Mon histoire Un manque d'argent. Un père qui n'a pas été capable d'accepter sa responsabilité lorsqu'il a mis une femme enceinte. C'est pour ces raisons que ta mère a dû te donner à une autre famille alors que tu n'avais que deux jours à peine. Elle savait déjà, alors que tu grandissais dans son ventre, qu'elle ne pouvait pas t'offrir ce qu'il y avait de mieux pour toi. Qu'elle ne saurait pas te donner l'amour nécessaire, te donner une belle vie, alors qu'elle était encore prise aux études, avec un petit emploi au salaire bien trop bas qui la faisait à peine vivre elle.
La famille dans laquelle tu as été placée? Elle était parfaite. Du moins, à tes yeux. Des parents qui t'aiment, qui sont ouverts avec toi également. Ils ne t'ont jamais cachés le fait que tu ne venais pas d'eux, mais que ça ne les empêchais jamais de t'aimer comme si tu étais la leur. Tu étais leur petit miracle, puisque ton père adoptif ne pouvait pas donner d'enfant à sa femme. Tu étais le petit cadeau tombé du ciel, celui qu'ils attendaient depuis si longtemps dans cette liste d'attente qui leur semblait interminable. Tu avais pourtant un tempérament de feu. Un caractère difficile à vivre, impulsif. Tu étais leur petite tempête ambulante. Leur Hurricaine, comme ils aimaient t'appeler. Ça ne les a jamais fais fuir, cependant. S'ils étaient exaspérés? Bien entendu. Recevoir des appels venant des écoles parce que tu as répondu à ton professeur ou que tu as frappé un élève, ce n'est pas arrivé qu'une seule fois. Des sueurs froides et des inquiétudes de ne pas te savoir revenue à la maison dépassé ton couvre-feu, il y en a eu des tonnes. La crise d'adolescence, qu'ils se sont dit.
Ton père ? Il est mort à l'armée. Comme ça, d'un coup, la vie d'un bon homme arraché. Mais l'humain est comme ça, après tout, non? Il prend des vies, comme ça, sans sourciller, sans s'inquiéter réellement de ce qui en est. C'est comme ça que tu t'es retrouvée du haut de tes seize ans à serrer ta mère dans tes bras pendant que ses larmes ravageant ton visage et que toi, tu laissais les tiennes imbiber son chandail. S'il était peu présent, faute de missions, tu le savais un bon homme. C'était une fierté, une fois le deuil passé. Il avait donné sa vie pour l'humanité. Pour que sa petite rebelle ait un bel avenir, qu'il te disait. S'il voyait tout ce qui se passe maintenant, tout ce que tu as fais, sans doute n'aurait-il pas laissé des projectiles traverser son âme. Sans doute aurait-il honte de l'humanité pour laquelle il s'est battu. Peut-être même aurait-il honte de toi. Mais du haut de tes seize ans, tu as vite compris que tu devais te mettre à travailler pour tenter d'aider ta mère. Si l'armée offrait une bonne compensation pour les familles des soldats défunts, tu savais que rien n'allait durer. Tu as pris le premier emploi qui t'aura tombé sous les doigts. Serveuse dans un petit restaurant, rien de plus banal. Les choses ont pourtant pris une toute autre ampleur, avec le temps. Tu as tellement changé de cette petite fille rebelle qui rentrait plus tard que prévu, Alex.
Août 2005, 18 ans. Tu ne pourrais pas dire que tu es tombée bas, mais tu ne voles pas pour autant très hautement, Alex. Tu terminais peu à peu tes études, tu t'étais prise un appartement pour éviter d'être un fardeau pour ta mère. Tu croyais avoir fait les bons choix, au final, lui disant que tu saurais être indépendante, assez mature pour prendre logis. Comme ça, elle n'aurait pas une seconde bouche à nourrir et serait moins portée de dépenser son revenu dans des folies pour te faire plaisir. Sauf que ton petit salaire de serveuse, il n'était pas suffisant. Tu as rencontré la mauvaise personne, c'était à prévoir. Quelqu'un qui a vu en toi un potentiel trop peu sain. Quelqu'un qui t'a fait de belles promesses, mais qui en réalité n'a fait qu'ouvrir cette partie de toi qui cherchait à se montrer au monde. Il a ouvert à deux mains pour faire sortir cette femme avide d'ambitions qui avait un caractère bien trempé. Vendre ton corps. C'est ce qu'il t'avait suggéré au départ, tandis que tu t'étais arrêtée pour une clope à la fin de ton quart de travail. Toi, tu as rigolé. « J'vais pas me mettre à faire la pute, rêve pas. » Non parce que vraiment, si tu voulais davantage d'argent, il était hors de question que tu laisses des hommes complètement dégoûtants aller et venir dans toute ton intimité pour salir ton âme. Sauf qu'il s'explique, l'homme, et toi, tu écoutes après un soupire, t'arrêtant dans ta marche parce que tu avais déjà tourné les talons. Non, ce n'était pas de faire la tapin, qu'il voulait. Encore moins te baiser pour satisfaire son possible manque et combler ton besoin d'argent. Non, c'était plus... artistique, comme il disait. Strip-teaseuse. Vendre ton corps sur scène plutôt qu'à l'intimité d'un inconnu. Une situation illégale, ta minorité d'âge cachée au travers d'une fausse carte d'identité et de nombreuses explications claires et précises, insistantes, que tu te devais de te cacher si la police venait faire un petit tour. Ça rapportait cher et tu voulais pouvoir rendre à ta mère un peu de paix, tu voulais pouvoir vivre correctement. L'acceptation qui aura quitté tes lèvres aura été tout sauf certain, à ce moment-là, rempli de toute la méfiance possible. Parce que tu savais que ce n'était pas toi, ça. Que dirait ton père, de là-haut? Il serait sans doute découragé, honteux d'un tel geste de sa fille. Pourtant, tu acceptes. Tu acceptes pour aider ta mère qui ne sait pas reprendre travail pour faute de deuil, malgré les années qui passaient. Une acceptation qui quitte nerveusement tes lèvres. Mais ça s'est avéré efficace, faut-il croire.
