trois jours. c'est le temps dont elle a eu besoin pour trouver les informations sur tino ramírez, aka papa. ça ne fait pas une semaine qu'elle est arrivée à new-york qu'elle sent déjà que cette ville, c'est la sienne. la france, elle n'en a que des mauvais souvenirs. les abandons qui se sont multipliés. maintenant, elle veut changer la donne la gamine, elle veut qu'on l'accepte, même si elle doit se battre pour ça.

dossier dans le sac, c'était moins compliqué qu'elle le pensait de retrouver la trace de tino. faut dire qu'il fait la une des journaux ici, avec l'émission de télé, ce reality show. elle a déjà une sacrée image du papa, c'est pas peu dire. déjà le gars les abandonne, sa daronne et elle, puis il se tape tout ce qui bouge apparemment. mais bon, elle peut pas trop juger, elle, elle donne son corps contre des sachets.

il a suffit de quelques questions, de quelques lectures aussi pour trouver l'adresse du type. faut dire que les rumeurs vont vite et les fuites aussi, avec les nouvelles stars. luce n'a jamais été intéressée par la presse people, mais pour le coup ça l'a quand même bien aidé. puis elle est futée la gamine, il lui a pas fallu plus de deux heures pour se repérer et trouver l'immeuble.

et encore moins de temps pour en crocheter la serrure. merci les mauvaises fréquentations.

l'appartement est pas mal, du moins beaucoup mieux que les ruelles où elle dort. et elle perd pas le nord, fait un peu comme chez elle. regarde rapidement la déco mais ne s'y attarde pas - pas encore. elle trouve la salle de bain, et très vite les couches de vêtements qui commencent à sentir tombent au sol alors qu'elle pose un pied dans la douche. ça fait des jours qu'elle ne s'est pas lavée, et sentir l'eau couler sur elle, ça lui fait du bien à la petiote sans gêne.

en quelques minutes elle sent bon, enfin. pas question de remettre les vêtements sales et crasseux qu'elle se trimballe depuis des jours. non, clairement, elle préfère se balader d'abord nue jusqu'à trouver la chambre du père inconnu, d'ouvrir son placard et de prendre un caleçon et un t-shirt long. elle est petite, ça va, ça lui fait une robe courte à la gamine. puis elle a connue pire. faut dire qu'elle n'a pas une grande estime d'elle-même, alors bon.

son expédition continue, ses cheveux trempés dégoulinent sur l'arrière de son dos et mouille son t-shirt, mais elle s'en accommode. elle se rend dans la cuisine, la petite souris compte bien fouiner dans les placards, elle en a marre du régime poubelle et miettes.

y'a son regard qui s'attarde sur le frigo, et elle en apprend plus. y'a des photos qui dévoilent le passé du padré, il a fait l'armée. il est aussi avec une rouquine sur l'une d'elles. c'est peut-être sa mioche, elle n'en sait rien. puis pour l'instant elle s'en fout. elle ouvre le frigo, ne compte pas se priver. elle prend un reste de pizza qui traine.

elle est toujours debout, part dans la main, croquant à pleine bouche, quand elle entend la porte d'entrée s'ouvrir.

y'a pas de verrou de mit vu qu'elle a crocheté la serrure. et y'a son sac à dos usé qui traine à l'entrée. et elle, elle bouge pas. elle attend simplement, comme si la situation était normale.

alors que non, clairement pas.
au fond elle a peur, elle stresse.
ce mec qui s'approche, c'est son père.

elle sursaute la gamine, en même temps avec une arme pointée sur son pif, y'a de quoi. elle en fait tomber la part de pizza au sol tellement elle est surprise. bon sang ce mec il rigole pas. elle en a connu des gens de cette façon, c'est pas la première porte qu'elle crochète, pas la dernière non plus. elle a en a aussi connu, une fois, une arme pointée sur elle lors d'un règlement de compte. elle était chez un gars - trop vieux pour elle - à s'envoyer en l'air pour quelques pièces, lorsque deux types sont entrés et lui ont mit une balle dans la jambe à son gars. chaud, très chaud. elle a pas demandé son reste la petiote, elle a reprit sa petite culotte et s'est barrée fissa. elle sait pas si le type est mort ou pas. elle s'en fout un peu, puis elle se souvient même plus de son prénom de toute façon.

