; ils le fatiguaient parfois.
- Bon, très bien. Vous voulez des donuts ? Vous allez devoir les mériter. En tenue de feu, dix montées d'escaliers, maintenant ! leur ordonna-t-il. S'il devait être honnête, cela n'avait rien d'une punition. Ce n'était clairement pas son genre. Il voulait simplement être tranquille, seul à seul avec la jeune femme; se disant que la présence d'autres pompiers la gênerait peut-être. Le jeune homme termina ce qu'il avait commencé en demandant à Mike d'aller terminer un rapport dans son bureau. Ils étaient désormais seuls, l'un face à l'autre, à côté des camions.

- Désolé pour tout ça. Je ne souhaitais pas qu'ils vous importunent. s'excusa-t-il en lui souriant. Il savait que les pompiers, en règle générale, avaient des rapports particuliers avec les femmes. Peut-être était-ce à cause de l'uniforme ou du fait de "sauver des vies". Il l'ignorait, tout comme il s'en fichait.
- Maintenant que nous sommes seuls... Allez vous rester un peu avec moi ? lui demanda-t-il, son regard plongé dans le sien. Elle l'attirait, c'était une certitude. Et bien qu'il se force à contenir ce sentiment, il prenait malgré tout le dessus et cela commençait à se voir, à se ressentir.

CRIMSON DAY

Since : 02/05/2020

“ La tête dans l'guidon, vive la vitesse !

AARON MONROE

En plus de celui de Mike, Paz sentait le regard des autres pompiers braqués sur eux. Ils semblaient ne pas perdre une miette de leur échange. Elle n’arrivait toutefois pas à déterminer si c’était elle qu’ils regardaient comme une bête curieuse ou leur lieutenant qui se trouvait dans une situation totalement inédite pour eux. Les deux, sans doute. Pour Paz aussi c’était nouveau ; d’ordinaire elle évitait soigneusement les hommes en uniforme quels qu’ils soient. Elle associait l’uniforme aux forces de l’ordre et, fatalement, aux services de l’immigration. Pourtant, en franchissant le seuil de la caserne, Paz avait été accueillie chaleureusement ce qui laissait supposer que malgré l’exigence du travail, l’ambiance était détendue et lui fit presque oublier l’épée de Damoclès qui planait au-dessus de sa tête non seulement à cause de son statut de clandestine, mais aussi de son activité de faussaire.

« Pas de lieutenant avec moi, mademoiselle. Je m’appelle Aaron ; ravi de savoir que vous me trouvez confortable. »

Il fallait avouer que Paz ne s’était pas attendue à une réponse aussi enjôleuse de la part du lieutenant de caserne qui avait pourtant été pris au dépourvu lors de leur toute première rencontre. Sa répartie du jour ne fit qu’accentuer le côté joueur de l’hispanique pour le plus grand plaisir du collègue.

« Eh bien, Aaron, si ça avait été un crash test ce jour-là, vous auriez remporté la première place du podium. Pas vrai … ? »
« Mike ! » lança l’intéressé, acquiesçant la tête pour souligner ses propos.
« Mike ! » répéta-t-elle. « Le jury est unanime ! »

Trêve de plaisanterie, la brune arbora un visage plus sérieux pour se présenter à son tour aux deux hommes.

« Dans ce cas, plus de mademoiselle avec moi. Je m’appelle Paz. Contente de mettre des noms sur vos visages. » reprit-elle en continuant de déballer le contenu de son sac qui sembla exaspéré Aaron quelque peu.

« Merci beaucoup, c’est très gentil. Par contre, qui a encore acheté à manger ? Sérieux les gars, vous mangez tout le temps ! Bon, très bien. Vous voulez des donuts ? Vous allez devoir les mériter. En tenue de feu, dix montées d’escaliers, maintenant ! » ordonna-t-il, provoquant quelques grommèlements dans l’assemblée et congédiant Mike par la même occasion.

Certains pompiers échangèrent un regard avec Paz qui afficha une moue contrite en leur lançant un « Désolée. » du bout des lèvres, se doutant un peu de ce qui avait motivé l’ordre du lieutenant.

« Désolé pour tout ça. Je ne souhaitais pas qu’ils vous importunent. » dit-il en souriant.

