La mi-temps

Since : 07/04/2020

N'était-ce qu'un réflexe ? Lizbeth & Aaron
La journée avait commencée de manière complètement folle pour Aaron. Deux appels du neuf cents onze en à peine cinq heures. Il ressentait déjà les effets de la fatigue alors que midi passait à peine. Ses hommes, tout comme lui, avaient été épuisés par la dernière intervention.
En règle générale, la première unité de Rescue se cantonnait à intervenir sur Manhattan mais en ce jour, cela avait été différent. Un appel de détresse avait été lancé par un chef de bataillon engagé sur un gros feu d'immeuble à Brooklyn. On leur avait signalé au moins deux pompiers prisonniers à l'intérieur du brasier. Aaron et son équipe avaient dû remuer ciel et terre pour les trouver et les sortir vivants, malgré les conditions extrêmes dans lesquelles ils étaient intervenus. S'en étaient suivies plus de deux heures de lutte contre les flammes avant que le feu ne soit déclaré "éteint".

Afin de féliciter ses hommes de leur travail exemplaire, il avait décidé de s'arrêter à la première épicerie qu'ils trouveraient sur la route et d'acheter de quoi faire un bon repas. Encore une fois, cela serait à ses frais. Il était content de pouvoir préparer des petits plats à ses hommes; s'en était presque devenu un rituel après chaque grosse intervention. Le lieutenant tenait à prendre soin de ses équipiers; il était aussi proche d'eux que de sa famille, à tel point qu'il les considéraient comme ses frères.
Le camion se gara devant un magasin nommé "Mr. Melon". Gardant une radio portative sur lui, Aaron descendit de l'engin et entra dans l'épicerie. Il n'aimait pas pénétrer dans des lieux publics, notamment des endroits où l'on vendait de la nourriture alors qu'il était encore en tenue de feu, tout crasseux de la tête au pied. On aurait presque dit qu'il s'était peint le visage avec tout la suie qu'il avait dessus. Mais ce jour-là, les circonstances l'y obligeaient.
Prenant une poche, il commença à faire le tour des rayons, attrapant ici et là les produits dont il avait besoin. Il avait presque terminé ses emplettes lorsqu'au détour d'un rayon, il vit une employée du magasin qui s'activait pour remettre les denrées sur les étagères. Il s'approcha, regardant à droite et à gauche si certains articles pouvaient l'intéresser quand, d'un coup, son regard fut attiré par un mouvement rapide mais brusque de la part de la petite brune.
Elle remettait des bocaux de haricots et son coude venait d'en taper un, suffisamment fort pour le faire tomber. Il n'aurait sû dire s'il avait réfléchi à son geste ou si ce n'était qu'un réflexe. Son bras se tendit rapidement et il rattrapa le bocal au vol, de la main.
Il regarda la petite brune, lui fit un sourire avant de remettre l'article sur l'étagère.
- C'était un réflexe, je crois. commenta-t-il sans vraiment savoir quoi dire dans une situation pareille. Il venait de se surprendre lui-même. Comme quoi, même fatigué, son corps était capable de rester en alerte.
Il jeta un coup d'oeil au bocal en question; sa surface était désormais salie, couverte de la suie présente sur ses mains. Il n'y avait pas fais attention, c'était sa faute. Il reprit l'article et le posa dans son sac.
- J'ai l'air de sortir d'une cheminée, je suis vraiment désolé. s'excusa-t-il auprès de l'employée en prenant un air plaisantin. Son but n'était pas de lui faire passer la serpillère en plus du travail qu'elle avait déjà.

@lizbeth larsen

CRIMSON DAY

Since : 04/05/2020

“ N’était-ce qu’un réflexe ?

Lizbeth Larsen & Aaron Monroe

« Bon Liz’. Aujourd’hui, tu t’occupes de la mise en rayon. Des livraisons arrivent à dix heures. Je compte sur toi. » fit Andy, le patron de Mr. Melon, en lui tendant un porte-document avec une liste de tous les produits qui arriveront à l’horaire annoncée.

C’était la première fois que Lizbeth se coltinait cette tâche. Il fallait dire qu’elle était souvent – tout le temps – derrière sa caisse, à attendre bêtement l’arrivée de nouveaux clients.
Mais ce jour-là, elle allait pleinement se concentrer à réceptionner les livraisons, poser les produits sur leurs étagères et esquisser des petits sourires polis aux clients qui passeraient à côté d’elle. La perspective de passer une journée un peu dans sa bulle la réjouissait particulièrement.

Alors, à dix heures tapantes, la jeune femme se préparait déjà à accueillir les premières livraisons. Le camion à l’enseigne d’une marque de yaourts arriva, puis ce fut au tour de celui des gâteaux apéritifs pour ensuite terminer avec celui des légumes en bocaux. Lizbeth salua chaque fournisseur, vérifiant en même temps si tous les produits commandés étaient bien là.
Ce fut moins compliqué que ce qu’elle s’était imaginée. Les livraisons n’avaient pas été exorbitantes car il n’y avait seulement eu que deux cartons de yaourts puis un seul de gâteaux apéritifs et deux autres de bocaux de légumes. Ce fut donc sans encombre qu’elle débuta le rangement de la marchandise dans les rayons.

Midi arriva vite et la brune était toujours en train de placer des paquets de Cheetos au fromage et aux cacahuètes sur leurs étagères. Elle finit par s’attaquer aux derniers produits figurant sur sa liste : les bocaux de haricots ainsi que les raviolis en conserve. Elle était extrêmement concentrée dans son travail qu’elle en oublia de prendre sa pause déjeuner.

Lizbeth sursauta en entendant le carillon retentir plusieurs fois d’affilée – elle avait oublié que c’était l’heure de pointe à l’épicerie. Elle vit passer principalement des étudiants qui venaient s’acheter des sandwiches et éviter les horreurs de la cantine – c’est vrai que ce n’était pas fameux non plus lors de ses années lycée.

Après cette foule attendue, elle se reprit à poser des bocaux de haricots sur les étagères. Elle en profita pour réfléchir sur elle-même et faire le point sur sa vie à New York. Partir à l’aventure, sur un coup de tête, ça ne ressemblait pas à Lizbeth. Et pourtant elle l’avait fait, sans même prévenir ses parents – bien que ces derniers ne l’aient même pas appelée pour prendre de ses nouvelles. Le boulot passe avant tout chez les Larsen.

Mais à trop se laisser aller dans ses pensées, la maladresse de la jeune femme prit encore une fois le dessus sur ses actes. Son coude heurta subitement un bocal qui était encore au bord de l’étagère. C’était la fin pour Lizbeth. Elle allait se faire renvoyer, c’était couru d’avance. Andy ne supportait pas que ses employés aient la tête dans les nuages au travail, et c’était constamment le cas avec la brune. Il l’avait gentiment réprimandée lors de son premier jour à cause de ça. Mais une deuxième fois… elle doutait que ça allait passer.

Elle n’osa donc plus regarder le bocal et ferma instinctivement les yeux, sachant que la suite allait être une catastrophe. Mais elle n’entendit pas ce qui était supposé être un fracas de verre. Elle n’entendit rien. Alors elle se décida à rouvrir un œil, puis l’autre, faisant désormais face à un homme qui tenait le bocal dans sa main. Il lui esquissa un sourire avant de le reposer à côté des autres, lui disant que c’était sûrement un réflexe.

« Vous avez de très bons réflexes alors. Chapeau. » déclara Lizbeth, soulagée.

