Debout face à son miroir, dans une chambre à peine éclairée, Misha fixait son reflet sans grande conviction. Ce soir, c’était sa première sortie publique depuis son overdose, et il n’était franchement pas très enchanté de devoir affronter le monde extérieur. Il savait d’avance qu’on le couvrirait de questions sur sa santé, ses addictions, si c’était un accident, ou s’il avait attenté à sa vie. Il avait été briefé bien sûr, il savait ce qu’il pouvait dire, et ce qu’il fallait éviter d’avouer. Mais il avait l’impression que ces derniers temps, il ne contrôlait plus rien. On lui prépare ses phrases à l’avance, et ce n’est franchement pas la vie dont il rêvait. Lui, il aurait aimé faire et dire ce qu’il vaut, quand il le veut. Pas être obligé de jouer un rôle qui ne lui colle même pas à la peau.

Mains dans les poches de son smoking, il soupirait une énième fois avant de finalement venir passer ses doigts dans ses cheveux. Allez, un peu de courage. D’ici peu de temps, Demi Lovato aura elle aussi succombé et on le lâchera pour s’arracher le moindre scoop sur la chanteuse.  

Attrapant sa veste dans un coin de la chambre, il quittait les lieux pour rejoindre un taxi qui l’attendait à la sortie de son appartement. Pas même le temps de risquer d’être vu par le moindre paparazzi. Et puis il arrivait devant l’immense building qui accueillait cette soirée caritative. D’un faux air assuré, il sortait de la voiture, aussitôt aveuglé par les flashs des journalistes. On appelait son nom d’un peu partout, mais il se contentait de faire des sourires et de petits signes de la main, rien d’autre. Il ne s’avançait vers aucun reporter, préférant ne se risquer à aucun interview. Comme tous les invités, il passait par le tapis rouge et le coin photo. Il prenait quelques poses, regrettant de ne pas avoir opté pour une paire de lunette de soleil. Ses yeux allaient voir des petites étoiles toute la soirée. Puis écourtant ce moment, il se faufilait à l’intérieur du bâtiment, sans accorder le moindre mot à qui que ce soit.  

Quelques têtes connues le saluaient, et prenaient de ses nouvelles. Poliment, il affirmait que tout allait bien, et il ne s’étalait pas sur le sujet. Longuement, il scrutait l’immense table rempli de flûtes de champagne. Il n’avait pas le droit à l’alcool, ça faisait partie de ses nouvelles règles à la con, que lui imposaient sa boite. Paraître clean. Tu parles qu’il avait envie d’être clean. Il avait surtout envie de se saouler et de ne plus penser à tout ça. Et comme toujours, c’est sa conscience qui avait raison. D’un pas décidé, et fixant les verres de pétillant, il s’avançait sans trop regarder ou il mettait les pieds, quand une silhouette lui rentrait franchement dedans. Surpris, il eut un petit mouvement de recul, avant de poser l’azure de ses yeux sur le, en l’occurrence la, fautive. Et il eut un autre mouvement de recul, la respiration presque arrêtée. C’était Lou. Une amie avant tout, mais aussi l’un de ses plus gros soucis du passé. Ils avaient un peu trop bu à la même soirée, il y a plus d’un an de cela, et ils avaient terminé dans le même lit. Ça aurait pu être amusant, le genre d’histoire qu’on raconte lors des soirées entre potes. S’il n’avait pas eu une petite amie à l’époque. Qui bien évidemment, elle, a beaucoup moins rit. Misha c’était senti si mal à l’aise et coupable, qu’il avait évité Lou tout ce temps. Il ne voulait pas qu’elle-même, vienne à culpabiliser de tout ça.  « Pardon, je ne regardais pas ou je mettais les pieds. » Elle ne semblait pas vraiment réaliser sur le coup, mais quand leurs yeux se croisèrent, il lui lançait un petit sourire gêné, tout en passant ses doigts dans sa nuque. « Comment vas-tu ? » Ho la question bateau que tout le monde à aux lèvres ces derniers temps. Il acquiesçait simplement de la tête, pour réponse.

