C'est le chaos dans ton esprit. Tu ne comprends pas. Tu n'arrives à rien assimiler. Au départ, tu ne faisais que profiter d'une petite journée de congé. Enfin, tu étais sur appel toute la journée, mais en voyant que vers quinze heures tu n'avais rien reçu, soit l'heure de fin pour les gens sur appel à moins d'une urgence, tu pouvais donc te dire que tu pouvais profiter du reste de ta journée. Journée paisible en prévision jusqu'à recevoir des réponses de l'agent de Wyatt. Conversation qui prend une tournure dont tu ne sais comprendre réellement. Elle te met en garde, la jeune femme. Elle te met en garde contre ton petit ami, te disant qu'il finirait par te larguer comme il le fait avec tout le monde. Puis ça empire, elle te parle de secrets, de cette française et pour combler le tout, tu te prends la tête avec l'acteur. Ça te file la nausée, tout va de pire en pire. Au final, il coupe la conversation pour aller à sa fête.

Stupide fête.

Toi qui avait déjà la crainte qu'il soit en train de te tromper via les commentaires de l'agent, le voilà à poster une demoiselle qui se roule les fesses contre ton petit ami. Et il en rigole, Wyatt. Complètement défoncé, la panique grimpe au fur et à mesure qu'il t'écrit. Rien ne te laisse savoir qu'il ne va pas la mettre dans son lit et le coeur palpite, April. Tu ne demandes pourtant pas grand chose, tu veux simplement qu'il te soit fidèle. Edward prend le téléphone d'Every au pire moment et le voilà à t'envoyer une photo de l'acteur en sous-vêtement, à se trémousser devant tout le monde. Tu ne sais pas ce qui va se passer. Tu t'en fous, au fond, qu'il s'amuse. Tu veux juste qu'il reste à toi et quand Edward te dit qu'il l'a embrassé passionnément, que ça n'a rien à voir avec leurs baisers pour les médias, c'est le coup de grâce. Ton univers s'écroule sous tes pieds et tu te dis qu'un bain, c'est une bonne idée. Ça te changera les idées. Tu amènes avec toi deux bouteilles de vin, parce que tu veux boire pour faire comme si tu n'avais rien lu.

L'esprit qui tourbillonne vers ces pensées noires, vers celles que tu tentes de combattre chaque fois que ça ne va pas. Elles se font malicieuses, enveloppent ton esprit alcoolisé et tes doigts trouvent cette lame pour faire une incision quelque part sur ton poignet. Tu ne remarques pas où réellement, le regard embrouillé par les larmes et tu soupires, tu t'en veux, tu presses ta tête au carrelage froid et tes paumes à tes yeux fermés. Tu es fâchée, déçue, April. Contre toi-même plus que tout le reste. Tes doigts agrippent ton téléphone et tu réponds à Luca. Tant pis pour la coulisse de sang contre ton bras. Rien à battre. Tu veux lui parler, lui écrire. Sauf que les pensées retombent vites vers Wyatt et tout le reste. Parce que tu l'aimes, l'acteur. C'est bien ça le problème. Tu n'es jamais tombée aussi vite amoureuse de quelqu'un. Les doigts retrouvent indéniablement la lame déjà rouge qui traine au bord du bain et tu fais une seconde incision, le visage humidifié de larmes désormais.