Elle observa donc un instant le pompier qui se dressait devant elle. Il était couvert de suie, preuve qu’il sortait d’une intervention de haut niveau. Lizbeth fut impressionnée et intimidée à la fois, mais elle ne le montrait pas. Cela dit, au moment où il reprit le bocal, elle devint confuse pendant quelques secondes. Ne me dites pas qu’il va l’acheter juste parce qu’il l’a sali… ? se questionna-t-elle intérieurement. Il s’excusa, alors elle balaya ses paroles d’un revers de la main puis dit :

« Ne vous en faites pas. Sauver des vies est bien plus important que d’être couvert de suie, pas vrai ? »

Un sourire apparut sur son visage avant de se pencher vers le sac de l’homme pour lui reprendre le bocal. Elle ne voulait certainement pas qu’il paie pour quelque chose qu’il avait juste sali. Elle le reposa sur l’étagère, avec ses compères, puis elle finit par ajouter calmement :

« Vous n’allez pas dépenser un dollar vingt-cinq pour ce bocal alors que vous n’aimez peut-être pas les haricots. »

Since : 07/04/2020

“ N'était-ce qu'un réflexe ?

Lizbeth Larsen

- Vous avez de très bons réflexes alors. Chapeau. lui dit la jeune femme.

Aaron ne prononca pas un mot, ne sachant pas vraiment quoi répondre. Tout ce à quoi il pensait était qu'à cause de sa tenue, elle allait devoir nettoyer l'épicerie. Alors qu'il s'excusait, elle fit un geste de la main, balayant ses paroles au passage.

- Ne vous en faites pas. Sauver des vies est bien plus important que d’être couvert de suie, pas vrai ? lui déclara-t-elle après l'avoir détaillé. Peut-être que c'était plus important mais cela ne l'empêchait pas d'être respectueux des autres; ce qu'Aaron pensait avoir négligé en entrant de la sorte dans le magasin.
Il n'était pas là pour lui rajouter du travail comme il n'était pas là pour tout salir et repartir comme si de rien était. Ce n'était pas lui, cela ne lui correspondait pas.
- J'aurai quand même dû faire plus attention avant d'entrer. lui répondit-il en faisant une grimace. La brune considérait bien son travail et il se devait de faire de même envers elle. Etre pompier ne justifiait pas tout. Le jeune homme ne tolérait d'ailleurs pas le comportement des hommes du feu qui se pensaient tout permis.

Elle lui fit un sourire, avant qu'à sa surprise, elle lui reprenne le bocal et le repose sur l'étagère.
- Vous n’allez pas dépenser un dollar vingt-cinq pour ce bocal alors que vous n’aimez peut-être pas les haricots. lui dit-elle ensuite. Cette réplique le fit d'abord sourire jusqu'à même lui faire lâcher un petit rire. Sur tout un tas de scénarios possibles, elle était sûrement la seule personne à se soucier qu'il achète ou non un bocal de haricots.
- Les légumes, c'est bon pour la santé, non ? lui répondit-il, un sourire aux coins des lèvres. Se rendant compte que sa réponse était affreusement nulle, il poursuivit.
- Des haricots verts à la suie, c'est un plat typique pour les pompiers je crois. Son ton se voulait plaisantin mais à l'instant où il eu parlé, il se rendit compte que sa réplique n'était pas mieux que la précédente. Lui qui avait par habitude l'humour facile, n'avait pas été capable de sortir mieux que ça. Peut-être le poids de la fatigue déjà accumulée ?

- Et vous, avez-vous eu le temps de manger ? voulu-t-il savoir. Il était conscient que les boulots dans les épiceries, grandes surfaces, dans tout ce qui concernait l'alimentaire, n'étaient pas des jobs évidents. Pas toujours le temps de se poser, de longues journées et finalement peu de reconnaissance de la part du public. Mais pas avec lui. Si elle était capable de se préoccuper de ses achats, à savoir ce qu'il voulait vraiment acheter à manger ou non, alors lui ferait attention à ce qu'elle ai bien pris le temps de s'alimenter de son côté.
Il leva les yeux vers les siens et lui fit un nouveau sourire avant de reprendre le bocal de haricots. "Cherche m*rde, tel est mon prénom." se prit-il à penser.

Since : 04/05/2020

“ N’était-ce qu’un réflexe ?

Lizbeth Larsen & Aaron Monroe

Lizbeth écouta le jeune homme en hochant la tête à plusieurs reprises. Il lui dit qu’il aurait dû faire plus attention avant d’entrer dans la supérette dans un état pareil. Mais la brune ne voulait rien entendre de plus. Elle se contenta, pour couper court au sujet, de hausser les épaules nonchalamment, sans perdre son sourire.
Ce n’était pas un drame : Monsieur Memphis, un peintre en bâtiment habitué de Mr. Melon, venait traîner ici pour discuter avec Trish lorsque cette dernière était derrière la caisse, le lundi à quinze heures précises. Et jusqu’à présent, Lizbeth n’avait rien dit – alors qu’il laissait toujours quelques traces de pas dans les rayons. Donc ce n’était pas parce qu’un bocal était couvert de suie qu’elle allait en faire un plat. D’autant plus que ce n’était pas du tout son genre. Moi ? Péter un scandale pour ça ? Jamais, songea-t-elle.

Une fois le bocal sur l’étagère, elle se retourna entièrement vers le jeune homme, ses bras désormais croisés sous sa poitrine, en attente d’une réponse pertinente à sa réplique – bien envoyée selon elle.
Elle le vit sourire puis lâcher un petit rire alors les sourcils de Lizbeth se levèrent, amusée – et fière que sa riposte ait fait mouche.
Mais bon, elle savait que cette fierté serait de courte durée puisqu’il répondit ensuite :

« Les légumes, c’est bon pour la santé, non ? »

Ce à quoi, il ajouta :

« Des haricots verts à la suie, c’est un plat typique pour les pompiers je crois. »

La jeune femme pencha la tête sur le côté, essayant de déchiffrer où l’homme voulait en venir. À vrai dire, elle s’attendait à ce que sa réponse soit plus recherchée. Mais bon, peut-être qu’il n’avait pas la tête à se creuser les méninges, surtout après une intervention.
Son regard s’abaissa sur son sac, comme pour vérifier s’il avait réellement pris des légumes, puisque « c’est bon pour la santé » disait-il. L’inspection terminée, elle leva simplement les yeux vers les siens avant de déclarer :

« Ça ne répond pas à la question de si vous aimez les haricots ou non… »

L’instant d’après, le jeune homme posa une colle à Lizbeth, lui demandant si elle avait eu le temps de déjeuner. Deux options s’offraient désormais à elle. Soit elle feintait et disait que oui – mais c’était une piètre menteuse alors si elle tentait, ça allait se voir comme le nez au milieu de la figure. Soit elle jouait la carte de l’innocence et, en l’occurrence, disait : « Non, je n’ai pas vu l’heure ! Sapristi ! » – sans le « sapristi » bien sûr, ça faisait trop pièce de théâtre à l’ancienne.

« Non, il faut dire que je suis trop concentrée sur le rangement depuis tout à l’heure… » lâcha-t-elle en haussant les épaules.

Finalement, elle avait joué le joker et dit la vérité. Après tout, à quoi ça l’aurait mené de dire qu’elle avait déjà mangé ou de se mettre en scène de manière exagérée ? À rien. Juste des habitudes qu’elle avait forgé lors de son passé au lycée. Pourquoi pensait-elle encore à ça ? Tourne la page Lizbeth, c’est derrière toi maintenant.

Elle se trouvait dans une impasse, ne sachant pas comment se justifier davantage. Sapristi !

Since : 07/04/2020

“ N'était-ce qu'un réflexe ?

