Jamais Jesse n'aurait imaginé provoquer un tel engouement de la part de ses fans. Dans la rue, nombreux sont les regards qui pivotent dans sa direction, certains sont curieux, se demandent simplement s'ils n'hallucinent pas, d'autres à contrario, sont plus timides et n'osent pas déranger...puis il y a les plus téméraires! Ceux qui s'approchent pour vous demander un selfie et qui parfois en oublient même la politesse. Non pas que le bain de foule le gênait, à vrai dire il prenait même plaisir à sociabiliser avec sa communauté! Simplement, comme toute personne normalement constituée, il appréciait les journées calmes qu'il parvenait à s'accorder de temps en temps.

Ce jour là fût d'ailleurs l'un d'entre eux. Revenant d'un long voyage dont le but étant de promouvoir son film, Jesse n'avait pas eu l'occasion de voir le dernier Aladdin qui était sorti au cinéma récemment et se faisait une joie à l'idée de s'y rendre. Son travail impliquant des déplacement réguliers, il n'était pas réellement sorti depuis des semaines...comprenez donc que pour un cinéphile, il était bien ardu de ne pas avoir l'occasion de découvrir un film dès sa sortie. Les jours suivant la sortie de ce dernier furent bien compliqués pour notre acteur qui, faible, tentait d'échapper aux nombreux spoilers qu'imposaient certains internautes. Il connaissait pourtant l'histoire d'Aladdin par coeur mais n'étant pas à l'abri d'une ou deux modifications du scénario, il préférait être sur ses gardes.

Cachant ses yeux noisettes derrière une paire de lunettes de soleil -un jour de pluie, la bonne idée! Jesse se faufilait alors d'un pas pressé entre les passants, espérant ainsi qu'aucun d'entre eux ne le reconnaitrait. Bien qu'habitué à ce genre de situation, il n'en appréhendait pas moins les conséquences et redoutait toujours un peu le passage à la caisse. Parvenant finalement à acheter son billet sans trop se faire remarquer, Jesse prit tout de même le temps de s'acheter une collation.

L'obscurité lui facilitant la tâche, l'interprète de Spider-man ne cherchait alors plus à se cacher. Confortablement installé sur son fauteuil rouge, son regard parcourait la salle. Une ribambelle d'enfants déguisés le fit sourire. Nostalgique, il se souvenait encore des rares fois où il allait au cinéma habillé d'un costume de fortune que sa mère fabriquait de ses mains maladroites. A l'époque il en avait honte mais en y repensant, c'était très certainement les meilleurs souvenirs de son enfance.

Des bruits de pas écourtèrent alors ses songes. Un père et sa fille venaient de s'installer à ses côtés. Examinant ces derniers, Jesse se surprit à les envier. Il semblait pourtant jeune pour penser à la paternité et honnêtement, il ignorait même s'il parviendrait un jour à trouver une demoiselle qui n'accorderait de l'importance qu'à sa personne, faire un enfant avec une femme vénale, très peu pour lui. Reportant finalement son attention sur l'écran noir, l'acteur fit un léger bond en sentant le contact d'une bouteille contre sa jambe. Confus, il tournait le regard vers l'enfant puis croisait celui de son paternel. « Excusez-moi. » Hochant légèrement la tête de gauche à droite, Jesse exprimait alors la maigre importance du geste.

— Oh, ce n'est rien. répondit-il simplement.

« Pardon monsieur. » Visiblement embarrassée, la fillette s'exprimait d'une petite voix. L'anglais, habitué des enfants de part son rôle de Spider-man, lui adressait un sourire réconfortant tandis qu'il lui présentait sa bouteille.

— C'est pas grave, ne t'inquiète pas.

Reprenant place, Jesse attendit alors patiemment l'extinction des lumières. Exaspéré par le nombre de publicités et par leur durée, le jeune homme avait sorti son smartphone pour passer le temps. Verrouillant ce dernier lors de la fin du supplice, Jesse haussait le regard puis découvrit alors la première bande-annonce...