L'alcool engourdit le mal, mais ton esprit te fait pourtant un signal d'alerte. Malgré que tu passes ton bras dans l'eau, ça ne cesse pas de couler. Et ça coule, ça coule, sans cesse. Tu as merdé, April, tu le sais. « Merde! » Tu puises dans tes forces pour arriver à te relever de la baignoire. Tu dois t'y prendre par deux fois parce que tu retombes le premier coup et que dire de lorsque tu sors enfin de la baignoire? Tu as bu, April, et ça te frappe d'un seul coup alors que tu perds équilibre. Tu t'accroches au lavabo, tachant celui-ci par la même occasion comme ton rebord de bain. Comme la poignée de ton armoire que tu ouvres avec ta main parsemée de sang à cause de la lame, à cause que tu as tenté de cesser la plaie avec la même main. Tu agrippes le petit bac de premiers soins, les mains tremblants, les gouttelettes s'accumulant sur le sol froid. Mauvais geste, tout se vautre au sol et tu agrippes ta serviette après un second juron. Tu as froid, April, alors tu t'enroules dans la serviette pour finalement en prendre une petite qui traine sur la tablette de l'armoire. Tu presses, compresses, la tête qui tourne et le coeur qui s'affole. Tu te laisses finalement glisser, semi-tomber contre le sol, dos pressé au bain à côté de tes bouteilles de vin et dans un dernier geste paniqué, les doigts tremblants trouvent le moyen de pianoter l'écran du téléphone jusqu'à Luca et lui lancer un appel à l'aide. Parce que tu as besoin de lui, parce qu'il saura quoi faire, parce que tu as trop bu pour arriver à trouver la solution toi-même. Tu as merdé, April.

Au fond de toi, au travers de ces méandres d'alcool et de panique, tu t'en veux de déranger ainsi Luca. De le faire venir à ton appartement une seconde fois avec la douleur au coeur. Tu n'aimes pas déranger, tu as horreur de ça. Tu sais qu'il a sa propre vie bien à lui, bien occupée et chargée. Sauf que tu as besoin de lui. Maintenant plus que jamais. Parce que c'est le bordel dans ta tête, parce que tu ne sais pas ce qui se passe de l'autre côté et les mots tourbillonnent. L'alcool se glisse dans tes veines, dans ton corps, t'intoxique petit à petit alors que tu prenais un bain, alors que tu cherchais à te changer les idées. Le vin glisse sur ta langue et au final, c'est la lame qui écorche ta peau. Une fois, trop peu, pas assez pour le mal que tu as à l'immédiat. Ça tambourine dans ta tête, tu échanges quelques textos avec Luca à force de boire et au final vient le coup fatal. L'alcool rend le sang plus fluide, la coupure est trop profonde pour que ça ne saigne un peu comme le coup précédent. Tu as peur d'avoir accroché quelque chose de vital, mais au fond, c'est simplement ton esprit alcoolisé qui te fait paniquer ainsi. Tu as vu le sang coulé et tu as imaginé le pire.

La porte de la salle de bain est entrouverte parce que tu es seule dans l'appartement et tu croyais fortement que ça ne servait à rien de la fermer. Pourtant, la vue sur le vide de la pièce à côté te semblait étrange, moins privé, alors tu as entre-fermé la porte. Tu t'es laissée étalée le dos contre le bord du bain, le corps tremblant sous la panique, le regard autant perdu et triste à la fois. Tu ne sais pas si la serviette aide, tu ne veux pas baisser les yeux. Tu ne veux pas regarder. Tu entends cogner à ta porte, puis un bruit de clé. Tu as envie d'ouvrir les lèvres et lui dire que tu es là, mais rien ne sort. Tout bloque. Le regard se perd sur l'état de la salle de bain, sur le sang que tu as mis un peu partout en tentant d'atteindre ton armoire pour prendre d'abord les premiers soins, puis la serviette. Puis, tes iris effleurent des chevilles, des pieds qui s'approchent après s'être figés. Luca. Tu avais demandé à Luca de venir. Comme si tu l'avais déjà oublié pendant un instant.

