Birthday. Aujourd’hui, il a 32 ans. Qui dit anniversaire, dit fêtes, alcool, fille, cuite, et lendemain difficile. Mais pas pour cette fois. A la grande surprise de ses amis, qui n’ont pas arrêté de le harceler de messages, pour savoir où avait lieu la fête, sur quel yot, sur quelle île paradisiaque, Oliver n’avait absolument rien prévu. Trop occupé ces dernières semaines à gérer Nyah, et l’occupation de son appartement par Emy, la maman de la petite. Bon, pour être tout à fait honnête, c’était plutôt Emy qui gérait tout, le linge, la bouffe – et quel plaisir de manger de bons plats -, pendant que lui prenait du bon temps, à lire des histoires à Nyah – ou pour lui-même -, la faire manger – quand il n’avale pas le fond du pot à sa place -, la coucher – et s’endormir avec elle -, ou jouer avec elle et couvrir l’appartement de cris de bébé, et de papa suricate en alerte. De nombreuses fois aussi, la petite qui gambade maladroitement, lui a échappé pour se cacher derrière des rideaux ou une porte, provoquant des cris d’un vrai papa suricate effrayé, jusqu’à ce que Sally ne trouve la petite et la lui ramène saine et sauve. Sans s’en rendre compte, Oliver, Emy, Nyah et Sally, vivent comme une vraie petite famille New-Yorkaise. Et ça, Oliver s’y est attaché. Lui qui fuyait tout cela comme la peste, c’est surpris à apprécier tous ces moments de partage, de convivialité, de chaleur. Et petit à petit, il se rend compte qu’il change, le chirurgien. Il ne veut plus se lever seul dans ce si grand appartement. Il aime cette jolie vue, d’Emy, toujours rendue dans la cuisine avant lui le matin. Un peu pâle, les cheveux ébouriffés, et en robe de chambre. Elle lui arrache toujours un tendre sourire, alors qu’elle râle parce qu’il n’a pas rangé quelque chose la veille. Elle est jolie la rouquine. Et plus il y pense, plus il se demande ce qui lui a pris, deux ans plus tôt, de s’être barré au petit matin. Des pensés qu’il chasse rapidement, se prétextant à lui-même, qu’il n’est pas l’homme d’une seule femme. Du moins, il essaie de se le convaincre. Depuis combien de temps n’a-t-il pas fait la cour à une femme ? Depuis le jour même ou Emy a emménagé ici. Pas une seule sortie, pas une seule cuite, pas une seule fille dans ses draps. On ne va pas se mentir, ça le titille dans le pantalon. Mais il n’en n’a plus envie de tout ça. D’aller courir les filles. C’est comme si toutes ses femmes qui écartaient si facilement les cuisses, n’étaient qu’une échappatoire, un hobby, pour combler un trou immense dans une vie triste. Une vie qui aujourd’hui, s’est mise à sourire. Une vie qui n’a plus un seul trou à boucher. Il est bien. Il est... Heureux ? La sonnerie de son téléphone le sort de ses pensées, alors qu’il était parti loin, fixant le mur d’en face, installé derrière son bureau, au cabinet. Revenant à lui, il empoigne son téléphone. Un message d’Emy. Il l’ouvre rapidement, et un large sourire prend place sur ses lèvres, alors que ses yeux bleus parcourent le texto. Elle a pensé à son anniversaire. Ils se mettent à échanger quelques mots, qui ne font qu’agrandir le sourire d’Oliver. Mais leur discussion prend des tournures un peu étranges. Improvisées, et curieuses. Il lui fait quelques avances sur un ton plus que plaisantin, et contre toute attente, elle y répond. Et les derniers messages, lui provoquent un sacré soubresaut dans la poitrine. Elle parvient même à faire rougir ses joues, d’homme pourtant si assuré. Il y a forte à croire qu’elle plaisante, et qu’elle ne le prend pas au sérieux. Pourtant, il sourit en coin des lèvres alors qu’elle termine son dernier message par des émoticons en cœur.  

Emy, il ne veut pas qu’elle parte. Si l’on avait été au dix-septième ou dix-huitième siècle, il l’aurait certainement enfermé à double tour pour la garder près de lui. Mais on n’est plus au temps de la piraterie. Enfin, semblerait-il. S’il la veut, il va falloir user de charme. C’est étrange d’ailleurs, c’est la première fois qu’il veut garder une fille. Pire encore, une fille qu’il a déjà eue. Habituellement, les filles, elles sont comme des gobelets en plastique. Utilisée une fois, on les jette, et on en cherche une autre. Mais Emy, il sent bien qu’il ne pourra plus jamais faire comme avec un gobelet en plastique. Et si un autre homme voulait s’en approcher, il pourrait crever des yeux, couper des têtes. Ouai, il pourrait tout ça. Mais il est bien incapable de comprendre ce que ça veut dire. Est-il juste aveuglé par le fait qu’elle est la mère de sa fille ? Ou est-ce que c’est ça qu’on appelle... L’amour ?  


18h30. Il ferme les portes du cabinet, puis se dirige vers la rue des boutiques de luxes. Elles ferment tard ici, une chance pour lui. Il s’engouffre dans l’une d’elle. Une façade blanche, des mannequins en dentelles dans la vitrine. Un magasin de lingerie, mais de luxe. Il parcoure les étales, bien décidé à aller jusqu’au bout de ses dires, avec Emy. Il lui faut une dentelle pour la jeune femme, même si finalement, elle ne s’en sert pas ce soir, et qu’elle se dégonfle. Il les aura sous la main pour le jour ou... Oui, il n’abandonnera pas comme ça, même si ce soit elle se dégonfle, on vous le dit!  

« Puis-je vous aider monsieur ? »

La vendeuse s’est approchée, d’un sourire ravageur, des dents plus blanches que dans les publicités pour dentifrice. Une minijupe, dévoilant des jambes à en faire pâlir Julia Roberts. Mais vous savez ce qui est le pire ? C’est qu’Oliver n’en voit rien. Lui qui habituellement, plonge aussitôt ses yeux dans les décolletés - et dieu seul sait à quel point celui de la vendeuse est plongeant – il garde ses prunelles bien encrées dans celles de la vendeuse, d’un petit sourire poli, bien loin de ses sourires de Ken à Barbie habituels pour faire la cour.  

« Merci, je cherche juste un cadeau. »
« Quelque chose à fêter avec Madame, je suppose ? »

Il étire un petit sourire en coin des lèvres, presque nerveusement, et machinale, alors qu’il se retourne vers les articles derrière lui.  

« On va dire ça. »
« C’est un premier cadeau, ou Madame est une habituée ? »

La vendeuse s’avère de bons conseils, contrairement à ce qu’il s’était imaginé des vendeuses dans ce genre de boutiques. Elle lui fait acheter un petit haut en dentelle noir, en très fines bretelles, et un bas assorti, en shorty, tout en dentelle aussi. Le tout étant presque transparent, évidemment. Elle pli le tout dans un petit sachet de luxe, qu’elle confie à Oliver après qu’il ait réglé son choix. Puis le voilà reparti vers une bijouterie cette fois. Il lui faut un cadeau pour sa sœur. Et tandis que Charlie accuse Emy d’être une croqueuse de diamant, c’est elle qui aime tout ce qui brille. Il lui prend donc un joli petit bracelet, en or, puis prend le chemin de leur quartier. Il s’arrête chez Charlie pour lui offrir son cadeau, il n’y reste pas longtemps, prétextant qu’il doit garder Nyah. Alors qu’en réalité, il veut juste aller prendre la température d’Emy.  