D'habitude très à l'aise au cinéma, Jesse n'avait jamais été confronté à ce cas de figure. D'ordinaire très occupé à l'approche de la sortie de ses films, il n'avait jamais eu l'occasion de se balader en ville et ne s'était donc jamais aperçu sur grand écran. Autant le fait de s'entendre ne le gênait pas tant que ça, autant en mode portrait sur une surface énorme, en 4K le dérangeait un peu plus. Mais le plus gênant dans tout cela, c'est qu'il redoutait être reconnu parmi les autres personnes présentes. Se recroquevillant alors sur son fauteuil, l'anglais lançait un regard agité autour de lui. Personne ne semblait faire attention à lui. Quelques enfants de la salle exclamaient alors le nom de l'homme-araignée tandis que leurs parents eux, semblaient plus occupés à tenter d'obtenir leur silence pour se préoccuper de l'écran. Rassuré mais pas pour autant détendu, le britannique empoigna sa bouteille d'eau pour se donner contenance le temps de la bande-annonce. « Je ne savais pas que Spiderman aimait regarder Aladdin.» Manquant de s'étouffer avec l'eau qu'il venait d'ingurgiter, le dit Spiderman leva un regard surpris vers son interlocuteur. Inquiet qu'il ne puisse divulguer sa présence, Jesse fût rapidement rassurer par le jeune homme qui lui avait adressé un simple clin d’œil.

Perturbé qu'on ne l'est reconnu malgré les efforts fournis pour que ce ne soit pas le cas, Jesse s'était dit qu'il n'était finalement pas si doué que ça pour se fondre dans la masse. Lui qui pourtant, était un jeune homme tout ce qu'il y a de plus simple, lui qui, à contrario de beaucoup de célébrités, n'aimait pas se donner en spectacle pour être adulé par la foule. Le film débuta donc, commençant alors par l'une de ses musiques favorites du chef-d’œuvre : Nuit d'Arabie. Chantant silencieusement les paroles, Jesse admira le film avec des yeux d'enfant, y a pas à dire, ils sont forts les réalisateurs de Disney. Bien que différent du dessin-animé, le film n'en était pas moins splendide! Et pour être tout à fait honnête, l'actrice qui jouait Jasmine était d'une beauté à couper le souffle! Il s'était même surpris à jalouser Aladdin.

Puis le film toucha à sa fin. Un peu court à son goût, Jesse aurait aimé en voir davantage tellement il l'avait apprécié. Les lumières apparaissant à nouveau, l'acteur étira ses membres endoloris par sa temporaire immobilisation corporelle. Jetant alors un regard vers son voisin, il lui adressa quelques paroles, touché par le fait qu'il avait gardé silence.

— Merci à vous de rien avoir dit. avait-il dit en lui adressant un sourire.

Occupé à remercier son interlocuteur, il ne prêta plus attention à autrui. Le britannique déchanta cependant très rapidement lorsqu'un père de famille, non loin d'eux, chuchota quelques mots à sa femme. Visiblement l'homme semblait avoir des doutes sur l'identité de Jesse, ce dernier tourna donc le visage à l'opposé de l'homme d'un geste vif, rencontrant ainsi les yeux de l'asiatique et de sa progéniture. Non pas qu'il n'avait pas envie de croiser un fan mais il avait espéré avoir une journée loin de tout ça, loin de sa notoriété, un moment rien qu'à lui où il n'aurait pas à faire des selfies. Il ne refusait d'ailleurs aucune de ces photo et c'est particulièrement pour cette raison qu'il ne voulait pas être reconnu, parce qu'il savait qu'il en aurait pour un moment à leur parler et que la fatigue accumulée cette semaine commençait clairement à se faire ressentir. D'un air embêté, Jesse se gratta nerveusement la tête.

— Désolé de vous demander ça...ça ne vous dérangerait pas de m'aider ? demanda t-il tout doucement.

« C’est normal. Je suis passé par là aussi.» Surpris, l'homme-araignée se mit à fixer son interlocuteur. Il était célèbre lui aussi ? Pourquoi ne le reconnaissait-il pas ? lui qui, à travers tout ses voyages, avait eu l'occasion de rencontrer -ou du moins de découvrir beaucoup de célébrités étrangères! Il ne pouvait être ancien acteur ou chanteur aux USA, auquel cas il l'aurait remarqué. Cherchant alors dans ses plus profonds souvenirs pour mettre un nom sur le visage de l'homme, il abandonna bien vite, malgré tout désolé de ne pas le connaître.


