Le quartier d'affaire de New-York, l'un des plus peuplées et les plus vivants de la ville en journée et pour cause véritable pépinière d'entreprises de renommées, de start-up en tout genre et d'établissements bancaires créant de fait une véritable place boursière. C'est exactement dans ce quartier que le siège de la société Monochromatic Catwalk a décidé de s'installer depuis quelques années après avoir gagné sa popularité dans le monde de la Haute-Couture et du luxe. L'immeuble était loin d'être le plus grand du quartier mais il disposait de pas moins de 3 étages au style baroque et moderne à la fois avec hauts espaces et moulures au plafond. Ces étages tous plus vastes les uns des autres permettant ainsi de large espace de travail et même l'insertion des ateliers de création permettant ainsi une proximité directe avec l'ensemble des salariés.

La journée avait plutôt bien débutée pour la Directrice Juridique, elle avait réussi à évacuer pas mal de tâches importantes en un temps records ce qui lui permettait de pouvoir relâcher peu à peu la pression qu’exigeait ce poste a responsabilité. Son planning de la journée ne comprenant qu'un seul rendez-vous, elle s'était rendue au hall de bâtiment là où les hôtesses d'accueil s'occupaient de transmettre les appels et recevoir les invités dans le but de leur fournir ses indications lorsqu'il arriverait. "Olivia s'il vous plaît, j'ai rendez-vous avec Monsieur Henriksen aujourd'hui à 15h. A l'évocation de ce nom je ne doute pas que vous sachiez de qui il s'agit. Merci de bien vouloir l’accueillir correctement avec une tasse de café pour lui et pour moi. J'attends votre appel à son arrivée, je descendrai et nous irons dans la salle "Paris" vous pouvez nous la réserver?" Bien que Natalia manipulait à merveille la langue, son accent russe refaisait toujours surface elle et ne savait jamais si le ton qu'elle employait été trop autoritaire ou non. Pour atténuer cette sensation elle lui avait délivré un sourire amical et chaleureux avant de traverser cet immense hall, sobrement meublé mais dont des créations des stylistes et des grands affiches des différentes campagnes de shooting de la marque avec des mannequins hommes et femmes de renom décoraient les murs.

La russe s'était finalement de nouveau isolée dans son bureau afin de détailler un peu plus les photos et la page wikipedia de ce Adrian Henriksen afin d'en apprendre un peu plus sur cet acteur et mannequin qu'elle allait rencontrer pour la première fois puisqu'elle n'avait prit ses fonctions que depuis quelques mois. En Russie, elle avait amplement eu l'habitude de fréquenter des personnes connues voir même des politiques de par la réputation de son propre père. Mais depuis qu'elle était arrivée à New-York, elle s'était fondue dans la masse et personne ne savait qu'en dehors elle était en réalité une héritière politique puissante. Cet anonymat croissant lui plaisait et elle pouvait pour la première fois vivre par elle-même. En faisant défiler les nombreuses photographies de l'acteur et mannequin, ainsi que son palmarès cinématographique, elle ressentait une légère pointe d'appréhension face à ce rendez-vous pas seulement car cet Henriksen était très beau mais parce que pour la première fois elle allait représenter l'entreprise devant une célébrité et non plus devant des investisseurs financiers et autres hommes d'affaires. Il lui fallait faire bonne impression pour qu'il renouvelle son contrat de mannequin avec l'entreprise.

La voix familière de mon agent s’élève à intervalle régulier du grincement des ciseaux de mon coiffeur. D’une oreille distraite je l’écoute énumérer le planning de la journée. Il y a des jours où la vie d’acteur et mannequin me pèse. Qu’est-ce que je ne donnerai pas pour être au fond de mon lit, à dormir telle une marmotte. Au lieu de cela je dois me coltiner une séance de shooting photo… « Tu pourrais faire un effort Adrian ! On doit renouveler ton contrat cette après-midi ! » Grogne-t-il en indiquant au coiffeur la limite de l’implantation de mon cuir chevelu. Cette sale manie de tout vouloir contrôler m'exaspère au plus haut point en ce moment. Même s'il pense bien faire, je ne suis plus un enfant. Je n'ai pas besoin qu'il me colle tout le temps. « Et arrête de penser à Dinah ou à ton interview foireuse avec Lou Rosenbach ! » Renchérit-il alors que je lui adresse un regard noir par le biais du miroir. Bien évidemment que je n'ai pas oublié mon interview avec Lou. Nous étions davantage Lou et Adrian que Lou Rosenbach et Adrian Henriksen. Comme si aucun d'entre nous n'étaient parvenu à oublier le passé. « Je ne t’ai pas demandé mon avis, me semble-t-il. » Rétorquais-je en vérifiant ma coiffure d’un air un peu trop minutieux.

Quelques heures plus tard, mon majordome, Wilfried, nous attend devant l’agence. À demi assis sur la banquette arrière, je regarde défiler les immeubles et monuments qui s’étendent jusqu’à l’horizon. Soudain Wilfried m’interpelle « Vous avez l’air soucieux, Monsieur. Un problème ? » Me demanda-t-il par-dessus les grésillements de la radio de sa voiture de patrouille. Sans le vouloir, il vient de me ramener à un point crucial. Je ne suis pas enclin à renouveler mon contrat avec cette agence. Je n’ai pas apprécié les remarques sexistes du photographe, envers ses assistantes. Même si je lui ai fait remarquer, il a eu l’air de s’en indifférer. Subitement le véhicule s’arrête. Wilfried vient m’ouvrir la portière. D’un geste habituel, je m’extirpe de l’habitacle de la voiture. Non loin, la voix d’un vieil homme tonne. Elle se plaint du prix de la course de taxi. Avec cette fâcheuse habitude de disposer d’un chauffeur privé, j’avais presque oublié ô combien le prix d’une course pouvait rapidement s’élever ici. À croire qu’ils aimaient faire des détours, prendre les avenues les plus bondées et rajouter des queues aux zéros. 

