La mi-temps

Since : 07/04/2020

“ You look perfect tonight

Aaron attendait vingt et une heures avec une impatience non dissimulée. Toujours à regarder l'heure, pour vérifier que les minutes passaient bien, tandis que le temps s'écoulait bien trop lentement à son goût. Il ne pensait qu'à cette rencontre, faite plus tôt dans la journée. Il revoyait cette jolie brune, son beau regard dans lequel il avait déjà manqué de se perdre.
Il se rappela l'avoir vue disparaître en un éclair, après avoir marqué son numéro dans la paume de sa main.

Aaron n'avait pas trop tardé à lui envoyer un message, voulant savoir s'il viendrait la chercher ou si elle le rejoindrait. Ils s'étaient finalement mis d'accord pour qu'il la retrouve devant l'épicerie. Cette fameuse enseigne "Mr Melon" dans laquelle les circonstances leur avaient permis de discuter, puis de manger ensembles. Rien qu'en y repensant, il trouvait ça fou.
Le lieutenant s'était autorisé à avoir la tête dans la lune cet après-midi là, tant qu'il n'était pas en intervention. Comment une personne pouvait-elle habiter son esprit de la sorte alors qu'ils ne s'étaient vus qu'une fois ? La sensation était incroyable, aussi intense que légère. Il y avait là quelque chose de réellement particulier.

La garde s'était poursuivie sur la même lancée que dans la matinée; de nombreux départs et peu de temps pour souffler. Ils étaient intervenus plusieurs fois en renfort sur des feux d'origine électrique, chose plutôt étrange. Le lieutenant avait constaté des problèmes de tensions, sans en trouver la source. N'étant pas électricien, il était lui aussi dépassé par la situation. Au final, il avait laissé tout ça aux spécialistes; son domaine de compétences n'étant pas celui-là.

Aaron savait qu'il pouvait terminer sa garde plus tard que prévu puisque Lizbeth faisait la fermeture. Il n'était donc pas contre une intervention de dernière minute. Le pompier fut servi. Un appel similaire à celui reçu dans la matinée, leur demandant d'intervenir sur un feu d'immeuble pour réaliser le sauvetage de trois personnes dans les étages supérieurs. Tout s'était finalement bien terminé grâce à leur action rapide et synchronisée avec les moyens hydrauliques des engins-pompes. Une nouvelle victoire pour les soldats du feu. Rien de mieux pour terminer la journée et rentrer à la caserne, le sourire aux lèvres.

C'est en sifflotant qu'il était descendu de l'engin et c'était dirigé vers les douches, appréciant tout de même d'avoir terminé sa garde. Une journée éreintante mais qui allait se conclure de la plus belle des manières pour lui; avec une soirée géniale en perspective.

Aaron avait tout de même encore au moins une heure à passer avant d'aller retrouver la brune. Il ne souhaitait pas tourner en rond; ce n'était pas son genre de ne rien faire sur son temps libre. Autant avancer le travail administratif, après tout, il avait quelques rapports en retard sur son bureau. Il soupira en voyant sa fiche d'intervention datant de quelques jours plus tôt; un enfant renversé par une voiture. Le pauvre petit avait bien ramassé et même avec tout les efforts du monde, le pompier n'avait pas réussi à calmer sa douleur en attendant l'arrivée à l'hôpital. C'était toujours une épreuve psychologique que de ne pas parvenir à soulager autrui d'une souffrance, qu'elle soit physique ou mentale. Avec un enfant, les sentiments étaient décuplés, faisant en général de ce genre d'intervention, des moments encore plus marquants.
Le jeune homme avait beau avoir du recul par rapport à tout cela, certaines choses arrivaient parfois à l'atteindre, sans qu'il sache vraiment pourquoi. C'était des fois à cause d'une parole prononcée par une personne, d'autres fois à cause d'un geste. Des petits détails qui changeaient énormément de choses.

Le brun secoua la tête, se rendant compte qu'il venait de bloquer pendant cinq minutes sur sa feuille de bilan. Son bureau était dans le noir, à l'exception d'une petite lampe posée à côté de l'ordinateur de service. Une pièce qu'il jugea bien trop sombre pour lui à cet instant là. Il termina de taper son compte rendu et sortit, après s'être préparé. Une belle chemise noire aux manches longues retroussées au niveau des coudes, un pantalon couleur bordeaux et de belles chaussures de villes accordées à son haut, c'était l'ensemble qu'il avait choisi. De quoi prendre quelques réflexions par ses collègues de travail, conscients qu'il avait un rendez-vous ce soir-là.

Tout cela n'avait pas échappé à Mike, son cher ami, son bras droit; celui qu'il considérait comme son frère. Il n'avait cessé de le charrier tout au long de la journée, faisant plusieurs fois référence à la jeune femme dans ces répliques.
- File retrouver ton avenir. Et prends en soin. lui avait-il déclaré alors qu'Aaron quittait enfin la caserne. Il était vingt heures trente et il ne souhaitait pas arriver en retard. Pas la première fois, par pitié.
- J'y compte bien. lui avait-il répondu en lui faisant un signe de la main, tandis qu'il s'éloignait. En prendre soin ? Oh que oui et cela avait déjà commencé le midi même.

Le lieutenant n'avait qu'une hâte, pouvoir la retrouver et l'amener dans ce lieu qu'il appréciait tant. Il espérait qu'elle aimerait aussi, sachant que c'était un peu atypique comme endroit.

Il y avait des embouteillages ce soir-là et vingt et une heures arriva rapidement, alors qu'il n'était pas encore arrivé.
- Et merde, j'vais être en retard. Ca commence bien. pensa-t-il en faisant une grimace.
Alors que la circulation se fluidifiait enfin, Aaron vit à un croisement que les feux de passage étaient éteints. Autant pour les piétons que pour les voitures. En levant les yeux vers les buildings, il remarqua qu'aucun d'entre eux n'étaient éclairés. Il se passait quelque chose, c'était certain. Mais quoi ? Difficile à dire. Heureusement, grâce à l'été qui approchait, le soleil n'était pas encore couché et le visibilité n'était pas impactée sur la route.

Soudain, un bruit sourd brisa le concert des klaxons. Aaron n'était pas un spécialiste mais cela ressemblait à un accident de voiture. D'un coup, un autre bruit, similaire au premier.
- Mais c'est quoi ce bordel ? pensa-t-il en tournant la tête dans toutes les directions. Il finit par repérer à une centaine de mètres de lui, trois voitures qui s'étaient percutées. Il fit rapidement le rapprochement avec les feux de priorités. Quelle que soit l'origine du problème, cela allait devenir dangereux si les gens ne faisaient pas attention aux croisements. Sans feux, impossible d'éviter les collisions.

Il se rapprocha et se gara non loin des véhicules. Immédiatement, il commença par appeler les secours pour demander au minimum deux ambulances. Un des conducteurs était d'ailleurs prisonnier de son véhicule. Mais impossible aussi d'accéder à la centrale d'appel du neuf cent onze. Lorsqu'après plusieurs essais, il y parvint, l'opérateur lui signala une panne de courant incroyablement grande, dans toute la ville. "Sans précédent" étaient les mots qu'il avait choisi. En gros, cela allait être une nuit compliquée.
Aaron avait commencé à faire des bilans pour les blessés sur place en attendant l'arrivée des secours. A son soulagement, ils furent rapidement sur place et apprirent au lieutenant que de nombreux accidents étaient en cours dans la ville. Le chaos s'était installé depuis l'arrêt d'une centrale électrique. C'était les dernières nouvelles du directeur du service incendie.

