Le bruit des sirènes, les voix des sauveteurs, ou celle d’Arthuro. Tout était déjà si loin dans sa tête, et si flou aussi. Il ne se souvenait plus de grand-chose. Un trou noir béant sur cette soirée, qui pourtant, avait manqué de peu, d’être la dernière. Il avait voulu jouer, planer, oublier. Dans sa tête, ça sonnait bien, c’était sans danger. Arthuro s’amusait pleinement avec tout ça, alors pourquoi pas lui ? Il aurait pu se contenter d’un verre, une pilule, ou deux, mais une fois parti, éloigné de sa conscience, il ne contrôlait plus grand-chose. L’alcool, la drogue, ça ne faisait pas bon ménage dans le corps d’un non initié. Son corps était vite arrivé à saturation, et il avait perdu connaissance. Il avait même arrêté de respirer, un peu trop longtemps aux yeux des convives de cette fichue soirée... C’était comme ça qu’il s’était retrouvé ici, sur un lit d’hôpital. En urgence, les médecins qui l’avaient récupéré avaient nettoyé toutes ces mauvaises choses de son estomac et de son sang, avant de le sortir de son coma qui avait inquiété tout le monde. Le réveil avait été difficile, Misha avait mis du temps à retrouver ses esprits, complètement shooté par les vapeurs et les restes de la soirée, ainsi que les médicaments des urgentistes.

Quelques heures plus tard, il allait forte heureusement mieux. Incapable de se lever, encore quelque peu à l’Ouest par les médicaments, mais en vie, saint et sauf et hors de danger. Il pensait pouvoir se reposer, tranquillement, et oublier une fois de plus, qu’il avait été un sombre crétin. Mais les visites s’étaient enchaînées. Sa mère et son beau-père étaient revenus en urgence de la Pologne, et il avait eu droit à de belles remontrances dans sa langue natale. Puis des psychologues avaient surenchéris. Tous ensemble, avec les médecins s’étant occupés de lui, ils commençaient à lui parler de cure de désintoxication, parce que lors de son malaise sur scène, peu de temps avant, ils avaient déjà décelé des drogues dans son sang. Ce que le chanteur niait fortement, refusant qu’on l’enferme dans un asile de fou avec Demi Lovato. Puis avant sa fichue soirée, il ne se droguait pas violemment. Ce n’était que des petits trucs pour planer, rien de plus. Parfois pour tenir le rythme, lors d’un trop pleins d’activité. Déjà trop pour ses parents, qui sans lui demander plus d’avis, avaient signé son entrée pour la cure de désintoxication dès qu’il sortirait des urgences. C’était quand même honteux qu’à 28 ans, il ne soit pas libre de signer lui-même ce genre de truc non ?  

Il s’était mis très en colère contre ses parents, si bien que ces derniers avaient finis par rentrer à l’hôtel, songeant que le gamin irait mieux le lendemain. Mais c’était peine perdue, Misha était bien déterminé à leur faire payer cet affront. Bien sûr, il savait que c’était pour son bien. Mais il se sentait capable d’arrêter tout ça tout seul. Il n’avait pas besoin d’être enfermé et coupé du monde deux longues semaines pour ça.

Et puis, à force d’agacement, il s’était endormit. Ou il sommeillait. Il était conscient, mais il n’était plus totalement là. Les yeux fermés, il se reposait, se demandant même si finalement, ça n’aurait pas été mieux d’y rester, plutôt que d’affronter tout ce qui l’attendait dehors : Les paparazzis, ses parents, les fans, Domi, la honte d’avoir déçu tout le monde. Puis cet enfermement de deux semaines. Il ne voulait pas ça... Un bruit de porte le ramenait à lui, sans que pour autant il ne daigne bouger. C’était peut-être sa mère, et il préférait faire le mort. On prenait une chaise, on s’installait à ses côtés. Il continuait de faire le mort. On prenait sa main, elle restait inerte. « Misha. »  Putain, c’était pas sa mère! Pire encore, c’était Amaya. Son Amaya. Son cœur s’était emballé tellement vite, qu’il en avait peur qu’elle réalise qu’il ne dormait pas. Que faire ? Ouvrir les yeux ? Ses mains devenaient moites, elle allait comprendre!! « Pourquoi t'as fait ça ? Pourquoi tu t'es laissé aller à ce point ? T'avais pas le droit de faire ça, de mettre ta vie en danger de la sorte ! Plein de personnes t'aiment sur cette terre, tu peux pas leur faire ça ... Et j'en fais partie, oui je t'aime, même si je ne l'ai pas montré avant ou quand on s'est revu ... Je ne comprends pas ... T'as des amis, si tu allais mal, pourquoi tu n'es pas aller leur en parler, ils t'auraient aidé à affronter tout ça. Je ne sais pas ce qui t'es passé par la tête mais maintenant, tu dois te battre pour rester avec nous, avec moi, avec tout le monde. Je t'assure que si tu fais le coup de partir, je t'en voudrais, je t'en voudrais terriblement ... » … Visiblement, Amaya n’avait pas eu toutes les informations... Il était vivant, bien réveillé, enfin, presque. C’était cruellement gênant. S’il ouvrait les yeux maintenant, elle allait avoir peur ? Elle venait de lui dire je t’aime quand même, c’était vachement impolie de rester mortifié comme ça. En plus, rien que de l’entendre, ça avait eu pour effet d’une telle bombe dans sa poitrine. Il avait tellement chaud... Elle s’inquiétait vraiment pour lui, il ne pouvait jouer avec elle comme ça. Alors il inspirait, fort, très fort, pour faire comme s’il se réveillait tout juste, et il tournait la tête vers elle, avant d’ouvrir ses yeux tout doucement...

« Maya ? »

Murmurait-il doucement, bien qu’il savait pertinemment que c’était elle. Il avait reconnu sa voix entre mille.  

« Qu'est-ce que tu fais là... ? »

S’inquiétait-il tout de même avant tout, espérant que son souci technique n’ait pas déjà fait le tour des magazines. Le son de sa voix était quand même très fatigué, raillé même. Et ça, c’était pour de vrai. Il avait mal aux yeux aussi, la luminosité de la chambre était déjà trop, alors bien qu’il croisait le regard de sa Maya, il fronçait les sourcils tant la douleur derrière les yeux était forte.

« Tu devrais pas m’en vouloir, je suis pas parti... »

Ajoutait-il pour lui faire comprendre qu’il avait tout entendu. Et puis sur ses mots, sa main serrait doucement celle de la jeune femme. Comme pour la remercier d’être à, mais surtout, pour les mots doux qu’elle venait de lui chuchoter. Ça lui avait fait tellement de bien. Il se sentait un peu moins seul tout à coup. Et il avait peur qu’elle s’enfuie en réalisant qu’il avait tout entendu, alors malgré le peu de force qu’il avait, il serrait sa main, tout dans la sienne.