Une fois dans le hall d’entrée de Monochromatic Catwalk, je me présente à l’une des hôtesses d’accueil. Sitôt annoncée, elle se hâte de prévenir la Directrice Juridique avec qui j’ai rendez-vous : Natalia Litoski. « Je vous invite à patienter sur l’un de nos fauteuils. » M’indique-t-elle d’un ton poli. Mais que croit-elle ? Que je vais obéir tel un gentil petit toutou à sa mémère ? Elle se trompe. D’un bref signe de la tête, je refuse son invitation. Je préfère largement être debout qu’assis. Pendant ces quelques minutes de répit, je réfléchis aux conséquences qu’un éventuel refus pourrait engendrer. Je ne suis vraiment pas enclin à renouveler mon contrat ici.

Son téléphone avait sonné à 15h pétante, lui annonçant ainsi l'arrivée de Adrian Henriksen. Afin de ne pas le faire attendre plus longtemps, elle attrapa rapidement le dossier qu'elle avait précédemment préparée sur son bureau et le glissa sous son bras. Il comprenait notamment le nouveau contrat qu'elle avait choisi de moderniser et qu'elle allait proposer au mannequin. Alors qu'elle glissait un simple stylo Bic des plus basiques sur l'une des lanières de la pochette, elle en profita pour jeter un dernier coup d’œil à sa tenue et son maquillage afin de s'assurer que tout était correct. Elle avait opté ce jour-là pour une tenue simple composée d'un petit pull écrue asymétrique dévoilant ainsi une partie de sa clavicule et de son épaule gauche. En bas elle portait simplement un jean gris quelque peu délavée d'une grande marque de jeans connue dans le monde entier, on pouvait d'ailleurs facilement deviner cette marque grâce à la petite étiquette rouge glissait sur l'une des poches du jean.

Pour une fois exit les escarpins, elle avait opté pour une paire de bottines noirs à lacets contrastant parfaitement avec l'idée que l'on pouvait se faire d'une Directrice Juridique standard bien souvent en tailleur. Elle salua son choix de chaussures qui lui permi de descendre rapidement les escaliers afin de rejoindre le hall d'entrée et de ne pas faire attendre une seconde de plus son rendez-vous. Quelques mèches de ses cheveux blonds volaient au-dessus de son visage par la vitesse de sa descente et alors qu'elle atteignait les dernières marches de l'escalier du hall elle aperçu directement Adrian Henriksen. Alors même qu'elle  n'était pas encore proche de lui, elle comprit parfaitement pourquoi l'entreprise avait fait le choix d'en faire l'un de ses mannequins les plus importants.

Toujours le dossier coincé sous son bras, elle arriva finalement au niveau du poste des hôtesses où Monsieur Henriksen attendait non loin. Natalia arbora un large sourire chaleureux et naturel alors qu'elle glissait par la même occasion un courrier aux hôtesses qu'elle devait transmettre à la poste et qui concernait un autre dossier. "Monsieur Henriksen, bonjour je suis Natalia Litoski ravie de vous rencontrer." chacun de ses mots portaient l'emprunte de son accent russe mais cela n'entachait en rien la compréhension de ces phrases qu'elle maîtrisait à la perfection après de longues années d'études. La jeune femme lui serra alors la main droite fermement habituée à réaliser ce geste chaque jour. "J'espère que vous n'avez pas été trop bloqué dans les embouteillages, ce quartier de la ville est parfois un peu compliqué tellement il est peuplé de travailleurs en tout genre. Je nous ai réservé une salle pour que l'on puisse discuter tranquillement." Elle avait plongée son regard azur dans celui du mannequin gardant toujours son sourire sur son visage sans qu'il ne soit pour autant forcé. Elle avait pu rapidement détailler les traits du visage du mannequin et elle ne pouvait pas dire le contraire il était conforme aux multiples photographies qu'elle avait pu voir et potentiellement même plus beau en réalité maintenant qu'elle l'avait face à lui.

Elle pivota rapidement sur ses pieds, l'invitant à la suivre alors qu'elle se dirigeait vers l'un des couloirs du rez-de-chaussée afin de se rendre dans la fameuse salle de réunion. Bien qu'elle soit en générale assez douée pour tenir une conversation, elle avait fait le trajet de quelques secondes en silence ne souhaitant absolument pas en faire trop, ce qui risquerait d'ennuyer le mannequin avant même qu'il n'est commencé à parler du contrat. Elle finit par ouvrir une porte au fond du couloir qui déboucha sur un petit salon composé de quelques canapés individuels et d'une table basse. Un bar était même installé dans un coin de la pièce permettant ainsi aux invités de se désaltérer à la guise lors de longue réunion. "Je vous en prie, installez vous, et surtout n'hésitez pas à vous servir au bar la bas au coin. Tout et à disposition et je pense d'ailleurs que c'est la raison pour laquelle il s'agit de ma salle de réunion favorite." dit-elle en riant doucement essayant de détendre l'atmosphère avant le début des négociations.

