L’astre du jour achève sa course quotidienne. Le poing d’argent de la nuit se presse de (re) prendre sa place. Cette fin de tournage s’apparente à toutes ses prédécesseurs. Quelques poignées de main amicales et accolade un peu plus intimes puis je me hâte de quitter le plateau. Je n’ai jamais aimé dire au revoir, encore moins dans le domaine privé. Dans le plus grand des silences, je me presse en direction de la sortie. Dans la voiture mon vieil ami et majordome ne parle pas. Il sait que je profite de ce temps de repos pour me perdre dans mes pensées. Près de la fenêtre, j’admire les paysages défilés sous mes yeux ébahis. Cette situation me propulse quelques années auparavant. Lorsque je vivais encore avec l’amour de ma vie : Lou Rosenbach.


La voix aiguë et agaçante de Livie, la réalisatrice, s’élève. Pour une fois qu’il ne semble pas stressé ou angoissé pour un rien. Au contraire, il nous indique que nous allons nous nous arrêter pour aujourd’hui. À peine annonce-t-il la nouvelle que plusieurs visages se couvrent de sourire. Promptement tout le monde plie bagage. Sur le chemin du retour, je ne tiens absolument pas en place. J’ai hâte de retrouver Lou. Je me suis évidemment bien gardé de la prévenir de mon arrivée précipitée. Si d’ordinaire mes tournages se terminent bien plus tard, ce n’est pas le cas aujourd’hui. Intérieurement je me réjouis de surprendre Lou, sans mauvaise surprise évidemment, sinon je ne réponds plus de rien.

Doucement je pousse la porte de notre appartement, Lou est présente. L’odeur alléchante imprègne rapidement mes narines tandis que je m’infiltre discrètement à l’intérieur. J’ôte mes chaussures afin de ne pas éveiller ses soupçons. Un bref regard en direction de la cuisine et personne… Il n’y a que la marmite bouillonnante, dont le couvercle frémit qui m’indique sa présence. En me retournant en direction du salon, j’aperçois une petite tête brune, comparable à la motte de terre d’une taupe, qui dépasse légèrement le canapé. Dans la plus grande des discrétions, je me glisse dans son dos avant de poser fortement mes deux mains contre ses épaules respectives. « BOOOOOOUH !! » J’adore lui faire peur. Surtout lorsque nous regardons un film inquiétant et qu’elle se blottit contre moi. La réaction de Lou est sans appel. Elle hurle avant de se retourner et de me frapper le torse, comme elle en a l’habitude dans ces moments. Je ne sais pas qui est le plus enfant de nous deux, mais dans le cas présent… Sous l’émotion son carnet rouge et son style tombent par terre. Instinctivement je les ramasse avant de m’asseoir à ses côtés et de l’embrasser allègrement. Nous n’avons pas réellement eu l’occasion de nous voir ces derniers temps. Madame au bout du monde ou enchaînée à son bureau, quant à Monsieur… « À force de crier, les voisins vont finir par croire que tu me frappes ! » Cette phrase demeure tellement ambiguë. Surtout lorsque nos regards coquins se rencontrent. « Tu sais que je vais finir par porter plainte contre toi. C’est interdit de me manquer autant mon cœur. » Une simple phrase qui signifie tellement… J’aimerais rester près d’elle un peu plus de temps, mais je sens affreusement mauvais. Non pas la sueur, mais l’odeur d’une femme qui n’est pas la mienne. Bien évidemment je vais taire toutes ces scènes que nous avons dû recommencer, car ma partenaire s’amusait à les interrompre. À croire qu’elle prenait un malin plaisir à m’embrasser à pleine bouche. « Je reviens dans dix petites minutes Mademoiselle Rosenbach ! » Murmurais-je avant de filer sous la douche. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Je me presse pour retrouver Lou.

Une quinzaine de minutes plus tard je peux enfin m’asseoir à ses côtés. Sans aucune gêne je lis ce qu’elle écrit. Son prochain article risque de faire un tabac, c’est certain. « Je ne savais pas que j’habitais avec un véritable petit cordon bleu dis donc ! » Glissais-je en désignant la marmite d’un coup d’œil. « J’ai une bonne nouvelle ! Enfin je ne sais pas si pour toi elle en sera une… » Et là je me tais juste pour instaurer un petit silence stressant. Juste pour admirer ses orbes briller d’inquiétude. « … La suite du tournage se déroule à New-York ! Tu vas devoir me supporter encore plus que tu n’en as l’habitude ! » Déclarais-je en m’allongeant sans aucune gêne sur le canapé, la tête posée sur ses genoux. Cette position nous est familière. La dernière fois que nous nous sommes retrouvés ainsi, elle a fini par me surplomber en me menaçant d’une grève de bisous ! « J’ai quelque chose à te dire… » Cette fois ma voix redevient plus sérieuse. Mais avant de lui révéler quoi que ce soit, je tiens à l’embrasser de nouveau.

