Tu es payée une misère, on te donne des ordres, on te traite comme une esclave. En bref, tu es une stagiaire. Cependant, c'est exactement le boulot qu'il te faut pour le moment. Tu n'as pas de grandes et majeures responsabilités. De quoi te remettre sur pied après ta sortie du centre de désintoxication. D'autant plus que même si tes supérieurs ne sont pas les personnes les plus agréables, gentilles et bienveillantes sur cette Terre, tu as réussie à te faire une petite place. Puis, tu te sens bien malgré tout. Tu as pris tes petites habitudes et les gens autour de toi ne te traitent pas comme cette pauvre petit fille ayant fait une overdose. Ils s'en moquent. Le côté positif des new-yorkais ; rien ne les impressionnent. Ils ont déjà tout vu. Une chance que tu aies quitté Springfield. D'autant plus que ce n'est certainement pas là-bas que tu aurais pu te trouver une place dans un journal hautement réputé alors que tu n'as aucune étude à ton actif. Un coup de chance comme il y en a peu dans la vie. Seulement, tu le sais mieux que personne, tu ne vas pas rester très longtemps. Le temps de te remettre officiellement sur pied et tu laisseras ta place à une personne réellement passionnée de journalisme. Toi, tu ne te voyais pas devenir journaliste ou reporter. Tu t'es toujours vue avoir un métier plus calme, plus posé. Quand tu regardes autour de toi, tu vois toutes ces personnes courir partout, dans tous les sens, sans arrêt, tu en es fatiguée pour eux et te connaissant et connaissant ton état, tu ne peux pas te permettre un tel rythme de vie. Tu étais bien à fignoler deux, trois petites choses, tard dans la nuit. Ça ne te dérangeait pas.

C'est d'ailleurs ce que tu fais en ce moment. Tu réorganises les dernières petites choses qui ne le sont pas. Ces journalistes cherchant tellement à être rapide qu'ils ne sont même pas prudents. Heureusement pour eux, tu prends le temps de bien faire pour qu'ils puissent travailler dans les meilleures situations possibles. Une tâche complexe qu'ils ne doivent même pas réaliser que tu fais. Après tout, sur une pyramide, tu es tout en bas. Tu apportes le café, et il n'y a que là qu'ils te remarquent... Et encore. Ils te remarquent si ces fameux cafés ne sont pas à leur goût. Au fond, ça ne t'énervais, au contraire, il arrive que tu t'en amuses. Quand tu étais seule, tu prenais un malin plaisir à les imiter et non pas de la plus flatteuse des façons. Très souvent, tu le faisais caricaturalement. Un bon vieux proverbe que sa mère ne lui a jamais essayé répété ; il vaut mieux en rire qu'en pleurer. Une fois les dernières choses arrangées, tu jettes un coup d'œil à ta montre. Pratiquement minuit. Tu tends l'oreille, tu n'entends rien dans le bâtiment. Tu devais certainement être la dernière. Une stagiaire appliquée qui sera, comme à ton habitude, crevée en arrivant le lendemain. Tant pis ! Tu feras semblant d'écouter comme tu le faisais si bien depuis le début. Il faut dire que généralement, le matin, les conversations ne volent pas très haut. Le dilemme du moment ; le logo rouge sur du bleu ou bleu sur du rouge. Autant dire que tu as connu débat plus animé et intéressant mais c'est un réel sujet de conversation. 

