Arrivée à New York depuis deux jours à peine, Miya découvrait et apprivoisait peu à peu son appartement et son quartier. Elle louait un appartement à Manhattan, qu’elle avait choisi exclusivement via le net. Minami l’avait d’ailleurs visité une fois pour lui donner son avis ce qui l’avait confortée dans son choix. Ses valises posées elle s’était empressée de faire la surprise à sa meilleure amie de sa venue plus tôt que prévu.

Passé ses retrouvailles riches d’émotion, Miya avait réfléchi à la suite des événements. Minami et Rin allaient se marier et, elle le savait, Misha était le témoin de Rin. Ils allaient se revoir à un moment ou à un autre et, même si notre chanteuse avait tout fait pour l’oublier, elle savait pertinemment que le revoir lors de préparatifs n’était pas une bonne chose. Elle ne pouvait pas infliger cela à Mina. Pesant ses mots, elle avait envoyé un message à son ex petit ami pour le revoir avant l’événement.

Misha et Miya c’était une longue histoire, qui datait de 6 ans maintenant. Une relation interdite et pourtant intense. Des ruptures et des retrouvailles jusqu’à ce point de non retour. Miya, tellement absorbée par son travail et son envie de réussir, avait un emploi du temps très chargé tout comme lui. La différence était que plus le temps avançait plus Miya craignait pour sa carrière et déclinait les invitations de son polonais. Misha fauta un soir et lui avoua rapidement. Leur histoire s’arrêta là. Depuis ce jours, Miya n’a jamais repris de ses nouvelles même si elle savait qu’elle y était aussi pour quelque chose.

Cela fait donc quatre ans aujourd’hui qu’ils ne se sont pas revus et, pourtant, en envoyant son message, Miya se sentit fébrile. Et pourtant, il accepta de la revoir. Le rendez-vous avait été donné à Times Square, dans un Starbuck. Ne connaissant absolument pas les lieux, Miya s’y était rendue en taxi. Elle se cacha bien d’en parler à Minami, préférant attendre de savoir comment cela allait se dérouler, sachant très bien que Mina était bien loin de le porter dans son cœur. Vêtue d’un pull noir et d’une jupe blanche, elle s’installa à une table à l’intérieur, un peu en avance. Ici, elle n’était pas encore vraiment connue et, autant que cela ne lui fasse bizarre, c’était plutôt agréable de passer inaperçu et d’avoir une vie normale.

Au bout de quelques minutes, elle le vit entrer dans la pièce, il n’avait pas tant changé, un visage toujours aussi doux et un regard dans lequel elle s’était tant de fois perdue. Lorsqu’il se tourna dans sa direction, elle se leva et lui fit un signe de la main afin qu’il puisse la rejoindre. Quatre ans, quatre années sans se voir et Miya ne put s’empêcher de sourire en le voyant avancer vers elle. Autant qu’elle pouvait être anxieuse sur ces retrouvailles, cela lui faisait plaisir de le revoir. « Salut Misha ! » lui lança-t-elle sans doute de manière trop neutre mais, après tout ce temps, il était difficile de savoir comment se comporter et, pour ne rien cacher, Miya ne savait pas réellement définir ce qu’elle ressentait à ce moment précis, partagée entre un mélange d'émotions.

Il s’attendait à tout Misha. Vraiment à tout. Comme par exemple, une attaque d’aliens. La découverte d’une vraie licorne. Ou encore la révélation comme quoi, Poudlard existe bel et bien. Mais recevoir un sms de Miya, quatre ans après leur rupture, ça, jamais il n’y aurait songé. Pourtant dans le fond, n’avait-il pas rêvé que ce jour, ou ils se reparleraient, arriverait ?  