— Ah oui ? vous étiez célèbre ? désolé, je ne crois pas me souvenir de vous...répondit-il, embarrassé.

« C’est très malpoli de regarder les gens comme ça. Vous avez un problème avec les asiatiques ? » Oh, le coup du cri au racisme était bien joué, Jesse n'avait pas imaginé une seule seconde qu'il l'utiliserait. Vraisemblablement cela avait bien fonctionné puisque les personnes s'en étaient retournées, visiblement embarrassées d'avoir été prit pour des racistes. Pour être tout à fait honnête, l'acteur s'en voulait un peu d'avoir recourt à ce genre de méthodes mais il ne tenait vraiment pas à être reconnu aujourd'hui, faire un break de temps en temps était essentiel pour lui, non pas que ses fans le fatiguait mais signer des autographes et prendre des photos à chaque fois qu'il sort de chez lui devenait très contraignant, même pour lui qui pourtant détestait décevoir ses fans. « Ma chérie, prends la main de tonton Jay Jay s’il te plait. On y va.» Attendri par la petite fille, Jesse lui adressa un sourire avant de prendre sa petite main frêle. « Viens tonton Jay Jay ! [...] Où le mène-t-on manger ? [...] Japonais, à la maison.» Surprit par la discussion, le vingtenaire se dit que le père et sa fille semblaient bien mieux acteurs que lui ne l'était, jusqu'à inventer un repas commun...« Suis-moi. J’espère que tu aimes la nourriture japonaise.» Une mine surprise vint alors se dessiner sur son visage.

— Ah, vous étiez sérieux ? s'exclamait-il. Oui, j'adore manger japonais mais je ne voudrais pas vous déranger, vous m'avez déjà bien assez aidé...

Devant la gentillesse de l'homme, Jesse finit alors par accepter l'offre et s'en suivait alors une commande dans un restaurant japonais. Certainement l'une des meilleurs cuisine qu'il avait pu goûter à ce jour et croyez-moi, il en avait découvert des plats étrangers! Se contentant alors de sushi et de riz vinaigré, l'acteur pénétra avec timidité dans la demeure de l'inconnu. « Fais comme chez toi. Ici tu n’as pas besoin de déguisement.» La remarque le touchait, l'apaisait même. Il sentait qu'ici, il pouvait se détendre sans se préoccuper du monde extérieur. Cela semblait peut-être exagéré aux yeux d'autrui mais oui, sa renommé était très pesante.

— Merci beaucoup, vous êtes attentionné. ajoutait-il.

Découvrant alors la demeure de son interlocuteur, Jesse se disait que l'intérieur était somptueusement décoré, peut-être allait-il s'en inspirer pour chez lui. Alors invité à s'asseoir à table, Jesse ôta ses lunettes de soleil pour les mettre dans sa veste qu'il enleva à son tour pour la poser sur le porte-manteau. Assis, prêt à manger, le jeune homme s'était fait une réflexion qu'il aurait dût avoir bien plut tôt mais qui, sur le coup du stress, ne lui avait pas traversé l'esprit.

— Oh, je suis bête! je ne vous ai même pas demander comment vous vous appelier! s'étonnait-il. Moi c'est Jesse, ou Spidey pour les intimes! plaisanta t-il. Et vous ?

« C’est normal que vous ne me connaissiez pas. Je ne suis pas connu aux Etats-Unis. [...] Donc je sais ce que c’est de vouloir passer inaperçu.» Ceci explique donc cela. Jesse avait entendu parler de ce phénomène au Japon et en Corée, ces boys-band asiatiques qui en faisait craquer plus d'une. Honnêtement il les admirait, connaissant le rythme de travail des japonais -dont il s'était rendu compte durant ses nombreux voyages il ne pouvait qu'imaginer l'épuisement qu'il devait avoir endurer au fil du temps. Cependant, un petit détail dans sa phrase l'avait étonné, avait-il bien prononcé le prénom Misha ? LE Misha avec qui il s'amusait à rendre plus agréables les fêtes mondaines d'un ennui monstre ? Voulant en être persuadé, le vingtenaire fixa son interlocuteur.