« Ça va, merci. »

Il jetait un dernier regard au champagne, un regard presque désespéré, avant que la voix de Lou le force à reposer ses yeux bleus sur elle. « Tu as un peu de temps pour moi, ça fait une éternité ! »

« Heu... Oui bien sûr. »

S’que ça pouvait être gênant. Elle allait probablement lui demander pourquoi il l’avait évité après leur partie de jambes en l’air ? C’était quoi le mieux, qu’elle pense qu’il n’avait pas aimé ça ou lui dire franchement qu’elle avait été ce soir-là, sa maîtresse, dans tous les sens du terme ? L’invitant à le suivre en posant une main à plat dans le dos de la jolie robe de Lou, il l’entraînait un peu en retrait de la foule, alors que ses mains s’enfonçaient dans le fond des poches de son pantalon.

« Je suis malpoli, j’t’ai même pas demandé comment toi tu allais ? »

Ça c’était surtout parce qu’il en avait marre qu’on lui retourne la question, avec de petits yeux désolés - souvent hypocrites – juste pour savoir s’il avait vraiment manqué de mourir, ou s’il était un camé profond.  

« Ça fait bien longtemps. Toujours à la NBC à ce que je vois ? »

Il affichait un petit sourire en coin des lèvres, alors qu’il levait les yeux vers les collègues de Lou, un peu plus loin. Des types chiants, plus vieux, et surtout hautains. Alors très vite, toute son attention retombait sur la jolie brunette.

« Je suis désolé de ne pas t’avoir rappelé après tout ça... J’ai été beaucoup occupé. »

Pour ne pas dire qu’il avait surtout eu peur que ça recommence, alors qu’il avait une nana. Et que cette nana lui en a tellement fait des histoires, qu’il avait aussi voulu protéger Lou et la tenir loin du moindre scandale.

« Avec du champagne, la vie est toujours plus belle. Donc ça ne peut qu’aller, je dirais. » Il hésitait, est-ce qu’il pouvait en rire ? Ou était-ce une pointe d’ironie face à leur dernière rencontre ? Ne sachant trop quoi dire, il se contentait de sourire en coin des lèvres, alors qu’elle attrapait deux autres coupes de champagnes. Il en était même jaloux, lui qui n’avait droit à rien... « on trinque ? » Elle lui tendait l’une des deux coupelles. Se battant presque avec sa conscience, il fixait le verre de ses beaux yeux bleus, tout en se pinçant la lèvre.  « A moins que tu n’y as plus le droit non plus. Dommage pour toi, ça en fera plus pour moi. » C’était lui ou elle semblait contente de pouvoir lui faire passer un verre sous le nez ? Frustré, il en gardait la bouche légèrement ouverte alors que le verre s’éloignait vers la brune, qui elle, n’hésitait pas à en avaler quelques gorgées. A ce rythme-là, elle allait finir plus ivre encore, que la dernière fois. Elle enchaînait sur son boulot, précisant son ennui mortel auprès de ses collègues, puis finalement, elle dérivait sur sa robe. Misha n’en n’écoutait presque rien, les yeux rivés sur sa coupe de champagne dans lequel les petites bulles remontaient à la surface. Il aurait donné n’importe quoi pour en avoir ne serait-ce qu’une gorgée. Mais s’il était vu un verre à la main, Domi le fusillerait. Et pire encore, les journalistes s’en donneraient à cœur joie pour le traîner dans la boue. Il n’avait certainement pas besoin de ça. Et puis, alors que la voix de Lou devenait presque sourde à ses oreilles, il avait préférée changer de sujet et casser ce froid qui tentait de s’installer entre eux. Il lui fallait une bonne excuse au fait qu’il ne l’ait pas rappelé depuis leur petit tour de manège. Et plutôt que de lui avouer qu’elle avait tout simplement été sa maîtresse, et qu’elle avait ruiné son couple, il optait pour une des excuses les plus bidons de tous les temps. « La presse en a beaucoup parlé, mais je ne pense pas que tu me dises la vérité. On m’a déjà fait le coup, je suis loin d’être une idiote. » Est-ce que c’était maintenant qu’il arrêtait de respirer ? De plus en plus mal à l’aise, alors qu’elle osait l’affronter droit dans les yeux, lui, il fuyait son regard. Il vérifiait surtout que personne ne pouvait les entendre, or, cette salle était loin d’être la plus intimiste. Alors il finit par poser sa main sur le bras de Lou, pour l’entraîner un peu plus loin. Il traversait la grande salle de réception, puis passait une porte pour atterrir dans un petit salon inoccupé. Il prenait soin de bien fermer la porte pour être certain que personne ne les dérange. Puis il se retournait vers Lou, se frottant nerveusement le bout des doigts.