Les mains se posent à tes épaules encore mouillé par tes cheveux qui dégoulinent contre ta peau nue et c'est suffisant, avec la voix qui s'amène à tes oreilles, pour ramener le regard vers lui. Tu hoches légèrement la tête, c'est probablement à peine visible, la respiration encore tremblante. Et il te serre dans ses bras, Luca. Il te serre contre lui tandis que toi, tu resserres ta prise sur la serviette que tu tiens contre ton poignet, enfouissant ta tête dans son cou. « J'suis désolée. » La diction n'est pas aussi claire qu'à l'habitude parce que l'alcool est encore en toi, la bouche est encore un peu pâteuse et la voix un peu tremblante. Tu t'excuses, mais tu ne sais même pas pourquoi en réalité. De l'avoir fait venir ici? De t'avoir ouvert le bras? D'avoir bu? De l'avoir dérangé avec tes sms? Tu ne sais pas. Peut-être un peu de tout, finalement. Tu ne sais même pas si, alors que tu trembles contre lui, c'est de peur ou de froid. « N-non. Veux pas mettre du sang partout... » Parce que évidemment que ta priorité sur le coup, c'est de ne pas faire couler le sang de la salle de bain jusqu'au salon. Tu inspires, encore prise de cette respiration ébranlée, chevrotante, quand finalement tu craques. Tu craques sous les diverses émotions. Les larmes quittent tes paupières fermées et ta gorge se serre. « Le sang... Le sang Lu'... J'veux que ça arrête... » Et tes pleurs semblent se faire plus présents, le corps toujours tremblotant comme la main qui resserre encore le tissu qui s'imbibe de sang au fur et à mesure, petit à petit. T'as peur, April. Tu sais que tu as merdé. Ce n'est pourtant pas ta première coupure, mais c'est sans doute ta plus profonde jusqu'à présent. C'est sans doute la première fois où tu perds le contrôle sur la suite. Et tu ne saurais pas être plus reconnaissante de la présence de Luca qu'à l'immédiat.

L'esprit est flou, trop flou. Embrouillé, perdu quelque part dont tu ne saurais identifier. Les pensées tournent, se mélangent, se confondent. Tu te perds dans un océan de négativité sans même que tu ne le réalises jusqu'à commettre le geste fatal. Ce n'est pas une tentative de suicide, pourtant. Tu le sais bien. Tu n'es pas comme ça, April. Tu tiens à la vie, qu'importe la négativité qui peut se propager par moment. Ce n'est pas pour rien que tu consultes de nouveau. Ce n'est pas pour rien que tu prends des médicaments. Tu veux pouvoir t'en sortir. Tu n'es pas prête à abandonner ce monde. Sauf que parfois, ça dérape. Quand le négatif est trop présent, tu paniques, t'enfermes dans une bulle et la douleur s'intensifie. Et c'est comme ça que tu te retrouves à faire le coup fatale, sous l'alcool coulant dans tes veines. C'est comme ça que tu te retrouves à demander de l'aide à Luca. Parce que c'est flou dans ta tête. Parce que tu t'enfermes sur les messages textes que tu as échangés avec Wyatt, puis Edward. Il a un enfant et la tromperie est supposée. Tu ne demandes pas grand chose, pourtant. Qu'un peu de fidélité. Qu'il garde ses lèvres pour toi même quand tu n'es pas là. Rien à foutre qu'il se met nu devant les autres: Tu veux simplement qu'il se réserve pour toi. Sauf qu'à lire ces messages, ça semble compliqué et tu ne sais pas que le pire va arriver à la fin de cette soirée. Toi, plutôt, tu laisses tout de côté afin de tenter de faire cesser le sang qui coule.

Luca est là. Alors tout ira bien.

