Je triture nerveusement mon téléphone alors que mon regard se perd depuis de longues secondes sur ce mail ô combien mystérieux. Si le nom évoqué ne fait aucun doute sur l'identité de la personne, célèbre présentatrice de notre paysage audiovisuel, c'est finalement toute cette importance qui me fait un peur malgré l'objectif probant de cette rencontre, le fait de me faire entendre par le biais d'une chronique sportive. Si l'idée de présenter mon travail un peu plus officiellement devrait normalement me réjouir, depuis l'incident médiatique survenu il y a quelques semaines avec Adrian, je me terre un peu dans mon coin, tentant d'échapper avec honte toute discussion en ce sens et regarder constamment derrière moi si aucun paparazzi ne me suivait pour voler d'autres clichés. J'avais eu beau montrer ma forte tête à Adrian pour donner le change et faire comme si tout cela ne m'atteignait pas mais à présent, je ressens le poids négatif de toute cette effervescence, quelques clients qui ont été mis au courant m'ont posé des questions, certaines de mes amies rêvent de cette situation, car cela a brisé ma routine et que j'avais de la chance d'apparaître avec mon acteur favori, mais au fond j'ai tout juste envie d'oublier tout ça, tout pouvoir recommencer, que le poids de cette catastrophe ne soit pas aussi lourd pour que je puisse regarder les travaux d'Adrian sans ressentir ce goût amer. Car oui, définitivement, ce n'est plus avec adoration que je regarde mon acteur préféré à la télé. Ce n'est plus dans la légèreté de sa série mais souvent de ces journaux à scandales où je trône maintenant à ses côtés pour les prochains jours à venir ... Et ça fait mal, ça me frustre tellement depuis des jours, car j'aurais tellement voulu autrement. Silence radio, depuis ce jour si funeste, et pour ne pas changer concernant le Scandinave, je me sens totalement perdue.
Comme s'il m'avait rayée de sa vie.

« On est arrivé ma p'tite dame. » Je lève le nez en sortant brusquement de mes songes obscurs. Le regard du chauffeur me toise un peu bizarrement car je n'ai déblatéré aucun mot du voyage, alors qu'habituellement je me plais à lui faire la causette. Chauffeur habituel qui me connaît bien, vu que j'appelle souvent sa compagnie pour me déplacer. Il ne sait pas que je me rends à un lieu où mon importance se jouait, mais il doit s'en douter vu la tête de dix kilomètres de long que je tire. « Oh, désolée Ruben. Je ne suis pas très causante, ce n'est pas habituel, je sais. » L'Espagnol rehausse son regard d'un sourire se voulant encourageant, il ne sait rien de mes problèmes du moment, ou alors, il n'en dit rien. Et quelque part, je le remercie silencieusement pour ça. « Je te réserve ton retour si tu me fais un joli sourire, cariña. Haut les coeurs ! »  Gentil, sans s'épancher de trop, courtoisie et distance tout bonnement élégantes et sans lourdeur aucune, j'apprécie Ruben et finalement je capitule, je lui souris légèrement en glissant quelques billets dans sa main tendue. « Je t'appelle dès que c'est fini. Merci Ruben, t'es le meilleur. » Il se sent pousser des ailes et me salue en espagnol alors que je sors de l'habitacle, me prenant alors la chaude brise gonflant mes cheveux bruns. Je fais maintenant face au café indiqué par le mail et je déglutis. Habillée sobrement, d'un top crème, pantalon en cuir rouge et talons assortis, j'espérais ne pas paraître trop guindée mais tout en restant féminine et dans les clous. Cela me change un peu du traditionnel sportswear de marque que je porte quotidiennement pour le travail. L'heure H approche, et consciencieuse malgré tout, je finis alors par entrer dans l'établissement, m'annonçant poliment au serveur pour qu'il m'indique la table de Mademoiselle Rosenbach. Si je sais à quoi elle ressemble, cela n'empêche pas une certaine tension de monter en moi. Tension de la première rencontre dont on ne sait jamais ce qu'il peut en sortir, et j'en suis bien placée pour le savoir maintenant. Le serveur m'accompagne, et je la vois au fond de la pièce, assise à notre table, et elle lève les yeux vers moi. « Mademoiselle Rosenbach ... Bonjour. » Sourire poli, mais pas forcément à l'aise, je lui tends quand même la main pour plus de cordialité. Elle a de la notoriété, la classe de Madame Télé, cela se sent par tous les pores de sa peau. Et moi, coach sportif de petite zone, j'allais répondre à ses questions et peut-être passer dans sa chronique. Et pourtant, je ne le sais que trop bien, si la vie à New-York est toujours pleine de surprises, personne ne vous dit clairement si elles sont bonnes ou mauvaises.