Quatre ans. Quatre ans qu’il ne l’avait pas. Qu’il ne lui avait pas parlé. Pourtant entre eux, ça avait duré presque deux ans, malgré moult séparations. Tel Ross et Rachel. Ils s’étaient rencontrés en 2014, alors qu’il n’était encore qu’un gosse, immature, paumé, et inexpérimenté. Elle avait été entêtée avec lui, parce qu’il était loin d’être le Misha d’aujourd’hui. Les filles le terrorisaient, il les fuyait, il ne savait pas aligner deux mots devant elles. Mais elle, elle avait percé sa coquille. Leur histoire avait été belle, elle était vraie, plus vraie que n’importe quelle autre de ses histoires. Miya, il en était tombé raide dingue. Jamais il n’avait aimé depuis, comme il l’avait aimé elle. Elle était une évidence. Seule tâche noire à tout ça : Leurs carrières. A l’époque, l’un comme l’autre était idole au Japon. Dans un pays ou une idole appartient à son publique, il est strictement interdit d’être vu avec un ou une petit(e) ami(e). Ils se sont cachés, longtemps. Mais c’était compliqués. Elle, elle travaillait tant, qu’elle n’avait plus de temps pour lui. Délaissé, et emprisonné dans cette sensation de solitude, il avait fini par tomber dans les bras d’une autre. Miya, il lui avait probablement brisé le cœur. Et il s’était détruit lui-même, par la même occasion. Il avait perdu la femme de sa vie, son âme sœur, sa moitié. La seule de cette planète, ça il en était sûr.  

Il s’en était remis oui. La page était tournée, peut-être. Avec le temps, il s’était dit que même s’il n’aimerait plus comme il l’a aimé, il finirait bien trouver quelqu’un, avec qui il se sentirait aussi bien. Et il ne désespérait pas. Miya était dans un coin de son cœur, de sa tête, mais il s’était résigné et fait à l’idée que plus jamais il ne la reverrait.

Et puis il y avait eu ce sms. Perdu dans une partie insoutenable de Fifa, son téléphone l’avait déconcentré, en annonçant l’arrivée d’un sms. Alors qu’il appuyait sur pause, son cœur émit un tremblement qui manquait de lui faire tourner de l’œil. Sur son écran, le nom qui s’affichait, c’était celui de Miya. Il n’avait jamais supprimé son numéro. Ni même l’image qui allait avec son profil d’ailleurs, à présent en plein écran sur son smartphone. Une photo d’eux, un selfie qui datait de plus de quatre ans. Quand ils étaient ensemble, heureux. Les mains prises de tremblements, il lâchait la manette de sa playstation, pour empoigner son portable. La gorge sèche, il lisait rapidement le message, et y répondait aussi vite, bien que se relisant plusieurs fois avant d’oser envoyer. Il cherchait ses mots. Il ne voulait pas paraître trop proche, ni trop éloigné. Il ne pouvait pas rajouter n’importe quels émoticônes, bien que le seul qu’il eut envie d’user pour elle, c’était le petit cœur. Simple réflexe, probablement. Elle lui expliquait être ici, visiblement pour préparer le mariage de Minami. Il aurait dû y penser, qu’elle serait de la partie. Comment avait-il pu ne même pas y songer ? Il pensait qu’elle ne voyait plus ses ex-collègues des AKB. Et surtout, il était persuadé que Miya elle, avait refait sa vie, loin du monde de l’idoling. Tombé de haut, avec ces sms, il restait immobile dans son canapé, un bon moment, même sans plus de réponse de la jeune japonaise. Il ne faisait que fixer le selfie d’eux deux, se demandant quand même bien comment ils avaient pu en arriver à s’éjecter de leur vie, après tout ça.  

Le lendemain, il avait rendez-vous avec elle. Il n’avait pas bien dormi cette nuit-là. Il repensait à toute leur histoire. Leurs débuts, comme leur triste fin. Est-ce qu’elle lui en voulait encore ? Est-ce qu’elle lui hurlerait dessus, même quatre ans plus tard ? Comment devait-il se comporter avec elle ? Rester amical, ou prendre ses distances ? Qu’étaient-ils maintenant ? Des amis, ou juste des connaissances ? Il s’était posé tellement de questions, que ses paupières avaient eu du mal à se fermer.

Lui qui d’habitude, enfile n’importe quel survêtement pour sortir, ce jour-là, il ne savait pas quoi mettre. Comme une fille, il avait essayé des centaines de tenues. Il ne fallait pas en faire trop, mais il ne pouvait pas non plus, ne pas s’apprêter. Il avait finalement opté pour un jeans serré, des baskets neuve et d’une grande marque, que la marque elle-même lui avait récemment envoyé. Un tee-shirt noir, avec un col en V, parce qu’il aimait bien laisser apparaître les tatouages de son torse. Puis une veste en jeans, avec une doublure molletonnée, pour affronter l’hiver. Une casquette sur la tête, pour éviter d’être reconnue. Et il prenait la route du centre-ville, ayant commandé un Uber pour ça.