Faisant tourner la chaise de bureau sur elle-même, j’étais clairement incapable de me concentrer. J’avais une semaine sur la terre sainte, aka New York City. Et je comptais bien en profiter, mais il me restait un article à écrire, et autant de motivation qu’un panda qui mangeait son bambou. C’est-à-dire la plus lente de toutes les façons, j’observais la porte de sortie avec beaucoup d’intérêt, m’imaginant sortir de là tel un Ninja. Mais j’étais loin d’être un Ninja, et j’avais autant de souplesse qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine. JE finis par mettre tout mon bazar dans mon sac à main, je travaillerais peut-être mieux dans un endroit qui m’inspirait plus. Direction chez moi. Plutôt chez nous. Rien que cette pensée me remplissait d’une énergie peu commune. Traversant d’un pas décidée les nombreuses avenues et rues qui me séparaient de cette endroit qui était chère à mon coeur.
Une fois arrivée a destination, la porte passée, je soufflais un instant, enlevant les chaussures qui me martyrisaient les pieds, enlevant la veste que je portais pour l’accrocher sur le porte manteau prévu à cette effet.

Il était quasiment dix huit heures quand je quittais la cuisine pour me poser enfin sur le canapé, je ne savais pas quand Adrian allait venir. J'espérais ne pas me retrouver à l’attendre toute la soirée, ce qui en soit me permettrait sûrement de travailler encore un petit peu. Me laissant tomber sur le canapé, tout était prêt sauf mon article. Ce pourquoi j’avais quitté plus tôt le travail. J’attrapai le carnet rouge dans mon sac pour en sortir mes notes, mon ordinateur, l’appartement était calme. Et je pouvais enfin me concentrer sur cet article qui me donnait tant de fil à retordre depuis quelques heures.

Deux mains qui se posent sur mes épaules. « BOOOOOOUH !! » mon cœur manque de s’arrêter de battre, je sursaute et  finis par crier comme une folle. Je me retourne pour découvrir  Adrian qui était plutôt satisfait de sa blague, élue pire blague du monde. Je tape son torse , avant de lui jeter un regard noir, le plus noir jamais fait. « tu ne penses pas qu’un jour je risque de mourir à cause de ça ?! » lui criai-je dessus, la main sur ma poitrine mon coeur reprenait enfin un battement normal. Il fait le tour du canapé, ramassant par la même occasion le carnet rouge et le stylo. Alors que je croise les bras, faisant mine de bouder, alors qu’il les dépose sur la table basse. Et s'assoit juste à côté de moi. M’asseoir en tailleur, alors qu’il finit par m’embrasser. Je souris bêtement, comme une enfant. Il m’avait manqué mais je ne m’attendais pas à le revoir aussi vite. « À force de crier, les voisins vont finir par croire que tu me frappes ! » je lève les yeux au ciel. Puis tape légèrement mon bras du dos de ma main. « je leur expliquerais les raisons, je suis sûre que la légitime défense en cas de procès jouera en ma faveur. » je fais une légère pause, une idée me traversant l’esprit, même si cette dernière semblait a notre image un peu enfantine.  « Lou Rosenbach vs Adrian Henriksen : une affaire sordide de maltraitance.. » levant les mains en l’air à l’annonce du titre, je tapais dans mes mains fière de ma réplique, pour me féliciter de cette dernière trouvaille. je souris de toutes mes dents, alors que je dépose l’ordinateur que j’avais auparavant déposer sur les accoudoirs du canapé pour le déposer également sur la table basse qui se trouvait devant nous « Tu sais que je vais finir par porter plainte contre toi. C’est interdit de me manquer autant mon cœur. » il se lève, alors que je fronce à nouveau les sourcils, avait il encore prévu de s’échapper? Avait-il autre chose de prévu pour ce soir et il devait s’en aller. « Je reviens dans dix petites minutes Mademoiselle Rosenbach ! » il disparait alors que j’entends l’eau qui coule, je pousse un soupir de soulagement, il n’allait pas partir aussi vite.

