Si on t’avait dit un jour que tu deviendrais un mannequin qui se fait connaître un peu plus à chaque apparition, tu aurais sûrement haussé les sourcils et dévisager la personne avant de retourner te plonger dans la lecture d’un livre quelconque étant nécessaire pour ton éducation. Tu as toujours pensé que tu finirais quand même par rejoindre l’entreprise familiale donc tu avais eu beaucoup de mal au début de ta carrière en tant que mannequin. Pourtant, tu travaille maintenant pour plusieurs marques de haute couture ainsi que quelques marques de bijoux et parfums. Et tu ne remercieras jamais assez Scott de t’avoir fait passer ce casting pour rejoindre une agence de mannequin.

Depuis tes débuts, tu as eu la chance de côtoyer certaines célébrités, débutantes ou connues mondialement, pendant certains shootings et tu en étais ressorti à chaque fois avec les yeux brillant et une expérience de plus en plus importante. Si certaines de ces stars avaient gardés contact avec toi et faisaient régulièrement des shootings à tes côtés, d’autres s’en allaient sans rien d’autre qu’un sourire et quelques mots de remerciements, remplacés par d’autres stars. Et, contrairement à d’autres mannequins, tu adores travailler ; collaborer avec ces célébrités, surtout quand ces derniers résidents à New York car c’est plus facile de suivre l’avancée de vos shootings ensemble.

C’est surement pour cette raison que l’on te proposait plus facilement ce genre de contrats vu que tu les acceptes presque tous. Les quelques fois où tu as refusé, c’était par respect envers les valeurs que tu défends depuis tes débuts : le respect et l’amour de tous. Et c’est justement pour l’un de ses contrats que tu te dirigeais vers l’un des lieux où tu prends régulièrement des photos ou que tu poses devant un appareil. On t’avait juste dit que la célébrité d’aujourd’hui était très connu auprès de ta génération mais tu n’avais pas voulu en savoir plus car, te connaissant, tu aurais passé plusieurs heures à te renseigner sur cette personne alors que l’on te veut physiquement, et moralement, en forme.  

Une fois arrivé sur place, tu partis directement dans les loges après avoir salué les personnes présentes avec ton sourire et ton air sûr de toi que tu avais abordé dès ton entrée dans les locaux. Peut-être qu’un jour tu n’auras plus besoin de faire semblant. Ta maquilleuse te fit un grand sourire lorsque tu pénétras dans la pièce où elle semblait déjà t’attendre depuis quelques minutes et tu t’excusas auprès d’elle avec un petit sourire gêné. Mais, comme d’habitude, elle ne te fit aucune remarque, étant habituée à ce que tu arrives après elle la plupart du temps. Te montrant les tenues que tu allais porter lors de ce shooting, elle coiffa tes cheveux, ces derniers étant partis en pleine bataille contre l’autorité de la brosse. Enfilant la première tenue, un jean accompagné d’une chemise bleu ciel ouverte sur plusieurs boutons en haut, tu laissas à Elena la joie de coiffer tes cheveux en un chignon pendant qu’elle te parlait la personne avec qui tu allais poser aujourd’hui.

Une fois qu’elle fut certaine qu’elle ne bougerait pas, Elena te laissa sortir de la loge pour que tu puisses te diriger là où on t’attendait. Saluant chaque personne que tu croises, tu observas attentivement les personnes présentes ici. Puis tu le repéras, tu t’aperçus rapidement que ce serait lui vu que sa tête est affichée régulièrement dans certains magazines. Fronçant les sourcils, tu te demandas la raison pour laquelle on vous faisait collaborer aujourd’hui, mais tu t’approchas de lui avec le même sourire confiant que celui destiné aux autres.

« Bonjour, tu dois être Misha ? Je suis William, nous allons travailler ensemble aujourd’hui si j’ai bien compris. »

Ces derniers temps, on lui trouvait des missions un peu en décalage avec son métier. Des tournages de publicité, des propositions de rôle au cinéma. Il n’était pas contre, mais il avait le doute d’être aussi bon que face à un micro, sur scène. Lui, c’est la musique qui le transporte, qui l’enivre. Il a envie de partager ses états d’âme avec le publique, à travers ses textes. Néanmoins, face à l’insistance de son manager, il finissait toujours par dire oui à tout. De toute façon, ce dernier lui trouvait tout et n’importe quoi, pour l’occuper et l’empêcher de sortir et picoler. Mais officiellement, il lui racontait que c’était pour son image, qu’être partout lui assurait d’agrandir son publique. En avait-il vraiment besoin ?  

Aujourd’hui, c’était un shooting qu’on lui avait prévu. Pour une marque de fringues, et de luxe. Il s’attendait à poser avec pas mal de nanas, après tout, c’était ça son image. Et ce depuis le japon. L’homme à femmes. Le coureur de jupon, il fut un temps. Sa vie était beaucoup plus calme depuis qu’il était arrivé en Amérique, côté cœur. Il ignorait totalement pourquoi. Simplement parce qu’il a mûrit ? Ou qu’il ouvre les yeux aussi. De toute façon, c’était avec un garçon qu’il allait bosser aujourd’hui. William Wallace. Il ne l’avait encore jamais rencontré, mais il savait sa renommée grandissante. Il savait aussi qu’il était le fils de l’une des plus grandes puissances du pays. Était-ce pour son talent ou pour son nom qu’il en était là ? Il pourrait en juger aujourd’hui.  

