Nous étions dimanche midi et j’avais invité Odeline, une de mes cousines habitant à New York depuis un an à manger chez moi. Chez moi, ce lieu que je ne visitais plus que quelques heures par semaine. Tout y était nickel, rien ne dépassait, à tel point que ma femme de ménage m’avait demandé s’il était toujours utile qu’elle y passe deux fois par semaine. Je ne m’y rendais que peu, entre mes études, les soirées et le temps que je passais chez Tino. J’avais d’ailleurs encore squatté son appartement la nuit précédente mais l’avait quitté plus tôt. Nous en étions tous les deux au même point, je n’arrivais toujours pas à me laisser aller à mes émotions, cette peur me tiraillant de plus en plus.

Odeline était comme une sœur pour moi. Petites nous nous voyions lors des réunions de famille ou des vacances dans la maison familiale de nos grands parents. Je pouvais tout lui dire et inversement. Sept ans nous séparaient et c’est je crois ce qui nous rapprochait le plus finalement. Elle était ma grande sœur, celle qui m’avait écoutée après ma première fois, celle qui m’avait consolée après la perte de ma nounou, celle qui m’avait encouragé lors de mon départ pour New York. Quant à moi, j’étais sa plus grande fan, elle jouait tellement bien et j’avais envie de la voir réussir. Quand elle m’avait annoncé sa venue à NY un an plus tôt j’avais été aux anges et cela m’avait conforté dans l’idée de faire ma vie ici.

Pour l’heure, nous ne nous étions pas vus depuis deux semaines et elle me manquait. Nous nous appelions souvent mais n’arrivions pas toujours à faire coïncider nos emplois du temps pour passer un moment ensemble. Ce dimanche ci, nous étions toutes les deux disponibles et avions sauté sur l’occasion pour nous voir. J’étais passée chercher des lasagnes chez le traiteur, n’ayant ni le temps, ni le talent de les préparer moi-même.

Une fois douchée et habillée d’une jupe en jean et d’un top blanc, j’avais dressé la table et sortir une bouteille de vin français. Pour le dessert, j’avais pris des patisseries. Vers 13h, on frappa et j’allai ouvrir.

« Ode ! Entre, ça va ? » lui dis-je tout en lui faisant la bise avant de la laisser entrer chez moi.

«- Bonjour la belle. Ça va très bien et toi ? Je nous ai pris le dessert, j’espère que ça te va. » Je regardais ce qu’elle avait dans les mains, une tarte aux fraises bien appétissante. La gourmande en moi ne pouvait qu’acquiescer ce choix.

« Ca va aussi ! Parfait ! Elle donne envie en tout cas ! Je nous ai pris des lasagnes, ça te va ?  Tu connais mes talents en cuisine, elles viennent du traiteur.» dis-je à mon tour. Je refermai la porte derrière nous et, machinalement, jetai un œil sur mon téléphone pour voir si j’avais un message. Je nous dirigeai ensuite vers la table, invitant Ode à s’installer. C’est vrai que mon loft avait des allures de magazines, de loft témoin tant je n’arrivais pas à m’y installer véritablement et, plus le temps passait, moins j’avais envie de me pencher sur la déco ou autre.

« Tu veux boire quelque chose avant de manger ? J’ai du fort et du moins fort et il doit me rester… euh de l’eau, je n’ai plus de jus de fruit. » dis-je devant mon frigo quasiment vide. Il devait me rester un fond de bouteille de lait à jeter et une pizza. De pire en pire, pensai-je tout en m’en amusant. Je n’avais même pas pensé à vérifié mes placards avant l’arrivée d’Odeline, il fallait vraiment que je me reprenne.

« Ah au fait ! » lançai-je en me souvenant de quelque chose. « ...J’ai reçu un appel des parents, papy et mamie organisent leur anniversaire de mariage en octobre, tu as eu l’info ? » lui demandai-je alors que j’avais eu la nouvelle quelques jours avant. Même si je n’étais pas spécialement proche de mes parents, je me faisais toujours une joie de retourner en France pour voir ma famille et partager ce genre de moments. Nos grands parents fêtaient leur 60 ans de mariage et leur amour sans faille me faisait croire en l’amour véritable et éternel même si je me refusais à y songer pour moi. J'espérais qu'Odeline serait présente et que cela ne tombait pas sur une de ses dates de concert.