Une attitude qui était à la fois chevaleresque et pas totalement désintéressé. Pour toute réponse, Paz arqua un sourcil doublé d’un sourire lourd de sens. Il était évident que dès les premiers instants de leur rencontre – trois jours plus tôt – Aaron avait bien compris que l’hispanique n’était pas du genre à se laisser importuner par qui que ce soit. Il souhaitait surtout qu’ils ne les importunent pas. Nuance.

« Maintenant que nous sommes seuls… Allez-vous rester un peu avec moi ? » demanda-t-il, la faisant sourire davantage.

Son regard fixant le sien, Paz le soutint en silence pendant plusieurs secondes avant de lui répondre calmement.

« Seulement si je suis certaine de ne pas vous déranger et que ma présence ne vous fera pas oublier vos hommes. »

Paz suivit alors Aaron un peu en retrait vers la salle de pause désertée par le reste de l’équipe au profit des fameuses marches et s’assit après y avoir été invitée, appréciant de mettre enfin ses jambes au repos après sa course effrénée dans les rues de Manhattan. L’hispanique laissa son regard balayer la pièce, l’analyser et le reporta ensuite sur Aaron lorsqu’elle sentit qu’il l’observait.

« Soyez honnête, la montée des marches, c’est votre vengeance pour avoir été la cible de leurs taquineries ces derniers jours, je me trompe ? » dit-elle, rompant ainsi le silence.

Since : 07/04/2020

La tête dans l'guidon, vive la vitesse ! x Paz & AaronCette jeune femme s’appelait donc Paz. Un prénom au moins aussi mignon qu’elle.
A peine était-elle arrivée à la caserne qu’elle semblait déjà prendre ces marques, notamment en gagnant la coopération de Mike, devenu son complice depuis son entrée.
Elle aimait jouer, il en était persuadé. Il n’y avait qu’à voir la manière avec laquelle elle venait de lui répondre, sollicitant au passage son ami pour appuyer ces propos.

Grâce aux ordres qu’il venait de donner, ils se retrouvèrent seuls. Son sourire et sa mimique de visage lui montrèrent qu’elle avait parfaitement compris pourquoi il avait envoyé ses hommes en exercice.
La question qu’il lui posa la fit sourire. Elle n’y répondit cependant pas sur l’instant, laissant quelques secondes s’écouler, temps pendant lequel leurs regards ne se quittèrent pas. Il y avait quelque chose entre eux, c’était indéniable. Dans la manière qu’ils avaient de se regarder, de se parler. Il le sentait, c’était comme si un lien existait déjà entre eux. Une sorte « d’électricité », présente dès lors qu’ils se trouvaient au même endroit, ensembles.

- Seulement si je suis certaine de ne pas vous déranger et que ma présence ne vous fera pas oublier vos hommes. lui répondit-elle. Lui promettre tout cela était impossible. Elle le déstabilisait, elle en était parfaitement consciente et elle jouait même là-dessus. Il était déjà clair dans sa tête que tout le travail administratif qu'il avait prévu de faire durant l'après-midi serait reporté à plus tard. Quant à ses hommes, dans le pire des cas, Mike pouvait veiller sur eux, il lui faisait entièrement confiance.
- Je ne crois pas que vous soyez en mesure de me déranger. Venez. lui répondit-il, l'invitant à le suivre vers le réfectoire où les pompiers avaient l'habitude de se réunir, pour parler de tout et de rien. Il l'invita à s'asseoir, se doutant qu'elle serait mieux assise que debout. Tandis qu'elle observait la pièce, le lieutenant posa à nouveau ses yeux sur elle. C'était une belle jeune femme, une jolie brune et elle ne le laissait clairement pas indifférent. Il aurait pu prétendre le contraire, personne ne l'aurait cru.