Te défaire de tes vêtements s'est mis à faire parti de ton quotidien, tandis que tu faussais à ta mère le fait de travailler encore pour un restaurant comme serveuse. Elle y a cru, longuement. Ton identité, elle, s'est avérée partiellement cachée sur scène. Si tu avais un surnom complètement débile (Non, vraiment, "Crystal", c'est tout simplement horrible), tu avais également l'opportunité de porter une perruque blonde qui t'arrivait un peu plus bas à peine que les épaules. Si tes tatouages étaient difficilement cachés, c'était au moins une chose de gagnée. Et ta mère, ta bonne mère qui sait que tu fais des bêtises, qui sait que tu n'es pas exactement du type responsable, mais n'aura jamais su jusqu'à quel point. N'aura jamais su que tu te défaisais de tes vêtements aussi simplement, aussi aisément. Elle croyait que tu parvenais à te placer dans ta vie d'adulte parce que toi, tu lui as présenté Nathan.
Nathan, c'est le bon gars, le bon type. Sans doute que tu aurais dû t'y accrocher plus longtemps. Les sentiments se sont rapidement présentés l'un à l'autre. C'était rapide, mais ça aura été ta première relation sérieuse. Celle où tu auras accepté de rencontrer ses amis, de passer du temps avec eux. Tu sais que cette partie de toi existe encore, celle qui se veut si douce parmi ta franchise, parmi ton fort caractère. Tu étais celle qui ne mâchait pas ses mots. Celle aux jeans déchirés, qui fume, qui boit, qui porte des manteaux de cuir. Mais qui était également des plus affectueuses, qui adorait passer une soirée simple collée contre lui à regarder un film romantique complètement niais. Rapidement, tu savais t'incruster parmi la bande de gars qui entourait Nathan. L'un d'eux te marquait plus que d'autres, d'ailleurs. Jake. Le petit geek, timide, mais qui savait se mêler aux autres. Tu avais toujours trouvé qu'il était adorable dans sa façon d'être, de faire. C'était le meilleur ami de ton copain, alors bien entendu que tu auras cherché à le connaître plus que les autres. De chercher à gagner son affection, de te faire accepter par celui-ci. Te rapprocher de lui, ça ne saurait que renforcer ton couple, te mettre en avantage. Tu ne voulais que ça, après tout. Montrer que tu faisais des efforts pour te faire accepter.
Septembre 2008, 21 ans. Les heures se sont mises à diminuer, au strip-club. Ce n'était rien contre toi, pourtant. Tu faisais du bon travail, tu étais appréciée des clients, sauf que ton employeur, il avait des idées de grandeur. Donc il en aura engagé, des nouvelles strip-teaseuse. Si les plus anciennes savaient alors garder du temps plein, tu te retrouvais cependant prise sur des horaires moins précises, bien plus partielle, comme tu n'avais pas autant d'ancienneté. Et de l'argent, tu en avais besoin. Pour continuer de vivre, d'aider ta mère, de ne pas te priver de quoi que ce soit. Sauf que tout n'est qu'une question de coïncidence dans ce bas monde, n'est-ce pas? Tout arrive toujours au bon moment pour nous soumettre à la tentation en cas de besoin. Tu avais besoin d'argent jadis et le monde du strip-tease t'est tombé entre les mains. Tu commençais de nouveau à en avoir besoin et c'est la drogue qui t'aura trouvée à ce moment-là. Ça faisais deux mois, de ça, et ce que ça pouvait te stresser, t'angoisser. À un point tel qu'il va sans dire que tu te faisais plus brusque, par moment. Toujours cette crainte d'être chopée par la police ou pour avoir vendu la came à la mauvaise personne. Et si tu n'arrivais pas à tout vendre et que tu ne savais pas rendre ta part à ton boss? Si rien ne semblait paraître aux yeux de ceux que tu côtoyais, leur contact étant trop peu sur le long terme, c'était davantage visible lorsque tu te retrouvais une fois seule avec Nathan. Là, il y avait des querelles occasionnelles, souvent sans raison. Si tu critiquais rarement de façon sérieuse, autant dire que cette fois c'était rendu sur des détails tel que le fait de toujours devoir passer du temps avec ses amis plutôt qu'à deux. Pourtant, tu les adores, ça allait de soi, mais soudainement, ça devenait un problème, un souci, une source d'angoisse comme s'il y avait un déséquilibre dans votre couple. Plus tu t'entourais de gens auxquels tu tiens, plus le risque de les décevoir, de les entrainer dans ta déchéance, se faisait plus grande.