Une quinzaine de minutes plus tard, il revient, je tourne légèrement la tête me déconcentrant de mon article, pour sourire à son retour, si je pouvais passer plus de temps avec lui, j’aimerais tellement passer le reste de mes jours en sa présence, même si je pense sincèrement que toute une vie ne suffirait pas. Il finit par passer sa tête par dessus mon épaule. J’embrasse doucement sa joue. Alors qu’il fait le tour du canapé pour venir s’installer à côté de moi.« Je ne savais pas que j’habitais avec un véritable petit cordon bleu dis donc ! » suivant le regard de mon petit ami, je souris. La casserole était posée. Je m’étais sentie pousser des ailes culinairement parlant. Et une ou deux vidéos sur YouTube plus tard et on se retrouvait avec un petit plat pour une soirée en amoureux. « ne t’y habitue pas trop je n’ai jamais été une très bonne femme au foyer. » faisant une légère grimace. Je consacrai environ quatre-vingt-dix pour-cent de mon temps à mon travail, le reste de mon temps je tentais tant bien que mal de le passer avec lui. « J’ai une bonne nouvelle ! Enfin je ne sais pas si pour toi elle en sera une… » oscillant entre inquiétude et excitation, je me concentrai sur la suite de son annonce, il s’assit a côté de moi, je décroisais mes jambes, étant assise en tailleur depuis bien une demi-heure. Mes jambes étaient tout bonnement endormies, je ne me rendais même pas compte de tout cela jusqu'à qu'il arrive « … La suite du tournage se déroule à New-York ! Tu vas devoir me supporter encore plus que tu n’en as l’habitude ! » il finit par se coucher sur le canapé, déposant sa tête sur mes cuisses. « Je reste encore trois jours à New York et après direction les contrées lointaines du moyen orient.. me voilà ravie de savoir que je vais pouvoir passer trois jours avec toi. » ça aussi ça ferait un joli titre de films, programme très intéressant en soit. « J’ai quelque chose à te dire… » il semble plus sérieux, je passe doucement mes doigts dans ses cheveux encore humides. Je fronce les sourcils. « je t’écoute, sauf si tu me parles d’avocats pour les poursuites suites aux coups et blessures… » pas capable de rester cinq minutes sérieuses. « je t’écoute, promis, je saurais rester sérieuse.. » caressant doucement son si jolie visage.

La complicité qui nous lie l’un à l’autre ne cessera jamais de me surprendre. Lou se prête au jeu. Elle surenchérit au moment opportun en invoquant la légitime défense. Comme si cela pouvait suffire. Même si je demeure allongé, je peux allègrement la taquiner par quelques gestes chatouilleux, comme celui que je viens de lui asséner contre ses hanches. Immédiatement elle réagit et crie de surprise. « Tu vas voir ce que je vais en faire de ta légitime défense ! » Soufflais-je en recommençant de plus belle. Deux enfants qui se chamaillent, se disputent et se réconcilient. Mais ne dit-on pas que les meilleures relations amoureuses mêlent amitié et amour ? À force de la chatouiller, nous perdons l’équilibre. Le bruit sourd de deux corps s’écrasant sur le sol gagne nos cavités auditives. Cependant la chute de Lou se retrouve amortie par ma présence. « Mon amour je sais que je suis un matelas très confortable, mais il va falloir que nous arrêterions tous les deux les glaces ! » Soufflais-je d’un ton taquin alors que nous reprenons nos places d’origine sur le canapé. « Ah c’est tout de même plus agréable que le parquet ! » Lançais-je en reposant ma tête contre ses genoux. Si ces petits moments pouvaient durer éternellement… Surtout lorsqu’elle s’aventure loin de mes bras. Au Moyen-Orient par exemple. Ses petites mains foulent mon cuir chevelu encore humide, qu’est-ce que j’aime lorsqu’elle me regarde ainsi. J’ai l’impression d’être le seul et l’unique à ses yeux. « Ben justement… Je crois que je vais devoir porter plainte ! Tu es une femme dangereuse ! Surtout pour ma ligne ! » Cette courte référence à ses talents culinaires n’est pas sans rappeler le délicat fumet qui s’échappe de la marmite. Et d’un geste je soulève mon tee-shirt en touchant mon ventre « Regarde ! J’ai pris au moins trois kilos ! » Le regard accusateur que je lui lance n’est évidemment pas sérieux. Lou le sait. Elle me connaît par cœur.

Reprenant un air sérieux, je me redresse afin de lui dérober un furtif baiser. Avec Lou nous abordons tous les sujets, sans exception. Ou presque. Je ne lui dissimule rien. Ou presque. « Je voulais te dire que… » Que je t’aime. Mais je me tais et refrène ces trois mots, qu’elle attend depuis le début de notre relation. « Tu sais la dernière fois que je suis venu te voir au bureau. Je n’ai pas apprécié la manière dont ta collaboratrice te regardait ! Elle te dévore du regard, si elle le pouvait elle te demanderait en mariage ! » Possessif et jaloux ? Un peu. Beaucoup. Tout dépend de la personne qui occupe mes pensées. « Je suis certain que tu vas vouloir me quitter pour elle ! » Grognais-je en souriant l’air innocent. « En plus elle peut profiter allègrement de toi lorsque tu pars en déplacement professionnel ! » Je suis surtout jaloux de ceux qui peuvent passer du temps en sa compagnie. Si nous réussissons à dérober plus d’une semaine par mois au Maître du Temps, c’est un exploit ! Entre un rapide baiser le matin et un éventuel réconfort le soir… « Et puis je vois bien comment tu la regardes… Je savais que j’aurais dû être une femme ! » Soufflais-je avant de me rallonger contre ses genoux. Ma quintuplée gagne la sienne tandis que mon téléphone portable sonne. Je ne prends pas la peine de regarder qui ose me déranger, si c’est important ils rappelleront. Et puis quoi encore ? Je suis avec Lou donc injoignable.

