Relâché dans le Bronx, Daryl peinait à tenir debout dans son état. Les événements de la journée avait été tout sauf plaisants. Maltraité, torturé, poignardé, Daryl avait connu meilleure soirée. Malgré tout, malgré Snake et sa proposition, malgré les menaces, malgré la douleur, malgré Jules, il fallait avancer. Et surtout sortir de cette merde. Il était loin de chez lui, sans affaires, sans possibilité de prendre un taxi, sans possibilité d'appeler son colocataire qui ne répondait pas. Lou était aussi aux abonnées absentes, ne lui restait que deux solutions; L'hôpital, sans savoir comment le rejoindre, mais qui restait l'option la plus logique. En sachant qu'ils risquaient de demander comment il s'était fait ça, de vérifier son casier, de se poser des questions, et peut être d'appeler les flics. Du moins c'est l'idée que s'en faisait Crane, et il en était hors de question.

Ne restait que l'option numéro 2. Il n'était pas loin de Manhattan, et refusait de s'avouer vaincu, de tomber. Alors il s'emparait de son portable, composant l'un des seuls numéros qui, il espérait, répondrait présent pour lui. William. La dernière fois qu'il l'avait vu, ils avaient passés la nuit ensemble pour que finalement Daryl s'éclipse sans même un au revoir. Pas un mot, pas un message, rien. Sa façon de faire, en sommes. Il agissait toujours ainsi, mais le fait d'avoir passé la nuit avec un homme accentuait cette face de lui même. Hors de question que quelqu'un soit au courant, hors de question de le revoir.... C'est ce qu'il s'était dit.

Mais il était clairement dans la merde, et une des seules personnes qui lui venait en tête, c"était lui. Parce qu'il y'avait eu, ce soir là, ce petit quelque chose qu'il n'expliquait pas et qui avait rendu cette soirée spéciale. Cette jalousie intense en le voyant dans les bras d'un autre, cette électricité en l'embrassant, ce sentiment d'être à sa place dans ses bras. Tout paraissait normal, logique, facile avec lui. Ça ne s'expliquait pas, et il ne pouvait pas nier ce qu'il avait ressentit ce soir là, cette nuit là. Et même le matin, en se réveillant, où - avant de flipper- il avait eu ce petit sourire aux coins des lèvres.Et étant donné les circonstances, il était temps de ravaler sa fierté et ses principes irraisonnés, et de l'appeler.

William avait accepté de le recevoir, mais probablement ne s'attendait-il pas à le recevoir dans cet état. Daryl avait simplement précisé être dans la merde, mais n'avait pas voulu en dire d'avantage. Le garçon lui avait simplement donné l'adresse et Crane le remerciait intérieurement de ne pas être trop loin de sa position actuelle. Le trajet ne fut pas de tout repos, entre ses côtes, son arcade, et cette jambe dont il sentait encore la lame se glisser à l'intérieur de sa cuisse.... Autant dire qu'il avait connu meilleur moment une fois encore. Il rejoignait le bâtiment tant bien que mal, s'engouffrant dans l'ascenseur où il s’effondrait littéralement après avoir appuyé sur le bouton de son étage. Le dernier effort qui le tuait sur place, la douleur devenait bien trop vive et son corps le lâchait clairement, s'ajoutant à la fatigue et à l'émotion accumulées ces dernières heures. Il était tard, mais il n'avait honnêtement aucun remord à déranger Wallace à cette heure tardive étant donné les circonstances.

Les portes de l'ascenseur s'ouvraient, donnant sur le salon du jeune homme donc il jetait un coup d'oeil rapide. Les portes menaçaient de se fermer avant que Daryl n'y coince son pied pour les en empêcher. Il était calé, assit, en sang, couverts d'hématomes, la jambe poignardée, l'arcade défoncée, probablement une ou deux côtes cassées, contre la paroi de la cage, le pied en biais pour éviter que les portes ne se referment. On a fait plus sexy comme entrée. Il calait sa tête contre le mur derrière lui tandis ce que la petite sonnerie des portes ne cessait de se faire entendre à mesure qu'elles essayaient de se refermer, coincées par le pied de Crane. Il arrivait à peine à parler, épuisé, espérant que William arriverait bientôt à sa rescousse. Parce que c'était bien la réalité; Il avait besoin d'aide.

@William Wallace

Assit dans cette cage d'ascenseur, fermant les yeux et calant sa tête contre la paroi, Daryl priait pour que William arrive rapidement à sa rescousse. Et son voeux fut rapidement exaucé puisque le jeune homme arrivait déjà à ses côtés, probablement intrigué par la sonnerie répétée de l'ascenseur. Daryl rouvrait les yeux, observant la mine inquiète du garçon avant de répondre faiblement. "Si je te dis que je suis tombé dans les escaliers, tu me crois ?" Il ne pu s'empêcher de sourire, quand bien même ce simple geste lui faisait un mal de chien. Il tentait, avec son aide, de se relever, grognant et grimaçant de douleur à chaque mouvements. Tout son corps avait subi les conséquences de ses actes et le moindre geste lui demandait de gros efforts.

Il rejoignait le canapé de Will, non sans mal, s'y affalant littéralement. "Non, pas l'hosto. Ils poseront des questions... C'est trop dangereux." Ils le questionneront, appelleront les flics, et il ne se voyait pas les affronter, leur mentir, éveiller les soupçons et qu'ils cherchent plus profondément dans son passé, dans sa vie. Daryl avait déjà fait tout le scénario dans sa tête. Et même si ça ne se déroulait pas de cette manière, il n'avait aucune envie de prendre un quelconque risque. Il secouait la tête, se calant contre le dossier en regardant le jeune homme s'éloigner avant de fouiller dans sa poche. Il sortait son portable, composant le numéro de sa soeur Lisa, l'aînée. Premier réflexe; être certain que ses soeurs allaient bien. Qu'elles étaient en sécurité.