« Heeeeeeenri.. » Appelai-je comme s'il était mon dernier espoir, une moue d'enfant sur le visage. Ce dernier passa sa tête par l'embrasure de la poste, timidement. Stagiaire depuis trois semaines dans la boite, les ressources humaines avaient prit bien soin de m'affecter un petit assistant, fraîchement débarqué dans la grosse pomme, et surtout livrer à tous les lions du coin, y compris moi. Mon assistante étant partie pour congés maternité, je me retrouvai seule avec moi-même, et Henri.. La tignasse rousse s'approchait du bureau où traînaient les magasines people. Prenant mon air le plus gentil, je saisis un des magazines, je pointai mon doigt sur la jeune femme qui se trouvait dessus. « Je veux que tu me retrouves cette fille.. » Un air dubitatif sur le visage, ce dernier m’observait comme si je sortais de la 4ème dimension et qu’un troisième œil venait de me pousser sur le front, levant les yeux vers lui je soufflais, pourquoi mon assistante n’était pas là au juste ? « Tu vois la fille-là ? » lui fis-je en tapotant sur le papier glacé de mon index, il hocha la tête, bon, c'était déjà un bon début. « je veux savoir qui elle est » on ne pouvait pas faire plus claire dans la demande, reprenant un air interrogateur, la bouche comme un o . « Tu as carte blanche, et si on te demande tu parles d'une chronique sportive, et tu n'en sais pas plus. Merci. » Arquant un sourcil, il referma vite fait la bouche. Prenant le magazine avec lui, il déguerpit à grandes enjambées du bureau, comme si sa propre vie en dépendait. Je finis par lever les yeux au ciel, balançant les autres journaux à scandale dans la poubelle juste à côté de moi. « Madame Rosenbach. » levant les yeux de mon écran, dans un haussement de sourcils, ce dernier s’avançai d’un pas peu assurée, je ne pensais pas faire cet effet-là aux gens, une feuille froissée entres les doigts, il la déposa d’un geste rapide sur le bureau. « C’était facile, ils n'ont pas arrêté de parler de ça durant les dernières semaines. » Bégaya-t-il avant de se reculer à nouveau du bureau. Prenant le papier, je relevai la tête vers lui, comme pour lui signifier qu’il me gênait dans mes actions. Lisant rapidement l’écriture de ce dernier, je me saisis du clavier. Il me fallait un stratagème, sinon cette fille allait se dire que je suis complètement névrosée, quoi qu'il y avait quand même une part de vérité dans cette histoire.. Prenant ma tête entre mes mains, je fixai l'écran de l'ordinateur qui se trouvait juste devant, soufflant de tout mon être. Elle était coach sportive, une idée soudain me traversa l'esprit.. Je tapai sur les touches assez rapidement, prétextant un sujet dans l'émission concernant le sport et les bienfaits que cela pouvait procurer. Plus nulle comme idée, je crois qu'on ne pouvait pas faire. Peut-être que ça allait marcher, sinon tampis.. Je survivrais. Appuyant sur le bouton envoyé, je m'enfonçai dans mon siège, pinçant l'arrête de mon nez avec mon index et mon pouce, qu'est ce qui pouvait me traverser l'esprit?