sauf que là, elle peut pas se barrer. « putain mais ça va pas ? baisse ton flingue bordel. » ouais elle est comme ça luce, elle pénètre chez les gens, viol leur intimité et en plus c'est elle qui se permet d'engueuler. elle fait une tête étrange, du genre à hausser les sourcils et prenant un air à dire "regarde moi coco, tu crois que j'suis dangereuse ?" mais elle ferme simplement la porte du frigo et croise les bras devant le costaud. « c'est toi tino ? j'suis la fille d'ursula ruiz. »

une blague ouais, si seulement. mais sa propre vie, à la gamine, n'est qu'une mauvaise blague. c'est l'impression qu'elle a en tout cas. y'a un petit sourire qui se dessine sur le coin des lèvres de le petiote lorsqu'il dit d'un air terriblement détaché qu'il pensait son ex conquête morte. quel connard, est donc l'une des premières pensées qu'elle a de son père. mais elle dit rien, elle croise les bras en le regardant s'avancer pour ramasser la pizza qui aurait du finir dans son gosier. au moins, il a baissé son flingue.

et elle prend encore plus ses aises, posant ses fesses sur la table de lui cuisine, regardant ce type qu'elle ne connait pas mais qui pourtant, elle va chambouler la vie. « elle est peut-être morte ouais, j'sais pas, elle m'a lâché quand j'étais petite. » c'est à elle d'être détachée. mais elle a le droit, elle, car ursula est sa mère. lui, il passe juste pour un quetard profiteur et connard quand il se montre détaché. « t'as un truc à bouffer du coup ? vu que tu m'as fait lâcher la pizza. » bah oui voyons, c'est entièrement la faute de tino. qu'elle question.

ce qu'elle fout ici... elle savait quoi dire, promis. mais maintenant face à lui, les mots ne sortent pas. pourtant elle essaie, mais sa lèvre inférieure tressaille. c'est pas facile au final, de débarquer et de dire "hey, j'suis ta gosse." alors elle dit rien, elle se tait. et c'est compréhensible qu'il s'agace. c'est normal qu'il lui attrape le bras. et elle dit rien encore, parce que malheureusement la gamine, elle a l'habitude que les hommes la trainent comme ça, la considère comme un rien, un objet. et il parle, lui dit de dégager, de foutre le camp. elle fronce seulement les sourcils mais se retrouve vite en tenue légère dans le hall, sur le paillasson avec son sac dans les bras.

v l a m.

la porte qui se ferme au nez. elle se retrouve bien conne la gamine. de rage elle jète le sac par terre et donne un coup dans la porte. « connard ! » qu'elle lâche assez fort pour qu'il entende. et un second coup sur le bois. « t'as connu ursula y'a presque dix-sept ans, moi j'en ai seize ! fait le calcul et tu comprendras tout seul ! »

elle souffle, attrape son sac en colère, fout une bretelle sur son dos. et... elle commence à se barrer, tout simplement, les cheveux encore mouillé et le t-shirt pour simple vêtement. « putain. » qu'elle se dit dans l'escalier qu'elle descend d'un pas lourd et énervé. au moins, avec un peu de chance, un pervers la croisera comme ça et elle aura un endroit où dormir.

elle entend bien la porte s'ouvrir, les pas rapides qui se rapprochent. il dépasse la gamine, lui fait face, bloque la passage. elle pourrait crier aussi fort que lui, dieu sait qu'elle en a envie, elle pourrait aussi le pousser, se faufiler et se barrer. mais pourtant elle reste là, veut être confrontée. pourtant il cri, et ça lui plait pas que les rôles soient inversés, parce que normalement c'est elle qui gueule. alors pour toute réponse, elle lève le doigt en l'air, majeur vers la gueule de son père. « va chier, tu m'fous dehors et là tu reviens ? » et v'la qu'une nouvelle fois il l'empoigne par le bras, la force à remonter les escaliers. c'est une lionne la gamine, elle fronce les sourcils, pourrait le mordre à tout moment, mais une vieille rapplique.