Tu allais tout foutre en l'air, ça y est. Un an et demi de relation, comme ça, parti dans un claquement de doigt à peine. Vous passiez enfin du temps seuls parce que Nathan, il faisait des efforts. Il t'offrait de son temps, bonne âme comme il était. Tu parvenais peu à peu à t'habituer à cette nouvelle situation, de gérer la vente de stupéfiants tandis que ton patron t'en donnait toujours plus. Lentement, mais sûrement. Toujours plus, parce que tu savais vendre, parce que tu trouvais des clients. Parce que tu étais douée, au final. Alors on en ajoutait sans cesse sur tes épaules sans prendre conscience du stress que cela causait. Sauf que ce soir-là, ça aura été la prise de tête de trop. Parce qu'il t'a rendu visite, ton petit ami. Tu auras tout caché à la hâte, toute la drogue, tout l'argent, en croyant que c'était ton voisin qui venait t'embêter pour une idiotie. Mais non. C'était Nathan, là, un bouquet de fleurs en main et un baiser beaucoup trop tendre pour s'excuser de son comportement, mais également pour accepter les tiennes. Celles que tu as fais silencieusement au travers de tes Je t'aime. et des C'était pas volontaire. Sauf que tu auras été maladroite, par la suite, tes trésors suite à tes échanges de la soirée se voyant trop mal cachés et il a tout découvert, Nathan. Rapidement, les choses ont éclatées. Tu as alors dû tout avouer, que tu vendais de la came pour avoir plus d'argent, pour aider ta mère qui n'en avait sans doute plus de besoin maintenant, pour financer tes études à distance, t'aider un peu plus à vivre. Sauf que pourtant, ce n'est pas ça qui empire la situation. Parce que si ça le choque d'apprendre ça sur toi, le reste ne fait que prendre de l'ampleur. Parce que tout vient prendre son sens et toutes les prises de tête se confondent dans vos diverses raisons, explications. Il est prêt à accepter, encore une fois. Ça te fais peut-être peur, au fond, qu'il tienne autant à tout ça, mais tu étais épuisée de ces querelles causées par ta faute. Il était prêt à accepter toutes vos prises de tête dues à tes angoisses, prêt à tout encaisser chaque fois. Il méritait mieux que ça. Il méritait mieux que ce caractère désagréable que tu lui faisais subir depuis des mois par tentative de replacer les différentes pièces du casse-tête qu'était rendue ta vie. Par tentative de reprendre un peu de contrôle sur toi-même. « Ça ne peut plus continuer comme ça, Nathan. C'est fini. » Deux phrases, quelques mots, et tu fous tout en l'air. C'est la fin. Bien entendu que tu auras pris le blâme, tu n'étais pas aveugle après tout. Tu savais bien que c'était de ta faute. Tu aurais sans doute dû mieux t'accrocher à lui, Alex.
Novembre 2008, 21 ans. Tu ne savais pas que tu avais réussi à capturer autant son affection, à cet homme. Jake. Ce gars plus vieux que toi de neuf ans, le meilleur ami de ton ex. Franchement, tu ne t'y attendais pas. Toi, tu avais trouvé une porte de sortie à tout ça. Tu comptais déménager, vivre ailleurs, explorer un peu. Profiter de cet argent gagné salement, pendant que tu le peux. Quitter ta mère adoptive pour chercher à prendre soin de toi. Du moins, si l'on peut appeler ça ainsi. Tu as eu des connexions, surtout. Des connexions qui te permettront de voyager, d'aller voir ailleurs. Ton employeur avait des sources, des bonnes. Si tu quittais sans emploi ni rien, tu avais au moins cette assurance complète. Il pouvait te faire entrer dans ce groupe de trafiquants à New York, le réseau le plus influant en drogue de la ville et ses environs, à bonne égalité avec le trafic d'armes et d'alcool. Si tu le souhaitais, tu pouvais t'y intégrer considérant que votre groupe de trafiquants de Seattle était des revendeurs de ce groupe primaire. Tu n'as pas craché sur l'opportunité, sur celle de vivre d'aventure avec un revenu aisé. Il t'a fallu un mois pour tout préparer. Sauf que le jour venu, tu ne t'attendais pas à le retrouver là.
On avait cogné à ta porte tandis que tu finissais les derniers préparatifs pour prendre route. 8h de voiture, ce n'était pas rien. Entre ça et les pauses histoires de ne pas te tuer sous la fatigue, tu avais un plan précis histoire de te rendre aisément jusque là, dans une heure raisonnable pour avoir le temps de te reposer, juste assez le temps de rencontrer la personne qui t'attendra pour t'accueillir dans ce réseau de trafiquants. Tu ne pouvais pas traîner. Sauf qu'il était là, sur ton pas de porte. Jake. Tu te souviens lui avoir souris, lui avoir demandé pourquoi il était là, chez toi. Surtout que malgré tout, tu ne voyais plus Nathan, alors vraiment, tu te demandais bien ce qui se passait. Puis, c'est l'aveu. Un aveu maladroit de ses sentiments pour ta personne. Il avait pris tout son courage pendant ce dernier mois pour finalement se dire que c'était maintenant ou jamais qu'il devait faire le pas ou ce serait trop tard comme tu partais. Et il ne faisait pas que t'avouer ses sentiments. Non, pire. Il te proposait carrément de quitter la ville avec toi, vous enfuir à New York, comme ça, soudainement. Ses valises étaient déjà là, au sol. Inutile de mentionner que ça t'auras atteint droit au coeur, cet aveu, malgré tout. Ça venait faire battre ton coeur plus rapidement, mais tu te sentais coupable de briser ainsi cet élan d'affection pour le ramener vivement au sol. « Ça me touche, vraiment, Jake. T'as pas idée. Mais je... Je ne peux pas. » C'était trop récent avec Nathan, que tu lui expliquais. Ce qui se retrouvait en sous-titre, dans tout ce non-dit, c'est que tu savais que tu t'embarquais dans quelque chose de dangereux et tu n'osais pas le trimballer avec toi et risquer qu'il lui arrive quoi que ce soit. Avoir quelques mois devant vous encore avant que tu ne quittes la ville, sans doute aurais-tu pu laisser une chance à tout ça, de vous connaître un peu plus, de l'amener avec toi dans cet autre décor. Mais tu ne pouvais pas risquer de foutre sa vie en l'air à une heure de ton départ, sous un aveu fait soudainement. Sous la culpabilité, tu as posé un baiser à sa joue, incapable de savoir quoi faire d'autre sur le moment.