— Misha...on parle bien du même Misha, Misha Lukasz ? Vous le connaissez ? Moi aussi, on est amis...c'est dingue!

L'expression le monde est petit prenait tout son sens. « Pour le racisme et l’oncle non. Mais pour le repas oui. Vous ne nous dérangez pas du tout. Ça c’était normal de vous aider.» Oui, sa gentillesse et son hospitalité l'avait étonné car ici, le nombre de gens aussi attentionné était malheureusement bas. Sans exagérer, la vie New-Yorkaise est une vie de jungle, chacun pour soi, certains sont plus aimables que d'autres mais le rythme effrainé de la ville étant ce qu'il est, il était bien difficile de croiser des personnes comme lui. Après, et c'est important de le préciser, sa notoriété l'avait aidé de ce côté là et la plupart des gens le respectait, d'autre non, ceux que l'on appelle plus communément les haters, ceux qui te traite comme si tu étais le pire des acteurs, celui qui détruit tout le mythe Marvel...il en avait rencontré des comme ça et je peux vous jurer qu'eux ne l'invitait certainement pas à manger comme son interlocuteur l'avait fait.


— Et bien merci c'est gentil. répondit-il simplement d'un ton reconnaissant.

« Tu peux me tutoyer tu sais. Même si je suis plus vieux que toi, ça ne me dérange pas. Et puis on aide toujours les stars en détresse pas vrai Sakura-chan ? C’est elle qui a choisit le lieu pour manger. -Oui ! C’est mieux comme ça non ? » L'acteur adressa un sourire à la petite fille. Cette dernière était vraiment adorable, tout comme l'étaient les nombreux enfants qu'il avait pu rencontrer à l'hôpital et à ses premières. L'avantage avec eux c'est qu'ils disent ce qu'ils pensent sans trop réfléchir, la plupart sont honnête et voir leurs yeux qui brillent lorsqu'ils voient Spider-man en vrai pour la toute première était certainement l'une des meilleures récompenses que pouvait avoir Jesse.


— D'accord tutoyons-nous! C'est vrai que c'est mieux comme ça. avait-il dit.

« Enchanté ! Moi c’est Rin et voici Sakura.» Jesse avait toujours trouvé que les prénoms japonais avait un certain charme, son petit côté otaku faisait aussi qu'il appréciait énormément leur culture et avoir un ancien membre d'un groupes d'idoles japonais en face de lui l’intéressait énormément. Bien sûr il n'allait pas embêter son interlocuteur avec sa passion pour son pays d'origine mais il devait bien avouer qu'il était curieux, nul doutes qu'une fois chez lui il allait faire une petite recherche google pour en savoir plus sur son hôte.


— Enchanté! lança t-il simplement. Ça n'a quand même pas du être simple pour toi d'être idole au sein d'un groupe au Japon. Du peu que je sache, vous travaillez énormément en ayant que très peu de repos...

« Oui je parle de ce Misha. Bien sûr que je le connais. C’est mon meilleur ami.» Le jeune homme n'émit aucun son, bien trop surpris pour ça. Son meilleur ami, rien que ça! Jesse avait été parfois confronté aux coïncidences mais des comme celles-ci, jamais. Il faut dire que dans une ville comme New-York, peu de choses dans ce genre arrivent. « Tu t’intéresses au Japon ? » Oh ça oui il s'y intéressait. Depuis tout gamin il aimait la culture japonaise! À son adolescence il s'était même surpris à être déçu de ne pas y être né! C'était avant tout son père qui l'avait fait aimer ce pays, ce dernier avait ramené une multitude de souvenirs du pays du soleil levant lors de ses nombreux voyages, tellement que Jesse passait des heures à les contempler sans s'en lasser une seule seconde. « Après j’ai toujours voulu être une idole. [...] Maintenant c’est à eux de l’avoir.»

— Oui je m'y intéresse depuis tout gamin! Et puis avec tout mes déplacements professionnels, j'ai appris à connaître le Japon et les Japonais un peu mieux, je suis amoureux de ce pays. avouait-il avec sourire. C'est sûr, je peux comprendre! Il y a un temps pour tout, puis préserver ses enfants du monde du divertissement est essentiel aussi j'imagine. continuait-il.