Boudeur et grognon, je lui esquisse une moue qu’elle connaît si bien. Oui j’ai peur de la perdre. Il y a plus d’une raison pour laquelle nous pourrions nous séparer. Avec nos professions respectives, les hommes et femmes qui la courtisent j’ai plus d’une raison d’être inquiet. Je ne suis pas vraiment le petit ami parfait, je suis souvent absent et nos disputent ressemblent véritablement à des disputes. « Et si je me glisse dans tes bagages ? Tu penses qu’à la douane il n’y aura pas de problème ? » Lui demandais-je d’un air très sérieux. Si j’ai plusieurs fois eu l’envie de la rejoindre incognito, je sais que ce n’est malheureusement pas possible. « Quoi que… Tu risques de payer un supplément poids lourd ! » Parfois je me fatigue moi-même. Mais comment fait-elle pour me supporter ? Très sincèrement je l’ignore. « Dis-moi… Si je devenais moche, pauvre et gros. Tu m’aimerais encore ? » Lui demandais-je d’un air très sérieux. C’est l’heure de vérité. Même si plusieurs personnes m’ont déjà averti des potentielles conséquences de fréquenter une journaliste, je fais fi de leur commentaire. À mes yeux je ne pense absolument pas que Lou reste avec moi pour tout ce que je peux lui apporter, matériellement parlant. Elle a le monde a ses pieds et pourtant elle reste avec un ours grognon et râleur. Peut-être qu’elle est masochiste après tout ? Ou alors elle est atteinte du syndrome de Stockholm ! Ce qui en est n’est pas non plus rassurant… Puisque cela signifierait que je suis son ravisseur. « Peut-être que c’est ce qui m’attend pour les prochaines années ! » Renchérissais-je en embrassant le dos de sa main d’un air apaisé. Lou n’a jamais rencontré ma famille. Rien. Ni personne. Un jour lorsque nous serons tous les deux prêts ? Et surtout le jour où j’accepterai de me poser véritablement. Ce qui en est… N’est pas demain la veille !

Éclatant de rire, alors qu’il me chatouillait face à ma dernière réplique. « Tu vas voir ce que je vais en faire de ta légitime défense ! » nous finissons par perdre l’équilibre, pour nous écraser au sol. Son corps sous le mien. Je me redresse reprenant ma respiration « Mon amour je sais que je suis un matelas très confortable, mais il va falloir que nous arrêterions tous les deux les glaces ! » je me rassois alors à ma position initiale, Adrian en fait de même « Ah c’est tout de même plus agréable que le parquet ! » le constat me fait rire à nouveau, une pointe de moquerie dans la voix. « J’y peux rien, si tu m’attaques à coup de chatouilles, je me sens.. » faisant une courte pause, un immense sourire se dessinant sur mon visage. « désarmée. »

« Ben justement… Je crois que je vais devoir porter plainte ! Tu es une femme dangereuse ! Surtout pour ma ligne ! »  je secoue la tête les rares fois où je m’aventure dans une cuisine, les plats se retrouvent bien souvent carbonisés, ou sinon juste immangeables. Je croise les bras sur ma poitrine, mimant un air contrarié, étant sur qu’un jour je pourrais aussi faire de la télé.  « Regarde ! J’ai pris au moins trois kilos ! » il soulève son t-shirt, pour dévoiler son ventre. Si il doit devenir gros un jour, ce n’est pas prêt d’arriver. Adrian gros, avec tout l’exercice qu’il pratique chaque jour. Cette pratique à tendance à m’impressionner, je suis incapable, de faire du sport régulièrement, et surtout je n’en ai pas besoin pour rester en forme. Les gènes des Rosenbach m’offrent une vie sans surpoids, peut être juste un tendance à bien aimer boire et faire la fête. Mais cela s’arrête là.

