Tout n'était pas éternel dans la vie même si parfois, on aimerait tous pouvoir capter l'instant présent et pouvoir le revivre inlassablement. C'était d'ailleurs la raison du pourquoi il avait décidé d'aller étudier la photographie. Cet art permettait de figer le temps en un seul cliché que l'on pouvait admirer chaque jour à toute heure de la journée. Contrairement à la vie en général, les photos ne semblaient pas être atteintes par les dégâts causés par le temps, l'unique unité de mesure qui dirige notre monde.

Et comme la nuit ne peut être éternelle, tôt ou tard, Séléné doit léguer sa place à son rival : Hélios. Les doux rayons matinaux osèrent enfin pointer le bout de leur nez à travers la pièce qui était indéniablement la chambre de John. Ceux-ci agissaient comme une douce caresse sur la délicate peau de notre photographe qui n'avait décidément rien à envier des stars hollywoodiennes. Il avait tout pour lui : la beauté, la passion, le sexe, mais pas l'amour. De toute manière, les relations amoureuses ne l'avaient jamais réellement intéressé si ce n'était qu'une qu'il pouvait frôler du bout des doigts dans ses rêves sans jamais pouvoir la toucher. Si certains auraient cru ce rêve presque impossible à réaliser, c'était tout le contraire pour notre Campbell qui avait toutes les clés en main pour réussir, mais son passé tâchait tout : il avait pris des décisions qu'aujourd'hui il commençait à regretter.

D'ailleurs, cette personne le tourmentait au plus haut point qu'il en faisait presque une obsession malsaine. Chaque matin (comme celui-ci), il avait sa petite routine habituelle qui consistait à aller stalker son mannequin favori sur Instagram : William Wallace.

Son corps d'Apollon était mis en valeur par ses courbes purement masculines éclairées par son meilleur atout : le soleil. Celui-ci était d'ailleurs dans sa meilleure tenue : celle d'Adam ayant comme seul vêtement son drap en satin qui masquait le bas de son corps au niveau de ses hanches. John aurait bien fait la grâce matinée, mais son emploi du temps faisait barrière à ce désir : il devait se préparer car aujourd'hui, Gucci comptait en ses talents de maquilleur pour transformer leurs mannequins « potables » en de véritables « beaux gosses » qui feraient tomber Aphrodite de son trône. Peut-être qu'avec un peu de chance il aura l’occasion de croiser William là-bas, mais disons qu'il n'y croyait pas trop voir carrément pas.

Après s'être assuré qu'aucune publication avait frôlé l'Instagram de son ««« crush »»», le photographe se dépêcha d'aller se préparer avant de partir de son appartement avec sa mallette en main pour aller rejoindre son Uber en bas de son immeuble qui le conduisit rapidement vers la 5e avenue face à l'un des édifices qui appartenaient à Gucci.

Quelques minutes plus tard, John rejoignit l'ascenseur de l'édifice sans omettre de saluer les différentes personnes qu'il avait pu croiser sur son chemin (et surtout après avoir échangé son numéro avec une de ses charmantes demoiselles), il alla s'installer à son poste de travail en préparant son matériel sur la table face à lui et quand celui-ci eut fini, le Campbell s'installa dans la chaise qui était consacrée aux personnes qu'il allait devoir maquiller s'attendant aucunement à devoir prendre en charge le Wallace ou plutôt son « ex-petit ami » de l'époque.

@William Wallace

Le temps, la seule unité de mesure. Ouais, John le sentait bien le temps. Chaque cellule de son corps était soumise au temps. Les minutes se transformaient en secondes et les secondes en microsecondes. Tout ça pour dire qu'il s'emmerdait bien sur sa chaise. Ouais. Il se demandait même si sa place était bel et bien ici. C'est vrai : tous ses présumés collègues maquilleurs avaient déjà quelqu'un à s'occuper. Malheureusement, il n'eut d'autres choix que de sortir son téléphone pour se distraire en allant voir ses messages privés. Rien de bien intéressant au final si ce n'est qu'une fille qui en demandait encore. La pauvre, elle ne connaissait pas la règle d'or du Campbell ? La voici : Une seule fois tu me toucheras. En résumé ? Il ne couche jamais deux fois avec la même personne à quelques exceptions près.