elle peut pas s'empêcher d'avoir un petit sourire la minotte, parce qu'aux dires de l'ancêtre, les rumeurs sont vraies et son paternel se tape des jeunettes. et elle ouvre grand les yeux. comment ça, sa nièce ? mais elle le laisse au final, la re-foutre de nouveau dans l'appart. le sac tombe au sol et elle croise les bras. elle a les larmes aux yeux, parce qu'elle est en colère, parce qu'elle veut crier elle aussi. « c'est marqué dans mon dossier. » elle se baisse, attrapa son sac et l'ouvre. elle lui balance presque le dossier à la gueule.

et c'est marqué, noir sur blanc.
mère ursula ruiz,
père tino ramirez.

« j'sais pas si c'est vrai, mais ma mère a raconté ça aux services sociaux. » son pied tape le planché, elle est stressée. voilà qu'elle porte ses doigts à sa bouche, ronge ses ongles déjà courts. « j'suis ici parce que j'en ai marre d'être trimballée de foyer en foyer, alors j'ai fugué et j'ai prit un billet d'avion pour te rencontrer. » elle reprend son sac, le fout de nouveau sur son épaule. « j'aurais mieux fait de rien faire putain ! » elle dit ça mais c'est faux. elle regrette pas. comment regretter d'enfin rencontrer quelqu'un de sa famille, elle qui est seule depuis toute petite ?

il panique totalement le vieux. en même temps elle vient de lui lâcher une bombe en pleine poire. elle arrive et prétend être sa rejetonne alors qu'il n'avait rien demander, y'a de quoi péter une durite, elle le reconnait. mais lui, tout ce qui l'intéresse c'est de savoir si elle est recherchée. putain de connard, elle aurait du s'en douter, il a fait l'armée, il était flic. tous des cons. « ils me cherchent pas, ils doivent être contents de s'être débarrassé de moi. » en même temps vu le caractère de la gosse, ce serait effectivement pas si étonnant que ça qu'ils soient soulagé de plus l'avoir dans leurs pattes. « j'ai demandé à un gars que j'connais, pour les papiers. » elle va pas non plus entrer dans les détails et raconter qu'elle a du écarter les jambes. hé ouais, service contre service, c'est comme ça que ça marche pour elle.

elle croise les bras, s'adosse au mur tandis qu'elle a maintenant le sac au sol. le père téléphone mais raccroche. elle laisse faire. de toute façon, qu'est-ce qu'il va faire ?

... ce qu'il va faire ? prouver que c'est certainement faux. elle fronce les sourcils en attrapant les affaires d'une nana qu'elle connait pas. mais c'est pas pour ça qu'elle est pas contente. c'est parce qu'il réagit vraiment comme un con. les deux, au final, sont cons. y'a plus de doute sur le lien de famille.

elle a beau faire la fière et la rebelle, mais le fait qu'il souhaite vérifier ça pour avoir une chance de la foutre dehors sans scrupule, ça fait mal. « non, j'irais pas. » elle veut pas se justifier. mais les traces de piqures récentes sur ses bras justifient par elles-mêmes. elle veut pas qu'on prenne son sang, parce qu'ils trouveraient des traces récentes de diverses drogues, et qu'elle finirait chez les flics. elle veut pas. non non non.

mais elle lui sourit, hypocritement, ironiquement, reprenant son sac. « mais t'en fait pas, t'as pas à flipper, j'me tire de ta vie et tu me reverras pas. » elle a bien comprit qu'il voulait pas d'elle.

personne ne veut d'elle.
ils finissent tous par abandonner la pauvre luce.

elle a merdé, elle s'en rend compte. mais putain, elle savait pas. fallait qu'elle tombe sur le seul mec flic des stups que sa connasse de mère se soit chopé ? elle se voit déjà se faire embarquer et ramener en france, pour aller dans des centres. non, elle préfère encore crever dans la rue que de passer une heure dans un centre sensé l'aider.