Tu ranges tes petites affaires, tu les mets dans ton fourre-tout, plus communément appelé le sac-à-main, tu prends les clefs que l'on t'a confié pour fermer le bâtiment une fois que tu auras quitté ce dernier. D'un simple coup de main, tu éteins les lumières des bureaux. C'est alors que tu entends une voix féminine réagir à cette extinction des feux. Immédiatement, tu les rallumes, te dirigeant vers cette voix, priant pour qu'il ne s'agisse pas de ta supérieure qui t'a déjà mal remise en place depuis le début de ton stage ici. En rentrant dans le bureau, tu affiches un sourire en constatant qu'il s'agissait d'une demoiselle au même titre que toi, le titre si peu prestigieux de stagiaire. « Excuse-moi, je pensais être la dernière. Je ne savais pas qu'il y avait plus courageuse que moi. » Tu termines ta phrase par un petit rire. Cette jeune femme, tu n'en savais que son prénom, Lou. Tu le sais parce que tu as été à l'écoute des petits commérages du moment et tu n'as aucun scrupule à écouter ce que les journalistes et autres employés peuvent dire. Tu es curieuse, peut-être bien trop et tu vas très certainement payer, un jour, ce vilain défaut. « Est-ce que tu as besoin d'aide pour quelque chose ? » En proposant ton aide, tu te rappelles d'une citation débile qu'une des journalistes répètes constamment pour tout et pour rien. « Aide les autres, le ciel t'aidera. » Cites-tu ironiquement, avec ce ton hautain dont la journaliste est experte, faisant ses mimiques insupportables. Il ne restait plus qu'à espérer que ta collègue de galère ait le sens de l'humour. Autant dire que si elle ne l'a pas et qu'elle a des tendances cafteuse, tu peux dire adieux à ce boulot et foncer pour en trouver un autre. « C'est un sacré numéro cette bonne femme. » C'est sur ces mots que tu t'installes en face de la stagiaire. « Je suis Holly, en fait. On a pas eu l'occasion d'être officiellement présentées. »

Des papiers en désordre, mon supérieur qui est pendu au bout de son téléphone à longueur de journée. Mes cernes et mon ordinateur portable sont mes plus fidèles accompagnateurs du moment. Je passe tellement de temps au travail que je ne sais même plus de quel couleur sont les murs du studio que j’occupe, depuis le début de mes études. Mes mauvaises habitudes m’ont fait virer de l’appartement étudiant que j’occupais avec cette colocataire. Mon père avait du voler à mon secours, non sans me le rapprocher pendant les quatre mois suivants. J’entamais ma dernière année en journalisme, et durant cette année nous passions plus de temps en stage que dans les amphithéâtres de l’université. Donc je pouvais me permettre d’avoir un endroit où vivre non loin de l’endroit où je travaillais à présent. Je passais mes journées, à trier, organiser. Dans l’espoir de pouvoir écrire un minuscule article, qui pourrait paraître dans ce journal à force de persévérance j’y arriverais. Baisser les bras n’avaient jamais été inscrit dans mes gènes. en voyant mon frère et mon père, l’échec n’était pas autorisé.

Un grognement. Qui est ce qui venait d’éteindre la lumière si soudainement ? Y’en a qui bossent encore.. Y’a ces fichus articles, la pile n’avait cessé de s’agrandir au fil de la journée, ce journaliste m’a demandé de les vérifier méticuleusement et de tous les envoyer à l’impression pour demain matin. Huit heures pétantes ou sinon, c’est ma tête qui va y passer.. Et bon après j’y tiens un peu à ma tête.. Et à ce stage aussi accessoirement, du haut de mes vingts-deux ans, c’est la première chose que j’y arrive sans que mon paternel et toute la congrégation des Rosenbach ne mettent son nez dedans. Ils pensent souvent que sans placer notre nom de famillede temps à autres, on n’était pas aussi bien reconnu. Ce pourquoi j’avais décidé de me lancer quatre années plus tôt dans ses études de journalisme, je ne voulais rien avoir à faire avoir l’entreprise familiale. Beaucoup me diront que j’avais fais une belle erreur, mais au final. Je voulais leur prouver à tous qu’ils avaient tords, mon esprit de contradiction voulait absolument leur prouver qu’ils avaient tords. Je pousse un petit cri de contestation, et la lumière se rallume dans la seconde. Un soupir de soulagement, que je n’ai pas à devoir me relever. je pensais être seule, peut être que c’est le type du ménage qui vient déjà, était-il aussi tard que ça ?  Un rapide coup d'œil sur l’écran de mon téléphone. J’écarquille les yeux, il est déjà minuit, faudrait peut-être que je pense à rentrer chez moi. J’avais oublié de manger. Je souffle, quand j’entends des pas se rapprocher, mes doigts massant mes tempes. Une blonde passe sa tête par l’embrasure de la porte. « Excuse-moi, je pensais être la dernière. Je ne savais pas qu'il y avait plus courageuse que moi. » elle finit par entrer dans le bureau. Un joli sourire plaqué sur ses lèvres, je ne pus m’empêcher de lui rendre. « Est-ce que tu as besoin d'aide pour quelque chose ? » secouant la tête à la négative, je pensais enfin avoir fini ce fichu article. Le dernier de la longue liste qu’il m’avait été imposé. « Aide les autres, le ciel t'aidera. »  le ton que l’inconnue prends me fait sourire, et cette phrase me fait penser à une secte, plus j’entendais cette phrase plus mon envie de la faire taire devenait urgente. Elle imite à la perfection la vipère du bureau à côté. Ce qui me fait rire, un petit son qui sort de mes lèvres. « C'est un sacré numéro cette bonne femme. » ajoute-t-elle, alors que j’acquiesce à la positive. « On t’a déjà dit que tu pourrais te lancer dans les imitations, je suis sûre que tu ferais un carton en Stand up. » La blonde finit par prendre place en face de moi. « Je suis Holly, en fait. On a pas eu l'occasion d'être officiellement présentées. » se présente-t-elle, je m’éloigne un peu de mon bureau, bien trop pratique d’ avoir des roulettes sur le siège. je passe rapidement un main dans mes cheveux pour les remettre en ordre