J’optais finalement pour deux verres de vodka citron suite à la réponse de ma cousine. Je préparai également une carafe d’eau pour la suite de la soirée si nous ne buvions pas que du vin. J’avais pris l’habitude de tirer l’eau en avance avant de la boire. Mon alcool fétiche dont, pour le coup je ne manquais pas dans mes placards. « Vodka citron dans ce cas ! » dis-je avant de poser les verres sur la table et sortir un paquet de cacahuètes.

Je lui parlais ensuite de l’anniversaire de mariage de nos grands-parents et sa réponse ne me surprit pas. « Oui j’ai eu l’information. Ma maman m’a envoyé un sms m’expliquant rapidement la situation. Mais je ne sais pas si je pourrais être présente, cela va dépendre de l’orchestre. Pour le moment je n’ai rien, j’espère que ça va rester comme ça. Tu y vas toi ? »

« J’aime bien quand on se retrouve tous alors oui j’y vais ! J’espère que tu y seras ! » lui dis-je sincèrement avant de boire une gorgée de vodka. Rapidement Odeline me demanda des nouvelles et, on ne peut pas dire que je n’avais rien à lui dire. Je l’avais d’ailleurs invitée pour pouvoir me confier sur ce qui m’arrivait avec Tino, mais pour commencer, je préférai parler de mes cours essentiellement.

« Les cours ça va, j’ai trouvé un stage, j’ai hâte de commencer et hâte d’en avoir fini pour pouvoir être vraiment journaliste.  Et toi ? Comment se passent tes concerts ?» C’est fou comme pour le coup nous étions différentes. J’adorais la musique mais j’étais infoutue de jouer ne serait-ce que du clavier. Même la flûte au collège fut une véritable catastrophe. Alors qu’Odeline jouait tellement bien du violon, cela m’avait toujours épaté d’ailleurs.

« Pour un petit journal sur internet ! Il n’est pas vraiment connu mais je t’enverrai le site si tu veux ! »

lui répondis-je en souriant avant qu’elle ne me donne à son tour des nouvelles de son boulot. Le rythme devait être dur à tenir et la pression surtout. Le journalisme entrainait aussi beaucoup de pression mais je ne le voyais pas pareil. Elle semblait si heureuse et épanouie dans ce qu’elle faisait que je supposais que tout ce stress ne devait pas être grand-chose. « Sinon hormis tes cours, quoi de beau ? Parce que je suppose que tu ne passes pas ta vie à travailler pour la fac. »

Et voilà, nous allons y arriver… Ce moment où je ne savais pas comment, pour la première fois de ma vie elle allait pouvoir me considérer. Je terminai d’ailleurs mon verre avant de lui répondre.
« Hum et bien, c’est un peu pour ça que j’ai voulu qu’on se voit vite… Je suis des cours de self defense avec des copines, depuis le début de l’année et… Le prof est vraiment canon… J’ai bien sympathisé avec lui, j’ai pas forcément toujours bien agi mais il ne s’est jamais rien passé, il a 40 ans et… enfin… Je suis amoureuse de lui… Mais je suis incapable de lui dire ou quoi que ce soit… J’ai peur... »

Je marquai une pause, la regardant pour vérifier qu’elle ne me prenait pas simplement pour une gamine amoureuse de son professeur. « Depuis ma nounou, j’ai peur de perdre une autre personne chère et, si je me lançais avec lui, ce serait trop dur de le perdre... Tu ferais quoi à ma place ? » demandai-je finalement. J’espérais qu’elle allait juste retenir l’aspect sentiments, en même temps je lui avais caché le plus absurde.

Elle semblait vraiment heureuse pour moi et je me rendis alors compte que je ne l’avais même pas annoncé à mes propres parents. Je les aimais plus que tout mais je ne me confiais pas à eux et, tant que mon stage n’aurait pas commencé je ne leur en parlerai pas.

