La mi-temps

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Home not sweet home

It's my fault.

Il ne voulait pas être seul avec ses pensées. C’était trop dur de rester chez lui, à se morfondre. Si Valentino ne s’occupait pas, le visage de Josh le hantait à nouveau. Ingrid avait été prévenue qu’il allait reprendre son boulot dans le garage avec Tobias. Il s’était rapproché avec son patron, leur relation était devenue beaucoup moins professionnelle, mais le salvadorien ne parvenait toujours pas à lui dire qu’il n’allait pas du tout bien, qu’il ne s’en remettait qu’à peine de leur mission. V jouait les durs, faisait semblant que rien de tout ça ne l’affectait. Et puis, il faisait ça pour continuer à travailler, les congés n’étaient pas ce dont il avait besoin pour le moment.

Occupé à nettoyer le matériel qu’il avait utilisé pour réparer une vieille voiture, le dernier client était parti. Sans le vouloir et à son grand dam, il était plongé dans les souvenirs de la mission. Tout allait pourtant si bien, au début… que s’était-il passé pour que ce bordel arrive ? Il avait tué… non, assassiné son père. C’était sa faute, il aurait dû miser sur le combat au corps à corps pour le maîtriser plutôt que de tirer sur lui – deux fois, en plus – pour se défendre. Et Josh, comment avait-il fait pour glisser ? N’était-il pas en train d’aider à faire descendre les sacs et à-

Putain ! songea-t-il subitement. L’objet métallique qu’il tenait en main vint se claquer brusquement contre la table. Le plan était minutieux, tout avait été revu au détail près et ce Redfly avait vérifié que tout allait se passer à merveille. Alors pourquoi tout s’était aussi mal déroulé ?! La colère gagnait rapidement le salvadorien, qui tentait bien que mal de se calmer. La rage, malgré lui, commençait à doucement le faire pleurer. Soudain, il n’en pouvait plus. D’un geste incontrôlé, il vint jeter tout ce qu’il y avait sur la table à outils et les objets tombèrent comme une pluie sur le sol.

– Merde ! Putain de merde ! cria-t-il, en tapant de ses mains contre la table.

Sa voix tremblait et il sentait une sorte de crise le secouer. C’était sa faute si la mission avait plongé dans le chaos.

(C) MR. CHAOTIK

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Depuis le retour du Salvador, Tobias faisait tout ce qu'il pouvait pour ne pas y penser et à certains moments, il y arrivait très bien. Peut-être dû au faite qu'il avait déjà tué quelqu'un et fait de la prison ou simplement car il était fort pour cacher ses émotions ou encore car il avait d'autres choses à s'occuper que ses états d'âmes comme Amélia, son frère et aussi Valentino. Ces trois personnes comptaient pour lui et il ne voulait pas les voir dépérir après ce qu'ils avaient vécus. Certes, Amélia, c'était différent mais tout aussi traumatisant.
Malgré tout ça, il avait décidé de réouvrir le garage, il fallait qu'il bosse et Valentino aussi ! Ca ne pourrait que faire du bien au jeune de se changer les idées. La journée avait été longue vu qu'ils avaient pas mal de boulot en retard mais aussi car ce n'était plus comme avant ... Il y avait une certaine lourdeur dans la pièce ... Elle passerait mais il faudrait du temps ! Alors que Tobias était dans son bureau à régler une facture, il entendit du fracas dans le garage et se leva d'un bond sentant son coeur battre à tout allure ! Directement, il avait pensé que des gens étaient venus pour se venger mais quand il sortit, il vit que tout ça venait de Valentino. Le petit faisait une crise ... Un soupir sortit d'entre les lèvres du barbu, il le comprenait que trop bien, il fallait que cette rage sorte ... Malgré tout, il s'approcha de lui et l'attrapa doucement pour qu'il arrête de taper sur la table.

- Calme toi ... Calme toi ...

Il faut dire qu'il avait du tuer son père et même s'il le détestait, cet acte serait avec lui pour toute sa vie alors non Tobias n'allait pas lui faire la morale. Il voulait juste lui montrer qu'il était là pour le soutenir et qu'il pouvait tout lui dire sans aucune crainte.
Sentant qu'il s'était légèrement calmé, il le lâcha et posa son regard sur lui.

- Tu veux en parler ? Tu sais que tu peux tout me dire ! Aucun jugement ici !