« Je voulais te dire que… » levant mes yeux vers lui, le fixant un instant. Attendant patiemment son annonce, qui semblait de la plus haute importance. Au vu du sérieux du ton de sa voix « Tu sais la dernière fois que je suis venu te voir au bureau. Je n’ai pas apprécié la manière dont ta collaboratrice te regardait ! Elle te dévore du regard, si elle le pouvait elle te demanderait en mariage ! » ouvrant légèrement la bouche surprise par ce qu’il venait de me dire. Il a vu quoi ? Je ne peux m’empêcher de rire. « Je suis certain que tu vas vouloir me quitter pour elle ! » son air de gamin plaquer sur son visage me fait fondre, comment puis-je le prendre au sérieux. « En plus elle peut profiter allègrement de toi lorsque tu pars en déplacement professionnel ! » secouant la tête de gauche à droite face « Et puis je vois bien comment tu la regardes… Je savais que j’aurais dû être une femme ! » levant les yeux au ciel à cette dernière parole. « Si tu avais été une femme tu ne m’aurais pas intéresser, je suis navrée de te l’annoncer comme ça, mais les filles ce n’est pas vraiment mon style. » concluais-je, je me doutais bien qu’il disait tout cela pour m’embêter et il s’en sortait plutôt pas mal. Mais voir Adrian jaloux m’amusait un petit peu, surtout qu’il n’avait aucun soucis à se faire par rapport à cette femme. Son téléphone sonna nous sortant de notre discussion. Reprenant sa position initial, sa main s’empara de la mienne. « Tu ne veux pas décrocher, c’est peut être important? » lui fis je, alors que je sentais déjà une pointe de jalousie gagner mon corps tout entier. Je n’ai jamais aimé être interrompus, mais une fois sur deux nous étions chacun déranger à tour de rôle par rapport à notre vie professionnelle. Ce qui parfois provoquait nos plus grosses disputes.

« Et si je me glisse dans tes bagages ? Tu penses qu’à la douane il n’y aura pas de problème ? » il reprit son air des plus sérieux. j’ouvris la bouche pour rétorquer, mais le blond en face de moi fut bien plus rapide. « Quoi que… Tu risques de payer un supplément poids lourd ! » secouant la tête à nouveau en riant, je caressais du bout des doigts son visage. « On partira une fois toi et moi, mais je doute que tu n’apprécies la vue depuis un  immeuble à moitié détruit. On se fera des vacances de rêves, un jour ou l’autre mais pour l’instant je ne peux pas prendre de vacances.. et toi non plus. » embrassant rapidement son front. « Dis-moi… Si je devenais moche, pauvre et gros. Tu m’aimerais encore ? » haussant les sourcils  à cette question, je me redressai pour contempler son visage. « Peut-être que c’est ce qui m’attend pour les prochaines années ! » renchérit-t-il alors que je prenais une grande inspiration, attrapant ma main pour en embrasser le dos. « Je t’aime pour ce que tu es, pas pour l’image que tu dégages.. » lui fis je d’une petite voix. « Puis je suis sûre que Willfried te mettrait à la diet, avant que tu n’ai put prendre trois kilos en plus. » le majordome saurait sévir quand le moment sera le plus opportun.  « que veux tu faire ce soir ? » lui demandai je en continuant de caresser les traits fins de son visage.

Nous sommes des enfants, de grands enfants qui aiment par-dessus tout s’embêter. Lorsqu’elle ne s’amuse pas avec mes nerfs, je prends un malin plaisir à me jouer de sa patience. Je peux lui dire toutes les bêtises du monde, elle continue d’être présente et de rire à mes blagues, même si elles ne sont pas drôles. Sa manière de me répondre aiguise encore plus ma curiosité. Je rêverai de pouvoir partir en vacances avec elle. Au bord d’une plage paradisiaque, bordée de sable fin ? Pourquoi pas ! Cependant l’un comme l’autre nous ne serions pas tranquilles un seul instant. Aux pieds d’une montagne alors ? Perdu au beau milieu d’un massif rocheux ou seul le dédale végétatif nous dissimulerait du reste du monde. Dans ces circonstances cela me paraît beaucoup plus réaliste ! « Tu ne peux pas, ou tu ne veux ? » Demandais-je d’un air inquisiteur en caressant tendrement sa joue avant de l’embrasser. « Je sais que tu en as marre de moi mon cœur, mais il va falloir t’y faire ! Je peut-être très envahissant ! » Une fois de plus je ris. Bien évidemment que je ne suis pas du tout de ce genre. Lou le sait bien. Je lui laisse toute sa liberté, un peu trop même. Si elle n’est pas là lorsque je rentre ce n’est pas grave. Et sans attendre sa réponse je m’amuse, une fois de plus à la chatouiller allègrement. Si bien que nous nous retrouvons l’un contre l’autre. Pour une fois je la surplombe. Au moment même où nos yeux se croisent un furtif sourire tendancieux. « Tu me demandes vraiment ce que nous allons faire ce soir ? Mais voyons… Des crêpes ! » Je me moque d’elle. Elle le sait. L’intonation de ma voix me trahit plus encore. Et sans plus tarder, je l’embrasse. « Sauf si tu as une autre idée… » Soufflais-je un brin provocateur. J’ignore si Lou en a conscience, mais être avec elle, demeure bien plus agréable que toute autre sensation. Surtout quand nous nous disputons. Là elle est plus que sexy. Ses petits yeux qui se plissent, sa bouille atrocement adorable… « Ne fais pas l’innocente mon amour, tu ne l’étais pas tant la nuit dernière ! » Elle sait très bien de quoi je veux parler. Inutile de lui faire un dessin à moins que… Soudain mon téléphone sonne de nouveau. Ils insistent. Rapidement je l’extirpe de la poche de mon jean afin de l’éteindre tout bonnement. Le monde peut bien s’écrouler, je m’en contrefiche lorsque je suis dans ses bras.

