Comment, en 10 leçons,  renouer convenablement avec un membre de sa famille avec qui on avait l’habitude d’être proche, mais dont la distance et la vie ont fini par créer un petit gouffre et quelques silences gênants pour réduire la conversation à des prises de nouvelles rapides et brèves malgré les tentatives de rester en contact ?  Si vous connaissez ce livre ou que vous l’avez déjà vu quelque part, merci de l’envoyer à l’appartement n°55 à Brooklyn, dans un bâtiment proche du pont de Brooklyn. Ville :  New York, état de New York aux Etats-Unis d’Amérique du Nord. Un certain Devon Steinberg en a grandement besoin.

Être l’un des aînés d’une fratrie ce n’est jamais simple, surtout qu’on finit forcément par prendre son envol, sa belle indépendance, parmi les premiers. Ce qui est normal en soit, puisque premiers arrivés, premiers partis. Sauf que, c’est moins évident et pas forcément aussi bien vécu quand vous le faites durant un épisode tragique de la vie d’une famille même si vos intentions louables, puisqu’elles conduisent à vouloir soulager une mère de la charge d’un enfant supplémentaire. De la sorte, elle peut entièrement se concentrer sur les plus jeunes. Rajouter à cela, que notre personnage est doté de l’âme d’un troubadour - mais sans la lyre, la ville ou encore la flûte puisque notre énergumène joue aussi bien de la guitare qu’un manchot tétraplégique souffrant de Parkinson - qui poussa le jeune homme à parcourir le monde, donnant ci et là des nouvelles à sa famille. Devon garda clairement un meilleur contact avec sa mère et un ou deux membres de sa fratrie. Il n’avait jamais eu l’impression que les autres s’en étaient offusqués vu qu’il ne les avaient pas non plus ignorés. Les conversations étaient moins longues et la complicité peut-être moins présente. Et lors de son retour aux USA, le fait de se concentrer autant sur ses affaires, n’a pas arrangé les choses d’autant plus qu’il avait parfaitement conscience que son ancienne fiancée ne faisait pas l’unanimité dans sa famille. Du moins, pour ceux qui avaient eu la "chance" de la rencontrer. Même de retour au bercail, il ne cessait de voyager et n’avait fini que par se poser dans une vie un peu plus stable à la découverte d’une nouvelle qui avait le même effet qu’un uppercut droit de Mohammed Ali. Bien qu’il continuait de voyager, il avait drastiquement réduit la fréquence de ses déplacements afin de concentrer essentiellement son attention sur l’éducation de son unique enfant. Une fille qui plus est. Loin d’être effrayé par la bête qu’était le sexe opposé, il devait tout de même admettre que s’occuper de la jeune demoiselle n’était pas chose aisée pour lui. Il n’était pas encore tout à fait à l’aise avec l’exercice. Et contrairement, à ce qu’il avait espéré, le fait d’avoir eu et un jour veillé sur une petite soeur ne comptait pas toujours comme pratique en la matière.

Nous arrivons au point essentiel de la chose, la petite soeur. La jeune femme demeurait elle aussi à New York dans le quartier de Brooklyn et Devon l’avait invitée à lui rendre visite pour une quelconque raison inventé sur le coup dans l’espoir de renouer avec cette petite soeur dont tous ces voyages semblaient l’en avoir éloigné. Unique fille de la fratrie, il se remémorait souvent leurs grands instants de complicités et il ressentait un pincement au coeur quand il se rendait compte qu’il avait laissé ce lien s’étioler peut-être trop  au fil des années et des kilomètres. A regret.  Il espérait non seulement renouer un peu plus avec cette petite soeur dont il s’était senti si proche à une époque mais, aussi lui proposer d’être introduite dans la  vie de ce petit bout de femme en devenir qu’était sa fille et qui s’était par le sort tragique de la vie retrouvée sans figure féminine pour modèle. Alors certes, il ne pensait pas que sa soeur devait forcément assurer se rôle. Il n’avait pour but de manipuler quelconques relations. Il espérait juste que le fait de trouver un point de repère, une autre femme vers laquelle se tourner et en plus un membre de la famille, ne pouvait être qu’une bonne chose pour sa fille. Il espérait aussi que Dylan accepterait cette gamine inconnu dans sa vie. Pour cela il faisait entièrement confiance à sa petite-soeur. Evidement, il s’agissait d’un désir secret qu’il n’est pas prêt à évoquer à voix haute.

C’était une journée où il avait décidé de travailler depuis son bureau à la maison. Avec lui se trouvait la femme de ménage. Enfin avec lui ! Elle était en bas en train de vaquer à ses tâches, tandis qu’il était à l’étage entrain de s’arracher les cheveux. Du moins, jusqu’à ce qu’il entendit Enora lui hurlait depuis le RDC « Monsieur Steinberg, votre soeur est là » et sur le même ton  il lui répondit « Oui faites la monter » Avant de se demander pourquoi diable il criait tout en abandonnant sa paperasse pour retrouver sa petite soeur à mi-chemin.