Feat @lizbeth larsen

La jeune brune le regarda, cherchant sans doute à comprendre le sens de ses répliques. Lui-même ne savait pas trop. Il allait sans doute utiliser la fatigue comme excuse à son inspiration limitée mais après tout, c'était peut-être vrai. Le pompier se sentait vidé de toute énergie, tant la dernière intervention avait été compliquée physiquement. Le côté psychologique n'avait pas non plus aidé, avec la peur de voir des soldats du feu brûler à l'intérieur d'un bâtiment. Aaron avait eu la pression. Il était lieutenant, en charge d'une équipe et surtout, responsable d'une intervention et de la sécurité de ses équipiers. Certes, il l'avait choisi; mais parfois, cette pression faisait lui faisait un peu mal à la tête, tant elle devenait lourde.

- Ça ne répond pas à la question de si vous aimez les haricots ou non… lui répondit-elle. Elle n'avait pas tort, il n'avait pas donné de réponse à cette simple question. Il soupira, se fatiguant lui-même de ne pas réussir à suivre une simple conversation. La pauvre employée se faisait déranger par un homme sale qui n'arrivait même plus à suivre une discussion. Il la regarda, l'air souriant mais tout aussi désolé avant de changer de sujet, lui demandant si elle avait prit le temps de manger.

- Non, il faut dire que je suis trop concentrée sur le rangement depuis tout à l’heure… lui dit-elle, après quelques secondes de réflexion. Il s'en serait presque douté. Le simple fait qu'elle hésite lui avait fait comprendre qu'elle n'avait pas pris ou pas eu le temps.

- Dans ce cas, choisissez ce que vous voulez. C'est moi qui offre. lui déclara-t-il en souriant.
- Et ne dites pas non, facilitez moi un peu la tâche s'il vous plaît. ajouta-t-il en la regardant, conscient qu'elle allait probablement décliner son invitation. Il était comme ça, et pour rien au monde il ne changerait sa manière d'être. Il prenait soin des autres, allant même parfois jusqu'à s'occuper des SDF, notamment en été où il leur achetait de l'eau tandis qu'en hiver, il se contentait de distribuer tantôt des cafés, tantôt des couvertures de survie.

- Au fait, je m'appelle Aaron. finit-il par lâcher. Il secoua un instant la tête. Elle devait s'en moquer de savoir s'il s'appelait Aaron, James ou Tyler. Elle était en train de travailler et voilà qu'il arrivait, avec ses phrases dénuées de sens et cette présentation qui n'avait rien à faire là. Qu'allait-il faire de plus ? L'inviter à sortir ?

Since : 04/05/2020

“ N’était-ce qu’un réflexe ?

Lizbeth Larsen & Aaron Monroe

La jeune femme fut prise de court face à la proposition que le pompier lui avait fait à cet instant. Elle ne voulait absolument pas le déranger et qui plus est, il sortait d’une opération – qui semblait complexe vu l’état dans lequel il était. Alors pour Lizbeth, c’était non. Elle se sentirait trop coupable vis-à-vis de lui, de lui faire perdre son temps ou même de l’empêcher tout repos après cette dure matinée.

Elle resta interdite pendant quelques secondes, cherchant ses mots. Mais au moment où elle s’apprêta à refuser poliment son invitation, une main se posa sur son épaule. Surprise, elle tourna la tête vers l’auteur de ce geste.

« Dis donc Liz’ ? Qui est ce charmant jeune homme ? » demanda Andy, se postant désormais aux côtés de la jeune femme, en attente d’une réponse.

Et voilà que la gêne de Lizbeth se fit encore plus grande qu’elle ne l’était déjà. Elle savait qu’Andy était simplement là pour l’embêter, encore plus au sujet des garçons. Il fallait dire qu’elle ne parlait pas beaucoup de ses relations passées, à se demander réellement si elle en avait déjà eu. Oui. Ça s’est juste mal terminé, comme d’habitude.

Elle soupira, le blanc se faisait vraiment trop embarrassant, alors la jeune femme reprit doucement la parole en direction du pompier :

« Je ne peux pas accepter. J’ai encore du boulot et-… »

« Qu’est-ce tu racontes ? J’espère que tu ne comptais pas encore rater la pause déjeuner ? » la coupa Andy directement, les sourcils froncés.

Puis il se met à sourire, sous le regard ahuri de son employée, avant de dire :

« Prends ta pause, je vais finir de ranger. T’as déjà fait du bon boulot. »

Lizbeth eut un mouvement de recul avant de rouler des yeux une nouvelle fois vers le jeune homme, un air désolé sur son visage. Elle hocha la tête, à contre-cœur.
L’employée de Mr Melon n’aimait pas qu’on lui « offre » ou « achète » des choses. Elle devait toujours rendre la pareille après, question de principe. C’était dans ses gênes – plutôt ceux de ses grands-parents. Mais bon, si elle continuait à se justifier et trouver des excuses pour refuser, elle allait définitivement faire perdre du temps au client et ce n’était clairement pas dans ses intentions.

« Au fait, je m’appelle Aaron. » déclara-t-il en la regardant.

« En plus il a un beau prénom ! » lâcha Andy derrière Lizbeth, comme un cheveu sur la soupe.

La jeune femme leva les yeux au ciel, exaspérée du comportement de son patron qui voulait à tout prix la caser avec tout le monde – il avait même essayé avec Brandon, son collègue. Elle finit par indiquer, de son index, son badge épinglé sur son veston, où était inscrit en lettres capitales : « L.LARSEN ».

« Le « L » devant correspond à Lizbeth. Ou Liz’… ou Lizzy… au choix. » expliqua-t-elle, esquissant ensuite un petit sourire. « Mais, enchantée Aaron. »

Elle tendit sa main devant elle pour appuyer ses derniers propos. Finalement, ce n’était pas si mal de partir à l’aventure comme ça. On pouvait faire des rencontres inattendues. La jeune hispanique lors de ses premiers jours à Mr Melon, Jun Soo lors de son trajet en bus et enfin Aaron, le respectueux pompier couvert de suie qui lui offrait sa pause déjeuner.

Since : 07/04/2020

“ N'était-ce qu'un réflexe ?

Feat @lizbeth larsen

Aaron s'était préparé à recevoir un "non" en réponse à son invitation. Il l'avait compris en la voyant rester silencieuse, comme si elle cherchait la meilleure manière de décliner son offre.
Mais évidemment, il fallait que quelqu'un d'autre s'en mêle. A la surprise du pompier, un employé -qui semblait être le patron- arriva, posant une question quelque peu gênante à la jeune femme.
Le pompier comprit tout de suite qu'elle était embarassée par la situation et, pour une fois, il ne pouvait pas y faire grand chose. Peut-être aurait-il dû mettre fin à tout ça, payer ses courses et s'en aller ? Ainsi, la pauvre employée aurait retrouvé son calme et son travail sans faire plus d'histoire. Mais non, les choses n'allaient évidemment pas se passer comme cela.

- Je ne peux pas accepter. J’ai encore du boulot et-… commença-t-elle à dire. Il allait lui aussi parler, lui dire que ce n'était pas grave et qu'il ne voulait pas lui causer du tort mais l'autre homme le coupa avant, intervenant une nouvelle fois dans la conversation. Contre toute attente, il lui accorda simplement sa pause déjeuner, faisant au passage comprendre à la brune qu'elle faisait du bon travail. Sur ce point, Aaron était d'accord. La jeune femme semblait être très professionnelle et cela le fit sourire dans un premier temps. Mais il ne savait plus vraiment sur quel pied danser non plus.
Leurs regards se croisèrent un instant, puis, elle hocha doucement la tête. Le lieutenant ne sentait aucune joie dans son geste et il commença à s'en mordre les lèvres, intérieurement désolé d'avoir abordé cette employée qui, au final, n'avait rien demandé à personne.

