Le père de Mohamed est décédé il y a 15 ans d'un accident sur le périphérique, au retour d'une journée de travail habituelle, laissant derrière lui une famille meurtrie, sa femme et ses trois jeunes enfants. Maman était sous le choc et très endeuillée, elle s'est enfermée dans une bulle de silence. C'est son oncle qui s'est occupé de lui, tandis que ses tantes s'occupaient de Rabia et Redouane. Son oncle n'est pas un modèle d'excellence (il n'est pas pratiquant et consomme des substances haram), mais il est le frère de papa, alors on lui fait confiance.

Pour ses 6 ans, son oncle lui offre une journée à Disneyland Paris. De là, va s'en suivre une multitude d’événements engageant une descente aux enfers pour l'enfant. Il devient renfermé, si bien qu'on s'imagine qu'il est autiste car il ne parle pas beaucoup. A l'école, il a des crises de colère incontrôlables. A la maison, sa mère est dépassée. C'est son oncle qui s'engage "à le remettre dans le droit chemin".

En avril 2010, il n'a que onze ans, mais l'étincelle dans son cœur prend feu lorsqu'il voit son oncle se rapprocher dangereusement de sa sœur. Le jugeant trop tactile, Mohamed ordonne à l'adulte de la laisser tranquille devant le visage interloqué de sa mère. Il se prend une gifle monumentale, l'envoyant valser contre un meuble, mais cette fois, fou de rage, le gamin se jette sur son oncle pour l'étrangler avec ses petites mains. Il finira à l'hôpital pour passer des examens suite à l'intervention de la police, alertée par les voisins.

L’état de l'enfant (physique et psychologique) pousse les services hospitaliers à appeler l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE). Après témoignage remis en cause par la famille, le traitant de menteur et de voyou, l'Oncle de Mohamed est tout de même jugé. Quelques mois plus tard, Mohamed est placé sous décision judiciaire et sous accord de sa mère dans une famille d’accueil dans les Yvelines pour le protéger et l'aider à se reconstruire. Il est suivi par un pédopsychiatre.

Accompagné de Dominique et Nathou, il obtient son brevet des collèges non sans difficulté et intègre une boulangerie pour passer un CAP Boulangerie en apprentissage à 15 ans. Avant de passer l'examen, il pète les plombs avec son patron et menace de foutre le feu à la boutique s'il n'arrête pas ses remarques racistes. Il est viré de la boutique et du CFA à 17 ans, sans passer l'examen.

Le lendemain de ses 18 ans, le 18 décembre 2016, il quitte le foyer de sa famille d'accueil et retourne sur Paname même. Il sera hébergé quelque temps par son ami Moussa, qu'il a connu dans cette même famille d'accueil, mais finira pas errer dans les rues parisiennes. Il restera sans domicile fixe pendant 10 mois, échangeant parfois des "services/faveurs" contre une nuit et un repas chaud.

C'est grâce à Sasha qu'il sort définitivement de la rue. Rencontre fortuite, anodine, début d'une grande amitié. Cependant, lorsque Sasha lui a annoncé partir pour New York, c'est un deuxième coup dur. Abandonné par tous, c'est après un mois de galère dans la capitale française que Moussa lui propose de le rejoindre à New York pour l'aider à démarcher les boites dans le cadre de sa marque Streetwear qu'il développe à l'étranger. Un prétexte pour lui donner une raison de le rejoindre avant de s'enfermer dans cette solitude pesante, nuisant à sa santé.

C'est Dianeba, son amie et sœur adoptive (famille d'accueil) qui le pousse à l'accompagner, elle aussi pour développer sa carrière dans le mannequinat de l'autre côté de l'océan.