Il t'enlace et ça réchauffe un peu ton corps. Corps tremblant autant de froid que de peur, tandis que la chaleur de l'eau du bain te quitte. Normalement, tu serais déjà en pyjama, au chaud, à sécher tes cheveux. Mais pas ce soir. Non, tu n'es que là en serviette qui s'imbibe au fur et à mesure et le froid vient mordre ta peau. Le corps de Luca devient alors une protection contre le froid ambiant de ton corps encore humide, de tes cheveux qui dégoulinent sur ta peau tes épaules dénudées dans des gouttelettes froides. Puis tu t'excuses. Tu ne sais pas quoi dire de plus. Tu t'excuses de tant de choses. De l'avoir fait déplacer, de l'inquiéter, d'avoir fait une connerie. Tout et rien à la fois. C'est plus fort que toi, tu es comme ça. Tu le sais, le ressens, dans sa voix. Et tes pensées ne parviennent pas à faire autre chose que ça, intoxiquées par l'alcool. Il te serre contre lui et tu enfouis ta tête à son cou et tu tentes de te concentrer que sur ça, uniquement sur ça, sauf que tu n'y parviens pas. Non, tes doigts serrent la serviette à ton poignet et tu ne peux pas accepter quand il demande à aller au salon avec toi. Non, tu allais autant imbiber le salon de sang comme d'eau, mais tu voulais surtout voir le sang cesser de couler. C'est tout ce qui te venait en tête. C'était là, la plus grande panique. De voir ce liquide rougeâtre qui ne cesse de couler. Du moins, c'est la seule image qui te reste en tête quand tu as porté le geste. Puis c'est plus fort que toi, la peur qui redescend t'amène alors à pleurer dans les bras de ton meilleur ami. La gorge est serrée, la voix nouée et au fur et à mesure, les sanglots s'amènent. Et en réponse, il te serre davantage contre lui, frotte ton dos encore plus. Ce n'est pas pour rien que tu l'as nommé ainsi dans ton téléphone. C'est ton superhéros à toi. Rien qu'à toi. Tu tentes de prendre de plus grandes respirations, le corps tremblotant toujours. Il se décolle et tu te laisses faire, trop faible, trop ivre, pour combattre et rester dans ses bras. Les larmes sont chaudes, brûlantes alors qu'elles roulent à tes joues. Il remonte ses mains jusqu'à celles-ci et tu ne parviens pas à le sentir trembler. Parce que tu ne ressens que ton corps à l'immédiat. Tu hoches la tête à ses paroles. Il est là, tout ira bien, il reste avec toi et va te soigner. Tu détestes être aussi dépendante, toi qui est tout l'inverse en temps normal. Mais quand ça ne va pas, ça devient tout l'inverse. Tu as besoin de lui. Besoin de ton héro. « Est-ce que tu peux rester à dormir? » La bouche pâteuse et pourtant, la gorge persiste à rester nouée. C'est quasi demandé avec hésitation alors qu'au fond, tu sais bien qu'il ne dirait pas non à moins d'avoir quelque chose d'important. Tu tentes d'essuyer tes larmes contre ton épaule pour ne pas relâcher la serviette pendant qu'il attrape la trousse, pressant ta tête contre le mur par la suite.

La serviette se retire finalement pour dévoiler les plaies, que deux heureusement, dont une plus prononcée. Tu n'oses pas regarder. Au début, tu serres les doigts quand il tente de retirer le tissu, mais tu abandonnes bien vite, le laissant faire. Tu fixes le vide, plutôt. Quelques secondes du moins avant de ramener tes iris sur ton meilleur ami. Tu l'observes, regardes ses traits, ses yeux. Tu laisses une petite plainte quitter tes lèvres quand le désinfectant atteint la plaie. L'alcool atténue le mal, heureusement, mais ça ne t'empêche pas de trouver ça aussi désagréable qu'en temps normal. Tu soupires, fermes les yeux, serre les paupières. L'espace d'un moment du moins, jusqu'à ce que la voix de Luca revienne à tes oreilles. C'est un regard triste qui revient vers lui, hochant encore un peu la tête. « Oui, j'en ai gardé. » Le coin de tes lèvres se tirent, à peine visiblement. Tu baisses finalement ton regard vers ton poignet et le regard s'attriste de nouveau. Tu soupires, agrippant l'une des bouteilles de vin qui n'était pas encore terminée afin d'en prendre une gorgée. Tu as déjà assez bu, pourtant, mais ça te semble nécessaire. « J-je l'emmerde tu sais. » Ce timbre de voix plat et triste à la fois. L'ivresse et la douleur qui se mélangent. « Wyatt. » Que tu précises, comme si Luca ne savait pas de qui tu parlais. « Je l'emmerde... T'sais qu'il a roulé une pelle à Eddy? Qu-.... Qu'm'a dit que c'serais mieux qu'ils couchent ensemble qu'vec une inconnue? » Parce que tu lui avais parlé que du gamin et que Luca ne sait pas toute la situation autour, toute la discussion que tu as eu avec Wyatt, avec Edward par la suite. Les yeux sont humides à nouveau, mais aucune larme ne coule cette fois. Les pupilles sont fixées sur l'évier désormais, alors que tu reprends une gorgée du vin tiède désormais, grimace un peu sous cette constatation et dépose la bouteille au sol à nouveau. Tu ne sais même pas si Luca a terminé de soigner, quand tu bouges. Tu n'y portes même plus attention cette fois. Tu te bouges lâchement afin de mieux t'allonger, afin de poser ta tête contre la cuisse de l'agent. Tes pieds accrochent la bouteille de vin, celle de vide heureusement, mais tu n'y fais même pas gaffe. Tu veux juste te coller contre l'italien, un point c'est tout, malgré le sol froid.