19h30. Il arrive enfin en bas de son immeuble. Il remet bien sa veste sur ses épaules, puis il grimpe les étages pour en arriver au quatrième. Une fois devant la porte, il entre, sans frapper, il est chez lui quand même. Puis il jette un coup d’œil à l’intérieur. Personne en vue, sauf Sally qui l’accueille comme il se doit. Pas de lumière non plus. Il ôte sa veste qu’il laisse dans l’entrée, ses chaussures aussi, puis il s’avance un peu plus. Emy doit être à l’étage certainement. Il dépose le petit sachet de lingerie sur la table du salon, puis il s’éclipse dans la cuisine, s’empressant d’ouvrir le frigo. Son sourire ne s’efface plus. Il y a un gâteau à l’intérieur, au chocolat – son parfum préféré -, avec une plaque ou il est écrit “joyeux anniversaire baba”. Il referme le frigo, alors qu’il se surprend à être... Des plus comblé. Il pourrait pourtant être entouré d’amis là, au bord d’une plage, entouré de deux mannequins qu’il aurait refait de la tête aux pieds. Mais non, il est content d’être ici, face à ce gâteau. Il se dépêche donc de quitter la pièce pour enjamber les escaliers, entendant une petite voix qui vient de la chambre d’Emy et Nyah. Il s’approche, sans faire un bruit – en chaussette sur le parquet -, puis il se penche légèrement vers l’ouverture de la porte. Maman est en train de coucher Nyah, en lui racontant une histoire. Le livre de la grenouille d’ailleurs. Il sourit tendrement, en les espionnant quelques secondes, avant de se montrer, devant l’ouverture.

« Elle l'a connait déjà par cœur cette histoire. »

Lance-t-il amusé, avant de s’avancer dans la chambre. Un petit sourire, un regard plus implicite échangé avec Emy, puis sans un mot, il se glisse à ses côtés pour se pencher vers Nyah, et l’embrasser sur les joues, le front, puis le ventre, pour la chatouiller. Elle ricane, elle s’accroche à son visage, et lâche même un autre “Baba”, alors qu’il relève la tête.

« Alors comme ça, on va se coucher sans m’attendre ? »

Se plaint-il, faussement, alors qu’il détourne un regard joueur vers Emy.

8 Avril. Un mercredi. Emy ne travaille pas aujourd’hui. Pourtant, depuis son réveil, la date qu’affiche son téléphone la tracasse. Elle est liée à un évènement, mais l’américaine n’arrive pas à s’en souvenir et ça l’agace tout particulièrement. Elle se répète la date, inlassablement, suivant sa routine habituelle et s’occupant de Nyah qu’elle trouve anormalement ronchonne. Elles sont seules. Oliver a quitté l’appartement au petit matin pour se rendre au cabinet. Dehors, il fait beau. L’appartement baigne dans la lumière du soleil de printemps. Nyah est dans son parc sous le regard très attentif de Sally qui est allongée à terre. Emy observe la scène avec un sourire attendri qui ne fait que s’élargir davantage en voyant sa fille se lever, faire quelques pas, s’agripper au parc, tortiller son petit corps pour interpeler le canidé et même lui lancer un jouet ou deux pour la faire réagir. Peut-être même qu’avec un peu de chance, la chienne d’Oliver les lui ramènerait comme l’autre jour. Nyah adore Sally, et réciproquement, c’est d’ailleurs en voulant la suivre un beau jour que ses parents avaient eu la surprise et l’émotion de découvrir leur fille effectuer ses premiers pas à 18 mois soit un peu plus tardivement qu’espéré pour Emy qui s’était souvent inquiétée et culpabilisée de peut-être ne pas l’avoir assez stimulée. Aujourd’hui, avec le recul, elle le voit forcément sous un autre angle : faire ses premiers pas sous les regards ébahis et fiers de ses deux parents immortalisant la séquence en vidéo, c’était ça le moment parfait. Forcément, le lien entre Nyah et Oliver n’en est devenu que plus fort et tous deux aiment tout particulièrement se prendre en chasse dans le vaste appartement new yorkais.

En rangeant le linge dans son armoire, Emy tombe sur les résultats du test de paternité reçu le même jour que la venue improviste de Charlie. Elle prend alors l’enveloppe de papier kraft dans les mains et, tandis qu’elle l’observe, les souvenirs de sa conversation avec la britannique lui reviennent. Un passage en particulier.

(FLASHBACK)
« Il est fou de cette enfant. Jamais il ne sortira de sa vie. Et, je dois l’avouer, vu comment il vous regarde, il ne compte pas sortir de la vôtre non plus. ».
Emy secoue frénétiquement la tête comme pour rejeter en bloc.
« Je pense qu’Oliver est juste séduit par l’idée de la vie de famille. »
(FIN DU FLASHBACK)

Au fond, Emy le sait depuis quelques temps déjà. L’enveloppe en kraft lui rappelle alors le jour du test et que le 8 Avril est en fait l’anniversaire d’Oliver et de Charlie. Elle s’empare de son téléphone et lui envoie le premier SMS. Machinalement, elle se décide alors de se lancer dans la préparation d’un gâteau au chocolat tout en jonglant avec Nyah qui s’énerve dans son parc et pleure à chaudes larmes. Même une promenade dans Central Park en début d’après-midi avec Sally n’y fait pas grand-chose. Emy est un peu dépassée et désespérée de voir sa fille dans cet état, il faut l’avouer. Elle trouve néanmoins un peu de réconfort dans ses échanges avec Oliver. La conversation prend rapidement une tournure taquine et séductrice. Et l’américaine se laisse prendre au jeu…

Ce n’est qu’en début de soirée – après une journée compliquée, une très (trop) courte sieste et le recours à l’homéopathie -  que Nyah se calme enfin. Mère et fille ont trouvé refuge dans la chambre qu’elles partagent depuis quelques semaines et sont plongées dans un livre contant les aventures d’une grenouille. Emy lui nomme les couleurs ou les animaux et Nyah les lui montre en répétant après elle.

Concentrée dans sa lecture et s’amusant parfois à faire différentes intonations, la jeune maman ne se sent pas épiée. Ce n’est que lorsque la voix d’Oliver se fait entendre sur le pas de la porte que mère et fille redressent la tête en l’accueillant d’un sourire en parfaite symbiose. Emy affiche alors une moue faussement surprise.

« Oh, je vois. C’est donc pour ça qu’elle m’a réclamé ce livre en particulier ! Mademoiselle partage ses secrets avec papa. » lance-t-elle en prenant un air faussement suspicieux.

Oliver s’approche, embrasse sa fille et celle-ci se mit à rire, prenant le visage de son père entre ses petites mains potelées comme pour l’inviter à la prendre dans ses bras.