Je ne savais pas si je faisais une connerie ou pas, en générale, je me retrouvais pas mal, je savais faire la part des choses, mais aujourd’hui je me demandais clairement qu’est ce qui pouvait m’avoir traversé l’esprit.. Ma mère me dirait que je ferais mieux de rentrer, et laisser cette fille tranquille, mais je ne l’avais jamais écouté. Pourquoi changer quand on était aussi bornée que moi.. J’avais rapidement pris le petit déjeuner avec mon collègue, ce dernier m’avait rit au nez quand je lui avais expliquer pourquoi subitement je m’étais décidée a faire une chronique sportive. Il avait croqué dans mon bagel, alors que je lui lançai un regard noir. « Ne fais pas la psychotique. » qu’il m’avait dit cet idiot en rigolant plaquant un baiser sur ma joue, avant de prendre la poudre d’escampette. Vacant à ses occupations, pendant que moi, j’essayais de jouer les héros avec une fille qui n’avait rien demander à personne. Levant la tête de ma tasse de café, j’aperçue une jeune femme qui venait d'entrer, et qui me souriait. « Mademoiselle Rosenbach ... Bonjour. », me fit elle en s'approchant de la table, et en tendant sa main. Je finis par me lever pour lui serrer la main, passant un coup rapide sur un pli imaginaire du pantalon de tailleur gris que je portais. « Bonjour, vous pouvez m’appeler Lou, ça sera bien plus simple que Mademoiselle Rosenbach. » l’invitant à s’asseoir je repris place en face d’elle. « Vous avez fait bonne route ? » Discuter de la pluie et du beau temps très bonne idée Lou!  « Est ce que vous voulez boire quelque chose ? Je suis désolée, j’ai commencé sans vous, j’avais mon collègue qui voulait absolument de mon bagel. » Plaisantai-je afin de détendre l’atmosphère, cette dernière semblait un petit peu stressé. Je lui tendis la carte, un petit sourire en coin sur le visage. Je priais intérieurement pour ne pas passer pour une dingue. Je pensais uniquement à la photo qui avait été prise, entre elle et Adrian. Je n’avais même pas réfléchis à comment aborder ce sujet-là, au final sans passer pour une folle.. 

Nos deux mains viennent se lier dans une étreinte cordiale mais toute professionnelle. Ce genre de poignée de main de grande valeur qui marque sans doute une studieuse rencontre propice à l'échange de points de vue. Je ne vais pas me cacher cependant que toute cette ambiance est nouvelle pour moi. Je suis encore jeune dans le milieu du travail tout comme je porte la fraîcheur de mes 26 ans. Je sais que j'ai encore beaucoup à apprendre de ce monde qui bouge autour de moi et, même si je pense y faire ma place, il existe encore des zones d'ombres que je dois explorer, des erreurs encore à faire pour nourrir mes expériences. Et cette interview, va faire partie de mes premières fois. Autant dire que je n'en mène pas large d'autant plus que je fais face à une figure connue. Alors, je souris, je pense positif pour essayer de faire taire l'inquiétude qui me gagne. Si je réponds clairement aux questions, tout devrait bien se passer non ? Mieux vaut profiter de l'instant et essayer de ne pas trop penser qu'on va faire une erreur, sinon la loi de Murphy s'en chargera volontiers pour moi. Alors, vas-y Dinah, fonce, et surtout, donne le meilleur.

Faisant finalement donc face à mon interlocutrice après lui avoir rendu sa main, elle se lance à quelques banalités usuelles mais nécessaires pour moi, tant elle se trouve avenante. Elle a beau être en habits professionnels lui imposant cet air élégant, mais cette première approche me paraît naturellement sympathique car elle m'autorise d'emblée à utiliser son prénom, Lou, chose qui est bien plus pratique pour moi. Je ne saurais vraiment dire si cela est par pure courtoisie professionnelle ou par réelle approche humaine, mais cela est suffisant pour faire tomber quelques barrières et aussi me faire retrouver l'usage des mes vocalises : « Dinah Maddon. Enfin, vous devez vous en douter ... Et pour la