Décembre 2010, 24 ans. Encore aujourd'hui, il y a des choses que tu regrettes. Des choses que tu as faites et qui te font te demander ce que serait ta vie si tu n'avais pas décidé de tomber à deux pieds joints dans cette vie illégale et complètement folle. Tu te demandes souvent ce qui serait arrivé si tu avais lâché cette vente de came, si tu avais repris un boulot normal pour vivre une vie comme tout le monde. Si tu n'avais pas laissé Nathan, si tu avais dis oui à Jake. Sauf que tu ne pouvais pas. Tu ressentais ce besoin redevable envers ta mère, pour l'aider au mieux que tu le peux. Maintenant qu'elle allait mieux, tu as voulu partir, voyager, explorer le temps de savoir ce que tu ferais de tes dix doigts, diplôme en poche. La meilleure façon de te faire de l'argent en pouvant vivre aisément, c'était d'entrer dans ce trafique. Et tu auras sauté à pieds joints, Alex. Tu t'y es perdu, tout comme tu t'es retrouvée. Parce que c'est dur, ce monde-là. C'est un monde de brute et s'il y a bien quelque chose que tu as rapidement compris, toi, c'est que c'est la loi du plus fort dans ce bas monde. C'est une jeune femme qui cherche sa place, qui s'exprime haut et fort. Et ça, ça plait pas à tout le monde. Et le chef actuel, il a ce mélange de fascination et de haine envers ton attitude. Parce que tu n'hésites pas à le défier, parce que tu prouves ta place à chaque moment. Chaque fois, il y a cette tension entre vous deux, cette brillance dans son regard. Tu sais ce qu'il attend de toi. Que tu continues de te battre pour ce que tu es, ce que tu vaux. Avec le temps, tu as su exactement ce que tu devais faire. Tu allais imposer ta présence comme il l'adorait, comme il le détestait. Une soirée, quelques verres échangés à son bureau. C'est tout ce qui t'aura fallu pour le voir s'étouffer sur ses paroles. Pour le voir signer à la hâte, dans une colère effarante, ce papier soigneusement composé qui se voulait clair: Qu'il te laissait sa place en tant que leader du trafique actuel. Les raisons de la décision n'étaient pas mentionnées, délaissant uniquement les faits. Il a chaud, le chef. Il tremble, aussi. Que ce soit par cette lame soigneusement apposée à sa jugulaire que par une substance avalée accidentellement. « Tu ne voudrais pas que la mauvaise personne ne prenne ta place une fois mort, n'est-ce pas ? » Lui avais-tu murmuré à l'oreille. Un aveu, une confession sur ce qui allait se découler dans les prochaines minutes à venir. « Alors signe et tu pourras mourir la conscience tranquille, au moins. Dépêche-toi. Le temps te manque. »
La lame se range, intacte, tandis que tes pas auront quittés les lieux, refermant en délicatesse la porte. Tu avais pris soin de prendre une photo de la lettre, la main inerte imposée dans le cadre. Lettre que tu avais pris soin d'envoyer aux hauts rangs du trafique, ceux qui se voyaient les conseillers de la tête pensante. Une assurance, en quelque sorte, afin d'être certaine que personne ne brûle simplement le papier pour faire comme si de rien était. Pour que l'un de ces idiots ne se décide pas de soudainement ignorer la dernière volonté -imposée, certes- de leur patron en prenant sa place. Mais les rumeurs vont vites et toi, tu écoutes, silencieuse. Tu avais pris ta place, avec le temps. Mis des gens en confiance, préparé ton coup afin de ne pas le rater, fouiller des informations via le chef pour savoir comment il parvenait à gérer. Tu t'es taillé une place, en trois ans, mais là tu venais de tout simplement t'imposer. Rapidement, on te place un surnom. The Snake. Parce que les rumeurs fusent et se font toutes différentes. Certains disent que tu as usé de tes charmes et l'a sauvagement assassiné, d'autres préfères se dire que tu l'auras étouffé de tes doigts autour de son cou comme un boa constrictor. D'autres encore se disent que tu lui as injecté un venin. Toi, ça te fais rire. Parce qu'ils ont tords comme raison, pour certains. Tu as tout simplement utilisé de ruse. Une mort lente pour marchander ce que tu désires le temps qu'il ne comprenne qu'il était déjà condamné. Un petit liquide bien mortel glissé dans son verre d'alcool. De quoi rendre une belle soirée de discussion en coup de panique et une satisfaction complète à la prise de pouvoir. Après tout, il voulait que tu t'imposes, même s'il a toujours détesté ta grande gueule. Pourtant, dans ces derniers moments, tu l'auras vu, ce sourire. Cette pseudo-fierté alors que son âme quittait lentement son corps. Tu as toujours détesté sa façon de faire, de toute façon. Toi, tu avais des projets. Rendre cet empire plus grand encore. Quelques mois à peine et dans toute l'absurdité de ces gestes, tu venais de prendre contrôle sur le plus important trafique de drogues de tout New York. Et ça te faisait peur comme jamais.