Mains dans les poches de son jogging, il arrivait tranquillement, bien qu’en retard. Il se faisait un plaisir de ne jamais respecter ses horaires depuis un certain temps, pour emmerder son entourage qui l’empêchait de vivre pleinement, suite à cette stupide cure de désintoxe. Le visage caché sous sa casquette, il se frayait un chemin dans les studios, saluant les têtes connues au passage. On le menait à une loge, où il se changeait, enfilant ces fringues qui ne collaient pas à son style, mais qui se revendraient à des prix exorbitants dans toutes les vitrines du monde, surtout Paris. On le coiffait, puis de quelques touches de fond de teint et d’anticernes, on laissait le publique penser qu’il allait mieux que jamais, cachant la fatigue pourtant visible sous ses yeux. Fin prêt, il se dirigeait vers la pièce du shooting. Bien éclairée, décorée, et ou grouillait déjà pas mal de monde. Il saluait timidement les employés, le photographe. Puis une silhouette bien apprêtée se rapproche. Même coiffé de la sorte, il le reconnaissait rapidement. C’était William, le mannequin avec qui il travaillerait. Il l’accueillait chaleureusement, alors Misha lui rendait son sourire, tout en lui tendant la main, pour se présenter poliment. « Bonjour, tu dois être Misha ? Je suis William, nous allons travailler ensemble aujourd’hui si j’ai bien compris. »

« Ravis de te rencontrer. »

Ravis, c’était plus pour être poli qu’autre chose, parce qu’à dire vrai, Misha n’était pas du genre à éplucher les magazines, alors il ignorait bien les noms des plus grands mannequins du moment. Néanmoins, il était vrai qu’il tentait de cacher une certaine appréhension. Ce gars-là était plus jeune que lui, mais probablement déjà très doué dans le domaine. Alors que le petit Polonais lui, il savait poser à l’arrivée d’une soirée mondaine, ou pour une pochette de disque. Pas pour promouvoir des fringues.  

« C’est la première fois que je fais ça, je veux dire, des photos de mode. J’espère que je serais à la hauteur. »

Ajoutait-il, le sourire plus franc. Sa main retombant contre lui, il s’empressait de la glisser dans sa poche, alors que son regard s’arrêtait sur celui de William. Intriguant, de couleur émeraude. De beaux yeux, il ne pouvait le nier. Alors rapidement, il détournait son attention pour ne pas avoir à le reconnaître. Se perdre dans les yeux des filles, oui, mais ceux d’un homme, il se le refusait. Encore et toujours.

« On commence ? »

Demandait-il pour fuir sa contemplation, se frottant nerveusement les mains alors qu’il se dirigeait vers le fond de la pièce, là où le photographe installait son matériel.

Tu avais à peine fini de te présenter que l’homme en face de toi te tendis la main, main que tu t’empressas de serrer pour ne pas être malpoli. Tu l’observas rapidement, admirant le travail des stylistes ayant crées les vêtements que ton partenaire de travail portait mais les maquilleuses semblaient aussi avoir travaillé sur son visage puisqu’il paraissait moins fatigué que ce que tu avais pu voir sur internet pendant que Elena te coiffait. Mais tu pouvais comprendre qu’un artiste comme lui puisse en avoir besoin, cela ne doit pas être facile tous les jours de devoir travaillé et créer un contenu régulièrement pour ses fans. Tu n’avais, heureusement, pas cela à vivre mais tu avais souvent besoin des bons soins des maquilleuses pour masquer tes cernes lors des voyages en Europe ou dans d’autres continents avec d’autres fuseaux horaires. Sa remarque te fit sourire légèrement, te rappelant très bien dans quel état tu étais lors de ton premier shooting. Observant ce qu’il se passait autour de vous, tu plongeas ton regard dans le sien.

« Ce n’est pas très compliqué à faire, il suffit juste d’être naturel tout en suivant les ordres du photographe. Puis, l’équipe est là pour t’aider et moi aussi ! Je sais à quel point ça peut paraître déroutant la première fois mais on finit par s’y faire et cela devient rapidement naturel. »

Tu hochas la tête silencieusement lorsque tu le vis détourner le regard, te faisant hausser légèrement un sourcil avant de hausser les épaules et te diriger vers le photographe qui vous accueilli avec le même grand sourire que d’habitude. Ce n’était pas la première fois que tu travaillais avec lui, il avait même été ton premier photographe lors de tes débuts.

« William ! Misha ! Vos tenues sont parfaitement accordées, j’adore le travail que les stylistes ont fait sur ces pièces. J’espère que vous n’êtes pas trop stressés ? C’est une petite séance tranquille et on va commencer doucement pour que tu puisses t’habituer Misha ! Vous êtes prêts ? »

Hochant la tête, tu écoutas les instructions du photographe tout en surveillant ton collègue d’un jour de l’œil, veillant à ce qu’il comprenne bien lui aussi. Beaucoup pensent que tu n’as pas vraiment d’expérience à cause de ton jeune âge mais tu en avais assez pour aider des personnes qui, comme toi quelques années plus tôt, débutaient dans ce domaine si particulier. Puis, tu ne voulais pas qu’il garde une mauvaise expérience de ce travail car, malgré tout, tu espères toujours avoir la chance de retravailler un jour avec ces artistes étant mannequins d’un jour. Une fois les explications finies, le photographe vous laissa quelques minutes de tranquillité pendant qu’il allait discuter avec ton agent qui était arrivé sans que tu ne le remarques.

« Tu as des questions avant que l’on ne commence ? C’est le moment parfait pour les poser si tu en as, j’essaierai d’y répondre du mieux que je peux ! »

Avec un grand sourire, tu l’invitas à poser ses questions pendant que tu défroissais un pli imaginaire sur l’une de tes manches avant de t’assurer que la chemise laissait bien voir tes tatouages, comme l’avait demandé le photographe.