Finalement, il ne trouva rien de mieux pour briser le silence que de se présenter, dévoilant ainsi son nom à cette jolie brune. Mais encore une fois, même cette réplique se retourna contre lui. La voix du patron se fit entendre et une nouvelle phrase embarassante sortit de sa bouche, venant terminer d'exaspérer l'employée qui leva les yeux au ciel.
"Tu devrais fermer ta gue*le Aaron." pensa-t-il en soupirant à son tour. Il n'était pas content de lui-même et pour cause, il n'aimait pas mettre les gens dans des situations gênantes. Que venait-il de faire ? Tout l'inverse. Chacune de ses phrases, chaque réplique, même son prénom; tout avait été utilisé par cet homme pour rendre cet instant incroyablement embarassant.

- Le « L » devant correspond à Lizbeth. Ou Liz’… ou Lizzy… au choix. lui déclara-t-elle en pointant son badge du doigt. Ainsi, cette jeune femme s'appelait Lizbeth Larsen. Un joli nom pour une jolie demoiselle.
- Mais, enchantée Aaron. termina-t-elle de dire, un petit sourire aux lèvres. Joignant le geste à la parole, elle lui tendit la main, accédant finalement à se présenter à lui. Ce changement d'attitude fit sourire le jeune homme qui lui tendit sa main en retour, avant de se rappeler l'état de crasse dans lequel il se trouvait.
- Je ne suis clairement pas présentable aujourd'hui. s'excusa-t-il, s'amusant un peu de la situation dans laquelle il se trouvait. Et dire qu'à la base, il venait simplement faire des courses pour la garde. Ce métier lui apportait décidément chaque jour des surprises.

- Je ne souhaitais pas vous importuner. Je vous présente mes excuses pour la gêne que j'ai occasionnée. lui dit-il en esquissant tout de même un sourire. Il avait juste la sensation d'avoir dérangé une employée pendant son travail et ce n'était pas le but initial.

"Tu dors dans l'épicerie Aaron ?" demanda soudain une voix dans sa radio. Il avait complètement oublié le temps depuis qu'il avait attrapé le bocal de haricots au vol. Ses hommes et son camion étaient pourtant toujours dehors, à l'attendre.
"Le lieutenant Monroe est prié de sortir du magasin avant la fin de la garde, merci !" continua cette même voix, se moquant de lui. C'était Mike, son bras droit. Il n'y avait que lui pour parler ainsi dans la radio et surtout, pour s'adresser à lui de cette manière.
Aaron lâcha un petit rire, conscient qu'il allait devoir fournir une explication à son unité. Dès lors que ses équipiers apprendraient qu'il avait fait la rencontre d'une femme, il se ferait à nouveau charrier.

- Juste un instant et je suis à vous. dit-il à l'intention de Lizbeth. S'il voulait passer quelques minutes avec elle, il devait aussi et avant tout permettre à ses hommes de manger. Sortant son portefeuille de sa poche, il en retira sa carte de crédit et retourna à l'engin afin de la donner à Mike.
- Achetez vous à manger, c'est ma tournée. Il y a une pizzeria juste à côté. J'ai une radio sur moi, si jamais on doit repartir. dit-il à l'intention de l'équipage. Le camion démarra ensuite en trombe tandis qu'il retournait voir la petite brune.

- Choisissez ce dont vous avez envie, mon offre tient toujours. dit-il en lui faisant un sourire. Il avait en effet gardé un billet de vingt dollars avec lequel il paierait les courses du midi, pour Lizbeth et lui-même.
Il la regarda, se demandant si elle allait enfin accepter son invitation et choisir ce qu'il lui plairait de manger.

Since : 04/05/2020

“ N’était-ce qu’un réflexe ?

Lizbeth Larsen & Aaron Monroe

« Arrêtez de vous excuser ! Ce n’est pas grave, je vous l’ai déjà dit. » fit Lizbeth en serrant désormais la main d’Aaron pour appuyer ses derniers propos. « Ce n’est pas un peu de suie qui va me tuer. »

Tandis qu’elle relâcha sa main de la sienne, elle l’entendit s’excuser de nouveau. Mais cette fois-ci, ce ne fut pas pour les mêmes raisons alors elle se devait de se justifier. Elle se pencha un peu en direction d’Aaron et lui chuchota donc :

« Vous m’avez empêché de casser un bocal. Alors honnêtement, vous n’êtes pas en posture de vous excuser. C’est plutôt à moi de le faire, vis-à-vis de mon patron et de ses remarques un peu lourdes… » Elle tourna légèrement la tête pour le désigner du menton, se faisant la plus discrète possible.

Suite à quoi, la radio portative du pompier émit quelques grésillements avant qu’une voix masculine ne se fasse entendre. Un sourcil se leva du côté de Lizbeth, amusée par les paroles du collègue d’Aaron à son intention. Elle l’observa, simplement pour voir comment il allait réagir face à ça. Et contre toute attente, il lâcha un petit rire. La jeune femme se retint de faire de même.
L’employée finit par joindre ses mains derrière son dos, son regard porté sur les bocaux de haricots, tous bien rangés puisqu’Andy venait de terminer.

« Juste un instant et je suis à vous. » dit alors Aaron en s’éclipsant vers la sortie de l’épicerie.

Lizbeth resta interdite alors dans le rayon, aussi droite qu’un piquet. Quelques secondes après ce moment d’absence, elle reprit doucement ses esprits sur ce qui venait de se passer.
De nature curieuse, elle aurait envie de savoir ce qu’Aaron était soudainement parti faire à l’extérieur. Mais bon, elle ne voulait pas passer pour la lourdingue qui épiait chacun de ses clients et en particulier la personne avec qui elle venait juste de faire connaissance – même si « connaissance » était un grand mot dans le cas présent.

Andy l’appela alors depuis la salle de pause, elle se dirigea ainsi vers lui. Ce dernier lui fit signe d’approcher son oreille et il lui murmura :

« Bon, avoue qu’il est pas mal quand même. »

Lizbeth se recula légèrement pour regarder son patron dans les yeux, les sourcils haussés. Puis elle reprit un air sérieux.

« Obligé, il est maqué de toute façon. C’est toujours pareil. » fit-elle avant de hausser les épaules, nonchalante comme à son habitude. « Et puis bon, je n’ai pas la tête à ce genre de choses en ce moment. »

« Conclusion, tu ne dis pas qu’il n’est pas canon. Dis dooonc, Liz’ ! C’est la première fois que j’te vois comme ça ! »

Elle tourna la tête vers l’entrée de Mr Melon, voyant Aaron revenir vers elle. Andy lui fit un dernier coup de coude avant de la lâcher et de se diriger vers l’arrière de l’épicerie – sûrement pour aller fumer sa cigarette de midi et demi.

« Choisissez ce dont vous avez envie, mon offre tient toujours. » lâcha Aaron avec un sourire, une fois arrivé jusqu’à elle.

Lizbeth eut un moment d’hésitation en soutenant le regard de l’homme. Après tout, c’était bien la première fois qu’on l’invitait à manger. Alors pourquoi ne pas en profiter un tout petit peu ? Cela dit, elle ne le connaissait pas et lui non plus, pourquoi voudrait-il subitement lui payer son repas ? Ça n’avait pas de sens…
Elle finit par se résigner à toute réflexion, déambulant dans les rayons pour chercher de quoi se remplir l’estomac. Mais elle avait déjà une idée bien précise derrière la tête : ne prendre qu’une seule chose pour éviter de faire dépenser une fortune à Aaron. Simple, net et efficace.

Elle refusa intérieurement de prendre la petite bouteille de jus de fruits qu’elle avait aperçue dans le rayon précédant celui des produits frais. La jeune femme opta donc pour un simple sandwich poulet crudités, qu’elle secoua légèrement, pivotant vers l’homme.