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La colère le faisait perdre ses moyens, ce n’était pas dans ses habitudes. Valentino qui se maîtrisait tellement depuis si longtemps, se retrouvait à péter les câbles sans faire attention à ses alentours. Tout ça parce que les souvenirs revenaient et partaient, comme des aiguilles prêtes à transpercer de toutes parts. C’était une sensation qu’il ne pouvait qu’haïr. Il n’entendit, ni ne vit la présence de son patron à ses côtés. Ce fut sa voix qui le fit retourner brusquement et le fait qu’il l’attrape qui le sortit de sa transe. Les yeux écarquillés, il parvint enfin à un peu se détendre. Le salvadorien avait l’impression d’être un gosse qui faisait des crises, c’était tellement frustrant… heureusement qu’il avait un boss compréhensif et qui ne lui faisait pas la morale, ce n’était pas ce qu’avait besoin V. Sans vraiment l’assumer, ce dernier voulait avant tout le soutien de ses proches – car oui, c’est ainsi qu’il considérait Tobias à présent.

Une fois relâché, il lui demanda s’il voulait en parler. V hésita pendant un court instant, évitant le regard de son patron avant de finalement relever ses yeux vers lui.

– Ça ne m’arrive presque jamais ce genre de… pétage de plombs, je suis désolé. Je vais faire attention à ce que ce soit la dernière fois, c’est juste que…

Il se tut avant d’ajouter, se mordillant un peu la lèvre :

– Je m’en veux. Si je m’étais pas fait avoir par Tino, on aurait jamais été au Salvador. Ce bordel ne serait jamais arrivé. Tu as été blessé. Ton frère aussi. Josh est mort et j’ai tiré sur mon père parce qu’il m’agressait, mais d’un côté je me dis que…

Sa phrase tomba dans un silence, incapable de continuer plus.

(C) MR. CHAOTIK

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La crise que venait de faire Valentino était normale après tout, il avait vécu trop de choses au Salvador et pas des moindres. Tuer son père alors que c'est Tino qui devait s'en charger et la mort de son ami Josh. Faut dire aussi que c'est un gamin et même s'il traîne dans des choses pas très légales, il n'a jamais été jusque là, du moins c'est ce que Tobias avait compris.
En le voyant comme ça, il aurait pu l'engueuler ou encore mal réagir mais non, ce n'était pas son style et certainement pas dans ces circonstances. Il s'était approché de lui et avait tenté de le calmer comme il le pouvait, comme il l'aurait fait avec n'importe quelle personne à qui il tenait un minimum. C'est peut-être con mais Tobias a de l'affection pour ce gosse et il veut vraiment faire ce qu'il y a de mieux pour lui. Une fois qu'il fût calmé, le blond le regarda et l'écouta attentivement. Un petit soupir sortit d'entre ses lèvres et il plongea son regard dans le sien.

- Alors déjà ne t'excuse pas pour cette crise, elle est justifiée et si tu dois en refaire une, je serais là comme maintenant. Tu ne dois surtout pas garder toute cette colère en toi, ce serait encore plus mauvais et tu risquerais de faire pire par après ... Crois moi ...

Il voulait vraiment faire comprendre au brun qu'il n'avait pas à se cacher, pas ici du moins. Ils étaient seulement eux deux dans le garage alors si le gamin devait péter un plomb, Tobias préférait largement que ce soit ici qu'ailleurs.

- Tu en veux à Tino si j'ai bien compris ? Je ne le défends pas mais on était tous conscients de la mission en y allant alors le blâmer ne changera rien tu sais. Certes, il y a eu des morts, des blessés ... Des choses que l'on ne voulait pas mais c'était les risques. Et pour ton père ... Tu n'as fait que te défendre, tu n'as pas eu le temps de réfléchir. Je me doute que tu t'en veux mais tu dois te mettre dans le crâne que lui n'aurait pas hésité à te coller une balle si tu ne l'avais pas fait !

Tobias le pensait réellement, ce genre de personnes ne faisait pas passé la famille en premier ou alors seulement si celle-ci était fidèle au poste à faire tout ce qu'il demandait. Valentino n'était pas comme ça donc oui, il l'aurait sûrement tuer de sang froid et au contraire de son fils, il ne serait pas occupé de s'en vouloir.

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Son cœur battait encore rapidement, retentissant de manière agaçante dans ses oreilles. Sa vision s’était assombrie pendant quelques secondes et c’était bien pour ça qu’il ne s’était pas contrôlé, lorsqu’il avait poussé toutes ces affaires sur le sol. La colère se transformait, se modelait. D’abord, la réalisation : il se rendait compte qu’il venait de péter un câble, alors qu’il ne le faisait que rarement, puis… la honte, la culpabilité. Il venait de casser un des outils, c’était Tobias qui avait acheté tout ça et lui… Son patron tenta de le rassurer, puis lui donna un conseil. C’est vrai qu’il avait gardé cette fureur sans vraiment en parler (à part à Ingrid, bien sûr). Tobias avait toujours les bons mots, comment faisait-il pour paraître si calme et peu affecté ? Il l’était probablement, non ? V le voyait. Toutes ces morts faisaient de la peine au grand gaillard.