Après avoir réglé sa course, il marchait un peu, nerveusement, pour se rendre au Starbuck. Les mains dans ses poches, il serrait la doublure, alors que son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Il avait l’impression de n’avoir jamais été aussi stressé. Qu’est-ce qu’elle était devenue Miya ? Est-ce qu’elle serait contente de le revoir ? Allait-elle le trouver toujours aussi mignon qu’il y a quatre ans ? Est-ce qu’elle suivait sa carrière ? Est-ce qu’elle aimait ce qu’il faisait ? Non loin du Starbuck, il s’arrêtait, pour prendre le temps de fumer une cigarette. Il en avait besoin, pour se calmer et déstresser un peu. Il avait la bougeotte, il trépignait des pieds. Et puis il était 15h. Abandonnant son mégot dans un cendrier, il rassemblait son courage pour venir pousser la porte du café.

A l’intérieur, il y avait un peu de monde. Alors très angoissé, il scrutait la pièce de ses yeux bleus, jusqu’à apercevoir une petite silhouette brune se lever et lui faire signe. Alors que leurs regards se croisaient, il la reconnaissait aussitôt. Miya était là, en plein milieu de ce café, et personne ne semblait faire attention à elle. Il ne put s’empêcher de sourire, un peu tristement parce qu’il regrettait leur silence de quatre ans, mais avec une telle tendresse. Miya n’avait visiblement pas changé, si ce n’est sa couleur de cheveux. Son petit châtain clair avait disparu, laissant place à sa vraie couleur. Elle n’était plus habillée d’autant de couleur non plus, elle était tellement plus neutre, plus mûre, plus femme. Plus sage, plus japonaise dans la vie active, la vraie vie active. Elle avait bien changé oui, mais elle restait toujours aussi jolie. C’était dingue qu’elle se tienne là, sans que personne ne lui saute dessus pour avoir une photo, un autographe... Le temps était vraiment passé.  

Avalant difficilement sa salive, il s’avançait doucement vers elle, sans la quitter des yeux. S’en était peut-être gênant pour elle, mais il ne pouvait pas se contrôler. Il avait l’impression de rêver. Que ce n’était pas réel. Il s’arrêtait à sa hauteur, et machinalement, comme s’il était de retour au Japon, quatre ans en arrière, il la saluait en se penchant légèrement, et maladroitement. Sans perdre son petit sourire gêné et nerveux. Elle le saluait oralement, avec une telle neutralité, qu’il se redressait en effaçant légèrement son sourire.  

« Miya. Ça faisait longtemps. »

Murmurait-il, alors que de ses mains tremblotantes, il ôtait sa veste pour la poser sur le dossier de sa chaise. Il ne tardait pas à s’y asseoir d’ailleurs, par peur que ses jambes ne le lâchent. Assit face à elle, il se frottait nerveusement les mains contre ses cuisses, alors que son regard restait rivé sur Miya. Il l’étudiait, ayant bien du mal à réaliser qu’elle était là, et cherchant à trouver qu’est-ce qui avait bien pu changer chez elle. Lui il avait probablement beaucoup changé. Plus tatoué, les traits plus fatigués aussi probablement. La trentaine approchait, et avec son train de vie, il avait souvent l’air arraché.

« Je... Tu vas bien ? »

Il ne savait pas vraiment par où commencer. Il avait l’impression de vouloir demander pleins de choses, tellement, qu’il ne savait plus quoi dire finalement. Réalisant qu’il régnait une certaine tension un peu lourde, il finit par abaisser le regard qui disparaissait derrière la visière de sa casquette, se frottant un sourcil du bout des doigts.

« Je suis désolé, je suis vachement nerveux. »

Avouait-il d’un petit rire discret et nerveux, remontant l’azure de ses yeux vers elle.