- Soyez honnête, la montée des marches, c’est votre vengeance pour avoir été la cible de leurs taquineries ces derniers jours, je me trompe ? lui demanda-t-elle d'un coup en se tournant vers lui.
"Pris en flagrant délit en train de l'observer, mes félicitations Aaron." se prit-il à penser. Elle n'avait pas foncièrement tort et il aurait sûrement menti en disant le contraire. Il les avaient envoyés en exercice pour ne pas être dérangé pendant qu'elle était là, c'était une chose. Mais il y avait une part de vérité dans sa demande. Cela faisait effectivement trois jours qu'il se faisait charier par rapport à elle et il pouvait être sûr que maintenant qu'elle était également venue le voir, il allait en prendre pour plusieurs semaines de plus.
- Pour être honnête, il y a du vrai dans ce que vous dîtes. Depuis trois jours, je ne compte plus le nombre d'allusions à "l'incident du vélo". C'est comme ça qu'ils appellent notre "rencontre" lui répondit-il sans pouvoir cacher l'amusement qu'il ressentait vis à vis de la situation.

- Avez vous peur du vide, Paz ? lui demanda-t-il soudain tandis qu'une idée naissait dans son esprit. A son soulagement, elle lui répondit par un signe négatif de la tête.
Aaron l'invita à nouveau à le suivre tandis qu'il allait vers l'arrière cour, là où étaient en train de courir ses hommes. Cela avait assez duré. Peu importait le nombre de montées d'escaliers qu'ils avaient réalisé, c'était suffisant. Il n'était pas là pour les punir. D'un signe des mains, il leur indiqua de stopper leur effort.
- Les donuts que notre invitée nous a gentiment apporté sont dans la cuisine. Allez-y et régalez-vous. Bon boulot les gars. les félicita-t-il en mettant une tape sur l'épaule de chacun d'entre eux. Alors que Mike s'en allait aussi, il le rattrapa; lui faisant une simple demande avant de le laisser profiter des patisseries à son tour. Quelques secondes plus tard, grâce à son ami, l'un des camions sortait du garage et se positionnait dans la cour, prêt à être utilisé.
Le jeune homme sortit d'un des coffres, des longes et harnais de sécurité et retourna auprès de la jeune femme. Mettre le harnais à une autre personne était devenu comme un geste réflexe pour lui. Il aurait pu le faire les yeux fermés, connaissant par coeur le matériel qu'il utilisait. Mais à ce moment précis, tandis que ses mains parcouraient la fine taille de la petite brune, il n'avait aucune envie de fermer les yeux. Ce geste qui n'avait rien de particulier lors d'un incendie prenait un tout autre sens dans ce contexte ci. Son regard ne quitta pas le sien pendant qu'il terminait d'ajuster les sangles à sa taille. C'était comme une irrésistible envie de se trouver contre elle, de sentir la présence de son corps contre le sien. Ca ne s'expliquait pas.

Aaron aida Paz à grimper dans la nacelle puis, il l'y rejoignit, fermant derrière lui la barrière de sécurité. Le lieutenant se mit au petit poste de contrôle et dressa la grande échelle à la verticale. Ceci étant fait, il la développa jusqu'à atteindre sa hauteur maximale, à savoir une trentaine de mètres au dessus du sol. A cette hauteur, le vent était plus présent qu'au sol et la légère brise venait gentiment faire bouger la nacelle. La vue était imprenable, on pouvait même apercevoir Central Park un peu plus loin.
- Faites moi confiance, d'accord ? lui dit-il.
Il se plaça derrière elle, son torse contre son dos et vint se saisir délicatement de ces mains, entrelacant ses doigts avec ceux de Paz. Enfin, il écarta doucement les bras, entraînant les siens avec lui, jusqu'à pouvoir sentir le vent caresser sa peau, de manière aussi douce que brève. Sa tête pratiquement posée contre la sienne, il put sentir pour la première fois son agréable parfum. S'en était presque enivrant pour lui, qui n'avait pas été aussi proche de quelqu'un depuis plusieurs mois.
Tout se faisait de manière incroyablement naturelle, à tel point qu'il appréciait autant tout ces moments qu'ils ne le perturbaient également.
- On est bien comme ça tout les deux, non ? lui glissa-t-il au creux de l'oreille, faisant référence à sa première réplique, trois jours plus tôt.

CRIMSON DAY

Since : 02/05/2020

“ La tête dans l'guidon, vive la vitesse !

AARON MONROE

N’allez pas croire que Paz avait toujours eu une aisance naturelle. Enfant, elle s’était toujours montrée très réservée - effacée, même - ne trouvant refuge que dans sa passion pour l’art. Cette assurance, Paz l’avait acquise grâce à la protection de son frère et s’était épanouie lorsqu’elle avait posé le pied sur le sol américain deux ans plus tôt. Dans son pays natal, elle ne se serait jamais permise autant de liberté et encore moins envers un homme.