– Je sais, je… je voulais juste pas faire ça maintenant. J’ai un peu honte, à vrai dire et je suis désolé, j’ai cassé un des outils…

Une nouvelle fois, son patron sut comment le réconforter. Du moins, temporairement. A présent, l’organe dans sa cage thoracique ne le dérangeait plus et sa respiration avait pris un souffle plus serein. Cependant, le salvadorien gardait le regard baissé, toujours un peu gêné d’avoir hurlé et poussé des choses comme ça.

– C’est pas que je lui en veux, dit-il avec hésitation. Ces morts-là, tu as raison, ça devait arriver et c’est arrivé, sans qu’on puisse rien faire. C’est juste que si j’avais fait plus attention, rien de tout cela ne serait arrivé. Je m’en veux plus à moi-même et je sais que tu penses le contraire, mais moi je n’arriverai pas à me dire pareil.

Il s’affala soudainement sur son siège, un peu fatigué à cause de toute cette colère.

– Comment tu fais ? Je veux dire, pour paraître si… calme. Même quand tout le monde était sur le point de craquer, tu avais l’air celui qui semblait mieux gérer son stress.

Doucement, son patron devait un peu son idéal. Un ex-détenu, pour les autres, ce n’était pas un exemple à suivre, mais pourtant Valentino avait envie d’être comme lui. Plus fort, qui gardait ses émotions sous clé. Enfin, c’est l’impression que Tobias lui donnait et c’était déjà un gros point bonus.

– Y a qu’au volant que je suis imperturbable, mais c’est pas assez. Je veux être comme toi, finit par dire Valentino, déterminé.

(C) MR. CHAOTIK

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Calme, serein ... Voilà comment donc commençait Valentino percevait Tobias alors qu'au fond il est loin d'être tout ça. C'est juste qu'il a une façon bien à lui de gérer les choses. Tobias est le genre d'homme qui ne va pas montrer ses émotions facilement, il les cache, les enfuit au plus profond de lui-même et quand il se retrouve seul, complètement isolé, il craque. Ho non, il n'est pas un surhomme, loin de là même ...

- Ce n'est qu'un outil, je ne vais pas m'en faire pour si peu ...

Dit-pour rassurer Valentino. Il avait déjà fait bien plus de mal en faisant des crises après la mort de Sarah quand il se retrouvait seul dans leur appartement. Des choses, il en avait cassé, un si grand nombre qu'il ne pouvait pas s'en rappeler.
Il écouta le brun dire qu'il n'en voulait pas à Tino mais à lui-même et la dessus, il ne pouvait que le comprendre. Un petit soupir traversa ses lèvres alors qu'il prenait appui sur la voiture à côté de lui.

- Je te comprends ... Mais tu n'es pas responsable et tu le sais très bien ... Et tu mettras du temps à penser le contraire, des semaines, des mois ou bien même des années.

Il marqua une pause son regard devenant peu à peu vitreux. Il n'avait pas l'habitude de se confier de la sorte mais là, il sentait que Valentino avait besoin d'entendre ce qu'il avait à lui dire.

- Tu sais quand Sarah, ma fiancée a été tuée devant l'autel. Je m'en suis voulu ... Si je n'avais pas fait partie d'un gang, il ne m'aurait pas pris en grippe et ne se serait pas venger sur elle ! Encore aujourd'hui, je me sens responsable alors qu'au fond, je suis conscient que je n'ai pas appuyé sur la détente, que je n'ai rien fait pour mériter ces représailles et encore moins elle ! Alors oui la culpabilité je connais très bien ... Mais tu dois te dire que sans ton intervention d'autres seraient peut-être mort et je pense que tu ne voudrais pas de ça ! Ton père t'aurait tuer comme je te l'ai dit alors tu n'as fait que te défendre ! Et Josh, c'est notre faute à tous ... Tout le monde savait qu'on était trop lourds, on a été trop gourmands concernant l'argent ... Alors non ne te mets pas ça sur le dos non plus ...

Son regard se posa à nouveau sur le jeune homme quand il lui demanda comment il faisait et il arqua un sourcil quand il dit vouloir être comme lui.