Mais Lisa ne répondait pas, pas plus que Nina ou Violet. Toutes les trois étaient aux abonnées absentes, laissant leur répondeur parler à leur place. De colère, d'inquiétude aussi, Daryl lançait son portable à travers la pièce hurlant un "Putain !" Avant de se pencher, la tête entre les mains, essayant de réprimer sa douleur et de calmer sa colère. Si lui avait été le Roi de Nevada City, Snake était la Reine de New York, et elle venait clairement de le bouffer. Ce n'était pas tant l'ego qui en avait prit un coup, ni même le fait que son corps soit dans un sale état. Il savait qu'il s'en remettrait, même avec cette jambe. Elle avait calculé son coup, il serait remit sur pied en un rien de temps, laissant peut être quelques marques de son passage mais rien de plus. C'était plutôt la situation en elle même; Il était au pied du mur, et elle avait touché là où ça faisait mal; Sa famille. Il n'avait qu'une seule faiblesse, et elle venait de la pointer du doigt.

Ses yeux se perdait sur William qui revenait à ses côtés alors qu'il se mordillait la lèvre inférieur, avant de rendre compte que celle ci -légèrement fendue- lui faisait mal elle aussi. "C'est la merde... Je suis dans la merde...." Un chuchotement qu'il adressait plus à lui même qu'au garçon. Il soupirait, relevant la tête, se redressant comme il le pouvait en fixant le brun dans les yeux. Il n'était plus le même, elle l'avait brisé en un quart de seconde. "Je suis désolé... Je ne savais pas où aller..." Crane secouait la tête, se mordant l'intérieur de la joue avant de poursuivre. "Je resterais pas longtemps, promis. Je veux pas t'attirer d'ennuis." Il n'en disait pas plus, sachant pertinemment que le jeune homme ne le laisserait pas s'en tirer aussi facilement. Qu'il posera sans doute des questions, et à juste titre. Mais il ne voulait pas l'impliquer dans ses histoires, et risquer qu'il ne lui arrive quoique ce soit.

Will revenait à toute vitesse lorsque Daryl lançait son portable. Ce dernier avait agit par excès de rage, d'inquiétude, sans penser une seconde qu'il pouvait également l'inquiéter lui. Crane soupir à sa remarque, détournant le regard. "Désolé..." Il ne peut s'empêcher de penser à ses petites sœurs, aux risques qu'elles encourent à cause de lui. Hormis Lisa - qui n'était au courant que de la moitié de ses activités - aucune de ses sœurs ne savaient dans quoi il avait et traînait encore. Il s'en voulait terriblement de potentiellement les mettre en danger alors qu'elles n'étaient au courant de rien. De véritable innocentes, des trésors comme on en fait plus, et il les mettaient en danger. Il murmurait, passant une main sur son visage, le regard perdu dans le vague. "Elles répondent pas... Je sais pas ce que je ferais si..." Il fermait les yeux, la gorge serrée, repoussant ce scénario qui se peaufinait dans sa tête.

Un léger rire s'échappait malgré lui, alors que son attention se reportait sur le garçon. "Finir dans un coin de la rue c'est le cadet de mes soucis. Ca aurait été le truc le plus joyeux de la journée." Il riait de plus belle, grimaçant une nouvelle fois, portant une main au niveau de ses côtes. La main de William trouvait sa joue, l'obligeant à plonger ses iris dans son regard, et à redevenir sérieux l'espace de quelques instants. Il avait presque oublié pourquoi c'est lui qu'il avait appelé. Il se laissait faire, docilement, ne quittant pas le jeune homme des yeux. Se remémorant cette soirée alcoolisé où il avait finit par s'endormir dans ses bras. Finalement, il n'avait pas besoin d'alcool pour ressentir quoique ce soit. Il y'avait encore cette électricité, ces frissons qui le parcouraient, alors qu'il venait simplement de toucher sa peau.

Wallace essayait de nettoyer ses blessure alors que Daryl réprimait quelques grimaces pour ne pas l'inquiéter d'avantage. Il secouait la tête, posant une main sur celle posée sur sa joue. "Je peux pas... Il faut pas que je reste, crois moi." Ce serait bien trop dangereux. Il se reculait légèrement, enlevant non sans mal son tee shirt couvert de sang, découvrant quelques autres blessures et hématomes éparpillés le long de son torse. "Promis je suis pas en train de te faire des avances. "Il riait une nouvelle fois, dans l'espoir de désamorcer la situation. Puis il portait un regard plus sérieux au jeune homme, hésitant. "Tu flippe pas.... Ok ?" Après une nouvelle hésitation, il enlevait son Jean en réprimant un cri de douleur entre ses dents qu'il serrait autant que ses poing. Uniquement en boxer, il laissait découvrir le coup de couteau que Snake lui avait adressé. "C'est moins grave que ça en à l'air, je t'assure." Il osait à peine le regarder dans les yeux après en, se mordant l'intérieur de la joue avant d'ajouter. "Crois moi... Il vaut mieux que je ne passe pas la nuit ici. Ça serait trop dangereux..." Ils se serviront de toi contre moi.

La pire des choses à faire quand on ne veut pas inquiéter quelqu'un, c'est de lui dire de ne pas s'inquiéter. Il le savait bien, au fond, que ce n'était pas possible. Pas à le voir dans cet état. Lamentable, il n'y avait pas d'autres mot, il était lamentables. Blessé de partout, des hématomes sur tout le corps, et cette cuisse qu'il découvrait à William. Il voyait bien dans son regard toute cette inquiétude, cette incompréhension. Peut être même cette colère aussi. Il soupirait légèrement, fermant les yeux un instant, et hochait doucement la tête. "Je sais... Et tu mériterais des explications... Mais moins tu en saura, mieux ce sera." Attaché... Ce ne serait pas la première fois, et rien qu'à ces mots, sa gorge se serrait. Il se revoyait encore sur cette chaise, dans cet endroit sans vie, à se prendre des coups de toute part et à tenir tête comme un abruti à cette femme qui n'avait qu'une bouchée de lui.