« Moi c’est Lou, ravie de faire ta connaissance. » lui fis-je, un petit sourire sur le visage. Elle a l’air gentille et aussi surmené de boulot que moi. Ce qui nous faisait un énorme point commun. Je ne faisais pas vraiment attention aux gens autour de moi, vu que mon maître de stage passait son temps à me donner de plus en plus de tâches différentes, comme si tout ce qui l’embêtait me revenant de doigt, le métier qui rentre c’est ce qu’il me rabâchait depuis quelques mois déjà. Aide les autres, et le ciel t’aidera. Je suis fatiguée, mais ça je l'avais déjà dis. « Tu ne trouves pas qu’on dirait une secte ? Aide les autres et le ciel t’aidera ? Faudrait un jour lui demander ou Tom Cruise se cache.. » un nouveau sourire, rebondissant enfin sur ce que la blonde, venait de dire. La fatigue faisait partie intégrante de ton organisme en ce moment. Je n’avais qu’une seule hâte que tout ça se termine. Mon cerveau mettait bien plus de temps à réagir que la normale. Fermant l’écran de l’ordinateur, je finis par le glisser dans mon sac à main. « Ça fait longtemps que tu travailles ici ? » prenant en main la tasse de café, j’en bus une gorgée avant de grimacer. C’était froid et infecte. J’avais besoin d’un remontant de toute façon je serais là à nouveau à l’aube. « Ça te dit d’aller boire ou manger quelque chose ?.. J'ai pas eus le temps de manger aujourd'hui, et si tu es partante » lui proposai je spontanément, au pire elle refuserait et on se  quitterait comme ça, j'avais besoin de voir du monde, et faire le rat de bibliothèque n'était tellement pas mon truc.

Ce poste de journaliste, ça se voyait, c’était écrit sur ton visage de poupée que tu n’es pas faite pour ça. Contrairement à la quasi-majorité des personnes présentes, on voit bien que ton but n’est pas de devenir cette célèbre reporter, ce journaliste aux articles ambitieux et novateurs. Non, tu es bien loin de tout ça. Tu es là pour un nouveau départ. C’est tout. Tu le dis bien souvent, d’ailleurs. Dès que tu t’es remise officiellement sur pieds, tu t’en vas, tu vas ailleurs. Tu vas te trouver un autre travail, un poste ailleurs au lieu d’être là à voler la place d’une personne plus méritante que toi. Tu regardais les autres stagiaires autour de toi, tu les voyais passionnés par ce qu’on leur montre. Toi, de ton côté, tu restes assez stoïque. Au fond, tu t’en fiches pas mal de savoir que le terme d’angle dans le jargon journalier est la façon d’aborder un sujet. Tu as pris cela en note, pour te donner bonne conscience mais tu retiens bien plus les vanneries qui se disent qu’autre chose. Tu te rassurais en te disant que tu étais toujours d'une aide précieuse pour apporter le café, pour finaliser deux, trois petites choses, corriger les fautes d'orthographes des plus négligents. De plus, tu avais une bonne entente avec tout le monde dans le journal. Heureusement pour toi que tu étais sociable et souriante peu importe la situation. Avec le caractère de certains journalistes, si tu faisais ta tête de cochon, tu aurais pu déjà trouver un autre travail ; tu n'aurais pas fait long feu. Surtout quand on sait qu'il faut accepter les blagues lourdingues et un brin sexiste des machos présents. Tu as de l'humeur, tu as de la patience, tu as de la tolérance, même envers les plus intolérants, tu sais prendre sur toi. C'est ce qui fait que tu es encore ici, aussi tard le soir, à faire les tâches ingrates que personne ne veut faire et qu'on te refile. Même si tu ne vas pas finir journaliste, que tu n'as pas l'intention d'avoir une carrière digne des plus grands de cette entreprise, ça ne t'empêche pas d'être à fond dans ce que tu fais. Cependant, en regardant ta coéquipier de galères, tu remarques bien que tu as bel et bien quelque chose en moins ; une passion qui t'anime. Tu avais vue sa réaction quand elle a vue l'heure, elle était surprise, elle n'avait pas vue le temps passer. Toi, tu l'avais vue passer mais tu travaillais mieux de nuit que de jour, ce calme pesant qui ne faisait pas de mal était favorable pour toi. L'agitation du jour te déconcentrait avec une facilité déconcertante. Tu préférais parler, échanger avec les autres. Ce qui n'est pas une mauvaise chose, au-delà du fait de savoir tous les petites histoires qui se passent dans le journal, tu en apprenais plus sur le monde du travail, la compétition, un tas de choses bonnes à savoir quand on est une bleue comme toi. A savoir que tu n'as eu que de justesse ton diplôme du lycée et que tu n'as fait aucune étude supérieure.