« C’est tout pour moi ! Ça me suffit amplement ! » déclara Lizbeth, un léger sourire en coin.

Elle se rapprocha de lui et déposa la petite boîte en plastique contenant le sandwich dans son sac. Une fois de plus, la jeune femme joignit ses mains dans son dos, laissant le champ libre à Aaron pour faire ses choix concernant son déjeuner. Elle se mit donc derrière lui, prête à le suivre dans sa démarche, ajoutant finalement :

« À vous de choisir ce que vous voulez, l’ami. »

Since : 07/04/2020

“ N'était-ce qu'un réflexe ?

Feat @lizbeth larsen

Aaron était de retour à l'intérieur de l'épicerie, traversant les rayons en suivant Lizbeth, lui laissant le soin de choisir son déjeuner. Lorsqu'il la vit se saisir d'un simple sandwich "en triangle" et se tourner vers lui, il secoua la tête. Elle n'allait tout de même pas se contenter de ça ?

- C’est tout pour moi ! Ça me suffit amplement ! lui déclara-t-elle, un petit sourire faisant son apparition sur son visage.
Et bien si. Visiblement, la jeune femme n'avait pas l'intention de choisir autre chose. Il la regarda puis secoua une nouvelle fois la tête, une pointe d'amusement dans le regard. Avait-elle peur qu'il ne dépense trop d'argent pour son repas ? Possible, mais Aaron n'était certainement pas à vingt dollars près.

La jolie brune se positionna derrière lui, prête à le suivre, attendant qu'il se décide sur ses propres choix.
- À vous de choisir ce que vous voulez, l’ami. rajouta-t-elle, lui faisant bien comprendre qu'elle en avait fini pour sa part. Le pompier déambula alors dans les rayons et finit par opter pour une salade composée avant de terminer avec une bouteille d'eau. Sa bouche était sèche et il ressentait encore sur sa peau la chaleur de l'incendie sur lequel il était intervenu, plus tôt dans la matinée. Il aurait rêvé de se plonger dans une piscine, tant il avait l'impression que sa température corporelle était anormalement élevée.

- Prenez quelque chose à boire. Vous risquez d'avoir soif et je ne suis pas à quelques dollars près. déclara-t-il en lui souriant. Il jeta un coup d'oeil à l'intérieur de son sac. A peine quelques articles, il n'allait pas en avoir pour plus de quinze dollars. Lui qui n'était déjà pas du genre à compter ses sous ou à se soucier de son argent n'allait pas faire toute une histoire pour des courses à l'épicerie. De ce côté là, au contraire, il avait plutôt le coeur sur la main. Au point même qu'une fois, il avait acheté le minimum de secours pour faire un pansement de fortune à un "sans domicile fixe" qui faisait la manche devant un magasin, alors qu'il avait une plaie béante sur l'avant-bras.

Aaron se dirigea ensuite vers la caisse et posa chacun des articles sur le tapis, attendant patiemment que la jeune femme se décide à faire un choix sur sa boisson.
Il sortit ensuite de son portefeuille le fameux billet de vingt dollars et le posa sur le sandwich choisit par Lizbeth.
- Vous pourrez garder la monnaie. lui dit-il en rangeant son porte-carte dans la poche intérieure de sa veste de feu.

Si cette petite brune ne souhaitait pas qu'il dépense trop pour elle, le jeune homme allait lui faire comprendre en retour qu'il ne se souciait pas de ça. Le lieutenant continuait de la regarder, se rendant compte en même temps de l'improbabilité de ce qu'il vivait. Il s'apprêtait à manger avec une fille qu'il ne connaissait presque pas alors qu'il était de garde. Cela n'avait aucun sens mais c'était sur le point d'arriver. Aaron se mit à sourire bêtement, remerciant au passage de manière silencieuse son métier pour tout ces moments presque irréalistes qu'il vivait.

- Si cela ne vous dérange pas, on pourrait peut-être manger dehors ? Un peu d'air fraîs me ferait du bien. lui demanda-t-il en jetant un coup d'oeil vers la porte de sortie. Son corps avait emmagasiné tant de chaleur que cela en devenait presque oppressant, comme s'il se retrouvait à nouveau au milieu d'une pièce entièrement embrasée.

Since : 04/05/2020

“ N’était-ce qu’un réflexe ?

Lizbeth Larsen & Aaron Monroe

Lizbeth suivit alors Aaron dans les rayons. Elle le vit choisir une sorte de salade composée ainsi qu’une petite bouteille d’eau. Très light, pensa la brune en esquissant un léger sourire en coin. Elle était loin d’être une personne équilibrée concernant son alimentation. C’était même une catastrophe. Se faire un fastfood ou sauter des repas étaient ses spécialités depuis son arrivée dans la grande pomme.

Il pivota vers elle, lui conseillant de prendre quelque chose à boire, histoire qu’elle ne se déshydrate pas. Et puis, apparemment, il n’était pas à « quelques dollars près ». Lizbeth réfléchit quelques instants à la proposition en pensant le pour et le contre. Si elle prenait la bouteille de jus de fruits qu’elle avait aperçue plus tôt, elle ferait dépenser encore des sous à Aaron mais elle ne se déshydraterait pas.
Finalement, elle céda, se dirigeant vers le rayon des boissons alors que le jeune homme s’était mis en marche vers la caisse pour régler les courses.

Une fois qu’elle le rejoint, elle posa sa petite bouteille sur le tapis, la mine déconfite d’avoir abandonné aussi facilement son principe fondamental : ne jamais laisser quelqu’un lui acheter ou offrir ne serait-ce qu’une chose. Elle ne voulait pas, se disant tout simplement qu’elle ne le méritait pas. Il avait ajouté, à son arrivée, qu’elle pourrait garder la monnaie. Hors de question.
Elle sentit le regard d’Aaron sur elle, alors elle leva les yeux pour l’observer à son tour, un sourcil haussé. Elle se rendit compte dès cet instant qu’ils se détaillaient, et un sourire gêné fendit les lèvres de la demoiselle.
Lizbeth n’aurait jamais pensé que sa pause déjeuner allait tourner de la sorte. D’habitude, comme l’avait si bien dit Andy, elle ratait cette pause qui s’avérait essentielle quand on travaillait dans un commerce. Voir des clients à longueur de journée, ranger une caisse enregistreuse… toutes ces petites choses devenaient quelque peu fatigantes à la longue. Le patron de Mr Melon était pourtant exigeant à ce sujet : la santé des employés passait bien avant la satisfaction des clients. La brune était juste têtue.

« Si cela ne vous dérange pas, on pourrait peut-être manger dehors ? Un peu d’air frais me ferait du bien. » lui lança-t-il en désignant la sortie de l’épicerie d’un simple coup d’œil.

Elle acquiesça d’un hochement de tête bref. Et une fois que les articles furent scannés et payés, elle ne prit que son sandwich et son jus de fruits, laissant la monnaie en évidence sous les yeux d’Aaron.
Lizbeth poussa ensuite la porte de Mr Melon à l’aide de son bras gauche, l’autre chargé par son déjeuner, le carillon retentissant. Elle la maintint ouverte pour laisser le passage dégagé à l’homme. Tous deux sortis, elle se tourna vers lui pour lui demander, d’un ton mêlant malice et humour :

« On s’assoit où ? Sur le trottoir ou le trottoir ? »

En effet, la supérette faisait le coin de la rue et le bruit assourdissant des voitures qui passaient sur la chaussée n’arrangerait pas la future discussion d’Aaron et Lizbeth – du moins elle pensait qu’il y aurait une conversation, pourquoi l’avait-il invitée après tout ?