Avril 2011, 24 ans. Étonnement, tout se passait pour le mieux. Du moins, tout pour le mieux... pour quelqu'un qui a repris un empire depuis quelques mois à peine. Bien entendu que tu galères à ta façon. Il y avait des emmerdes, mais ça, c'est comme dans tout bon travail illégal, après tout. Tout le monde tente d'en passer une, de voler un peu d'argent, de trahir, de consommer ce qu'il se devait de vendre. Des gens, tu en as perdu quand tu as pris pouvoir. Parce que tu es femme, parce que tu es relativement jeune, parce qu'on te connait que depuis trois ans et tu n'as aucune descendance avec l'ancien chef. Il a fallu que tu tailles ta place, que tu prouves que tu savais la maitriser malgré ton manque d'expérience, malgré qu'en réalité, tu ne savais aucunement ce que tu faisais. D'apparences, tu étais cette femme qui savait tout gérer, qui savait ce qu'elle faisait alors qu'en secret, tu ne comptes plus le nombre de fois où tu auras demandé quoi faire aux gens dont tu t'étais entourée pour ta protection. Tu gardes un visuel fort, d'une femme menaçante, tu joues sur la peur que tu as causé par l'assassinat du chef, mais en réalité, tu as tout simplement peur qu'on te fasse la même chose. Que quelqu'un refuse que tu prennes la place et qu'on te plante un poignard. Tu as perdu des gens, perdu des clients aussi, le temps d'apprendre à gérer ton stock, tes livraisons, comprendre le fonctionnement avec ce supérieur qui dirige l'empire de la grande pomme, celui de qui tu réponds malgré cet empire que tu tentes de diriger. Tu n'avais que vingt-quatre ans et cela va sans dire que malgré toute l'assurance, la prestance que tu savais dégager de ton rôle pourtant faux, il arrivait parfois, trop souvent, que tu te retrouves dans les bras d'Hailee, le soir venu, à te demander si tu faisais les bons choix. Parce que tu étais encore une jeune adulte, trop jeune sans doute, pour gérer des affaires aussi grandes. Hailee, c'était ta petite amie. Cette fille de riche qui ne cherchait qu'à pimenter un peu sa vie et toi, tu es tombée au bon moment alors que vos regards se sont croisés au bar. C'était l'un de tes piliers, cette femme. Tu ne lui avais jamais dis ce que tu faisais comme métier. Hors de question que tu lui avoues être trafiquante, tout comme tu n'auras jamais osé le dire à Nathan. Et tout ça, c'est pour la même raison: Leur sécurité. Pour la même raison que tu as refusé à Jake. Maintenant plus que jamais, il était hors de question que tu laisses ta petite amie dans cet univers bien trop dangereux. Elle savait que ton métier était important, qu'il pouvait te demander de te volatiliser à n'importe quel moment. Elle sait que tu as toujours de l'argent, beaucoup, mais en même temps, c'est le cas pour elle aussi alors la question ne se demande pas réellement. Elle croit que vous appartenez au même monde, incapable de savoir que vous êtes en fait complètement différente. Qu'elle est pleine de lumière et que tu es uniquement faites d'ombre. Quiconque te voyait pourtant avec elle ne saurait savoir ce qui se tramait en réalité. Parce qu'elle sortait ton meilleur côté, Hailee. Elle sortait en toi toute la douceur et la gentillesse, loin de cette menace que tu étais devenue auprès du trafique et de vos clients. Parce que peu de gens connaissaient ton apparence, ce à quoi tu pouvais ressembler. Ils connaissaient uniquement un surnom, sans genre ni prénom. Personne ne voulait avoir affaire à toi, avec le temps, outre tes personnes de confiance, sachant que d'être appelé ou amené de force à ton bureau ne pouvait qu'être un mauvais présage. Parce que tu savais blesser ou abattre sans trop de peine, malgré les remords de prendre la vie de quelqu'un, et si la violence ne faisait pas surface, les conséquences se voulaient souvent graves. C'était devenu ça, ton monde, après tout. S'imposer, se faire craindre même si tu n'es pas entièrement en confiance sur ton rôle à jouer. Si tu venais faire une récolte de paiement en personne, il y avait de quoi s'inquiéter. Mais cet anonymat avait tout avantage, au final. Celui de pouvoir agir dans l'ombre, de rester secrète et mener une vie un brin normale d'apparence.
Ta façon de vivre était complètement absurde, pour ton âge. En un an à peine, tu savais démontrer un sang-froid. Sous la force d'habitude, peut-être, de devoir ainsi gérer tout ces problèmes en même temps. Sous la fatigue, qui sait, à force de ne pas dormir de façon reposée. Une vie absurde entre la violence et la douceur, entre l'angoisse et le questionnement sur tes choix de vie. Il suffisait d'assister à cette scène où ce jeune homme ne voulait pas parler, ne voulait pas donner d'informations. Il avait été mis au courant que quelqu'un utilisait de votre came à mauvaise intention et n'osait pas dire mot. Qu'importe le nombre de coups que ton homme de main avait pu lui porter, qu'importe que le pistolet soit à sa tempe. Il ne disait rien et toi, tu perdais patience. Elle se voulait déjà courte de façon habituelle, tu avais tenté de faire des efforts, mais le sablier tirait sur sa fin au point que même ton homme de main perdait patience. Un soupire tandis que tu jettes un regard sur ta montre. « Vas-y, sinon ma fiancée va m'attendre pour le repas. » Ta langue claque d'agacement et la balle transperce le crâne. Peu de temps après, le cadavre se voit déserté de la pièce qui est aussitôt nettoyée et désinfectée. Tant pis, tu trouverais bien quelqu'un d'autre pour te fournir tes informations. Dans tout les cas, quelques heures plus tard, c'était un repas cuisiné par Hailee que tu dégustais, autour de la table, tandis qu'elle te parlait de sa journée. Une absurdité totale, n'est-ce pas?