Il laissait un léger silence s'installer entre eux avant de reprendre. "Je vais pas avoir le choix, c'est ça ?" De toute manière, il pouvait à peine rester debout. Il avait clairement besoin de repos, et il était certain que William ferait tout son possible pour le faire rester. Dans cet état, une pichenette suffisait pour le terrasser. Le désinfectant lui pique l'arcade, et par réflexe, Crane grimace en sentant ses effets. Mais il se laisse faire, docilement, rapprochant même son visage du garçon pour l'aider. Ses yeux fixent cette bouche, alors que ses propres lippes s'étirent dans un sourire. Il ne peut s'empêcher de fixer ces lèvres, de les vouloir, mais se fait violence pour ne pas le dévorer sur place. Il s'amuse de cette concentration, de cette moue qu'il - au fond- trouve adorable.

Puis il l'écoute, sagement, baissant le regard lorsqu'il parle de garde du corps. "Will...." Bien sûr que je m'inquiète. Il prend sa main, l'obligeant à arrêter de le soigner pour se concentrer sur ses dires, la serrant doucement dans la sienne. "Tu peux pas te défendre contre ce genre de personnes Will..."  Il s'approchait légèrement du bord du canapé pour être au plus près du jeune homme avant de poursuivre. "Si je suis encore en vie, c'est uniquement parce que je peux leur être utile. Ce qu'il m'ont fait, c'est uniquement pour me faire flipper, pour faire pression. C'est de la rigolade, ça aurait pu être pire que ça..." Il se perd un instant, le regard inquiet dans les yeux du brun avant de soupirer, sa main toujours dans la sienne. "S'ils savent..." Il s'interromps, passant une main derrière sa nuque. "S'ils pensent que... " Tu compte pour moi... Il ne sait comment terminer cette phrase, s'interromps une nouvelle fois avant de finalement reprendre. "Garde du corps ou pas, s'ils te veulent morts, tu mourra." Il serre doucement la main de William, secouant la tête. "Pardon, je veux pas te faire peur..." Nerveusement, il lâche un petit rire, perdant son regard vers la fenêtre. "Je me suis foutu dans une merde pire qu'à Nevada... Je pensais pas que c'était possible..."

Sa langue se délie petit à petit. Il sait que plus il parlera, plus il le mettra en danger, mais il a besoin de parler. D'extérioriser tout ce qu'il vient de se passer, parce que ça faisait beaucoup trop en une seule journée. Il réalisait petit à petit ce qu'il venait de vivre, toute cette peur, cette douleur accumulée qui venait de lâcher prise. Parler de tout ça n'était pas meilleure des idées, mais il méritait bien quelques explication, ou du moins quelques éclaircissements n'est-ce pas ? William l’accueillait chez lui, le soignait, lui offrait un toi pour la nuit... La moindre des choses était de lui avouer pourquoi, n'est-ce pas ? Son sourire s'élargissait alors que William lui demandait de l'effacer. "J'y peux rien...Tu verrais ta tête." Il restait concentré sur cette lèvre qu'il mordillait. Il lui était totalement impossible de détourner le regard jusqu'à ce que le jeune homme change de sujet.

Alors il parle. Trop, beaucoup trop. Voyant le visage de Wallace se décomposer à mesure qu'il débite son discours. Il fait une connerie en lui avouant tout ça, en le mettant sur la voie. Peut être qu'il prendra peur, qu'il ne voudra plus le voir. Ce serait la meilleure des solutions, Daryl serait au moins certain de le protéger ainsi. Le brun baisse la tête alors que Crane reporte son attention sur lui, la gorge aussi serrée que le coeur. Il observait cette larme coulée le long de la joue du jeune homme et l'effaçait d'un revers de pouce. Il inspirait lourdement, se mordant la lèvre. "Ils auraient pu me tuer... Mais ils ne l'ont pas fait..." Il soupire, fermant les yeux comme pour se donner du courage. "Je suis pas quelqu'un de bien tu sais, je l'ai jamais été."

Il rouvre ses prunelles, se pinçant les lèvres, et fixent les pupilles de William. "Mais à côté d'eux, je suis insignifiant. Tout ce que j'ai pu faire, c'est rien comparé à ce qu'ils font..." Il secouait doucement la tête, observant la réaction du jeune homme, approchant un peu plus son visage du sien, et posant une main sur sa joue pour chasser les quelques larmes qui pourraient s'y glisser une nouvelle fois. "Mais je veux pas que tu t'inquiète pour moi.... S'ils m'avaient voulu mort, je le serais déjà. C'était pas le but." Une façon maladroite de dire "je vais bien" en sommes. Daryl restait un instant silencieux, fixant ces lèvres qui l'appelaient littéralement. hésitant, il déposait finalement un baiser sur ces lippes. Et tant pis si ça fait mal, il avait furieusement besoin de ce contact, de ces frissons, de lui... De se sentir vivant, de se sentir lui même.

Il détachait ses lèvres des siennes, posant son front contre le sien en profitant de ce moment de calme quelques instants, avant de finalement briser ce silence. "Ils m'ont proposé de les rejoindre... Et je vais accepter." Avait-il seulement le choix ? Il redresse sa tête, caresse la joue de William sans le lâcher du regard avant de poursuivre. "Je dois protéger ma famille, mes sœurs... J'ai pas le choix..."

Il se sent coupable de lui infliger une telle tristesse. De faire couler ces larmes sur ses joues, de lui faire peur au point de le sentir trembler, frisonner. Mais Crane n'arrive pas à lui mentir, pas à lui. Il l'a bien compris depuis cette fête, depuis l'instant où, comme un gamin, il s'est retrouvé à baisser la tête en mentant. Il a ce pouvoir, cette emprise que Daryl n'explique pas, et qui fait son effet même sobre apparemment. Il se fou d'ailleurs d'être bourré ou non, ses gestes sont tendres à son égard. Dans d'autres circonstances, c'aurait été étrange venant de lui. Mais aujourd'hui, tout ce qu'il a vécu l'a profondément bouleverser. Il n'est plus lui même, du moins pas pour l'instant. Elle l'a brisé, elle s'est joué de lui pendant des heures. Il a besoin de ce contact, d'un peu d'humanité, de tendresse aujourd'hui après toute la violence qu'il avait enduré.