Tu n'aimes pas être dans cette position, situation. D'être là, la mine basse, les traits meurtris par la douleur et la tristesse. D'être vulnérable devant ton meilleur ami et ainsi l'inquiéter. Autant c'est celui devant qui tu n'as pas honte d'être ainsi, tu ne veux pas le blesser, lui faire de la peine. Tu ne veux pas qu'il s'inquiète pour toi. Tu n'aimes pas ces situations, ces problèmes. Pourtant te voilà, par terre, saoule, le poignet en sang et ton hémoglobine délaissée ici et là en tentant d'atteindre la trousse, en tentant de sortir du bain. Et tu le vois dans ses traits, malgré l'alcoolémie. Tu le vois que tu le chagrines et ça te presse un peu plus contre la poitrine. Malgré tout, tu lui demandes de rester, d'être avec toi, de passer la nuit à ton appartement. Parce que c'est peut-être une évidence, qu'il reste, mais pour l'instant tu ne le constates pas. Alors tu te bases plutôt sur sa réaction, sur cette approbation qui te fait faiblement sourire. « Promis? » C'est tout bas, comme phrase, comme question, celle-ci ayant quitté tes lèvres sans même réfléchir.

Tu agrippes la bouteille puis déferle lentement ta haine hésitante. Tu bouges un peu le poignet quand il nettoie, quand il atteint des parties qui te brûle un peu plus. L'alcool atténue la douleur, mais ne l'enlève pas entièrement. Par moment, le désinfectant te fait réagir malgré toi et un rire court, pourtant pas joyeux, se siffle hors de tes lèvres quand il confirme qu'il l'emmerde aussi. Tu continues de râler, dévoile les paroles qui auront été dites ce soir dans les messages. Une autre gorgée, trop tiède, te fait grimacer. « Le vin est fini. » Que tu réponds quand tu présumes qu'il te demande d'arrêter de boire, un peu boudeuse. Paroles qui ne font pas exactement de sens, peut-être. Fini parce qu'il n'est plus à bonne température pour être bu. Fini parce que tu n'en veux plus.