« Ecoute... C’est un peu compliqué. Et... Je voulais juste pas que tu sois mêlé au bordel qui entoure ma vie. »

Ouai, bon, vu d’ici elle allait certainement penser qu’il se fichait d’elle, et elle ne manquerait pas de renchérir. Alors il s’empressait de reprendre avant même qu’elle n’ait le temps de lui répliquer quoi que ce soit :

« Je sais que je n’ai pas été correcte. Et j’en suis vraiment désolé... Mais quand on... Quand on s’est vu la dernière fois, et qu’on a... Enfin tu vois... »

Il roulait légèrement des yeux, espérant qu’il n’avait pas non plus besoin de lui faire un dessin.  

« Il y a avait une fille dans ma vie à ce moment-là. Et... Elle n’a pas vraiment apprécié notre... Petit écart, tu vois ? Je voulais pas qu’elle s’en prenne à toi, ni la presse. Tu démarrais une belle carrière, t’avais pas besoin qu’on te crache dessus. Je suis vraiment désolé. On était ivre et on a  vraiment fait une sale connerie... »

Nerveusement, il se frottait la nuque, avant de laisser ses mains retomber le long de son corps. Toujours aussi embarrassé, et ne sachant quoi faire de ses dix doigts, il avait fini par les cacher dans les poches de son pantalon de smoking.  

« Je te promets que si les choses avaient été différentes, je n’aurais pas joué les fantômes. Mais... Je l’ai trompé ce soir-là, avec toi, et j’étais vraiment pas bien... »

Si elle avait un peu de compassion, elle comprendrait certainement. Après tout, si elle avait été la petite amie et qu’il l’aurait trompé, elle l’aurait probablement mal pris ? Sans compter que cette nuit-là, elle avait été sacrément bonne. Et que s’ils s’étaient revus... Ils n’en seraient pas restés là. Il se tut alors un court instant, minaudant tristement et coupablement, de ses petits yeux. Puis finalement, il reprenait d’une toute petite voix :

« Je peux en avoir un peu ? Ou je reste impardonnable ? »

Son regard azuré c’était arrêté sur l’une des coupes qu’elle tenait toujours aussi fermement. Elle picorait dans les deux, mais tout ce qu’il espérait, c’était pouvoir goûter un peu à cet alcool doré, et ce, pendant qu’ils étaient à l’abris de tout regard indiscret.  

« Il va me falloir un peu plus de champagne à ce rythme-là.. » Il ne s’attendait pas vraiment à une autre réflexion de sa part. Et si c’était dit pour détendre l’atmosphère, c’était plutôt réussi. Les lèvres du blond s’étiraient légèrement en coin de sa bouche, alors qu’il posait ses yeux sur le verre qu’elle même fixait. L’alcool semblait toujours être une solution pour elle. Faut croire qu’elle a un problème avec ça. Mais que peut-être personne n’ose vraiment le souligner. « Je ne sais pas si c’est très sage, que tu boives en ma présence .. » Alors pourquoi est-ce qu’elle lui tendait l’un des deux flûtes ? Bien que suspicieux, il prenait délicatement le verre entre ses doigts.  

« Il fallait être deux pour ça. »

Rappelait-il, s’offusquant presque qu’elle sous entende qu’il était le seul coupable. « Je rigole.. » Ouai... Valait mieux. Souriant à son tour, amusé par les événements à présent, bien plus qu’à l’époque, il levait la coupelle de champagne jusqu’à ses lèvres pour en boire quelques gorgées. Des gorgées qu’il savourait, n’ayant pas pu boire d’alcool depuis son hospitalisation. Il allait falloir se débarrasser de ce verre avant de sortir d’ici, que personne ne le voit avec ça en main. Sans quoi son équipe allait lui faire – encore – la morale. « Je suis désolée.. » Surpris qu’elle s’excuse, il braquait son regard vers le sien, alors qu’il reculait la coupe de champagne. « Je ne voulais pas détruire ton couple.. » Pourquoi avait-elle besoin de s’excuser ? Ça, il s’en doutait bien, sans quoi il n’aurait pas fait autant attention à la protéger et l’éloigner de ses histoires. Un petit sourire attendrissant aux lèvres, il tentait de croiser ses jolis yeux, qu’elle fuyait subitement.