« Alors comme ça, on va se coucher sans m’attendre. ».

Emy affiche un air éreinté sans pour autant se dépeindre d’un léger sourire. Elle acquiesce, désolée.

« La journée a été longue. » Elle passe une main sur le front de sa fille qui se termine par une légère caresse dans ses beaux cheveux roux. « Elle est en train de percer deux dents d’un coup. ».

Oliver n’a pas encore eu droit à ce genre de crise à gérer, mais on devine à la grimace de sa mère que c’est là toute une épreuve. Nyah a d’ailleurs les joues en feu et mâchouille nerveusement son anneau de dentition. Emy redresse la tête, perçoit le regard joueur d’Oliver et ne peut contenir une petite moue espiègle. Elle sait pertinemment pourquoi il l’observe comme ça. Elle baisse la tête, s’adressant à sa fille et ne lâche pas Oliver des yeux en adoptant un air suspicieux comme le feraient deux agents de police évaluant la bonne foi d’un malfrat.

« Qu’est-ce que vous en dites Jeune Recrue ? Il a été sage aujourd’hui ? On peut lui donner ses cadeaux ? ». Pour toute réponse, Nyah acquiesce et s’exclame. « CADEAU ! »

Emy s’en amuse, descend du lit où elle s’était installée, passe devant Oliver, accrochant son regard ambre au sein, le frôlant presque. Ses joues sont aussi rouges que celles de Nyah. Elle entraine alors tout ce beau monde au rez-de-chaussée, ferme la barrière de sécurité empêchant l’accès à l’étage et laisse Nyah crapahuter autour d’eux pendant qu’elle sort le fameux gâteau au chocolat pour le découper en parts égales.

« Qu’est-ce qu’on dit maintenant à papa ? » demanda-t-elle à l’enfant qui affiche un air timide et incertain.

Emy commence alors à chanter un « joyeux anniversaire » entrecoupé de silence pour laisser à Nyah y placer les quelques mots encore maladroits à leur juste place - d’abord hésitante, puis enthousiaste - et applaudir avec vigueur à la fin de la chanson. La jeune rousse s’éloigne alors quelques secondes pour revenir avec un petit rectangle enveloppé dans du papier - une simple photo encadrée de Nyah alors âgée de seulement quelques mois, mais qu’elle avait choisi pour la ressemblance flagrante avec Oliver - ainsi que la fameuse enveloppe en kraft qu’elle lui tendit.

« Joyeux anniversaire... » souffle-t-elle simplement (et peut-être un peu nerveusement aussi, d’ailleurs).

« Oh, je vois. C’est donc pour ça qu’elle m’a réclamé ce livre en particulier ! Mademoiselle partage ses secrets avec papa. » Et on ne va pas se le cacher, il en est fier. Non seulement il a relevé haut la main le défis d’être un bon père - ce dont il doutait fortement, surtout quand il a fallu plier la poussette – mais en plus, Nyah est amoureuse de son papa. Il y a même de fortes chances qu’elle lui demande un jour, s’ils peuvent se marier tous les deux quand elle sera grande. Ce sera l’accomplissement total du papa suricate en alerte. TOTAL.

« Et j'te répétera pas tout ce qu’elle me confie. Il me semble qu’elle a un amoureux, mais compte pas sur moi pour t’en dire plus. »

Rétorque-t-il alors, faussement fier, alors qu’il chatouille sa fille qui en réclame encore, levant ses petites mains vers lui. « La journée a été longue. Elle est en train de percer deux dents d’un coup. » Aï. Ça sent la nuit compliquée pour les deux parents. Parce que certes, elle dort dans la chambre d’Emy, mais quand elle pleure, Oliver l’entend, et bien. Depuis qu’elles sont installées ici, il ne se souvient pas avoir fait une seule nuit complète. Ou alors, elle les réveille très tôt. Ce qui n’est pas plus mal, il a du temps à rattraper avec elle. Et il n’en perd pas une miette. Son téléphone est déjà plein de vidéos de Nyah. Ses premiers pas, ses “baba” qu’il n’a de cesse de lui faire répéter. Il ne regrette qu’une chose, ne pas pouvoir envoyer tout ça à ses parents. Du coup, il les envois à sa secrétaire, la seule qui semble s’enjailler pour lui. D’après elle, son patron serait plus “serein” et plus “joyeux” depuis qu’il est père.

« Ha merde. »

Peste-t-il machinalement, alors que ses doigts câlinent les joues rouges de sa fille.

« Mede. »

Répète-t-elle en ricanant, alors que lui, se crispe aussitôt, manquant une inspiration. Il détourne le regard vers Emy, incertain et grimaçant.

« Je lui ait pourtant dit que c’était un mot à papa. »

Elle ne semble pas trop lui en tenir rigueur. Elle s’amuse même avec sa fille, pour savoir si le jeune papa méritait son cadeau. Il eut aussitôt un petit sourire en coin, forcément, lui ne songeait pas au même cadeau. Emy contourne le lit, passant à ses côtés les joues légèrement roses. L’observant discrètement, il ne peut que sourire davantage en notant ce détail. Il la suit, et s’installe dans le salon avec Sally et Nyah, tandis qu’Emy part dans la cuisine. Elle revient avec le gâteau, prédécoupé, et commence à chanter une chanson d’anniversaire. Il se pince la lèvre, baissant timidement les yeux, alors qu’il affiche un sourire des plus radieux. Il est gêné évidemment, mais tellement touché. C’est la première fois qu’il fête son anniversaire en si petit comité. Et pourtant, c’est carrément plus chaleureux qu’aucun autre anniversaire. Il ne manque que Charlie et ses parents pour que l’instant soit parfait à ses yeux. En vue de la situation, cet instant est parfait à sa manière. Il rougit, cruellement, alors que l’azure de ses yeux remonte jusqu’à Emy. La petite Nyah applaudit, certainement sans trop savoir pourquoi. Sally s’est relevée, la queue gigotante. Elle les observe, avant de finalement retourner jouer avec Nyah. Emy a posé le gâteau, sur la table basse, et elle lui tend désormais un petit cadeau, rectangulaire, ainsi qu’une enveloppe. Il sourit, timidement, touché, alors qu’il prend ce qu’elle lui offre.

« Merci. »

Il jette un coup d’œil à son petit sac de lingerie, posé non loin du gâteau, puis revient sur ses propres cadeaux. Le petit sac attendra le couché de Nyah. Il commence par ouvrir le cadeau, se retrouvant face à une photo de sa fille, en noir et blanc, encadrée. Une photo qui ressemble énormément à l’une des siennes d’ailleurs. Un portrait qu’il a de lui petit, accroché sur le mur du salon. Il est avec sa sœur jumelle. Il se retourne vers ce portrait, avant de reposer de petits yeux perplexes sur l’image de Nyah. Son pouce effleure légèrement le cadre, tandis qu’il relève les yeux vers Emy.