Le bandage se termine heureusement de justesse tandis que toi, tu décides que tu veux changer de position. Tu veux te coller à Luca et tu t'imposes contre sa cuisse, tête aux cheveux encore trop mouillés s'y calant. Le sol est froid et te fait frémir un peu, mais tu ne veux pas bouger. Tu ne veux pas aller t'habiller, pas tout de suite. Non, tu veux rester là contre ton meilleur ami. Il caresse tes cheveux et tu fermes les yeux un petit instant, te laissant soupirer. La main se termine contre ta joue et ta main s'amène contre la sienne pour la serrer sans réelle force. « Non... Oui. J'sais pas. » Tu hésites, te perd un peu, resserre un peu plus tes doigts contre sa main. Puis c'est un autre soupire, tes iris observant les tâches de sang que tu as laissé contre la baignoire en tentant d'en sortir. La main prend possession de la sienne pour distraitement jouer avec ses doigts désormais, à deux mains. « Il est probablement en train de coucher avec quelqu'un à l'heure qu'il est... » La voix toujours aussi molle, aussi triste, les pupilles s'embrouillent un instant pour mieux se reconcentrer sur la main de Luca. « On s'est pris la tête avant sa soirée. Mais c'est à cause de son agent, elle me disait qu'elle le connaissait mieux qu'moi, que j'allais pleurer dans son bureau comme les autres. » Moue contre le visage, les sourcils froncés, tu tentes de faire un tri dans ton esprit, tentes de mettre l'histoire en ordre pour être compréhensible quand tu lui parles. « Puis y'a eu le gamin, foutu gamin, puis je... j'sais pas, Eddy a pris... pris son téléphone parce que je parlais trop y parais. J'ai demandé à Eddy de me le rendre, il avait disparu, il était en sous-vêtement en train de danser. Puis y'avait... y'avait c-cette blonde aussi... qui tournait et-... J'suis sûr il la trouvait jolie. Il comprenait pas pourquoi j'aimais pas qu'elle danse collée. Il est sûrement avec elle, là... » La gorge se serre au fur et à mesure que tu parles et tu relâches lâchement la main. Finalement, tu t'arrêtes là, incapable de continuer tes pensées, incapable de persister d'expliquer de façon plus clair. Plutôt, tu tentes de te redresser un peu, t'aide de Luca et de la baignoire pour mieux te rassoir et reprendre la bouteille de vin. Une autre gorgée, une autre grimace, tu as déjà oublié que c'était trop tiède. Et comme si le vin était gâché, comme s'il n'y avait pas d'autres options possibles, tu vides le vin restant dans l'eau de la baignoire. « J'le déteste. » Que tu soupires finalement, grelottant encore un peu. Tu laisses tomber le cadavre de la bouteille dans la baignoire, puis un frisson te ramène enfin à la raison. Enfin, juste assez. « J'ai froid, j'veux aller m'habiller. » Et plutôt que de demander de l'aide, tu tentes de te relever toi-même sur tes deux pieds.

C'est difficile de respirer. De faire comme si rien ne s'était passé. Comme si rien ne va se passer non plus. Parce que les messages sont clairs dans les sms envoyés par Edward et Wyatt. La tromperie est largement sous-entendue. Tu les revoies encore en train de s'embrasser le soir de la Saint-Valentin et le coeur te déchire un peu plus. Peut-être que tu n'aurais pas dû te jeter là-dedans trop tôt. Sauf que c'est le problème avec Wyatt. Tout va rapidement, il vient intoxiquer ton air de ses regards, ses paroles, ses baisers. De ses mains qui tatouent ton corps de douceur et d'amour. Tu lui as laissé ton coeur trop facilement et maintenant qu'il avait la main sur toi, qu'il avait une poigne vive sur ton myocarde, il pouvait faire ce qu'il voulait. Jusqu'à ce soir où tout s'effondre et que tu vois son vrai visage. Jusqu'à ce soir où ses paroles te font faire le geste de trop. Et Luca, il est là, encore et toujours. Ton superhéros rien qu'à toi. Celui que tu embêtes bien trop souvent avec tes douleurs, avec ton mal, avec ton coeur qui saigne et tes yeux qui pleurent. Tu ne sais pas ce que tu ferais sans lui, par moment

