J’ai l’habitude de la police. Depuis mes 16 ans, je passe ma vie à leur échapper. L’avantage c’est qu’avec le temps je me suis nettement amélioré pour leur fausser compagnie. Aujourd’hui n’échappait pas à la routine. Par moment ça m’amusait et à d’autres moments ça m’ennuyait et j’avais envie de changer de vie. Je ne suis pas un voleur, ni un vaurien. Les gens ne regardent que l’apparence, ce qu’il y a en surface. S’ils regardaient au fond de moi, ils verraient tout autre chose. Ils ne verraient pas tout ce qu’ils décrivent.

Mettant la musique sur mon téléphone mon corps bouge tout seul. La danse me permet de m’évader de cette vie. Au bout d’un moment j’entends mon ventre gargouiller. C’est l’heure. J’arrête la musique et vais prendre la douche. En sortant j’enfile un t-shirt gris avec un motif au centre ainsi qu’un vieux jean et mes vieilles converses. Je mets mon sac en bandoulière, Meeko grimpe sur mon épaule et je quitte mon toit miteux.

Objectif : trouver de quoi manger. J’arrive à voler une miche de pain. Chouette c’est un peu plus consistant qu’une pomme ou un légume. Malheureusement ça aurait été trop beau pour être vrai. Les flics débarquent.

- Vaurien !!! Viens ici !

D’un regard amusé je leurs réponds.

- Tout ça pour un morceau de pain ?

C’est parti pour la course poursuite ! Je commence à courir dans le sens opposé. Evidemment j’arrive facilement à prendre de l’avance. Au bout d’un moment je saute de l’autre côté d’un mur. J’atterris dans un endroit que je ne connaissais pas. Je sens que je suis en sécurité ici. De toute façon la police ne viendra pas me trouver ici. Je m’avance doucement pour jeter un œil où je suis tombé. Il y a des chats et des chiens dans des espèces de cage. On dirait un refuge pour animaux abandonnés. Je m’approche doucement des cages. Les pauvres. Sortant le morceau de pain que j’ai volé de mon sac, j’en coupe un morceau et le donne au chien en face de moi dans la cage.

Encore et toujours poursuivi par la police. Parfois j’en avais un peu marre de courir partout pour échapper aux flics. Ce n’est pas ma faute si je suis payé une misère avec ce boulot de livreur. Changé de boulot ? J’y ai déjà pensé. Mais le problème est que personne ne veut me donner une chance. Ils ne veulent pas d’un voleur dans leur entreprise. Le traiteur chez qui je travaille accepte de me faire confiance parce que je travaille pour lui depuis que j’ai 16 ans et il n’a jamais eu un seul problème avec moi. Enfin ce n’est pas pour autant qu’il accepte d’augmenter mon salaire.

Je me suis retrouvé dans un coin de Manhattan que je ne connaissais pas. Sautant par-dessus un mur, j’atterris dans un refuge pour animaux. Voir tous ces animaux abandonnés me fait de la peine. Les gens sont cruels et sans cœur. Ma mère a sauvé Meeko comme ça. Il avait failli se faire tuer. Elle l’a sauvé et me l’a offert. Je m’approche d’un chien et lui donne un petit morceau du pain que j’ai volé quelques minutes plus tôt.

- Qu’est-ce que vous faites là ?!

Sous l’effet de surprise je sursaute. Je jette un coup d’œil à la personne qui m’a surprise. C’est une jeune femme d’à peu prés mon âge, armé d’un sceau. Un sceau ? Elle compte m’attaquer avec un sceau ? Ok. Je me redresse et mets les mains en l’air pour lui montrer que je ne lui veux aucun mal. Me voyant faire Meeko lève ses pattes avant comme moi.

- Désolé je ne voulais pas vous faire peur. J’avais des ennuis alors je me suis réfugié ici.

Je ne veux pas lui mentir parce que ça ne me ressemble pas. De toute manière autant qu’elle sache la vérité.

- Je sais que ça va paraître un peu gonflé de ma part de demander ça, mais je peux rester un peu ici ? Je peux vous aider avec les animaux si vous voulez.

Toujours les mains en l’air – et Meeko aussi – je n’avais pas vraiment envie de me recevoir un coup de sceau. Mais j’étais sincère quand je disais que je voulais rester un peu et que s’il fallait je pouvais aider.