« Ça me fait bizarre. Mais... Ça me fait du bien. »

Tellement de bien. Peut-être qu’elle, elle allait lui cracher au visage. Après tout il ne méritait que ça. Mais il avait besoin de lui dire, qu’il était heureux de la revoir. Même s’il ignorait totalement comment le lui dire réellement. Ou comment agir avec elle. Dans le fond, ils ne sont plus grand-chose, si ce n’est un souvenir, aussi chaud que triste. Avec elle, il avait mûrit, il était devenu un vrai homme. C’était son premier grand et vrai amour. C’était bizarre de la revoir, et elle devait certainement le comprendre. Même si peut-être, elle, elle avait refait sa vie et elle avait rencontré un amour plus fort encore. D’ailleurs, y songeant, il jetait un œil aux doigts si fraîchement manucurés, de Miya. Mais elle ne portait aucune alliance. C’était étrange, lui qui s’était mis en tête qu’elle était sûrement retiré du monde des arts, pour se marier et fonder une famille.

Misha semblait nerveux, Miya le connaissait assez pour reconnaitre ces traits. Pour autant, elle s’était trompée, il avait changé, ce qui était tout à fait normal. A travers son col dénudé elle put voir que de nouveaux tatouages étaient encrés sur sa peau par exemple mais, il semblait aussi fatigué. N’allait-il pas bien ? Perturbée, elle le salua maladroitement et le sourire que Misha arborait s’effaça en partie. « Miya. Ça faisait longtemps. » répondit-il avant qu’ils ne s’installent tous les deux. « Je... Tu vas bien ? »

« Je vais bien merci et toi ? Tu as l’air fatigué. Tout va bien ? » Elle ne pouvait pas s’empêcher de s’inquiéter pour lui, même après autant de temps sans contact. Misha avait été le premier à autant faire battre son cœur et cette histoire l’avait profondément marquée.

« Je suis désolé, je suis vachement nerveux. » ajouta-t-il ensuite. Cela expliquait-il ses traits tirés ? Le visage baissé et les yeux cachés par sa casquette, on sentait parfaitement son malaise et cela pouvait se comprendre. Elle l’avait d’ailleurs connu ainsi à leurs premières rencontres. Ce jeune homme mal à l’aise et maladroit qu’elle avait su apprivoiser et avec qui elle avait connu de si bons et doux moments malgré les interdits. « Ça me fait bizarre. Mais... Ça me fait du bien. » La brunette esquissa un sourire, touchée, avant de répondre également.

« Moi aussi… J’ai mis du temps avant de savoir comment t’écrire après tout ce temps. » avoua-t-elle. Un serveur les interrompit alors pour prendre leur commande. Pour sa part, Miya demanda un Chai Tea Latte et quand l’employé repartit, elle reposa son regard sur son ex petit ami. « Je suis contente qu’on se revoie. Ca… Ca n’a pas été facile…. » de confia-t-elle un peu. Elle avait commencé par le détester de l’avoir trompé et avait tout envoyé bouler, refusant surtout qu’on prononce de nouveau son nom. Son agent était cependant ravi, après l’avoir sermonné à plusieurs reprises quand il s’était rendu compte de leurs écarts.

Puis, le temps passa et avec le recul, elle comprit sa faiblesse et s’en voulut d’avoir été si distante et si accaparée par son travail. Ne sachant pas comment renouer un lien avec lui, elle avait abandonné l’idée jusqu’à la nouvelle du mariage de Minami et Rin. Elle allait devoir le revoir et n’était pas du genre à se voiler la face. Elle devait prendre les devants pour que tout se passe au mieux. De plus, elle avait pris la décision de venir s’installer à New York et il y vivait. Ils avaient besoin de discuter de tout ça, elle en était convaincue. « Je sais que c’est de ma faute… Je n’étais plus là pour toi. » termina-t-elle, le regard baissé.

« Je vais bien merci et toi ? Tu as l’air fatigué. Tout va bien ? » Penaud, Misha la fixait avec étonnement, perplexe d’une telle question. Elle semblait inquiète pour lui, l’homme qui lui a pourtant brisé le cœur quatre ans auparavant. Il s’attendait à de petites piques, des sous-entendus glaçants et peu appréciables. Mais certainement pas à ça. Peut-être aussi qu’il en avait presque oublié le cœur en or de cette fille. Cette gentillesse à toute épreuve. Trop de gentillesse. C’était ce qui l’avait amené lui, à vouloir sans arrêt prendre soin d’elle. Ce petit bout de femme fragile, toujours souriante, et pleine de vie. Toujours aussi mal à l’aise, et angoissé, il se ratatinait dans sa chaise, nerveusement.