Le portable du jeune homme sonna. Il décrocha, c'était Mike. Lui, était toujours de garde.
- Aaron, je sais que ça t'arranges pas ce soir mais c'est vraiment la merde là. Garde ton portable sous la main et en mode sonnerie, il se peut qu'on ai besoin de toi. lui avait-il déclaré. Le lieutenant entendait derrière lui le bruit des sirènes, signe qu'il était parti en intervention. S'il y avait bien un soir où il souhaitait être tranquille, c'était celui-là. Il voulait absolument sa soirée avec Lizbeth et pouvoir faire abstraction du reste, à ces côtés.

Le jeune homme envoya un message à la brune, la prévenant de son retard et lui disant qu'il était en route.
Une disaine de minutes plus tard, en faisant attention, il arriva sur place. Un peu plus de trente minutes de retard, qui aurait pu dire mieux ?

Il la retrouva, devant l'épicerie. Elle l'attendait, visiblement. Il était désolé de l'avoir fait patienter de la sorte, dans la rue.
Aaron s'approcha d'elle, tout de même ravi de la voir. Il ne pouvait cacher ce sentiment, trahi par un sourire lorsqu'il arriva à sa hauteur.
- Pardonne mon retard. Il semblerait qu'il y ai une panne de courant générale. C'était du n'importe quoi en ville. lui dit-il, voulant quand même justifier ses nombreuses minutes de retard.

- On peut toujours aller là où je souhaitais t'emmener; si tu es toujours partante pour me suivre bien sûr. dit-il en lui faisant un sourire. Il avait à nouveau l'occasion de se perdre dans la beauté de son regard et il ne s'en priva pas. Il pria silencieusement pour que son portable ne sonne pas; pour qu'il puisse profiter de ce nouveau moment aux côtés de Lizbeth.

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“You look perfect tonight

Lizbeth Larsen & Aaron Monroe

Après cette pause déjeuner haute en couleurs, où elle avait fait la connaissance d’Aaron, Lizbeth était retournée à l’épicerie toute guillerette. Ce n’était pas dans ses habitudes de l’être, mais pour une fois, elle s’était laissé aller dans sa petite bulle. Elle était ravie d’avoir rencontré cet homme alors que de base, il venait seulement faire ses emplettes, comme tout bon client qui se respectait. C’était si inattendu qu’elle se demandait si le destin avait tout planifié ou si c’était simplement le fruit du hasard. Seul l’avenir le dira.

Elle avait reçu un message de lui une heure après qu’elle lui ait donné son numéro de téléphone. Une réponse rapide et la brune s’était remise au boulot, prête à décharger de nouvelles cargaisons de produits frais.
Depuis son arrivée à New York, personne ne s’était autant intéressée à elle. D’un côté, elle trouvait ça flatteur : ça prouvait qu’elle n’était pas juste une âme errante à la personnalité platonique. D’un autre, ça lui faisait peur : c’était rapide, voire même précipité. Lizbeth avait été prise de court sur ce coup-là et pourtant, ça ne l’avait pas empêché d’accepter la proposition d’Aaron. Peut-être la curiosité ? L’envie de découvrir de nouvelles facettes de lui ? Une chose était sûre : ce soir, elle laisserait de côté toutes ces interrogations et se concentrera uniquement sur le moment présent.

« Alors alors, ce repas en tête-à-tête ? » demanda Andy à la jeune femme alors qu’ils s’affairassent à porter de lourds cartons en direction des rayons.

« C’était sympa même si nous n’avons pas discuté longtemps... » avoua-t-elle avant de marquer une pause. « Mais je pense qu’on va y remédier ce soir. »

« Ah c’est dommage mais-… attends ? Quoi ?! Ce soir ? Carrément ?! Genre… comme ça ? Direct ? »

La brune sourit en direction de son patron qui la dévisageait, les yeux ronds comme des soucoupes. Puis il lui rendit son sourire, même s’il était bourré de sous-entendus bidons. Lizbeth leva les yeux au ciel avant de commencer le rangement des pizzas surgelées dans leurs réfrigérateurs.

Trish fit son entrée théâtrale au sein de l’épicerie en milieu d’après-midi. Elle claqua une brève bise sur la joue de Lizbeth et s’en alla vers les vestiaires destinés au personnel.
Âgée d’une quarantaine d’années maintenant, Trish est la doyenne des caissiers mais aussi la plus immature de tous. Une femme à la joie de vivre infinie – même quand il pleuvait elle avait le sourire ; à l’humour décalé – ses blagues étaient foireuses mais toujours bonnes à entendre ; et au franc-parler qui clouait tout le monde sur place – même Andy n’osait pas la confronter ni la contredire.
Lizbeth trouvait cette femme exceptionnelle. C’était un peu comme la mère qu’elle n’avait jamais réellement eu dans sa vie. Il fallait dire que, dès son premier jour à Mr Melon, Trish l’avait prise sous son aile et une certaine complicité avait émergée entre les deux femmes. Autant la plus âgée était un vrai moulin à paroles pour raconter ses anecdotes de routine avec son mari, autant la plus jeune ne souhaitait pas entrer dans les détails de son passé, de son présent et encore moins de son futur – car elle-même ne savait pas de quoi était fait demain.

Elle revint quelques minutes plus tard et s’installa sur la caisse face à celle de Lizbeth. Elles se jaugèrent un court instant et la doyenne lui demanda, avide de nouveaux potins de ses collègues préférés :

« Alors Lizzy ? Quoi de neuf dans ta petite vie morose ? » elle s’arrêta, haussant les sourcils avec une pointe de défi dans le regard. « À moins que mademoiselle préfère tout garder pour elle et ne rien dire… comme d’habitude ? »

Même si elles s’entendaient bien, lancer des piques était le passe-temps favori de Trish et ce, peu importe avec qui elle conversait. Mais la jeune femme savait que ce n’était pas dans une mauvaise intention.

« Figure-toi que j’ai rendez-vous ce soir. » répliqua-t-elle avec un sourire espiègle.

« Oh. Oui, tu m’en avais parlé… »

Lizbeth pencha la tête sur le côté, confuse. Elle sentait la douille arriver.

« Le serrurier non ? Pour changer la serrure de ta porte d’entrée ? J’savais pas que tu voulais te le faire… »

Trish n’y allait jamais de main morte sur les mots et savait comment gêner au plus haut point sa collègue. Finalement, cette dernière se reprit et lui répondit en secouant la tête :

« Non, le serrurier vient vendredi soir après le boulot, aux alentours de dix-sept heures. Je te parle de ce soir moi. »

Elle avait bien insisté sur le « ce », provoquant cette fois la confusion de Trish. Et puis, comme par magie, un éclair passa dans ses yeux et ses lèvres se fendirent en un beau sourire digne des publicités Colgate. Elle se mit à rire et Lizbeth savait déjà qu’elle allait avoir droit à l’interrogatoire. Personne n’y échappait avec la doyenne : Brandon y était passé lorsqu’il s’était pointé avec une fille à l’épicerie la semaine dernière – même si ce n’était pas quelque chose d’incroyable puisque c’était sa sœur.

« Tu connais la procédure Lizzy… PAPS, maintenant. »

Oh que oui, elle la connaissait bien car elle en avait été témoin avec Brandon et Hanna : Prénom, Âge, Profession et – le plus important selon Trish – Sex-appeal.
Mais Lizbeth ne voulait pas en dire davantage sur Aaron. Elle ne voulait pas s’avancer. Et si finalement ils ne s’entendaient pas si bien que ça à l’issue de cette soirée ? Elle n’en savait rien après tout. Mieux valait donc laisser la bouche cousue.