Me relevant les mains en l’air quand on me surprend dans le refuge pour animaux. Il s’agit d’une jeune femme brune avec un sceau. Lorsqu’elle me demande ce que je fais là je lui réponds que j’avais des ennuis donc je me suis réfugié ici. Après tout c’est la vérité. J’étais poursuivi, j’ai vu un mur, j’ai sauté par-dessus, point final.

- Mais si vous avez des ennuis, faut appeler la police pour qu’ils arrêtent ceux qui vous embêtent.

Hein ? Comment dire que ça va coincer ? Je ne peux pas appeler la police puisque c’est eux mes ennuis. Sauf que si je dis à la demoiselle que c’est avec eux que j’ai des problèmes elle risque de s’enfuir en courant et de me balancer aux flics. Puis je lui ai demandé si je pouvais rester un peu au refuge et que s’il fallait je pouvais l’aider.

- Oui vous pouvez rester. Je vais appeler la police et on va s’occuper des animaux après si vous le souhaitez. Comment étaient ceux qui vous ont embêtez ?

Quoi ?? Non mais elle fout quoi avec son téléphone ? Elle est sérieuse ? Elle va vraiment appeler la police ? Je suis un homme mort et eux par contre ils vont être aux anges. Depuis que j’ai commencé à l’âge de 16 ans ils rêvent de m’attraper. Ils n’ont jamais réussi. Et là parce que j’ai voulu être honnête avec la jeune femme du refuge ils vont réussir à m’avoir. A retenir : ne jamais faire confiance aux gens. Mon visage doit être en train de se décomposer. Faut vraiment que je réfléchisse avant de parler parfois. Triturant mes doigts nerveusement et le regard un peu gêné, je me lance.

- En fait… c’est avec les flics que j’ai des problèmes. Disons que je suis très mal payé à mon boulot et que ça ne me suffit pas pour vivre. Du coup de temps en temps je vole un peu de nourriture, genre une pomme, un légume, un fruit, un morceau de pain, des biscuits.

Baissant le regard, inutile de lui demander de ne pas me dénoncer, elle le fera dans tous les cas. Quand on tombe sur un voleur la première fois qu’on fait est d’appeler la police, parce qu’on a envie qu’il aille en prison pour ne plus recommencer. C’est compréhensible. Je ne pensais pas me faire arrêter si tôt et de façon aussi ridicule. Encore une qui ne regarde que l’apparence.

Je me suis foutu dans un sacré pétrin avec la jeune femme du refuge. Quelle idée j’ai eu de lui dire que j’avais des ennuis ? Faut vraiment que je réfléchisse avant de parler. En même temps, pour ma défense, je ne pensais pas qu’elle appellerait la police. Cependant je décide de lui dire la vérité quand elle me demande la description de ceux qui me causent des ennuis. Puis je détourne le regard et baisse les yeux.

- Ooooh !! Ooooh…

Evidemment je m’en doutais. A vrai dire c’est sûr qu’elle ne va pas me féliciter si j’ai des embrouilles avec les flics. Tout au fond de moi je ne suis pas vraiment prêt à me faire arrêter et je n’en ai pas envie. Ce n’est pas méchant ce que je fais. Je n’ai tué personne que je sache. Si je vole c’est uniquement pour survivre et pour éviter de mourir de faim comme ma mère. Je ne peux pas en vouloir à la demoiselle de vouloir me dénoncer. C’est une réaction normale chez les humains. Tout comme quand on juge un animal dangereux on l’euthanasie. Je ne la regarde toujours pas, trop honteux. Et puis pourquoi faire ? Pour la regarder appeler les flics en leur disant qu’elle a attrapé le voleur de morceau de pain qu’ils cherchent depuis des années ? Non merci. Meeko sent que je ne suis pas vraiment dans mon assiette. Il se rapproche de mon visage et me caresse les cheveux.

- Tu peux rester, je n’appellerais pas la police. Et puis une paire de mains en plus ne fera pas de mal pour m’aider.

Hein ? Subitement je relève la tête et mes yeux reportent leur attention sur la jeune femme. Elle n’appelle pas la police ? Je n’en reviens pas. Serait-elle différente des personnes qui me voient uniquement comme un voleur ? Verrait-elle mon cœur ?

- Tu… ne me dénonce pas ?

Certes elle peut encore changer d’avis mais je n’ai pas pu m’empêcher de poser la question. Disons que ce n’est pas commun. Finalement peut-être qu’être honnête ça a du bon. Même si je ne sais pas pourquoi elle ne me dénonce pas.