« Merci beaucoup. »

Il ne sait même pas quoi dire en fait, parce que c’est sûrement rien comme cadeau, mais ça a toutes les plus grandes valeurs du monde à ses yeux. Il pose délicatement le cadre sur la table, et étudie donc l’enveloppe. Vite, il comprend que ce sont les résultats là-dedans. Il sent alors dans sa poitrine, comme un coup. Une douleur, ça se serre. Il s’angoisse. Ça se noue dans sa gorge. Il n’ose même pas ouvrir.

« Si c’est négatif, tu vas vouloir t’en aller ? »

Murmure-t-il d’une voix quelque peu raillée par l’émotion. Lui, il ignore qu’Emy est si sûre d’elle. Qu’elle sait qu’il est le père de ce bébé, et qu’il n’y a même aucun doute. Mais lui, il ne peut que la croire sur parole, non ? Elle peut très bien avoir rencontré d’autres hommes après lui. Et si le résultat s’avéré négatif, qu’elle décide de partir, au fond, il aurait l’impression de tout perdre. Alors, les yeux s’humidifiant presque, il détourne le regard vers Nyah, qui s’amuse avec son jouet en plastique pour chien. Celui qu’il lui a offert et qui avait tant offusqué Emy, jusqu’à ce qu’elle remarque que la petite rousse adore ce jouet.

« Je crois... Que j’aurais l’impression qu’on m’arrache une partie de moi. »

Murmure-t-il, se confiant sans même s’en rendre compte. Il reporte ses yeux jusqu’au papier, qu’il n’ose pas ouvrir. Un peu comme si toute la suite de sa vie en dépendait. Il aime Nyah. Qu’elle soit sa fille ou non d’ailleurs. Mais, quelque part, si elle l’est réellement, ça le lie à Emy, jusqu’à la fin. Et c’est peut-être ça aussi, qui le rend si nerveux. Si finalement, rien ne les lie ? Si finalement, elle n’a pas besoin de lui ? Il ne verrait plus ce petit sourire endormit, le matin, quand elle se lève ? Il ne l’entendrait plus râler parce qu’il a oublié de ranger quoi que ce soit. Ou qu’il a perdu sa fille dans l’appartement. Ils sont bien comme ça. Ils vivent bien tous ensemble. Il ne veut pas perdre tout ça lui. Il ne veut pas se retrouver à nouveau tout seul, alors qu’il a goûté à tout ça. Qui l’aurait cru ? Certainement pas lui. C’est donc d’une main tremblante, qu’il commence à ouvrir l’enveloppe. Mais la feuille sortie, il ne l’ouvre pas. Il la laisse plié, et la tend alors à Emy.

« Est-ce que tu es sûr de toi ? Ou, est-ce qu’au fond, tu n’as pas infime doute ? »

Est-ce qu’il y en a eu un autre ? Un autre homme qui pourrait prendre sa place ? Ou est-il réellement le seul ? C’est égoïste de sa part, il le sait. Quand il a pris à Emy, ce qu’elle avait de plus cher cette nuit-là, il n’a pensé qu’à lui. Qu’à son amusement. Qu’à son plaisir. Mais.... Il ne peut pas le regretter, son égoïsme a créé Nyah. La plus belle chose qui soit sur cette planète. Il s’en veut pour Emy. Il lui a volé sa première fois. Il lui a volé ses études. Et il n’était même pas là pour la naissance de sa fille. En fait, il regrette tout simplement d’être partie ce matin-là. Alors son visage se raidie à nouveau, prenant des traits graves et incertains.

« Avant d’ouvrir ça... Je veux que tu sache quelque chose. »

Il martyrise doucement sa lèvre inférieure, alors qu’il abaisse le papier qu’il repose avec ses mains, sur ses cuisses.

« Je suis désolé. Je suis vraiment désolé, pour cette nuit là. »

Ses yeux s’enfoncent dans ceux d’Amy, cherchant certainement à lui prouver sa sincérité. Peut-être qu’en ses quelques semaines au près de lui, elle aura appris à le comprendre, à lire en lui. Un peu comme Charlie.

« Et je regrette. Si ce papier confirme qu’elle est ma fille... Je regrette tellement. J’aurais voulu être là. Quand elle est née. Quand elle a poussé son premier cris. Et... Même quand ton ventre s’est arrondi. »

Il échappe un petit rire terriblement nerveux avant de se pincer les lèvres, le visage si désolé.

« J'aurais été te chercher des fraises à trois heures du matin tu sais! J’aurais... Elle n’aurait pas besoin d’apprendre à me connaître maintenant, elle m’aurait entendu lui parler, alors qu’elle était encore bien au chaud, dans... Dans ton ventre. »

Il renifle, l’émotion devenant un peu trop insupportable pour lui. Alors il se redresse, s’enfonce nerveusement dans le fond de son canapé, puis détourne le regard vers Nyah, comme pour fuir celui d’Emy.

« Je ne veux plus jamais... Vous laissez seules toutes les deux. Plus jamais. »

Ses derniers mots sont bien plus chuchotés, alors que de ses doigts tremblants, il commence à ouvrir le papier...

« Et j’te répétera pas tout ce qu’elle me confie. Il me semble qu’elle a un amoureux, mais compte pas sur moi pour t’en dire plus. » lance-t-il d’un air fier pendant qu’Emy leur lance un regard faussement choqué. Elle sait bien que l’amoureux en question n’est autre que son père lui-même et les observe se câliner avec tendresse. Quelques semaines plus tôt, rien ne laissait présager que les choses finiraient par prendre cette tournure. Nyah était passée d’un « Truc » à un « Tout », c’était insinuée dans le cœur d’un homme qui semblait avoir été étranger toute sa vie au commun d’une vie de famille classique. « Ha merde. » lance Oliver, désolé de voir sa fille dans un tel état et caressant sa joue doucement. « Mede. » répéte l’enfant en riant, sous le regard médusé de sa mère qui se demande alors où elle a bien pu apprendre un mot pareil. « Je lui ai pourtant dit que c’était un mot à papa. » avoue Oliver en grimaçant. Emy hausse les épaules, passant outre ce qui, de toute façon, serait inévitable.  

**

Ils se retrouvent finalement dans le salon. Emy lui tend ses modestes présents, consciente du fort taux émotionnel qu’ils renferment pourtant. Elle l’observe pendant qu’il déballe le premier, dévoilant le cadre photo qu’il associe immédiatement à un portait de lui plus jeune qui prône dans le salon. Oliver ne laisse rien transparaître dans ses remerciements, mais elle sent pourtant qu’il est ému et ne sait quoi dire de plus. L’anglais passe ensuite à l’enveloppe en kraft, l’observe sous toutes ses coutures en essayant sûrement de deviner ce qui s’y trouve, mais ne met pas plus de 2 secondes à faire le lien. Emy – toujours debout en face de lui - le sent se crisper et le devine en proie à l’angoisse des résultats.

« Si c’est négatif, tu vas vouloir t’en aller ? » murmure-t-il. Emy ouvre la bouche, prête à lui répondre que c’était ce qu’ils avaient convenu plusieurs semaines en arrière, mais elle se ravise en distinguant le regard d’Oliver soudain voilé par cette perspective tandis qu’il observe Nyah, s’amusant avec le tout premier jouet – inapproprié – qu’il lui a offert, mais à quoi elle semble énormément tenir.