En 2012, l’ONU avait déclaré que le Honduras détenait le plus haut taux de meurtres au monde, à savoir 11 fois supérieur à la « normale ». Triste record.
Être une femme dans cette petite nation centraméricaine relevait même du calvaire. Elles étaient souvent victimes de viol, de maltraitantes, de menaces, privées de certains droits pourtant fondamentaux dans d’autres pays et, parfois, victimes de crime passionnel. Ainsi, beaucoup d’entre elles prenaient la route de l’exil vers les États-Unis ou l’Europe, malgré les dangers du voyage.
Paz avait eu de la chance d’avoir pu compter sur Léo pendant toute la durée du trajet et il ne se passait pas un jour sans qu’elle s’inquiète de son sort.

Sa manière de se comporter aujourd’hui était à mille lieux de ce qu’elle avait pu être à Tegucigalpa. Comme un moyen de tourner la page et de commencer le nouveau chapitre d’une vie qu’elle espérait plus sereine même si elle continuait à vivre dangereusement en s’adonnant à des pratiques totalement illégales.

Son regard brun était à présent accroché à celui de Aaron, appréciant la tension qui s’était installée entre eux en si peu de temps et sans qu’elle ne puisse l’expliquer. Il faisait partie des personnes que Paz se devait d’éviter soigneusement pour des raisons évitantes. Pourtant, elle s’était pointée dans la caserne avec une boite de donuts entre les mains et, à présent, ils étaient assis seul dans le réfectoire de la caserne.

« Pour être honnête, il y a du vrai dans ce que vous dites. Depuis trois jours, je ne compte plus le nombre d’allusions à l’incident du vélo. C’est comme ça qu’ils appellent notre rencontre. » avoua-t-il, la faisant légèrement pouffer d’amusement.
Il était vrai que ladite rencontre était presque digne d’un téléfilm.

Aaron lui demanda alors si elle avait peur du vide, ce à quoi Paz répondit à la négatif et d’un simple mouvement de tête. C’était même tout l’inverse. Tegucigalpa étant située sur des collines encerclées de montagnes, à près de 1 000 mètres d’altitude, autant dire que l’hispanique adorait être en hauteur et qu’elle lui rappelait les meilleurs aspects de son pays. Paz suivit donc Aaron à l’arrière du bâtiment, congédiant ses hommes à leur plus grand soulagement. Elle put une fois de plus assister à un esprit d’équipe qui tenait plus de la fraternité que de la camaraderie.

Quelques instants plus tard, tandis qu’ils se tenaient de nouveau devant un camion, Paz laissa le pompier lui mettre un harnais de sécurité. La rebelle se laissa pourtant faire docilement, son regard plongé dans le sien. C’était comme une compétition à celui qui détournerait les yeux en premier, la faisant sourire davantage. L’hispanique appréciait l’assurance dont Aaron faisait preuve à présent après s’être montré si perturbé par la sienne quelques jours plus tôt.

Après une manœuvre du lieutenant, Paz grimpa aisément jusqu’au sommet de la nacelle et fut rejoint par Aaron tandis qu’elle admirait la vue imprenable sur Manhattan et son petit coin de verdure qui ne pouvait être que Central Park. Le paysage était digne d’une carte postale. Paz apprécia la légère brise de ce mois mai qui sembla lui redonner un peu de peps.

« Faites moi confiance, d’accord ? »
Paz acquiesça tandis qu’il se plaçait derrière elle. Tactile, il prit ses mains, posa sa tête contre la sienne et murmura :
« On est bien comme ça tous les deux, non ? »

Paz ne put contenir un léger rire, fortement amusée par sa réplique qui n’était pas sans lui rappeler la sienne, trois jours plus tôt. Elle tourna alors la tête, cherchant à capter une nouvelle fois son regard, esquissant un énième sourire.

« Finement placée. » répliqua-t-elle.

Elle se contenta ensuite de profiter de la vue depuis cet observatoire pour le moins atypique.