Janvier 2013, 26 ans. Tout ne pouvait pas toujours aller du bon sens, n'est-ce pas? Non parce que très franchement, déjà que l'on te harcèle sans cesse pour un tout comme un rien, toujours en train de faire des ventes, des négociations et autre, à tenter d'éviter les problèmes, autant avouer que tu ne t'attendais pas à un appel comme celui-ci. Toi, tu es simplement assise sur le canapé, ta petite amie au creux de tes bras, tandis que vous regardez paisiblement un film. La petite vie de couple au plus classique, un petit verre de vin chacune. Mais ça ne pouvait pas durer, tout ça. C'était impossible, bien entendu. Tu ne peux pas avoir une vie normale. Ton téléphone se devait de sonner, c'était impossible qu'il ne fasse autrement, tu avais l'impression. Un soupire, tandis que tu réponds avec un manque d'envie le plus total. Sauf que soudainement, tu changes rapidement de ton. Tu repousses doucement ta copine afin de te lever bien plus brusquement dans un « Ils ont fait quoi, ces salopards?! » Tu quittes aussitôt le lieu, colérique, histoire d'avoir de plus amples informations sur ce que tu venais d'entendre, abasourdie, tentant de protéger les oreilles de ta dulcinée de ton élan de violence verbale. Ça t'auras pris du temps à revenir, ce soir-là, te devant de passer des coups de fils ici et là histoire d'organiser une réunion urgente le lendemain avec le chef d'un petit groupe d'informateurs avec qui tu t'étais associée. Tu le fournissais lui et tout son réseau en came et autres ressources que tu saurais fournir et en échange, il te transmettait diverses informations et documents. Un échange de bons procédés, normalement. Normalement. Quand tu reviens de ces longs échanges, tu le constates rapidement. Tu constates que ta soirée entière est gâchée encore une fois par cette vie complètement ridicule, parce que ta petite amie aura quitté le salon afin d'aller dormir, épuisée à force d'attendre. Il ne t'en aura pas fallu plus pour te glisser sous les draps et la serrer contre toi, t'excusant à demi-mots au travers de sa torpeur. C'est dans des moments comme ça que tu regrettais le chemin que tu avais emprunté.
« Tu te fous de ma gueule, là? C'est hors de question. C'est inacceptable, merde! » La paume de ta main se plaque avec force contre la table dans un bruit sourd. Il avait osé. Lui, ou son supérieur, qu'importe qui avait fait le mot d'ordre. Des informations sur tes employés avaient été vendus à un plus petit groupe de trafiquants sans que tu n'en donnes l'autorisation, ce qui allait entièrement à l'encontre de vos échanges, mais avait également osé fausser quelques documents fournis. C'était inacceptable et toi, tu étais en colère. Si ce n'était pas du risque que ton geste viendrait causer à toute ton organisation, tu lui aurais déjà collé une balle au crâne. Il ose chercher à se défendre, en plus, de justifier des raisons, mais rien n'y fait. Tu ne veux rien entendre de lui, ni de qui que ce soit à dire vrai. Ça te mettait dans une colère hors de toi, tandis que tu débarrasses les papiers sur la table d'un seul coup de main alors que le type devant toi continuait de parler, laissant une vulgarité quitter tes lèvres pour l'inciter à se taire. « Je ne veux plus te voir t'approcher d'aucun de mes employés. Ni même leur parler, ni même les regarder. Je te croise une fois de plus près de notre bâtiment et ce sont mes brutes qui vont s'occuper de sortir ton cadavre. C'est clair?! C'est terminé, il n'y a plus d'entente. » La porte se claque rageusement.. Tu dois rapidement régler ce cas, limiter les dégâts des informations dérobées, si tu veux retourner chez toi au plus vite.