- Au fait j’ai des petits gâteaux avec moi tu en veux ?

Ok elle a pitié de moi. Je ne sais pas ce qui est pire : me dénoncer ou avoir pitié de moi ? Soudain mon compagnon descend de mon épaule et se dirige vers la demoiselle.

- Eh Meeko ! Reviens ici !

Le raton-laveur s’assoit devant la jeune femme du refuge et la regarde en se léchant les babines. Dites moi que c’est une blague ? Non monsieur est sérieux. Parfois j’ai l’impression d’avoir le vrai raton-laveur de Pocahontas, avec la même intelligence et le même amour pour les biscuits. Mon Disney préféré c’est Aladdin. La prochaine fois je demanderai un singe comme Abu.

- T’en as pas marre de toujours réclamer des biscuits ?

Malheureusement pour moi, mon animal de compagnie s'en fout et continue de regarder la demoiselle.

Surpris que la jeune femme n’appelle pas la police en sachant que j’ai des problèmes avec eux et que je vole, je lui demande quand même la confirmation qu’elle ne me dénonce pas. Chose peut-être débile de ma part, je sais.

- Non je ne te dénoncerais pas. Je trouve ça un peu injuste d’être arrêté pour ça alors qu’il y a pire dans le monde.

Je suis totalement d’accord avec elle sur ce point-là. C’est complètement idiot de m’arrêter pour un morceau de pain ou une pomme alors qu’il y a cent fois pire que moi. Mais allez dire ça aux flics, ils n’en ont rien à faire. Ils préfèrent continuer de me courir après.

- Merci.

N’osant pas rajouter que je suis de son avis, ce serait mal placé venant de ma part. Je préfère juste la remercier de ne pas me dénoncer. Ensuite elle me propose des biscuits. Je compte refuser poliment mais mon compagnon en décide autrement. Il descend de mon épaule et va voir la demoiselle en se léchant les babines. Par moment il me désespère ce raton-laveur. J’essaye de le rappeler à l’ordre… en vain.

- Il n’y a pas de soucis, c’est moi qui ait proposé, il saute sur l’occasion. Allez vient suit moi.

Je la vois caresser l’animal puis partir. Meeko la suit gentiment. Il est incorrigible. Je la suis donc malgré moi. C’est déjà gentil de sa part de ne pas me dénoncer. Donc je ne veux pas abuser de sa gentillesse et de son hospitalité. Lorsqu’elle lui tend un biscuit le raton-laveur approche son visage et sent la nourriture. Puis il attrape un biscuit et commence à le goûter. Il finit par le manger en entier et en prend un autre.

- Tu en veux ?
- Non merci, ça va. Il en a plus besoin que moi.

Regardant mon meilleur ami, je ne veux pas déranger la demoiselle. Je suis un crève-la-faim après tout. Perdu dans mes pensées la jeune femme me ramène au présent.

- Mais comment se fait-il que tu as un raton-laveur comme animal de compagnie ? C’est un animal compliqué à apprivoiser non ?

Sa question ne me surprend pas. A force j’ai l’habitude d’avoir des réflexions sur Meeko. Je regarde la demoiselle.

- Parce que je suis bizarre et que je ne suis pas normal. Ma mère l’a sauvé quand il était bébé et elle me l’a offert. J’avais 5 ans. Peu de temps après elle est décédée. C’est tout ce qui me reste… Avec des biscuits non. Il était bébé quand je l’ai eu et on a grandi ensemble. Donc pas vraiment. Après par moment c’était pas facile mais on s’en est sorti.

Meeko prend un biscuit et vient me voir. Devant moi il me regarde et me tend le biscuit avec sa petite patte en faisant un petit bruit. Je me baisse et attrape le petit gâteau.

- Merci Meeko.

Alors qu’elle me propose des biscuits c’est Meeko qui va les réclamer. Mon raton-laveur est irrécupérable. Je le sais et ça me désespère par moment. Quant à moi je refuse poliment les gâteaux de la demoiselle. Je ne suis pas mort de faim non plus. Je peux tenir encore un peu. Mais c’est gentil de sa part.