dénomination, faites comme cela vous inspire. » Répondis-je après elle, résolue à faire régner l'ambiance de cordialité qui semble s'instaurer entre nous. Je lui laisse volontairement le choix d'autant plus qu'elle me laisse la possibilité de l’appeler par son prénom bien plus court que son nom de famille. Pour les miens, c'est assez équilibré, donc à voir ce qu'elle préfère. Finalement, elle m'invite à m'asseoir ce que je ne manque pas de faire en croisant les jambes et passant une main dans mes cheveux, tels de légers signes de nervosité inconsciente. « Oui, je vous remercie, je suis venue en taxi et le trafic a été clément, chose plutôt rare à New-York quand on y pense. » Continuais-je alors avec un léger rire en accordant un regard de quelques secondes à la baie extérieure donnant sur la rue, pleine de vie à cette heure. Puis, Lou finit par me présenter la carte que je ne manque pas de saisir en s'excusant d'avoir déjà commencé son repas matinal. « Ne vous en faites pas, j'ai pris le temps de manger quelque chose avant de partir. Mais si vous voulez me suivre pour un thé à la menthe, je ne vais pas m'en priver. » Vu que mon petit déjeuner a été pris, je me voyais mal ne pas résister à une sucrerie de plus en sachant bien que ma ligne sportive en pâtirait. Et de quoi aurais-je l'air en plus, de savourer un morceau de cheesecake alors que je suis ici pour parler de mon boulot ? Une simple boisson suffira. Alors que le serveur passa à notre table, je lui demanda alors ma boisson avec politesse et laissa le soin à Lou de demander une autre commande si elle le désire. Une fois le restaurateur reparti, je reporte alors mon attention vers cette douce brune aux yeux clairs : « Avant toute chose, je souhaite vous remercier de me donner la parole. Je vous avoue que c'est ma toute première interview, cela me fait un peu bizarre. » Me confessais-je alors en portant ma main sur ma nuque, fronçant un peu le nez comme j'ai l'habitude de le faire en faisant éclater un brin de vérité. La question qui me taraude aussi est de demander comment m'a t'elle découverte, mais sans doute le saurais-je plus tard, au fil de notre discussion qui se voudra de plus en plus sérieuse par la suite.

Se donner en interview, répondre à des questions pour que la personne en face de nous puisse présenter une partie de notre vie aux yeux du monde. Un sujet culturel, sportif ou tout autre domaine, tant qu'on connait son texte et d'être raccord avec l'image que l'on souhaite y donner. Etre naturelle, sourire et répondre en accord avec nos idées et valeurs, cela l'air d'être facile dit comme ça, non ? Sauf quand c'est la première fois qu'on s'adonne à une telle expérience. Ce rendez-vous, pourtant avait été prévu quelques jours plus tôt, je me suis mentalement préparée, en apparence seulement, d'être plongée dans ce cas de figure totalement nouveau pour moi. Des jours où je me suis alors demandée comment j'allais m'habiller, si j'allais bien paraître, trouver les bons mots, les bonnes répliques pour promouvoir ma philosophie à travers le sport. Tout un programme, mais la tension de l'instant présent est en général ce qui détruit toute la confiance acquise le jour j. C'est exactement ce que je ressens alors que je fais face à Miss Rosenbach qui n'a pourtant pas l'air méchante pour un sou. En tout cas, sa présence sera toujours plus agréable qu'une vieille peau coincée nourrie aux scandales ou un requin de l'information en costard pour un magazine économique. Alors que Lou, élégante au possible, chaleureuse, a le profil parfait et se fond dans la masse, alors, pourquoi se mettre bille en tête ? L'effet "première fois" est toujours le plus difficile à passer. Elle commande alors un café noir, me prouvant alors que nous n'avions pas l'air d'avoir l'amour du thé en commun. Détail finalement sans importance, je suis bien loin de m'en formaliser alors qu'en temps normal, j'aurais sans doute tiqué.