« Je te dirai tout demain. » déclara la brune avec un énième sourire.

Trish soupira puis lâcha l’affaire, sachant pertinemment qu’elle n’obtiendrait rien de plus de la part de sa collègue. Toutes deux se remirent au travail en accueillant de nouveaux clients à leurs caisses respectives.

***

Les derniers rayons du soleil couchant balayaient le carrelage de l’épicerie. Tout le monde était déjà parti, exceptée Lizbeth, qui faisait la fermeture ce soir. Les clients se faisaient de plus en plus rares à mesure que les aiguilles de l’horloge suivaient leur circuit infini.

À vingt-et-une heures, la jeune femme se décida à retourner la pancarte accrochée sur l’entrée, celle-ci affichant désormais « fermé ». Elle voulait se laisser du temps pour ranger les rayons, notamment à cause des clients qui s’amusaient à reposer les articles partout, sauf à leurs places initiales. Il fallait croire que pour certains préféraient la solution de facilité, ne se souciant pas du travail du personnel derrière.

Et puis, sans qu’elle ne comprenne pourquoi, les plombs du magasin sautèrent. Lizbeth se retrouvait alors dans le noir brièvement, sa vue s’habituant ensuite à la faible clarté de la pièce. Elle voulut regarder le tableau électrique mais elle se ravisa, par peur de faire n’importe quoi. La lampe de son téléphone allumée, elle termina le rangement.
Une fois que Mr Melon était prêt à passer sa nuit, elle abaissa le rideau métallique de la devanture et ferma à double-tours. Elle se dirigea ensuite vers la salle de pause et se vêtit de sa tenue de civile. Elle remit un peu de parfum et dégaina de jolies petites boucles d’oreilles créoles. La simplicité avant tout, songea-t-elle avant de jeter un dernier coup d’œil à son reflet dans le miroir.

Vingt-et-une heures trente et tout était fermé. La brune attendait patiemment, le dos collé au mur qui précédait celui de l’épicerie, la venue d’Aaron. Il lui avait envoyé un message comme quoi il aurait du retard, à cause de tout le remue-méninge qui se tramait dans toute la ville. Elle comprenait, elle n’allait pas commencer la soirée à lui en vouloir pour quelques minutes de perdues.

Elle le vit arriver, elle s’approcha doucement et lorsqu’il arriva à sa hauteur, il s’excusa de son retard. Comme à leur première rencontre, Lizbeth balaya ses paroles du revers de la main.

« On peut toujours aller là où je souhaitais t’emmener ; si tu es toujours partante pour me suivre bien sûr. » lui dit-il, son regard plongé dans celui de la jeune femme.

Elle haussa les épaules comme une enfant, un léger sourire ornant son visage aux traits fins et répondit :

« Toujours partante, je te suis. »

Elle lui emboîta le pas jusqu’à sa voiture. Elle s’était prise à l’observer quand il avait le dos tourné, un sourcil levé. Il avait troqué sa tenue de feu pour une chemise qui s’accordait parfaitement avec l’obscurité dans laquelle ils se trouvaient désormais.

Assise sur le siège passager, Lizbeth se laissa donc guider par le conducteur et ils se mirent en route pour cet endroit mystérieux qui avait attisé la curiosité de la jeune femme toute la journée.

Since : 07/04/2020

You look perfect tonight x Lizbeth & AaronAaron était resté silencieux dans la voiture. Il ne souhaitait pas donner d'indice sur le lieu où ils se rendaient, tout comme il ne voulait pas se déconcentrer. Les feux de priorités étant hors-service, certains automobilistes étaient devenus de vrais dangers publics, fonçant aux intersections sans se préoccuper de savoir si une autre voiture allait se trouver sur leur chemin.

La nuit n'était même pas encore complètement tombée que la ville se transformait déjà par endroits en champ de bataille. Des affrontements avaient déjà éclatés entre "casseurs" et forces de l'ordre et ils en furent témoins. Le jeune homme dû à plusieurs reprises contourner l'itinéraire initial afin de ne prendre aucun risque. Il serrait un peu les dents; pas tant pour lui mais pour Lizbeth, il ne voulait pas qu'elle se fasse blesser par mégarde. Il sentit son portable vibrer plusieurs fois dans sa poche et devina qu'il s'agissait de la caserne. Il ne voyait qu'eux pour le déranger ce soir-là et malgré tout, il priait pour ne pas avoir à écourter son moment avec la jeune femme.

Enfin, après une bonne vingtaine de minutes de route et après avoir pris un nombre de déviations incroyable, ils arrivèrent. Le temps de se garer et Aaron invita la brune à sortir de la voiture en lui tendant sa main. Ils étaient désormais à Manhattan, à l'ouest des grands buildings et de Central Park.
L'invitant à marcher à ses côtés en lui donnant son bras, ils poursuivirent leur route à pied pendant plusieurs minutes, temps durant lequel il pût déjà apprécier la compagnie de Liz'. Le pompier ne parlait pas, il se contentait de lui sourire, de lui faire ressentir son plaisir d'être là, avec elle et seulement pour elle.

Ils descendirent un grand escalier, entièrement blanc; qui donnait accès aux berges bordant le fleuve Hudson. Le coucher du soleil avait déjà eu lieu mais ils allaient tout de même pouvoir admirer les dernières lueurs du jour tandis que le ciel bleu allait peu à peu faire place à la nuit étoilée.
Cependant, ce n'était pas les berges qui intéressaient Aaron. Il y avait quelque chose d'autre, de plus particulier que cela. Marchant encore quelques mètres, une passerelle faite de bois et de fer se présenta sur leur droite; amarrée d'un côté à la berge et de l'autre, attachée à une péniche. Alors qu'il allait s'y engager, son portable vibra une énième fois. Fatigué par les obligations du travail, il soupira et le sortit de sa poche, voulant vérifier une bonne fois pour toutes ce qu'il se passait.
- Affrontements en cours dans tout les arrondissements de la ville. Multiples agressions, voitures brûlées. Emeutes à prévoir toute la nuit. Reste joignable. disaient les messages. C'était son chef de bataillon en personne qui s'adressait à lui. Pour les services publics, la nuit s'annonçait particulièrement longue. Le brun désactiva les sonneries de ses messages, gardant seulement celle des appels. Si besoin, ils appeleraient.

Revenant au moment présent, il s'excusa auprès de Lizbeth d'avoir sorti son téléphone. Il voulait profiter d'être avec elle et non pas se prendre la tête avec un travail déjà vraiment prenant.
Il franchit la passerelle en lui reprenant la main, l'invitant d'un nouveau sourire à le suivre. Ils étaient désormais bien arrivés, dans cet endroit si atypique.

La péniche était immense; son sol était un plancher en bois clair accordé aux ballustrades en fer peintes en blanc. En son centre, on retrouvait une structure en verre abritant des tables aux nappes blanches pour ceux et celles qui souhaitaient y venir dîner, même lors de la saison froide. A l'extérieur, les tables étaient plus simples mais tout de même assorties au sol. Mais ce qui plaisait le plus à Aaron, c'était l'éclairage. Des lampes à pétrole fonctionnant "à l'ancienne" étaient disposées de manière à jouer entre lumière et pénombre à chaque table. Ce soir-là, en l'absence totale de lumière artificielle, les employés avaient rajouté des bougies à côté des verres, rajoutant un aspect romantique à l'endroit. Un orchestre était également présent, composé d'un violoniste, d'un pianiste et d'un guitariste. Leurs instruments laissaient filer dans l'air des notes de musique d'une douceur et d'une pureté incomparable. Ce n'était ni trop fort, pour ne pas gêner les conversations, ni trop léger, pour couvrir les principaux bruits de la ville.