Lorsqu’elle me demande pourquoi j’ai un raton-laveur je lui réponds que je suis bizarre et pas normal. En règle générale les gens me disent que je suis bizarre parce que j’ai un raton-laveur et que je n’ai pas un chien ou un chat comme tout le monde. Que voulez-vous ? Je ne rentre pas dans le moule et je ne suis pas monsieur-tout-le-monde. Mon animal de compagnie prend un biscuit qu’il me porte. Je me baisse pour prendre le gâteau et le remercie en le caressant.

- Oh je vois. Enfin tu n’es pas bizarre, enfin je n’ai pas l’impression. Ce qui est étonnant c’est le raton-laveur, mais il m’a l’air très mignon.

Etonnant ? On ne m’avait jamais sorti ce mot-là. Mais c’est sympa. Elle n’a pas l’air effrayé par mon compagnon. Bon en même temps elle travaille dans un refuge pour animaux. Donc dans la mesure où elle travaille dans un endroit comme celui-ci c’est qu’elle aime les animaux. Sinon je me pose des questions.

- Disons que je ne suis pas comme tout le monde, parce que j’ai un raton-laveur. Donc les gens me considèrent comme bizarre. C’est toujours joli un raton-laveur. Quand ma mère l’a ramené chez nous il était bébé. Il fallait donc qu’on lui donne le biberon, qu’on l’éduque, etc. Et lorsque qu’on lui donnait le biberon ou de temps en temps en le prenant sur moi, il tétait et ronronnait. Un peu comme un chat. Ça c’était trop mignon.

Je me rappelle encore de la première fois quand on lui a donné le biberon avec ma mère. Il était tout content d’avoir à manger. Soudain il s’est mis à téter les mains de ma mère qui tenait le biberon et à ronronner. Sur le coup ça m’avait surpris parce que je ne savais pas du tout qu’un raton-laveur ronronner comme les chats. Dommage que maintenant il ne le fasse plus vraiment. Ok il faut avouer que je n’ai pas essayé de lui donner un biberon.

Retournant voir la demoiselle il prend à nouveau un biscuit. Bon on va le calmer parce que sinon il va être malade. En plus je dois un service à la demoiselle pour ne pas m’avoir dénoncé, surtout que je lui ai proposé mon aide.

- Du coup en quoi je peux t’aider ? Parce que je ne pense pas que tu sois venue juste pour nourrir mon raton-laveur ? En plus ils doivent aussi avoir faim et soif avec la chaleur.

Evidemment je parle des animaux du refuge. Je la regarde avec un sourire.

- C’est trop mignon je trouve. Mais tu as une permission pour l’avoir en animal de compagnie ?

Oh c’est bien la première personne à avoir une question pertinente concernant mon animal de compagnie. Sur ce point-là, je suis en règle. J’ai tous les papiers m’autorisant à avoir Meeko avec moi et de temps en temps je le mène chez le vétérinaire pour être sûr qu’il aille bien. D’ailleurs ce n’est pas évident de trouver un vétérinaire qui s’occupe des ratons-laveurs. C’est sans doute aussi pour ça qu’en général j’y passe mon salaire.

- Oui j’ai les papiers qui me donnent l’autorisation. Avec les flics je suis peut-être pas en règle. Mais avec lui oui. Régulièrement je le mène chez le véto pour vérifier son état de santé. Un raton-laveur ne peut pas se débrouiller seul dans la nature quand il n’a pas eu d’éducation de sa mère. Il est obligé de dépendre d’un humain.

A l’époque je m’étais beaucoup renseigné sur les ratons-laveurs, étant donné que ce n’est pas un animal de compagnie habituel. Meeko est habitué à moi. Il refuse que ce soit quelqu’un d’autre qui s’occupe de lui. Dans ces cas-là il devient agressif. La vétérinaire me dit tout le temps de faire attention parce qu’un raton-laveur reste un animal agressif et sauvage. Mais je me fais attention et je n’ai jamais eu de problème.

Ensuite je lui demande en quoi je peux l’aider, parce que je ne suis pas vraiment venu ici pour nourrir mon compagnon. Même si monsieur aime bien les biscuits de la jeune femme il est temps d’arrêter. Sinon il risque de faire une indigestion et c’est autre qu’un mois de salaire que ça va me coûter. Sans compter qu’il va devenir obèse et je vais tomber à la renverse quand il va monter sur mon épaule.

- Et bien oui je veux bien. J’allais justement leur donner de l’eau avant que tu n’arrives brusquement ici. Donc tu te charges de l’eau et moi je vais leur donner à manger.