Finalement, il entendit des pas s'approcher ainsi qu'une voix le saluer ce qui le tira de ses pensées. Relevant les yeux de l'objet électronique, il tomba nez à nez avec ce qui semblait être... William Wallace. Pure coïncidence n'est-ce pas ? Lui aussi il se demandait fortement s'il s'agissait d'une blague ou un coup du destin. Peut-être que Dieu avait enfin entendu ses prières silencieuses ? Ou peut-être c'est un sale coup d'Aphrodite qui est jalouse de sa beauté et donc elle désire du drama en les réunissant ? À son avis, un peu toutes ses réponses. Il ne pria pas pour lui sortir son arme la plus fatale : son sourire le plus charmeur. Celui dont toutes les filles tombaient amoureuses. Celui qui avait réussi à conquérir le coeur de William. Mais son sourire avait un goût amer : était-ce la nostalgie ?

« Surprise ! Avoue tu ne t'y attendais pas ? Je dois avouer que moi aussi en fait. » Ouais, c'était la seule chose qu'il avait trouvé à dire. En effet, ça craint vachement. Dans tous les cas, Matthew n'attendit pas une seule seconde pour se relever en libérant la chaise dont il avait occupé précédemment. Il n'avait pas vraiment le temps de faire causette avec William même si l'objectif resta le même : le maquiller ET chopper son numéro. Quoique, peut-être l'avait-il gardé dans ses contacts ? N'empêche, ça ferait très malsain qu'il l'ait gardé donc, mieux qu'il lui donne. Mais encore, fallait-il que ça arrive, n'est-ce pas ? Et ce n'était pas demain que ça allait arriver mais comme dit le dicton : Rome ne s'est pas construit en un jour. John avait encore espoir. Ouais, espoir. C'était son côté persévérant qui parlait actuellement. « Quoi ? T'as pas l'air très enjoué de me voir. Pourtant, me voici en chair et en os. Et non, ce n'est pas une blague. »

Ne perdant pas une seule seconde, il s'avança vers son espace de travail du jour après avoir rangé son téléphone dans son jean qui lui donnait une sacrée paire de fesses d'ailleurs, fallait le dire. Même les hétéros à 100% craqueraient face à ses formes. Qui ne le jalousait pas d'ailleurs ? Il avait tout pour lui : popularité, sexe et beauté. Que demande le peuple de plus ?

Fouillant dans sa mallette de maquillage, il y tira divers produits notamment plusieurs fonds de teint ainsi qu'un fixe plus mac. Se tournant de côté pour mieux voir William, il s'arma de plusieurs teintes pour trouver celle qui lui convenait le plus avec son oeil d'expert. Lorsqu'il eut terminé de choisir, il avait maintenant sa brume fixante en main droite avec le fond de teint dans celle de gauche. Il fit un geste de tête vers la chaise libre en lui indiquant de s'installer. « Installe-toi, on n'a pas une seconde de plus à perdre. »

Lorsqu'il fut plus près, il remarqua ses cernes sous les yeux qui avaient plus l'air de véritables grottes de Lascaux qu'autre chose. Son côté professionnel fit presque une crise cardiaque en voyant cette horreur. Pauvre corps qui devait souffrir le martyr avec Will aux commandes. Il poussa un profond soupire en voyant cela, mais préféra ne pas y faire allusion même si c'était très très très tentant. Voyant un blanc s'installer, il poursuivit avec sa fameuse répartie.« Oh salut John, toi aussi tu m'as manqué ! Quoi de neuf depuis la dernière fois qu'on s'est parlé ? » Bon allez, c'était vraiment trop tentant de faire une remarque sur ses cernes alors le Campbell ne put retenir longtemps son envie irrépressible de le dire. De toute manière, ça avait toujours été comme ça : tout ce qui lui traverse la tête se retrouve à être dit. C'est pour cela qu'il fait un piètre porteur de secrets. « J'en connais un qui a fait la fête pour avoir des cernes aussi creux. Tu vas me vider la moitié de mon cache-cerne ! D'ailleurs, je t'ai connu plus bavard. »

@William Wallace