Tu ne sais pas ce qui s'est passé, à l'immédiat. Tu étais une véritable boule de nerf lorsque tu es revenue à la maison. Ça te tracassais, t'angoissais. Tu as vraiment du mal avec tes élans de colère, Alex et cette fois, ça aura eu raison de toi. Pourtant, c'était un accident. Vraiment, il n'y a pas d'autres mots pour ça. Tu es revenue avec de nombreux tracas, le nez plongé sur ton téléphone malgré ton besoin de te déconnecter, de te changer les idées. Tu avais peur des répercussions, autant l'avouer. Tu voyais déjà tout les soucis qui s'accumulent et ton empire qui tombe peu à peu dans un déclin horrible. Tu n'as pas même réussi à rendre le baiser offert par ta désormais fiancée, lors de ton arrivée. Tu avais été sèche dans tes paroles, alors qu'elle se faisait douce. Alors que au fond, tout ce qu'elle voulait, c'était t'aider. Mais elle s'est énervée, ta belle. Elle s'est énervée de ton mauvais caractère, alors que tout ce que tu lui demandais, c'était de te laisser tranquille. Tu te devais de régler tout ça avant de passer à autre chose, avant de te permettre de décompresser. Parce que tu savais que vous étiez pour vous disputer, autrement, vu ta colère actuelle. Ça allait se terminer comme Nathan, dans l'une de vos nombreuses prises de tête. C'était ta crainte, du moins, alors qu'il y aurait bien pire. Parce que tu l'as poussée, en levant le ton sur elle. En lui disant une fois de plus de te lâcher, de te donner de l'espace pour que tu puisses décompresser. Mais tu as fais le geste de trop, Alex. Bon sang ce que tu te détestes, depuis. « Hailee? » Tu as simplement repoussé sa main, rien de plus. Dans les faits, tu es complètement innocente. Mais comme vous étiez en train de vous quereller, tu portes le blâme sur tes épaules. « Ma belle, réponds-moi, je t'en prie! » Parce que tu n'as pas vu ce bord de tapis dans lequel elle s'est pris les pieds. Parce que tu n'as pas vu le coin du meuble bien trop près d'elle. Comme si c'était de ta faute si elle avait trébuché, alors que tu ne l'as pas même touchée outre sa main. Elle s'est éloignée de toi, comme tu lui avais demandé. Si tu l'avais prise dans tes bras, pourtant, si tu l'avais laissée te calmer, rien de tout ça ne serait arrivé. La voix se déchire au fur et à mesure que les secondes s'écoulent, alors que tu le vois bien, ce sang, qui coule de sa tempe. Tu tentes tout alors que cette colère s'est envolée pour laisser place à un corps tremblant sous la peur, sous l'adrénaline. « Me quitte pas, Hailee, j'suis désolée..! » Tu tentes de calmer le saignement à sa tête, de la réanimer. Tu tentes à en perdre force, à en perdre des solutions. Ta peau te brûle par les larmes qui y roulent sans fin, tandis que tu la serres dans tes bras, longtemps. Tu sais que tu ne peux rien faire, qu'elle est morte sur le coup. Il suffisait de voir son regard vide fixer un point au hasard. Tu le sais, mais tu espères tout de même. Tu espères trouver la moindre solution et quand tu le comprends enfin, quand l'information se ramène jusqu'à ta matière grise, tu sens ton corps abandonner. Il est trop tard, Alex. Tu la gardes dans tes bras longtemps, posant tes lèvres sur les siennes, même si elles refroidissent peu à peu. Un dernier baiser, une dernière excuse, avant que tu n'oses appeler la police pour annoncer l'accident.
Si au départ tu avais appelé les policiers pour te dénoncer, pour admettre que tu avais tué ta femme, ils t'auront bien vite fait déculpabiliser de la situation lorsque tu l'auras expliquée. Parce que la poussée sur une simple main ne peut repousser quelqu'un au point de lui faire perdre pied. Pourtant, tu culpabilises et tu persistes sur cette sensation, sur cette impression que c'est toi, qui est meurtrière. Des gens, tu en auras pourtant réellement tué quelques-uns. Rien qui aura su attirer l'attention, puisque les cadavres auront entré dans cette fameuse case des disparus. Sauf que tu ne les regrettes pas alors que tu es largement plus coupable que pour ce qui s'est passé avec ta fiancée. Au travers de ce deuil, malgré le poids sur tes épaules, tu auras cherché à continuer de vivre. Tu n'as pas pris de pause, jamais. Tu n'as pas pris de recul pour vivre le deuil de la femme de ta vie. Non, tu avais un trafique à gérer et il n'y avait pas de place pour les sentiments, dans ce monde. Sinon on se faisait bouffer tout cru, malheureusement et on tombait rapidement du trône. Alors malgré tes cernes, malgré tes insomnies, malgré ta fatigue, tu as persisté.
Octobre 2013, 26 ans.
Avec le temps, les mois qui passent, la place à tes côtés se faisait froide. Trop froide. Le lit vide, dénué de vie outre ton corps qui fixe l'espace à tes côtés. Tes amis, connaissances, t'auront forcés à sortir puisque tu ne faisais rien d'autre que t'envahir, t'écrouler sous les charges que tu te mettais au travail. Du moins, pour eux, tu t'envahissais sous des dossiers quelconque alors que ce n'était pas exactement la même situation. Tu avais réussi à faire taire au mieux cette histoire de vente d'informations. Tu avais réussi à réparer les dégâts causés, mais tu t'en mettais toujours plus sur les épaules. Alors ce soir-là, on te forçait à sortir. On te forçait à aller à une soirée de poker, toi qui aimait tant les défis, les risques. Puis il y a eu cet homme. Celui qui visiblement, avait l'habitude de jouer à ce jeu, qui savait comment s'y prendre. Qui bluffait presque à merveille et qui rasait rapidement les autres adversaires. Bientôt, il n'y avait quasi plus que toi et lui autour de la table. La tension est quasi palpable dans l'atmosphère. La somme est rendue relativement importante, bien qu'elle soit très peu dans ton cas. Ton regard se baisse sur tes cartes. Sur ce qui, tu es certaine, te permettrait de tout empocher la somme sur la table ronde. Pourtant, tu fais un geste purement imprévisible. « Je me couche. » Tu déclares soudainement, entendant les réactions de surprise autour de toi. Tu venais d'admettre défaite, comme ça, soudainement. Il y avait pourtant ce faible sourire, à peine visible, en direction de ton adversaire. Ethan, il semblerait.
