La mi-temps

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Until the end

L’esprit embrumé, elle ouvrit les yeux sur un noir complet, mettant quelques instants à réaliser qu’elle est réveillée, dans un état second. Tentant de vaguement de bouger, ses bras heurtent une surface dure, et rapidement elle prend conscience de l’espace exigu où elle se trouve. La panique la gagne alors que les souvenirs affluent, qu’elle se rappelle ses derniers instants dans cette cave avec Aiden, des paroles de ce dernier à son égard. Il est vraiment passé à l’acte. Comme il l’a fait pour son chien. Réprimant une envie de vomir en se remémorant son cousin tirer sur son pauvre animal, Lisbeth se mord la lèvre, réfléchissant à toute allure en essayant de trouver une faille dans le bois autour d’elle, n’importe quoi qui lui permette de sortir. Petit à petit, le bourdonnement dans ses oreilles s’estompât, et elle entend finalement le bruit du moteur… d’un bateau ?! Elle entend presque les paroles d’Aiden, comme un vieux disque rayé.

-Qu'elle ne remonte pas à la surface.

Son sang se glace sous la réalisation de ce qui l'attend. Il.. il doit bien y avoir un moyen... La respiration de Lisbeth s'accélère, qui s'agite davantage pour essayer de sortir de peu importe ce dans quoi elle est. Et elle le sent contre sa cuisse. Son portable. Le moteur de l'engin s'arrête, la figeant.. avant qu'elle n'agrippe son téléphone, une lueur d'espoir grandissant. De l'aide, il lui faut de l'aide. La lumière de son téléphone éclaire faiblement mais elle ne parvient qu'à peine à apercevoir l'écran. Le dévérouillant à l'aveugle, elle ouvre ses contacts, cherchant instinctivement Luca. Il pourra l'aider lui, il le fait toujours. Lisbeth croit entendre quelqu'un parler, sans parvenir à en distinguer les paroles, focalisée sur le sms qu'elle écrit en essayant de faire fi de ses mains tremblantes. Elle entend les mouvements sur le bateau, au fond, elle sait déjà ce que ça signifie, ce qu'il va se passer, alors elle écrit aussi vite que possible, dévoilant le nom d'Aiden. Personne ne sait où elle est actuellement, même si Lulu lit son message, il n'a aucun moyen de venir la sauver à temps, elle le sait. A travers son visage strié de larmes, elle ne peut s'empêcher d'y croire, de penser qu'il va venir la sauver malgré tout. Un espoir vain, balayé en même temps qu'elle se sent soudainement basculer en arrière puis chuter. Et heurte la surface de l'eau bruyamment. Son téléphone lui échappe, rebondissant contre les surfaces en bois, et la terreur gagne la jeune femme, les faits bien réels, bien trop tangibles.

Elle est en train de couler, enfermée dans cet espèce de cercueil. Elle ne peut pas s'échapper. Elle ne peut pas. Elle ne peut pas. Une réalisation presque hystérique la saisit et ses larmes redoublent, momentanément stoppées quand le cercueil heurte le fond du lac de plein fouet. Lisbeth est plaquée brutalement contre le dos en bois, se cognant la tête contre la surface boisée devant elle. Le goût du sang dans la bouche, elle se fait difficilement à cette vision nouvellement assombrie, encore plus qu'auparavant. Elle n'a plus le temps de réfléchir, trop paniquée pour ça, elle frappe devant elle à répétition, l'adrénaline pulsant dans ses veines, incapable de sentir ses phalanges ensanglantées au fur et à mesure de ses coups. Le temps lui paraît durer une éternité alors qu'elle continue de frapper, guidée par son instinct de survie qui lui hurle de briser ce fichu couvercle. Puis elle l'entend enfin céder, frappant davantage jusqu'à ce que l'eau glacial n'infiltre le cercueil la repoussant en arrière. Avec un dernier effort, le bois cède entièrement, et mue par l'absence d'oxygène, Lisbeth s'extirpe enfin, nageant tant bien que mal vers la surface. L'adrénaline l'empêche de ressentir tous ses membres endoloris, il n'y a que le besoin d'air qui la pousse à brasser l'eau aussi vite que possible. Et c'est là qu'elle le voit. Il y a quelqu'un. Une silhouette qu'elle aperçoit, et qui se rapproche. Elle hésite mais elle a besoin d'air, de continuer à avancer. Sauf que quand elle reconnait la personne, elle ne peut s'empêcher de ralentir, paniquée, persuadée qu'elle est en danger. Parce que Ezra, elle pense qu'il travaille avec Aiden. Trop lente, elle ne parvient pas à l'éviter, elle a peur, peur que s'en soit fini d'elle. Mais il la prend dans ses bras et commence à l'emmener vers la surface. Il essayait... de la sauver ? Malgré l'eau, elle sent les larmes emplirent ses yeux et s'accroche à lui, rassurée, se mordant la lèvre. Elle doit juste tenir le coup, juste un peu, juste le temps qu'il la sauve, juste le temps d'arriver à la surface.