« Oui ça va, merci. »

Répondait-il rapidement, refusant catégoriquement de parler de ses problèmes aujourd’hui. De toute façon, Minami lui avait sûrement déjà fait un sacré résumé de ses derniers scandales. Ses problèmes de drogues, d’alcool, son instabilité avec les filles. La japonaise n’ayant jamais porté Misha dans son cœur, il se doutait qu’elle n’avait omit aucun détail.

« Moi aussi… J’ai mis du temps avant de savoir comment t’écrire après tout ce temps. » Après tout ce temps, ou après la cause de leur rupture ? Détournant le regard, culpabilisant encore tant de toute cette histoire. Un faux pas qui lui avait coûté la plus belle histoire de sa vie. Et sa meilleure amie. Il avait tout perdu en trompant Miya. Ce soir-là il n’était pas lui-même. Ivre, triste, et cette sensation d’être abandonné. Ho il ne pouvait pas se chercher des excuses, il n’en n’avait aucune. Il avait été un parfait connard, point final. Mais il savait pourquoi il en était arrivé là. « Je suis contente qu’on se revoie. Ça… Ça n’a pas été facile… » Pour lui non plus. Se frottant nerveusement les mains entre les cuisses, il acquiesçait maladroitement, sans oser dire un mot. Il ne savait pas trop quoi dire de toute façon. S’excuser, encore et encore ? Il l’avait certainement fait assez il y a quatre ans. Et c’était dans le vide, il le savait bien qu’il était impardonnable. « Je sais que c’est de ma faute… Je n’étais plus là pour toi. » Brusquement, il relevait la tête, les yeux écarquillés. Comment pouvait-elle dire ça ? Son cœur se serrait un peu plus dans sa poitrine, alors que doucement, il venait poser ses bras sur la table. L’azure de ses prunelles étudiaient un instant le visage si angélique et désolé de Miya. Elle lui faisait de la peine. C’était de sa faute tout ça. Il l’avait tellement blessé, que maintenant, elle en venait à se croire coupable. Se raclant discrètement la gorge, il finit par hocher la tête, les yeux attristés. Le regard toujours aussi désolé.

« Je t’en prie, ne dis pas ça. »

Murmurait-il enfin, après un trop long silence. Le son de sa voix raillé par l’émotion. Il sentait son cœur battre si fort dans sa poitrine, qu’il en vint à se frotter le pectoral, tirant légèrement sur son teeshirt. La main légèrement tremblante, comme lors de leur premier rendez-vous.

« Tu n’y es pour rien. C’est moi qui aie merdé. Profondément merdé... »

Il ne s’en rendait même pas compte, mais c’était la première fois qu’ils se parlaient uniquement en anglais. Lors de leurs premiers rendez-vous, il apprenait le japonais, elle l’anglais, alors ils s’amusaient à s’aider et à inventer des phrases dans les deux langues. Mais elle semblait s’être bien améliorée, pour lui tenir la discussion aussi facilement. Lui, il avait fini par parler le japonais sans souci aussi, dès qu’il était entré dans BAG. En revanche, il n’avait jamais su l’écrire, ni le lire. Et puis voilà déjà deux ans qu’il ne le pratique plus vraiment. Heureusement que Rin et Ryota étaient de retour, pour qu’il s’entraîne. Surtout qu’il y avait pas mal de conventions au Japon de prévues pour l’hiver. Il devait revenir pour un concert de BAG, pour fêter les 6 ans du groupe. Et aller à la rencontre de fans, à Tokyo, pour un Handshake. Même si revoir les têtes des managers l’ayant bridés pendant 4 ans ne l’enchantait pas, il était bien content de pouvoir retrouver quelques anciens, ceux de la seconde génération encore en activité. Et puis rencontrer les nouvelles générations aussi. Ceux qui les ont remplacés, lui, Shin, Rin, Ryota et les autres ayant quitté le navire pour de nouvelles aventures.