- Non, tu ne veux pas être comme moi ! Je fais juste semblant d'aller bien mais une fois seul, c'est autre chose et dis toi qu'à l'heure actuelle je n'ai personne ... Lonny est au plus mal et je dois faire attention à lui ... Tu as Ingrid, confie toi à elle ! Pète des câbles si tu en as besoin mais ne deviens pas comme toi à t'enfermer dans un silence qui fait plus de mal que de bien !

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L’outil était cassé, presque en mille morceaux. Il jonchait sur le sol, vide d’âme. Valentino avait l’impression d’être cet objet. Brisé, errant sans but. Le salvadorien soupira, son patron essayait de le rassurer et ça fonctionnait. Du moins, temporairement. Une autre crise pouvait très bien le secouer un autre jour, à un moment inattendu. La honte l’accablait, il haïssait être faible. Surtout, devant quelqu’un d’autre. Tobias vint s’adosser contre le capot d’une voiture. A nouveau, il tentait bien que mal de le réconforter – à sa manière, mais c’était agréable. Le brun mit quelques instants pour répondre, gigotant de ses doigts entre eux.

– Ou jamais, murmura-t-il dans un souffle à peine audible.

Il y eut un court silence, puis son patron reprit la parole. Cette fois-ci, ce n’était pas pour le consoler. C’était pour lui raconter son histoire. Lentement, Valentino releva le menton vers lui, pour l’écouter attentivement. Ses pensées s’éclaircirent et son attention se dirigea entièrement vers son boss, dont le récit devenait de plus en plus personnel. Lui aussi, il avait ressenti de la culpabilité. En soit, ils se ressemblaient. Tous les deux avaient un père incapable, un passé difficile, la mort sur les épaules. Malgré leur différence d’âge et le fait qu’ils ne se connaissaient pas si bien que ça, ils s’étaient vite bien entendus et maintenant, il comprenait mieux pourquoi. Tobias termina son récit, avant de dévier sur le décès de Josh. V baissa à nouveau les yeux.

– Je ne savais pas que tu avais eu une vie si difficile, avoua-t-il d’une voix basse. Je veux dire, je le savais pour ta fiancée, mais je m’étais jamais imaginé autant de choses autour de cet évènement. Et je… je vais essayer de prendre note et de ne pas me mettre tout à dos.

C’est une promesse dite dans le vide, songeait-il. Peut-être pas tant que ça, finalement. Valentino révéla vouloir être comme Tobias : calme et sûr de lui, du moins ce qu’il laissait paraître en apparence. Son patron lui rétorqua qu’il ne le fallait pas, avant de s’expliquer. Lonny était au plus mal ? Il avait l’air d’aller bien, pourtant… apparemment, l’hispanique n’était pas le seul à jouer les forts. A l’entente du nom d’Ingrid, le cœur de V rata un battement. Même sans être là, la seule mention de sa, maintenant petite-amie, lui faisait des papillons dans le ventre.

– Je pensais que… tu gérais. J’imagine qu’on fait tous semblant d’aller bien, en fin de compte. Je savais même pas que Lonny allait si mal que ça. Et je ne veux pas déranger Ingrid, on était supposés venir pour des vacances, alors j’essaye d’éviter de péter des câbles, même si je sais qu’elle voudrait que je me confie plus à elle.

Valentino décida de dévier sur le demi-frère de son patron.

– Tu as le numéro de Lonny ? J’aimerais bien le contacter, il avait l’air d’aimer les bars, alors je pourrais lui proposer un verre pour lui parler. Tu n’as pas à t’occuper tout seul de lui.

Avec un léger sourire, il continua :

– J’aimais bien notre petite équipe, pour tout avouer. Lonny est sympa, Tino… eh bien, je suis plus tellement en colère contre lui. Il veut simplement arrêter les raclures de ce monde. Et toi, tu es mon patron, mais je te vois aussi comme un ami. Tu dis que tu fais semblant d’aller mal, mais je suis aussi là pour toi, tu sais.

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Malgré que Tobias essayait tant bien que mal de raisonner Valentino, il savait pertinement que cela ne durerait pas. Etant passé par ces étapes, il ne pouvait que compatir même s'il aurait préféré que rien de tout ça n'arrive. Son regard se porta sur lui mais il ne dit rien, il avait bien entendu ce qu'il avait dit même si c'était très bas. S'il n'avait rien répondu, c'était car il savait que c'était possible qu'il ne passe jamais au dessus mais qu'il allait juste vivre avec. Seul le temps pourra le dire ...

Se confier n'était pas une chose que le barbu aimait faire, il avait l'impression de mettre son coeur à nu et disons que ce n'était pas son genre ou plutôt que cela ne l'était plus car avec Sarah, il savait le faire. Elle l'avait rendu meilleur ...
Un petit soupir sortit d'entre ses lèvres alors que son regard vaguait dans la pièce.