L’attente durant laquelle je patiente me paraît bien trop courte pour être réelle, comme si on se dépêchait toujours pour rejoindre l’homme que je suis devenu, et non celui que je suis. Soudain une voix féminine m’interpelle. À peine ai-je le temps de me retourner qu’elle se présente. Ainsi donc il s’agit de Madame Litoski. Le court échange de regard que nous nous adressons se mêle à une poignée de main cordiale et professionnelle. Ses premiers propos demeurent anodins, comme si mon statut empêchait quiconque d’être davantage expansif. Sans rien ajouter de plus je la suis. Le panneau qui orne la porte d’entrée indique Paris. Tiens donc, nous allons faire un petit voyage outre-Atlantique ! Si un léger sourire s’immisce contre mes lèvres, il ne perd rien de sa superbe lorsqu’elle s’adresse de nouveau à moi. « Je vous remercie de bien vouloir me recevoir, Madame Litoski. » Si cette agence choisit scrupuleusement ses mannequins, il en est de même pour leur Directrice juridique ! Certains nommeraient cela comme le charme de l’Est, moi je ne lui donne aucun nom. Si ce n’est le sien. « Si vous recevez tous vos prestataires de la même manière que moi, je comprends pourquoi certains renouvellent leurs contrats ! » Nous ne sommes pas là pour admirer les fluctuations de la bourse, ou vendre des pâquerettes ! Nous le savons tous deux. De réputation je sais également qu’elle n’est pas une femme à manipuler si aisément. Sans doute parce qu’elle ne m’a pas encore rencontré. « Je vais être honnête avec vous, Madame Litoski, comme vous vous en doutez, j’ai eu d’autres propositions. » D’emblée j’annonce la couleur de cette négociation. Rien ne sera simple, pour l’un comme pour l’autre. Si mon précédent contrat demeurait fortement avantageux, il y a un point qui me chagrine tout particulièrement : les remarques hautement déplacées d’un certain photographe. Avec son air hautain et ses manies de se croire supérieur, j’ai dû me retenir de ne pas lui faire avaler l’objectif de son appareil photo !

« Je ne sais pas si l’information vous a été remontée, mais j’ai eu un différend avec l’un de vos photographes. Je n’ai pas apprécié la manière dont il s’est adressé à la gent féminine, à mon agent et à moi. » Il est hors de question que je participe d’une quelconque manière à cet engrenage machiste et misogyne. Lui et ses blagues graveleuses, sexistes et en dehors de tout propos… Qu’est-ce qu’il a pu m’agacer ! Si bien que nous avons à peine terminé notre shooting photo. « Il est bien entendu hors de question que je repasse devant l’objectif de ce dernier, j’espère que vous me comprendrez ! » Le court échange de regard que nous nous adressons se suffit à lui-même. Je n’ai jamais eu affaire à Natalia Litoski, mais quelque chose me pousse à croire que je préfère négocier avec elle plutôt qu’avec quelqu’un d’autre. Si je détaille rapidement sa tenue, c’est uniquement dans le but de cerner la personne qui me fait face. Nous sommes bien loin du tailleur, escarpins… Si caractéristique du domaine juridique. Non Madame Litoski apporte une sensation de fraîcheur et de renouveau.

En entrant dans la salle elle avait lourdement déposée le dossier coincée sous son bras sur l'une des tables basses de la pièce indiquant ainsi implicitement les deux fauteuils où ils s'installeraient pour discuter par la suite quand ils décideraient l'un et l'autre de s'asseoir. Alors qu'elle l'écoutait la remercier pour son accueil et sa façon d'accueillir les prestataires, elle s'était naturellement rendu vers ledit bar afin d'y préparer deux cafés qu'elle déposa par la suite sur un plateau accompagné d'un récipient pour le sucre et pour le lait ne sachant pas comment il prenait son café. Alors qu'elle ramenait le plateau sur la même table basse que là où était déposé le dossier, elle l'entendit lui mentionner le fait qu'il avait été approché  par d'autres enseignes qui souhaitaient également travailler avec lui. Bien qu'elle savait que la concurrence pouvait être sévère dans le milieu elle ne laissa rien paraître sur son visage. "C'est tout à fait normal que vous soyez approché par d'autres personnes vous proposant un contrat, on ne  peux pas leur en vouloir de toute manière nous faisons cela avec d'autres mannequins également, c'est le jeu."

Grâce aux fréquentations de son père à l'époque elle avait appris à laisser parler les gens qu'elle rencontrait, leurs phrases pouvaient souvent être une mine d'or et l'écoute était alors primordial pour pouvoir enchaîner sur les bonnes négociations ou pour diriger le discours vers le sujet souhaité sans créer de frictions. Natalia l'écoutait attentivement et juste après avoir déposé le fameux plateau elle était venue s'installer sur l'un des accoudoirs d'un des fauteuils. Cette position lui donnait un peu plus l'air d'être une employée standard sans grande responsabilité sans ce côté tiré à 4 épingles que doit être une directrice juridique. Elle avait étendue ses longues jambes devant elle alors qu'il venait à lui parler d'un certain accident avec un de leurs photographes. Cette dernière information fit se froncer les sourcils de la Russe comme si effectivement cette nouvelle ne lui été pas parvenue avant la réunion.

"Je suis désolée de vous annoncer que j'apprends de votre part l'information sur le photographe. Certaines concernant des pratiques douteuses avec des mannequins femmes me sont parvenus et j'ai tout mis en oeuvre pour le sortir de ce type de shooting photo de la plus légale des manières en attendant de pouvoir réellement le faire sortir définitivement. Bien évidemment, je ne tolère pas ce type de comportement que ça soit d'un homme vers une femme ou même d'une femme vers un homme. Je suis confuse car je ne pensais pas que c'était l'image que vous aviez de notre entreprise du coup." Elle marqua un temps d'arrêt se notant mentalement de faire sérieusement quelque chose contre ce photographe et de refaire un point avec les équipes sur le partage d'information aussi cruciale que celle-ci. Alors qu'elle laissait un silence couler doucement entre les deux protagonistes elle s'avança afin de récupérer l'une des tasses de café dans laquelle elle glissa un morceau de sucre sans y ajouter du lait. D'un simple geste de la main elle invita le mannequin à se servir également.