Cependant, il faut croire qu'au vue de tout ce que les gens te disaient, ta personnalité aidait énormément. « On t’a déjà dit que tu pourrais te lancer dans les imitations, je suis sûre que tu ferais un carton en Stand up. » Et voilà qu'une corde venait s'ajouter à ton arc. Tu souris, lâchant un rire vif. Il est vrai que si se moquer des autres était une compétition aux Jeux Olympiques, tu en serais certainement médaillée d'or. « Oh, merci beaucoup. Je savais que j'aurais dû me lancer dans ça. » Tu lèves les yeux au ciel. Il est probable que tu t'en sortes mieux dans ce domaine que dans celui du journalisme. Il était dingue de savoir que vous étiez tellement harassé par le boulot que vos supérieurs vous donnez que vous n'avez jamais eu le temps de vous rencontrer officiellement. Bien sûr, tu as eu vent de cette fameuse Lou, on ne disait que de choses élogieuses à son sujet - contrairement à toi qui portais le surnom de Baloo, cet ours boulet dans Le Livre de la Jungle. Un contraste assez conséquent entre vous. Une différence assez imposant. Cependant, elle ne devait pas porter grande importance à ce surnom ridicule - mais mignon qu'on t'attribuait. « Honnêtement, je pensais le premier jour que je m'étais trompée d'établissement. Surtout quand on sait que c'est leur phrase d'accroche pour chaque personne qui rentre. Ça ne serait pas étonnant de savoir qu'ils ont du mal à recruter. » En plus d'être une phrase des plus étranges, certains le disent à tout va. « Malheureusement, il n'y a pas de Tom Cruise dans les parages. Je lui aurais déjà mis le grappin dessus si c'était le cas... Enfin, je n'en suis pas si sûre de ça. Depuis que Béatrice a divorcé, elle saute sur tout ce qui bouge. » Ton côté commère ressortait. Attention, on t'a déjà dit que cela pouvait se montrer néfaste pour toi et les relations que tu as avec tes collègues mais étrangement, tu te sentais en confiance avec Lou. Elle avait cette prestance, cette aura bienfaisante et elle ne semblait pas être le genre à répéter tout à tout le monde et n'importe qui. Peut-être ce jugement était un peu rapide ? Tu le verras bien dans le passé. Pour le moment présent, tu partais du principe où c'est une personne à qui tu peux faire confiance. « Suffisamment longtemps pour savoir les malheurs et les activités sexuelles de Mademoiselle Béatrice. Ça fait six mois. Et toi ? » Tu le savais parce qu'il n'y avait qu'un mois de décalage avec le commencement de ta sobriété. Une façon comme une autre de placer dans ta vie les événements importants - ou pas, d'ailleurs. « Oh, ouais ! Carrément ! J'ai super faim. J'ai mangé mais j'ai toujours faim ! » Pour le moment, ta marraine des NA disait que c'était un effet après l'arrêt complet et définitif de drogues. Il est vrai qu'avant, tu n'avais pas un tel appétit. « Il y a un boui-boui vraiment excellent à l'angle de la rue. Je connais le propriétaire, il nous fera un prix... Enfin, j'espère. »