puis elle est mal la gamine, parce qu'elle voit bien que tino ne sait pas quoi faire, qu'il est troublé, au bord de péter un câble. il sait pas quoi faire de ses mains, et elle tente elle, de cacher ses bras derrière son dos. n'arrive plus à regarder le père dans les yeux lorsqu'il demande à quoi elle touche. la liste est longue, trop longue pour avouer. crack, héro, meth, kétamine, ghb, exta, elle prend de tout pour fuir sa vie de merde. « des trucs. » qu'elle répond simplement. elle va pas lui dire non plus qu'elle a déjà fait un comas. ni qu'elle ouvre ses cuisses à qui le veut.

le pire c'est qu'elle est bipolaire par moment. elle change du tout au tout. y'a dix secondes elle était prête à se barrer, et voilà que son discours n'est plus le même. « j'peux rester au moins pour cette nuit ? j'serais partie demain à la première heure. »

il veut plus qu'elle parte ? tant mieux. au moins la gamine a un toit pour dormir, un frigo remplit à disposition et une douche. on n'est pas à l'abris qu'elle se tire en catimini pendant la nuit sur un coup de tête, mais là au moins, pour une soirée, elle a un endroit pour elle.

ses yeux le suivent sur le canapé, elle le regarde pianoter sur l'ordinateur, surement pour envoyer un mail à son foyer, ses éducateurs, tuteurs. et elle soupire, lève les yeux au ciel. « j'te préviens, si ils viennent me chercher, j'me casse. » parce qu'hors de question qu'elle retourne la-bas. elle en a marre de n'être qu'un dossier parmi les autres mômes délaissés et désespérés.

et puis il propose un deal. s'il savait, le paternel, tout les deals qu'elle a déjà fait la petiote. mais elle se doute bien que lui, il va pas lui demander de baisser sa culotte. sauf que clairement, ce qu'il propose, ça lui va pas. elle laisse son sac à dos glisser de son épaule et le lâche par terre pour croiser les bras, s'adosser au mur. « tu pries pour que le dossier se trompe et que j'sois pas ta gosse, hein ? » il peut pas mentir, ça se voit dans son regard qu'il veut pas d'elle, elle le sent. si le test ADN dit qu'elle est pas sa gamine, il va se faire un plaisir de lui claquer la porte au nez, une bonne fois pour toute, et elle, elle se retrouvera sans rien, même pas un prénom sur un dossier. « mais ouais, ok. si y'a que la salive et que tu promets que je me retrouves pas chez tes copains les keufs, j'accepte. » comme quoi, les miracles existent.

par contre faut qu'il se calme le vieux, à parler de règles. pas la meilleure des approches avec un ouragan comme elle. et elle réplique, quitte le mur en fronçant les sourcils. « si tes règles me conviennent pas, j'vois pas pourquoi je les respecterais. parce que même si le test dit que t'es bien mon daron, y'a que le sang. j'vois pas pourquoi je devrais suivre les règles d'un type qu'a juste engrossé ma mère avant de se tirer. » et bim, dans les dents. mais bon, elle dit ça, mais alors pourquoi elle est là ? pourquoi elle a cherché à le retrouver ? mystère et boule de gomme.

et rebelote qu'il demande ce qu'elle prend. elle soupire, passe une main dans ses cheveux mouillé en grognant. elle se doute qu'il va pas la lâcher avec ça, et que si elle veut être tranquille, elle va devoir répondre. alors elle ouvre son sac, le lui tends juste après en avoir sorti son paquet de clope presque vide.

et la dedans, mamma mia, c'est la caverne d'ali baba. sachet de coke, pipe, bong, seringue... elle a clairement pas pu traverser le pays et prendre l'avion avec ça. alors elle a du se démerder pour refaire son stock ici, en quelques jours. faut dire qu'elle a pas chaumé la gamine. « tu vas pas me mettre en cellule, hein ? » elle a le regard inquiet, soudain. plus rien d'une sauvage, mais vraiment les yeux d'une enfant qui a peur de se faire enfermer. mais cette étincelle de pureté fragile la quitte bien vite lorsqu'elle allume sa cigarette à la fenêtre et qu'il tire.