Alors qu'elle tenait sa tasse entre ses deux mains comme pour se réchauffer, habitude prise en Russie, elle plongea sérieusement son regard dans celui du mannequin. "Est-ce que ça vaut la peine que je vous parle des changements que nous menons chez Monochromatic Catwalk et de ce que l'on est prêt à vous proposer pour une nouvelle année de partenariat ou votre décision est déjà prise au regard de cette mauvaise expérience avec le photographe?" Questionna-t-elle ne souhaitant pas perdre son temps pour des négociations vouées à l'échec. Elle savait aussi que poser ce genre de question pouvait attirer la curiosité et lui faire gagner quelques points avant même d'avoir exposé ses idées pour une nouvelle collaboration. Au moins, elle était transparente avec lui.

Madame Natalia Litoski semble être une femme de raison. En apprenant les pratiques douteuses de ce photographe, elle me dit avoir fait le nécessaire. Mais est-ce vrai ? Après tous les loups ne se mangent pas entre eux. « Je vous remercie d’avoir fait le nécessaire Madame Litoski. » Répondais-je d’un ton satisfaisant. Voilà une femme qui semblait encline à prendre des décisions lorsqu’il le fallait. Peut-être arriverions-nous à trouver un compromis alors. « Oh Madame Litoski. Je ne vais tout de même pas condamner tout un troupeau pour une brebis galeuse ! » Répondais-je d’un ton plaisant. L’humour… La meilleure des armes ! Surtout dans le domaine du cinéma. Combien de journaliste et personnes désirent me piéger ? Beaucoup… Trop sans doute. « En revanche avec ce différend… Nous n’avons pas terminé le shooting. Mais ce n’est pas grave ! Ce n’est qu’un détail, je vous ai apporté un nouveau book. »  Alors que je lui tends mon nouveau book, fraîchement édité de ce matin, je la remercie d’un simple signe de la tête pour la boisson. Le sucre me fait de l’œil… Mon médecin me recommanderait certainement de ne pas trop en abuser, mais un café sans sucre n’est pas un café à mes yeux. Le goût bien trop amer me dégoûterait presque. Dire que certains le consomment ainsi… Et pire encore ! D’autres se délectent d’un yaourt nature. Quelle horreur !

Alors qu’elle m’annonça les changements que l’agence opérait, l’un de mes sourcils s’éleva. « Je vous écoute. Après tout, cela n’engage à rien ! » Le changement c’est maintenant non ? Peut-être que les modifications conduites à part Monochromatic Catwalk pourraient m’être bénéfiques, ou pas. À voir en fonction de ce que leur Directrice Juridique va m’annoncer. Cependant je ne perds rien à l’écouter, je ne suis pas non plus obligé de signer immédiatement. Le temps de la réflexion est un atout crucial dans ce milieu. « Je vous en prie ! Surprenez-moi ! » Lui demandais-je en remuant la cuillère de ma tasse de café. Peut-être en avais-je trop abusé du sucre ? À en croire la légère résistante à l’extrémité de ma petite cuillère, c’est certain. Au même moment mon téléphone portable sonne. Ne me laissera-t-on jamais tranquille ? « Veuillez m’excuser ! Je vais devoir vous laisser un instant, le temps que vous parcouriez mon book par exemple ! » Dragueur du dimanche ? Non. Don Juan invétéré ? Non plus. Charmeur ? Tout à fait. J’aime les femmes et elles me le rendent bien. Mais je ne suis quand même pas prêt à tout pour réussir. J’ai des principes qu’en aucun je ne franchirai. Sans rien ajouter de plus je décroche et quitte précipitamment la salle de réunion. Cette bouffée d’air frais me laisse respirer, alors que j’écoute d’une voix distraite mon agent. L’écho de sa voix n’est pas qu’enjoué, elle est heureuse. Il a enfin reçu la proposition de contrat d’une agence concurrente à Monochromatic Catwalk. Alors qu’il m’en lit les grandes lignes, mes sourcils se froncent. Si Monochromatic Catwalk veut poursuivre notre partenariat, il va falloir aligner ! Quelques minutes plus tard, je reviens dans la salle. « Excusez-moi pour cette interruption, mais le travail n’attend pas. Vous devez le savoir autant que moi non ? » J’ignore totalement si Natalia Litoski a déjà regardé l’un de mes films… Sans doute que oui et encore. Aujourd’hui les personnes qui prennent le temps de connaître leurs clients se font de plus en plus rares.

La discussion entre Monsieur Henriksen et Natalia suivait son cours d'une manière des plus anodines, même si plus la rencontre avançait plus le sujet de conversation commençait à s'approcher du but réel de ce meeting. Elle l'écoutait paisiblement lui répondre à ses diverses remarques notamment concernant ce photographe tout en buvant quelques gorgées de son café veillant bien évidemment à ne pas laisser tomber une goutte sur son pull clair. Elle s'autorisa même à laisser échapper un petit rire lorsqu'il tenta l'humour pour répondre à sa question qui était de savoir s'il était nécessaire de continuer leurs échanges ou si sa décision était déjà prise à cause de ce maudit photographe. Son rire semblait naturel et même si elle avait apprit au fil du temps à appréhender les hommes lors des négociations par des sourires ou des rires un peu niais. Elle se doutait parfaitement qu'il n'en serait utile avec celui-ci. La beauté et la réputation du mannequin devait surement l'avoir complètement rendue opaque à ce genre de situation. Et pour une fois, elle préféra opter une attitude sans langue de bois et naturelle bien loin de ses négociations avec des hommes d'affaires plus vieux et plus véreux.