Un petit rire gêné s’échappe de mes lèvres. C’est gentil d’en rajouter une couche. D’un signe de la tête j’acquiesce. Une fois qu’elle a rangé les biscuits je regarde mon partenaire.

- Ça sera pour plus tard, si tu as bien travaillé.

- Non je pense que c’est stop. Sinon il va être malade.

Je récupère Meeko et le met sur mon épaule. Puis je suis la demoiselle pour savoir où remplir l’eau. Arrivés au niveau des cages, elle entame la conversation.

- Au fait je ne sais même pas comment tu t’appelles. Moi c’est Odeline.

Exact. Avec tout ça, j’ai complètement oublié de faire les présentations. Enfin elle connaît déjà mon raton-laveur et son estomac pour les biscuits mais pas moi.

- Je m’appelle Allen. Enchanté.

Allant remplir des sceaux d’eau pour les animaux du refuge, je retourne les voir et leur donne un peu d’eau à chacun. Je veille à ce que Meeko reste sur mon épaule, car je ne veux pas de bagarre entre les animaux. J’adresse un regard à Odeline.

- Tu travailles ici à temps plein ?

Quitte à rester un peu au refuge, autant faire connaissance.

Comme je l’ai promis à la demoiselle, si elle m’autorisait à rester, je lui demande en quoi je peux lui être utile. Elle me répond que je n’ai qu’à remplir des seaux d’eau pour pouvoir la distribuer aux animaux. Deux seaux à la main je pars au robinet et rempli les deux. Une fois que je suis de retour au niveau des cages, nous faisons les présentations. La demoiselle s’appelle donc Odeline. A mon tour je me présente, car elle connaît déjà mon compagnon qui adore les biscuits. Tandis que je répartis l’eau dans les différentes gamelles des différentes cages, je demande à Odeline si elle travaille ici à plein temps.

- Non je suis bénévole quand j’ai un peu de temps dans mon emploi du temps. Je suis violoniste à la base. Et toi que fais-tu ?

Un petit rire gêné s’échappe de mes lèvres quand elle me demande ce que je fais dans la vie. Dire que je suis un voleur n’était peut-être pas la meilleure idée du siècle. Bravo Allen !

- Tu veux dire à part voler à manger ? Je suis livreur chez un traiteur assez renommé. Sinon j’aime bien la danse. Oh c’est cool ! J’adore le son du violon, je trouve ça magnifique. Tu joues dans un orchestre ou tu es indépendante ?

Quand Odeline me demande ce que je fais dans la vie, je me doute qu’elle veut dire en dehors de voler. En même temps ce n’est pas bien compliqué à comprendre. Je lui réponds que je suis livreur et que j’aime la danse tout en lui demandant si elle joue dans un orchestre ou si elle est indépendante.

- Oh c’est une bonne chose. Je ne suis pas très douée en danse pour ma part. Je suis dans un orchestre oui, mais j’aimerais devenir indépendante un jour.

Je la regarde avec un sourire avant de lui répondre.

- On ne peut pas être doué en tout. Sinon la vie serait monotone. Les deux sont biens mais j’avoue avoir une petite préférence pour l’indépendance. En tout cas j’espère que tu y arriveras.

Alors qu’il reste un fond d’eau dans le sceau j’autorise Meeko à le boire. Nous sommes en plein été et il fait chaud. Il faut qu’il s’hydrate un peu, plutôt que de manger tous les biscuits de la demoiselle.

- Tu suis des cours de danse ?
- Non, c’est trop cher et j’ai pas l’argent. Je regarde des vidéos sur youtube et je fais au feeling.

Vu le prix des cours de danse, je n’en prendrais jamais. A moins que miraculeusement je gagne au loto. Pour l’instant ce n’est pas le cas. Une fois que nous avons terminé nos tâches, je pense qu’il est temps que je rentre et que je la laisse tranquille.

- Je ne vais pas te déranger plus longtemps. Je vais rentrer. C’est déjà gentil de ta part de m’avoir permis de rester. Peut-être à une prochaine fois. Et merci de ne pas m’avoir dénoncé.

Un sourire apparut sur mes lèvres. Je fais un signe de la main à Odeline pour lui dire au revoir. Meeko lui fait aussi un petit signe de la patte avant de grimper sur mon épaule. Puis je repars comme je suis arrivé. Escaladant le mur je disparais de l’autre côté.