Aaron s'avança sur le pont de la péniche. Il aimait venir ici, dans ce calme, cette tranquilité qui contrastait drastiquement avec la fureur et la folie de son métier. C'était l'endroit où il se ressourcait, où il venait pour relâcher la pression. Il était désormais clair pour lui qu'en partageant ce lieu avec Lizbeth, il acceptait qu'elle puisse devenir importante à ses yeux. En l'amenant ici, il l'élevait déjà au dessus des autres femmes qu'il connaissait. Cette idée ne lui déplaisait pas, bien au contraire.
Le jeune homme posa ses avant-bras sur les barrières bordant l'avant de la structure flottante. D'un signe de tête, il invita la brune à faire de même, à profiter du spectacle que leur offrait l'horizon ce soir-là. Le ciel était rose-orangé et se refletait dans l'eau noire du fleuve tout autour d'eux, s'opposant ainsi avec l'aspect sombre qu'avait prit la ville. L'ensemble des bâtiments étaient plongés dans l'obscurité complète; seuls les phares des voitures venaient témoigner de l'activité humaine entre les murs de béton.
En levant les yeux, il parvint même à apercevoir les étoiles au dessus de sa tête. La nuit allait tomber et quelques minutes plus tard, ils se retrouveraient seulement éclairés par les flammes des bougies.

- Je viens souvent ici pour souffler, pour échapper à la folie du travail. déclara-t-il soudain. C'était ses premières paroles de la soirée; elles avaient été longues à arriver. Son silence n'avait pourtant rien de méchant. Aaron était le genre de personne capable de profiter d'un moment sans forcément parler, juste appréciant le fait de sentir une présence. C'était le cas avec Lizbeth, il se sentait bien avec elle et n'avait pas ressenti le besoin de combler le silence par des mots. A ses yeux, ce "petit quelque chose" qu'il ressentait en lui compensait totalement l'absence de conversation. Et puis, après tout, la soirée ne faisait que commencer.

- J'espère que ça te plaît. dit-il ensuite. Je suis heureux de pouvoir partager ça avec toi, vraiment. continua-t-il en se tournant vers elle. Avec la nuit qui gagnait du terrain, la place était désormais faite aux ombres.
La péniche étant quasiment vide ce soir-là, Aaron s'autorisa à se rapprocher un peu de la brune, admirant au passage chacune des courbes de son visage tandis qu'il lui souriait à nouveau. Lizbeth était la première depuis longtemps à réussir à lui donner ce sourire, cette expression chaleureuse et pleine de vie qui le caractérisait si bien. S'en était presque étrange pour lui, de retrouver cette sensation de bonheur et surtout si vite.
Une question lui traversa l'esprit, alors qu'il réalisait ce qu'il était en train de vivre. Une interrogation qui aurait tout expliqué, qui lui permettrait de comprendre l'intensité des sentiments qu'il ressentait en lui, à ce moment précis.
Venait-il d'avoir un coup de foudre ?

CRIMSON DAY

Since : 04/05/2020

“You look perfect tonight

Lizbeth Larsen & Aaron Monroe

Même si Aaron n’avait pas prononcé un seul mot de tout le trajet en voiture, Lizbeth l’avait senti quelque peu tendu. Au début, elle n’avait pas vraiment compris pourquoi. Mais elle s’était vite rendu compte de ce qui se passait en ville, rien qu’en regardant à travers son carreau : des feux de circulation éteints, des voitures qui s’étaient entrechoquées et des conducteurs avec les nerfs à vif. La ville allait devenir un vrai nid à accidents mortels si le courant ne revenait pas dans les prochaines heures.

Le moteur s’arrêta ensuite et il l’invita à descendre du véhicule. Ce fut bras dessus, bras dessous, qu’ils atteignirent le fameux endroit dont Aaron avait tant vendu les mérites.
Après quelques pas, ils rejoignirent la rive du fleuve Hudson. La jeune femme ne connaissait pas beaucoup l’endroit – à vrai dire elle n’y avait jamais mis les pieds. C’était très calme, et le seul bruit qui berçait leurs oreilles étaient l’eau qui s’écrasait contre la passerelle sur laquelle ils s’apprêtaient à avancer.
Le portable de l’homme vibra à de nombreuses reprises et il s’arrêta pour regarder quelques instants ses messages. La brune en profita pour épouser le paysage du regard. Elle le trouvait magnifique et plutôt propice à un premier rendez-vous – du moins si c’en était réellement un. Elle pourra l’affirmer ou non plus tard dans la soirée.

Décidément, s’excuser pour un rien était une manie chez Aaron. Elle réitéra son geste de balayement de sa main avant de la lui confier une nouvelle fois, lorsqu’ils montèrent sur la péniche.
Lizbeth était surprise de ne voir personne dans les parages. Le bateau était si bien décoré, si bien entretenu qu’elle se disait que le personnel avait l’air de se donner un mal fou pour le faire prospérer. C’était si beau que la jeune femme se demandait ce qu’elle faisait ici, si elle le méritait vraiment. Les bougies et l’orchestre ne faisaient qu’accentuer l’aspect romantique qui se dégageait de cet endroit, ce qui la fit légèrement sourire. Plus aucun doute, c’était un rendez-vous.

Elle le suivit jusqu’à l’avant et l’imita en posant ses avant-bras sur les barrières. Le soleil s’effaçait peu à peu du devant de la scène, léguant doucement sa place à un ciel étoilé et à l’obscurité de la nuit. Aaron prit soudainement la parole, pour la première fois depuis une ou deux heures, sous le regard attentif de sa compagnie pour ce soir :

« Je viens souvent ici pour souffler, pour échapper à la folie du travail. »

Elle ne dit rien, ses iris scotchés devant elle. Il continua alors, se retournant désormais dans sa direction :

« J’espère que ça te plaît. Je suis heureux de pouvoir partager ça avec toi, vraiment. »

Les lèvres de la jeune femme s’étirèrent en un sourire chaleureux et elle acquiesça d’un hochement de tête. Elle se perdit dans son regard alors qu’il faisait de même. Ils restèrent comme ça quelques instants, à se jauger, se détailler, se contempler, sous la lueur naissante de la lune qui allait bientôt être à son apogée dans le ciel. En réalité, ils se découvraient bien plus en profondeur que ce midi, et Lizbeth se sentit bien plus à l’aise qu’au début de leur rencontre.

La douce mélodie du trio instrumental caressait leurs oreilles et la jeune femme eut un soudain élan de confiance pour demander, accompagnant sa requête d’une petite touche d’humour :

« On devrait danser ? Il ne faudrait pas que ces musiciens se fatiguent à gratter des cordes ou appuyer sur des touches toute la soirée… pour rien. »

Elle souffla ensuite un bon coup, réfléchissant au sens de sa question. Ce ne sont pas les garçons qui invitent les filles normalement pour une danse ? songea-t-elle, perdue. Elle finit par secouer la tête discrètement. Au diable les clichés de romans à l’eau de rose, Lizbeth.