Emy sait qu’Oliver est sous le coup de l’émotion et qu’il ne pense pas vraiment qu’elle puisse être capable d’une telle chose. Ce n’est pas dans sa nature et il l’ignore. Il ne sait pas qu’Emy n’a jamais connu son père et qu’une partie d’elle avait vécu la mise au monde de Nyah avec un sentiment d’échec qui, fort heureusement, avait été terrassé à l’instant même où on la lui avait posée dans les bras.


« Je crois… Que j’aurais l’impression qu’on m’arrache une partie de moi… » avoue-t-il enfin.

Emy esquisse un sourire compatissant et bienveillant.

« Ouais, c’est ce que ça fait… » répond la rousse. Ce sentiment, elle ne le connait que trop bien. Cette peur profonde et constante qui avait plané au-dessus d’elle durant sa mise à l’épreuve par les services sociaux, c’est justement ce qui avait mené jusqu’à lui.  

« Est-ce que tu es sûre de toi ? Ou, est-ce qu’au fond, tu n’as pas un infime doute ? ». L’américaine accuse le coup. Elle sait que tout ceci n’est qu’une parade, une tentative pour esquiver le flux des émotions que le britannique se prend de plein de fouet et qui le rende maladroit. Depuis que la décision du test de paternité avait été prise, ils n’en avaient pas reparlé. Oliver n’a donc aucune idée qu’Emy est sûre d’elle car, les rares hommes qu’elle a pu avoir par la suite ne l’ont été que beaucoup plus tard, après l’accouchement, et qu’à l’annonce de sa maternité, aucun d’eux n’était resté…

« Avant d’ouvrir ça… Je veux que tu saches quelque chose. Je suis désolé. Je suis vraiment désolé, pour cette nuit-là. ». Il la regarde, elle déglutit en essayant de chasser le nœud qui lui oppresse la gorge en se souvenant de son réveil, cherchant Oliver ou au moins un bout de papier avec son numéro dessus, ainsi que du moment où elle avait pris conscience de s’être fait manipulée.  

« Et je regrette. Si ce papier confirme qu’elle est ma fille… Je regrette tellement. J’aurais voulu être là. Quand elle est née. Quand elle a poussé son premier cri. Et… Même quand ton ventre s’est arrondi. J’aurais été te chercher des fraises à trois heures du matin, tu sais ! J’aurais… Elle n’aurait pas besoin d’apprendre à me connaître maintenant, elle m’aurait entendu lui parler, alors qu’elle était encore bien au chaud, dans… Dans ton ventre. Je ne veux plus jamais… Vous laissez seules toutes les deux. Plus jamais. ». Emy sent une larme perler dans ses yeux, puis ruisseler sur sa joue. Elle s’en débarrasse aussitôt d’un geste de la main et reprend contenance. Il est sincère et il a honte. Elle le sent. Elle sourit et prend place à ses côtés alors que son regard ne lâche plus Nyah, sûrement pour éviter le sien.

Il ouvre enfin le courrier. Emy le laisse alors découvrir, sans surprise de sa part, que la correspondance ne fait pas l’ombre d’un doute. Emue, elle prend un moment pour guetter sa réaction, le laisse souffler un instant, puis passe finalement sa main dans la nuque du britannique. « Félicitations Monsieur Richards, vous avez une belle petite fille qui est en parfaite santé. » dit-elle, comme pour lui faire revivre un moment qu’il n’a pas connu et pour lui faire prendre conscience qu’il a encore toute une vie pour se rattraper. Résilience. « Nyah m'a appris beaucoup de choses. Elle m'a appris que c'est facile de devenir parent, mais beaucoup plus difficile de se comporter comme tel. Peu importe que l'on s'y soit préparé, ce n'est pas inné. Tu as répondu présent quand on en a eu le plus besoin : c'est ça le plus important. »

Emy est hésitante. Une partie d’elle se dit qu’ils sont sous le coup de l’émotion, que c’est encore beaucoup trop tôt pour un tas de raisons différentes et, pourtant, elle se penche et pose tendrement ses lèvres juste sur le coin des siennes.

L’instant est rapidement troublé par l’arrivée de Nyah qui, ressentant son père en « détresse », s’était levée pour les rejoindre avec dans sa main un vêtement noir. « Pleuw pas, Baba… CADEAU ! » s’exclama-t-elle en lui tendant ce qui ressemblait à un haut en dentelle…

HS :

Spoiler:

« Ouais, c’est ce que ça fait… » Evidemment, elle le sait mieux que n’importe qui. Et quelque part, c’est de sa faute. Enfin, même si elle ne parle peut-être pas de son expérience avec Nyah, mais de sa propre enfance, il ne peut que se sentir coupable, un peu plus. C’est lui qui s’est enfuit. Lui qui l’a laissé seule. Mais s’il avait su... Peut-être qu’il ne serait pas parti comme ça. Comment savoir ce qu’il aurait fait. Avec des si, on pourrait refaire le monde.  

Alors il ne dit rien, il se contente d’enfin déplier la feuille. Les yeux rivés sur celle-ci, il n’a même pas remarqué la petite larme versée par Emy. Et heureusement, ça lui aurait probablement fait larguer les siennes, qu’il retient difficilement, mais fermement. Son père le lui a toujours dit, on ne pleure pas devant quelqu’un. Alors jamais il n’a pleuré en public, sauf peut-être devant Charlie.  

Ses yeux bleus vagabondent le long de la feuille, jusqu’à comprendre. Nyah est sa fille, le test n’en n’a aucun doute. Ils partagent le même adn. Mêlé à celui de sa mère bien sûr. C’est bizarre, mais ça provoque comme un tsunami de soulagement en lui. Un sourire nerveux, qui se dessine sur ses lèvres. Ses épaules qui se décontractent. La main d’Emy se pose sur sa nuque, et instinctivement, il redresse la tête, croisant le regard de la jeune femme. C’est la première fois, depuis cette nuit là, il y a presque deux ans, qu’ils ont un contact physique tous les deux. C’est un petit rien, mais ça éveille quelque chose chez l’anglais, qui sent dans sa poitrine, que son cœur panique. Il tambourine, fort. Il semble vouloir sortir de son corps. Ses joues rougissent légèrement, mais il ne peut rien dire. Il ne sait pas même ce que s’est réellement tout ça. Lui, il n’a jamais aimé qui que ce soit, pas sincèrement. Charlie, sa mère, son père, Nyah ça va de soi. Mais une femme, jamais une femme n’a réellement compté pour lui. Elles sont juste des noms sur une liste qui ne fait que s’agrandir. Aucune d’elle n’a jamais réussi à le faire rougir, ou lui faire poser les yeux sur elle avec tendresse. Comme il le fait avec Emy, d’après Charlie. « Félicitations Monsieur Richards, vous avez une belle petite fille qui est en parfaite santé. » Ça élargit son sourire, il renifle encore, il ne veut pas céder à l'émotion, pourtant ses yeux sont bien embrumés. « Nyah m'a appris beaucoup de choses. Elle m'a appris que c'est facile de devenir parent, mais beaucoup plus difficile de se comporter comme tel. Peu importe que l'on s'y soit préparé, ce n'est pas inné. Tu as répondu présent quand on en a eu le plus besoin : c'est ça le plus important. » Ses mots le touchent comme jamais rien ne l’avait touché jusqu’à présent. Même sa mère ne lui a probablement jamais dit d’aussi belles choses. Il reste immobile, incapable de savoir quoi dire, tant il est dans l’émotion. De toute façon, y’a t-il vraiment besoin de mot ? Non, et Emy l’a compris la première. Elle se penche, ses doigts font légèrement pression sur la nuque de l’anglais, et ses lèvres viennent se poser en coin des siennes. C’est furtif, un peu maladroit et incertains, mais c’est assez pour provoquer un feu d’artifice dans la tête et le corps du british (papa suricate en alerte tape du pied comme panpan). Il a l’impression d’avoir de nouveau 12 ou 13 ans, quand on embrasse une fille pour la première fois. C’est pourtant pas la première. Ni même la première fois avec elle. Mais c’est tout comme. Parce que la dernière fois, c’était un jeu. Ici, c’est sincère. C’est tendre. Et lui qui ne connait pas ça, se sent tout déboussolé. Sa respiration se fait haletante, alors que leurs visages restés face à face, et si proches l’un de l’autre, s’observent un très court instant. Nyah est arrivée, les forçant à décrocher leurs yeux l’un de l’autre. Presque avec déception. « Pleuw pas, Baba… CADEAU ! » Han... La dentelle ! Il la reconnait dans les petites mains potelées de Nyah.  