« Tu n’as pas à t’excuser. On était deux. J’ai pas fait ça sous la menace, et t’as pas cherché quoi que ce soit... Je t’ai suivi de mon plein gré. Puis c’est du passé tu sais. Cette fille.... Ça aurait fini par casser, un jour ou l’autre. Comme toutes mes histoires. »

Il ricanait légèrement, se moquant de lui-même, et de sa vie de merde, sentimentalement parlant. Il s’engage tout le temps dans des trucs houleux. Rien qu’encore avec Domi. Ils se sont disputés, et rien ne va plus. En même temps, il aurait dû s’en douter. S’enticher d’une femme mariée, et sa patronne de surcroît, ce n’était pas l’idée la plus brillante qu’il ait pu avoir.

« Être désolé, ce serait un peu regretter, et... Je crois pas que j’ai envie de regretter. »

Son sourire devenait presque taquin, alors qu’il se retournait vers la pièce pour chercher ou se poser. Il optait pour le canapé, il y reposerait ses jambes. Loin de la foule, et un petit verre à la main, la soirée serait ici bien plus tranquille. Il tournait donc les talons, et venait s’asseoir sur le canapé, allant jusqu’à poser ses jambes sur la petite table basse en face. Qui les jugerait ? Même les serveurs se contentent de la première salle.  

« Même si c'était mal... C’était bien. Vraiment bien. Et... Ça aurait peut-être été bête de ne pas le faire. Alors ne sois pas désolé. »

Il levait légèrement son verre devant lui, comme pour trinquer, alors qu’il avait reposé ses yeux vers elle, puis il venait boire une nouvelle gorgée de son champagne.

« Sauf si t’as trouvé ça nul... Je comprendrais, mais pour ma défense, j’étais ivre! »

Toujours aussi amusé, il finissait sa coupelle et venait la poser, vide, sur la petite table, avant de s’enfoncer dans le fond du canapé. Dommage qu’ils n’aient pas songé à laisser du champagne ici. S’il allait en chercher, on le verrait un verre à la main. Très mauvaise idée.

« Je pense vraiment qu’un jour, tu vas pouvoir trouver quelqu’un, en attendant, tu m’as moi et mon amour pour le champagne. On fait un beau trio non ? » C’était la phrase un peu bateau qu’on sort à tout le monde, mais il en souriait légèrement, même tendrement. Y avait-il réellement quelqu’un pour chacun ? Il commençait à en douter, mais il ne désespérait pas non plus. Parce qu’il avait envie de s’amuser, après tout, il était encore jeune. Et puis il y songerait vraiment quand ça lui tombera dessus, ou quand il aura atteint la quarantaine, et qu’il s’inquiétera d’avoir une descendance. Il acquiesçait donc d’un signe de tête, avant qu’elle n’enchaîne : « Et puis entre nous ça ne s’est pas mal passé, je pense que tu devrais te dire ça.. »

« Bah, y'a quand même eu une période de doute je dirais... »