(c) DΛNDELION

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“Until the end

@Lisbeth Rosenbach

Central Park

« Je pense que tu devrais voir ça » Le message le fait froncer les sourcils, il appuie sur le lien que lui envoie Armand, un pirate informatique en qui il a confiance. L’écran affiche une vision des plus… déconcertantes. Une carte de Central Park, plus précisément le milieu d’un lac. Un petit point bleu clignote et juste en-dessous, on peut y lire le nom de Lisbeth. Il en vient presque à oublier que ça vient du logiciel de tracking qu’a placé son hackeur, dans le but de surveiller les faits et les gestes de la dernière-née. Une simple précaution pour diverses raisons, à l’époque. Ce n’est pas un bug, il le sait. Son cœur rate un battement, l’incompréhension se lisant à travers les plis de son visage. Que ferait-elle dans un lac en pleine nuit ? Ce n’est pas son genre. L’inquiétude le pousse à composer son numéro, amenant alors son téléphone contre son oreille. Et il attend. Ça sonne sans relâche, le bruit le rend un peu fou. Ezra tente une deuxième fois. Une troisième. Son regard effleure la pièce où il se trouve, son salon bien trop silencieux.

Pour calmer le mauvais pressentiment qui grandit en lui, il décide d’aller à l’endroit où elle se trouve. Plus il s’avance vers sa voiture, plus son cœur se déchaîne dans sa cage thoracique. Mille et un scénarios s’enchaînent dans sa tête. Il espère que c’est quelqu’un qui a volé le téléphone de sa sœur et qui s’amuse à… pêcher. Oui, pêcher. A Central Park, à une heure du matin. Ses doigts tapotent nerveusement le volant, il maudit les conducteurs qui prennent leur temps. Il roule trop vite, mais il s’en fiche. Ezra ne comprend d’ailleurs pas pourquoi il est dans tous ses états. Il est supposé en vouloir à sa sœur, il aurait pu balayer le message et se dire que c’est son problème si elle traîne dehors à cette heure pareille. Mais au milieu d’un lac, aussi tard, alors que ce n’est pas son style de sortir la nuit – et tout court en fait – c’est définitivement alarmant. La voiture se rapproche de Central Park, il se gare n’importe comment et sort de l’automobile, sentant ses pensées s’entrechoquer au fur et à mesure qu’il s’engouffre dans le parc. Ses yeux cherchent tous les recoins d’un air paniqué. Son téléphone à la main, il surveille la position de Lisbeth, mais elle reste la même.