« Nous sommes à combien de mètres ? » demanda-t-elle enfin, curieuse de savoir jusqu’à quelle hauteur l’échelle d’un camion de pompier pouvait être déployée.

Since : 07/04/2020

La tête dans l'guidon, vive la vitesse ! x Paz & AaronSi quelqu'un lui avait dit, quelques mois plus tôt, qu'il se retrouverait en haut de la grand échelle, aux côtés d'une jolie brune dont il ignorerait presque tout, il ne l'aurait pas cru.
Tout simplement, parce que cela ne lui ressemblait pas. La seule personne dont il avait réellement été amoureux n'avait jamais mis les pieds dans un camion de pompier. Il n'était pas du genre à ramener des filles à la caserne, à jouer de son uniforme pour obtenir ce qu'il voulait; ce n'était clairement pas son style.
Mais avec Paz, tout était différent. Ce qu'il semblait savoir, les émotions qu'il pensait maîtriser, tout était à revoir. Elle le déstabilisait, rien que part son regard. De jolis yeux à l'iris de couleur brune et qui avaient le pouvoir de lui faire perdre ses moyens. Avant elle, seule une femme en avait été capable; c'était sans doute là aussi, une constatation qui le troublait.

Alors qu'il était toujours contre elle, et après sa réplique, la jeune femme lâcha un petit rire, comprenant l'allusion à sa propre réplique lors de leur rencontre. Elle tourna la tête vers lui, son regard cherchant le sien. De nouvelles secondes de tension s'en suivirent, pendant lesquelles Aaron accéda à sa requête, tournant à son tour ses yeux vers elle. Son coeur battait si fort dans sa poitrine qu'il aurait pu croire qu'il allait exploser. Leurs visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre et il pouvait même percevoir son souffle sur sa peau. C'était dans ce genre de moment qu'il aurait voulu arrêter le temps, arrêter la vie autour de lui. Il aurait aimé que rien d'autre ne compte que de se trouver avec elle, contre elle.
Son regard passa un instant sur ces lèvres et une envie de l'embrasser lui traversa l'esprit. Tout cela ne lui ressemblait pas mais c'était bien présent. Les sensations qu'il ressentait étaient aussi étranges que puissantes.

- Finement placée. lui répondit-elle en lui souriant. Ils se cherchaient, c'était indéniable. Ca commencait par le regard; ils se testaient. Qui le détournerait en premier ? Ca passait ensuite par les sourires échangés. Qui serait le premier à craquer ? Bizarrement, cela lui plaisait. Il n'avait pas connu une telle complicité depuis bien longtemps. Probablement depuis cette dernière relation qui l'avait marqué.
Aaron la laissa profiter de la vue tandis qu'il profitait de sa présence à ses côtés. Naturellement, tout en gardant ses mains dans les siennes, il l'attira doucement contre lui, formant comme un cocon protecteur autour de son corps. Son torse contre son dos, ses mains croisées sur son ventre, sa tête doucement reposée contre la sienne, les lèvres dans ces cheveux, il ferma les yeux; se contentant d'apprécier l'instant présent.
Il n'aurait sû expliquer ce qui lui arrivait et il n'en avait pas envie de toute manière.

- Nous sommes à combien de mètres ? lui demanda-t-elle, le sortant soudain de ses pensées. Il releva la tête, regardant l'horizon, les grattes-ciel à perte de vue et le paysage qui s'offrait à eux. Il la lâcha et s'avança jusqu'au bord de la nacelle, se penchant par dessus la barrière pour observer le sol.
- Une trentaine de mètres. Ce n'est pas excessivement haut; mais ça suffit pour qu'on soit tranquille. répondit-il en lui faisant un nouveau sourire.

Une idée venait de voir le jour dans son esprit et il comptait bien s'en servir. Il balaya la nacelle du regard, visualisant les choses dans son esprit. Peu de place mais suffisamment pour que cela fonctionne. Il sortit son portable de sa poche et le posa sur la surface du boîtier de contrôle de l'échelle. Enfin, il enclencha une musique, entièrement instrumentale et qu'il affectionnait autant de part sa qualité que de part son rythme, plutôt lent. La mélodie était douce mais assez entraînante pour un slow. Cela conviendrait parfaitement à l'espace plutôt restreint dans lequel ils se trouvaient.
Son regard à nouveau dans le sien, il plaça une main dans son dos tandis qu'il lui tendait l'autre, ouverte en signe d'invitation.