Lançait-il en ricanant, songeant à tout ce temps qui venait de s’écouler, pendant lequel elle avait pensé qu’il s’était joué d’elle. C’était pas plus mal qu’ils se soient croisés ce soir, et qu’ils aient pu remettre les choses en ordre entre eux. « Ça tombe bien, j'ai pas envie de regretter. » Il étirait un peu plus son sourire, alors qu’elle prenait place à ses côtés. « Même ivre, c’était bien.. » Pas assez ivres pour en être incapables, mais déjà trop pour savoir ce qu’ils faisaient. C’était juste milieu parfait pour s’amuser, mais ça dérape un peu trop avec lui. Et avec elle aussi, sûrement. Elle avait un souci avec l’alcool, alors il se doutait bien qu’il ne devait pas être le premier à avoir fricoté avec elle, sous les effets de l’ivresse. Sur ce, elle lui demandait de ne pas bouger mais elle s’enfuyait rapidement. Perplexe, il décollait son dos du canapé, fixant de ses yeux bleus, la porte restées entre-ouverte. La brunette revenait quelques minutes plus tard, une bouteille à la main. Et une fois que la porte fut refermée, elle déposait celle-ci sur la table basse, en assumant pleinement son adoration pour le champagne. Elle remplissait les deux flûtes, puis revenait à ses côtés. Lui, bien en manque d’alcool depuis son hospitalisation, attrapait bien vite l’un des deux verres pour en siroter quelques gorgées, qu’il savourait. C’était mal, franchement, il ne tenait pas cette promesse qu’il avait fait à son groupe de parole, d’arrêter alcool et drogue. Mais comment pouvait-il s’amuser, s’il n’avait pas même droit à un petit écart, tout petit petit ? Ne parvenant guère à culpabiliser pour du champagne, il laissait son dos se renfoncer dans le canapé, son verre en main. « Du coup, ta présence ici, c’était pour donner de l’argent aux personnes nécessiteuses, ou tu comptais comme moi faire acte de présence et profiter de l’open bar ? »

« Bah... Mon manager veut que je montre en forme et souriant maintenant, pour qu’on oublie les scandales des semaines passées. Donc je dirais que... Un peu des deux. »

Il souriait franchement amusé, avant de rapprocher son verre de ses lèvres. Se tournant vers Lou, posant un bras sur le dossier du canapé derrière elle, il ajoutait :

« Mais officieusement, parce qu’officiellement, ils me tueront s’ils me voient champagne à la main. J’suis en période de sevrage. »

Tellement, que son deuxième verre était déjà presque vide.

« Tellement sevré que je vais avoir la même phobie que toi. »

Il avait levé son verre devant ses yeux, alors que deux ou trois gouttes de pétillants se battaient en duel dans le fond. Il s’empressait de remplir sa coupelle alors, l’ayant reposée sur la table, puis la bouteille en main, il renversait encore un peu du contenu dans le verre de Lou.

« C'est pourtant pas une bonne idée de picoler tous les deux. »

Ricanait-il en reposant la bouteille sur la table. Non, pas du tout une bonne idée. Mais c’était pourtant ces bons moments-là qui lui faisaient du bien, depuis tous ses problèmes. Sa cure, son engueulade avec Domi. Il avait besoin de souffler, de vivre comme un jeune de son âge. Sans songer aux problèmes. Lou elle avait toujours eu ce don pour ça. Elle est frivole, vivante, amusante. Surprenante. Ce qui lui avait cruellement manqué depuis quelques temps.

« On va dire que ça se finit bien, formidable. J’ai mon conte de fée, merci Misha, tout se finit bien avec toi. Il nous manque juste les couronnes et on pourra aller au pays des rêves. » C’était ironique hein ? Elle souriait alors il en faisait de même, un peu coincé, se demandant quand même sérieusement si elle ne le cassait pas un peu. C’est vrai qu’entre eux, ce n’était pas la fin idéale. Enfin, encore aurait-il fallu qu’il y ait eu un début. Ce n’était qu’un plan cul, un coup d’un soir, peut-on réellement classer ça dans les “expériences” ? « En période de sevrage vraiment ? » Continuait-elle, les yeux rivés sur le verre qu’il tenait entre ses doigts. Minaudant légèrement, il acquiesçait tout doucement.

« J’ai jamais été un bon élève... »

Et c’était probablement encore pire depuis qu’il vivait ici. Parce qu’au Japon, il était pas mal surveillé et “ligoté” par ses managers. Ce qui n’était évidemment pas le cas ici. « On pourra toujours dire que c’est moi qui aie tout bu, je peux bien me dévouer pour ta cause, grande princesse que je suis, tu verras, on trouvera une solution » Il pouffait de rire aussitôt, manquant de recracher son champagne par le nez. Plaquant un revers de main contre sa bouche, le temps d’avaler sa gorgée, il finit par reposer son verre, à nouveau vide, sur la table.