Elle l'avait laissé poursuivre ses phrases et pendant qu'il lui tendait son nouveau book tout frais elle avait profité pour déposer sa tasse de café désormais à moitié pleine sur la table basse. Ses deux mains avaient alors saisit avec délicatesse le fameux alors qu'elle en profitait en même temps pour s'asseoir plus convenablement sur le fauteuil que sur l'accoudoir de sorte à rendre sa lecture plus agréable. Elle l'avait excusé d'un signe de tête et d'un léger sourire alors que son téléphone s'était mis à sonner et qu'il quitte la pièce un moment pour le réceptionner. Pendant ce temps et suivant ses indications, Natalia avait eu tout le loisir d'observer les différentes photographies de photographe tous plus talentueux les uns des autres certains dont elle pouvait même reconnaître l'identité apposé en dessous de chaque photo. Mais son attention était plus particulièrement portée sur le mannequin, chaque photographie avait une ambiance et un style bien différent ce qui montrait que l'homme savait s'adapter et être polyvalent face aux photographes. La beauté et la photogénie ne suffisait plus dans un monde où tout le monde aspire à ce genre de carrière. Et visiblement Monsieur Henriksen avait parfaitement compris les codes bien que sa double carrière d'acteur l'est probablement aidé dans cette voie.

Alors qu'elle avait toujours le book sur les genoux, il fit de nouveau irruption dans la salle après son coup de téléphone. "Ne vous en faîtes pas, vous êtes totalement excusé. Après tout, en regardant votre book je n'ose pas imaginer le nombre de casting ou de contrat que l'on doit vous proposer. C'est très réussis." Définitivement, si leurs échanges devenaient compliqués elle ne pourrait pas s'en sortir avec de beaux sourire et des battements de cils. Son idée du début était donc la bonne et il lui faudrait jouer la carte de la transparence et du naturel. Elle espérait néanmoins que les changements qu'elle avait opéré depuis son arrivée chez Monochromatic Catwalk suffirait à lui faire renouveler son contrat avec eux.

Elle avait gardé le book sur ses genoux bien qu'elle l'ait fermé cette fois-ci pour reporter toute son attention sur le mannequin. Lui étant toujours débout et elle assise, il était presque devenu difficile de deviner lequel des deux recevait l'autre dans ses locaux. "Monsieur Henriksen, permettez-moi mais vous êtes sous contrat depuis maintenant 1 an avec Monochromatic Catwalk. Avant de vous parler de changement et des projets d'avenir de l'entreprise, pouvez-vous me dire si vous avez été pleinement satisfait de nous ou si  au contraire des choses vous ont dérangé, en dehors de ce photographe bien évidemment étant donné que le sujet a déjà été abordé." Elle avait doucement posé ses mains à plat sur le book, ne faisant aucun autre geste de manière a démontré au mannequin qu'elle était attentive et à son écoute sur chacune de ses remarques. "Je ne dirais pas que mes prédécesseurs étaient mauvais, mais je suis certaine qu'il y a une grande différence entre un homme et une femme dans la manière de travailler et de voir les choses surtout dans une entreprise de Haute Couture comme la notre." En prononçant cette phrase, elle voulait insister sur le fait que sa précédente question était véritablement importante pour elle, et qu'elle était ouverte à toute critique dans le but ultime d'améliorer leur image d'entreprise.

Le compliment de mon interlocutrice ne manque pas de me faire sourire de nouveau. Il ne s’agit pas d’un sourire faux ou calculé, pour une fois, mais bel et bien sincère. Même si bon nombre de personnes me complimentent souvent, je sais pertinemment que beaucoup d’entre elles ne cherchent qu’à me charmer. « Je vous remercie pour le compliment, Madame Litoski. Et permettez-moi de vous le rendre. Je suis certain que vous n’êtes pas dans le monde du mannequinat par hasard. » Répondais-je avant de boire une nouvelle gorgée de café.

L’univers professionnel. Mais quelle merveilleuse invention. Chaque chapitre clôt en ouvre un nouveau. On succède à un incompétent et on précède un sournois. La dernière remarque de Mademoiselle Litoski ne manque pas d’audace. « Je ne dirais pas que mes prédécesseurs étaient mauvais. » Elle ne le dit peut-être pas haut et fort, mais le pense très certainement. Sinon quel est l’intérêt de le souligner ? Aucun. J’ignore si c’est de l’ironie ou de la compréhension, mais le faible sourire compréhensif que j’affiche trahirait presque mes pensées. Et en plus elle émet une différence entre une main d’homme et une main de femme. Intéressant comme approche. Mais se faisant Natalia Litoski n’a pas tout à fait tort. Il y a toujours une différence. Les hommes peuvent paraître plus brusques, alors qu’une femme… Tout est dans la finesse, l’élégance. Pour autant elles n’en demeurent pas moins redoutables que leurs homologues. Bien au contraire. Je pense même qu’elles peuvent être de véritables volcans qu’il ne vaut mieux pas réveiller. « Si j’ai été satisfait ? » Je répète instinctivement sa question, comme pour gagner du temps. Ce qui est le cas. « Mise à part ce fâcheux incident nous venons de discuter… » J’ai beau réfléchir, aucun évènement particulier ne m’a marqué avec eux, que cela soit positivement ou négativement. Dois-je lui répondre ceci ? Ni plus ni moins ? La femme d’affaires qui me fait face pourrait le prendre mal. Alors d’un air naturel et avec un grand sourire je me permets de compléter ma réponse. « Je n’ai aucune remarque particulière à ce sujet. Le contrat a été bien respecté, ni plus ni moins. » Je demeure très sincère dans ma réponse. Tout a été respecté, mais il n’y a rien qui me retienne à cette agence. Rien ni personne. « Mais je serais curieux de connaître les projets d’avenir de votre entreprise. Peut-être que s’ils me conviennent, nous pourrions trouver un arrangement pour le prochain contrat ? » Je ne suis pas totalement contre à l’idée d’une nouvelle collaboration, mais les propositions de ses concurrents ne sont pas non plus à ignorer. Ils ont réussi à personnaliser le contrat en fonction de ma personne.