Il sourit tendrement aux dires du garçon. Un tueur en série ? Il n'était à ce point là. Et heureusement. "Je doute que tu te moque vraiment de savoir si j'ai tué quelqu'un ou non." Il rit légèrement, secouant doucement la tête. "C'est pas le cas, si ça peut te rassurer." Il était loin d'une telle violence, malgré ses pulsions, malgré sa haine, sa colère. Malgré ses conneries. Il laisse un léger silence s'installer avant de reprendre finalement. "Mais j'ai un casier long comme le bras. Et la moitié de mes conneries n'y figure pas. La seule raison pour laquelle je me suis pas retrouvé en TIG quand j'étais ado, c'est parce que ma mère connaissait les flics, et qu'on habitait dans une petite ville. S'ils avaient su le reste, je serais en taule depuis bien longtemps..." Il tenait à être honnête, parce qu'il ne pouvait nier que William prenait une certaine importance dans sa vie et dans sa tête. A quoi bon lui cacher son passé, son présent ? Il le saura tôt ou tard, autant être sincère tout de suite.

Il le rassure, maladroitement. Lui assurant qu'il serait mort depuis longtemps s'ils n'avaient pas eu besoin de lui. Il acquiesce doucement à sa question, murmurant un " Promis..." avant de déposer un baiser sur ses lèvres. Will ne le repousse pas, malgré la façon dont il est parti la dernière fois qu'ils se sont vus. Ça le rassure, Crane, qui ne flippe pas moins de se rendre compte qu'il y'a bien quelque chose entre eux qu'il n'explique pas. Peu importe ce que c'est, c'est bien présent. Il se détache, hoche négativement la tête avant de répondre au brun. "Non. Il n'y en a pas d'autres. Soit j'accepte le deal, je travaille pour eux, et je suis à peu près tranquille... Soit je décline l'offre, et je te garantie pas que tu me retrouvera entier la prochaine fois qu'on se verra. Ils me tueront Will. Et ils s'attaqueront probablement à mes sœurs avant, histoire de me faire souffrir."

Sa gorge se serre rien que d'y penser, il détourne le regard, réprime ces larmes menaçantes  en serrant les dents. Puis il se force à sourire, retrouvant les yeux de Wallace. "Ça va aller. Je vais me remette sur pied, aller la voir, lui dire que j’accepte et tout rentrera dans l'ordre...." Il se savait bloqué, contraint d'obéir aux ordres d'une femme qu'il ne connaissait pas et qui avait l'air bien pire que lui en matière de colère. Bien pire que lui en tout point, bien pire que tout ceux qu'il avait pu rencontrer auparavant. "Parle de ça à personne...." Son sérieux reprend le dessus alors que sa main dévie de sa joue à sa nuque, les iris perçant intensément son regard. "C'est pas pour moi que je dis ça. Mais en parler serait dangereux pour toi. Ces gars rigolent pas... Elle m'a planté un couteau dans la jambe parce que je l'ai appelé "ma jolie"..." Ca donnait le ton. Son regard était inquiet, presque triste alors qu'il ajoutait simplement. "Je ne veux pas qu'il t'arrive quoique ce soit. Encore moins par ma faute."

Il en oublie presque la douleur, le regard posé sur William. Les blagues sont légères, et l'atmosphère se détend peu à peu, le confortant dans l'idée qu'il a bien fait de l'appeler lui plutôt que de filer aux urgences. Il n'avait aucune envie d'aller ailleurs, et le garçon ne lui laissait de toute manière pas le choix. Il passerait la nuit ici, et l'idée même lui décrochait un sourire qu'il ne pouvait cacher. Malgré tout, malgré ces rapprochements en si peu de temps, Daryl avait décidé d'être totalement honnête avec lui, de ne rien lui cacher sur sa vie, son casier judiciaires, et tout ce qu'il avait pu faire, ou ce qu'il faisait encore. Will était étonnement compréhensif, alors que Crane ne le quittait plus des yeux, absorbé par ses paroles, ses doigts effleurant sa nuque. "Tu ne me connais pas...." Comment pouvait-il avoir confiance en lui, alors qu'ils se connaissaient à peine. Pourtant, s'il était là, s'il lui confiait sa situation, c'est bien qu'il avait confiance, lui aussi, non ? Cette pensée traversait son esprit, le déstabilisant d'avantage. "Je fais pas grand chose de bien autour de moi. Me fais pas confiance, c'est pas une bonne idée." Je détruis tout ce que je touche...

Il hoche négativement la tête, lui assurant qu'accepter cette offre était la seule solution pour être certain de ne blesser personne d'avantage. Mais le garçon soulevait un point pertinent. Et encore une fois, même s'il ne voulait pas l'inquiéter, il ne pouvait pas lui mentir. "Rien..." Rien n'était certain. Ils pourraient tout aussi bien lui affliger bien plus de coups la prochaine fois. "Mais disons que je minimise mes chances d’atterrir dans un cercueil. Et que je protège les filles en acceptant, et les gens qui m'entourent." Mettre ceux qu'il aime en sécurité, au fond, c'était tout ce qui lui importait. Être certain qu'il n'arriverait rien à personne, et tant pis s'il devait se reprendre des coups.

La main du brun se pose sur sa joue alors que Crane ferme doucement les yeux pour profiter un instant de ce contact. Il rit légèrement à sa remarque, rouvrant les yeux avant de répondre. "Je pouvais pas rêver mieux..." Il rit de nouveau, se mordant la lèvre inférieur avant de reprendre. "C'est déjà assez gentil de prendre soin de moi, j'irais sûrement pas me plaindre vu mon état."Il reprenait des couleurs petit à petit, des forces aussi. Bien qu'il ai largement besoin de repos, l'idée d'être enfin posé, en sécurité, auprès de lui, le détendait. Bien sûr, il mettrait du temps à se remettre complètement de ses blessures, et probablement que marcher n'allait pas être une partie de plaisir dans les prochains jours.