Son petit sourire, sa manière de me regarder… Céder à la douce tentation de ses lèvres serait un péché. C’est fou, mais il lui suffit d’être tout aussi adorable que peste pour que je sois à sa merci. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Lui demandais-je en décelant que quelque chose clochait par rapport à d’habitude. Là, la situation devient plus sérieuse, si bien que je m’assois à ses côtés en fronçant les sourcils. « Tu peux tout me dire… Même que tu es amoureuse d’un ours ! » L’espace de quelques secondes, je redeviens taquin afin de rendre l’instant moins formel. « Promis je ne ferai pas ma tête d’ours mal léché qui sort de son hibernation ! » Soufflais-je en ébauchant le galbe de sa joue d’un air réconfortant. Je sens bien qu’il y a quelque chose. Sa manière de me regarder et d’agir ne tromperait personne. « C’est ton travail qui te préoccupe ? » Me risquais-je à lui demander. Je ne vais pas lâcher le morceau si aisément, elle le sait. Quitter à la cuisiner toute la nuit. « Tu es une excellente journaliste, tu le sais non ? Un jour je suis persuadé que tu deviens présentatrice de télévision et tu penseras à moi lorsque ton Directeur te l’annoncera ! » Moi narcissique ? Non jamais voyons. Lou se cale contre mon torse, elle ne dit rien ou presque. Sa respiration tente de se calmer tandis que j’embrasse le sommet de sa petite tête. Là je me tais. Pour une fois elle devrait en profiter. D’habitude je parle pour quatre, elle boude pour six et nous nous disputons pour dix ! En somme nous nous complétons à la perfection. Qui aurait pu croire que la célèbre journaliste Lou Rosenbach s’éprendrait d’Adrian Henriksen, et inversement ? Personne. Malgré mon retard elle m’a attendu. Elle était là, sur son petit plateau à me poser quelques questions anodines. Cependant je demeurais bien plus préoccupé par elle que par son interview. À la fin de notre entretien, Wilfried m’a dit que je la dévorais littéralement du regard. Je me souviens encore de sa manière de sourire l’air innocent en m’annonçant que je n’avais d’yeux que pour elle. Et c’est toujours le cas aujourd’hui. Les rares fois où elle doit m’interviewer, nous faisons tout pour ne pas éveiller les soupçons. On se vouvoie, je prends le soin de ne pas trop la regarder… Quel stratagème ! Parfois il me fatigue. J’aimerais bien être Monsieur tout le monde. Sauf que non… C’est impossible, pour l’un comme pour l’autre.

Mon monde se résumait en une seule et unique personne à l’instant présent. Ses plaisanteries, son caractère, quoi que je fasse tout me ramène toujours à lui. la plupart de mes meilleurs souvenirs se rapportent à lui, malgré nos confrontations, mon cœur lui appartient tout entier, il peut le briser s’il en a envie, je pense que je ne le verrais même pas venir. Tant il a de l’importance pour moi. Ma question concernant notre activité de la soirée, lui arrache une réaction qui me fait sourire. « Tu me demandes vraiment ce que nous allons faire ce soir ? Mais voyons… Des crêpes ! » prenant un air indignée, ses lèvres capturent les miennes la minute d’après. « Sauf si tu as une autre idée… » souffla-t-il au creux de mon oreille. Je secoue la tête me remettant ainsi mes idées en place, histoire de ne pas déraper tout de suite. « Ne fais pas l’innocente mon amour, tu ne l’étais pas tant la nuit dernière ! » arquant un sourcil, s’il voulait jouer nous allions le faire tous les deux. « Je ne sais pas avec qui tu as partagé tes draps la nuit dernière, mais je tiens quand même à te rappeler que nous n’étions pas ensemble hier soir..  » embrassant rapidement sa joue, je me blottis à nouveau entre ses bras. Ses bras si rassurants.