« Merde. »

Faut vraiment qu’il arrête de jurer devant sa gosse. Surtout qu’innocemment, elle lui tend la petite dentelle, avec de petits yeux tristes. Il finit par lui sourire, posant ses doigts sur le cadeau destiné à Emy. Puis il la pose à côté de lui pour venir passer ses mains sous les bras de la petite et la hisser sur ses genoux.

« T'inquiète pas, papa ne pleure pas. Papa est heureux. »

Il plaque ses lèvres sur les joues de la môme qui rit encore, puis il garde son menton reposé sur la petite épaule de Nyah.

« Très très heureux. »

Chuchote-t-il avant de l’embrasser à nouveau, puis il la repose au sol. Il s’empresse de reprendre la petite dentelle, et la fourre dans le petit sac renversé, Nyah ayant fouiné dedans pendant qu’ils étaient trop occupés à se regarder dans le blanc des yeux, certainement. Il tire le sachet à nouveau complet vers lui, puis le tend à Emy, d’un petit sourire malicieux.  

« J'ignore si tu voudras réellement l’utiliser, mais... J’ai pensé que ta garde-robe en manquait. »

Il y a trop d'émotion ici, il espère briser un peu tout ça, et pouvoir rendosser un rôle plus assuré. Il laisse le petit sachet entre les mains d’Emy, mais il se penche légèrement vers elle, pour chuchoter, d’un fin sourire en coin des lèvres :

« Je m'occupe de Nyah, libre à toi de la ranger ou de l’enfiler. »

Il chuchote, ses yeux azurés tombés sur les lèvres d’Emy. Pourtant, il n’en fait rien, malgré l’envie qui se lit dans son regard. Pas devant Nyah, et puis... Il aime bien faire languir l’instant. Il aime bien ce petit jeu entre eux. C’est quelque chose de nouveau, de doux, de savoureux, et il veut en profiter. Alors il se recule, brisant cette proximité naissante entre eux. Puis il prend sa fille dans ses bras pour se diriger vers les escaliers.  

« Couvre-feu, jeune fille. Maman a besoin d’une petite réflexion, nous, on va aller au dodo! »

Tu parles d’une petite réflexion. La tournure des événements est plus qu’étrange, mais elle ne lui déplaît pas. Au contraire. De toute façon, qu’ont-ils à perdre ? Ils s’attirent comme des aimants, il le sait, il le sent, il le subit, et il en est presque sûr, elle aussi. Sinon, pourquoi se semblant de baiser ? Et puis, elle n’a pas répondu à sa question, à savoir si elle partirait ou non. Mais au fond, il sent bien qu’elle va rester. Qu’elle n’a pas envie de partir elle non plus. Ils sont bien tous les trois, ils sont même très bien. Pourquoi vouloir briser tout ça ? Au contraire. Il veut le vivre, pleinement. Il veut qu’ils soient une famille, plus qu’hier, moins que demain. Alors il laisse Emy à sa réflexion. Il monte à l’étage, pour coucher Nyah. A-t-elle de décider ce qu’elle veut, pour eux deux. Lui, il le sait. Il veut se donner une chance. Elle, elle n’aura qu’à qu’à décider de l’allure des choses, si choses elle veut. Il change donc rapidement la couche de Nyah – et à l’endroit cette fois – puis il la glisse dans son petit lit, tout en tendant l’oreille pour tenter d’entendre ce que fait Emy. Est-ce qu’elle se sera glisser dans la dentelle, ou l’aura-t-elle caché dans son armoire ? Ira-t-elle jusqu’au bout de leurs mots, ou mettra-t-elle un point d’honneur à tout ça ?  

« Je suis certain... Que tu adorais avoir un petit frère, non ? »

Murmure-t-il à la petite alors qu’il lui câline le ventre. Elle gazouille quelque chose d’incompréhensible, qu’il prend pour un oui. Puis il commence à la border, et l’entourer de ses doudous préférés, pour être certains qu’elle dorme et ne les dérange pas. Ils ont de toute évidence, besoin de se retrouver tous les deux.

Spoiler:

L’ambre de ses yeux fixe Oliver avec autant d’intensité que de curiosité. L’américaine comprend que ce pseudo-baiser – aussi maladroit avait-il été – rend le britannique haletant, le trouble. Perdus dans l’instant, ils sont cependant ramenés à la réalité par leur progéniture qui tend à son père un bout de tissu que la jeune femme associe aussitôt à un sous-vêtement féminin. Emy fronce les sourcils, cherchant aussitôt à savoir où Nyah a bien pu dénicher ça, distingue le petit sachet renversé sur la table basse du salon et devine qu’Oliver a fait une escale en boutique avant de venir les retrouver. Elle écoute l’échange entre père et fille d’une oreille distraite, trop occupée à fixer la table basse avec une nervosité naissante. Oliver pose alors le fameux sachet dans ses mains sans se dépeindre d’un sourire qu’elle lui a déjà connu deux ans plus tôt.

« J’ignore si tu voudras réellement l’utiliser, mais… J’ai pensé que ta garde-robe en manquait. ». Puis, il se penche et chuchote. « Je m’occupe de Nyah, libre à toi de la ranger ou de l’enfiler. ». Il s’éloigne, non sans un dernier regard envieux glissé sur ses lèvres que la jeune femme se pince aussitôt.