Daryl lui fait promettre de ne rien dire à personne, de ne pas dire qu'il est au courant, pour le protéger. Il sait que si Snake apprend que quelqu'un d'autre le sait, il le mettrait en danger. Et si elle le mettait dans cet état, qui sait ce qu'elle ferait à William. Elle n'avait aucun état d'âme, aucune limite, pire que Crane en tout point. Et c'est ce qui l'effrayait le plus, qu'elle puisse s'attaquer à quelqu'un auquel il tient. Et soudain il se rendait compte qu'il s'attachait rapidement et malgré lui à l'homme en face de lui. Il profitait de son baiser, fermant les yeux un instant et laissait le garçon le soigner du mieux qu'il pouvait. Grimaçant parfois en sentant une vive douleur à chaque mouvements. Mais il reste digne, toujours, éveillé, et guide parfois le garçon comme s'il avait l'habitude. Après tout, ce n'était pas la première raclée de sa vie, et ça ne serait sûrement pas la dernière. Jamais il ne s'était prit un couteau dans la jambe, mais des blessures il en avait eu un paquet.

Une fois les blessures soignée au mieux, Daryl se calait dans le canapé, soupirant un instant, la tête contre le dossier, les yeux rivés au plafond. "Merci..." Il inspirait un grand coup avant de se décider à remettre son jean, et à tenter de relever. Il grimaçait de douleur, décidant que le tee shirt imbibé de sang n'était pas forcément une bonne idée, et tant pis s'il restait torse nu. Il se levait tant bien que mal, marchant jusqu'à son téléphone qu'il récupérait. Bien évidemment complètement brisé. "Fais chier..." Il levait les yeux au ciel avant de reporter son attention sur Wallace, revenant à sa hauteur. Il hésitait un instant, avant de finalement déposé un baiser sur ses lèvres, une main posée sur sa joue. Puis il rompait ce baiser, reculant son visage de quelque millimètres pour avoir le loisir de plonger son regard dans le sien. Il laissait un moment de silence s'installer avant de finalement le briser en murmurant. "Avec ce qu'il s'est passé, et ce qu'ils m'obligeront à faire prochainement... Je suis pas certain que m'avoir autour de toi soit la meilleure des idées..." Sa gorge se serrait, il se faisait autant de mal qu'à lui, mais il savait que c'était nécessaire. "Je vais m'éloigner de tout le monde pendant un temps. Tu ne me reverra pas Will..." Il se reculait légèrement, fourrant les mains dans ses poches, les yeux rivés au sol. "Crois moi ça vaut mieux."

Will marquait de nouveau un point. Daryl avait tendance à vouloir à tout prix protéger les gens qui l'entouraient, mais qui allait le protéger lui ? Il ne pouvait pas être partout non plus, et il ne pouvait pas garantir sa propre sécurité au brun devant lui. Il haussait simplement les épaules, se contentant de répondre. "Je me débrouille, t'en fais pas. C'est pas la première fois..." Léger mensonge. C'était bien la première fois qu'il se retrouvait dans un tel merdier, mais il avait déjà dû se sortir de situations périlleuses par le passé. Il ne voulait l'inquiéter plus que de raison, se persuadant lui même qu'il arriverait à se protéger seul. Courageux, sûrement bien trop dingue, Daryl était certain de pouvoir se débrouiller sans l'aide de personnes, de pouvoir se défendre si ça arrivait une nouvelle fois.

Il se laissait docilement soigné par le jeune homme, prenait ensuite le soin de vérifier l'état de son portable. Bien sûr qu'il n'était pas entier, et probablement que ses soeurs allaient tenter de le rappeler en vain. Il soupirait, se disant qu'étant donné l'heure tardive, il achèterait un nouveau téléphone à la première heure demain matin. Puis ils revenaient aux côté de William, déposant un baiser sur ses lèvres au passage avant de lui avouer qu'il prendrait ses distances. Il se brisait le coeur, et savait pertinemment qu'il brisait le sien aussi. Mais Daryl avait l'intention de protéger le monde autour de lui, et étant donné les affaires douteuses dans lesquelles il allait trempé prochainement, et le tempérament de la grande patronne, il ne voulait prendre aucun risque.

Il écoutait le garçon, mais il eu à peine le temps répondre qu'il s'éclipsait déjà. Laissant Daryl seul au milieu du salon, les yeux rivés sur la fenêtre, un brin hésitant sur la suite des événements. Son contact lui manquait déjà, il avait l'impression de ne pas être sevré de sa présence, d'avoir besoin de lui pour être rassuré. Du moins ce soir. Après tout ce qu'il lui était arrivé ces dernières heures, William avait été la seule chose bon dans sa journée. La seule chose qui l'apaisait. Et même si ça n'allait probablement pas durer, ce soir, il avait terriblement besoin de lui, ne serait-ce que pour se sentir en vie. Alors il soupirait, reculant pour rejoindre la salle de bain où se trouvait William. Il avançait sans un bruit, arrivant dans son dos pour passer ses bras autour de lui et l'attirer contre lui. Il restait silencieux, serrant le dos de Wallace contre son torse, la tête posée au creux de son épaule, la gorge serrée. C'était beaucoup d'émotion en trop peu de temps, beaucoup de choses à gérer, et il avait simplement besoin de sentir sa présence. D'avoir ce petit quelque chose qui le rassure, qui le berce, après toute cette violence endurée.