Là, posée contre ses cuisses, tu tentes de rendre ton histoire compréhensible. Tu tentes de raconter les choses dans l'ordre, mais ça se mêle un peu, des informations sont oubliées. La blonde n'est que la surface de la situation. Derrière ça, il y a les deux mariés qui se sont embrassés, qui veulent se rappeler qu'ils sont là l'un pour l'autre. Wyatt qui veut rappeler qu'Edward est sien. Tu n'as pas tout compris, tu ne veux pas non plus. Tu sais simplement que ça a été douloureux de lire ça, de le comprendre. Le coeur qui se fracasse contre la poitrine quand tu le racontes, quand tu expliques ce qui s'est passé de vive voix. Pourtant, tu es bien, là. Contre la cuisse de ton meilleur ami pendant qu'il caresse tes cheveux avant qu'il ne presse sa main à ta joue. Main que tu kidnappes pour te distraire, l'alcool qui reste perché à ta tête. Tu ne sais plus où tu en es. Tu ne sais plus où débute et termine l'histoire. Tu veux juste que ça prenne fin, que tu te réveilles de ce qui pourrait n'être qu'un cauchemar. Sauf que tu sais au fond de toi que c'est loin d'être le cas. Que c'est tout ce qu'il y a de plus réel. Comme les marques sur tes bras que Luca a soigneusement pansées.

Tu grimaces un peu à l'entente de ses paroles. « C'est pas... aussi facile que ça, Lu'. De ne pas penser à lui... Avec ses beaux mots et... et lui et... » Tu soupires, tu perds tes mots et tu te redresses pour mieux t'accrocher au bain. Là où tu vides le contenu de la bouteille de vin quand tu constates que l'alcool n'est plus buvable et donc "finie". La bouteille se jette dans le bain et tu ne portes que trop peu attention au sang au bord de la baignoire qui tache ta serviette autour du corps. Rien n'est important à l'immédiat, de toute façon, outre mentionner que tu le détestes. Pourtant, un rire court quitte tes lèvres à la réplique de l'italien. « Non, j'suis sûr il s'aime trop pour ça... » Tu ne sais pas si ça fait du sens, mais c'est la première phrase qui te vient en tête avant que tu ne déclares avoir froid finalement.

Tu tentes de te relever et comme ton héro personnel, il t'aide aussitôt quand il voit que tu galères. Le peignoir trouve aussitôt ton corps, te demandant l'espace d'un instant comment il l'a trouvé aussi vite tout simplement parce que tu ne l'as pas vu faire. Tu le refermes contre toi et avant de l'attacher, ta main se glisse entre les deux rabats de tissu pour tirer la serviette afin d'être plus confortable, accompagné d'une petite plainte quasi enfantine quand tu tentes de décoincer le tissu avec ton peu de force, prouvant ton inconfort de la superposition du tissu humide et la chaleur du peignoir. Tu le noues finalement à ta taille et pose une main à l'évier quand la serviette trouve tes cheveux. Simplement pour ne pas perdre équilibre, les yeux plissés pour mieux voir entre les mèches secouées le visage de ton meilleur ami. Meilleur ami qui s'arrête et t'enlace, t'offrant de sa chaleur et tu passes tes bras autour de lui, ta tête trouvant son cou sans prendre la peine de rattraper la serviette qui glisse puis tombe de tes cheveux. « C'est pas ta faute, Lu'... » Que tu marmonnes dans son cou, telle une marionnette entre ses bras alors qu'il se recule un peu pour mieux te regarder. Et tu souris doucement à la suite, à entendre ses paroles si douces. Tes mains se pressent à ses joues dans un geste qui se veut délicat, mais trop maladroit pour l'être entièrement. Tes lèvre viennent poser un bisou au bout de son nez et tes bras enroulent son cou cette fois pour un câlin de plus. « Merci. T'es un vrai superhéros... » Tu maronnes à nouveau, le regard qui fixe le vide, droit devant toi. « Et promis je serai ta superhéro-...ine... aussi. Toujours. » Tu le serres un peu plus fort contre toi, pressant tes cheveux humides contre sa joue pour finalement oser demander. « Tu sais me porter jusqu'à mon lit..? »