Emy se retrouve perdue dans ses pensées, à observer le sachet sans oser y regarder de plus près. Sentimentalement parlant, l’américaine traîne une longue liste de déceptions dont Oliver s’avère être l’élément central. Une partie d’elle n’a pas envie de remettre ça par crainte d’être de nouveau déçue, mais une autre apprécie d’être l’instigatrice de tout ce petit jeu de séduction. Comme si, pour une fois, c’est elle qui a le contrôle de la situation voire même l’ascendant sur un homme qui lui n’en est pas à sa première conquête.  

C’est sur cette pensée qu’elle se décide enfin à ôter la lingerie du sachet et à l’observer. Oliver a raison, sa garde-robe en manque. Emy n’a jamais possédé de sous-vêtements aussi suggestifs, délicats et raffinés à la fois. Elle effleure la dentelle du bout de ses doigts, se pinçant les lèvres de plus belle et, après un instant de réflexion, se décide à emporter le tout avec elle dans la salle de bain de l’étage…

**

Emy fait maintenant face à son reflet. Dans cette petite tenue qui sublime ses courbes naturelles, elle a pourtant presque l’impression d’être une toute autre personne. Elle détache ses cheveux et s’observe, incertaine. Son corps n’est plus le même depuis l’accouchement, il en garde d’ailleurs quelques traces que la jeune maman effleure du bout des doigts en affichant une légère moue. Elle n’est pas très sereine. Son regard se pose alors sur l’une des chemises du britannique accrochée à la porte qu’elle enfile, serrant les pans avec vigueur, et pieds nus, finit enfin par quitter la salle de bain pour gagner la chambre d’Oliver qui ne tarde pas à la rejoindre.

Emy réussit à garder la face, seules la chemise qu'elle serre et ses joues la trahissent. C'est elle qui rompt le silence : « Bravo… Et merci… Tu as eu l’œil, je suis flattée. ». Elle coince une mèche derrière son oreille, le rejoint et effleure sa main de son index.


HS :

Spoiler:

Il gazouille avec sa fille, sans même savoir s’ils se comprennent, alors qu’il lui câline le ventre pour l’endormir. Elle le regarde avec curiosité, mais d’un bien large sourire amoureux. Il ne peut pas vraiment l’expliquer, ce lien entre eux, apparu si vite. Mais il s’y plonge corps et âmes, sans retenue. Jamais il ne serait imaginé capable de tomber aussi fou d’une enfant. Lui, l’homme de la nuit. Il a tout laissé tomber du jour au lendemain, pour endosser un rôle qui n’était franchement, pas fait sur mesure. Tout le monde peut douter. Tiendra-t-il, ou finira-t-il par craquer, et son ancienne vie reprendra le dessus ?  

Nyah s’endort. Il sent que ses paupières sont lourdes. Il l’observe, d’un fin sourire, alors qu’il tend l’oreille pour tenter de savoir ce que fait Emy. Elle passe dans le couloir, il l’entend. Mais elle ne vient pas ici, dans sa chambre. Si elle voulait se coucher, et abandonner leur petit jeu, elle aurait débarqué ici pour ranger son cadeau. Son sourire s’élargie alors, l’entendant fermer la porte de la salle de bain. Il attend un peu, afin d’être certain que Nyah dorme. Puis il se redresse, sans bruit, et s’éloigne, rejoignant la sortie de la chambre des filles. Sur la pointe des pieds, il se retire, fermant doucement la porte. Il s’aperçoit alors que la seule lumière qui reste, provient de sa propre chambre. Il se pince la lèvre, comme pour retenir un trop large sourire qui trahirait toutes ses pensées, peu orthodoxes.  

Doucement, il s’approche de son antre, poussant du bout de son index, la porte légèrement entre-ouverte. Il aperçoit Emy, habillée simplement de l’une de ses chemises, dans le fond de la chambre. Il entre alors, observant de bas en haut, la fine silhouette de la jeune femme. Elle n’a pas l’air à l’aise, elle est nerveuse, elle se cache sous la chemise. Il le devine aisément. Un peu comme une femme incertaine, peu en confiance. Non pas à cause de lui, ça vient d’elle. Elle se pense peut-être moins attirante que toutes ces femmes qu’il refait tous les jours. Pourtant, elle l’est bien plus. Et chacun des défauts qu’elle s’imagine, il ne les verra même pas. Le jour de leur rencontre, deux ans plus tôt, c’est pour ça qu’il lui a tourné autour comme un lion affamé. A ses yeux, Emy est une perfection. Si elle s’était pointée à son cabinet, pour se faire refaire quelque chose, il l’en aurait certainement dissuadé. Rien n’est à retoucher chez elle. Absolument rien.  

« Bravo… Et merci… Tu as eu l’œil, je suis flattée. » Elle s’approche, alors qu’ayant passé la porte, il la referme derrière lui, de sa main en arrière. Puis elle s’arrête devant lui, et ses doigts viennent effleurer les siens. Leurs yeux se croisent, se captent, et plongent ensemble. C’est étrange comme instant. Ce n’est pas vraiment un jeu, comme il en a toujours eu l’habitude. C’est comme les premiers mots d’un nouveau chapitre. C’est effrayant, angoissant, mais si excitant. Comme une vague de chaleur qui l’envahie, et le rassure malgré tout.  

« Œil de chirurgien. »

Réplique-t-il, droit, immobile, les yeux vagabondant le long du joli visage d’Emy. Puis il se pince les lèvres, incertain, mais il se lance. Il vient doucement chercher les doigts d’Emy avec les siens. Il entrelace leurs doigts, les siens se refermant sur ceux d’Amy. Son cœur dans sa poitrine accélère ses battements. Mais il tente de ne rien montrer, de ce petit côté de lui, bien moins confiant. Quand il n’est que question de sexe, il ne se pose jamais aucune question. Mais ici, tout est si différent de tout ce qu’il a toujours connu. Amy n’est pas un jouet, ni un gobelet en plastique. C’est la mère de Nyah, la prunelle de ses yeux. Cette femme, cette unique femme sur la planète, à lui avoir fait le plus beau cadeau du monde. Elle est précieuse Amy. Et il a peur de la briser. De la blesser. Encore une fois.  

« Tu es crispé ? »

Chuchote-t-il en remarquant que de sa main libre, elle ne lâche pas la chemise, se cachant avec elle. Il sourit, tendrement, pour la rassurer, et de la sienne encore libre, il vient prendre sa main pour qu’elle lâche le pan de la chemise. De toute façon, elle est fermée, il ne voit encore pas grand-chose. Seulement ses si jolies jambes de mannequin. Il sent que ses mains à lui aussi tremblent un peu. Mais il ne veut pas qu’elle s’en rende compte. Elle est elle-même, si nerveuse. Alors il rapproche doucement son visage du sien, sans lâcher ses mains. Ses lèvres s’approchent de l’oreille d’Emy, et il vient doucement chuchoter près d’elle.

