Susan était déjà venue au Japon, à plusieurs reprises. De temps en temps elle s’offrait des voyages pour découvrir le monde, enrichir ses connaissances sur les différentes cultures, mais aussi pour trouver de l’inspiration. Mais cette fois ci, l’écrivain s’y rendait avec une immense équipe de plusieurs acteurs et auteurs divers, afin d’assister au grand festival international du film à Tokyo. Depuis que les quatre premiers livres de Lola Green ont été adaptés en film, Susan avait put découvrir, même si c’était de loin, le monde du cinéma. En effet il avait ses plus hauts et ses plus bas, le showbiz n’était pas forcément le milieu le plus saint, mais on pouvait y vivre des choses incroyables.


Ca faisait toujours plaisir à la blonde de voir ses romans si remarqués. A vrai dire, elle n’attendait pas forcément un prix pour Lola Green 4 lors de ce festival, elle accompagnait simplement l’équipe de production et les acteurs principaux. Susan était toujours très discrète, pas toujours bien à l’aise quand il fallait se mettre en avant. Avec son style simple et son zéro maquillage, on pouvait facilement la prendre pour une simple accompagnatrice ou une assistante. Et puis franchement, avec tous les autres films superbes qui avaient pop cette année, on pouvait dire que la concurrence était rude. Pourtant à la fin de la grande cérémonie, l’actrice de Lola Green quitta les lieux avec un prix pour son jeu d’acteur, et il n’en fallait pas plus pour que Susan soit comblée.


Quelques heures plus tard, la jeune femme quitta le train-train du groupe pour faire un peu sa vie dans son coin. Elle marcha ici et là, allant prendre quelques photos de nuit vers Shibuya, avant de manger dans un petit restaurant familial quelques gyozas et rentrer enfin à l’auberge. Alors qu’elle alla dans ses appartements, quelque chose attira son attention. Non. Il y’avait des onsens par ici ?? Il n’y avait pas meilleure façon de finir la journée ! Ravie, elle alla déposer son sac dans sa chambre et pris une serviette, se précipitant dans le coin réservé aux femmes. La seule chose embêtante dans ce petit plaisir, c’était le fait qu’il fallait y aller complètement nu. D’accord, les hommes et les femmes étaient séparés, mais quand même… Être nue devant d’autres femmes était malgré tout assez stressant pour la Texane. Ainsi était la culture japonaise ! Alors elle s’y pliait, entrant avec juste une petite serviette posée sur sa poitrine, les cheveux attachés en chignon.


Après avoir mis les deux pieds dans l’eau, elle s’assied quelques minutes au bord, avant de s’avancer un peu plus loin, question d’être plus tranquille. C’était fou comme c’était agréable, elle ne savait trop pourquoi, mais c’était bien plus plaisant qu’un bain, même s’il y’avait d’autres personnes avec qui partager le moment. Pendant plusieurs minutes, Susan se vida l’esprit, plongée complètement dans l’eau, seule sa tête reposait sur un rocher, sur lequel elle avait aussi posé sa serviette. Et alors qu’elle leva ses mains afin de passer de l’eau sur son visage, quelque chose attira son attention à deux mètres d’elle. Ou plutôt quelqu’un, au milieu de toute cette vapeur d’eau chaude.


Si au début son cœur fit un énorme bond, sa raison vint la secourir. Mais non, ce n’était pas possible. Jesse Dunsworth, l’acteur de Spiderman, tout nu au beau milieu de l’onsen, côté femme ? Mais non, c’était certainement une femme qui lui ressemblait. Il n’était quand même pas assez idiot pour faire une chose pareille. Susan se frotta les yeux afin de mieux observer. Non, en y réfléchissant, la ressemblance était quand même un peu trop frappante. C’était bel et bien un homme, et oui, c’était lui, Jesse Dunsworth. Ce mec était placardé partout en ce moment, bien sûr qu’elle était capable de le reconnaitre. Maintenant, une simple et petite question…


- Qu’est-ce que tu fais ici ?!! cria Susan en reprenant automatiquement sa serviette pour la déposer sur elle dans l’eau.