« J'ai fait n'importe quoi. Je t’ai fait mal. Je suis impardonnable, ne vas pas dire ça. On était malmené par nos managers, je supportais plus la pression, la solitude, mais c’était pas du tout une raison. Je ne peux plus dire que je suis désolé, je l’ai sûrement trop dit et c’est pas excusable. Je veux pas venir ramper en te suppliant de bien vouloir qu’on soit amis maintenant... »

Le malaise se lisait sur son visage, et sur ses mains, qu’il se frottait tellement nerveusement. Tirant presque sur ses doigts, comme pour tenter de se faire mal et d’en oublier la douleur de son cœur, occupant son esprit sur quelque chose d’autre.

« Je sais qu’au font, tu ne peux certainement plus supporter ne serait-que ma photo... Je voudrais juste que tout se passe bien pour Rin, et Minami. Ils s’aiment profondément, et je veux pas gâcher ça. »

Eux aussi ils s’aimaient profondément pourtant. Est-ce que leur amour était mort avec le temps ? Misha ignorait la réponse. En tout cas, il avait toujours autant de tendresse et d’attachement pour elle. Mais il savait aussi que son écart avait certainement tout tué entre eux. Et que jamais elle ne lui ferait confiance après ça. Plus jamais. Et c’était normal. Il avait perdu, il en était conscient. C’était douloureux, mais il avait tourné la page. Ou au moins en apparence. Parce que face à elle, aujourd’hui, il se rendait bien compte que la douleur était toujours vive et toujours là.

« Oui ça va, merci. » Miya le connaissait assez pour savoir que ce n’était pas totalement vrai. Pour autant, elle se contenta d’esquisser un léger sourire n’étant personne à présent pour lui poser des questions. Elle espérait seulement qu’il n’allait pas trop mal. Minami évitait de lui parler de lui, elle avait plus de nouvelles par Ryota mais Misha n’était pas vraiment le centre des conversations. Miya avait eu besoin de tourner la page ayant bien trop souffert de cette tromperie.

Pour autant, avec le temps elle s’était rendue compte que si elle avait été moins fixée sur sa carrière, les choses ne se seraient sans doute pas passées ainsi et elle culpabilisait énormément quand elle y repensait. « Tu n’y es pour rien. C’est moi qui aie merdé. Profondément merdé... » La jeune femme resta silencieuse, ne pouvant contredire ce qu’il disait. Où en seraient-ils tous les deux à ce jour si leur couple avait continué de fonctionner ? Seraient-ils aussi amoureux que Minami et Rin ? Auraient-ils envisagé un mariage ? Une famille ? Tant de questions sans réponse auxquelles Miya pensait depuis son arrivée. « J'ai fait n'importe quoi. Je t’ai fait mal. Je suis impardonnable, ne vas pas dire ça. On était malmené par nos managers, je supportais plus la pression, la solitude, mais c’était pas du tout une raison. Je ne peux plus dire que je suis désolé, je l’ai sûrement trop dit et c’est pas excusable. Je veux pas venir ramper en te suppliant de bien vouloir qu’on soit amis maintenant... » Baissant le regard, elle remarqua les gestes de Misha, elle voyait bien qu’il était sincère et, au fond d’elle, elle l’avait toujours su. « Je sais qu’au font, tu ne peux certainement plus supporter ne serait-que ma photo... Je voudrais juste que tout se passe bien pour Rin, et Minami. Ils s’aiment profondément, et je veux pas gâcher ça. »

« Moi non plus, et c’est pour ça que je voulais qu’on se voie avant. Oui j’ai eu mal, je crois que je n’ai jamais autant souffert, nous deux… Je pensais vraiment que ça pouvait marcher… » Elle marqua une pause tendit qu’on les servait. « Mais ça fait quatre ans maintenant, et, même si je ne pourrai jamais oublier, je ne veux pas t’en vouloir toute ma vie. Je suis pas comme ça. » Et elle était sincère, elle ne disait pas ça pour un semblant d’apaisement pour le mariage. Elle but une gorgée de sa boisson, tout en réfléchissant encore à la situation. « Je devrais pas le dire mais tu m’as manquée. » avoua-t-elle en reposant son gobelet. « Je sais pas ce qu’on pourra devenir, c’est tellement bizarre de se retrouver après ce qu’il s’est passé, après tout ce temps mais on peut essayer de repartir sur de nouvelles bases. » conclua-t-elle.