Le but de cette soirée était de décompresser, d’apprendre à connaître Aaron de façon plus approfondie que lors de leur pause déjeuner. C’était vrai : ils n’avaient pas plus appris sur l’un et l’autre au cours de ce repas partagé. Leurs vies respectives restaient encore des mystères enfouis au fond de leurs âmes.
Pour Lizbeth, il était évident que ce rendez-vous allait lui permettre de s’ouvrir un peu plus à quelqu’un, chose qu’elle n’avait pas faite depuis maintenant deux ans. Deux années pendant lesquelles, ses lèvres étaient restées closes, sa voix n’avait pas émis de son et son regard avait perdu de son éclat.
Mais depuis qu’elle avait emménagé dans la grande pomme, tout semblait différent et elle s’autorisait à reprendre un nouveau départ, un nouveau train de vie. Quitte à faire de nouvelles rencontres…

Pendant qu’elle et Aaron s’amusaient à faire leurs petits pas de danse, l’un contre l’autre, sur le rythme de la musique, elle lui proposa quelque chose qui pouvait sembler étrange. Mais tout était dans le but d’en savoir un peu plus sur lui.

« Est-ce que ça te dirait de faire un jeu ? » fit-elle en levant les yeux vers lui, son sourire n’ayant pas quitté son visage.

La brune joignit ses deux mains derrière la nuque d’Aaron, pour être un peu plus à l’aise lors de leur danse. Elle enchaîna rapidement sur le fond de sa pensée :

« Je pensais à quelque chose du genre… Un jeu des questions ? Tu poses une question, j’y réponds. Et inversement, ainsi de suite… ? »

À vrai dire, Lizbeth trouvait cette manière d’aborder la vie de quelqu’un totalement enfantine. Après tout, elle n’allait avoir que vingt-deux ans. Quel âge avait-il lui d’ailleurs ? Elle ne s’était jamais réellement posée la question. Peut-être cela n’avait pas forcément d’importance à ses yeux, de connaître son âge ? Ce n’était qu’un nombre de toute façon. Et ce n’était pas ça qui déterminait le comportement de quelqu’un. Néanmoins, elle ne pourrait pas s’empêcher de lui demander, à un moment de la soirée.

Et c’est justement ce qu’elle fit, sans même attendre d’approbation de la part d’Aaron :

« Je commence. Et pour démarrer en douceur et éviter les sujets qui fâchent d’entrée de jeu, quel âge as-tu ? »

Elle lui adressa un énième sourire, ne quittant pas ses yeux pour autant. Elle espérait que cette soirée allait se passer sous les meilleures auspices et qu’ils en ressortiraient bien plus proches qu’au début de la journée.

Since : 07/04/2020

You look perfect tonight x Lizbeth & AaronA en croire son sourire, Aaron avait vu juste en lui faisant découvrir ce lieu. C'était comme si le monde s'était figé autour d'eux durant quelques secondes, temps pendant lequel ils ne cessèrent de se regarder, se souriant l'un à l'autre.

Le jeune homme sentait que Lizbeth était déjà bien plus à l'aise avec lui par rapport à quelques heures auparavant, tout ça pour son plus grand plaisir. Cela avait déjà été plus qu'appréciable de pouvoir marcher avec la jeune femme à son bras. Pendant un instant, il s'était imaginé avoir son âme-soeur à ses côtés, comme si c'était une évidence en fin de compte. Et après tout, pourquoi pas ? Il y avait quelque chose avec cette brune, c'était indéniable. C'était inexplicable et c'était très bien comme ça. Parfois, il était mieux de ne pas pouvoir trouver d'explications, cela rendait les choses plus "magiques".

Visiblement, cette jeune femme était pleine de surprise. Du moins, c'était ce que constatait Aaron, notamment lorsqu'elle lui avait proposé de danser. Il s'était plus ou moins apprêté à lui en faire la demande mais elle l'avait devancé. Le jeune homme aurait d'ailleurs sûrement menti s'il avait prétendu ne pas avoir pensé à une danse avec Lizbeth, surtout en sachant qu'un orchestre était toujours présent sur la péniche.
Alors, il la suivit sur la piste, elle aussi placée sur le pont avant du bâteau. Ils étaient seuls et purent profiter de tout l'espace disponible, laissant ainsi l'opportunité à Aaron de la faire tourner quelques fois.

Lizbeth était magnifique; elle se déplacait avec une grâce naturelle; semblait bouger avec autant de légèreté que le vent et brillait telle une étoile directement descendue du ciel. Aaron était captivé; son regard ne pouvait se détacher d'elle.
C'était comme si un halo de lumière l'entourait, elle seule, suivant chacun de ces pas au travers de la nuit désormais bien tombée.

- Est-ce que ça te dirait de faire un jeu ? lui demanda-t-elle soudain alors qu'elle se retrouvait à nouveau contre lui. Il la regarda alors, songeur; se demandant quelle pouvait être l'idée qu'elle avait derrière la tête.
- Je pensais à quelque chose du genre… Un jeu des questions ? Tu poses une question, j’y réponds. Et inversement, ainsi de suite… ? finit-elle de dire, dévoilant enfin le fond de son idée. Ces mains étaient passées derrière sa nuque, les rapprochant encore un peu l'un de l'autre. Ce n'était pas pour lui déplaire, lui qui espérait justement pouvoir profiter de la soirée pour développer leur complicité. Il lui semblait que c'était sur la bonne voie, à en croire la douceur de ces mains dans son cou.

Aaron continua de lui sourire tandis qu'il hochait doucement la tête en réponse à sa proposition. Comme si l'orchestre avait compris ce qu'il se passait entre eux, le rythme de la musique se mit à ralentir. La mélodie était sublime et transportait parfaitement le jeune homme qui joignit ses mains dans le dos de Lizbeth, la rapprochant ainsi encore un peu plus de lui. Délicatement, il posa sa tête contre la sienne, plongeant de cette manière un peu plus son regard dans le sien. Il ne pouvait se soustraire à elle. Il n'avait pas envie d'être séparé d'elle tant il se sentait bien à cet instant là, en sa présence.

- Je commence. Et pour démarrer en douceur et éviter les sujets qui fâchent d’entrée de jeu, quel âge as-tu ? dis-t-elle, ouvrant donc la partie de ce jeu qui allait sans aucun doute leur permettre de mieux se connaître. La méthode n'était pas vraiment classique, mais pour quelqu'un comme Aaron -qui avait tenté plus tôt dans la journée de descendre un toboggan pour enfant-, il n'y avait aucun soucis à cela. Il ne fallait pas se prendre la tête, tout simplement.

- J'ai trente ans. déclara-t-il doucement. Curieusement, la "crise de la trentaine" dont certains parlaient, il ne l'avait pas traversée. C'était probablement parce que l'âge ne changeait pas grand chose pour lui et qu'au final, il s'en fichait. C'était d'ailleurs tellement anodin qu'il ne l'avait même pas fêté. A New-York, personne ne connaissait sa date de naissance, il avait donc été facile pour lui de faire comme si de rien était.
- C'est pas si loin de la cinquantaine et du lifting dont tu me parlais hein ! plaisanta-t-il en faisant allusion à la blague de la jeune femme, faite durant leur pause déjeuner. Sa blague était sans doute vraiment nulle, encore une fois. Mais il s'en fichait, le ridicule n'allait pas le tuer.
Sans cesser de la regarder, il se demandait quel âge elle pouvait avoir. Il ne lui donnait pas plus de vingt-trois ans, au maximum. Allait-elle le trouver trop vieux ? C'était une bonne question.
- Tu t'en doutes, je vais forcément te demander ton âge en retour. lui dit-il en lui faisant un sourire amusé.