« C'était pour ne pas te ridiculiser devant tes admirateurs. » Avais-tu lancé, un peu taquine, alors que tu laissais la fumée de cette cigarette quitter tes lèvres. Parce que tu l'avais laissé gagner, tout simplement, et il le savait. Un sacrifice qui aura valu bien plus que ça, en bout de ligne. Car cette simple soirée aura été le début d'une relation. Si au départ ça n'aura été que charnel, tu t'es mises à te prendre d'affection pour le grand homme. Il y avait quelque chose de réconfortant, au creux de ses bras. Quelque chose qui t'aidait à atténuer ta peine, qui te faisait passer au travers de ton deuil. Un ex-taulard, un homme de force. Assez indépendant pour ne pas réellement se mêler à ta vie privée. Sauf que par moment, ton emploi te cause des coups de pression. Tu risques cher, tu joues avec le feu. Et Ethan, il n'était pas comme Hailee finalement. Il n'avait pas ce côté rassurant, affectueux et présent quand tu en avais besoin. Non, votre relation était purement passionnelle, dans des échanges explosifs. Les prises de tête se sont rapidement mêlés, tout comme avec Nathan, quand la pression se faisait trop forte pour toi. Puis, les reproches auront finalement quittés tes lèvres dans un élan de colère après six mois de relation. Depuis, ce sont les hauts et les bas. Rancunière, tu lui reproches souvent de ne pas avoir été assez présent pour toi, que peut-être seriez-vous ensemble s'il avait agit autrement. Que tu ne demandais pas grand chose, juste d'être là de temps à autre, lorsque tu avais besoin. La tension semble toujours présente entre vous et quand vos éclats de colère se ramènent, il y a souvent les choses qui dérapent et qui vous ramène à cette intimité que vous avez jadis partagé en tant que couple.
Juin 2019 Un déménagement qui s'impose. Après avoir passé tant de temps, tant d'années à supporter ce grand appartement dans lequel tu vivais avec ta fiancée, tu as enfin pris la décision de quitter vos souvenirs et les laisser derrière toi. Une chance, un signe, qui est apparu. Un jeune homme que tu as croisé lors d'un rencart qui aura mal été. Jeune homme dont tu es parvenu à en faire un ami, malgré qu'il s'assume si fréquemment à te faire perdre patience avec son analyse psychologique. Mais au final, au courant d'une discussion, tu auras appris qu'il avait besoin d'un colocataire. C'était peut-être un signe du destin, qui te disait de tourner la page. De passer à une autre histoire que celle vécue dans cet appartement. Alors tu auras accepté. Tu auras pris la décision de déménager avec celui-ci, malgré les risques liés à ton emploi. Au moins il y avait cette couverture, désormais. Ce bar gay que tu avais ouvert il y a de cela quelques années, après le décès de ta femme sous un besoin de t'occuper l'esprit constamment, de t'empêcher de penser à ce deuil. De nouveau, le logis dans lequel tu habites n'est plus vide, désormais. Ce n'est plus le silence, que tu confrontes. C'est plutôt les questions de ton colocataire qui te cherche sans arrêt face à tes élans de violence. Que dirait ton père adoptif, s'il te voyait maintenant? | Caractère Femme crainte et respectée dans le milieu rien que par une appellation, qui pourrait sans doute faire frémir les plus lâches. Ton caractère est fort, Alex. Tu es dotée d'une ambition à tout casser, prête à tout pour parvenir à tes fins quand tu désires quelque chose. S'y mêle un défaut redoutable qu'est ton imprévisibilité. Il n'y a rien de pire qu'une femme aux fortes ambitions, mais dont il est impossible de savoir quel sera son prochain geste, après tout. Sauf que ça continue, toujours plus, toujours pire. Impulsive, tu fais de nombreux gestes sous un coup de tête. Non pas que tu ne sais pas prendre de décisions réfléchies, mais tu préfères agir sur l'instant, trop peu patiente pour te permettre autrement. Heureusement, tu te veux intelligente, sans quoi il y aurait de nombreuses mauvaises décisions qui aurait été prises et tu serais sans doute derrière les barreaux depuis longtemps déjà. En contraste, malgré tout, il y a ce côté très sournois. Celle qui agit dans l'ombre, qui manipule les conversations, qui joue sur les mots. Si tu agis de façon brute, ta parole est plus posée, malicieuse, détournée malgré ta franchise implacable. Tes mots peuvent être un réel poison, lorsque devient le besoin, une véritable langue de vipère, les mots claquant hors de tes lèvres pour blesser ou tourner la situation en ta faveur. Faut avouer que ton charisme aide pour beaucoup, dans l'équation. Un regard profond, un beau sourire, des paroles faites pour obtenir ce que tu veux, ça devient un combo fatale. Et pourtant, tu es si propice à la violence, contrastant avec cette douce manipulation. Tout dépend de ce que tu cherches, après tout. Si tu te dois de faire réagir ou garder quelqu'un au creux de ta main. Il faut simplement ne pas se mettre sur ta mauvaise liste, au final, parce que tu as la rancune facile. Une trahison est difficilement oubliée, te devant d'avoir une bonne mémoire avec le monde dans lequel tu vies. Tu y es plongée jeune, Alex, mais ça ne t'auras qu'aidée pour plus tard. Angoissée, tu l'es sans cesse. Car tu ne sais jamais quand l'on voudra te tourner le dos, qu'on te fera un sale coup. Tu as pris cette place de force, en même temps. Mais ça aura endurci ton coeur, ton corps, avec le temps. Mais encore, tu n'es pas que sournoise et impulsive, Alex. Tu sais être douce, toi aussi. Douce et affectueuse, avec les bonnes personnes, te surprenant parfois en étant très maternelle envers ceux à qui tu tiens. Tu n'es pas que méchante avec un grand sang-froid, une fois que tu as perdu ta peau de serpent. |