« Qu’est-ce qu’il y a ? » les yeux rivés sur nos doigts entrelacer, je relève doucement la tête. Me mordant rapidement la lèvre, devais-je lui dire tout de suite sachant pertinemment que cela risquait de foutre en l’air tout notre week end ensemble, ou bien je tais tout ce qu’il m’arrive et nous concernera forcément tous les deux à un moment ou a un autre. Il fronce les sourcils puis se redresse afin de s’asseoir à côté de moi. « Tu peux tout me dire… Même que tu es amoureuse d’un ours ! » sa phrase est légère. Je ne peux m’empêcher d’esquisser un petit sourire, il avait toujours le don de rendre la situation bien moins pesante et bien plus agréable à vivre. Même si je doute que ma révélation ne le fasse perdre toute sa légèreté.  « Promis je ne ferai pas ma tête d’ours mal léché qui sort de son hibernation ! » Soufflais-je en ébauchant le galbe de sa joue d’un air réconfortant. Je sens bien qu’il y a quelque chose. Sa manière de me regarder et d’agir ne tromperait personne. « C’est ton travail qui te préoccupe ? » souriant de plus belle si seulement mon boulot était la chose la plus importante en ce moment.. « Tu es une excellente journaliste, tu le sais non ? Un jour je suis persuadé que tu deviens présentatrice de télévision et tu penseras à moi lorsque ton Directeur te l’annoncera ! » je lève les yeux au ciel, comment voulez vous avoir une discussion sérieuse avec lui? Je secoue la tête à la négative. « Ce jour n’est pas encore arrivé mon ange. La patience est une vertue, et mon boulot me plaît actuellement tel qu’il est, je n’ai probablement pas fini de parcourir le monde… » finis je par dire, m’asseyant en tailleur sur le canapé. Incapable de tenir en place, je me levai pour aller en direction de de la cuisine. Soulevant la casserole, l’odeur me vint aux narines, mon visage changeant de couleurs. Oh non pas maintenant.. Je sentis un haut le coeur, puis me dirigeai en courant vers la salle de bain. Pour vomir tripes et boyaux, je ne pensais pas lui annoncer comme ça. Me passant un peu d’eau sur le visage, j’attrapai la serviette qui se trouvait accrocher sur le radiateur. Je me faisais toute petite, en revenant dans la pièce principale.

« va falloir qu’on parle.. » lui fis-je en passant rapidement ma main dans mes cheveux.. « Je suis enceinte Adrian.. » je savais très bien ce qu’il pensait du mariage et des enfants. Mais c’était un accident un tout petit accident. Je devais lui dire et décider ensemble de notre futur.. Cette soirée venait de prendre une tournure bien différente que celle que j’imaginais. « Je crois que je vais laisser tomber ce que j’avais prévue de faire à manger ce soir.. » me risquai-je en plaisantant rapidement, voyant très bien qu’il n’y avait aucune réaction de la part du blond. Je me rassis à ses côtés, attrapant ses mains. Aurais-je casser Adrian Henriksen pour de bon ? « Dis quelque chose s’il te plait.. » implorai-je face à son silence, mes yeux cherchant les siens, afin de déceler une réaction, un geste.. Ma main vint caresser doucement sa joue mal rasé.

Le comportement de Lou est étrange ce soir. Elle est incapable de rester en place, encore plus que d’habitude. Soudain elle se lève afin de vérifier la cuisson de notre dîner. Pour une fois qu’elle n’a pas déclenché l’alarme anti-incendie, un tout autre évènement vient nous interrompre. J’ai à peine le temps de la rejoindre dans la salle de bain qu’elle me rejoint déjà. « Va falloir qu’on parle. » Intérieurement je prie et dessine un signe de croix en espérant que ce n’est pas ce à quoi je crois. Elle passe nerveusement sa main dans ses cheveux, puis la nouvelle tombe. « Je suis enceinte. » Instinctivement je me fige. Mes yeux clignent plusieurs fois, comme pour me prouver à moi-même qu’il ne s’agit pas d’un rêve ou plutôt d’un cauchemar. J’entends à peine sa remarque concernant notre repas de ce soir tant cette annonce me pétrifie. Elle est enceinte. Mes yeux vont et viennent entre son ventre et son visage comme pour m’assurer que ce n’est pas une mauvaise blague de sa part. Je suis à deux doigts de m’évanouir. Je ne veux pas me marier et encore moins devenir père. Lou s’assoit près de moi, sa main gagne la mienne alors que son homologue caresse ma joue mal rasée. Nous avons déjà évoqué ou plutôt… Nous nous sommes déjà disputés sur le mariage et le fait d’avoir des enfants. J’espérais secrètement qu’un accident ne survienne jamais et pourtant je me retrouve devant le fait accompli. Le long silence qui s’installe entre nous enivre la distance qui se créer. Que dire ? Que faire ? Lou voudra certainement le garder. Je ne peux décemment pas lui demander d’avorter… « Si c’est une fille on l’appellera Lou Junior ! Si c’est un garçon Adrian Junior ! Enfin non… S’il a le caractère de son père cela suffisant comme fardeau ! » Ajoutais-je afin de détendre l’atmosphère pesante en caressant tendrement sa joue. « Tu veux le garder ? » Ses yeux me fixent. Ils ne me quittent pas. Ils demeurent si intenses par moment qu’un seul faux pas suffirait à les faire chavirer dans l’obscurité. « Peu importe ton choix, je te soutiendrais. » Je ne suis pas inhumain au point de lui demander d’avorter contre son gré. Toutefois je ne saute pas de joie non plus. La décision lui revient entièrement. Bien sûr je n’ai pas envie d’assumer une paternité dans les mois à venir, mais je n’ai pas non plus envie de l’en priver égoïstement.