« J'suis pas sûr que les princesses soient autant attachées au champagne. Pas les plus connues en tout cas. »

Les princesses Disney, sont à mille lieux de tout ça. Pourtant, physiquement, Lou elle avait tout d’une vraie princesse Disney. Les yeux, le teint, la chevelure, la plastique. Mais une princesse Disney ayant toujours un verre d’alcool à la main, c’était quand même moins glamour aux yeux des petites filles. « Promis je me tiendrais à carreau. » Finissait-elle par avouer, quand il émit tout de même reconnaître que boire tous les deux, n’étaient pas la meilleure des idées. La dernière fois, ils avaient quand même largement perdu le contrôle. Il lui souriait alors, tout en renversant du champagne dans son verre. « T’as une copine en ce moment ? » Hé ? Reposant la bouteille qui se vidait déjà, il braquait le bleu de ses yeux vers Lou, presque éberlué qu’elle ait osé poser la question. Heureusement, elle semblait le taquiner. Penchant la tête vers son épaule un instant, il s’enfilait aussitôt le contenu de son verre en deux ou trois gorgées, comme pour oublier sa question gênante.

« Ça te gênait pas la dernière fois toute façon. »

Rétorquait-il, un mauvais sourire en coin de ses lèvres, alors que le pied de sa flûte retrouvait la table basse. Il n’y avait plus qu’un petit fond dans la bouteille, alors il se résignait à arrêter là. S’il titubait en sortant de cette pièce, tout le monde le remarquerait, et il ferait encore la une des journaux. Emmerder Domi oui, mais ne pas salir sa réputation encore une fois. Il s’enfonçait ainsi dans le dossier du canapé, alors que ses petits yeux malicieux retrouvaient le visage pourtant faussement angélique de Lou.

« Je crois que j’ai personne, honnêtement... Ma vie sentimentale c’est du gros n’importe quoi. »

Murmurait-il plus doucement, le sourire plus effacé. Les yeux retombants aussi, comme s’il évitait ceux de la jeune femme. Ce n’était pourtant pas en rapport avec elle. C’était plutôt que lui, il faisait n’importe quoi, ou il s’attachait aux mauvaises personnes. A l’image de Domi, ou Ai. Ai l’a largué, brisé, et elle a épousé un gars qu’elle ne connaissait pas aussi bien que lui. Domi elle, elle s’est servi de lui comme un petit pion, pour soulager ses idées noires. Il commençait à se demander si la vie à deux n’était pas qu’une utopie, réservée à certaines personnes dont il ne faisait pas parti.

« Dans mon monde, les princesses sont alcoolisées la plupart du temps.. » Le Polonais pouffait de rire, passant un revers de main contre sa bouche, alors que les verres vidés avaient retrouvé le bois de la petite table. « Pour supporter la pression sociale, et tout ce qui va avec. » Ce serait peut-être plus crédible d’ailleurs. Parce que soyons honnêtes, si on reproche aujourd’hui aux hommes, d’être bien loin des princes charmants qui nous font rêver enfant, les filles, c’était bien la même chose. La délicatesse de Cendrillon, les mots et les phrases distingués de Blanche-Neige, la joie de vivre de Raiponce, l’optimisme de Anna. Tout ça, on le retrouve rarement chez les filles contemporaines. Parfois pire encore, elles savent cracher comme un garçon, et ça, c’est le tue l’amour complet pour le Polonais. Le seul truc vraiment cool avec les nanas de ce siècle, c’est qu’enfin, elles ne se font pas marcher dessus. Et elles n’épousent pas le premier gars à leur sourire. Mais Misha devait bien avouer que le parler à la wesh wesh de certaines filles, pouvait le rebuter aisément.

« Ça expliquerait les choix de certaines princesses. »