Ah, la célébrité...il la vivait plutôt bien pour le moment, il en était même très reconnaissant, c'était tout ce dont il avait rêvé! Mais oui, il y a un temps pour tout et le jour ou l'envie lui prendra d'avoir un enfant -ce qui est très loin d'arriver malgré son affection pour ces derniers, pas sûr qu'il veuille continuer d'être autant médiatisé, par respect pour sa progéniture. Après, le vingtenaire ne se savait doué que pour ce métier et pour lui rien d'autre ne le passionnait autant que jouer la comédie, qu'incarner un autre personnage, de s'évader un peu de la vie réelle le temps d'un tournage, difficile de trouver donc une autre voie que celle-ci. « Je chante toujours. Mais plus sur scène. Les américains ne comprendraient pas le japonais. De toute manière je ne veux plus de la célébrité. J’ai trouvé ma place.» Il n'avait pas tout à fait tort, les américains, bien qu'ouvert à bien des styles musicaux, n'auraient malheureusement sans doutes pas comprit cet univers. Cependant le jeune homme était persuadé qu'ici-même il devait avoir tout de même bien des fans! Des fans américain(e)s qui, par manque d'argent et de moyens, n'ont jamais pu le rencontrer.

— Je peux comprendre ça. C'est difficile d'être sans cesse confronté à la célébrité, aux caméras, aux tabloïds tout ça...il m'arrive parfois d'en avoir par dessus la tête...avouait-il. Enfin, si tu as trouvé ta place, tant mieux! Tu t'es reconverti dans quoi du coup ? Toujours dans le domaine de la musique ?

« D’accord ! Et tu parles japonais ? Ça dépend des personnes mais pour moi c’est essentiel. C’est pour ça que j’ai attendu avant d’adopter Sakura.» Oh, donc cette petite fille était adoptée ? Leurs liens semblaient tellement fort qu'il ne s'en serait pas douté une seule seconde! Quant au japonais, non, il ne le parlait pas couramment, il comprenait cependant quelques phrases et pouvait se présenter facilement. Ses nombreux voyages lui avait ainsi permis d'apprendre les bases de quelques langues, sa meilleure amie interprète l'aidait d'ailleurs aussi énormément de ce côté là! Grâce à elle il avait soif d'apprendre et pouvait ainsi échanger plus facilement avec ses fans étrangers, bien que cela ne restait que quelques banalités du genre "Bonjour, tu vas bien".

— Oh, je connais les bases grâce à mes nombreux voyage au Japon mais de là à dire que je parle japonais, non. Mais j'adorerais apprendre par contre! répondit-il. Oh, d'accord! s'exclamait-il, ne sachant que répondre de plus.

« C’est ça. Le problème au Japon c’est que les idoles n’ont pas le droit d’avoir de relation amoureuse. [...] Surtout qu’au début je n’étais pas idole et elle oui. Et quand elle a été gradué de son groupe, c’est moi qui suis devenue idole.» Ah Jesse en avait entendu parler de cette stupide condition. Cette dernière n'était pas appliquée dans les pays américains, africains et européens et les célébrités n'en pâtissait pourtant pas! Les japonais sont vraiment extrêmes de ce côté-là, elles doivent bien souffrir ces idoles, devoir sans cesse se cacher pour rencontrer l'élu(e) de leur cœur, y a de quoi péter un câble. « Reconverti est peut-être un grand mot. [...] La seule chose que je savais faire était de chanter… mais pas en anglais. Finalement je suis compositeur de musique de film.» Oh, beau métier ça aussi! l'acteur avait rencontré certains compositeurs et avait été admiratif de leur talent.

— C'est dingue cet interdit d'être en couple quand même, ça n'a pas dû être facile pour vous deux! s'étonnait-il.Oh c'est un beau métier, j'suis curieux d'entendre ce que tu as pu composer! répondit-il.

« Donc non je n’ai pas quitté le domaine de la musique. En même temps je ne peux pas. Tout comme je n’ai pas arrêté de chanter, même si la scène me manque un peu de temps en temps. Quand on trouve son domaine on n’a pas envie de le quitter. Je pense que ça te fait un peu la même chose en étant acteur non ? » C'était exactement ça. Jesse ne se voyait pas quitter le domaine du cinéma, si un jour il est dans l'incapacité de poursuivre son métier d'acteur, il deviendra certainement producteur de films, il ne savait toutes manières faire que ça.