« Après est-ce que c’est réciproque ? Car oui le problème quand on sort avec quelqu’un c’est qu’on prend également le risque qu’on le perde aussi. » Je me levai pour aller chercher les lasagnes qui avaient fini de réchauffer, alors que je réfléchissais à sa question. Quand je revins et, après nous avoir toutes les deux servi, je lui répondis.

« Je suis incapable de lui parler de ce genre de choses mais, disons que tu sais comment je suis quand je veux quelque chose, et il ne m’a jamais dit non, même… quand j’ai débarqué en pleine nuit et que j’ai dormi dans son lit… Il n’a rien tenté mais, il m’a pris dans ses bras et c’était... » Je m’arrêtai là, me sentant tellement idiote de me livrer comme ça. « Tu crois qu’il veut juste coucher avec moi ? »

Je venais de me couper l’appétit toute seule alors que j’adorais ce traiteur. Gênée de parler de ce genre de choses et me rendant de plus en plus compte de la portée de mes sentiments et de mes mots, je préférai me servir un verre de vin. Débarquer chez un mec en pleine nuit, après lui avoir volé ses clefs, pour dormir dans son lit… A part une folle furieuse qui pouvait faire ça.

« Je suis cinglée en fait... » pensai-je à voix haute. « Comment il pourrait vouloir être avec moi de toute façon ?! » dis-je avant de boire une gorgée de vin.  

« Je ne sais pas trop ce qu’il veut, mais tu devrais rester sur tes gardes. Non pas que je ne suis pas contente pour toi, mais il y a quand même 20 ans d’écart si je comprends bien. Donc je ne sais pas trop ce qu’il veut de toi et puis tu es encore jeune, je n’ai pas envie qu’il t’arrive quelque chose. » Je la retrouvais bien là, la grande sœur que je n’avais jamais eu… Toujours à s’inquiéter pour moi. C’est aussi pour ça que je ne lui en avais pas parlé plus tôt. J’écoutais ce qu’elle me disait et, même si cela me faisait mal elle n’avait peut-être pas tort. Tout ça me remuait beaucoup trop, moi qui avais l’habitude de vivre les choses au jour le jour, et ne pas me prendre la tête. Je pris ma fourchette et piqua dans mes lasagnes, souhaitant passer à autre chose pour le moment. Je n’étais pas du genre à me plaindre de ma vie ou à aimer en parler pendant des heures. J’avais posé les choses à plat avec Odeline et j’avais recueilli son avis sur la situation. Situation que j’avais vraiment résumée.

« Bon, de toute façon, je ne vais rien faire tout de suite ! Et toi ? Du nouveau dans ta vie, même si tu me rappelles que tu n’as pas de chance en amour ? Tu n’as personne qui t’intéresse ou que tu intéresses ? » lui demandai-je. J’avais envie de changer de sujet et en savoir plus sur la vie de ma cousine. Je comprenais ses inquiétudes, j’étais pareil avec elle même si elle était plus âgée. Je voulais que tout se passe bien pour elle, tant professionnellement que personnellement.

Comme à mon habitude, je me relevais très vite et reprit goût à ce que j'avais dans mon assiette.

"Tu veux boire? Du vin, de l'eau?" lui demandai-je. 

Je venais à peine de me confier à ma cousine que je préférai déjà changer de sujet. Elle ne sautait pas de joie face à mes sentiments envers Tino et je pouvais facilement le comprendre. Pour autant, je l’avais dans la peau, c’était plus fort que moi, et passer une soirée à en parler ne me rendrait que plus mal, mal de ne pas pouvoir aller plus loin avec lui, tétanisée par la peur de le perdre d’une façon ou d’une autre un jour.

Je demandais à ma cousine ensuite où est-ce qu'elle-même en était. Odeline semblait triste de ne pas trouver l’amour et je pouvais la comprendre même si , un tel engagement me faisait peur. Je me demandais bien ce qu’on pouvait ressentir lorsqu’on se sentait aimé et protégé coûte que coûte.