Tu te lèves toute excitée, tu mets ta veste en cuire sur ton dos avant de remettre correctement ton sac sur ton épaule. Tu attends que ta collègue se prépare pour sortir avant de fermer la dernière lumière et de quitter l'établissement. « Tu es new-yorkaise ? Parce que tu as la tête d'une new-yorkaise. », demandes-tu sans tact, sans transition aucune à la jeune femme. Tu voulais en savoir un peu plus sur elle. Surtout quand tu as vu l'intégralité de ses vêtements et la marque de son sac, tu te doutes que vos situations financières ne sont pas les mêmes, voire pas du tout. D'habitude, une personne comme elle marche devant quelqu'un comme toi tous les jours sans le remarquer. Un peu comme tes patrons. Deux mondes complètement différents. D'un coup, tu remettais en question l'endroit dans lequel vous allez. C'est un endroit que tu adores, familial, chaleureux, dans ton budget, il était typique des restaurants que tu avais rencontré toute ta vie mais elle ? Eh, merde... « On peut aller ailleurs, si tu veux. J'ai proposé ce restaurant mais il y en a des centaines et des milles ouverts à New York aussi tard le soir. » Tu espérais secrètement que si elle voulait aller dans un autre endroit, il soit dans tes moyens.

« Oh, merci beaucoup. Je savais que j'aurais dû me lancer dans ça. » me rétorqua-t-elle en levant les yeux au ciel, je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire en coin. Cette fille je l'appréciai déjà, elle était vraiment différente de toutes ces pimbêches qui minaudai auprès du rédacteur pour obtenir une promotion ou un article.  « Tu peux toujours, j’connais un endroit qui fait du stand up, on pourrait y aller une fois si tu te sens l’âme d’une comique… » amusée par cette situation. Assise l’une en face de l’autre, dans ce bureau un peu sombre. « Honnêtement, je pensais le premier jour que je m'étais trompée d'établissement. Surtout quand on sait que c'est leur phrase d'accroche pour chaque personne qui rentre. Ça ne serait pas étonnant de savoir qu'ils ont du mal à recruter. » j’étais tellement heureuse de commencer mon stage dans ce magasine, que je n’avais jamais vraiment tilter que cette phrase pouvait être interpréter de manière bizarre. Mon premier mois de présence dans l’enseigne ne m’avait pas fait tilter sur la signification plus que douteuse de cette phrase. La harpie qui la prononçait tout le temps avait comme sale habitude de traumatiser les nouveaux, mais bizarrement elle ne s’était jamais approcher de moi.  

« Malheureusement, il n'y a pas de Tom Cruise dans les parages. Je lui aurais déjà mis le grappin dessus si c'était le cas... Enfin, je n'en suis pas si sûre de ça. Depuis que Béatrice a divorcé, elle saute sur tout ce qui bouge. » prenant un air dramatique sur le visage la main sur ma bouche mimant un mine choqué. « sans Tom dans cette secte je refuse de signer, je ne me ferais pas avoir par cette arnaque.. » petite pause, avant de croiser les jambes. « Je comprends pour son mari a demandé le divorce.. Elle est un peu.. » faisant une grimace en cherchant mes mots, mon index faisant un cercle, mimant la folie de cette femme.. et quand on parlait de la folie de Béatrice, on ne mâchait pas ses mots. C’était drôle comment on pouvait, se sentir en confiance avec certaines personnes à peine les avait-on rencontrés. Et je me retrouvais à me dire qu’Holly faisait partie de ce genre de personnes. Tournant la conversation, pour lui demander depuis combien de temps elle bossait ici, mon directeur de stage faisant son possible pour me compliquer la vie, je n’avais pas le temps de m’arrêter pour discuter avec d’autres. C’était bien la première fois que je le faisais d’ailleurs avec mes trois mois de stage. « Suffisamment longtemps pour savoir les malheurs et les activités sexuelles de Mademoiselle Béatrice. Ça fait six mois. Et toi ? » Je fis au début une légère grimace, Béatrice avait une sacrée réputation au sein du magazine, et c’était Brian - mon maître de stage - qui me balançait ces bombes de temps à autre.  Quand il voyait qu’une pointe de curiosité me piquait il me rajoutait un article en plus, histoire que je ne me déconcentre pas de mon but ultime. Il s’était fixé comme mission divine que je réussisse mon stage, je le soupçonnais même un peu de me faire des avances débiles. Mais je voulais tellement réussir mes examens et mon année que si on me le disait pas clairement je passais à côté. Enfin de manière générale, je ne m'intéressais pas tellement aux interactions humaines. Peut-être qu’un jour je rencontrerais le grand amour, avec un grand A. Mais en attendant le journalisme était la priorité dans ma vie. « J’suis la depuis trois mois, j’en ai encore pour trois autres. Je passe mes examens de fin d’année, on saura enfin si je peux être une vraie journaliste.. »