— Oui c'est la même chose, je ne suis doué que dans ce domaine, être acteur c'est ma vocation, j'me vois pas faire autre chose que ça.

« Oh d’ailleurs en fin d’année, je participe au concert de mon groupe avec Misha au Japon. T’as qu’à venir nous voir si tu veux.» Oh, évidemment qu'il irait les voir, il était même plus que partant! Jesse était mauvais chanteur mais s'il avait pu être bon dans ce domaine, pour sûr qu'il aurait fait ce métier! Se dépenser sur une grande scène, avoir une belle voix, composer des musiques et en inventer les paroles, ça avait de quoi attirer! Le vingtenaire était cependant plutôt doué dans son domaine et ne changerait aujourd'hui cela pour rien au monde.

— Bien sûr que j'y serais! Je veux voir ça! s'exclamait-il. Je pourrais avoir tes coordonnées ? que je puisse être au courant des dates précises! demandait-il. Puis, comme ça je pourrais aussi t'offrir un petit quelque chose pour m'avoir aidé aujourd'hui, et ne dit pas non, j'y tiens.

« Si tu veux je peux t’apprendre que ce soit pour la langue ou tout ce que tu veux savoir sur le Japon.» Lui apprendre la langue ? Jesse en serait ravi! Lui qui avait toujours rêvé de se faire comprendre au pays du soleil levant sans passer par un interprète! Non pas qu'il n'appréciait pas ce métier et les avantages d'en avoir un à ses côtés, après tout il avait une amie traductrice qui l'accompagnait dans la plupart de ses grands déplacements, mais à choisir, il préférait de loin dialoguer directement avec ses fans étrangers. Ces derniers étaient particulièrement adorables au Japon par ailleurs! Autant les hommes sont très fans, parfois dans l'excès, l'acteur avait de nombreuses fois aperçu certain d'entre eux avec des costumes tellement réalistes qu'ils semblaient tout droits venus des films, autant les femmes sont très expressives et tout autant dans l'excès! Sans vouloir s'en vanter, Jesse avait l'habitude que l'on crie dès son apparition, c'était ainsi toutes les fois où il se présentait en public, or là c'était un tout autre level! Les japonaises ont le don de vous briser les tympans avec leur "kyaaa" qui ne s'arrête jamais. Il lui suffisait de croiser leur regard pour qu'elles s'écrient de plus belle! Il lui était même arrivé parfois que quelques unes le demande en mariage, le suive jusque dans son hôtel, dans tout ses déplacements dans la capitale, bref, des stalkeuses. Bien sûr, malgré la peur que ça lui avait provoqué, il fallait bien avouer qu'il avait un petit faible pour ces dames, leur comportement chastes à l'opposé des américaines -sans vouloir tomber dans le cliché avait quelque chose de séduisant, la curiosité le piquait parfois et l'idée de coucher avec l'une d'entre elle ne le rebutait pas, bien au contraire.

— Oh j'serais hyper heureux de pouvoir en apprendre plus sur la langue! J'ai longtemps hésité à prendre des cours de japonais mais j'ai jamais trouvé le temps de le faire.