- M'accorderez-vous une danse ? lui demanda-t-il, espérant pouvoir prolonger ce moment aussi intense que particulier.

CRIMSON DAY

Since : 02/05/2020

“ La tête dans l'guidon, vive la vitesse !

AARON MONROE

Observer New York en hauteur était à la portée de tous ; ce n’était pas les gratte-ciels qui manquaient ici et Paz avait même pu admirer la ville depuis le sommet de l’Empire State Building. Pourtant la sensation éprouvée au sommet de l’échelle d’un camion de pompier n’avait rien de comparable. Elle avait presque l’impression d’être suspendue dans le vide, une aubaine pour cette amatrice de sensations fortes. Paz avait aussi conscience d’être privilégiée et qu’en dehors du personnel habilité, peu de personne avait l’opportunité de se trouver dans une telle situation. Elle n’avait pas le fantasme de l’uniforme. C’était plutôt une phobie compte-tenu de sa capacité à s’attirer des ennuis (ou plutôt à les chercher). Une réflexion qui ne fut que renforcée lorsque ses yeux croisèrent ceux d’Aaron qui glissèrent brièvement sur ses lèvres, signe d’un désir à peine dissimulé et qu’elle n’avait fait que stimulé par son attitude joueuse.

L’hispanique aimait le fait de s’élever loin du tumulte de la ville ou tout simplement d’une vie bien compliquée et qu’elle vivait à 100km/h sans se soucier du lendemain. Rares étaient les moments où Paz réussissait à calmer ses ardeurs ; être en hauteur faisait définitivement partie de cette liste et était également une chose qu’elle partageait avec son frère. Difficile de ne pas songer à Léo, toujours coincé au Mexique. A Tegucigalpa, ils avaient même leur propre « perchoir », un spot en hauteur où ils aimaient se rendre à un tel point que lorsque son frère cherchait Paz, il savait exactement où la trouver. Et inversement. L’endroit avait été témoin de bien des confidences, mais aussi de bien des disputes, parfois…

Pour éviter de trop songer à ces trois années de séparation qui commençaient sérieusement à lui peser, Paz ne trouva rien d’autre que de demander à Aaron la distance les séparant du sol. Le pompier se pencha alors pour la jauger à vue d’oeil.

« Une trentaine de mètres. Ce n’est pas excessivement haut ; mais ça suffit pour qu’on soit tranquille. »

Aaron se redressa, l’air soudain pensif comme s’il machinait un plan. Paz pencha légèrement la tête sur le côté avec scepticisme tandis qu’il sortait son téléphone de sa poche pour lancer un morceau de musique et lui faire une petite révérence.

« M’accorderez-vous une danse ? »

L’hispanique se mit à rire, secouant légèrement la tête de gauche à droite face à la situation improbable qui était en train de se produire. C’était bien la première fois qu’on lui faisait une demande de ce genre en y mettant les formes.

« Je ne suis pas en mesure de négocier. » dit-elle en penchant légèrement la tête par-dessus la nacelle comme pour lui faire comprendre qu’elle était sa « prisonnière » pour le coup. « … Et je vous dois bien ça ! ».

Sur ce, elle se rapprocha en regardant instinctivement ses pieds pour la simple et bonne raison que le slow n’était pas sa danse de prédilection. C’était beaucoup trop lent pour l’hyperactive qu’elle était. Paz plaça néanmoins instinctivement ses mains sur le corps d’Aaron, s’en approchant un peu plus et cala ses mouvements aux siens.

« Oups, désolée. » sourit-elle lorsque son pied écrasa celui d’Aaron, pourtant bien protégé dans une paire de rangers.

Elle reprit le mouvement, mais se montra de nouveau maladroite après quelques pas.

« Désolée, de toute évidence, mes jambes ne veulent plus coopérer pour aujourd’hui. » s'excusa-t-elle de nouveau ; en réalité, elle avait des talents pour tout un tas de choses, mais la danse n'était pas du tout son domaine.