Ils continuaient à bouger en rythme, tranquillement, suivant doucement le tempo imposé par l'orchestre. Aaron avait finit par poser ses mains sur les hanches de la jeune femme, sentant chacun des mouvements de son bassin entre ses doigts. Une petite pointe de sensualité présente et non négligeable, c'était sublime. A ses yeux, elle était parfaite.

- Est-ce que tu es originaire de New-York ? demanda-t-il à son tour. Lui aussi commençait par une question simple, sans entrer dans des sujets trop compliqués. Et pourtant, lui-même savait qu'une interrogation si "basique" pouvait amener à une discussion très ouverte par la suite. C'était notamment le cas pour lui, originaire de la côte ouest. Une soirée ne serait probablement pas suffisante pour résumer son parcours; mais ce n'était pas grave, il comptait bien revoir la jeune femme.

Son nez frôlait le sien de temps à autres; il pouvait aussi sentir son souffle léger sur sa peau. Lizbeth avait mis un peu de parfum et il parvenait également à en apprécier les notes lorsqu'elle se retrouvait suffisamment proche de lui.
Son regard ne la quittait pas; le feu brûlant dans ses prunelles trahissant le fond de sa pensée "Vous êtes magnifique, Lizbeth Larsen".

CRIMSON DAY

Since : 04/05/2020

“You look perfect tonight

Lizbeth Larsen & Aaron Monroe

Trente ans. Presque huit ans les séparaient. Lizbeth avait remarqué cette différence d’âge lorsqu’ils ont partagé leur déjeuner ensemble. Et ce n’était non pas à cause du physique, mais bien du comportement que chacun adoptait en société : Aaron était quelqu’un d’assez sûr de lui en apparence, il savait ce qu’il voulait et était très à l’aise quand il s’agissait de taper la discussion à son entourage – la preuve avec l’épisode de ce midi à l’épicerie.
La brune était l’exact opposé : une éternelle indécise qui se cherchait encore concernant son avenir et ses futurs objectifs. Et puis, ce n’était pas comme si c’était la personne la plus avenante – ses camarades l’appelaient le « glaçon » au lycée.

« Ce n’est pas si loin de la cinquantaine et du lifting dont tu me parlais hein ! » dit-il en faisant référence à la blague que Lizbeth lui avait sorti plus tôt dans la journée. La jeune femme se contenta d’esquisser un léger sourire pour y répondre.

« Tu t’en doutes, je vais forcément te demander ton âge en retour. » ajouta-t-il, amusé de la situation.

Lizbeth décolla doucement son front de celui d’Aaron puis pencha la tête sur le côté. Elle annonça à voix basse, comme si c’était une confidence :

« En même temps, c’est un peu le but du jeu… Mais sinon, j’ai vingt-et-un ans. Bientôt vingt-deux d’ailleurs… »

Elle se rapprocha de nouveau, adressant un énième rictus à son partenaire de danse. Leurs mouvements étaient lents, rythmés par la mélodie de l’orchestre. Cette soirée apaisait la jeune femme, loin des klaxons incessants de Brooklyn ou de certains clients mal aimables de Mr Melon. Qui plus est, elle était en bonne compagnie, et désormais, elle faisait totalement abstraction du reste. C’était son moment de répit avant de reprendre le court de la vraie vie.

Car oui, Lizbeth trouvait ça trop beau pour être vrai : la péniche, les bougies, l’ambiance… elle n’était sûre de rien. Où est-ce que cette soirée allait mener ? Et si ce n’était juste qu’un seul rendez-vous et qu’elle ne reverrait plus Aaron après ? Et si… ?
Elle voulut balayer ces interrogations de sa tête une bonne fois pour toutes, mais elles étaient toujours là, dans un coin. Elles ne refaisaient surface que dans les moments comme ceux-ci, dans les moments où elle se sentait bien. La brune réfléchissait trop et ça lui portait souvent préjudice.

L’homme la tira de ses pensées en lui posant l’une des questions qu’elle appréhendait. C’était pourtant une question basique, qui devait sans doute avoir sa place lors d’un rendez-vous où l’on apprend à connaître l’autre. Mais elle savait que sa réponse pouvait déboucher à la discussion tant redoutée. Elle ferma les yeux un instant, soupira, puis répondit à Aaron :

« Non, je suis britannique. » elle marqua une pause, puis continua, haussant brièvement les épaules. « Mais l’Angleterre ne me manque pas et si je pouvais appuyer sur un bouton restart, je le ferais sans hésiter. »

Elle finit par lui adresser un « et toi ? » presque inaudible. Lizbeth n’avait pas envie de parler des sujets qui fâchaient, du moins pas maintenant. C’était trop tôt. Cela dit, elle ne pouvait pas blâmer le pompier d’être un homme curieux, qui avait soif d’en apprendre un peu plus sur les personnes qu’il côtoyait.
La jeune femme abaissa sa tête et cala son front sur le torse d’Aaron, comme pour ne plus être vue. Elle avait honte, honte de qui elle était, honte de ce qu’elle devenait malgré qu’elle ait quitté sa ville natale. Dans le fond, sa mère avait raison. Elle ne restait qu’une fille peureuse qui n’avancerait jamais dans la vie, qui fuyait ses problèmes comme la peste et qui préférait rester sur la défensive plutôt que d’affronter le regard des autres.

Après avoir soufflé un bon coup, elle releva les yeux, essayant de faire bonne figure et de rejeter toutes ces pensées négatives. Puis, ne voulant pas s’éterniser sur le passé de chacun, elle énonça une nouvelle question :

« T’as une couleur préférée ? »

Oui, la question était anodine. Oui, elle n’avait pas lieu d’être dans la conversation. Et oui, Lizbeth regrettait de ne pas avoir les épaules suffisamment solides pour parler de son passé et éviter justement, ces questions-là, qui n’avaient pas de but précis. Il allait répondre, il allait retourner la question, elle allait répondre et rebelotte. Finalement, ce jeu n’était peut-être pas une si bonne idée que ça.

La jeune femme avait juste besoin d’un peu de réconfort finalement. Même s'il y avait Andy, Trish, Brandon et Hanna, avec qui elle discutait beaucoup – du moins discuter était un grand mot, elle écoutait juste leurs soucis et tentait de les conseiller – elle était seule. C’était ça, sa faiblesse.

Une fois qu’il lui confia sa couleur préférée, Lizbeth ne perdit plus de temps avec les questions et resserra juste son étreinte autour d’Aaron, se mettant donc sur la pointe des pieds pour arriver à sa hauteur. Elle ne se souciait plus de la danse, elle ne bougeait plus. Elle fixait le reste de la péniche qui s’étendait devant elle. La brune ne voulait plus parler pendant un temps mais elle secoua la tête.

Se détachant de lui, elle le regarda dans les yeux et s’excusa de son enlacement soudain :

« Désolée, j’ai peut-être serré un peu trop fort. »

Elle plissa ensuite les yeux en direction de la carte des menus, affichée sur la porte menant aux nombreuses tables dressées. Elle adressa un sourire timide à Aaron.

« Tu as peut-être faim ou soif ? Même s’ils ne semblent pas faire des sandwiches poulet crudités ou des salades composées, on peut toujours tenter de demander. » dit-elle en désignant l’intérieur de la péniche de son menton.