Ma proposition d'aller manger un morceau ensemble, semblait la motiver plus que ce que je ne croyais. J'admirais les gens avec autant d'énergie. « Oh, ouais ! Carrément ! J'ai super faim. J'ai mangé mais j'ai toujours faim ! » je souris d’un sourire franc, malgré la fatigue qui puisse faire partie intégrante de ma vie. C’est génial au moins j’aurais quelqu’un a qui parler de mes déboires au boulot. « Il y a un boui-boui vraiment excellent à l'angle de la rue. Je connais le propriétaire, il nous fera un prix... Enfin, j'espère. » elle se relève puis s’habille, son sac sur l’épaule. Je fais de même mon sac en main, je ferme ma veste, rapidement. On finit par quitter le building, veillant à ne laisser aucune trace de notre passage. Au final nous n’étions que les petites mains. « Tu es new-yorkaise ? Parce que tu as la tête d'une new-yorkaise. »,  finit-elle par me demander je hoche la tête à la positive. « ça a quoi comme tête une New Yorkaise ? » lui demandai-je en riant légèrement, les New Yorkais ont cette fâcheuse réputation d’être toujours beaucoup trop pressés pour accorder quelconque attention à qui que ce soit, et pas forcément les gens les plus sociables du monde. Je ne saurais comment me définir, ayant grandit et fréquenter que des écoles privés, peut être étais je devenue comme toutes ces filles au quelles je ne voulais pas ressembler. « New Yorkaise depuis toujours, mes parents ont une entreprise ici. j’espère un jour pouvoir un peu m’évader, et partir découvrir des contrées lointaines.. » et surtout échapper à ma famille, pouvoir vivre de mon métier à l’étranger, être sur le terrain c’est ce qui me faisait vibrer. Mais ça on évite de le dire à la première rencontre, l’adrénaline tout ça. Omettant aussi de mentionner le fait que ma famille possédait une des entreprises les plus influentes de New York, en général ce genre d’information est à double tranchant, soit les gens sont plus intéressés par les bénéfices que peut faire la boite et ce que je pourrais leur ramener, ou sinon prennent leur jambes à leur coup pour s’éloigner se disant que je pouvais être hautaine, une fille à papa, et tout le toutim. Au final, ça ne restait que de l’argent. « et toi, tu viens d’où ? », lui demandai-je prenant le rôle la fille curieuse à mon tour, un de mes plus gros défauts depuis gamine. Elle ne semblait pas venir de New York au vu de sa question précédente.

« On peut aller ailleurs, si tu veux. J'ai proposé ce restaurant mais il y en a des centaines et des milles ouverts à New York aussi tard le soir. » je finis par hausser les épaules, j’aimais découvrir de nouveaux endroits.  « on peut aller dans ton endroit, si on y mange bien moi ça me va.. Je ne suis pas capable de réfléchir à un autre endroit. » avouai-je alors que j’avais basculé mon sac sur mon épaule. « Je te suis, il va falloir me nourrir rapidement, je peux me transformer en gremlins.. » finis-je par ajouter, un petit sourire en coin étirant mes lèvres,  sauf que les gremlins c’était la nourriture après minuit, qui les rendait méchant. Je m’accorde un point pour la référence plutôt nulle. Nous étions arrivés sur le perron de l’immeuble où nous étions arrivés. J’enfonçai les mains dans le trench que j’avais sur le dos, l’air était bon quoi que une peu frais, mais cette partie ne me dérangeait pas j’avais toujours préférée l’automne et l’hiver au reste des saisons, ce changement de température, la Neige avait toujours quelque chose de magique.. « Je te suis.. » lui fis-je, alors que nous nous mettions en route. Marchant côte à côte les rues de Manhattan étaient paisibles, et calmes, j’adorais cette ambiance.