Il savait parfaitement qu'il était compliqué, dur à suivre. Que le fréquenter était prendre perpétuellement les montagnes russes. Pas le genre de Crane, pourtant, d'agir avec autant de tendresse. Il se sentait détruit, vulnérable, et William était à présent son seul point de repère. Alors il le serrait contre lui, fermant doucement les yeux. Puis il brisait doucement le silence, d'une voix posée, presque inaudible, la gorge un peu serrée. "Je partirais demain matin... Pour ton bien il vaudrait mieux que tu n'ai pas de nouvelles pendant quelques temps..." Il soupirait légèrement, relevait la tête pour poser ses yeux dans le reflet du miroir face à eux, les prunelles attirée par le reflet de William qu'il ne quittait plus, ses bras toujours autour de lui. "Mais j'ai juste envie d'oublier tout ce qu'il vient de se passer. Ne serait-ce que ce soir. Oublier ce qu'ils m'ont fait, oublier l'exile..." Simplement être avec toi.

Ce n'était pas dans ses habitudes. Il était loin d'être celui qui agit avec tendresse et douceur, loin d'être celui qui calcule ses faits et gestes, qui cherche le bonheur de l'autre avant le sien. Il était de ceux qui broyaient le coeur des autres, qui partait le lendemain sans dire au revoir, sans même un mot sur le frigo. De ceux qui prenaient, puis jetaient à sa guise, de ceux qui agissait avec brutalité même dans les gestes les plus intimes. Jamais dans la retenue, jamais dans la faiblesse. Il ne laissait personne entrevoir cette face de lui, cette vulnérabilité. Il ne voulait laisser personne entrer dans son monde, percer sa carapace. Et pourtant, il le faisait, ce soir, sans retenue. Non sans hésitation, mais il se laissait finalement aller dans les bras de William. Lui le fort et courageux Daryl Crane, lui l'homophobe affirmé, se laissait bercé par les mots et les bras de cet homme qu'il connaissait à peine et qui avait détruit toutes ses défenses. Il l'avait laisser entrer dans sa vie comme un boulet de canon, pulvérisant sur son passage la moindre de ses convictions.

Et ce soir, il lui laissait voir cette partie de lui qu'il cachait au monde. Cette faiblesse, cette tristesse, cette colère, cette angoisse qui prenait possession de lui tant les émotions avaient été trop fortes aujourd'hui. Il le laissait tout voir, comme un véritable appel au secours. Il avait besoin de se sentir en sécurité, rassuré, pour la deuxième fois de sa vie. La première fois remontant à plus de dix ans, le jour où il a perdu sa mère, le jour où il est mort, le jour où il a apprit qui était réellement son père.... Ce jour là n'était pas différent en terme de sensations. Il avait tout aussi eu besoin d'attention, de sécurité. Et finalement, il ne s'en était jamais réellement remit. Les seules personnes capables de l'apaiser jusqu'à ce jour, c'était sa famille. Ses soeurs, son petit frère. Mais quand même son frère le trahis, et que ses soeurs sont à des centaines, des milliers de kilomètres de lui, vers qui peut il se tourner ...?

Alors sans états d'âme, se disant que demain matin il avisera, qu'il regretterait même s'il fallait, il se blottissait dans les bras de Wallace. Il se rendait compte qu'il n'avait pas répondu à sa remarque, souriant en se rappelant de ses dires. Il approchait son visage de son oreille, le tenant toujours dans ses bras, le regard plongé dans son reflet, le sourire aux lèvres. "Je te préfère à une infirmière en petite blouse si ça peut te rassurer." Il riait légèrement, laissant le garçon se retourner, plongeant son regard dans le sien. Il souriait d'avantage, répondant au jeune homme. "Tu ne m'aurais pas laissé partir de toute manière ! Je me trompe ?" Il riait légèrement, et serrait Will contre lui, laissant une main se perdre dans ses cheveux. Il avait l'impression que son seul point de repère était Wallace. Que son monde s'écroulerait s'il quittait ses bras. Pas besoin de laisser l'éthanol prendre possession de son corps finalement, il se rendait compte qu'il y'avait bien quelque chose entre les deux hommes qu'il n'arrivait pas à expliquer. Et pourquoi je l'expliquerais ? Il laissait un léger silence entre eux, enfouissant sa tête contre son épaule. "Je suis désolé d'être parti l'autre fois." Bien la première fois qu'il s'excusait pour ce geste. Il haussait doucement les épaules avant d'enchérir. "Cette fois au moins t'es sûr que je ne pourrais pas aller bien loin demain matin." Il riait légèrement, se redressant et posait un main sur la joue du garçon. "Je comprends même pas que tu m'aide. T'es au courant que je n'en vaut pas la peine ?"

Il se sent rassuré, à sa place, blottit tout contre lui. C'est là o il doit être, là où est sa place, il en est persuadé. Du moins sur l'instant. Peut être que demain il regrettera. Peut être qu'il voudra s'enfuir, qu'il essayera encore une fois d'oublier William. Qu'il se persuadera que tout ceci n'était qu'un moment de faiblesse, que ça n'avait rien de sérieux, rien de concret. Peut être qu'il se voilera la face une fois de plus, qu'il réprimera ses envies, ses pulsions, ses désirs au plus profond de lui même. Mais pour le moment, il mettait tout de côté, se concernant uniquement sur l'instant présent. Il était là, dans ses bras, et plus rien au monde ne pouvait l'atteindre. Pas même Snake, pas même les hématomes, ni les blessures multiples. Pas la douleur, pas l'inquiétude, pas l'inconnu. Pas cette offre plus que douteuse, ni même l'idée d'être séparé de tout le monde pendant un temps.

Il n'y avait rien au monde qui pouvait le heurter, il se sentait en sécurité, comme s'il apprenait doucement à respirer à ses côtés, que jusqu'à présent il suffoquait. William avait ce petit quelque chose de rassurant, une certaine stabilité aussi, qu’évitait Daryl depuis sa plus tendre adolescence, et qu'il se plaisait à découvrir avec lui. Il souriait d'avantage à sa remarque, tentant de le garder auprès de lui, le serrant tout contre lui. Il avait presque peur de le laisser partir, d'être déjà à demain et de devoir s'en aller à son tour. Will le rassurait, lui affirmant qu'il ne s'attendait pas vraiment à le voir au petit matin. Ils avaient été plutôt clairs là dessus après tout. Personne ne devait le savoir, et ils n'étaient pas censés se revoir tous les deux.