Lizbeth voulut à tout prix oublier le moment de faiblesse qu’elle avait eu devant Aaron. Ce n’était pas son genre de se montrer fragile vis-à-vis de ses soucis. Néanmoins, elle avait gardé ses mains derrière sa nuque car elle trouvait qu’elles s’y logeaient bien.

Since : 07/04/2020

You look perfect tonight x Lizbeth & AaronLe comportement de Lizbeth venait de changer, presque brusquement. Cela n'avait pas échappé à Aaron qui avait bien compris que quelque chose de plus profond se cachait dans les souvenirs, dans le passé de la jeune britannique. Elle n'avait pas encore vingt-deux ans mais l'âge ne voulait pas dire grand chose. Du moins, c'était l'avis du pompier, qui se fichait bien d'avoir deux, quatre ou neuf ans de différence avec elle.

Quelle que pouvait être la raison de son silence si soudain, le fait était qu'elle ne souhaitait pas en parler. C'était clair, le message était passé et avait bien été compris par Aaron. Il ne la forcerait pas à lui expliquer; il se contenterait d'être présent. Un jour viendrait sans doute où le sujet serait abordé. En attendant, il était là. Le brun restait contre elle et lui rendit son étreinte tandis qu'elle posait sa tête contre son torse. Elle avait besoin d'une présence, elle avait besoin d'attention, c'était indéniable. Aaron l'entoura de ses bras et passa sa main dans son dos, l'attirant ainsi tout contre lui. Il déposa ensuite un baiser sur sa tête puis passa doucement sa main sur sa joue. Aucune parole ne sortait de sa bouche. Parfois, il n'y avait pas besoin de parler, pas besoin de mots; seul le fait d'être présent suffisait.

Il ne la laisserait pas; quelle que puisse être son histoire; il serait à ces côtés. Pour lui, c'était déjà une évidence, puisqu'il ressentait déjà un attachement pour elle. Comment aurait-il pu en être autrement alors qu'ils étaient là, sur une péniche à l'aspect romantique, l'un contre l'autre ?

Elle lui avait posé la question en retour, à savoir d'où lui-même venait. Du moins, c'était ce qu'il pensait avoir lu sur ces lèvres. Ces paroles avaient été presque inaudibles à vrai dire.
- Je viens de la côte ouest. lui répondit-il en murmurant à son tour. Il était resté vague lui aussi. Le sujet reviendrait sur la table un jour, il le savait. Aaron ne tenait pas à parler des raisons de son départ, ni de ses parents ce soir-là. Ce n'était pas important, il n'y avait en plus rien de fabuleux dans son passé. Aucune raison d'en parler.

Il lui laissa le temps dont elle avait besoin tandis qu'il sentait son étreinte se resserrer sur lui. Pour lui, ce n'était pas désagréable. Peut-être avait-elle besoin de s'affirmer, de prendre confiance en elle. De trouver quelqu'un qui lui donnerait de l'importance, qui lui ferait comprendre que la vie pouvait être magnifique et qu'il y avait toutes les raisons pour continuer à avancer, à sourire. Si elle le souhaitait, il serait là, il l'aiderait, il la soutiendrait. Aaron était prêt à s'investir pour elle, à devenir son pilier.

- T'as une couleur préférée ? lui demanda-t-elle en relevant sa tête et en le regardant.
La question le laissa quelque peu perplexe mais il comprit qu'au travers de cette interrogation, elle souhaitait simplement rebondir et passer à autre chose. Elle ne voulait simplement pas rester sur le blanc de la question précédente. Certes, la question était anodine mais elle allait sans doute permettre de dévier sur quelque chose d'autre.
Pourtant, contrairement à ce que l'on aurait pu croire, Aaron et Lizbeth ne s'étaient pas éloignés, même après que l'ambiance soit descendue suite à la question du brun. Ils s'étaient même rapprochés; comme si leurs vécus respectifs allaient faire d'eux un binôme bien plus soudé, bien plus fort. Cette sensation plaisait fortement à Aaron, qui sentait que quelque chose de spécial se préparait entre eux. Leur lien allait être fort, il n'en doutait pas une seule seconde.
- Mmh... Je dirai le rose, le rouge et le noir. se contenta-t-il de répondre en levant les yeux au ciel. La réponse n'était pas si évidente que cela, au final. Il lui retourna la question, comme elle s'y attendait sans doute. La réelle conversation se cachait derrière ce genre de questions "banales", ils en étaient conscients tout les deux. Bientôt, ils devraient s'ouvrir l'un à l'autre.

La brune avait cessé de bouger, de danser au rythme de la musique. Elle était accrochée à son cou et restait contre lui. Aaron ressentait son manque d'attention; il ressentait les divers sentiments que dégageait le contact de sa peau contre la sienne et parvenait à s'adapter à eux. Sans vraiment forcer, il se mit à la porter et la serra à son tour délicatement contre lui. De part ce contact, il espérait qu'elle comprendrait qu'il était là, qu'il serait désormais toujours présent pour elle.

- Désolée, j'ai peut-être serré un peu trop fort. s'excusa-t-elle en relâchant son étreinte. Il la reposa au sol, aussi délicatement qu'il l'avait soulevée et la regarda. Un nouveau sourire s'afficha sur son visage, un sourire qui voulait simplement dire "Je suis là pour toi". Une lueur amusée brilla soudain dans ses yeux; pouvait-elle vraiment penser lui avoir fait mal ?
- Au contraire, tu peux recommencer quand tu le désires. déclara-t-il. Il lui prit ensuite la main tandis que le regard de Lizbeth semblait s'attarder sur la carte des menus.

- Tu as peut-être faim ou soif ? Même s’ils ne semblent pas faire des sandwiches poulet crudités ou des salades composées, on peut toujours tenter de demander. dit-elle. Si c'était une référence au déjeuner qu'ils avaient passé ensembles, c'était bien trouvé.
Aaron posa son regard sur elle. Faim ou soif, peu lui importait; son corps et son âme toute entière n'avait d'intérêt que pour elle. Le reste n'avait plus grande importance à ce moment là. Il voulait simplement qu'elle se sente bien, qu'elle puisse souffler et faire disparaître ces peurs de son esprit. Il voulait qu'elle ressente toute l'attention, toute l'affection qu'il était en mesure de lui donner.

- Un diabolo grenadine sera parfait pour moi. Qu'est ce qui te ferai plaisir à toi ? lui demanda-t-il en retour. Il n'avait pas l'intention de boire, surtout si la caserne devait finir par l'appeler. Dans tout les cas, il préférait être complètement sobre pour profiter de l'instant avec la jeune femme.
- Rien n'aurait pu me faire plus plaisir que d'être ici avec toi, tu sais. lui chuchota-t-il à l'oreille avant de déposer un baiser sur sa joue.

Il se plaça ensuite derrière elle et passa de nouveau ses bras autour d'elle. Protecteur, oui, il l'était. Avec elle, visiblement encore plus. Aaron l'attira une nouvelle fois contre lui et posa sa tête à côté de la sienne. Le visage de Lizbeth était partiellement éclairé par les bougies à proximité; et elle était magnifique.
- Lizbeth... murmura-t-il à côté de son oreille. Il aimait son prénom; ce prénom qui lui tournait dans la tête depuis l'instant où elle s'était présentée à lui.
Elle l'avait marqué, elle avait déposé son empreinte sur lui, sur sa vie. Sa voix venait de prononcer son prénom, faisant écho à ses pensées, à son esprit, qui n'avait de cesse de le répéter.