Since : 07/04/2020

La tête dans l'guidon, vive la vitesse ! x Paz & AaronAaron n'avait pas imaginé que Paz puisse être aussi à l'aise en hauteur, dans la nacelle d'un camion de pompier. Et pourtant, c'était le cas. Il sentait qu'elle aimait ça, rien que de part son comportement.

Elle parvenait à le destabiliser, sur tout les fronts. Elle jouait avec lui, de manière plus ou moins directe et il le savait; parce qu'il en perdait parfois ses moyens. Ce n'était pas dans son habitude.
Le lieutenant ne voulait pas céder à la tentation. Il n'avait aucune idée de ce que voulait la jeune femme, peut-être était-ce simplement à l'opposé de ce qu'il recherchait de son côté.
Et pourtant, c'était bien lui qui venait de l'inviter à danser, à une trentaine de mètres de haut. C'était particulier, mais c'était à l'image de tout ce qu'il se passait depuis qu'elle lui était "rentrée dedans".
Sa demande la fit rire et il ne put s'empêcher de lui sourire en retour, aimant l'air joyeux qui pointait sur son visage.

- Je ne suis pas en mesure de négocier. déclara-t-elle tandis qu'elle lui faisait comprendre de manière déguisée que la situation ne lui permettait pas vraiment de décliner l'invitation.
- Et je vous dois bien ça ! termina-t-elle de dire. Cette remarque le fit sourire. C'était une phrase que les gens en général avaient tendance à dire après avoir été "sauvés". Cependant, aux yeux d'Aaron, personne ne lui devait quoi que ce soit. Pas plus Paz que l'inconnu au coin de la rue.
- Vous avez toujours le droit de refuser. Surtout que vous ne me devez rien du tout. lui répondit-il en appuyant la fin de sa phrase, afin de lui faire comprendre qu'il n'attendait rien en retour de son geste. Le pompier se sentait déjà chanceux de revoir la jolie brune, de pouvoir discuter avec elle et de partager des minutes à ces côtés. Rien d'autre n'aurait pu lui faire plus plaisir.

Paz s'approcha, jusqu'à être presque contre lui; placant ses mains sur son corps. Néanmoins, Aaron sentit dans ces mouvements que cette danse ne lui convenait pas. Il lâcha un petit rire amusé tandis qu'il profitait simplement de sa présence. Inexplicablement, il aimait la sentir proche de lui; et le jeune homme aurait sans doute voulu que cet instant perdure dans le temps.
- Oups, désolée. glissa-t-elle tandis qu'il sentait son pied sur sa rangers. Un nouveau sourire fit son apparition sur ses lèvres. Ses pieds ne risquaient strictement rien et ce côté maladroit qu'elle avait soudain lui plaisait tout autant que ce qu'elle lui avait précédemment montré.
- Ne vous excusez pas, ce n'est pas comme si vous me tombiez dessus cette fois. la taquina-t-il en lui faisant un clin d'oeil. Aaron prenait plaisir à se souvenir des circonstances de leur rencontre. Il avait en lui la petite conviction que cette chute allait peut-être changer sa vie.
- Désolée, de toute évidence, mes jambes ne veulent plus coopérer pour aujourd’hui. déclara-t-elle après quelques pas de plus. A son regret à peine dissimulé, le lieutenant écarta ses bras de son corps, la libérant ainsi de son étreinte. Peut-être ce style de danse n'était-il pas celui qu'affectionnait la petite brune après tout.

Aaron s'assit contre la barrière de la nacelle et invita Paz à venir le rejoindre d'un signe de la main. Il espérait secrètement qu'ils retrouveraient leur proximité initiale, quitte à ce qu'elle vienne poser sa tête sur son épaule. Il y avait pour le coup, suffisamment d'espace pour qu'ils tiennent allongés l'un contre l'autre sur le sol. Mais ça non plus, cela ne lui était jamais arrivé -hors exercice-.
- Aurai-je le droit d'en savoir plus sur vous ? Mis à part votre prénom et votre activité de coursière, je ne sais rien de vous. lui dit-il en la regardant à nouveau.

- Ce qui se dira ici restera entre nous, soyez en sûre. précisa-t-il ensuite, se disant qu'il pouvait être important de le souligner. Il leva les yeux vers elle, cherchant à nouveau son regard, désirant se perdre encore une fois dedans.

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