Depuis la visite de Ramirez, tu es anxieuse. Depuis la radio qui éclate une rumeur, c'est pire encore. Tu sais pourtant gérer ton stress, mais tu es du type anxieuse et ça ne te quitte pas, ça. Toujours avec la crainte de te faire surveiller aux moindres faits et gestes. Et maintenant, plus que jamais, voilà ce qui en est. La preuve même que tu te fais vérifier dans tes allers et retours, les preuves imprimées sur pellicule photo par Ramirez lui-même et portées en mains propres. Alors c'est pire. Pire que jamais et franchement, tu n'es pas prête à te retrouver derrière les barreaux. Tu ne le veux pas. Hors de question que tu abandonnes Ezra. Pire encore: Hors de question que tu l'amènes avec toi dans ta chute.

Tes iris se relèvent vers une voix tandis que tu es là, bien concentrée à tes papiers et tes quelques coups d'oeil furtifs aux alentours. Vérifier ce qui se passe, t'assurer que tes employés font leur boulot. Quelques échanges sms avec tes autres employés également afin que eux aussi, fassent le boulot. C'est étonnant de voir comment tu parviens à avoir une vie en dehors de tout ça, toi qui a quasi toujours le nez fourré sur ton téléphone ou en train d'observer les gens du bar. Toi qui est toujours en train de travailler, au final. C'est fascinant de prendre en considération que malgré ça, tu as réussi à booker un voyage avec Ezra pour une autre ville totalement, plus chaude et détachée de la ville au rythme erratique que savait être New York. La voix, elle, t'appelle par ton prénom et pourtant, par son allure, ce n'est pas quelqu'un de la vie classique. De la vie belle, sans illégalité. Il a tout les airs de quelqu'un qui a quelque chose pour toi, mais qu'il ne te connait pas sous Snake, étrangement. C'était sans doute cet espion dont Ezra t'avait parlé. Espion qui semblait faire parti de sa vie depuis longue durée, mais dont tu n'avais jamais eu vent jusqu'à il y a quelques heures à peine. Toi qui ose tout dire à ton associé, c'est à croire que c'en était pas de même pour lui. Tu gardais l'information bien là, dans ton esprit, dans un petit tiroir afin de t'assurer que tu ne l'oublierais pas. Tu lui offres un sourire, ferme tes dossiers, jette un dernier coup d'oeil aux gens sur le lieu de travail et l'amène jusqu'au bureau.

« Il m'a prévenu, oui. Des années en retard pour me raconter ton existence, mais il m'a dit. » Tu réponds finalement, une fois les oreilles discrètes misent à l'écart par la porte fermée, par l'insonorisation de la pièce. Tu te sers à boire, c'est rendu un automatisme quand tu amènes des gens à ton bureau. De même que de servir ceux qui t'accompagnent, versant un second verre que tu apportes à Armin, lui tendant celui-ci. Tu attends sagement qu'il prenne le verre alors que toi, tu portes un regard sur l'enveloppe. Tu la fixes un petit instant. Urgent, certes, mais pas assez pour que tu épargnes son petit espion de tes questions. Tu viens plutôt t'incruster entre la chaise où Armin s'est installé et le bureau, y pressant tes fesses après avoir repoussé un peu l'enveloppe, observant l'homme de haut alors que tu croises un bras, l'autre se soulevant pour amener le verre à tes lèvres. « Alors dis-moi, Armin. Comment se fait-il que j'entende parler de toi maintenant uniquement? » Sourire qui se veut aimable malgré la rancoeur portée à ton myocarde à l'immédiat. « Raconte-moi tout de toi. Comment t'es-tu ramassé espion pour un type comme Ezra? » Et tes iris le scrutent, l'observent, tentent de découvrir la moindre information que tu pouvais découvrir à son sujet rien que par son apparence. Tu voulais tout savoir sur lui maintenant que tu l'avais devant toi, la curiosité piquée, tout comme l'agacement. Si Ezra l'avait gardé secret et sortait la carte uniquement maintenant, tu voulais savoir pourquoi. S'il était reliés aux affaires d'Ezra plutôt qu'à ce trafic, pourquoi l'envoyer chez toi? Tu avais besoin de réponses, et maintenant.