Il haussait doucement les épaules, réfléchissant à ce qu'il aurait pu se passer s'ils s'étaient réveillé ensemble ce matin là, se mordant la lèvre inférieur en réprimant un sourire. "C'est vrai que ça aurait été probablement moins sympa que la soirée qu'on à passé..." Il souriait doucement, retrouvant son regard avant de poursuivre. "Mais après tout on en sait rien.... Ce sera peut être... Une expérience à tenter.. ?" Quitte à ne plus se revoir, autant profiter à fond. Quitte à en souffrir au matin, à avoir le coeur en mille morceaux au moment de se dire adieu, il ne voulait pas en perdre une miette. Il secouait doucement la tête, prenant une mine plus sérieuse. "Je ne m’enfuirais pas cette fois... Pas avant d'avoir dis au revoir." Il rompait la totalité de ses habitudes, détruisait ses convictions, bousillait tout sur son passage pour laisser une dernière soirée, une dernière nuit à William. Une nuit où il mettait de côté la personne qu'il laissait entrevoir, tentant de rester cet être tendre auquel il l'habituait peu à peu.

Il lui sourit doucement, touché par sa remarque, et secoue la tête. "Mon attention ? Tu ne crois pas que tu l'a déjà ?" Crane laissait un léger rire s'échapper de ses lèvres avant de poursuivre. "Et je sais me débrouiller seul, je t'assure... Mais j'apprécie que mon infirmier personnel s'inquiète autant pour moi..." A nouveau, un rire s'échappe de ses lippes alors qu'il l'embrasse de nouveau. Un baiser plus tendre qu'à l’accoutumé, peut être bien plus triste aussi, alors qu'après quelques instants il s'écarte de lui, de quelques pas. "Ecoute... On ne va probablement pas se revoir avant un bout de temps. Je voudrais juste..." Il s'arrêtait, ne sachant comment finir cette phrase. Son naturel tentait de reprendre le dessus, alors qu"hésitant, il terminait finalement. "Dors avec moi cette nuit..."

Il est hésitant, dans le moindre de ses faits et gestes. Rien de ce qu'il fait n'est dans sa nature. Mais Will réveille en lui quelque chose dont il n'avait pas connaissance. Il a ce quelque chose de spécial, ce quelque chose qu'il n'explique pas et qui l'attire, l’attise, le calme aussi. Lui qui est envahit par la colère la majeure partie du temps, lui qui laisse ses poings parler plutôt que sa tête. Lui qui laisse la rage l'envahir à n'importe quel moment... Il se laisse totalement consumer par la tendresse contagieuse de Wallace. Il le berce, l'adoucit, et il a l'impression que rien ne peut l'atteindre tant qu'il sera à ses côtés. C'est peut ça, au fond, qui l'attire réellement. Ce n'est peut être pas le fait que ce soit un homme, simplement le fait qu'il réussi à calmer ses ardeurs, à le faire se sentir vivant, et en sécurité ? Peut être qu'au fond c'est sa douceur qui l'attire plus qu'autre chose, sa nature à lui, qui berce celle de Crane.

Il se laisse aller dans ses bra,s le serrant contre lui de peur qu'il ne s'échappe. Ou peut être de peur de se réveiller lui même, de ne plus vouloir de cette tendresse, de le repousser. De peur de se rendre compte qu'il n'est pas dans les bras d'une femme. Il lui promet de ne pas s'enfuir et Will rétorque que dans le cas contraire, il lui en voudra. Et il en aurait tous les droits. Ce sera peut être la dernière fois qu'ils se verront, des au revoir qui se transformeront en adieu, et Crane sait bien qu'il ne peut pas l'abandonner sans même dire au revoir." Je te le promet... Je serais là à ton réveil." Il lui sourit de nouveau, déposant un baiser sur ses lèvres comme pour sceller cette promesse, pour lui prouver qu'il est sincère, qu'il n'ira nul part. Et puis où irait-il dans cet état ? Il sera bien moins discret en se levant que la dernière fois après tout.

Crabne fait une remarque qui à le don de faire bouder le jeune homme. Il rit en observant sa bouille, appuie sur ses joues gonflées pour en chasser l'air et l'embêter, ricanant dans son coin. "Je te crois pas une seule seconde. Tu m'abandonnerais pas dans cet état, avoue !" Tu ne m'abandonnerais pas tout court, n'est-ce pas ? Et puis hésitant, une nouvelle fois, il lui demande finalement de rester auprès de lui, de partager son lit cette nuit. Daryl lui montre toute sa vulnérabilité, sans état d'âme. Etant donner son état, il n'est plus vraiment à ça près. Et il a confiance en lui, il a envie de l'avoir près de lui, il à besoin de lui. Furieusement. William semble étonné, et qui ne le serait pas. Même Crane est étonné de sa propre demande. Mais il finit par accepter, le serrant une nouvelle fois dans ses bras. Il se fiche de la douleur, l'avoir contre lui calme toute la douleur du monde.

Il se défait malgré tout de cette étreinte reculer de quelques pas. Daryl grimace à chaque pas, la douleur de sa jambe prenant le pas sur toutes les autres. il râle, grogne, serre les dents, mais parvient à atteindre la porte avant de se raviser. Il tourne la tête vers le jeune homme avant de demander. "Ca te dérange si je prend une douche ?" Ca te dérange de la prendre avec moi ? Une pensée qui le fait rire intérieurement, et qu'il s'empêchera de prononcer, tant elle est sortie de nul part dans son esprit.