D’ordinaire je me serais levé, nous nous serions disputés et puis la porte aurait claqué. Sauf que là… La situation demeure bien différente. Nous ne sommes plus concernés uniquement tous les deux. Même si Lou connait ma position sur les enfants, le mariage, la maison et le chien… Je ne suis pas certain d’avoir véritablement le choix. « Même si je trouve qu’il est encore trop tôt pour avoir un enfant… » Bien trop tôt oui ! « Je serais là. » Murmurais-je en posant une main contre son ventre. Ce n’est pas parce que je ne veux pas d’enfant que je vais m’amuser à lui pourrir la vie. Déjà que je l’embête suffisamment ! « Tu es prête à devenir maman ? » Lui demandais-je en embrassant furtivement ses lèvres afin de la rassurer sur mes intentions. Personnellement je ne suis pas du tout prêt. Je ne suis pas prêt à me marier et encore moins à ce qu’un mini moi m’appelle Papa. Adrian Henriksen père ? Et puis quoi encore ! Pourquoi pas Adrian Henriksen eunuque !

Ce n’est certainement pas la réaction à laquelle elle s’attendait, mais c’est la mienne. J’ai beaucoup de défauts, mais celui d’abandonner une personne que l’on aime n’en fait pas partie. « Je vois bien la une des prochains magazines : Lou Rosenbach enceinte ! Mais qui est le père ? » Je ne peux m’empêcher de rire et de la charrier à ce sujet. Juste un petit peu, assez pour détendre l’atmosphère. « À ton avis il aura le caractère de sa mère ou de son père ? Ou pire encore… Les deux réunis ! » En toute franchise je ne sais pas du tout où me positionner par rapport à tout ceci. J’essaye de faire bonne figure, mais en réalité je suis complètement tétanisé à l’idée qu’elle soit enceinte. Ce n’est pas le moment, pour l’un comme pour l’autre. Avec son talent il serait insensé d’être enceinte si tôt. Comme elle le dit précédemment « Je n’ai probablement pas fini de parcourir le monde. » Le monde non. Le sien peut-être. Nos lèvres s’effleurent de nouveau alors que je la laisse se réfugier contre mon torse. Ma quintuplée s’échoue contre son épaule que je cajole tendrement en embrassant sa tempe. « Je vous aime Mademoiselle Rosenbach ! » Je l’aime de tous mes silences. Mais je l’aime. Même lorsqu’elle me crie dessus parce que j’ai oublié quelque chose ou bien parce que je l’énerve trop et qu’elle a envie de passer ses nerfs sur quelqu’un pour évacuer son stress ou son anxiété.

« On ne va pas pouvoir se disputer pendant neuf mois alors ? Mais de quoi va-t-on parler mon amour ? » Et c’est reparti pour un tour. Je ne peux pas m’empêcher de la taquiner. « Pour ce soir… On appelle notre traiteur habituel ? » Lui demandais-je en jetant un coup d’œil en direction de notre cuisine. « Ou tu veux que je te prépare quelque chose ? Je pense que je suis assez qualifié pour réussir une omelette ! » Certes Lou n’a pas encore mis le feu à l’appartement… Quoi que. Je me souviens du jour où elle a déclenché par inadvertance le dispositif anti-incendie. J’étais bien plus occupé à rire qu’autre chose. Nous avions fini trempés. Quant au four… Il a terminé sa vie à la poubelle. Et ne parlons même pas du poulet. Il était encore plus calciné que d’habitude. Même si Lou ne possède pas de talent particulier, d’un point de vue culinaire, j’aime toujours autant la voir aux fourneaux. Juste pour pouvoir rire deux minutes.