connard. c'est le seul mot qu'elle a envie de lui cracher à la gueule quand il parle d'elle comme une toxico. ouais il a raison, et alors ? il a pas à lui dire ça. mais la gamine se tait, parce qu'il se laisse pas faire le daron, et qu'elle sait au fond, même si faudrait qu'elle soit aux portes de l'agonie pour l'admettre, qu'elle a besoin d'aide et de cadre. sauf que, quand il lui attrape le bras pour les expliquer clair et net qu'il était pas au courant, elle a les larmes aux yeux mais elle détourne pas le regard. ha ça non, jamais. elle le fixe comme si elle avait lui foutre un coup de boule. elle déteste ce mec. elle le hais.

oui mais pourtant, elle dit rien.

elle obéit même en lui filant son sac tandis qu'elle va fumer une clope à la fenêtre tandis que le père inspecte ses trésors. ha bah ouais, il doit tomber des nus. une si jeune fille avec un si beau pactole. puis il est curieux, il veut savoir, alors il demande d'où ça sort, tout ça. elle tire une latte, puis deux, hausse simplement les épaules. « t'es pas le seul à kiffer te faire des gamines. » qu'elle lâche la petite. et ouais, elle aussi elle peut faire mal. elle le sait, parce qu'elle a lu la presse, elle a vu la photo de la rouquine sur le frigo, et elle a entendu les paroles de la vieille dans le couloir.

« hé mais putain, tu fais chier ! » qu'elle lâche en grognant, se penchant sur la fenêtre pour regarder sa cigarette tomber et s'écraser tout en bas. quel connard ce type ! c'est facile pour lui, s'il veut fumer il va au tabac s'acheter des clopes. elle, elle a du faire des choses moins propres pour avoir son matos, dont les clopes. alors clairement, elle n'est pas contente. et ouais, elle n'a que seize ans, et alors ? ça lui fait une belle jambe. puis en plus, la jeunesse c'est bien, parce que les rues grouillent de pervers qui veulent se taper une minette.

voilà qu'il lui demande si elle se protège, et elle lève les yeux au ciel, croise les bras. « j'suis pas conne, quand j'ai le choix je me protège. » oui parce que la vie n'est pas rose, et que la gamine livrée à elle même depuis toujours, parfois on ne lui demande pas son avis avant de lui écarter les cuisses. mais elle n'en fait pas un drame, elle est habituée et puis disons qu'elle n'a pas une haute opinion d'elle même. « j'ai pas envie de voir un médecin. » parce que pour le coup, elle a peur. elle s'imagine déjà entendre qu'elle a le sida, ou un truc de ce genre. alors elle tourne juste son visage, croise les bras, ne le regarde pas, le père qui semble insensible. « j'te jure, ça va. quand j'peux me laver, j'me lave bien. » ha oui parce que les cours d'éducation sexuelle, elle n'en a pas eu.

elle n'a pas eu... d'éducation tout court, alors elle est ignorante sur beaucoup de chose. elle sait se démerder, crocheter des serrures et faire même des vols à l'étalage s'il le faut. mais elle sait pas bien lire, croit qu'en se lavant, les maladies partent.

elle hausse simplement les épaules, ne sachant pas quoi répondre. ouais, quand elle a le choix, elle va pas lui faire un dessin non plus. il a l'air encore plus troublé le père, trop perturbé. faut dire qu'il tombe des nues depuis qu'elle a débarqué chez lui, la gamine, elle ne lui laisse pas une seule second de répit.

« de base c'est lucie, mais je préfère luce. » faut noter la certaine confiance qu'elle lui accorde, à dire son vrai prénom. mais personne ne l'utilisent jamais, aux yeux de tous elle est simplement luce, la gamine paumée aux moeurs bien trop légères. « non j'y allée pas. les foyers où j'étais faisaient tous l'école à la maison... enfin, sur le papier. en vrai ils s'en foutaient. » elle est allée en primaire, mais ça s'est arrêtée là.

puis voilà qu'il reparle d'hôpital, de prise de sang. elle a l'impression qu'il tente de la rassurer, et elle aimerait, ô combien, le laisser prendre les rennes pour qu'elle puisse se reposer sur un adulte, et ne plus être seule. mais c'est compliqué, de s'en remettre à quelqu'un d'autre. « tu promets ? » elle soupire, se gratte les bras remplit de traces. « j'veux dire... j'ai pas envie de passer une seule nuit en cellule. alors si tu peux me jurer que ça arrivera pas... ouais, j'veux bien aller faire ton check-up. »