Elle lui fit signe de le suivre et quelques pas plus loin, ils tombèrent nez à nez sur un petit parc avec une aire de jeux pour enfants. Il était vide, puisque ces joyeux garnements étaient à l’école en ce moment même. Au lieu de s’installer sur les bancs, prévus pour les parents qui venaient ici pour veiller sur leurs protégés, Lizbeth se prit à gravir les marches de la structure qui menaient à la petite cabane, à l’ombre. Du haut de sa tour, elle pivota de nouveau vers Aaron pour voir sa réaction et haussa la voix dans sa direction, juste pour demander :

« Vous venez ? »

Since : 07/04/2020

“ N'était-ce qu'un réflexe ?

Feat @lizbeth larsen

Evidemment, elle n'avait pas pris la monnaie. A croire qu'ils faisaient tout pour se chercher, autant l'un, que l'autre.
Aaron leva les yeux au ciel, soupira puis récupéra la monnaie avant de sortir, passant devant la jeune femme.

- On s’assoit où ? Sur le trottoir ou le trottoir ? lui demanda-t-elle. Il se mit à sourire bêtement; il ne lui en fallait pas beaucoup pour être amusé. Il trouvait que son humour était particulièrement bien placé, étant donné la situation et l'endroit où il se trouvait. Manger en plein sur le trottoir, effectivement, il y avait mieux. "C'était pas top comme idée." pensa-t-il en voyant les voitures passer à côté de lui.

Elle lui fit signe et il la suivit, se demandant où elle allait l'emmener. "Ce sera pas pire que le trottoir." se dit-il pour lui-même.
A peine cinquante mètres plus loin, ils arrivèrent à une aire de jeux pour enfants. Le pompier lâcha un nouveau sourire, comprenant que l'endroit où il allait manger était encore plus atypique que le trottoir. C'était bien trouvé. Ce lieu n'était pas commun mais au final, qu'est ce qui était supposé être "normal" ce jour-là ? Pas grand chose. En fait, ce n'était que la suite des choses. Leur rencontre cassait déjà les codes dits "traditionnels". Alors, après tout, pourquoi pas manger dans un endroit comme celui-ci ? Il était vide, après tout.

- Vous venez ? lui demanda-t-elle, se tournant vers lui après être montée dans la cabane qui surplombait le reste des jeux. Aaron la regarda, clairement amusé par la tournure des évènements. Etait-elle en train de le tester par la même occasion ?

La cabane étant prévue pour les enfants, pour deux adultes, l'espace allait être restreint. Voilà qui allait les rapprocher, par la force des choses. Le lieutenant enleva sa veste de feu et sa radio portative et il les accrocha à la structure de la cabane. Se sentant d'un coup plus léger, il souffla. La légère brise du jour vint lui caresser les bras, pour son plus grand plaisir.

Enfin, il laissa son âme d'enfant prendre le dessus, pendant un instant. Après tout, il était toujours sérieux au travail. Prendre deux secondes pour redevenir innocent lui paraissait acceptable. Il se hissa dans la cabane puis s'assit, les pieds vers la descente du toboggan. Aaron se laissa descendre mais il eu du mal à parcourir plus d'un mètre en glissant.
- C'est quoi ce toboggan qui ne glisse pas ? s'interrogea-t-il, regardant au passage Lizbeth en faisant une grimace amusée. Oui, il était pompier mais non, cela n'empêchait pas d'avoir la connerie parfois.
"T'as finis de faire l'enfant Aaron ?" demanda soudain Mike par l'intermédiaire de la radio. Le pompier leva la tête, voyant le camion garé non loin de là. Son ami était en train de manger une part de pizza, comme le reste de l'équipage.
- On parle pas la bouche pleine Micky. lui répondit-il en appuyant sur la radio.

Il se tourna vers Lizbeth, espérant qu'elle ne trouve pas les interventions de Mike trop pénibles. Enfin, il sortit sa salade et sa bouteille d'eau et commença à manger.
"C'est qui cette jolie demoiselle ?" demanda une nouvelle fois la voix dans la radio portative. Visiblement, c'était à son tour d'être mis dans une position gênante. Il ne répondit rien, se contentant de baisser le son du matériel, ne souhaitant plus être embêté par ses équipiers. Il voulait simplement profiter de la présence de la petite brune tandis qu'elle se tenait presque contre lui, dans la cabane.

- Puis-je vous inviter à sortir ? Ce soir ou un de ces jours ? demanda soudain Aaron. Outre le fait que sa question soit spontanée, il avait surtout peur d'être à nouveau appelé par la centrale d'appel et ce, sans avoir l'occasion de revoir Lizbeth. Il la regarda et lui fit un nouveau sourire, tout aussi chaleureux que les précédents.

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Lizbeth Larsen & Aaron Monroe

La cabane était étroite et Lizbeth se maudit intérieurement de faire subir ça à Aaron. Qui sait ? Il était peut-être claustrophobe et serait mal à l’aise de se retrouver dans un endroit si petit, surtout pour deux adultes. Quelle idée folle qu’elle avait eu sur ce coup-là !
Elle le vit s’approcher, accrochant son épaisse veste de feu et sa radio portative sur la structure. Ses muscles saillants de pompier furent dévoilés au grand public mais la jeune femme n’y prêtait guère attention. Elle se disait que c’était normal d’avoir des gros bras quand on exerçait un métier comme le sien.

Elle le regarda grimper dans la cabane, puis s’asseoir sur le haut du toboggan, prêt à faire la descente du siècle. Lizbeth sourit une nouvelle fois. Elle fut surprise de voir que ce grand gaillard à la carrure imposante avait l’âme d’un gamin tout à fait innocent. La scène était amusante à voir : deux personnes à la vingtaine passée qui s’amusaient dans une aire de jeux destinée aux enfants en bas âge. La vie réservait parfois de sacrés surprises, c’était le cas de le dire. Mais la brune en fut ravie pour cette fois.

Il se questionna sur l’état du toboggan, ce qui l’amusa. Elle haussa les épaules doucement en guise de réponse et ouvrit sa petite boîte contenant son casse-croûte pour ce midi. Elle croqua ensuite dans son sandwich avant d’entendre une voix masculine s’adresser à Aaron depuis la radio. Elle se contenta d’esquisser un nouveau sourire, la bouche pleine comme le dit Micky.
Lorsque le regard d’Aaron se perdit un peu plus loin, elle se redressa pour apercevoir la source de sa curiosité : un camion de pompiers. Alors Lizbeth en déduisit que c’étaient sûrement ses collègues qui mangeaient. Gênée, elle se réinstalla correctement en tailleur dans la cabane, comme pour empêcher d’être vue davantage.

Mais visiblement, son visage n’avait pas échappé à l’un de ses compères puisque la radio émit la même voix que précédemment, posant la fameuse question à Aaron. Merci de dire que je suis jolie au passage… songea-t-elle. Il baissa le volume de son appareil et se posa aux côtés de la jeune femme.

« Puis-je vous inviter à sortir ? Ce soir ou un de ces jours ? » lui demanda le pompier de but en blanc.

La brune fut prise au dépourvu. C’était bien la première fois qu’on lui proposait de sortir. D’habitude, les hommes lâchaient l’affaire avec elle, prétextant qu’elle était trop « coincée » ou carrément « intimidante ». Mais ça n’avait pas l’air d’être le cas pour Aaron car il lui sourit une énième fois pour appuyer sa question. Un sourire franc et chaleureux.

« Alors ça, c’était inattendu. » finit par lâcher Lizbeth, ne sachant quoi dire de plus.