Il faut bien avouer que je trouve néanmoins contenance et confiance surtout, dans ces échanges humains d'avant mise en place des questions. Nous discutions normalement, nous mettant l'une comme l'autre à l'aise comme feraient deux personnes normales se retrouvant simplement dans un lieu public. Se saluer, passer commande et discuter de tout et de rien. Comme avec une amie en soit, sauf qu'il y a clairement l'amitié en moins, vu que c'est notre toute première entrevue à ce jour. Comme pour prévenir à une montée de crainte de ma part, Lou m'avoue alors que sa toute première interview à l'époque avait été une catastrophe, ce qui a le mérite tout de même de me faire lever les sourcils en silence, quelque peu surprise vu tout le professionnalisme qui se dégageait de sa personne. « Pour une première fois, je suis tout à fait d'accord avec vous, par contre, que vous vous soyez plantée, j'avoue que c'est un peu difficile à imaginer. » C'est vrai, quand on voit Lou à la télé comme j'ai pas mal eu d'occasions lors de mes soirées lucarne, on a cette impression qu'elle contrôle tout et que son expérience lui donne des ailes en toute situation. Présentatrice parfaite, en somme. Non par politesse, mais réellement ce qu'elle dégage à mes yeux. Je la vois alors sortir un carnet rouge et un stylo, panoplie nécessaire pour prendre des notes. J'aurais presque ce réflexe aussi de vouloir mettre mes mains dans mon sac, par pure nervosité mais pour ma part, je n'aurais rien à y noter. Je fais mine alors de regarder quelques secondes ailleurs pour ne pas lui donner l'impression de trop la fixer et lui laisser un peu d'espace. Je distingue en silence ces gens autour de nous prenant leur café et consommations, sans se douter pour le moins du monde la scène de rencontre qui se passe à côté d'eux. La voix de la journaliste me ramène bien vite à la réalité, alors qu'elle présente son parcours professionnel. Très réussi et complet je dois dire. Au fil de ses mots, ma mâchoire se décrocherait presque un peu plus chaque seconde si je ne me retenais pas. Elle a pratiquement tout fait de son milieu, alors que moi je suis bien plus modeste. Comment le lui dire, sans avoir l'air trop ridicule, que face à elle et à son pedigree, je ne suis bonne qu'à faire courir les autres, taper dans un sac et que le seul diplôme que je voulais passer, je ne l'ai même pas eu ? Je déglutis un instant. « Vous avez dû en voir des choses, c'est assez impressionnant !  » Enchaînais-je alors, d'une voix presque admirative. Elle ne s'est pas seulement contentée de rester dans les limites de la sécurité, je l'imagine bien un instant, appareil photo à la main, braver les dangers pour montrer les dessous des conflits du Moyen-Orient. De milliers de questions fusent dans mon esprit, mais je les contiens bien vite. On était ici pour son article, et non pour satisfaire mes curiosités. Je finis par lâcher un léger rire alors qu'elle termine sa phrase par sa promesse de ne pas mordre. J'ai envie de la croire, vu qu'elle se met en quatre pour que je sois à l'aise. Notre échange se fait alors plus sérieux alors qu'elle m'évoque alors le pourquoi du comment nous étions ici aujourd'hui, son désir d'article, son processus de documentation et peut-être aller plus loin, me permettre alors de m'exprimer sur son plateau. Je reste interdite quelques instants, m'imaginant assez mal sous de tels feux pour le moment. Nous n'étions pas encore là, n'est-ce pas ? Je me reprends bien vite, maîtrisant cette crainte car nous n'en étions qu'au tout début de cette rencontre et que rien, au final, ne m'y engageait véritablement à apparaître dans une émission. Hochant légèrement la tête, l'écoutant s'exprimer et expliquer son projet, elle m'avoue alors qu'elle ne connaît rien en sport mis à part quelques séances de boxe auxquelles elle s'adonne, et c'est la que je souris avec bienveillance et me décide enfin à reprendre la parole : « La boxe, c'est déjà un bon début. Vous faites toujours meilleure figure que les personnes qui ne pratiquent pas du tout ... Mais je ferais de mon mieux pour vous répondre. » Assez résolue, en espérant tout de même que mon trac n'allait pas reprendre le dessus d'un seul coup face à une question technique ... Ou déplacée. Première question finalement, et nous voilà parties à mon sens dans le vif du sujet. Léger souffle d'encouragement, me replaçant bien sur ma chaise, jambes libres, mains ouvertes, faisant face à Lou qui me détaille avec attention : « Je suis une jeune professionnelle. Officiellement, je pratique le coaching à mon compte depuis 2016. Mais avant tout ça, je suis passée par l'Université de la ville et fait mes premiers pas dans une salle de sport en tant qu'entraîneuse, avant de prendre conscience que j'avais plutôt envie d'être à mon compte et d'être libre de ma gestion et du temps que je souhaite passer et surtout accorder à mes clients. Ces derniers sont assez variés d'ailleurs, cela va du particulier qui souhaite simplement se détendre aux sportifs plus chevronnés avec de lourds programmes. » Mon discours se fait plutôt étonnamment au fil de l'eau, ma voix est claire et je laisse volontairement une petite pause pour laisser à la journaliste le temps de noter quelques informations. C'est à ce moment que le serveur revient avec les boissons chaudes, le café noir de Lou, et ma tasse d'eau fumante avec le petit sachet sacré qui l'accompagne.