Oui, son métier l'accaparait tellement qu'il n'en avait jamais trouvé le temps. Une fois que les promo pour son nouveau film seront terminées peut-être allait-il s'y intéresser de plus près. « C’est lui qui m’a trouvé et qui m’a emmené à l’orphelinat.» Ne cachant pas sa surprise, le jeune homme contempla la petite fille qui lui semblait très mûre. Le britannique en avait rencontré des enfants à l'orphelinat, pour y distribuer des jouets Marvel déguisé en Spider-man dans le cadre de la promotion de son premier film, et leur histoire l'avait beaucoup touché, tellement que dès que son compte en banque s'était bien renfloué, il leur avait fait un don, permettant ainsi aux enfants de pouvoir partir en vacances comme il se doit. « Sakura te fait confiance et elle veut que je te raconte son histoire. Je l’ai trouvé dans la rue quand elle avait 2 ans. Ses parents venaient de l’abandonner. Comme je n’avais pas les moyens de m’en occuper je l’ai mené à l’orphelinat où j’ai grandi. Depuis elle ne fait confiance qu’à moi.» L'abandon, voilà une chose qu'il n'avait jamais comprit et qu'il dénonçait haut et fort. Bien sûr il ne pouvait se mettre dans la situation des parents, les juger n'était pas de son ressort, après tout beaucoup d'entre eux ne le faisait que dans le but d'assurer un réel avenir pour leur progéniture, se sachant eux-même incapable de leur offrir une vie saine. Ceux-là, qui respectaient les lois et assumait leur choix pour le bien-être de leur enfant, Jesse les comprenaient, il n'approuvait évidemment pas l'abandon mais dans ces circonstances, il serait difficile d'en débattre. Cependant il y avait aussi ces parents, ceux qui comme les géniteurs de la petite Sakura, abandonnait leur enfant dans la rue, seul, sans endroit où aller, ils les laissaient ainsi à leur propre sort tout en les sachant incapables de prendre soin d'eux-même de part leur jeune âge. Non, décidément, il ne cautionnait pas du tout ces gestes-là, s'ils sont à ce point incapable d'assumer un bébé, qu'ils aillent s'acheter un f*cking préservatif!

— Mon Dieu...commençait-il. J'étais loin de m'imaginer ça, vous avez l'air tellement fusionnels, c'est beau à voir.

Leurs regards complices, les sourires qu'ils s'échangent...ils ne semblaient pas avoir besoin de mots pour se comprendre, il en avait vu peu des relations parent-enfant aussi fusionnelles, et cette dernière était sans doutes au plus haut du classement! « La vie d’idole ou de star n’est jamais facile. Si j’avais voulu une vie tranquille j’aurais fait fleuriste. Quand j’ai signé pour être idole je connaissais les règles. Parfois il faut aussi savoir imposer les siennes. Je suis allé voir le directeur et je lui ai dit d’officialiser ma relation sinon je partais. Personne ne dirige notre vie mieux que nous. C’est ce que j’ai essayé d’apprendre à Ryota, mon successeur en tant que leader, avant de partir.» Subir autant de pression à longueur de temps, le vingtenaire n'en aurait sans doutes pas été capable! Quand bien même il fallait s'imposer, les règles n'étaient sans doutes pas toutes transgressables et être autant dicté, autant surveillé sur chaque faits et gestes l'aurait fait fuir, pour sûr! Jesse tenait bien trop à sa liberté.

— Je confirme, ce n'est pas facile d'être célèbre. Mais je te tire mon chapeau, avoir le courage de s'imposer dans une société aussi stricte et dans un milieu aussi complexe, ça n'as pas dû être facile tous les jours.

Puis Jesse accepta l'invitation de son éventuel nouvel ami. Il lui faudrait vraiment réfléchir à un cadeau de remerciement pour lui mais également pour la petite qui, ne l'oublions pas, l'avait bien aidé malgré son jeune âge. « Voilà mon numéro. De toute manière si je dis non, quelque chose me dit que tu m’offrira quand même quelque chose, je me trompe ? » Attrapant le bout de papier, l'anglais le rangea avec délicatesse dans sa poche pour finalement donner à nouveau attention à son interlocuteur qui, vraisemblablement, l'avait bien cerné.

— Non, tu as raison. J'ai pour habitude de remercier les gens qui m'ont aidé, ça me paraît tout à fait normal.

Il s'y sentait même obligé parfois, parce que l'acteur ne dormait jamais vraiment sur ses deux oreilles tant qu'il se sentait encore redevable envers quelqu'un. « Qu’est-ce que je joue ? Ou qu’est-ce que je chante ? » Alors que la petite quémandait de la musique, son père était parti chercher sa guitare puis, quelques secondes plus tard, commençait déjà à gratter quelques notes. L'acteur avait toujours trouvé les guitaristes particulièrement cool, savoir jouer un instrument est vraiment stylé, avouons-le, mais la guitare rendait ses propriétaires tellement passionnants!

— Je suis partagé entre écouter l'une de tes compositions ou t'entendre chanter l'un de tes anciens solo, je suis curieux. Avouait-il. Laissons mademoiselle décider tient! s'était-il exclamé en fixant la petite demoiselle de ses yeux noisettes.