Ricanait-il. Avouez que quelqu’un comme Anna, qui demande à épouser Hans après une seule soirée - ou plutôt juste une chanson – en sa compagnie, ça enlève toute crédibilité au script. Heureusement qu’Elsa remonte l’estime que l’on peut leur accorder. - Oui Misha a vu la Reine des Neiges. « Si on doit parler de vie sentimentale, va me falloir beaucoup plus d’alcool. » Dommage, il n’y avait plus grand-chose. Il jetait un regard taquin vers la bouteille vide avant de reporter son attention sur Lou. Il n’était pas certain que boire comme des trous tous les deux, se serait la meilleure des idées. Mais au moins si ça tournait mal, cette fois, il n’aurait pas grand-chose à se reprocher. - Domi et lui, ça ne tenait plus non ? « Tu as dit je crois que j’ai personne, tu ne peux pas me laisser comme ça sans explications. Qui est cette personne qui te fais tant tourner la tête ? » S’asseyant en tailleur, dans le canapé, les chaussures sur ce sofa qui visiblement, pourtant, coûtait cher, il émit un soupir. Il n’était pas certains de pouvoir en parler à quelqu’un, mais le secret devenait lourd. Qui plus est, avec l’alcool ingurgitée, Lou n s’en souviendrait même pas demain.

« J'ai fréquenté quelqu’un. Enfin quelques temps. Mais c’est une femme mariée, alors c’était compliqué. Puis dernièrement elle a voulu contrôler ma vie entièrement. M’empêcher de faire si ou ça. Tu vois, par exemple, si elle savait que je suis en train de boire là, elle m’en ferait la plus grande scène du monde. Et j’aurais un contrat stupide à remplir pour mon image au label. »

Il roulait des yeux. Il ne voulait pas donner le nom de Domi Legends, mais sous l’énoncé du contrat à signer, Lou comprendrait sûrement. Et elle pouvait facilement capter qu’il ne pouvait pas parler de ça ici, par peur que ce soit écouté.

« Elle a des problèmes avec son mari, et je crois qu’elle se sert de moi pour respirer un peu, mais en aucun cas elle ne règle ses problèmes. J’suis sa distraction. Rien d’autre. Ça m’a agacé, on s’est disputé, et depuis, je l’évite. Et c'est sûrement mieux ainsi. »

Voyant probablement que cette relation pesait sur le cœur de Misha, elle coupait court en proposant de passer à autre chose. « Je connais un endroit où personne ne viendra nous embêter pour faire bonne figure.. » Intrigué, il relevait toute son attention sur elle. Elle lui tendait la main, l’invitant à se relever lui aussi. Il la prenait donc, se hissant hors du canapé, avant de laisser ses doigts libérer les siens. « Tu réfléchis trop, Misha. » C’était bien la première fois qu’on lui reprochait ça. Habituellement, c’était plutôt l’inverse. On l’accusait d’actes stupides et irréfléchis. Alors il souriait, frottant doucement sa nuque d’une mine embêtée. Elle déposait un rapide baiser sur sa joue, ce qui rendait son sourire plus fier. Il aimait bien cette tendresse entre eux, et il faut bien avouer qu’elle lui avait manqué. « On est encore jeune si on ne profite pas maintenant, personne le fera pour nous. » Ils avaient toujours été pareils tous les deux. Ils aimaient les mêmes choses et attiraient les ennuis comme des aimants. Rien qu’à la voir sautiller comme ça, il savait qu’elle avait une mauvaise idée derrière la tête. Une mauvaise oui, mais que lui, il adorerait! Elle lui proposait une autre sortie, ouvrant une porte à l’opposée de celle de la grande salle. Elle scrutait les environs, comme une infiltrée, avant de lui faire signe. « tu viens avec moi, alors ? » Un rapide regard vers les verres vides, puis sans réfléchir plus longtemps, il lui emboîtait le pas. Tous les deux traversèrent rapidement l’immeuble où se déroulait cette soirée chiante, avant d’enfin respirer l’air frais de la soirée. Septembre avait rafraîchie l’atmosphère, et la nuit étant tombé, il faisait même presque froid. Réalisant qu’il frissonnait légèrement, ses yeux bleutés scrutèrent la fine robe de Lou. Elle allait tomber malade comme ça. Il ôtait rapidement sa veste de smoking pour la poser délicatement sur les épaules dénudées de la brunette, avant d’enfoncer ses mains dans ses poches et d’avancer l’air de rien.

« Dis moi tout, ou on va ? »

Il se laissait guider sans inquiétude. Lou avait toujours des idées palpitantes qu’il adorait. Si elle avait été chanteuse ou actrice, à coup sûr, elle aurait la même réputation que lui. Son homologue féminin, il n’avait pas à la chercher bien loin, c’était Lou.