Bien évidemment, Natalia n'avait pas formulé son compliment envers le mannequin ni envers son book pour en avoir un en retour. Ainsi, lorsqu'il lui formula une certaine éloge peu dissimulée elle n'en fut que surprise. Pour autant elle avait eu l'habitude d'être complimenté par tout un tas de monde lorsqu'elle n'était pas sur le sol américain. Mais depuis son arrivée, les choses avaient réellement été différentes et elle réussissait enfin à se mêler dans la masse. Ainsi lorsque Adrian Henriksen la complimenta en retour elle ne put s'empêcher de laisser échapper un léger sourire accompagné d'un rire de contenance. "Vous savez, mon métier resterai le même que je sois dans le domaine des voitures, du sport ou de la construction. Mais c'est vrai que celui de la Haute-Couture est assez passionnant et apporte son lot d'avantage." Sur ce point, elle disait vrai. Elle avait suivi des études plus longues que la moyenne dans un parcours en droit et science politique sans savoir ce qu'elle désirait faire par la suite tant sa famille la poussait vers un avenir prédestiné.

Fort heureusement, il n'avait pas  relevé la remarque très audacieuse qu'elle avait prononcé sur les différentes personnes qui l'avaient précédée à son poste, bien qu'un sourire se soit doucement dessinait sur son visage. Cette remarque d'ailleurs démontrait peut-être pour la première fois l'un des très de caractère de la jeune femme qui n'était vraisemblablement pas la modestie. Ne s'arrêtant donc pas sur cette remarque osée, il continua leur discussion en reprenant les mêmes mots et questionnement que venait de lui adresser la Directrice Juridique, lui laissant ainsi penser qu'il replongait dans ses souvenirs pour pouvoir répondre à la question. Finalement, il n'avait donc aucune autre remarque à propos du contrat précédemment conclu. Tant mieux, au moins elle n'aurait pas d'autre difficulté à surmonter que celle du photographe et les nouvelles dispositions mises en place dans l'entreprise depuis son arrivée devrait pouvoir satisfaire les attentes du mannequin. Du moins elle l'espérait...

Redisposant le book sur la table basse de la salle de réunion, juste aux côté de son propre dossier qu'elle avait longuement constitué, elle sourit cette fois-ci de manière plus prononcé lorsqu'il demandant à en apprendre plus sur ces nouveaux projets. Avant de prendre la parole, elle se releva avec grâce du fauteuil sur lequel elle se trouvait afin de traverser la pièce et se rendre du côté des fenêtres tirant doucement le rideaux comme pour observer la rue un peu loin, détachant de cette manière complètement son regard du mannequin. "L'amérique n'est pas si différente de mon pays natale, j'ai ainsi pu observer que lorsqu'il y a de l'argent en jeux ou une carrière rêvée à portée de mains, beaucoup d'acteurs sont capable de tout pour obtenir ce qu'ils souhaitent. Corruption, Manipulation, remarque déplacée et même concurrence déloyale.... Pour éviter tout ces facteurs, j'ai mis en place un code de conduite que chaque nouveau partenaires de l'entreprise signera. En cas de manquement à ce code de conduite, cela nous donne le droit de résilier le contrat de manière totalement légale. Elle prononçait ses mots comme s'il s'agissait d'une banalité totale, après tout elle avait travaillé des mois sur ce projet et avait fait tellement de réunion à ce sujet. Qu'une fois aboutit elle était déjà passée sur une nouvelle proposition. Pour finir, elle replaça le rideau qu'elle venait de déplacer pour observer la rue pour finalement se retourner vers le mannequin, s'appuyant contre la fenêtre et déposant ses mains sur le radiateur derrière elle, n'ayant en aucun cas une posture guindée que voudrait son poste. "Ce code de conduite inclut notamment un volet sur la corruption ou encore le harcèlement. Je suis persuadée que si nous voulons faire prospérer l'entreprise et l'image qu'on d'elle les clients cela passe par le bien-être des salariés et une certaine égalité entre nos partenaires. Nombreux sont ceux qui ont déjà signé cette charte de conduite. Pour le reste, je travaille déjà sur d'autre projet avec nos différents services permettant de remettre Monochromatic Catwalk un peu plus sur le devant de la scène. La confidentialité nécessaire dans mon métier m'empêche cependant de vous en dire plus tant qu'ils ne seront pas complètement mûrs." Elle parlait de cette confidentialité avec une facilité presque enfantine tant elle était habituée à manipuler des données sensibles ou financières et cela depuis bien plus longtemps que sa carrière dans le domaine du juridique.