Et là, elle se souvint qu’ils n’étaient pas seuls en ce moment. Il y’avait plein d’autres femmes qui prenaient du bon temps, et à présent, elles semblaient se demander ce qui se passait. Certainement qu’elles n’avaient pas remarqués la présence du jeune homme, sinon en bonnes japonaises, elles auraient certainement hurlé au scandale à la seconde près. Ce fut alors comme de l’empathie qui naquit dans le cœur de Susan, de la colère, mais aussi de l’empathie. Cet acteur, faisait-il parti des pervers à Hollywood ? Qui se croyaient tous permis et entraient même dans des lieux privés où les femmes étaient nues ?? Elle reprit plus bas :


- Qu’est-ce que tu fais dans l’onsen des femmes, pervers ?? Tu veux un scandale et jeter la honte sur la production entière ??? Mes parents avaient raison, à Hollywood ils sont vraiment tous les mêmes… !

Susan avait eu une éducation particulièrement stricte, celle qu’on vous donnait dans les petits villages perdus dans le Texas, au milieu des vaches et des diverses plantations. Les hommes représentaient le pêché ultime ! Ils étaient tous pervers, gentils et respectueux, mais toujours avec une certaine idée en tête. C’était en venant à New York, que Susan avait réalisé à quel point son village avait des tas d’idées d’arriérés. Elle s’était un peu plus ouverte aux gens, aux différentes cultures, différentes façons de penser… Mais en voyant cet espèce d’enfant star nu dans un lieu réservé aux femmes, c’était comme si elle était redevenue une paysanne en seulement quelques secondes. Non mais sérieusement. Un jeune homme, mais surtout une célébrité telle que lui, se retrouvant dans une situation comme celle-ci. Mais que faisait-il ici ? « Ah...euh...hum...bafouillait-il. Désolé...je... » Il parlait une langue qui était complètement étrangère à la blonde, et tout ceci ne faisait que raviver sa colère, surtout cette idée dégoutante de savoir qu’il était près d’elle et qu’elle n’avait pas le moindre vêtement, juste une petite serviette pour se protéger, et qui de toutes façons, ne protégeait rien !!


Alors qu’elle portait sur lui toutes les accusations possibles, il l’observait cachant ses parties intimes avec ses mains, la honte ultime et bien sûr une gêne sans fin pour la texane. « Mais non, c'est pas ce que tu crois! Je me suis trompé, comme j'ai pas fait japonais lv2 j'y suis allé au pif! S'il te plait, calme-toi, je suis pas pervers! Con et super maladroit sans doutes mais pas pervers! » Con ça c’était certain, même si Susan avait un peu de mal à le croire. Rentrer dans un onsen pour femmes par erreur, il fallait le faire quand même ! Mais ce n’était pas non plus impossible, après tout, pourquoi un jeune acteur au sommet de sa gloire, se mettrait délibérément dans la merde, et en plus publiquement ? Au final, ça se valait. Puis en plus, à vouloir se cacher dans l’eau il semblait si ridicule. La jeune écrivaine avait limite de la peine pour lui, genre vraiment, car s’il se faisait prendre, il serait dans de sacrés beaux draps, sa carrière en prendrait un coup assez fatal. La situation la déplaisait fortement… Mais elle ne pouvait tout de même pas le laisser comme ça !


« Tu...tu raconteras pas ça aux tabloïds hein ? J'ai vraiment pas fait exprès, je voulais juste profiter d'un bon bain je te le jure! Aaaah quel con, comment je vais faire pour sortir moi, maintenant ? » Oui, c’était plus ou moins la grande question. Mais avant tout, pouvait il vraiment sortir ? Au milieu de toutes ses femmes ? Il se ferait remarquer à coup sûr non ? Susan poussa un long soupire et baissa la tête.


- J’y crois pas… Pourquoi c’est toujours moi !


Il fallait toujours qu’elle se retrouve dans de drôles de situations avec les hommes. Il parait qu’elle manquait de chance et que les femmes comme elle auraient du mal à trouver l’amour. Elle tentait de se recroqueviller, sa nudité à quelques mètres d’un homme seulement la mettait bien sûr dans l’angoisse. Il allait devoir attendre que l’onsen se vide, certainement, pour pouvoir en sortir en toute sécurité.


- N’espère pas sortir tout de suite, ces femmes te tueraient. Elle ferait un sérieux scandale. Il faut attendre que ça se vide pour que tu puisses t’en aller, tu es obligé de rester là maintenant. Et je te déconseille de me regarder !!


Et puis, raconter ça sur les tabloids ? Et puis quoi encore. Elle n’avait plus cet âge depuis un bon moment. Peut-être ne l’avait-il pas reconnu ? Ou simplement, peut-être ne la connaissait-il pas. Bon, dans le fond l’un ou l’autre lui était un peu égal. Mais elle se gênerait pas de raconter tout ça à ses amies plus tard !


- Bref. Félicitations pour tes prix au festival idiot.