« Mon œil de chirurgien, me dit que tu es absolument parfaite, Emy. »

Il recule son visage, pour que son regard retrouve le sien. Puis il abaisse ses yeux un peu plus, pour admirer ses lèvres. Des lèvres qui lui font envies depuis plusieurs jours, c’est vrai. Il rapproche légèrement son visage, le cœur tambourinant. Les joues bouillonnantes, probablement rouge vives. Puis il ferme ses paupières. Ses lèvres rencontrent enfin, délicatement, celles d’Emy. Un chaste baiser, comme pour s’assurer qu’elle aussi, elle en avait envie. Puis l’une de ses mains libère la sienne pour venir se poser sur la joue d’Emy, presque vers sa nuque. Et puis il s’abandonne à ce baiser. Ses lèvres s’entrouvrent, pince les siennes, il rate une inspiration, son cœur manque un battement. C’est une explosion dans sa tête, mais ça fait du bien. Il sent que son corps se décrispe, se soulage. Il fait un pas, il brise l’infime distance qui restait entre son corps et celui d’Emy, à présent collés l’un à l’autre, tandis que leurs lèvres dansent ensemble. Sa seconde main aussi, relâche celle d’Emy, afin de se glisser entre leurs deux silhouettes. Il effleure du bout des doigts, les quelques boutons de la chemise que porte Emy, qui sont fermés. Et comme attendant une autorisation, une invitation, il commence à en ouvrir un, tout doucement...

Spoiler:

Deux ans qu’ils ne se sont pas trouvés seuls dans l’intimité d’une pièce. Deux ans qu’ils n’ont pas échangé le moindre contact physique ou visuel aussi intense. Forcément, Emy est sous pression. Elle sourit néanmoins à sa première réplique. Contrairement à l’américaine, Oliver est beaucoup plus assuré. Il agrippe ses doigts, les entrelace des siens sous les yeux de la jeune femme qui les observe dans un demi-sourire. Elle ne se rend pas compte que l’une de ses mains tient encore fermement le haut de la chemise.

« Tu es crispée ? ».

Emy est tentée de répondre, mais elle sent que, de toute manière, sa voix risque de la trahir pour l’instant alors elle acquiesce légèrement. Pourtant, Oliver se montre tendre. Une tendresse qu’elle sait venir de ses nouvelles responsabilités. Il n’y a qu’à voir la manière dont il se comporte avec Nyah. Elle le laisse se saisir de ses mains et sent son cœur louper un battement lorsqu’il se penche pour lui susurrer aux creux de l’oreille un : « Mon œil de chirurgien me dit que tu es absolument parfaite, Emy. » qui donne à l’intéresser assez de courage pour rester.

Pendant quelques secondes, le temps est comme suspendu tandis qu’ils se jaugent, s’étudient, s’évertuent à ne pas brusquer les choses pour ne rendre la nuit que plus délicieuse. Oliver l’embrasse le premier avec retenu, toujours dans cette optique de ne pas la brusquer. Emy comprend alors qu’elle n’a aucune raison de s’en faire et qu’il vise avant tout le confort de la jeune femme plutôt que son propre plaisir. Elle sait que ce qu’ils vivent là est entièrement différent de leur première fois, en partie parce que tout se déroule chez Oliver et qu’elle est sûre de ne pas le voir partir au petit matin. Il lui a promis que plus jamais il s’en irait. Plus petite que lui, elle se hisse sur la pointe des pieds et accueille alors le second baiser avec plus d’assurance et d’envie, appréciant le contact de sa main sur sa joue brûlante, puis de son corps contre le sien. Dans la pièce, le silence de plomb – mais ô combien agréable, surtout pour de jeunes parents - est maintenant uniquement troublé par le son de leurs lèvres qui se redécouvrent et de leurs respirations se faisant plus haletantes.

Emy sent que l’une des mains habiles d’Oliver glisse dans son décolleté, mais y reste suspendue comme attendant un signe de sa part. Ses lèvres abandonnent alors celles du britannique pour glisser sur sa joue, suivant le dessin de sa mâchoire pendant qu’il en termine avec les derniers boutons. Elle se sépare de lui et, cette fois-ci, se débarrasse totalement de la chemise pour se retrouver dans la fameuse lingerie. C’est ainsi vêtue qu’elle soulève le haut d’Oliver prenant plaisir à caresser sa peau brûlante de ses doigts gelés avant de l'aider à le lui enlever.

Face aux réactions d’Oliver, Emy se sent finalement plus joueuse, lui agrippe la main et lui tourne le dos pour l’emmener jusqu’au lit, le laissant ainsi profiter d’un autre angle de vue.

Il défait le dernier bouton de sa chemise, portée par Emy. Elle, elle glisse ses lèvres le long de sa mâchoire. Il laisse sa main redescendre le long du corps d’Emy, se contentant de frôler la fine lingerie qu’elle porte à présent, mais encore légèrement cachée. Elle se détache alors de lui, pour faire tomber la chemise. Ses prunelles bleues se posent sur cette fine silhouette, à présent si peu couverte. Une vue délicieuse, qui lui arrache un sourire en coin des lèvres. Un sourire satisfait, bien que probablement coquin aussi. Il a fait le bon choix, la taille, la couleur, la forme. Emy est mise en valeur dans cette dentelle, malgré tout, il ne rêve qu’à la lui ôter. Il s’en pince la lèvre, alors que ses yeux croisent son décolleté, puis ils remontent, retrouvant son regard. Le silence règne, mais il n’a rien de troublant, au contraire. Les deux amants se perdent dans leurs regards, comme s’ils savaient parler à travers. Elle se rapproche un peu, elle glisse ses mains sous la chemise d’Oliver. Ses doigts sont froids, et éveille un frisson sur la peau si chaude du jeune chirurgien. Il sent que sa respiration tremble, il est nerveux, mais aussi si désireux. Emy lui fait un effet encore inconnu. Jamais il n’a ressenti quelque chose de semblable. Il a peur. Peur de mal s’y prendre, qu’elle décide de s’enfuir au petit matin. Ce n’est pas là, l’Oliver qu’elle a connu deux ans plus tôt. Si assuré, si joueur. Il est sentimental ce soir. Il y a quelque chose qui lui échappe. Qu’il ne contrôle pas. On appelle ça le romantisme, l’amour, des mots qui lui, lui paraissent flous et inconnus. Alors il se laisse guider. Il fait confiance à cet étrange sentiment naissant. Et à Emy. Elle détache sa chemise, elle la lui ôte aussi. Ses paumes se posent sur son torse, avant de glisser, pour rejoindre celles de l’anglais. Puis elle se retourne, l’attirant vers le lit. Ses yeux profitent de la vue, étirant un peu plus ce sourire, sur ses lèvres. Pourquoi avoir tant voulu se cacher sous cette chemise, maintenant au sol ? Elle est sublime Emy. Et il compte bien le lui faire comprendre. Alors près du lit, il tire légèrement sur la main de la jeune femme, pour qu’elle se retourne vers lui. Sa main libre rejoint à nouveau le visage de la rousse, tout comme le sien se rapproche, pour l’embrasser à nouveau. Il vient coller son torse au sien, la dentelle caressant sa propre peau, et il s’avance encore, invitant Emy à s’allonger sur son lit.

Avant même qu’Emy n’ait le temps de gagner le lit, Oliver la contraint à faire volte-face pour l’embrasser avec plus de dévotion, son corps se presse contre le sien et, comme pour contraster, l’une de ses mains se pose doucement sur sa joue. Guidée par son amant, elle se laisse entraînée sur le matelas.