Mais où ai-je mis les pieds ? Me demandais-je intérieurement en l'écoutant. La mafia russe peut-être ? Cela ne m'étonnerait même pas. Mais à l'écouter... Il y a quelque chose dans son pays natal. Une certaine nostalgie peut-être ? La charte de conduite qu'elle a établi en témoigne. Comme dans la pègre ou la mafia il existe un certain code d'honneur à ne surtout pas enfreindre. Là... C'est l'impression que Madame Litoski me donne. Elle me ferait presque froid dans le dos. L'espace de quelques secondes je l'imagine à la Braveheart, une tête plantée sur un pique et une armée derrière elle. Cette vision m'amuse et me dérobe un petit rire nerveux. " Hmm... Je vois. " Répondais-je en continuant d'écouter son discours. En effet la confidentialité demeure essentielle dans son métier, ainsi que dans le mien. Cependant je suis heureux de constater qu'elle a pris en compte l'incident avec le photographe. Si cela devait malheureusement se renouveler, je n'hésiterai pas à faire remonter ce genre de pratique scandaleuses. " Vous semblez prendre le taureau par les cornes ! " Soufflais-je en continuant de la regarder alors qu'elle me faisait face. Si elle crois m'impressionner ce cette manière, elle se trompe. Je ne suis pas un homme que l'on impressionne si aisément.

"Vous savez, mon métier resterai le même que je sois dans le domaine des voitures, du sport ou de la construction. Mais c'est vrai que celui de la Haute-Couture est assez passionnant et apporte son lot d'avantage." Mon interlocutrice ose me dire que son métier resterai le même peu importe le domaine. Etrangement j'ai du mal à l'imaginer vendre des voitures, des accessoires de sport ou dans le bâtiment. Quoi que... Avec son petit casque de chantier orange, cela pourrait avoir son charme. Si l'on omet le monopole de la gente masculine dans ce domaine bien évidemment. "C'est vrai que la Haute-Couture est un domaine particulièrement intéressant." Et stressant, mais je me garde bien de révéler cette information. Si elle stress à chaque contrat, il en est de même pour moi lors des défilés ou photoshoot. "Est-ce là votre originalité Madame Litoski ? Est-ce là votre paire d'as pour me convaincre de signer de nouveau avec vous ?" Demandais-je me levant à mon tour afin de lui faire face. Si beaucoup de mes homologues n'hésitent pas à se vendre, corps et âme, pour réussir il est hors de question que je fasse de même. Certes je pourrais mais il n'en n'est absolument pas question. Je tiens à rester moi-même et surtout Maître de mon destin.

En exposant ce nouveau projet et ce code de conduite qu'elle avait mis en place depuis plusieurs mois dans l'entreprise elle savait pertinemment qu'elle apportait un esprit de renouveau. Bien que les médias ne s'intéressait pas à ce genre de chose et que les secrets d'entreprises étaient bien gardés, son poste de directrice juridique lui avait donné accès à des données confidentielles sur l'état des comptes, les différents flux financiers et surtout la rivalité qui faisait rage dans les différentes entreprises de New-York. De plus, elle avait eu accès en avant première à des projets de loi sur lesquels travaillait actuellement le gouvernement, ce qui lui avait permis de mettre en conformité les rites de l'entreprise avant tout le monde, certaine alors de pouvoir gagner du terrain et des parts de marchés non négligeable lorsque le projet de loi serait promulgué. Ce code de conduite en était d'ailleurs la preuve même car de nombreux partenaires qui refusaient jusque là de contracter avec Monochromatic Catwalk avait revu leurs positionnement au regard des récents changements.

Elle l'observait d'une simplicité presque désinvolte désormais, se faisant peu à peu à son compagnie après cette vingtaine de minute passé ensemble dans cette salle de réunion aux airs de bar et salon de thé. Après tout, elle n'avait plus de raison de stresser la première approche et les premiers mots étant généralement les plus déterminants et les plus angoissants lorsque l'on rencontre une nouvelle personne. Ce stade était désormais amplement passé puisqu'ils étaient entré dans le vif du sujet en échangeant sur les projets de l'entreprise, qui pourraient éventuellement pousser Monsieur Henriksen à renouveler son contrat, ou non."Bien évidemment, je vous évite le discours banal et barbant des avantages que pourrait vous apporter notre entreprise en terme d'image pour votre carrière, en terme de représentation dans les médias et aux divers événements auxquels vous seriez invités et dont vous seriez totalement libre de choisir de vous y rendre ou non." Elle léger sourire en coin se dessina sur le visage de la jeune femme qui était de toute manière persuadée que d'autres entreprises avaient tenu comme premier discours celui des avantages luxueux qu'ils pouvaient offrir au mannequin s'il signait avec eux. D'un simple geste de sa main gauche, elle glissa l'une de ses mèches blondes qui venait troubler son regard derrière son oreille, reprenant immédiatement appui sur le radiateur après ce geste. Natalia savait pertinemment qu'elle souhaitait entretenir une différence certaine avec les autres groupes rivaux de Haute-Couture afin d'entrer réellement dans un registre de concurrence."Chez Monochromatic Catwalk, nous sommes soucieux du bien-être de nos salariés, de nos partenaires financiers et de toutes les personnes qui travailleront de près ou de loin avec nous. On appelle cela le bien-être. Je suis persuadée qu'avec que de la transparence et de la confiance nous pouvons réaliser de belles choses. Alors non Monsieur Henriksen, je n'ai pas de paire d'as à abattre pour vous faire signer ce nouveau contrat. Vous êtes libre de votre choix et de votre temps de réflexion. Notre offre sera simplement caduque si vous mettez trop longtemps pour prendre une décision." En prononçant ces derniers mots, elle plongea son regard océan dans le sien affichant par la même occasion un large sourire qui fit légèrement remonter ses pommettes sous ses yeux, lui laissant presque sous entendre s'il en comprenait la nuance qu'il risquerai de regretter sa décision si l'offre venait effectivement à expirer s'il mettait trop longtemps à ce décider, sans toutefois avoir besoin de le dire clairement.