Une douche, il a simplement d'un moment de détente. De sentir l'eau couler, de se laver, d'oublier l'espace d'un instant tou ce qu'il vient de se passer. D'avoir un moment pour lui pour relâcher la pression. Et dans ses mots, ses intentions sont floues. Il s'en rend bien compte mais il n'arrive pas à formuler ses phrases, à aller plus loin que le bout de sa pensée, à clairement demander à William de venir avec lui pour partager cette détente. Parce qu'il se raccroche à lui comme un brinic à son rocher, refusant corps et âme d'abandonner sa peau, du moins pour ce soir. Il regarde le garçon s'éloigner, à contre coeur, jetant un coup d'oeil au miroir pour y voir les nombreuses blessures qu'on lui a infligé. Tout ses muscles se décontractes, sa gorge se serre autant que son coeur quand il repense au moindre des coups reçus, aux menaces, au coup de couteau... A Jules. Il soupire, inspire profondément pour ne pas laisser une seule larme s'écouler. Parce qu'il refuse de couler, de tomber. Il se relèvera, il en est persuadé, et ce n'est pas le moment de se laisser aller.

Il s'appuie contre le lavabo, se rince le visage avant de jeter de nouveau un oeil sur le miroir, le regard attiré par le jeune homme qu'il voit revenir dans son reflet. Il aimerait le retenir, mais aucun mots ne sort, ses prunelles fixent le reflet de cet homme qui lui tourne le dos. "M-Merci" Ses mains n'arrivent pas à décoller du lavabo, et c'est déjà trop tard. La porte se referme derrière lui, laissant Crane seul face à lui même. Et au fond, n'est-ce pas là ce qui le terrifie le plus ? Être seul, affronter ça seul ? Il a l'impression de trop réfléchir quand William n'est pas auprès de lui, que son cerveau bouillonne. Il se remémore encore et encore ces heures assit sur cette chaise dans cet entrepôt. Secoue la tête pour effacer, éloigner ces souvenirs et allume la douche alors qu'il enlève le reste de ses fringues en essayant de se faire le moins mal possible. Il s'installe sous l'eau, se laisse un instant couler, dérivant en essayant de ne plus penser à rien. Ses yeux retombent au sol, observant le sang qui s'écoule alors qu'il pose sa tête contre la paroi en tentant de ne pas y prêter attention.

Il ne reste que quelques minutes, à peine le temps de se rincer, d'enlever le sang de son corps, parce qu'il n'arrive pas à rester seul. Pourtant il n'éteint rien, laisse le jet s'écouler, s'enroulant le bas du corps dans une serviette sans prendre le temps de se sécher. William est sa bouée de sauvetage, le dur à cuir à disparu pour aujourd'hui, et Daryl quitte la salle de bain non sang mal, boitant légèrement pour rejoindre sans un mot le garçon qui s'était enfoui dans le salon. L'eau coule, elle perle par terre mais il n'y prête pas attention, s'avançant doucement vers lui pour l'embrasser tendrement. Un des baiser les plus tendres qu'il ai pu donner de sa vie. Toujours silencieux il prend sa main, la serre dans la sienne avant de l'embarquer vers la salle de bain et de s'engouffrer à nouveau sous la douche, en jetant dans un coin, au passage, la serviette qu'il avait autour de lui. Et puisqu'il ne trouve pas ses mots, et qu'un regard en vaut mille, il laisse ses prunelles posées sur le jeune homme comme une invitation, laissant l'eau chaude coulée contre lui. Sa simple présence le détend comme un automatisme.

Vulnérable, Daryl n'arrive plus à rester seul. Pas après tout ce qu'il s'est passé. Il ressasse sans cesse tous les événements, se les refait dans sa tête encore et encore jusqu'à n'en plus pouvoir. Alors naturellement, il revient chercher sa bouée de sauvetage. Non sans mal, non sans tituber, sans grimacer tant la douleur est vive, mais il vient le chercher. Parce qu'à ses côtés, tout à l'air plus calme, plus facile. Qu'il ne pense plus à rien. Il oublie de réfléchir, laisse son cœur prendre le dessus sur tout le reste. Et même si la situation est étrange, même si ça parait bien trop tôt, même pour lui, il s'en fiche. Parce que demain il partira, qu'il ne le reverra peut être plus jamais de sa vie, qui sait ? Que demain il aura tout le temps de regretter. Qu'il vaut mieux vivre avec des remords qu'avec des regrets paraît-il. Et il ne veut pas regretter de ne pas avoir franchi le pas, de pas avoir été assez tendre avec lui, de ne pas avoir essayer.

William ne proteste pas, ne dit pas un mot et se laisse engouffrer dans la salle de bain sans rien en dire. Ca rassure Crane qui craignait qu'il ne le repousse, à juste titre. Mais les deux hommes semblent d'accord sur le fait qu'il tiennent à profiter de leurs derniers instants ensembles. Tout restera entre eux, seuls les souvenirs resteront et ce sera bien suffisant. Wallace le prend dans ses bras alors que Daryl laisse sa tête reposée contre son torse, laissant l'eau couler dans son dos. Il ferme les yeux, se laissant bercer un instant dans ses bras en souriant à sa promesse. Et leur front se trouvent, un instant de pure douceur comme il n'en a jamais connu auparavant. Ça n'a jamais été son fort, la douceur. Pas plus que les sentiments qui le parcourent et qu'il n'arrive pas à expliquer. Ne pas s'attacher. Règle d'or qu'il avait toujours respecté jusqu'à présent. Mais avec lui, il n'y arrive pas. Il a l'impression que William à toujours fait parti de sa vie, qu'il a toujours été là, quelque part, dans un coin de sa tête. C'est terrifiant et vivifiant à la fois. Il est trop tard pour respecter sa règle d'or, il l'a déjà enfreint... Il le serre contre lui, la tête calée contre son épaule tandis ce qu'une de ses mains passe dans la chevelure du jeune homme. "Je reviendrais..." Sa voix se brise, comme s'il faisait une promesse qu'il n'était pas certain de tenir. Après tout, il n'en avait aucune réelle idée. La voix craquelante, il ajoute dans un murmure, fermant les yeux un instant. "Ne pars jamais de ma tête..." Souvenir de cette soirée où il lui a demandé tout le contraire.