« Je suis sûre qu’il arrivera, tu le mérites ! »

M’apprêtant à me servir un autre verre de vin – il allait d’ailleurs peut-être falloir que je réduise ça un jour pendant mes repas entre amis ou autres – je lui proposais à boire également. « Je prendrais un verre d’eau s’il te plaît. La vodka en apéro c’était un peu trop fort à mon goût. »

« Oh ! Mais tu aurais du me dire non Ode ! J’ai fait comme pour moi mais je n’ai pas pensé que tu n’avais pas l’habitude. » m’excusai-je avant de remplir son verre d’eau. Je n’avais pas réfléchi alors que je savais très bien qu’Odeline ne buvait pas ou peu. Bien trop préoccupée par mes petits tracas de midinette j’en oubliais le reste. « Tu comptes partir un peu une fois ta tournée terminée ? » la questionnai-je ensuite, alors que mon assiettes était quasiment vide.

Je ne buvais pas si régulièrement que ça, et encore moins quand j’étais seule. Mais c’est vrai que j’avais pris cette facheuse habitude avec des amis. Je demandai ensuite à Odeline si elle comptait partir en vacances une fois sa tournée terminée. « Je ne sais pas trop encore peut-être un peu pour pouvoir souffler. Et toi tu vas faire quoi après tes études ? »

« Je sais pas non plus, les parents voudraient que j’aille les voir mais j’en ai pas vraiment envie. Je crois que, comme d’habitude j’improviserai. » répondis-je en souriant alors que nous terminions nos plats. J’aurais eu envie de partir en vacances mais avec mon obsession du moment je ne m’étais pas du tout penchée dessus. J’étais en revanche sûre de trouver quoi faire pendant les vacances. De toute façon, je n’étais pas du genre à tenir en place. Il fallait que je sorte, que je vois du monde pour me sentir bien. New York était parfaite pour ça avec tous ces quartiers qui nous offraient tant d’horizons différentes.

« Je n’ai plus de fromage ce soir, on va devoir directement passer au dessert. » Oui je n’étais pas française pour rien, du vin et du fromage, je ne pouvais pas m’en empêcher quand j’avais des invités, sauf ce soir-là, n’ayant plus rien chez moi. Je me levai de ma chaise et allai chercher la tarte au frigo ainsi que deux assiettes à dessert.

J’avais toujours été proche d’Odeline, c’était fou quand on voyait comment on pouvait être différentes parfois. Et pourtant, c’est à elle que j’avais eu besoin de me confier ce soir-là. J’avais vite changé de sujet comme à mon habitude et nous arrivions déjà au dessert, une tarte au fraise que ma cousine avait ramenée. Alors que je nous en coupais à chacune une part et les déposai dans une assiette, Ode me posa une question qui me surpris. « Au fait qu’est-ce que je devrais changer chez moi ? » Elle était si mal que ça ? Je m’asseyai alors aussitôt et posai une main sur la sienne.

« Quoi ? Mais rien du tout ! Ecoute moi, Odeline Hiwamari, je n’y connais fichtrement rien à l’amour mais il y a une chose qui est sûr c’est ne change rien ! Tu trouveras la personne qui t’aimera pour ce que tu es toi, ce que tu es vraiment. Alors aie confiance en toi ! Dis toi que ces mecs n’étaient pas les bons mais t’ont sans doute permis d’avancer dans la vie et de savoir ce que tu voulais ou non. » J’avais beaucoup parlé mais je voulais qu’elle prenne confiance en elle. C’était exactement pour ça que je ne voulais pas de relation sérieuse. Cela faisait beaucoup trop mal.

« La seule chose sur laquelle tu pourrais travailler c’est ton estime de soi. Ces hommes n’étaient pas les hommes de ta vie, c’était juste des brouillons, c’est tout ! Allez, mange, ça te fera du bien ! » finis-je en souriant alors que la tarte nous appelait.

« Oui je sais bien … Mais pourquoi ça ne tient jamais ? Je ne pensais pas être si nulle que ça en couple… Mais oui je sais ce que je ne veux pas maintenant… / Oui je sais bien… mais c’est toujours plus facile à dire qu’à faire malheureusement… » Nous n’étions vraiment pas les mêmes à ce sujet. Les relations de couple m’effrayaient tellement que pour moi c’était loin d’être un but à atteindre dans la vie. Pour autant, avec Tino, j’avais tellement peur de le perdre un jour où l’autre que je me sentirais presque prête à affronter ce genre de quotidien. M’endormir et réveiller dans les mêmes bras, rire et pleurer, avancer avec lui.