Quelle femme ! Dans une autre vie Mademoiselle Litoski devait certainement être dans la mafia italienne ou sicilienne ! Je n'aimerai pas avoir à faire à elle en cas de problème. Je l'imagine bien dans une tenue sombre, sortir de sa berline et claquer des doigts afin qu'on lui apporte ce qu'elle a demandé ou plutôt exigée. " Hmm... Je vois. " Sa proposition mérite réflexion. Il est totalement impossible pour moi de me prononcer maintenant. Encore moins sans en avoir un minimum discuter avec mon agent sinon Luke risque de m'étriper vivant. Son petit éloge de son entreprise me fait doucement sourire. "Chez Monochromatic Catwalk, nous sommes soucieux du bien-être de nos salariés, de nos partenaires financiers et de toutes les personnes qui travailleront de près ou de loin avec nous." Elle le nomme le bien-être. D'autres l'appellent la qualité de vie en entreprise. Deux termes différents qui s'apparentent pourtant au même concept. Dans le plus grand des silences je l'écoute. Quand soudain le couperet tombe. Sa proposition ne durera pas éternellement. Après tout il n'y a pas d'amitié qui tienne dans les affaires. Elle me menace indirectement de ne plus pouvoir me proposer une telle offre. Mais si elle savait... Je n'ai pas besoin de Monochromatic Catwalk pour briller. Il y un panel d'agence qui m'ont déjà soumis leurs offres. Pourquoi choisirais-je celle ci en particulier ?

" Je vous remercie pour cette proposition. Mais je dois y réfléchir. Je ne suis pas seul à prendre ma décision, bien évidemment. " Soufflais-je en finissant ma tasse de café avant de me lever afin de la rejoindre. Pour une fois qu'on ne me drague pas, je vais en profiter. "Certes elle est intéressante mais je dois prendre en compte plusieurs facteurs qui sont indépendants de vous." Là je parle de ma vie privée. J'ignore encore ce qui m'attend concernant certains de ses aspects. " Je vous tiens informé de ma décision. " Puis je lui adresse une poignée de main cordiale et purement professionnelle. Elle a sans doute beaucoup de travail et moi de même. Alors que nous quittons la pièce, plusieurs regards curieux se posent sur nous. Un vaste soupir me gagne tandis que je me détourne dans sa direction. " Merci d'avoir pris le temps de me recevoir ! "

Bien évidemment qu'il n'allait pas lui donner une réponse immédiatement, après tout quel genre de personne serait-il s'il ne réfléchissait pas un minimum avant de signer un contrat et de contracter pour une durée plus ou moins longue avec une entreprise. Surement qu'il n'aurait pas bâti la carrière qu'il a aujourd'hui si chacun de ses choix étaient totalement irréfléchi. De toute manière en grande experte des contrats, Natalia savait qu'il était primordial de laisser le temps de la réflexion et de toute manière cela relevait presque de la validité d'un contrat, elle n'allait très certainement pas lui mettre le couteau sous la gorge pour obtenir sa signature. "Bien évidemment, prenez le temps qu'il vous faudra pour prendre une décision réfléchie." Alors qu'il s'était rapproché d'elle après avoir fini sa tasse de café, elle répondit chaleureusement à sa poignée de main, concluant ainsi ce meeting sur la négoce d'un nouveau contrat.

Avant de quitter la salle dénommée "PARIS", elle avait pris soin de lui rendre son book qu'elle avait laissé sur la table alors qu'elle reprenait quant à elle son large dossier dans les bras. Pendant qu'ils traversaient de nouveau le couloir attirant parfois quelques regards curieux ou admiratif sur leurs passages de part la présence de cette célébrité dans les locaux, elle avait pris le temps d'extirper de son dossier l'une de ses cartes de visite sobrement et élégamment calligraphiée, sur celle-ci on pouvait y lire très distinctement le nom, prénom et le poste de la Directrice Juridique ainsi que son contact téléphonique et mail. Une certaine originalité apparaissait sur cette carte de visite, car le compte instagram de la jeune femme y figurait également, laissant ainsi largement penser à l'une des vitrines de la marque. En réalité, il s'agissait là d'une nouvelle campagne de communication de la marque qui permettait ainsi à tout interlocuteur en possession de ces cartes de visites de visiter le compte instagram des employées qui généralement contribuaient en les alimentant de photographie à faire connaître aux futurs partenaires l'ambiance et la personnalité de la marque. "-Tenez, n'hésitez pas à me recontacter, vous trouverez mes coordonnées sur cette carte." dit-elle simplement en lui tendant la carte une fois revenue dans l'immense hall d'entrée. Son sourire n'avait pas quitté son visage bien qu'il paraissait cette fois-ci réellement plus naturelle qu'au début de leur rencontre, les tensions et le stress étant visiblement passés. ""Et surtout n'hésitez pas si vous avez d'autres questions ou remarque, je suis ouverte à la discussion." Elle replaça l'une de ses mèches blondes derrières l'une de ses oreilles alors qu'elle le quittait dans ce hall, avec les amabilités de rigueur avant qu'il ne quitte définitivement les locaux et qu'elle ne regagne son bureau pour continuer sa journée de travail.