Elle tourna la tête vers Aaron pour le regarder. T’es trop observatrice miss, il va te prendre pour une folle. Mais si elle faisait ça à chaque fois, c’était simplement pour se persuader de la véracité des paroles et des approches de quelqu’un, rien de plus. Elle finit par rouler des yeux vers le muret de la cabane devant elle pour soupirer, lassée d’être trop sur la défensive.

« Je fais la fermeture de l’épicerie ce soir… C’est-à-dire, vingt-et-une heures. » avoua ensuite la brune en baissant la tête vers son sandwich entamé.

Elle recroqua dedans, n’osant plus regarder Aaron dans les yeux. Elle réfléchit quelques secondes à ce qu’elle venait de dire. Vingt-et-une heures, ce n’était pas si tard en réalité. Certes, mais s’il n’avait pas envie de l’attendre ? Après tout, ce serait compréhensible : attendre les femmes indécises et détruites de l’intérieur comme Lizbeth, c’était définitivement perdre son temps.
Malgré ces réflexions, sa tête pivota encore une fois vers l’homme qui l’accompagnait, et elle proposa :

« Nous pouvons nous voir après sinon ? »

Une chose était indéniable chez la jeune femme : c’était qu’elle était en manque cruel d’attention. Des parents absents, qui n’avaient aucune sollicitude pour leur fille… elle s’était résolue à accepter cette enfance sans broncher. Si bien qu’elle avait grandi sans réelle attache, sans une once d’affection de la part de quelqu’un d’autre. Elle avait pris l’habitude à force, mais il fallait croire que les démons du passé revenaient hanter Lizbeth un peu plus chaque jour.

Elle reprit ses esprits, se doutant que sa mine ne devait pas être jolie à voir, et adressa finalement un faible sourire à Aaron.

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“ N'était-ce qu'un réflexe ?

Feat @lizbeth larsen

Aaron ne s'était pas attendu à cette réaction. Certes, sa proposition était spontanée et sortait clairement de la conversation mais tout de même, il ne pensait pas la voir réagir de la sorte.
En y réfléchissant un peu, il était vrai qu'elle avait tout de même été un peu sur la défensive depuis le début. Mais quoi de plus normal lorsque même au travail, elle se faisait aborder de cette manière ?

- Alors ça, c'était inattendu. finit-elle par dire en tournant la tête dans sa direction. C'était comme si son regard voulait s'assurer de la sincérité de sa question. Pouvait-elle vraiment douter qu'il ai envie de passer du temps avec elle ?
Le pompier n'avait pas voulu la brusquer en lui proposant de sortir et il s'apprêtait à s'excuser lorsqu'elle soupira, son regard fuyant le sien.

- Je fais la fermeture de l’épicerie ce soir… C’est-à-dire, vingt-et-une heures. lui dit-elle en baissant les yeux. Sa réponse finale tournait décidement vers le négatif. Aaron s'attendait à la voir décliner sa proposition d'une seconde à l'autre. Il grimaca et arrêta de manger, se demandant comment il pouvait rattraper la situation.
- T'aurais mieux fais de la fermer et de profiter de l'instant présent. se blâma-t-il intérieurement. Il n'avait pas voulu la faire fuir et c'était exactement ce qu'il se passait, selon son jugement.

Le jeune homme avait simplement envie de pouvoir apprendre à la connaître, de pouvoir la voir dans d'autres circonstances et notamment sans l'épée de Damoclès qui planait au dessus de sa tête. Il savait pertinemment que ce n'était qu'une question de temps avant que sa radio lui signale une nouvelle demande d'intervention. Pour la première fois depuis son arrivée à New-York, il parvenait à faire abstraction des raisons de sa venue et c'était déjà un immense exploit. Se pouvait-il qu'elle en soit la cause ? Peut-être était-il encore trop tôt pour pouvoir répondre à la question. Mais il en était sûr, cette rencontre à l'épicerie du coin n'avait rien d'anodin.

- Nous pouvons nous voir après sinon ? lui proposa-t-elle finalement en retour, lui adressant par la même occasion un petit sourire. Comment passer d'une potentielle réponse négative à tout l'inverse, en deux secondes. Le visage d'Aaron s'était complètement métamorphosé en l'espace d'un instant, passant d'un regard sérieux, presque trop même, à un franc sourire encore plus chaleureux que de nature.

Sa proposition, c'était tout ce qu'il avait attendu. Vingt et une heure, ce n'était pas tard et ils auraient largement le temps de discuter, de boire un verre ou peu importe selon l'activité qu'ils choisiraient. L'essentiel étant qu'ils allaient pouvoir passer du temps ensembles, sans se préoccuper du reste.
Les yeux du brun brillaient désormais de mille feux, trahissant au passage la joie intérieure qu'il ressentait.

- Je peux venir vous chercher si vous le souhaitez. Sauf si vous préférez me rejoindre directement...? dit-il, lui laissant ainsi le choix. Oh non, il ne lui imposerait rien. Son but était qu'elle se sente à l'aise, autant avec lui que dans l'environnement qui les entoureraient.

Le jeune homme termina de manger avant de finir sa bouteille d'eau, dans le même temps. Il était déshydraté, sans aucun doute. Mais sur l'instant, il s'en fichait. La compagnie de Lizbeth était tout ce qui lui importait à ce moment là.
Il la regarda et lui sourit. Comme l'avait si bien dis Mike quelques instants plus tôt, la brune était une belle femme. Elle semblait plus réservée, peut-être quelque peu timide. Mais cela ne faisait que rajouter à son charme.

- Je connais un endroit qui pourrait vous plaire. Je serai ravi de vous y emmener. déclara-t-il, plongeant son regard dans ses yeux bleus-gris. Le couleur de ces iris était tout simplement incroyable. Si belle qu'on aurait pu vouloir se noyer dedans.
Aaron n'avait aucune envie de partir. C'était même tout l'inverse. Eteindre la radio, congédier ses hommes et pouvoir profiter d'être avec Lizbeth, c'était tout ce dont il avait envie. Mais cela allait sans doute devoir attendre un peu.

Since : 04/05/2020

“ N’était-ce qu’un réflexe ?

Lizbeth Larsen & Aaron Monroe

« Je peux venir vous chercher si vous le souhaitez. Sauf si vous préférez me rejoindre directement… ? » lui dit-il, sûrement pour la mettre à l’aise.

Elle réfléchit quelques instants à la question. La brune ne connaissait pas la ville comme sa poche donc il aurait été préférable qu’Aaron vienne la chercher après la fermeture de Mr Melon. Mais d’un autre côté, elle voulait se débrouiller toute seule et trouver l’endroit par ses propres moyens, comme une grande – elle n’avait plus douze ans. Après tout, elle avait fait preuve d’indépendance pour venir habiter dans la grande pomme.
Avant de donner une réponse, elle voulut mettre au clair la façon dont il s’adressait l’un à l’autre, trouvant ceci trop « vieille école » :

« Bon d’abord… On ferait mieux de se tutoyer parce que j’ai l’impression que nous avons déjà cinquante ans. À moins que… »

Elle marqua une pause, affichant un air faussement choqué :

« Que vous ayez vraiment cinquante ans et que vous fassiez du lifting ?! »

Et là, Lizbeth se sentit soudainement embarrassée par ses derniers dires. Pourquoi tenter de faire de l’humour alors qu’elle n’avait jamais testé auparavant ? Il fallait croire que la maladresse avait encore frappé : non pas sur les actes, mais sur les paroles – chose qui arrivait bien trop souvent à son goût.

Très rapidement, la brune rebifurqua sur l’endroit qu’il avait mentionné et qui pourrait lui plaire. Le regard d’Aaron était brillant et éclatant de vie. Elle aimait le vert de ses yeux, étant donné que ce n’était pas très commun mais qu’en plus, elle adorait la nature, les plantes et tout ce qui s’y rapprochait. Oui, Lizbeth était vraiment en train de comparer les yeux du pompier à… de la verdure ? Et puis quoi encore ? Elle en avait marre de trop réfléchir et de faire des comparaisons bidons dans sa tête.