- Mouais ... Enfin j'essaye de me dire qu'il y a pire que moi !

Foutaises mais fallait bien qu'il donne un peu d'espoir au jeune devant lui. Il avait réellement envie de l'aider, de faire tout ce qui était en son pouvoir pour l'aider même si au fond il n'était pas le mieux avisé pour ça ! La preuve, il comptait aller trouver le gang en question et ça seul, sans que personne ne puisse s'en mêler ou l'arrêter !

- Lonny fait semblant d'aller bien ... Il joue sur les apparences mais je le connais trop bien pour qu'il puisse me le cacher et puis je suis passé par cette étape ... Celle du meurtre ... Tout comme toi maintenant ! Alors oui, malgré moi je sais ce que vous vivez et en effet, faire le fort devant les autres est bien plus facile que d'admettre qu'on est brisé à l'intérieur ...

Il marqua une pause, c'était pas facile d 'évoquer tout ça et encore moins qu'il n'était pas réellement celui que Valentino pensait. Ho, il aurait pu lui laisser croire mais à quoi bon mentir ?! Non, cela ne servirait à rien et il ne souhaitait pas que le gamin devienne comme lui et joue un rôle. Il devait sortir toutes ces émotions et si cela signifiait péter une case de temps en temps et bien tant pis, c'était mieux que de tout renfermer et un jour de craquer tellement fort qu'on pourrait faire des conneries !

- Oui bien sur que je l'ai !

Il attrapa son portable dans sa poche et lui donna le numéro de son frère. Ca ne pourrait pas lui faire de mal d'avoir une autre personne près de lui et qui plus est une personne qui comprenait par où il passait actuellement ! Maintenant, Tobias espérait qu'ils n'allaient pas aller vers le bas ensemble non plus ...
Un léger sourire apparut sur le visage du barbu et il se gratta doucement la tête. Il n'avait jamais pensé à se confier sur ce qui n'allait pas au jeune devant lui. Sûrement car comme dit avant, il n'aimait pas se confier mais aussi car il ne souhaitait pas que d'autres se retrouvent dans les merdes qu'il avait.

- C'est gentil mais ça va tu sais ... Comme tu l'as dit je suis fort non ?!

Répliqua-t-il en lui faisant un clin d'oeil. Suite à ça, il posa son regard sur l'entièreté du garage.

- Ca te dit qu'on arrête de bosser pour aujourd'hui ?

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Se dire qu’il y avait de pires histoires que les leurs dans la vie était une bonne manière de relativiser. Seulement temporairement, évidemment. Il fallait le dire, les deux hommes avaient eu de sales crasses durant leur existence. V qui était un pigeon voyageur de drogues à sept ans, qui avait vu sa mère mourir d’overdose, puis qui était séparé d’Ingrid à l’adolescence. L’enfance de Tobias qui s’était révélé des plus difficiles, avec un père atroce et un séjour en prison pour meurtre. Un cocktail d’emmerdes que personne ne méritait – à part certaines pourritures. Valentino était réellement surpris d’entendre que Lonny faisait semblant d’aller bien, pour quelqu’un qui avait tué, il paraissait en forme. Mais là était le mot-clé, « paraissait ». Il n’était apparemment pas en bon état mental.

– Je savais pas, murmurait l’hispanique. J’espère qu’on ira mieux, on mérite pas ce genre de conneries dans notre vie.

Pour ça, il fallait encore se bouger le cul et se confier à Ingrid. C’était parfois tentant de juste chialer et lui parler, mais quelque part au fond de lui, il se retenait de le faire. Des vacances, ils étaient là pour des vacances, pas pour se morfondre. V demanda le numéro de Lonny à son patron, voulant reprendre contact avec lui. Il l’eut plutôt rapidement et l’hispanique le remercia, un sourire daignant enfin de peindre son visage.

– Prends pas la grosse tête, rigola doucement V en le tapant amicalement.

Son patron lui proposa d’arrêter de bosser et le salvadorien se mit à réfléchir un court instant.

– Ouais, allez. De toute façon, il n’y a rien de spécial à faire.

Il ajouta :

– Tu veux faire quoi ? On peut se prendre un verre au bar, si ça te dit. Y en a un tout près qui est pas mal.

Ce n’était pas exactement une bonne idée de se saouler alors que les sbires de son père étaient encore dans les rues, mais il avait besoin d’aérer son esprit. De ne plus réfléchir. Et puis, s’il y avait un de ces connards prêts à les tuer, il allait tout de même les avoir avant.

– Et je paye ! finit-il par dire, déterminé.

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