Ses pas l’amènent devant le lac et soudain, il se fige. Un bateau. Là-bas, au loin. Le moteur encore grondant, ses yeux s’écarquillent. Il a l’impression que ses jambes deviennent du coton quand il voit un cercueil sur la plateforme. Incapable de réagir, il reste immobile et se contente d’observer… la cage en bois valser lourdement dans l’eau. Le bruit ne parvient pas à le faire sortir de sa torpeur. Ni l’homme qui jette un coup d’œil pour vérifier quelque chose. C’est seulement quand le bateau s’éloigne qu’il reprend ses esprits. Lisbeth… elle est dedans ! Son téléphone glisse entre ses mains, jusqu’à tomber sur l’herbe, il commence à paniquer. Et sans attendre, l’adrénaline le pousse à s’avancer dans l’eau. Son cerveau grouille d’émotions, il a peur. Terriblement peur. La tétanie le fait perdre ses moyens. Et alors, il nage. Son corps, frigorifié, se bouge difficilement dans l’eau. La lenteur l’exaspère, il sent les larmes monter à ses yeux. Pour la première fois de sa vie, il ressent de l’effroi intense. Comprenant qu’il est assez loin dans le lac, il prend une grosse inspiration et plonge. Son visage picote tant le froid le mord, mais pour l’instant il n’en à que faire. Il veut sauver sa sœur. C’est avec de grandes difficultés qu’il va tout au fond. Son regard paniqué cherche autour de lui. Sa respiration commence à manquer, ça le fait encore plus stresser. Puis, il la voit. Lisbeth. Il reconnaît ses cheveux bleus, la vision l’horrifie. Ezra s’élance, nage aussi vite qu’il le peut et l’attrape. Remonter à la surface n’aura jamais été aussi difficile. Tenir le petit corps de sa sœur et faire de grands mouvements en même temps sous l’eau est un challenge qu’il peine à accomplir. Enfin, sa tête sort de l’eau et il tousse, cherchant à récupérer l’oxygène.

– Non, non… murmure-t-il, sa voix tremblotante.

Ezra parvient à l’amener à la terre ferme. De son corps tremblant de froid et de peur, il la dépose. La vision est terrible. Il ne sent qu’à peine les larmes qui s’écoulent sur ses joues. Le sanglot le secoue, il attrape les joues de sa sœur entre ses mains. Pour lui, Lisbeth n’est pas morte. Ses doigts viennent tapoter sa peau, si froide et terne. Ses paupières ne s’ouvrent pas. Son visage est si bleu.

– Lizzie, réveille-toi s’il te plaît…

Ezra ne sait pas quoi faire. Il lâche ses joues, vient la secouer dans l’espoir qu’elle fasse la moindre réaction.

– Ne me laisse pas… ajoute-t-il d’un ton sanglotant. S’il te plaît, ouvre-ouvre les yeux… Lizzie…

Il attrape son corps inerte contre lui, la serre fortement. Ezra se met à balancer un peu d’avant et en arrière, désormais il pleure bruyamment, comme un enfant. Comme par le passé, quand Evan a perdu la vie. Encore une fois, il ressent cette douleur à peine supportable. Il ne veut pas la perdre. Sa petite Lizzie, qu’il songe.

– Je suis désolé… je suis vraiment désolé…

Finalement, il redépose sa sœur contre le sol et attrape son téléphone d’une main bien trop tremblante. L’ambulance. Il faut qu’il appelle l’ambulance. Ses doigts tapotent difficilement le numéro et, entre deux pleurs, il arrive à expliquer la situation. Sa voix est brisée. Son âme l’est tout autant. Quand il raccroche, il ne peut empêcher les larmes et son sanglot reprend de plus belle. Ezra ne voit pas le temps passer, ne sent pas les minutes s’écouler et entend les sirènes se rapprocher d’eux. Il ne fait pas non plus attention quand une main se pose sur lui, n’écoute pas le personnel médical lui parler. Quelqu’un vient prendre le corps de Lizzie, qui n’a toujours pas bougé d’un pouce. Porté par une autre personne, il se laisse guider jusqu’à l’ambulance, où on le pose près de sa sœur. Sa main vient instinctivement attraper la sienne, il la serre, continue de pleurer. Son regard se perd sur son visage, tandis qu’on essaye de la sauver.

Finalement, quand l’hôpital se fait voir, ils s’arrêtent dans leurs gestes.

Ezra comprend alors qu’il vient de perdre sa petite-sœur.

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» I'm a joke for you ? | with Ezra
» You've came back | PV Ezra

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