« Je suis curieuse de savoir de quel endroit tu parles… » annonça-t-elle doucement, cette phrase accompagnée d’un petit rire.

La brune reprit une bouchée de son sandwich, puis une autre, jusqu’à le terminer entièrement. Elle s’attarda ensuite sur sa bouteille de jus de fruits, mais elle eut un peu de mal à l’ouvrir alors elle se tourna vers Aaron, lui tendant timidement sa boisson, et dit :

« Je n’ai pas d’aussi gros bras que toi… Tu peux me l’ouvrir s’il-te-plaît ? »

Et c’était vrai. Lizbeth avait les bras aussi fins qu’un fil de fer. Ce n’était pas une sportive, et ça ne la dérangeait pas plus que ça. Elle avait quand bien même essayé de se mettre à la danse quelques années en arrière, sans franc succès : la prof’ était une vraie teigne. Depuis, elle n’avait jamais repris un seul sport – il n’empêche que ça pourrait lui permettre de se défouler un peu et de reprendre confiance en elle tout doucement. Quoi qu’il en soit, ce n’était pas dans ses priorités.

Le portable de la brune vibra dans sa poche. Elle le sortit dans un soupir avant de voir le prénom d’Andy s’afficher sur l’écran. Elle décrocha en décochant un sourire désolé à Aaron et se retourna pour éviter d’être clairement entendue. Il lui demanda ce qu’elle faisait et si elle comptait revenir à l’épicerie un jour car il avait besoin d’elle pour un déchargement imprévu de produits.
Elle s’excusa rapidement et raccrocha, coupant court à l’appel, paniquée.

« Va falloir que j’y aille… » fit-elle en pivotant vers Aaron qui semblait attendre qu’elle ait terminé sa conversation.

Prise d’un soudain élan de confiance, Lizbeth prit le stylo clipsé sur la poche de sa veste de travail puis attrapa le poignet de l’homme. Elle écrivit hâtivement son numéro dans sa paume, et déclara avec un léger sourire :

« Envoie un message pour ce soir, je dois vraiment filer. Désolée. »

Et sur ces mots, elle s’éclipsa comme une voleuse, descendant de la structure telle une cascadeuse professionnelle, en oubliant même de reprendre sa bouteille des mains d’Aaron. Tant pis, il la boira.

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“ N'était-ce qu'un réflexe ?

Feat @lizbeth larsen

Elle sembla réfléchir un instant à sa proposition, comme pour peser le pour et le contre. C'était comme elle voulait; Aaron était censé terminer sa garde vers dix-neuf heures trente, il aurait donc largement le temps de se préparer et de rouler jusqu'à l'épicerie pour venir la chercher. Dans l'autre cas, il attendrait simplement qu'elle le rejoigne vers la caserne.

- Bon d’abord… On ferait mieux de se tutoyer parce que j’ai l’impression que nous avons déjà cinquante ans. À moins que… commença-t-elle à dire. La remarque était pertinente. Ils n'en étaient plus à la relation employée-client, c'était évident. Casser cette barrière du vouvoiement était déjà une bonne étape en terme de communication. Nul doute que cela leur permettrait d'être plus proches, notamment dans les conversations.
Aaron se demanda ce qu'elle allait lui sortir. Bizarrement, il sentait la bêtise arriver, au son de sa voix et à la mine faussement choquée qu'elle afficha.
- Que vous ayez vraiment cinquante ans et que vous fassiez du lifting ?! termina-t-elle de dire. De manière encore plus étrange, son faciès changea d'un coup, passant de l'amusement à l'embarrassement le plus total. Le pompier ne comprit pas pourquoi, elle n'avait rien dis de mal. Il s'amusa même de sa réplique, lâchant un petit rire suivi d'un sourire amusé.

- J'suis plutôt bien conservé pour un p'tit vieux alors. lui répondit-il en lui faisant un clin d'oeil. Sa réponse n'était pas fameuse mais au moins elle comprendrait qu'il ne fallait pas être gênée pour si peu.

Changement de sujet. A croire que cette conversation l'avait trop perturbée. Pourtant, il n'y avait pas de quoi.
- Je suis curieuse de savoir de quel endroit tu parles… déclara-t-elle en riant doucement. Aaron avait effectivement un lieu bien en tête. Mais pas question de lui en parler avant qu'elle ne voit l'endroit elle-même. Ce serait comme gâcher la surprise sinon et ce n'était pas le but.
- Tu verra en temps voulu. se contenta-t-il de répondre en lui souriant. Non, il ne dirait rien et non, elle ne lui tirerait pas les vers du nez.

- Je n’ai pas d’aussi gros bras que toi… Tu peux me l’ouvrir s’il-te-plaît ? lui demanda-t-elle en lui tendant la bouteille de jus de fruits. Il la regarda, l'air une nouvelle fois amusé. Décidément, cela devenait une manie. Mais avant qu'il n'ai le temps de l'ouvrir, le portable de la brune vibra, lui signalant un appel.

Elle se tourna et il la laissa répondre, buvant pendant ce temps là un peu d'eau. Enfin, à peine quelques secondes plus tard, elle se retourna à nouveau vers lui avant de lui dire d'un air presque préoccupé: "Va falloir que j’y aille…"
Ce n'était pas une surprise pour lui. Après tout, c'était sa pause déjeuner, elle n'avait pas non plus l'après-midi de libre. Et de toute façon, lui non plus. C'était déjà un miracle que la centrale ne les ai pas interrompus. Aaron était déjà content d'avoir pu manger avec elle, d'avoir pris deux minutes à ces côtés.

D'un coup, elle attrapa son stylo sur sa veste et, lui prenant le poignet, elle griffona à la hâte son numéro de téléphone. C'était plutôt mignon. C'était un beau geste venant de la part d'une fille qui paraissait plus réservée, timide.
- Envoie un message pour ce soir, je dois vraiment filer. Désolée. déclara-t-elle avec un sourire.

Il n'eut pas le temps de répondre qu'elle était déjà descendue de la cabane et qu'elle avait disparu de son champ de vision, telle une étoile filante passant dans le ciel.
Le jeune homme resta assis là, dans l'abri de bois, quelques minutes de plus. Son regard se perdait au loin, tandis qu'il avait encore du mal à réaliser ce qu'il venait de se passer. Ce n'était qu'en regardant sa paume de main qu'il parvenait à croire que ce qu'il avait vécu était réel. Sortant son portable, il prit une photo de l'intérieur de sa main, ne voulant pas perdre le numéro par mégarde.

Il était temps pour lui de regagner son engin et de rentrer à la caserne; en quête de nouvelles aventures. Il s'assit à nouveau sur le toboggan, espérant cette fois avoir plus de chance. Mais pas moyen de descendre, il était bloqué en haut, sans réussir à glisser.
- C'est quand même incroyable cette histoire. se dit-il pour lui-même en abandonnant l'idée de finir en bas de la rampe. Il récupéra sa veste, la radio et la bouteille de jus de fruits oubliée plus tôt par Lizbeth. Direction le camion.

- C'était qui cette charmante demoiselle ? lui demanda Mike en le voyant arriver. Aaron s'installa au poste du lieutenant et posa ses affaires. Il avait la tête dans les nuages et ne souhaitait pas repartir en intervention. Il n'avait pas envie de redescendre de cette émotion, de ce plaisir qu'il avait eu à partager de son temps avec cette jolie brune.

- Cette fille, c'est l'avenir. lui répondit-il tandis que son regard se perdait à l'horizon.

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