- Je te veux dans ma vie. finit-il de dire, laissant le fond de sa pensée s'exprimer. Aaron était sûr, certain de ce qu'il voulait. C'était un ressenti si fort, si intense, qu'il n'avait pas pu le garder pour lui.
Il n'appartenait désormais plus qu'à elle de décider de le garder à ces côtés, de l'inclure dans sa vie ou de lui fermer la porte.

CRIMSON DAY

Since : 04/05/2020

“You look perfect tonight

Lizbeth Larsen & Aaron Monroe

Aaron avait bel et bien compris le message de Lizbeth. Il s’était juste contenté de répondre à la question des origines très brièvement, sans entrer dans les détails. Mais la brune s’était quand même fait une réflexion sur la réponse qu’il lui avait donné : La côte ouest, avait-il mentionné. Elle n’avait jamais visité ce coin-là – elle n’en avait pas vraiment le temps non plus. Quoi qu’il en soit, la quelconque envie de quitter New York un jour n’habitait pas son esprit. Du moins pour l’instant.

Elle avait esquissé un petit sourire lorsqu’elle avait su ses trois couleurs préférées : le rose, le rouge et le noir. Elle aurait pourtant dû s’en apercevoir avant puisqu’il portait une tenue dans les tons qu’il venait de citer – qui au passage lui allait comme un gant.
Il lui avait donc retourné la question, comme elle s’y attendait quelques minutes plus tôt. Elle y avait répondu d’une manière à ce que la conversation ne s’éternise pas dessus, une nouvelle fois :

« Je dois dire que j’aime beaucoup le jaune. Même si le bleu m’a toujours fait de l’œil. Après y’a le noir, comme toi, même si ce n’est pas réellement une couleur d’après ce qu’on dit. Oh, le beige n’est pas mal non plus… »

Et voilà. Une chose était sûre chez Lizbeth, c’était qu’elle portait bien son surnom d’éternelle indécise. Elle ne pouvait pas sélectionner qu’une seule couleur parmi toutes celles qui existaient, considérant que chacune dégageait quelque chose de différent. On disait même que certaines personnes s’habillaient chaque matin en fonction de leurs humeurs dès le réveil, ou du temps qu’il faisait dehors, ou encore des évènements de la veille qui auraient eu des répercussions sur le jour présent. Tous ces petits facteurs se voyaient dans l’accoutrement qu’elles choisissaient, dans les couleurs qu’elles adoptaient ou non. Car chacune de ces couleurs reflétait une signification particulière sur leurs états d’âmes.

La brune avait ensuite quitté le sol, les bras d’Aaron l’entourant. Ce geste la rassurait. Quels que soient les problèmes qu’elle affrontait ou qu’elle affronterait à l’avenir, il serait toujours à ses côtés, même s’ils ne se connaissaient que depuis quelques heures maintenant.
À vrai dire, y’avait une part de tout ça qui l’effrayait un peu. Le fait que leur rencontre ne datait pas de si longtemps que ça dans la journée, c’était suffisant pour que Lizbeth ait des doutes. Après tout, si on regardait la situation d’un point de vue externe, on pourrait se dire que tout allait trop vite, tout se bousculait, qu’ils brûlaient les étapes d’une rencontre traditionnelle, aux codes parfaits.

Mais finalement, elle comprit que rien n’était normal dans cette relation, que tout dépassait ce qu’elle pouvait imaginer. Elle ne savait pas si elle pouvait appeler ça un coup de foudre ou autre surnom métaphorique farfelu qu’on donnait à ce genre de sentiment inattendu. Tout ce qu’elle savait, c’est qu’Aaron l’aidait à se sentir mieux. Et c’est tout ce dont elle avait besoin jusqu’à présent. De se sentir mieux.

Une fois que ses pieds regagnèrent la terre ferme – ou du moins le parquet brillant du bateau qui tanguait – elle s’excusa de son étreinte si soudaine. Il esquissa un sourire et lui affirma qu’elle pouvait recommencer quand elle le désirait. Elle finit par sourire elle aussi, gardant cette réplique dans un petit coin de son esprit.

Et lorsqu’elle avait proposé s’il voulait manger ou boire quelque chose, la réponse fut presque immédiate, lui ayant retourné la question au passage. Lizbeth plissa les yeux pour discerner au mieux ce que pouvait offrir le restaurant et hocha la tête, comme pour approuver mentalement le choix qu’elle venait de faire. Un jus de pommes conviendra parfaitement.

« Rien n’aurait pu me faire plus plaisir que d’être ici avec toi, tu sais. » lui chuchota soudainement Aaron à l’oreille, lui posant ensuite un petit baiser sur la joue.

Les pommettes de la jeune femme avaient pris une teinte plus rosée que précédemment. Un trop plein d’attention, comme ça, sans prévenir ? Elle était prise de court mais d’un côté, ce contact l’avait touchée. Elle se sentait bien.
Puis il entreprit d’être plus tactile, se postant juste derrière elle et l’entourant de ses bras. Lizbeth se laissa faire et ferma les yeux un court instant pour savourer la douceur de ce moment. Elle n’aurait jamais pensé que cet homme, venu faire de simples emplettes dans l’épicerie où elle travaillait, pourrait devenir une personne qui marquerait sa vie. Et surtout en si peu de temps.

« Lizbeth... » murmura-t-il près d’elle.

Bizarrement, la jeune femme ne bougeait pas. Elle regardait le fond du restaurant qui s’étendait devant eux, stoïque et en attente de la suite de sa phrase. Elle ne répondit rien, ne voulant aucunement le couper dans son élan. Ce petit silence fut de courte durée puisqu’il ajouta :

« Je te veux dans ma vie. »

Lizbeth était désormais droite comme un piquet, les jambes flageolantes et le regard toujours porté au loin. Elle réfléchissait, se posait mille et une questions sur ce qu’Aaron venait de lui avouer et surtout, sur l’impact de cette révélation sur leur futur à tous les deux. Y’a-t-il réellement un quelconque futur entre nous ? Me sentirai-je à la hauteur ? Pourrai-je surmonter cette peur constante de l’amour et de l’engagement ?

Elle n’en savait rien. C’était imprévu et inattendu. La jeune femme était bel et bien prise de court et ne savait plus quoi dire, ni comment réagir. Elle n’osait même pas rouler des yeux vers lui, par peur de lui offrir ce regard indécis dont elle avait le secret. Elle soupira un bon coup, se relâchant doucement de l’étreinte d’Aaron pour lui faire face. Elle plaça ses mains de part et d’autre sur les joues de l’homme, plongeant désormais ses iris dans les siens.

« T’es quelqu’un d’extraordinaire Aaron. Je ne veux pas que tu perdes ton temps avec une jeune femme comme moi. » fit-elle en caressant doucement sa pommette droite de son pouce respectif.

Elle finit par soupirer une nouvelle fois en secouant la tête. Ce qu’elle venait de lui dire n’avait pas de sens. Voyons, s’il lui avoué le fond de sa pensée, c’est bien parce qu’il l’avait choisi elle et pas une autre. C’est bien parce que Lizbeth lui plaisait et pas une autre.

Prise d’une pulsion soudaine, la jeune femme tira doucement la tête d’Aaron pour l’approcher de la sienne. Elle lui déposa un baiser furtif sur les lèvres, puis le regarda avant de dire tout bas :

« Ça te va comme réponse ? »

Lizbeth lui avait renvoyé la balle. Restait-il à savoir s’il allait faire de même.

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