« Je ne peux vraiment pas t’aider sur ça, je ne connais rien aux relations de couple. Là seule chose que je peux te dire, et qui marche pour tout c’est de vivre au jour le jour. N’attends pas absolument que ton prince charmant, s’il doit venir alors cela arrivera. En attendant, vis ta vie et soit heureuse ! Une femme heureuse est toujours plus belle ! »

Je terminai ensuite mon assiette, n’ayant vraiment plus faim. « Eh bien, même si le plat n’allait pas du tout avec le dessert, c’était vraiment très bon ! » dis-je en souriant. « Il faut qu’on arrive à se voir plus souvent. »

« Oui c’était très bon, merci pour le repas. Et désolé pour l’ambiance… Je suis contente pour toi en tout cas. » Contente pour moi ? J’étais en train de tomber amoureuse d’un mec de vingt ans de plus que moi que je harcelais clairement. Je n’étais pas sûre que c’est ce qu’on appelait le bonheur m’enfin bon. J’espérais pour elle qu’elle trouverait l’amour, je savais que c’était vraiment important pour elle et je n’aimais pas la voir aussi mal.

« T’en fais pas, par contre, je ne sais pas s’il faut être contente, rien n’est fait et je ne suis même pas sûre de réussir à me lancer un jour. » lui dis-je en souriant. Et même si cela se faisait, serait-ce une bonne chose ? Il avait presque l’âge de mon père, il avait certainement des envie différentes des miennes, je devais être une simple gamine pour lui. Après que nous ayons débarrassé la table, Odeline me demanda ce que je voulais faire ensuite.

« Eh bien je ne sais pas, tu veux rester ici, se regarder un film, sortir en ville ? C’est comme tu veux ! » lui répondis-je. Il n’était pas tard et je n’avais rien prévu d’autre que le repas, j’aimais improviser sur le moment selon la tournure de la soirée.

« Comme tu veux, je ne veux pas te déranger ou t’imposer quelque chose. Mais on peut se faire un film si tu veux. » Je m’avance alors jusqu’au salon où je me pose dans le canapé, sortant de la table basse ma bonbonnière. « On se cherche un truc sur Netflix, plutôt quel genre de film ? » lui demandai-je alors. Je n’étais pas vraiment difficile en terme de film, j’adorais ça et regardai un peu de tous les styles.

« Sinon, tu crois que tu pourrais me donner des conseils pour m’habiller et me coiffer ? » Je fis mine de réfléchir un instant avant de lui répondre. « On se fait une séance shopping quand tu veux et pour ta coiffure, les cheveux lâchés ça te va vraiment bien ! Après, comme tu as des petits yeux et des cils très courts, n’hésite pas sur le mascara. » Je me rendis alors compte que mes paroles pouvaient être mal prises et me reprit. « Tu es très jolie Ode hein je te dis juste ça parce que tu es mal, et que je veux que tu te sentes bien ! »

Le tact et moi on faisait deux. Je parlais souvent sans réfléchir et c’était vraiment surprenant que, dans le milieu professionnel je sache aussi bien poser mes mots. J’étais déterminée et savait très bien manier mes mots pour venir à bout de mes reportages.

Nous n’avions visiblement pas d’idée de film toutes les deux. J’en pris un au hasard, plutôt bien noté, un film d’action, qui allait peut-être faire oublier à Odeline ses soucis le temps d’une soirée.

« Ca te va ça ? » lui demandais-je tout de même avant qu’elle ne me demande des conseils vestimentaires et pour se coiffer. Un peu mal à l’aise, j’avais évoqué quelques petites choses même si, pour moi, chacun faisait bien ce qu’il voulait. « T’inquiète pas, je t’ai demandé ton avis alors je ne le prends pas mal. Et je veux bien pour la séance shopping. » Je fus rassurée qu’elle ne m’en veuille pas et pris un réglisse avant de lancer le film.

La soirée se poursuivit tranquillement et, quand Odeline repartit chez elle j’étais toujours aussi pleine de doute quant à Tino mais soulagée d’avoir pu me confier tout de même. J’espérais revoir ma cousine assez rapidement tout de même et surtout réussir à l’aider à se sentir mieux.